« IRMA »

«Mgr Cottanceau Irma » ! Nous connaissions « Irma la douce », comédie musicale française créée en 1956, mais l’actualité de ces jours derniers nous a dévoilé sous ce même nom un épisode météorologique fait de fureur, de dévastation et de destruction. Selon les derniers bilans, 27 personnes ont trouvé la mort dans les Caraïbes, sans compter les disparus, les blessés, les familles ayant tout perdu, et les dégâts considérables causés par le passage de ce cyclone. Comme par réflexe, nous sommes tentés de trouver un responsable, et c’est alors que spontanément, beaucoup pointent leur doigt accusateur vers Dieu : « Comment Dieu peut-il permettre cela ? » Soyons clairs. La grande nouveauté apportée par le message biblique nous invite à considérer la nature et son fonctionnement comme autonomes, c’est-à-dire fonctionnant selon des lois et des règles qui leur sont propres, sans que Dieu ne vienne sans cesse brouiller les cartes. Les lois de la nature ne sont donc pas soumises aux caprices d’un créateur qui, du ciel, modifierait à son gré leur déroulement. Cette nouvelle façon de voir l’univers est d’une grande importance car elle permet à l’Homme de s’ouvrir à la pensée scientifique et d’entreprendre l’étude des mécanismes de l’univers qui nous entoure sans offenser Dieu pour autant. Une fois que le créateur a fixé les règles du jeu, la création se déroule selon ces règles sans que Dieu ne vienne perturber le déroulement de la partie. Il revient donc à l’Homme de faire fonctionner son intelligence pour comprendre les mécanismes de la nature en sachant que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Dieu ne lui a-t-il pas confié la mission de poursuivre l’œuvre créatrice en prenant soin de la terre et en œuvrant dans la lumière ?

            Si donc l’Homme a reçu cette responsabilité, il lui revient de chercher comment maitriser les mécanismes qui régissent l’univers et de reconnaitre la part qui lui revient quand ces mécanismes se trouvent perturbés. C’est ainsi que, dans sa lettre encyclique « Laudato si », le Pape François écrit : « Le climat est un bien commun, de tous et pour tous. Au niveau global, c’est un système complexe en relation avec beaucoup de conditions essentielles pour la vie humaine. Il existe un consensus scientifique très solide qui indique que nous sommes en présence d’un réchauffement préoccupant du système climatique. Au cours des dernières décennies, ce réchauffement a été accompagné de l’élévation constante du niveau de la mer, et il est en outre difficile de ne pas le mettre en relation avec l’augmentation d’événements météorologiques extrêmes, indépendamment du fait qu’on ne peut pas attribuer une cause scientifiquement déterminable à chaque phénomène particulier. L’humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation, pour combattre ce réchauffement ou, tout au moins, les causes humaines qui le provoquent ou l’accentuent. Il y a, certes, d’autres facteurs (comme le volcanisme, les variations de l’orbite et de l’axe de la terre, le cycle solaire), mais de nombreuses études scientifiques signalent que la plus grande partie du réchauffement global des dernières décennies est due à la grande concentration de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, oxyde de nitrogène et autres) émis surtout à cause de l’activité humaine ».

            Ainsi, avant d’accuser Dieu, ayons le courage de reconnaitre la part de responsabilité qui nous revient…Habitant tous la même terre, nous sommes solidaires dans une même responsabilité, poursuivre l’achèvement de cette création que Dieu a commencée dans la lumière au matin du monde !

+ Monseigneur Jean-Pierre COTTANCEAU