QUE RIEN NE SE PERDE

Mgr  L'évangile de dimanche prochain raconte le miracle bien connu de la multiplication des pains (Jn 6,1-15). La version johannique de cet épisode de la vie de Jésus organise le récit autour de lui. Jésus  mène tout : il voit la foule, interroge Philippe, ordonne de faire asseoir, distribue le pain, s'éloigne seul de la foule pour aller dans la montagne.

  L'arrière-fond biblique de l'épisode est dense. Il y a le souvenir d’Élisée rapporté dans la première lecture de la messe dominicale (2 R 2, 42-44), qui multiplia les pains d'orge au point qu'« il en resta ». Il y a la référence à la manne, que Dieu donnait à son peuple durant le temps de l'Exode.

  Mais le récit fait également penser à l'eucharistie. « Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce... », la formule revient à toutes les célébrations eucharistiques au moment de la consécration.

  Trois moments de la révélation divine se superposent : celui de l'Exode où déjà Dieu réalise sa promesse en faveur du peuple d'Israël, le moment historique de la rencontre avec Jésus, et le temps de l'Eglise qui vit de l'eucharistie.

  Au cœur de chaque événement, se pose une question fondamentale de foi : comment croire en Dieu alors que le désert nous entoure ? à travers Jésus quand la faim nous tenaille ? dans l'Eglise tandis les famines et les carences de notre humanité sautent aux yeux ?

  « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons ». Il faut peu à Jésus pour donner tant : la foule mangea à sa faim et, avec le surplus, « ils remplirent douze paniers ». Ce peu que nous avons, notre existence, nos finitudes, nos talents.. avec cela, Dieu peut faire des miracles.

 

+ Monseigneur Pascal