« Gagne sur l’indifférence et remporte la Paix »

Mgr Cottanceau             En ce premier jour de l’année, le Pape François nous invite à célébrer la journée mondiale de la Paix. A l’heure où tant de conflits ensanglantent notre monde et où le terrorisme pousse bien des pays à prendre des mesures de sécurité qui font naître en beaucoup la peur du spectre de la guerre, cette invitation du Pape n’est pas un luxe ! C’est un acte de Foi et d’Espérance. Encore faut-il bien comprendre de quoi nous parlons lorsque nous parlons de paix. Entre la « paix des cimetières » (car tout le monde est mort !) et la paix du soir, entre « Fichez-moi la paix ! » et « La paix soit avec vous », il y a plus que des nuances, et c’est bien pourquoi il est toujours bon de rappeler de quelle paix nous parle notre Saint Père, de quelle paix nous parle Jésus Christ.

            Dans la Bible, le mot hébreu « Shalôm » que l’on traduit par « paix » désigne une situation de bien-être de l’existence quotidienne, l’état de celui qui vit en harmonie avec la nature, avec lui-même et avec Dieu. Ce n’est donc pas simplement une absence de guerre ou de conflit, c’est une bénédiction, une harmonie qui rend possible la vie et sa croissance.

            La paix est également sécurité et concorde dans la vie fraternelle. Mon familier, mon ami, c’est « l’homme de ma paix ». Elle est confiance mutuelle.

            La paix est ce qui est bien par opposition à ce qui est mal : « Point de paix pour les méchants » (Pr 12, 20) et « Voyez l’homme juste : il y a une postérité pour l’homme de paix » (Ps 37, 37). La paix découle de la justice : avoir un lieu pour vivre, de quoi manger, vivre en sécurité, dormir sans crainte, en un mot, plénitude de bonheur !

            Face à un monde où tant de personnes ne bénéficient pas d’une telle situation, le Pape François dans sa lettre pour la journée mondiale de la paix de 2016 insistait fortement sur l’un des plus graves dangers qui menace cette paix, l’indifférence ! « L’indifférence envers le prochain prend différents visages. Il y a celui qui est bien informé, écoute la radio, lit les journaux ou assiste aux programmes télévisés, mais il le fait de manière tiède, presque dans une condition d’accoutumance : ces personnes connaissent vaguement les drames qui affligent l’humanité mais elles ne se sentent pas impliquées, elles ne vivent pas la compassion. »

            Face à ce danger de l’indifférence qui nous guette, et ce d’autant plus que nous vivons loin de ces théâtres d’affrontements, et si nous voulons devenir des artisans de paix dans l’esprit des Béatitudes, le Pape François nous invite à promouvoir une culture de solidarité et de miséricorde car, nous rappelle-t-il, la paix ne peut être que le fruit d’une culture de solidarité, de miséricorde et de compassion… Que Notre Dame de Paix, Maria No te Hau qui veille sur notre fenua nous soit en aide pour devenir chacun artisans de paix, dans le regard que nous portons sur nous-mêmes, dans nos familles et dans notre pays.

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU