TAVANA et METUA

monseigneur-michel-c-w.jpgLes « Governor », ceux qui gouvernent, ont introduit dans notre pays une notion moderne toute nouvelle, ceux qui exercent le pouvoir politique … d’où le mot de tavana que l’on réduit souvent à la simple notion de chef.

Le père, le metua, c’est tour à tour celui qui engendre ou qui nourrit, en tout cas celui auquel on est soumis par des liens qui sont moins celui du pouvoir que ceux du sang, de l’affection, liens tout à fait naturels et donc traditionnels.

Les populations des atolls et des districts, exigent aussi que celui qui a l’autorité et la responsabilité, le tavana soit aussi un metua. Les chefs ou les maires les plus populaires sont ceux qui savent aussi être des metua. Savoir gouverner - c’est bien – mais un vrai metua sait aussi écouter, gagner la sympathie, la confiance, et finalement créer une certaine « familiarité » indispensable pour une population encore assez restreinte.

Depuis que des institutions démocratiques ont été mises en place après la guerre, les électeurs tour à tour ont privilégié tel ou tel aspect, moderne ou traditionnel de l’exercice du pouvoir et de l’autorité. Tantôt c’est un metua qui apparaît, et il a peine à se maintenir car il n’est pas assez tavana.

Certains programmes politiques obligent leurs leaders à être des metua ; d’autres à ce qu’ils soient d’abord des tavana.

L’avenir appartient à ceux ou celles qui sauront être les deux à la fois, tavana et metua. (…)

Mgr Michel Coppenrath (1924 - +2008)

[Editorial du Semeur Tahitien  du 22 février 1987]

 

Dominique Soupé