REGARD SUR L’ANNEE JUBILAIRE

Cottanceau jean pierre 2015            Alors que se termine l’année jubilaire de la Miséricorde voulue par le Pape François, il est bon de jeter un regard rétrospectif sur les fruits que ce temps fort de l’Eglise a fait mûrir dans notre diocèse. Le premier de ces fruits fut la mobilisation des fidèles pour vivre le passage de la porte sainte comme une démarche de conversion et de foi. De nombreux fidèles,  de nombreuses paroisses, mouvements, groupes de catéchèse et de jeunes et jusqu’à certaines communautés des îles hors de Tahiti ont vécu cette démarche comme un signe de leur désir de se laisser interpeller dans leur vie Chrétienne non seulement de façon individuelle, mais surtout en communauté. Vivre ensemble une telle démarche ne peut que contribuer à rapprocher les fidèles et faire grandir chez chacun la conscience d’appartenir à un peuple de croyants. Un grand merci doit être exprimé ici aux Eglises de Maria No Te Hau et de Taravao et à leurs équipes de prêtres et de laïcs pour l’accueil et le service qu’ils ont rendu pendant cette année jubilaire. Le second fruit fut les nombreuses démarches de réconciliation vécues par beaucoup grâce à l’accueil du sacrement du pardon mais aussi par le pardon donné et reçu au sein même des relations humaines, dans les couples, les familles, entre frères et sœurs ; beaucoup se sont réconciliés, témoignant ainsi de leur accueil de cette miséricorde que Dieu accorde à ceux qui le lui demandent. Un troisième fruit fut la participation de nombreux fidèles aux conférences, enseignements, retraites, visant à expliquer, faire découvrir la réalité de la miséricorde de Dieu, notamment à travers des commentaires de la Parole de Dieu. Nul doute que tous ces efforts de formation auront permis à beaucoup de mieux saisir le véritable visage de ce Dieu qui nous aime au-delà de nos faiblesses et que le Christ nous a révélé par sa vie et sa mort sur la croix. Autre fruit, lié à ce qui précède : le retour de bien des enfants prodigues vers la maison du Père. Ce fut en effet pour certains la redécouverte de la personne de Jésus Christ qu’ils avaient laissé de côté, redécouverte s’accompagnant souvent d’un retour à la pratique de l’Eucharistie dominicale dans leur paroisse et d’une authentique charité. Autre fruit, ce fut l’accueil de personnes d’autres confessions dans cette démarche d’approche du mystère d’amour de Dieu, dans le respect des différences et l’ouverture à la bienveillance de Dieu envers tous ceux qui cherchent la vérité. Enfin, signalons les « actes de miséricorde » accomplis à l’égard de ceux qui souffrent de solitude, de pauvreté, de maladie : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger… » Ces actions ont été menées au niveau individuel, certes, mais aussi par des groupes, des paroisses, des mouvements qui entendaient ainsi concrétiser leur désir d’être miséricordieux « comme le Père ».

            Des regrets et des souhaits ? Peut-être nos communautés Chrétiennes auraient-elles pu faire davantage pour se rendre plus proches et plus accueillantes envers ceux et celles qui souffrent de situations qui les tiennent comme « à l’écart » de l’Eglise. La miséricorde de Dieu va bien au-delà des limites posées par la loi. Dans sa lettre apostolique à l’occasion de la clôture du jubilé de la miséricorde, le Pape François écrit : « La miséricorde ne peut être une parenthèse dans la vie de l’Église, mais elle en constitue l’existence même, qui rend manifeste et tangible la vérité profonde de l’Évangile. Tout se révèle dans la miséricorde ; tout se résout dans l’amour miséricordieux du Père…Au centre, il n’y a pas la loi ni la justice de la loi, mais l’amour de Dieu qui sait lire dans le cœur de chacun, pour en saisir le désir le plus caché, et qui doit avoir le primat sur tout ». Mais il est toujours temps de relever ce défi !

Pour conclure, laissons la parole à notre Pape : « À l’heure où s’achève ce Jubilé, il est temps de regarder en avant et de comprendre comment continuer avec fidélité, joie et enthousiasme, à faire l’expérience de la richesse de la miséricorde divine. Nos communautés pourront rester vivantes et dynamiques dans la mission de nouvelle évangélisation dans la mesure où la « conversion pastorale » que nous sommes appelés à vivre sera imprégnée chaque jour de la force rénovatrice de la miséricorde. Ne mettons pas de limites à son action ; n’attristons pas l’Esprit qui indique toujours des chemins nouveaux pour annoncer à tous l’Évangile du salut »      

                 + Père Jean-Pierre COTTANCEAU