SOUMISSION ET BONNE NOUVELLE

la-bible-4.jpg  Dimanche prochain, la seconde lecture de la messe est tirée de la lettre de saint Paul aux Éphésiens (5, 21-32). Ce passage est connu, en particulier parce qu'il figure parmi les textes proposés pour la célébration du sacrement du mariage.

  Il porte toutefois à de grandes confusions. Si les prédicateurs ne font pas l'effort d'approfondir leur connaissance du texte, ils peuvent commettre des erreurs au point de provoquer l'étonnement voire le rejet chez ceux qui les écoutent.

  Le passage commence par évoquer les relations entre l'homme et la femme sous l'angle de la soumission : « soyez soumis les uns aux autres ; les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus ; car, pour la femme, le mari est la tête ».

  De quel type de soumission s'agit-il ? Les écrits païens fournissent nombre de codes domestiques dont le but est de régler les relations entre les membres d'une famille. Ils se font l'écho d'une culture sous influence romaine où l'homme, « père de la famille », a droit de vie et de mort sur tous les occupants de la maisonnée.

  Est-ce l'intention de saint Paul ? Nous avons là un exemple parfait d'un principe fondamental du processus d'évangélisation : partir de la situation concrète dans laquelle se trouve les destinataires de l’Évangile, y introduire sa nouveauté pour, au final, aboutir à un renversement des valeurs.

  Dans le passage, la nouveauté correspond à la relation homme-femme qui ne peut plus se vivre sur le mode d'une soumission servile et humiliante au bénéfice exclusif des hommes : « Vous, les hommes, aimez votre femme à l'exemple du Christ : il a aimé l'Eglise, il s'est livré lui-même pour elle ».

  Or, ce renversement des valeurs est un effet direct du lien instauré par le Christ vis-à-vis de son Église : « Ce mystère est grand, je le dis en référence au Christ et à l'Eglise ». Désormais, à partir  de l'union conjugale, le Christ fonde une nouvelle communauté de vie et d'amour entre les hommes.

  Si bien que par le sacrement du mariage, les époux deviennent les témoins d'une refondation en acte de la communauté des origines par laquelle l'homme et la femme sont pleinement « à l'image de Dieu ».

  Notre culture ambiante reste malheureusement marquée par la dégradation des relations engendrée par le péché. Pour vivre une telle refondation, nous avons sans doute à faire comme Pierre dans l'évangile dominical et à reconnaître en Jésus des paroles de vie : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ».