EN LUI ÉTAIT LA VIE, ET LA VIE ÉTAIT LA LUMIÈRE DES HOMMES… 

Mgr CottanceauDeux jeunes femmes assassinées à Marseille, plus de 55 morts lors d’une fusillade à Las Vegas… La liste des atteintes à la vie, sous quelque forme que ce soit n’en finit pas de s’allonger semaine après semaine… Serait-il possible que nous, les Humains, ayons oublié à ce point le respect dû à la vie, la nôtre et celle des autres ? Son prix serait-il donc tellement dévalué qu’elle ne vaut même plus les 30 pièces d’argent versées à Judas pour prix de sa trahison ? (Mt 26, 15)

Le problème n’est pas nouveau ! Souvenons-nous que dès les premiers chapitres du livre de la Genèse (Gn 4), la première chose que fait l’Homme lorsqu’il commence son aventure après avoir été écarté du jardin d’Eden, c’est un meurtre. Caïn tue son frère Abel, dont le nom signifie « buée, fumée » chose de si peu d’importance qu’un souffle suffit à la faire disparaître !Mais en tuant son frère, en utilisant la violence, Caïn devient incapable de produire la vie. Marqué par la mort, il porte la mort en lui, il produit la mort, au point qu’il a peur d’être tué à son tour et doit s’enfuir.

Les conflits sont inévitables, ils sont caractéristiques de toute existence, ils font partie de la vie. Ce qui compte, c’est la façon de les aborder, de les résoudre. Est-ce que je vais résoudre le problème en supprimant celui avec qui je suis en conflit, comme Caïn avait supprimé son frère Abel, ou comme les scribes voulaient éliminer Jésus?Si je fais disparaître l’autre différent en face de moi, comment saurai-je qui je suis ? Et qui me dira qui je suis ? Ma vocation d’homme ou de femme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu n’est pas de tuer l’autre mais de le rencontrer ; sa différence est pour moi non une menace mais une richesse. Et si moi, j’ai été capable de tuer l’autre, qui me dit que l’autre ne sera pas capable de me tuer à son tour ? Même si nous ne manions ni le couteau, ni la mitraillette ni l’explosif, l’histoire de Caïn, c’est un peu la nôtre tant il est vrai que nous avons tous nos « Abel », ceux dont nous envions la situation, les dons, les privilèges, les talents, la beauté, la richesse, ceux dont nous sommes envieux, ceux que nous considérons comme une menace insupportableou comme des concurrents plus favorisés que nous … ceux que, en pensée, nous aimerions voir disparaître. Le commandement de Dieu est clair : « Tu ne tueras pas ! ». Le Christ Jésus va encore plus loin : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : tu ne commettras pas de meurtre…Moi, je vous dis : tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu » (Mt 5, 21-22). Le respect de la vie dont Dieu est la source s’enracine dans l’amour que Dieu nous a manifesté en Jésus Christ. Ainsi, il ne nous reste, pour échapper au pouvoir de la mort et pour ouvrir un chemin d’avenir et de vie que le commandement de l’amour qui passe avant tout. Si cette perspective nous semble utopique ou irréalisable, n’hésitons pas à nous tourner vers le Dieu de Jésus Christ, le Dieu de l’espérance. Il provoque en nous la capacité de croire et d’espérer. Tournons-nous vers le Christ :« En lui était la vie, et la vie était la lumière des Hommes… » (Jn 1, 4)

+ Monseigneur Jean-Pierre COTTANCEAU