LA BOUCHE, LES MAINS, LES PIEDS ET L’EVANGILE

Mgr CottanceauAu sein de l’Église, il est d’usage d’affirmer que le royaume de Dieu avance à pas d’hommes. Un chant bien connu y fait penser : « ah ! qu’ils sont beaux sur la montagne les pas de ceux qui portent la Bonne Nouvelle et qui annoncent le salut et la paix ! »

Les pasteurs de communautés le savent bien : l’évangélisation n’est ni l’affaire d’une stratégie publicitaire ni d’une conquête géographique. Bien que nous vivions dans un monde hyper connecté où les idées circulent très rapidement, l’expansion de la Bonne Nouvelle dépend avant tout de la réponse personnelle et libre de chaque être humain.

L’annonce du message évangélique et l’adhésion à son contenu s’appuient effectivement sur des « instruments » tout simples : la bouche, les mains, les pieds. Affirmation curieuse au premier abord mais, à bien y réfléchir, le corps n’est-il pas un medium incontournable de la vie de foi ?

La bouche proclame et acquiesce le credo, les mains reçoivent l’eucharistie et bénissent, les pieds nous portent vers autrui pour partager le salut et la paix du Christ. Nous avons là aussi une belle image des trois ministères confiés aux chrétiens et aux pasteurs en premier lieu dès le baptême : enseigner la Parole par la bouche, sanctifier par les mains, guider une communauté en traçant un chemin à suivre.

La Bible fourmille de références. Isaïe accepte de devenir le prophète du Seigneur après avoir reçu la purification de ses lèvres (cf. Isaïe 6, 1-8). Saint Paul impose les mains à Timothée pour qu’il devienne le pasteur de sa communauté (cf. 2 Timothée 4,1-8). À la veille de sa mort, Jésus lave les pieds de ses apôtres pour leur montrer ce qu’ils devront faire eux-mêmes en témoignage à donner aux chrétiens : servir, aimer, donner sa vie comme Jésus a fait pour eux (cf. Jn 13,1-17).

Le lecteur apprendra par ailleurs que les textes cités sont ceux qui ont été choisis pour l’ordination épiscopale de ce samedi 18 février. Dans ce même épisode du lavement des pieds, Jésus conclut ses recommandations par l’évocation d’une béatitude : « Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites » (Jn 13,17). Que chacun se sente donc encouragé à disposer ses lèvres, ses mains et ses pieds au service de l’avancement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ.

 Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU