Pour le précipiter en bas

 Cottanceau jean pierre 2015  L'évangile de ce dimanche raconte l'épisode où Jésus de retour à Nazareth, le village de son enfance, est la cible de la colère des habitants (Luc 4, 21-30). Dans la synagogue, ces mêmes individus viennent pourtant d'écouter Jésus avec étonnement, disant tout haut leur admiration pour les « paroles de grâce qui sortaient de sa bouche ».

   D'où vient ce revirement complet ? Les deux histoires que Jésus relate à ses auditeurs provoquent un énorme trouble. Les prophètes Élie et Élisée ont porté secours à des étrangers : une veuve de Sarepta en territoire païen, et le païen Naaman qui est guéri de la lèpre. Cela laisse clairement entendre que les étrangers non Juifs sont bénéficiaires de la grâce divine plutôt que le peuple élu, que le salut est promis à tous sans distinction !

   Soudain, l'émerveillement disparaît devant l'animosité. L'idée que les bienfaits divins puissent être accordés à des non-juifs au détriment du peuple de la promesse divine est trop insupportable. La foule pousse Jésus hors de la ville jusqu'au bord d'un escarpement « pour le précipiter en bas ».

   « Mais lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin ». La réaction de Jésus est rapportée de façon lapidaire : sans rien dire, sans protester, Jésus passe et il va son chemin. Car l'heure où Jésus doit donner sa vie n'est pas encore arrivée, tant il est vrai que nul ne prend sa vie, c'est lui qui la donne.

   Le silence de Jésus face au déferlement de la violence est une leçon. Les agitateurs déçus vociférant sur la place publique exigent une parole qui va dans leur sens. Jésus leur oppose un silence qui n'est pas celui de la peur, ni de la culpabilité. Nul, sinon le Père, ne peut dicter à Jésus la parole qu'il doit annoncer. Idem pour l'Eglise.

+ R.P. Jean Pierre COTTANCEAU