« LE REFUS DE LA VIOLENCE EST AU CŒUR DE NOTRE FOI »

Cottanceau jean pierre 2015   Pour commémorer les assassinats du 7 janvier 2015, Charlie Hebdo a choisi de mettre en couverture d'un numéro spécial un dessin représentant Dieu portant une kalachnikov, le vêtement tâché de sang, avec le commentaire suivant : « … l'assassin court toujours ».

   L'auteur de la caricature se défend en faisant appel à la rhétorique traditionnelle de la liberté et de la laïcité. Le théologien François Boespflug, spécialiste de l'histoire de l'art chrétien a fait remarquer que la caricature reproduit un Dieu typiquement chrétien. Choix bien curieux alors qu'aucun chrétien n'était impliqué dans les meurtres du 7 janvier 2015 !

   L'Osservatore Romano, le quotidien du Saint-Siège, a réagi par la note suivante : "L'épisode n'est pas une nouveauté: derrière le drapeau trompeur d'une laïcité sans compromis, l'hebdomadaire oublie encore une fois ce que tant de dirigeants religieux de toutes appartenances ne cessent de répéter pour rejeter la violence au nom de la religion: utiliser Dieu pour justifier la haine est un véritable blasphème, comme l'a dit à plusieurs reprises le pape François".

   Est-ce bien vrai que Dieu assassine ? La vérité surtout est que les hommes tuent, et ils n'ont nul besoin de Dieu pour cela. Comme le fait remarquer Guillaume Goubert, du journal La Croix, dans son éditorial du mardi 5 janvier, le nazisme et le stalinisme, qui sont des idéologies antireligieuses, ont généré la plus grande calamité meurtrière du 20e siècle et même de tous les temps. Et l'accusation portée contre la religion comme facteur de violences (hélas vrai en contemplant l'histoire) ignore souvent les rivalités ethniques, politiques, géostratégiques sous-jacentes.

   Le refus de la violence est au cœur de notre foi. Dans un ouvrage paru récemment, le cardinal Walter Kasper a montré que s'il fallait user d'un qualificatif pour définir l'être de Dieu (et pas seulement ce qu'il fait), ce serait « le miséricordieux ».

   En matière de portrait, la Bible dessine un Dieu « qui souffre avec sa créature, qui a un cœur (cor) qui bat pour et avec les pauvres (miseri) ». La miséricorde est donc une notion fondamentale de l’Évangile, la clé de voûte de la vie chrétienne. Et l'intention de Dieu n'est certainement pas de faire mourir mais que chacun puisse  manifester la vérité de son cœur aimant.

+ R.P. Jean Pierre COTTANCEAU