Pko 31.08.2020

Eglise cath papeete 1

Bulletin gratuit de liaison de la communauté paroissiale de la Cathédrale de Papeete n°40/2020
Dimanche 31 août 2020 – 22ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A

Humeurs

 Port du masque obligatoire, même dans les rues… Quid des sans-abris ?

Les élections municipales sont derrière nous, quant aux sénatoriales, les sans-abris ne font pas partis des « grands électeurs ». Les matelas Moerani et les petit dej’ Mac Do ne sont plus qu’un vieux souvenir…

La situation des sans-abris ne préoccupe plus guère aujourd’hui ! Mieux, ils sont considérés comme quantité négligeable…

Le 12 août derniers, nous nous adressions aux autorités de l’État et du Pays : « Considérant l'évolution de l'épidémie de Covid-19. Que faire au sujet des masques pour les sans-abris ? Durant la période de confinement, nous avions pu en distribuer à tous les sans-abris non confinés. La situation de précarité qui est la leur, fait que la grande majorité n'en a plus ! S'ils ne sont pas les plus exposés au risque de transmission, ils restent qu'ils en ont besoin pour les démarches administratives et de recherche de travail ! Les repas du matin se font toujours au presbytère de la Cathédrale… doit-on imposer le masque pour la distribution de repas ? Idem pour les maraudes du soir ? » Courrier resté lettre morte !

Les masques

Aujourd’hui l’arrêté HC 1416 du 27 août 2020 stipule à l’article 1er : « En complément des gestes barrières, le port du masque est obligatoire sur l’ensemble du territoire pour les personnes de onze ans ou plus : … aux abords immédiats et voies adjacentes aux marchés, aéroports, gares maritimes et lieux de culte ; aux abords immédiats des établissements scolaires et d’enseignement supérieur, des crèches et garderies et des établissements permettant la pratique d’activités sportives ou culturelles ; dans les espaces verts, parcs publics et parcs de loisirs ; dans les zones reconnues pour leur importante fréquentation identifiées en annexe 1 ».

Quid des sans-abris qui vivent dans ces zones ? Quid des masques ? Qui va leur en donner ? Vont-ils devoir les porter 24/24 ? Devront-ils dormirent avec ?

Vendredi matin, grâce, non pas aux autorités civiles ou aux associations dédiées et subventionnées, mais grâce à vous, hommes et femmes de bonne volonté, qui en avez confectionné ou acheté, nous avons pu fournir un masque en tissu à chaque sans-abri qui est venu prendre un repas ! Lors de notre prochaine maraude, nous ferons de même !

Un lieu de vie

Autre sujet « serpent de mer » ! Depuis la mise en place du confinement en mars dernier, nous avons délocalisé l’Accueil Te Vai-ete, ne pouvant plus accueillir les sans-abris, tout en respectant les distances physiques imposées, dans le local dédié ! Les repas sont préparés et distribués au presbytère de la Cathédrale ! Situation inappropriée, certes, aussi bien pour les sans-abris que pour les personnes circulant dans la zone ! Mais que faire ?

Là aussi quel gâchis ! Que de temps perdu ! Depuis deux ans, nous sollicitons un terrain pour y construire un lieu approprié… réunions, promesses… Rien ne bouge. À la sortie de la dernière réunion, il y a quelques semaines, un conseiller nous dit en aparté : « Oui, mais tu arrives avec ton projet… et ça doit être comme cela ! Mais ce n’est pas comme cela que ça marche ! » Autrement dit : « Ce n’est pas toi le chef… ce n’est pas à toi de décider ! ». C’est vrai, mais pourquoi alors , le Pays avec les associations dédiées et subventionnées n’ont-ils pas réalisée un tel projet ? À ce jour, hormis les promesses de centaines de millions… rien !

Aujourd’hui, quand bien même le Pays mettrait à notre disposition un terrain, nous ne sommes pas sûr de pouvoir réaliser notre projet, la situation économique liée au Covid-19 compromet la capacité des donateurs à le financer !

Pendant ce temps-là, après avoir « évacuer » les sans-abris des alentours, sans leur avoir proposé quoique ce soit, on continue à les harceler en ramassant leurs affaires, faisant fi de ceux qui n’ont plus de linge propre pour aller au travail ou simplement pour être propre !!! On leur a promis un lieu où ils pourraient déposer leurs affaires… ils attendent toujours !

Est-il réellement nécessaire d’ajouter du stresse à l’angoisse d’homme et de femme qui vivent déjà des situations plus que pénible ?

Pour paraphraser une parole prononcée durant la période de confinement en mars-avril par l’un de nos ministres : « Responsables de la Cité, je vous aime, on vous aime, on aime ce que vous dites… mais faite-le !!! »

Décret d’érection d’une nouvelle paroisse

Les nouvelles limites de la paroisse de la Cathédrale

Modification de la paroisse Notre Dame de Papeete

et

Érection de la nouvelle paroisse Maria no te Hau

Vu le Canon 515 §2

Et après consultation du Conseil Presbytéral en date des 11/12/2018 et 29/01/2019,

Je décide ce qui suit :

  1. Le territoire de la paroisse NOTRE DAME DE PAPEETE est réduit aux dimensions délimitées ainsi :
  • Avenue du Prince Hinoi depuis la mer jusqu’à la rue des Remparts – côté droit ;
  • De l’avenue des Remparts jusqu’à la rue Dumont d’Urville – côté droit ;
  • De la rue Dumont d’Urville jusqu’à l’avenue Bruat – côté droit ;
  • Avenue Bruat jusqu’à la mer.
  1. La communauté de l’église MARIA NO TE HAU devient PAROISSE MARIA NO TE HAU. Cette nouvelle paroisse couvre l’ancien territoire de la paroisse Notre Dame de Papeete, à l’exception du secteur attribué à la paroisse Notre Dame de Papeete tel que défini au §1 ci-dessus.
  2. Cette modification de paroisse prend effet à partir du MARDI 1er SEPTEMBRE 2020.

Papeete le 14 août 2020

+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU

Archevêque de Papeete

Paroisse cathedrale

Mardi 1er septembre marquera la naissance d’une nouvelle paroisse à Papeete : la paroisse Maria no te Hau de Papeete. Cette nouvelle paroisse couvre l’ancien territoire de la paroisse Notre Dame de Papeete à l’exception du secteur attribué à la paroisse Notre dame de Papeete telle que défini en jaune sur le plan ci-dessus.

