SAINTE FAMILLE

Mgr Cottanceau            Quelques jours après Noël, l’Eglise célèbre la Sainte Famille : Jésus, Marie et Joseph réunis dans un même mystère d’amour accueilli, donné et partagé. Sainte Famille où l’enfant Jésus a pu compter sur une maman et sur un père adoptif pour grandir harmonieusement et prendre sa dimension d’adulte. Sainte Famille où la relation entre époux et épouse se développe dans le respect de chacun, l’attention et le dialogue, la bienveillance et la patience. Sainte Famille où Dieu a sa place, non seulement par la présence de Jésus, mais encore par la prière, la lecture de la Parole, et les temps de célébration avec les gens de Nazareth à la Synagogue. Gardons-nous cependant de considérer cette Sainte Famille comme un idéal inaccessible. Souvenons-nous que la famille de Jésus n’était pas vue comme une famille « bizarre », comme un foyer étrange et éloigné du peuple. C’est pour cela même que les gens avaient du mal à reconnaître la sagesse de Jésus et ils disaient : « D'où cela lui vient-il ? […] Celui-là n'est-il pas le charpentier, le fils de Marie » (Mc 6, 2-3). « Celui-là n’est-il pas le fils du charpentier ? » (Mt 13, 55). Cela confirme que c’était une famille simple, proche de tous, normalement intégrée aux gens.

Dans son exhortation apostolique « Amoris Laetitia », le Pape François nous ouvre à ce qui peut aider nos familles à devenir aussi de « saintes familles », c’est-à-dire des familles où jour après jour, et malgré obstacles et difficultés, le désir d’aimer grandit et porte du fruit.

Il nous invite d’abord à sortir de ce mirage du « tout, tout de suite » : « L’amour a besoin de temps disponible et gratuit, qui fait passer d’autres choses au second plan. Il faut du temps pour dialoguer, pour s’embrasser sans hâte, pour partager des projets, pour s’écouter, pour se regarder, pour se valoriser, pour renforcer la relation. Parfois le problème, c’est le rythme frénétique de la société, ou les horaires ».

Il insiste sur la qualité des relations, de l’écoute de l’autre lorsqu’il ou elle partage des peines cachées, des souffrances intérieures, des incompréhensions. Problème de la communication qui fait que souvent, on entend, mais on n’écoute pas ! « Nous partageons uniquement un espace physique mais sans nous prêter attention mutuellement » nous dit le Pape François. Entre mari et femme, entre parents et enfants, quel cœur à cœur nous relie, pour que chaque membre de la famille grandisse et s’épanouisse ?

Il rappelle également à sa façon ce que déclare le Psaume 127 : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain peinent les bâtisseurs ; si le Seigneur ne garde la ville, en vain la garde veille ». Ainsi, écrit-il, «  il faut encourager chacun des conjoints à avoir des moments de prière dans la solitude face à Dieu, car chacun a ses croix secrètes. Pourquoi ne pas dire à Dieu ce qui perturbe le cœur, ou lui demander la force de guérir les blessures personnelles, et implorer la lumière nécessaire pour pouvoir répondre à son propre engagement ? »

            Ne nous décourageons pas, et reprenons notre route pour que nos familles soient un peu plus chaque jour de « saintes familles ». C’est la grâce que je vous souhaite en ce début d’année.

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU