DE CUBA AUX ETATS-UNIS : LE VOYAGE DE LA RECONCILIATION

Cottanceau jean pierre 2015  Depuis samedi 19 septembre, le pape François est en visite pastorale sur l'île de Cuba, puis aux États-Unis. D'après les observateurs, ce voyage va marquer l'histoire du pontificat du Pape François. De Cuba aux États-Unis, le vol direct du pontife fait le lien entre deux pays longtemps ennemis jurés. Il contribue ainsi à un élan de paix et d'entente qui vaut pour toutes les nations de la planète.

  À Cuba, le pontife a délivré un message de réconciliation, d'abord entre les cubains eux-mêmes, marqués par une histoire pleine de conflits et de luttes dont les traces sont bien palpables. Réconciliation aussi du pouvoir castriste et de l'Eglise catholique entre lesquels les relations ont toujours été plus ou moins tendues.

  Les précédentes visites de Jean-Paul II en 1998 et de Benoît XVI en 2012 ont posé des premiers jalons. Avec François, la peur s'estompe encore et Cuba s'ouvre au monde. Il faut dire que l'Eglise catholique agit beaucoup dans le pays où elle pallie aux carences de l’État, notamment dans le service de l'éducation et de l'aide aux personnes.

  Devant les autorités, le pape a su conserver une liberté de ton en soulignant l'importance du service pour le bien de tous. Le service n'est jamais « idéologique » mais « vise toujours le visage du frère » : « N'oublions pas la Bonne Nouvelle d'aujourd'hui : l'importance d'un peuple, d'une nation, l'importance d'une personne se fonde toujours sur la façon dont elle sert la fragilité de ses frères ».

  Aux États-Unis, changement de décor, là le pape François fraye avec les puissants de ce monde : le président Barack Obama, le Congrès américain puis les Nations-Unies. Le pontife arrive dans un pays où les catholiques représentent aujourd'hui la plus importante dénomination chrétienne. Il vient aussi y porter la voix des pays en voie de développement, des marginalisés de la périphérie pauvre et fragile dédaignés par le système international.

  En s'appuyant sur une critique de la « culture du déchet », notion centrale de son encyclique Laudato si' sur la sauvegarde de la planète, François peut interpeller les consciences et porter une estocade au cœur du capitalisme financier. Le traitement des migrants, des exclus, des pauvres, des enfants avortés... tout ceci est lié à la façon qu'ont nos sociétés de se débarrasser trop facilement des ressources et des personnes au motif qu'elles ne répondent pas à nos besoins individuels.

  Avec son style simple, personnel et direct, le pape François touche ceux qu'il rencontre, petits et grands. Malgré l'éloignement, ce qui se joue « là-bas » nous concerne directement, pensons simplement à la problématique du réchauffement climatique. Ayons à cœur de prier pour notre pape.

 

R.P. Jean-Pierre COTTANCEAU