Le droit canonique définit la paroisse comme « la communauté précise de fidèles constituée d’une manière stable dans l’Église diocésaine et dont la charge pastorale est confiée à un curé, comme pasteur propre, sous l’autorité de l’évêque diocésain »

Ce texte nous rappelle qu’une paroisse, à quelques exceptions près - exemple ici à Tahiti : la paroisse de la communauté chinoise - est donc territoriale. Les responsables de la paroisse ne peuvent pas choisir leurs paroissiens. « Les habitants d'un territoire ont la possibilité de bénéficier de la sollicitude pastorale des responsables de la paroisse. Ils ont le droit d'être soutenus dans leur vie chrétienne par la prédication de la parole de Dieu, les sacrements et la vie liturgique. Ils peuvent donner leur avis sur le fonctionnement de leur paroisse ».

Parallèlement, il est bon que les fidèles gardent l’habitude de solliciter les curés et responsables de leur paroisse géographique pour les sacrements, les funérailles, la catéchèse,… Une habitude à prendre ou à reprendre…

Parmi les missions d’un curé, celle de prier pour les fidèles qui lui sont confiés revêt une particulière importance. Il est ainsi tenu de célébrer chaque semaine une messe à l’intention du peuple qui lui est confié : « messe pro populo ». Pour répondre à cette exigence, à la « nouvelle » paroisse de la Cathédrale les messes du dimanche matin et des fêtes d’obligation de 5h50 seront systématiquement « pro populo ». Il ne sera pas possible, par conséquent, pour les fidèles d’y demander une intention particulière. Cette disposition prendra effet dès le dimanche 6 septembre.

La messe pro populo

Elle est d’abord, le dimanche et les jours de fêtes de précepte, la messe « cum populo » célébrée avec la communauté assemblée. La messe est appliquée au peuple dont le célébrant est le pasteur. Par-là se manifeste le lien qui unit le pasteur propre à la communauté qui lui est confiée.

L’obligation de la messe pro-populo s’impose à l’évêque diocésain ou à l’administrateur diocésain (c.388 ; 429) et au curé (c.534).

© Cathédrale de Papeete – 2020

Regard sur l’actualité…

« Rappel : soyons responsables et exemplaires
Portons le masque en TOUS lieux / Gardons nos distances / Refusons les embrassades / Désinfectons régulièrement nos mains »

Demander la grâce de persévérance

Cette semaine nous fêtons Sainte Monique (27 août) et Saint Augustin (28 août), deux personnages aux destins intimement liés puisque Monique était mère d’Augustin.

Sainte Monique est née en 332 à Thagaste dans l'Empire romain (aujourd'hui Souk Ahras en Algérie). Mariée très jeune à un notable païen nommé Patricius, marqué par la mentalité du paganisme, qui se montre infidèle et violent, cependant Monique restera une épouse modèle par sa fidélité, sa douceur, son dévouement et son silence malgré les reproches de l’entourage et les calomnies subies. Persévérante dans la prière elle finira par convertir son époux qui recevra le baptême quelques temps avant de mourir vers 370.

À l’âge de vingt-trois ans, en 354, Monique donne naissance à Augustin, son premier né d’une fratrie de trois. Monique donne à son fils une bonne éducation chrétienne mais ne le fait pas baptiser. Étant bébé Augustin reçut simplement les signes des “catéchumènes” : signe de la croix sur le front, grains de sel sur les lèvres, ce qu’on appelait naguère les “rites préliminaires” du baptême. Petits propriétaires terriens, les parents d'Augustin disposaient de quelques biens suffisants pour financer les études de leur fils. Après d’excellentes études primaires et secondaires, il intègre l’université de Carthage, devenant bientôt professeur de lettres. Mais Augustin vivra à Carthage les années un peu folles de son adolescence. Vers l’âge de 17 ans il se lie à une compagne avec laquelle il aura un garçon, Adeodat“Dieudonné”. Augustin, tiraillé entre son amour de la Sagesse (la philosophie) et ses ardentes passions de jeune homme, se met en quête de la Vérité.

Sa maman, Monique, veuve depuis 371, se soucie et se dévoue pour ce fils qui semble « mal tourner ». Le plus douloureux pour elle sera l’adhésion d’Augustin à la secte manichéenne, si opposée à la foi chrétienne. Elle verse quantité de larmes, mais avec grande persévérance, elle prie de manière incessante pour ce fils déconcertant. À l’âge de 29 ans (en 383), il quitte Carthage pour Rome, puis pour Milan, où il obtient une chaire. Il devient fonctionnaire : c'est le sommet de sa carrière ! Jeune, ambitieux, Augustin court après les honneurs, la richesse. Sa mère le rejoint à Milan, elle voudrait qu’il se marie.

C’est alors qu’Augustin fait deux rencontres importantes dans son parcours philosophique et spirituel. Ambroise, évêque de Milan, lui permet de découvrir le sens spirituel de l’Ancien Testament. Et Simplicien, un grand intellectuel chrétien, lui présente le Prologue de l’Évangile de Jean comme un condensé de la doctrine chrétienne. Augustin s’ouvre à la cohérence de la pensée chrétienne :  le Christ est à la fois Verbe, Parole de Dieu en Dieu, Parole faite chair, Médiateur de Dieu et des hommes.

En mars 387, Augustin, un de ses amis et son fils Adéodat suivent la catéchèse d’Ambroise. Au cours de la nuit pascale du 24-25 avril 387, Ambroise les baptise. Monique assiste à l’événement, elle est au comble de la joie ! Prière, larmes, persévérance ont porté du fruit.

Augustin retournera dans son pays où il deviendra évêque d’Hippone. Auteur, entre autres des Confessions et de la Cité de Dieu, il deviendra un des plus grands théologiens chrétiens, un des quatre Pères de l’Église latine et l’illustre docteur de l’Église.

À l’exemple de Sainte Monique, demandons la grâce de la persévérance.

[D’après P. Goulven Madec, Itinéraires augustiniens, n°28, juillet 2002)

Dominique SOUPÉ

© Archidiocèse de Papeete – 2020

Audience générale

Guérir le monde : La destination des biens et la vertu de l’espérance

Lors de l’audience générale du 26 août, le Pape François a poursuivi son cycle de catéchèse sur les conséquences de la pandémie de coronavirus et la manière dont les chrétiens sont appelés à réagir. « En ces temps d’incertitudes et d’angoisse », le Souverain Pontife a invité chacun à « accueillir le don de l’espérance qui vient du Christ », comme une ancre, cette espérance nous guidera vers un monde plus sain.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Face à la pandémie et à ses conséquences sociales, de nombreuses personnes risquent de perdre l’espérance. En ce temps d’incertitude et d’angoisse, j’invite chacun à accueillir le don de l’espérance qui vient du Christ. C’est Lui qui nous aide à naviguer dans les eaux tumultueuses de la maladie, de la mort et de l’injustice, qui n’ont pas le dernier mot sur notre destination finale.

La pandémie a souligné et aggravé les problèmes sociaux, en particulier l’inégalité. Certains peuvent travailler à la maison, tandis que pour de nombreux autres, cela est impossible. Certains enfants, en dépit des difficultés, peuvent continuer à recevoir une éducation scolaire, tandis que pour de très nombreux autres, celle-ci s’est brusquement interrompue. Certains pays puissants peuvent émettre de la monnaie pour affronter l’urgence, tandis que pour d’autres, cela signifierait hypothéquer leur avenir.

Ces symptômes d’inégalité révèlent une maladie sociale ; c’est un virus qui vient d’une économie malade. Nous devons le dire simplement : l’économie est malade. Elle est tombée malade. C’est le fruit d’une croissance économique inique – voilà la maladie : le fruit d’une croissance économique inique – qui ne tient pas compte des valeurs humaines fondamentales. Dans le monde d’aujourd’hui, quelques personnes très riches possèdent plus que tout le reste de l’humanité. Je répète cela parce que cela nous fera réfléchir : quelques personnes très riches, un petit groupe, possèdent plus que tout le reste de l’humanité. C’est une pure statistique. C’est une injustice qui crie au ciel ! Dans le même temps, ce modèle économique est indifférent aux dommages infligés à la maison commune. On ne prend pas soin de la maison commune. Nous allons bientôt dépasser un grand nombre des limites de notre merveilleuse planète, avec des conséquences graves et irréversibles : de la perte de biodiversité et du changement climatique à l’élévation du niveau des mers et à la destruction des forêts tropicales. L’inégalité sociale et la dégradation de l’environnement vont de pair et ont la même racine (cf. Enc. Laudato si’, n.101) : celle du péché de vouloir posséder, de vouloir dominer ses frères et sœurs, de vouloir posséder et dominer la nature et Dieu même. Mais cela n’est pas le dessein de la création.

« Au commencement, Dieu a confié la terre et ses ressources à la gérance commune de l’humanité » (Catéchisme de l’Église catholique, n.2402). Dieu nous a demandé de dominer la terre en son nom (cf. Gn 1,28), en la cultivant et en en prenant soin comme un jardin, le jardin de tous (cf. Gn 2,15). « Alors que “cultiver” signifie labourer, […] ou travailler, “garder” signifie protéger, [et] sauvegarder » (LS, n.67). Mais attention à ne pas interpréter cela comme une carte blanche pour faire de la terre ce que l’on veut. Non. Il existe « une relation de réciprocité responsable » (ibid.) entre nous et la nature. Une relation de réciprocité responsable entre nous et la nature. Nous recevons de la création et nous donnons à notre tour. « Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder » (ibid.). Les deux choses.

En effet, la terre « nous précède et nous a été donnée » (ibid.), elle a été donnée par Dieu « à tout le genre humain » (CEC, n.2402). Il est donc de notre devoir de faire en sorte que ses fruits arrivent à tous, et pas seulement à quelques-uns. Et cela est un élément-clé de notre relation avec les biens terrestres. Comme le rappelaient les pères du Concile Vatican II, « l’homme, dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes : en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres » (Const. past. Gaudium et spes, n.69). En effet, « la propriété d’un bien fait de son détenteur un administrateur de la Providence pour le faire fructifier et en communiquer les bienfaits à autrui » (CEC, n.2404). Nous sommes administrateurs des biens, pas les propriétaires. Administrateurs. « Oui, mais ce bien est à moi ». C’est vrai, il est à toi, mais pour l’administrer, par pour le garder de façon égoïste pour toi.

Pour assurer que ce que nous possédons apporte de la valeur à la communauté, « l’autorité politique a le droit et le devoir de régler, en fonction du bien commun, l’exercice légitime du droit de propriété » (ibid., n.2406)  (Cf. GS, 71; Saint Jean-Paul II, Lett. enc. Sollicitudo rei socialis, n.42 ; Lett. enc. Centesimus annus, nn.40.48). La « subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens […] est une “règle d’or” du comportement social, et le premier principe de tout l’ordre éthico-social » (LS, n.93) (Cf. S. Jean-Paul II, Lett. enc. Laborem exercens, n.19).

Les propriétés, l’argent sont des instruments qui peuvent servir à la mission. Mais nous les transformons facilement en fins, individuelles ou collectives. Et lorsque cela a lieu, on porte atteinte aux valeurs humaines essentielles. L’homo sapiens se déforme et devient une espèce d’homo œconomicus – dans le mauvais sens du terme – individualiste, calculateur et dominateur. Nous oublions que, étant créés à l’image et ressemblance de Dieu, nous sommes des êtres sociaux, créatifs et solidaires, avec une immense capacité à aimer. Nous oublions souvent cela. De fait, nous sommes les êtres les plus coopératifs parmi toutes les espèces, et nous nous épanouissons en communauté, comme on le voit bien dans l’expérience des saints. Il y a un dicton espagnol qui m’a inspiré cette phrase, et qui dit : Florecemos en racimo, como los santo. (« Florecemos en racimo, como los santos » : une expression commune en espagnol). Nous nous épanouissons en communauté, comme on le voit dans l’expérience des saints.

Quand l’obsession de posséder et de dominer exclut des millions de personnes des biens primaires ; quand l’inégalité économique et technologique est telle qu’elle déchire le tissu social ; et quand la dépendance vis-à-vis d’un progrès matériel illimité menace la maison commune, alors nous ne pouvons pas rester impassibles. Non, cela est désolant. Nous ne pouvons pas rester impassibles ! Avec le regard fixé sur Jésus (cf. He 12,2) et la certitude que son amour œuvre à travers la communauté de ses disciples, nous devons agir tous ensemble, dans l’espérance de donner naissance à quelque chose de différent et de meilleur. L’espérance chrétienne, enracinée en Dieu, est notre ancre. Elle soutient la volonté de partager, en renforçant notre mission en tant que disciples du Christ, qui a tout partagé avec nous.

