LE JUSTE VIVRA PAR LA FIDELITE

Cottanceau jean pierre 2015Tout croyant est confronté à une période de sa vie à des épreuves parfois terribles. Dans ces situations, le silence de Dieu est insoutenable. Croire devient au-dessus de nos forces. Le prophète Habacuq, que nous entendons ce dimanche en première lecture (Ha 1,2-3 ; 2,2-4), crie son désarroi ; « Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler sans que tu entendes ? »

La Bible est 'remplie de cris similaires, depuis Abraham qui s'interroge devant le sacrifice demandé par Dieu de son fils unique Isaac, Job qui subit malheurs sur malheurs... jusqu'à Jésus lui-même sur la croix : « Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » (Mt 27,46 ; cf. Psaume 21)

Il est assez extraordinaire que les écrivains sacrés aient pu conserver de telles prières. Manifestement, la Bible n'est pas l'apologie d'un Dieu qu'il faut défendre à tout prix en gommant des récits gênants. Sans doute est-ce parce que les écrivains, prophètes ou évangélistes, sont eux-mêmes des hommes de foi qui ont connu l'épreuve.

Le scandale du mal est à coup sûr une pierre au milieu du chemin qui peut faire trébucher. La réponse du Seigneur au prophète Habacuq semble en plus dire très peu : le prophète doit mettre par écrit la promesse que Dieu fait de libérer le peuple de toutes ses souffrances...

Mais nous tenons là au moins quelque chose de fondamental : la grâce donnée à tout croyant d'éléver la voix et de présenter à la face du Seigneur sa détresse et sa colère, et la possibilité de rappeler à Dieu le contenu d'une promesse  gravée dans la lettre.

La Bible témoigne aussi que l'obscurité qui vient avec l'épreuve n'est pas définitive. Habacuq, Job ou Abraham ont conservé leur foi. « Tu m'as répondu, et je proclame ton nom devant mes frères » aurait proclamé Jésus si la mort ne l'avait empêché de terminer la récitation du psaume 21.

Par expérience, nous savons que chacun est seul dans l'épreuve et que les paroles n'offrent qu'un réconfort partiel. La présence et l'écoute d'un proche sont beaucoup plus salutaires. Dieu n'est-il pas précisément ce proche ? Si bien qu'en réponse au mal qui nous afflige, afin de percevoir sa présence, nous aurions plutôt à dire comme les apôtres : « Augmente en nous la foi ! »

+ Père Jean-Pierre COTTANCEAU