LE DENIER DE DIEU

Mgr

  Le Denier de Dieu 2014 s'ouvre dimanche prochain 21 septembre. Comme chaque année, notre diocèse propose aux fidèles – clercs, laïcs et religieux – de verser chacun le fruit d'une journée de revenus (travail, salaires, retraite et autres revenus). Les curés et ministres de nos paroisses auront la tâche d'expliquer le sens et l'utilité d'une démarche que notre Église locale a adoptée depuis quelques années pour garantir son fonctionnement et soutenir ses projets. 

  La participation des fidèles au financement de l’Église est une pratique qui remonte aux origines. Dans sa description de la première communauté chrétienne, saint Luc évoque l'assiduité des chrétiens à l'enseignement des Apôtres, à l'eucharistie et aux prières. Les croyants vivaient ensemble et ils mettaient tout en commun. Ils vendaient leurs biens et en consacraient le produit aux besoins de chacun. Ils louaient le Seigneur « d'un même cœur » et chaque jour il y avait de nouveaux convertis (cf. Actes 2,42-47). 

  Le partage des gains est donc considéré dès le départ comme un signe éminent de communion fraternelle entre les fidèles, au même titre que la prière communautaire, ainsi qu'un témoignage de crédibilité devant les hommes pouvant convertir les cœurs. Cette tradition, léguée par les Apôtres, a été précieusement conservée.  Baptisés dans l’Église du Christ, les fidèles – clercs, laïcs et religieux –  portent sur leurs épaules la responsabilité de la survie de la communauté née de la fraction du pain dans ce monde.  

  Partant de là, le fait de demander aux fidèles de subvenir aux besoins de l’Église s'explique foncièrement par l'esprit de communion et de solidarité qui doit toujours régner dans l’Église. Le Concile Vatican II puis le Code de droit canonique de 1983 affirment en ce sens que les fidèles ont le grave devoir de mener une vie sainte, de maintenir la communion avec l’Église et de promouvoir sa croissance et sa sanctification continuelle (cf. canons 209 et 1210). 

  Les dons des fidèles ne sont donc pas destinés à l'enrichissement superflu de l’Église, de ses institutions et de ses ministres. L'appel à la solidarité de fidèles et la possession de biens matériels obéissent à une règle suprême : à la suite du Christ, l’Église doit pratiquer de manière exemplaire la vertu de la pauvreté évangélique. L'Église ne peut pas se comporter comme une société privée  en recourant par exemple à des montages financiers pour soutenir ses projets de construction et assurer la subsistance de son clergé. Elle ne peut pas non plus utiliser son patrimoine à des fins de spéculation comme le feraient des promoteurs immobiliers. Et si l’Église fait l'effort de construire des églises, c'est pour offrir aux chrétiens des espaces de liberté et de vie où ils pourront pratiquer leur foi sans crainte extérieure. 

  Dans sa législation sur les biens temporels, l’Église se donne l'obligation d'user de ces biens pour le seul accomplissement de ses finalités, à savoir organiser dignement le culte divin, accomplir les œuvres d’apostolat et de charité, surtout envers les pauvres, procurer l'honnête subsistance de ses ministres (cf. canons 222 et 1254). L’Église a besoin des biens temporels et d'une organisation hiérarchique pour accomplir sa mission surnaturelle de salut. Le Christ a instauré l’Église « comme une seule réalité complexe, faite d'un double élément humain et divin » (Vatican II, Constitution Lumen Gentium n°8). Autrement dit, l’Église possède une dimension spirituelle, vivifiée par l'Esprit saint, et une dimension sociale et visible qui sont inséparables. Elle ne peut se désintéresser de son existence terrestre car là est le lieu du déploiement de sa mission surnaturelle de salut. 

+ Monseigneur Pascal CHANG SOI