Et cela, les premières communautés chrétiennes, qui comme nous, vécurent des temps difficiles, l’ont compris. Conscientes de former un seul cœur et une seule âme, elles mettaient tous leurs biens en commun, en témoignant de la grâce abondante du Christ sur elles (cf. Ac 4,32-35). Nous vivons actuellement une crise. La pandémie nous a tous plongés dans une crise. Mais rappelez-vous : on ne peut pas sortir pareils d’une crise, ou bien l’on sort meilleurs, ou bien l’on sort pires. C’est l’option qui se présente à nous. Après la crise, est-ce que nous continuerons avec ce système économique d’injustice sociale et de mépris pour la sauvegarde de l’environnement, de la création, de la maison commune ? Réfléchissons-y. Puissent les communautés chrétiennes du vingt-et-unième siècle retrouver cette réalité – la sauvegarde de la création et la justice sociale : elles vont de pair – en témoignant ainsi de la Résurrection du Seigneur. Si nous prenons soin des biens que le Créateur nous donne, si nous mettons en commun ce que nous possédons de façon à ce que personne ne manque de rien, alors nous pourrons véritablement inspirer l’espérance pour faire renaître un monde plus sain et plus équitable.

Et pour finir, pensons aux enfants. Lisez les statistiques : combien d’enfants, aujourd’hui, meurent de faim à cause d’une mauvaise distribution des richesses, d’un système économique que j’ai évoqué auparavant ; et combien d’enfants, aujourd’hui, n’ont pas droit à l’école, pour la même raison. Que cette image, des enfants dans le besoin à cause de la faim et du manque d’éducation, nous aide à comprendre que nous devrons sortir meilleurs de cette crise. Merci.

© Libreria Editrice Vaticana – 2020

Pastorale

Qu’est-ce qu’une paroisse ?

La séparation en deux paroisses de ce qui était la paroisse Notre Dame de Papeete nous donne l’occasion de rappeler, en quelques lignes, à quoi correspond une paroisse dans l’Église catholique.

Une partie de l'Église locale

Toute Église diocésaine est divisée en paroisses. Elles constituent les communautés canoniques de base.

Le Code du droit canonique (canon 515) définit la paroisse comme « la communauté précise de fidèles qui est constituée de manière stable dans l'Église particulière et dont la charge pastorale est confiée au curé, comme à son pasteur propre, sous l'autorité de l'évêque diocésain » C'est à celui-ci qu'il revient de créer, modifier, supprimer ou regrouper les paroisses de son diocèse.

Le plus souvent, la paroisse est territoriale, c'est-à-dire qu'elle rassemble les fidèles d'un territoire déterminé. L'évêque peut aussi constituer des paroisses personnelles, définies non par un territoire mais par la nature des personnes qu'elles sont appelées à rassembler (de tel rite, de telle langue, de telle nationalité, etc.).

La paroisse (du grec paroikia, voisinage, réunion d'habitations, mais pouvant aussi être interprété comme « ce qui est à côté de la maison » et donc comme « étranger de passage ») apparaît en Gaule romaine vers le IVe siècle. Des prêtres sont affectés de manière permanente aux églises rurales qui se multiplient, alors que toute la vie de l'Église locale se trouvait concentrée au siège du diocèse (l'évêque y baptisait, concélébrait avec ses prêtres, enseignait, etc…).

C'est seulement le concile de Trente, au XVIe siècle, qui impose aux évêques l'obligation de diviser systématiquement leur diocèse en paroisses. La paroisse rurale reste longtemps le fondement de toute la vie sociale. Jusqu'à la création des communes par la Révolution (à partir des circonscriptions paroissiales), elle constitue même la plus petite circonscription civile.

Qui a la responsabilité pastorale ?

La paroisse est canoniquement confiée par l'évêque à un prêtre, appelé curé. Selon l'importance de la paroisse et les ressources du diocèse en clergé, celui-ci est éventuellement assisté par un ou plusieurs autres prêtres nommés vicaires. Exceptionnellement, certains évêques peuvent, à cause du manque de prêtres, confier des paroisses à une équipe de laïcs, avec l'accompagnement d'un « prêtre modérateur de la charge pastorale » (Code du droit canonique, canon 517) qui ne réside pas sur le territoire paroissial. L'équipe de laïcs participe aussi à l'exercice de la charge pastorale de la paroisse.

Dans la plupart des paroisses, les laïcs jouent aujourd'hui un rôle de plus en plus important, non seulement sur le plan des tâches matérielles ou administratives mais sur celui de l'animation pastorale.

C'est particulièrement vrai dans le domaine de la catéchèse, de la liturgie et de la prière communautaire, de la préparation et de la célébration des obsèques, de la préparation au baptême et au mariage, du catéchuménat, de la formation des adultes, de l'aide spirituelle aux malades et aux personnes âgées, de l'animation de rencontres d'adolescents et de jeunes, des rencontres avec des non-pratiquants et des incroyants, sans oublier les nombreuses et différentes activités caritatives.

Dans certains diocèses, l'évêque nomme des laïcs à l'équipe d'animation pastorale pour assister les curés de paroisse. Cette participation des laïcs a un rôle de plus en plus important au niveau des orientations générales de la pastorale paroissiale. Le conseil pastoral, présidé par le curé, réunit le clergé paroissial et les représentants des laïcs et examine les besoins de l'évangélisation sur le territoire de la paroisse et les moyens d'y répondre. Le Code de droit canonique de 1983 en a officialisé l'existence, laissant toutefois aux évêques le soin d'en prescrire l'obligation et d'en établir les règles dans leur diocèse.

Un conseil pastoral n'a qu'une voix consultative auprès du curé mais l'expérience montre qu'il est de nature à susciter de nombreuses initiatives et à faire évoluer bien des situations.

Par ailleurs, le Code de droit canonique prescrit l'institution dans chaque paroisse d'un conseil pour les affaires économiques, régi par les règles établies par l'évêque, au sein duquel des laïcs apportent au curé leur aide pour l'administration matérielle et financière de la paroisse.

Le curé

Le curé est le « pasteur de la paroisse qui lui est remise. Il exerce, sous l'autorité de l'évêque diocésain dont il a été appelé à partager le ministère du Christ, la charge pastorale de la communauté qui lui est confiée, afin d'accomplir pour cette communauté les fonctions d'enseigner, de sanctifier et de gouverner avec la collaboration éventuelle d'autres prêtres ou de diacres et avec l'aide apportée par des laïcs, selon le droit » (Code de droit canonique de 1983, canon 519).

Alors que dans la plupart des langues européennes la dénomination du prêtre a la même racine que le terme paroisse, le mot français curé vient de sa fonction (en latin cura animarum, charge d'âmes) : le soin spirituel des personnes demeurant sur la paroisse dont il a la charge.

La caractéristique essentielle du curé est en effet sa responsabilité, déléguée par l'évêque, vis-à-vis de toutes les personnes vivant sur le territoire de sa paroisse, quels que soient leurs convictions religieuses ou philosophiques, leur âge, leur condition sociale, etc. Le curé a la charge et la mission d'annoncer Jésus-Christ à tous.

Il doit, bien sûr, pourvoir à la vie chrétienne des membres de l'Église, avec tout ce que cela comporte (catéchèse, formation, liturgie, sacrements, activités caritatives, etc.). Il a la mission de rassembler en communauté d'Église les chrétiens de sa paroisse.

C'est dans le caractère général de cette responsabilité, exercée par délégation de l'évêque et en lien étroit avec lui, que réside la différence essentielle du ministère du curé avec d'autres, tels que les aumôneries ou l'activité de prêtres dans l'enseignement, au travail, en hôpital, etc…

Le curé partage sa mission avec les chrétiens de sa paroisse, mais il ne peut jamais renoncer à sa responsabilité d'ensemble, sauf sur les points dont son évêque le déchargerait.

Le curé préside de droit le Conseil pastoral paroissial qui, s'il existe, exerce un rôle consultatif auprès de lui. Il est assisté dans la gestion matérielle et financière de la paroisse par le Conseil pour les affaires économiques, tout en restant responsable de cette gestion.

Une tendance relativement récente tend à confier les paroisses importantes, ou un ensemble de paroisses, non plus à un curé assisté de vicaires, mais à une équipe de prêtres collégialement responsables. Le Code de droit canonique de 1983 entérine cette possibilité, en précisant toutefois qu'au sein d'une telle équipe un modérateur dirigera l'activité commune et en répondra devant l'évêque. Le Code de droit canonique précise également que, pour assurer la stabilité du curé, celui-ci est nommé pour un temps indéterminé. Il n'est nommé pour une durée déterminée que si la Conférence des évêques du pays considéré en a admis le principe et l'a rendu officiel par décret. C'est le cas en France, où les évêques peuvent nommer les curés avec des mandats à durée limitée, généralement renouvelables une fois.

La paroisse

De toutes les composantes de l'Église, la paroisse est la réalité la plus populaire. Quel que soit le degré d'adhésion des habitants d'une ville à la vie chrétienne, il n'échappe à personne que les cloches sonnent dans son quartier pour accompagner les événements heureux et malheureux de la population.

Si la paroisse est familière quasiment de tous, on recourt surtout à elle pour un sacrement ou une demande spécifique. Par sa proximité, elle est pérenne aux yeux des habitants, comme d'autres services à caractère public (mairie, poste, école, etc…). Dans le même temps, les changements pastoraux et canoniques qui concernent la paroisse ne sont compris que par un noyau de chrétiens motivés.

Quelle que soit sa taille, ses modalités d'organisation ou ses traits pastoraux et culturels, la spécificité de la paroisse est d'être une communauté locale, qui assure une continuité dans le service rendu à la population, qui se voit confier une mission comme responsabilité curiale et qui s'inscrit dans le dynamisme diocésain.

Une maison pour tout et pour tous

La paroisse est donc l'entité pastorale de base.

La « charge d'âmes » s'exprime par la disponibilité du curé et de la communauté chrétienne aux habitants du lieu.

Jean-Paul Il insiste pour que ne soit pas perdu de vue l'essentiel : « Tout en ayant une dimension universelle, la communion ecclésiale trouve son expression la plus immédiate et la plus visible dans la paroisse. Celle-ci est le dernier degré de la localisation de l'Église. C'est, en un certain sens, l'Église elle-même qui vit au milieu des maisons de ses fils et de ses filles. Nous devons tous redécouvrir dans la foi le vrai visage de la paroisse, c'est-à-dire le mystère même de l'Église présente et agissante en elle. Si, parfois, elle n'est pas riche de personnes et de moyens, si même elle est parfois dispersée sur des territoires immenses ou indiscernables au milieu de quartiers modernes, populeux et confus, la paroisse n'est pas en premier lieu une structure, un territoire, un édifice. C'est avant tout la famille de Dieu, fraternité qui n'a qu'une âme. C'est une maison de famille fraternelle et accueillante. C'est la communauté des fidèles » (Jean-Paul Il, exhortation apostolique Christi fideles laici, 26, 1988).

LA VOCATION DE LA PAROISSE

Comme cellule d'Église fondée sur le Christ, la paroisse a vocation d'offrir au tout-venant le minimum nécessaire pour devenir chrétien de la naissance à la foi par le baptême, à l'entrée dans la vie par les funérailles.

Alphonse Barras, La Paroisse et au-delà Études, 2005-2006.

Choisir sa paroisse

Le Code du droit canonique (canon 515) affirme : « La paroisse est la communauté précise de fidèles qui est constituée de manière stable dans l'Église particulière et dont la charge pastorale est confiée au curé, comme à son pasteur propre, sous l'auto­rité de l'évêque diocésain. »

La plupart des paroisses étant territoriales, ce texte signifie que les responsables de la paroisse ne peuvent pas choisir leurs paroissiens. Les habitants d'un territoire ont la possibilité de bénéficier de la sollicitude pastorale des responsables de la paroisse. Ils ont le droit d'être soutenus dans leur vie chrétienne par la prédication de la parole de Dieu, les sacrements et la vie liturgique. Ils peuvent donner leur avis sur le fonctionnement de leur paroisse.

Mais ces droits s'accompagnent de responsabilités : les chrétiens doivent se joindre à la communauté par la vie liturgique, pour annoncer l'Évangile, pour aider les personnes pauvres, pour soutenir moralement et financièrement ceux qui sont en charge de la paroisse.

L'Église insiste sur la responsabilité de chacun vis-à-vis de sa communauté pour qu'elle demeure intacte.

Pourtant, les conditions de la vie moderne, avec l'urbanisation, l'implantation des membres des familles en des lieux différents et la facilité des déplacements, ont introduit une flexibilité dans la fréquentation des paroisses contre laquelle l'Église ne s'est jamais élevée.

Petite histoire de la paroisse

Le mot paroisse est un mot d'origine grecque dont la racine veut dire « vivre en voisin » ou « vivre en étranger auprès de ». Il comporte donc une connotation de séjour provisoire pour le peuple de Dieu en marche vers la Jérusalem nouvelle. En 95, la lettre du pape Clément aux chrétiens de Corinthe commence ainsi : « L'Église de Dieu qui tient paroisse à Rome à l'Église de Dieu qui tient paroisse à Corinthe ». Eusèbe de Césarée affirme même dans son histoire ecclésiastique que saint Marc établit à Alexandrie des « Églises », dans lesquelles on voit l'origine de la paroisse.

Dans les régions chrétiennes de l'empire romain, l'évangélisation se fait à partir de communautés de fidèles vivant dans les cités. Elles ont pour centre l'évêque, assisté de prêtres, de diacres et d'autres clercs. C'est lui qui préside l'Eucharistie et baptise (le baptistère jouxte la cathédrale). Longtemps les campagnes restent païennes.

Peu à peu, l'évêque nomme des prêtres résidents dans des petites villes ou des gros bourgs, premier pas vers le système paroissial. Cependant, son développement prend rapidement un autre cours : de grands propriétaires commencent à fonder des églises privées sur leur domaine. Ils en désignent le prêtre, en principe avec l'accord de l'évêque, et le rémunèrent. Avec le développement de la féodalité à partir du VIIIé siècle, les églises privées deviennent le cas général : leur bâtiment, leurs revenus, la nomination de leurs prêtres prennent le caractère de droits patrimoniaux seigneuriaux échappant pratiquement au contrôle de l'évêque (sauf si ces derniers en sont les propriétaires). La charge de curé est elle-même négociée et le droit de choisir le prêtre est souvent héréditaire de père en fils.

Au IXé siècle, Charlemagne s'efforce de réformer ces mœurs et ces structures mais l'évolution reprend son cours après sa mort. Il faut attendre la grande réforme de l'Église par Grégoire VII (XIè s.) pour voir changer les choses. Les effets de la réforme grégorienne n'atteignent vraiment le niveau paroissial qu'au XIIé siècle, essentiellement grâce aux moines. À cette époque, la division du territoire en paroisses est pratiquement achevée.

Au XIIIè siècle, la rénovation de la paroisse s'accentue sous l'influence des nouveaux ordres mendiants (franciscains, dominicains) même s'ils sont souvent en butte à l'hostilité des prêtres et des évêques, dont les revenus parfois considérables contrastent avec le style de pauvreté délibéré des religieux.

Le concile de Trente au XVIè siècle donne à la paroisse le caractère et le statut qu'elle a, pour l'essentiel, conservés jusqu'à aujourd'hui. Droits et devoirs du curé, notamment, y sont fixés avec rigueur et précision.

Le Concordat signé entre Bonaparte et Pie VII en 1801 calque les circonscriptions ecclésiastiques sur les circonscriptions administratives. En réduisant le nombre des paroisses pour des raisons budgétaires, il renforce le pouvoir du curé. La séparation des Églises et de l'État en 1905 redonne de la souplesse au dispositif paroissial.

Sur 75 projets de textes proposés au concile Vatican Il par la Curie romaine, trois concernaient la paroisse. En n'en reprenant aucun, le Concile a rendu évidente la question posée depuis plusieurs années : la paroisse ne paraissait plus adaptée aux nécessités pastorales ni aux attentes de beaucoup de fidèles, sans doute en raison d'une certaine absence d'évolution et d'un fonctionnement trop dépendant du seul clergé.

Depuis quelques années, la paroisse retrouve une vie nouvelle, devenant davantage une communauté prise en charge à la fois par les clercs et les laïcs et tenant davantage compte des conditions culturelles et sociales de notre temps et donc des nécessités pastorales actuelles.

Combien y a t-il de paroisses dans l’Archidiocèse de Papeete ?

On recense dans l’archidiocèse de Papeete 58 paroisses : 25 aux Iles du Vent ; 3 aux Iles sous le Vent ; 2 aux Australes, 1 aux Gambier et 27 aux Tuamotu.

*********

Qu'est-ce que ?

Administrateur paroissial

Prêtre nommé par l'évêque en attendant la nomination d'un nouveau curé pour administrer la paroisse.

Curés in solidum

Équipe de prêtres solidairement responsables de la charge pastorale d'une ou de plusieurs paroisses. L'expression in solidum désigne, dans le Code de droit canonique, un prêtre qui exerce une fonction de curé avec un ou plusieurs autres. Lorsque des prêtres sont curés in solidum, l'un d'entre eux est modérateur et exerce la responsabilité ultime.

Doyen (ou responsable de secteur)

Titre donné à un curé responsable d'un secteur pastoral regroupant plusieurs paroisses. Le doyenné est l'ensemble des paroisses coordonnées par un doyen, curé de l'une des paroisses. Dans certains diocèses, le doyenné porte le nom de secteur. [Il n’y en a pas dans l’archidiocèse]

Prêtre coopérateur

Prêtre qui assure un service pastoral dans une paroisse.

Prêtre modérateur

Prêtre qui dans une équipe de curés in solidum dirige l'activité commune et en répond devant l'évêque. Il peut être aussi un prêtre qui accompa­gne un diacre ou un laïc ou encore une équipe à qui l'exercice de la charge pastorale d'une paroisse est confiée par l'évêque. Il est alors le modérateur de la charge pastorale.

© Le Nouveau Théo – 2009

Droit canonique

Qu’est-ce qu’une paroisse du point de vue du droit canon ?

Certains fidèles, laïcs, clercs et curés de paroisses, peuvent légitimement s'interroger sur l'organisation paroissiale. Il n'est pas question ici de répondre formellement à toutes les questions qui se posent dans le contexte actuel, mais plutôt de saisir l’opportunité pour rappeler quelques fondements : le droit canonique et son ecclésiologie peuvent nous y aider. Pour ce faire, revenons dans un premier temps à ce qui est inscrit dans le Code de droit canonique au sujet de la paroisse, ce qu'elle est, ce qu'elle doit être (A). Puis, dans un second temps, nous en évoquerons rapidement des éléments de l'ecclésiologie sous-jacente à partir des sources canoniques authentiques (B).

A- principaux canons sur la paroisse dans le Code de 1983

Le canon 304, § 1, impose à chaque Église particulière (diocèse) d'être « divisée en parties distinctes ou paroisses. » La paroisse ne peut donc pas être comprise sans sa relation organique au diocèse. L’Église particulière n'est pas la paroisse : c'est le diocèse, avec à sa tête l'évêque diocésain (En droit canonique latin, les termes diocèse et Église particulière sont pratiquement équivalents, à quelques exceptions près ; en territoires de mission le vicariat apostolique ou la préfecture apostolique sont également des Églises particulières). De ce point de vue, c'est en diocèse qu'on fait Église, et c'est pour « faire diocèse » à l'échelon le plus local, qu'on se rassemble en paroisse. Or, un problème récurrent est que, parfois, les fidèles réagissent à l'inverse, comme si l’Église locale était la paroisse et le diocèse une sorte de fédération voire de conglomérat de paroisses.

Il est utile ici de se rappeler le sens du mot « paroisse » : du bas latin parochia (grec paroikia), le mot paroisse signifie « littéralement “ensemble des maisons voisines” […]. Depuis le Moyen Âge, la paroisse est un village, hameau ou quartier formant le territoire que dessert un curé. » (Xavier RENARD, Les mots de la religion chrétienne, Paris, Belin, 2008, p. 76). Le mot paroisse contient donc une notion de voisinage, de proximité : autrement dit, pour qu'il y ait communauté chrétienne, un minimum de relations sociales entre les personnes est nécessaire. Il faut aussi que le curé à qui la charge de la paroisse est confiée, puisse identifier cette communauté. Dans la restructuration territoriale, il faut donc s'interroger sur les limites géographiques, lesquelles doivent demeurer raisonnables, telles que le pasteur et les fidèles qui contribuent à l'exercice de la charge ne se trouvent pas placés aux antipodes des réalités locales.

Dans le CIC 83, c'est le canon 515, § 1 qui définit la paroisse : « Une paroisse est une communauté déterminée de fidèles, constituée durablement au sein de l’Église particulière, dont la charge pastorale, sous l'autorité de l'Évêque diocésain, est dévolue à un curé, pour qu'il en soit le pasteur propre. » Le canon 515, § 1 est normatif : à chaque paroisse est attribuée un curé, titulaire de la charge pastorale (Cette norme peut toutefois connaître des exceptions prévues par le droit, que disposent certains canons : plusieurs paroisses voisines confiées simultanément à un même curé (c.526, § 1) ; paroisses confiées à des prêtres in solidum (c. 517, § 1) ; etc). Pour correspondre à cette norme, le conseil presbytéral travaille, sous la houlette de l'évêque (cf. c. 515, § 2), à la restructuration du tissu territorial.

Pour mémoire, le canon 518 précise que « la paroisse sera, en règle générale, territoriale » mais prévoit aussi l'érection, à la discrétion de l'Évêque diocésain, de paroisses dites personnelles, c'est-à-dire constituée non plus en fonction du territoire, mais selon « le rite, la langue, la nationalité de fidèles », etc. Par exemple, l'Évêque peut décider de créer, dans son diocèse, une paroisse catalane, pour laquelle il désignera un pasteur propre.

Enfin, le canon 515, § 3, dispose que « La paroisse légitimement érigée jouit de plein droit de la personnalité juridique » (est appelé personne juridique en droit canonique pratiquement ce qui est appelé personne morale en droit français). La paroisse est canoniquement une personne juridique publique par disposition du droit lui-même. Cela signifie notamment :

  • La paroisse est sujet de droits et d'obligations, érigé à des fins spirituelles et pour la mission de l'Église ;
  • C'est le droit universel qui définit ce qu'est et doit être une paroisse, non quelque « concession spéciale » (c.114, §1 / CIC 83), et non quelque arrangement local ;
  • La charge de la paroisse est confiée par l'autorité compétente (l'Évêque diocésain), et non choisie par le curé ou par des fidèles ;
  • La paroisse dispose de moyens financiers et d'un budget propre qui, dans les limites du droit, est élaboré en « Conseil paroissial pour les affaires économiques » (c.537 ; Directoire pastorale pour le ministère des évêques (DPME), Paris, Artège, 2013, p. 307 (n°210) ;
  • La paroisse n'est pas une communauté associative, mais une communauté hiérarchique : sa mission découle de la mission de l'Évêque diocésain.

B- Sources authentiques et ecclésiologiques sous-jacente

Concernant la nature et la définition de la paroisse, le canon 515, § 1 est le plus fondamental. C'est donc de ce canon qu'il convient d'examiner les sources.

1. Sources conciliaires du canon 515, § 1

Outre les canons correspondants du Code de 1917, les sources conciliaires authentiques – Vatican II - du canon 515, §1 du Code de 1983 sont :

  • La constitution Sacrosanctum concilium sur la sainte liturgie (SC), n°42 ;
  • La constitution dogmatique Lumen Gentium sur l'Église (LG), n°26 ;
  • Le décret Christus Dominus sur la charge pastorale des évêques (CD), n°30 ;
  • Le décret Apostolicam actuositatem sur l'apostolat des laïcs (AA), n°10 ;
  • Le décret Ad gentes divinitus sur l'activité missionnaire de l’Église (AG), n°37.

2. Ecclésiologie sous-jacente (commentaire des sources)

2.1. Le curé coopérateur de l'évêque

L'ecclésiologie du canon 515, § 1 est fondée sur le ministère de l'évêque qui, comme successeur des apôtres, est « revêtu de la plénitude du sacrement de l'ordre » (LG26). L'Église est apostolique : c'est par l'épiscopat que la tradition est perpétuée. Pour cette raison les communautés paroissiales sont avant tout « membres du diocèse » (CD 30) et par là « de tout l'Église universelle » (CD 30). C'est pourquoi le nom du Saint-Père et celui de l'Évêque diocésain sont prononcés au cœur de chaque prière eucharistique.

Comme la paroisse est organiquement attachée au diocèse, le curé est attaché à la mission épiscopale. Le rôle des curés, comme « coopérateurs de l'évêque » et comme « pasteurs propres » « sous l'autorité de l'évêque » reçoivent pour mission d'aider les communautés paroissiales à vivre cette communion diocésaine, et ce dans un esprit missionnaire.

Le curé occupe dans la paroisse les trois fonctions qu'occupe l'évêque dans le diocèse : la fonction d'enseignement, la fonction de sanctification et la fonction de gouvernement. « Le curé […] rend présent dans une communauté déterminée du diocèse le service multiforme de l'évêque : maître, prêtre et pasteur. » (DPME, op. cit., p.309, n°212).

Littéralement, le curé est celui qui prend soin (du latin cura (soin) ; l'expression soin des âmes traduit le latin cura animarum) ; il prend soin des âmes ; il a charge d'âmes (le mot âme peut prêter à confusion. Il signifie ici : personne en vie sur la paroisse. L'âme, c'est l'habitant, dans le même sens que l'utilise l'expression : « Dans tel village, il y a cinquante âmes » ; c'est-à-dire cinquante personnes, non décédées ; âme veut dire vivant). Cette charge, il ne l'assume pas isolément : d'une part, il peut être amené à travailler avec d'autres prêtres (vicaires ou auxiliaires), avec des diacres, et surtout il lui revient d’œuvrer avec des fidèles laïcs qui apportent leur contribution active, comme le dispose le canon 519 relatif aux curés.

2.2. La contribution active des laïcs

Les fidèles laïcs sont appelés à participer activement à la mission du curé, donc à celle de l'évêque. Mais ils y sont appelés au nom du « sacerdoce commun » de tous les baptisés et non pas du fait d'une ordination. « Participant à la fonction du Christ Prêtre, Prophète et Roi, les laïcs ont leur part active dans la vie et l'action de l’Église. Dans les communautés ecclésiales, leur action est si nécessaire que sans elle l'apostolat des pasteurs ne peut, la plupart du temps, obtenir son plein effet. » (AA, n°10).

Deux remarques s'imposent : la première est que, dans le contexte de la paroisse, la contribution des laïcs n'est pas une option, que l'Église laisserait à la libre convenance du curé, elle est au contraire nécessaire à l'exercice de sa charge ; la deuxième, qui découle de la première, c'est que les laïcs ne sont pas hiérarchiquement en dessous des ministres ordonnées. Il est possible ici de parler d'« ecclésiologie de communion » entre fidèles ad intra de la vie paroissiale.

C'est aux communautés dans leur ensemble « de rendre témoignage au Christ devant les nations. » (AG, n°37) Autrement dit, chaque communauté, ici chaque paroisse, doit être missionnaire, dans un diocèse lui-même missionnaire. C'est dire l'importance de la relation fondamentale entre les paroisses (d'où, par exemple, l'existence des doyennés) et, au-delà, de la relation entre diocèses. C'est cela que l'on appelle communément « ecclésiologie de communion ». Il y va de l'universalité de l’Église, c'est-à-dire de sa catholicité.

La dimension missionnaire des communautés chrétiennes reliées ensemble peut prendre la forme d'entraide entre Églises particulières. Une entraide qui se manifeste de plusieurs façons dans l'Yonne : apport de prêtres d'un diocèse africain, coopération missionnaire, opérations de Carême comme celles du CCFD, pèlerinages, etc.

P. Hugues GUINOT

© Droit canonique.fr – 2018

Commentaire

Chers frères et sœurs, bonjour !

Le passage de l’Évangile du jour (cf. Mt 16,21-27) est la suite de celui de dimanche dernier, dans lequel était soulignée la profession de foi de Pierre, « roc » sur lequel Jésus veut construire son Église. Aujourd’hui, dans un contraste criant, Matthieu nous montre la réaction de ce même Pierre quand Jésus révèle à ses disciples qu’à Jérusalem il devra souffrir, être tué et ressusciter (cf. v.21). Pierre prend le Maître à l’écart et le réprimande parce que cela — lui dit-il — ne peut pas arriver à Lui, au Christ. Mais Jésus, à son tour, réprimande Pierre avec des paroles dures : « Passe derrière moi, Satan ! Tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ! » (v.23). Un moment auparavant, l’apôtre était béni du Père, parce qu’il avait reçu de Lui cette révélation, il était une « pierre » solide sur laquelle Jésus pouvait construire sa communauté, et aussitôt après il devient un obstacle, une pierre, mais pas pour construire, une pierre d’achoppement sur le chemin du Messie. Jésus sait bien que Pierre et les autres ont encore beaucoup de chemin à faire pour devenir ses apôtres !

A ce moment-là, le Maître s’adresse à tous ceux qui le suivaient, en leur présentant avec clarté la voie à parcourir : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive » (v.24). La tentation est toujours, aujourd’hui également, de vouloir suivre un Christ sans croix, ou plutôt d’enseigner à Dieu la bonne voie ; comme Pierre : « Non, non, Seigneur, pas ça… cela n’arrivera jamais ». Mais Jésus nous rappelle que sa voie est la voie de l’amour, et il n’y a pas de véritable amour sans le sacrifice de soi. Nous sommes appelés à ne pas nous laisser absorber par la vision de ce monde, mais à être toujours plus conscients de la nécessité et de la difficulté, pour nous chrétiens, d’avancer à contre-courant et sur un chemin qui monte.

Jésus complète sa proposition par des paroles qui expriment une grande sagesse toujours valable, parce qu’elles défient la mentalité et les comportements égocentriques. Il exhorte : « Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi la trouvera » (v.25). Dans ce paradoxe est contenue la règle d’or que Dieu a inscrite dans la nature humaine créée dans le Christ : la règle selon laquelle seul l’amour donne sens et bonheur à la vie. Dépenser ses talents, ses énergies et son temps seulement pour se sauver, se protéger et se réaliser soi-même, conduit en réalité à se perdre, c’est-à-dire à une existence triste et stérile. En revanche, si nous vivons pour le Seigneur et fondons notre vie sur l’amour, comme l’a fait Jésus, nous pourrons savourer la joie authentique et notre vie ne sera pas stérile, elle sera féconde.

Dans la célébration de l’Eucharistie, nous revivons le mystère de la croix ; non seulement nous rappelons, mais nous accomplissons le mémorial du Sacrifice rédempteur, dans lequel le Fils de Dieu se perd complètement Lui-même pour être accueilli à nouveau par le Père et ainsi nous retrouver, nous qui étions perdus, avec toutes les créatures. Chaque fois que nous participons à la Messe, l’amour du Christ crucifié et ressuscité se communique à nous comme nourriture et boisson, pour que nous puissions le suivre sur le chemin de chaque jour, dans le service concret de nos frères.

Que la Très Sainte Vierge Marie, qui a suivi Jésus jusqu’au Calvaire, nous accompagne nous aussi et nous aide à ne pas avoir peur de la croix, mais avec Jésus cloué, pas une croix sans Jésus, la croix avec Jésus, c’est-à-dire la croix de la souffrance par amour de Dieu et de nos frères, parce que cette souffrance, par la grâce du Christ, est féconde de résurrection.

© Libreria Editrice Vaticana – 2017