De l’Ascension au Saint-Sacrement

Mgr CottanceauLa fête du Saint-Sacrement que nous célébrons ce dimanche continue de faire résonner le mystère de Pâques dans nos célébrations liturgiques. Le pain eucharistique que nous mangeons et contemplons réalise la promesse de la dernière Cène : « faites ceci en mémoire de moi », et perpétue la présence réelle du Christ – Emmanuel, Dieu-avec-nous – dans le monde.

En lisant saint Jean, la perspective de l’ascension définitive du Christ auprès de son Père a engendré de profondes inquiétudes parmi les disciples. C’est pourquoi le don de l’Esprit a un caractère si essentiel : c’est par Lui que l’absence visible du Christ est comblée par une présence réelle grâce à la proclamation de la Parole et la célébration des sacrements.

De fait, lorsque le célébrant invoque l’Esprit Saint dans la célébration des sacrements, en particulier dans l’eucharistie, les espèces du pain et du vin « deviennent pour nous le Corps et le Sang de Jésus Christ notre Seigneur ». En ceux-ci, le Christ se donne à nouveau à chacun : « sa chair nourrit, son sang abreuve, mais le Christ tout entier demeure sous chacune des espèces », proclame la séquence de la messe du Saint-Sacrement.

La puissance du « faites ceci en mémoire de moi » ne réside pas cependant dans la répétition d’un rite. Aussi pieux que nous puissions être, Jésus Christ n’a pas voulu être adoré mais écouté et accueilli réellement. Ce qu’il s’agit de reproduire dans nos existences est le don que le Christ a fait de lui-même sur la Croix par amour pour l’humanité.

Et s’il est vrai que nous n’avons pas forcément à passer par les épreuves sanglantes de la passion à l’instar du Christ, il reste que le choix de vivre comme lui conduit à la mise en croix de nos égoïsmes, nos violences, nos ambitions désordonnées.

Si l’Eucharistie est « action de grâce », c’est précisément parce que nos propres vies, aussi imparfaites soient-elles, peuvent manifester la vie même du Christ : « Chrétiens, deviens ce que tu contemples, contemple ce que tu reçois, reçois ce que tu es : le Corps du Christ » (cf. saint Augustin) !

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU