LA PRIERE

Mgr Cottanceau            Depuis ce Mercredi des cendres, nous voici entrés en Carême, ce temps qui nous invite au jeûne, à l’aumône et à la prière. Après avoir évoqué le jeûne et l’aumône, arrêtons-nous aujourd’hui sur le dernier point qui caractérise de façon particulière notre attitude pendant le Carême : la prière.

La prière est toujours liée directement aux événements de la vie. On prie à partir de ce qui est arrivé, de ce qui arrive, ou pour qu’il arrive quelque chose, pour que le salut de Dieu soit donné à la terre.

C’est le livre des Psaumes qui nous livre les mots que Dieu aime entendre, la vraie dimension de la prière. Jésus lui-même fera sienne cette prière des psaumes, et tout ce que clame le psalmiste, Jésus le reprendra à son compte. Les évangiles, surtout celui de Luc, s’accordent à dire que Jésus priait, et que sa prière était pour lui une nécessité absolue. Il prie souvent sur la montagne, seul, à l’écart, la nuit, et même quand tout le monde le cherche. Jésus prie au moment de son baptême, pendant ses 40 jours dans le désert, avant le choix des Douze, lors de la Transfiguration, avant l’enseignement du « Notre Père », lors du dernier repas ; il prie pour ses disciples, pour que leur foi ne défaille pas.

            Le « Notre Père » est bien le centre de l’enseignement de Jésus sur la prière. Ce qui passe avant tout est la préoccupation du dessein de Dieu : « Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ». Viennent ensuite la demande du pain (qui est le pain du corps, celui de la Parole et enfin celui de l’Eucharistie), celle du pardon et enfin, celle de la grâce de ne pas succomber à la tentation : non celle de nos vies quotidiennes, mais la grande tentation de nous éloigner de Dieu en ne croyant pas qu’il nous aime et nous sauve.

            Jésus souligne également que la prière demande

  • une attitude de foi et de confiance : être sûr qu’elle sera exaucée : « S’il n’hésite pas dans son cœur, mais croit que ce qu’il dit va arriver, cela lui sera accordé » ; (Mc 11, 24) ; « demandez et vous recevrez, frappez et l’on vous ouvrira ».
  • Cette prière ne saurait être un flot de paroles que l’on rabâche, comme font les païens.
  • Elle ne doit pas être ostentatoire, mais dans le secret … « et ton Père qui voit dans le secret te le revaudra ».
  • Elle doit être persévérante et insistante.
  • Elle ne saurait nous isoler des autres, comme la prière du Pharisien au Temple : « Je ne suis pas comme… » (Lc 18, 11). Elle garde une dimension communautaire, même si je suis seul lorsque je prie.

Une des caractéristiques des premières communautés est que « tous étaient d’un même cœur, assidus à la prière » (Ac 1, 14). A tous les grands moments de sa vie, la communauté des disciples est en prière : pour le remplacement de Judas, l’institution des Sept, lorsque Pierre est en prison, pour les premiers baptisés de Samarie. Enfin, l’apôtre Paul nous le rappelle : c’est par l’Esprit que, comme Jésus, nous pouvons nous tourner vers Dieu en l’appelant « Abba, Père » : « Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père » (Ga 4, 6). C’est donc avec un cœur de Fils que nous adressons nos prières au Père, et c’est donc l’Esprit qui prie en nous et nous permet d’atteindre le Père en toute confiance, avec la certitude d’être entendus

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU