JE SUIS LA LUMIERE DU MONDE

Mgr Cottanceau  L’évangile du quatrième dimanche de Carême raconte avec force détails la guérison d’un aveugle de naissance. En saint Jean, cet épisode de la vie de Jésus possède une portée symbolique forte : plus que la guérison d’un infirme, la puissance divine qui se manifeste en Jésus annonce la victoire définitive sur les puissances du mal.

  Du temps de Jésus, la maladie ou l’infirmité était expliquée traditionnellement par l’existence d’un péché grave commis antérieurement soit par le malade lui-même soit par ses ascendants. Au début de l’évangile, les apôtres interrogent d’ailleurs Jésus en ces termes : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? »

  La réponse de Jésus éclaire de manière nouvelle la compréhension de la maladie : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. » Par cela, Jésus met fin à la croyance selon laquelle la maladie équivaut à une sanction divine pour mauvaise conduite. Il y a là une nouveauté inouïe qui éclaire la nature même de Dieu sous un nouveau jour : Dieu est un Père aimant miséricordieux, et il a créé l’homme pour le bonheur !

  Les Évangiles rapportent l’attention de Jésus pour les malades et les infirmes. Des passages évoquent sa profonde compassion envers eux (cf. Mt 20,34). Il va jusqu’à s’identifier aux malades : « J’ai été malade, et vous m’avez visité » (Mt 25,36). Pour illustrer le commandement de l’amour du prochain, il donne l’exemple du Bon Samaritain qui prend soin du blessé découvert sur la route. Par sa puissance de guérison, sa compassion, Jésus est le signe éclatant que « Dieu a visité son peuple » et que Royaume de Dieu est présent à travers lui.

  En revenant à l’évangile dominical, la réponse de Jésus se poursuit de la manière suivante : « Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » Il convient de bien comprendre cette phrase : la maladie n’appartient pas au projet divin, elle ne figure pas parmi les moyens que Dieu aurait créés pour maintenir l’homme sous sa coupe !

  En réalité, dans les évangiles, la maladie est traitée sous un angle symbolique pour signifier l’état dans lequel se trouve l’homme pécheur. Spirituellement, le pécheur est aveugle, sourd, paralysé… Et la guérison qui survient à travers Jésus est dès lors une guérison spirituelle avant tout, autrement dit une guérison de la foi et de la confiance en Dieu.

  En somme, si Jésus est la lumière, c’est aussi parce qu’il vient nous éclairer sur le plus grand drame qui puisse arriver à l’homme : la rupture de sa relation à Dieu qui le conduit à se méfier de Lui et à penser qu’il puisse être un Dieu punisseur et vengeur. Voilà pourquoi cet évangile de la guérison de l’aveugle-né trouve toute sa place dans le cheminement du Carême. Puisse-t-il donc nous aider  passer du doute à la foi, des ombres de mort à la lumière du Christ !

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU