Pko 29.11.2020

Eglise cath papeete 1

Bulletin gratuit de liaison de la paroisse de la Cathédrale de Papeete n°53/2020
Dimanche 29 novembre 2020 – 1er Dimanche de l’Avent - solennité – Année B

Humeurs

Quand l’Église ose !!!

Après les annonces du Président Macron au sujet de l'ouverture des église, Mgr AUPETIT, archevêque de Paris prend la parole…

Une parole courageuse et sans langue de bois !!!

_____________

« C'est une mesure totalement stupide qui contredit le bon sens. Trente personnes dans une petite église de village, on comprend, mais à Saint-Sulpice, c'est ridicule ! Des paroissiens viennent à 2000 dans certaines paroisses de Paris. On va s'arrêter à trente et un… C'est ridicule !

Jusqu'à présent nous avons été extrêmement loyaux avec les autorités légitimes - comme Saint-Pierre et Saint Paul nous le demandent - mais quand on va trop loin et que l'on touche à notre conscience et à notre bon sens, cela ne va pas passer du tout.

Que certains membres du gouvernement ignorent peut-être la religion, c'est leur affaire et c'est leur droit mais qu'ils ignorent la médecine, c'est grave en pleine crise sanitaire ! Nous avons proposé d'occuper un tiers d'une capacité habituelle en laissant un espace de 4m2 autour de chaque fidèle. Ce qui correspond tout à fait à l'état sanitaire. C'est ce que l'on fait pour les commerçants. C'est quand même étonnant qu'on le permette pour les commerçants et qu'on ne le permette pas pour l'Église.

Donc là, ça suffit, il faut arrêter de nous infantiliser ! Jusqu'à présent nous avons été extrêmement loyaux avec les autorités légitimes - comme Saint-Pierre et Saint Paul nous le demandent - mais quand on va trop loin et que l'on touche à notre conscience et à notre bon sens, cela ne va pas passer du tout.

La confiance envers les politiques… Là, c'est fini ! On nous infantilise, on ne nous prend pas au sérieux... Nous avons montré notre responsabilité. Deux ou trois lieux, mis effectivement en exergue, n'ont pas obéi aux ordres - d'ailleurs je l'ai dit (...) mais ces gens-là ne respectaient pas le protocole. Mais pour le reste, pour une large majorité, ce n'est même pas une majorité, c'est presque tout le monde, on a tout à fait respecté les règles sanitaires. Alors là, franchement, c'est trop, ça suffit, je suis en train de réfléchir à la manière dont on va réagir.

De toute façon, on entre dans nos églises pour nous assassiner, c'est le terrorisme islamique, on nous égorge, on égorge de gens pacifiques qui viennent prier. Peut-être que M. Darmanin enverra des policiers avec des matraques pendant la messe, ce serait un spectacle étonnant. On va bien voir ».

________________

Chrétiens… courage… prions pour nos évêques, pour notre évêque… Que le courage de la Foi soit toujours premier !!!

En 1882, la laïcisation des écoles se met en place à Tahiti : « Je viens donc, dans ces circonstances, vous prévenir qu'à partir du 1er octobre prochain, vous cesserez d'avoir la direction des 2 écoles de Papeete et de Papeuriri ». Rapidement, la Colonie doit faire machine arrière, faute d’instituteur, les Frères Adolphe et Prudent Le Chafotec, répondant à un appel au secours lancé pour Mataiea, deux mois après l'ordre de quitter cette école du gouvernement, s'y rendirent le 27 novembre pour y reprendre la responsabilité de l’école qu’on venait de laïciser. « Monsieur le Supérieur, j'ai l'honneur de vous prier de prendre des dispositions pour rouvrir, le plus promptement possible, l'école publique des garçons de Papeuriri. » Le gouverneur signait, 3 mois plus tard, deux arrêtés par lesquels il appelait à tenir les écoles publiques du district de Mataiea... des Frères de l’institut de Ploërmel et des Dames de Saint-Joseph de Cluny… volte-face administrative !!!

Meurt le 8 juin 1887 à l'hôpital militaire de Papeete, après quelques jours de maladie. L'aumônier de la division navale du Pacifique, qui l'assista dans ses derniers moments, disait que le F. Adolphe Marie avait eu révélation du jour de sa mort.

Ses obsèques eurent lieu le lendemain, 9 juin. À cinq heures du soir, le convoi funèbre parti de l’hôpital vers la Cathédrale. Un piquet d’infanterie de marine lui rendit les honneurs réglementaires. Monseigneur Marie Joseph Verdier fit l’absout, et sa dépouille fut conduite au cimetière de l’Uranie. Toute l’Administration de la Colonie, les autres confessions religieuses sont là. Le Directeur de l’Intérieur prononça un discours élogieux : « Je ne puis me taire devant la tombe ouverte d'un homme, qui après avoir servi son pays par les armes avait voulu le servir par son intelligence. Dans cette œuvre si grande de renseignement populaire et plus spécialement dans ce pays, si elle est ardemment préoccupée d'assurer le respect des consciences et des croyances, l'administration ne dédaigne aucune collaboration, ne répudie aucun concours. Elle les accueille tous, au contraire, et c'est ainsi qu'elle contracte chaque jour une dette de reconnaissance envers ceux qui, quelques soit leur habit, combattent le bon combat de la science contre l'ignorance, de la lumière contre l'obscurité.

J'acquitte en partie cette dette de reconnaissance en venant rendre un dernier hommage à l'homme de devoir que fut Cotard. Sous la robe qu'il portait on retrouvait sans effort le marin dont la médaille militaire avait autrefois récompensé la bravoure dans les guerres où le drapeau de la France était engagé. Il était à l'école ce qu'il avait été à son bord. Il accomplissait sa tâche simplement, fidèlement. Je ne sais pas de plus grand éloge à faire d'un homme qui s'était voué à l'éducation de la jeunesse ».

Laissez-moi vous dire

27 novembre 2020 : Black Friday

Pour la première fois j’ai besoin d’aide pour acheter à manger

Cette phrase je l’ai entendue pour la première fois dans la bouche de ma maman dans les années 1950. Au sortir de la seconde guerre mondiale, en milieu urbain, les familles pauvres vivaient au gré de la distribution des « tickets de rationnement » : tant de grammes de viande, de pain, de beurre, de lait pour bébé… etc… Ma mère échangeait ses « tickets de viande » pour des « tickets de lait » pour me nourrir. Certes il y avait le « marché noir » mais le coût des denrées alimentaires était exorbitant.

Puis le Plan Marshall a surgi, ce fut le démarrage des 30 glorieuses, la relance économique, le quasi plein emploi. Pour un certain nombre est apparu le temps des loisirs et des vacances à la mer !

Les chocs pétroliers successifs, la crise financière de 2008 et aujourd’hui, la crise sanitaire, ont changé la donne. À cela il faudrait ajouter pour un grand nombre de pays : les crises politiques et le dérèglement climatique qui ont accru la paupérisation des populations.

Les médias nous abreuvent de tellement d’images, de chiffres et de faits d’actualité d’importance très inégale qu’on s’habitue à la misère des autres et même à la mort. Excepté quand il s’agit d’une vedette de la chanson ou d’un footballeur !

Le Secours Catholique – Caritas France a publié la semaine dernière son rapport intitulé : « ÉTAT DE LA PAUVRETE en France 2020. Budget des ménages, des choix impossibles ». On peut le consulter sur Internet : www.secours-catholique.org. Il est rappelé ce que le ministre de la Santé et des Solidarités a lui-même reconnu : « en cette fin 2020, 8 millions de personnes ont à subir cette humiliation de ne pas pouvoir se nourrir ni nourrir leur famille. 12% de la population française. Huit fois plus que dans les années 1980. Tout le monde semble l’ignorer ou, pire, s’y être accoutumé. Cette situation est une honte dans notre pays riche ! »

Sur ces 8 millions de personnes près de 1,4 millions se tournent vers le Secours Catholique (740 000 adultes et 653 000 enfants). Derrière ces chiffres, un constat, 92% des ménages rencontrés vivent sous le seuil de pauvreté et 67% sous le seuil d’extrême pauvreté. Parmi eux des couples avec enfants, des familles monoparentales, des personnes seules qui vivent ou survivent avec un budget entre 2 et 9 euros (220 FCFP à 1100 FCFP) par jour.

Le rapport précise : « La cause est simple : c’est l’insuffisance des revenus. Car une fois payés le loyer et les factures récurrentes, dont certaines ne cessent d’augmenter (notamment l’eau, le chauffage, l’électricité, le gaz), il reste si peu qu’il est impossible de payer la nourriture, les produits d’hygiène, le téléphone, les soins dentaires, les vêtements, les transports, les loisirs... Alors il faut jongler, en permanence, trouver des solutions. Il faut se priver, se serrer la ceinture sur tout, ne chauffer qu’une pièce sur deux, parfois renoncer à recevoir chez soi ou décliner les invitations des enfants aux anniversaires, faute de pouvoir offrir un cadeau. Il faut encore appeler à l’aide. Quand l’estime de soi est mise à si rude épreuve, quand l’angoisse du lendemain est si forte, comment se projeter vers l’avenir ? Il faut pourtant subir, encore, le regard culpabilisant de la société. C’est cette réalité que vient documenter ce rapport. »

Et au fenua ? La réalité est un peu différente, mais les conclusions sont les mêmes : pas de revenus ? pas de ressources sûres ? que reste-t-il ?... compter sur les aides sociales, le secours populaire ou catholique, la mendicité… et pour certains… le désespoir et même… le suicide.

Alors quand j’entends quelques bien-pensants me dire : « ils sont pauvres parce qu’ils le veulent bien… ils ne savent pas gérer leur budget… ils gaspillent le peu qu’ils ont… ». J’ai la bile qui me monte à la gorge, un peu comme cette boisson vinaigrée que l’on présentait au Christ en agonie : « Et toi ? Que fais-tu de ton argent ? Est-ce que tu gères ton budget quand il te suffit de taper le code de ta carte de crédit pour te payer un restau, un voyage ou tes achats lors du Black Friday. » On n’imagine pas la « torture » infligée aux pauvres avec les publicités « massacrantes » pour le Black Friday ; les supermarchés qui étalent tout le nécessaire pour fêter Noël ! Cela me remet en mémoire les heures que je passais devant les vitrines des jouets ; enfant, je rêvais d’un monde où tous les enfants seraient heureux, bien nourris, bien vêtus, bien logés et choyés… cela alimentait ma prière du soir.

En tant que chrétiens nous ne pouvons rester inactifs face à cette plainte : « Pour la première fois j’ai besoin d’aide pour acheter à manger ». Comme il est mentionné dans le rapport du secours Catholique : plus que jamais, notre mission est de construire une société où chacun retrouve sa dignité, une société juste et fraternelle.

Relisons la lettre Encyclique du Pape François : Fratelli tutti (Tous frères) [voir : www.vatican.va ].

Dominique SOUPÉ

© Paroisse de la Cathédrale – 2020

Regard sur l’actualité…

Fratelli tutti (5)

Le 3 Octobre dernier, le Pape François signait à Assise (Italie) sa troisième encyclique intitulée « Fratelli Tutti – Tous frères ». Après avoir évoqué dans les « Communiqués » précédents les premiers chapitres de cette encyclique, c’est le chapitre 6 intitulé « dialogue et amitié sociale » qui retiendra aujourd’hui notre attention.

Dès les premières lignes est abordée la signification du verbe « dialoguer » : « Se rapprocher, s’exprimer, s’écouter, se regarder, se connaître, essayer de se comprendre, chercher des points de contact, tout cela se résume dans le verbe ‘‘dialoguer’’. Pour nous rencontrer et nous entraider, nous avons besoin de dialoguer » (Fratelli Tutti §198). Ce dialogue permet de faire grandir un « art de la rencontre » car « il aide discrètement le monde à mieux vivre… ». Poursuivant la réflexion, le texte aborde ce qui nuit à un dialogue authentique : « On confond en général le dialogue avec quelque chose de très différent : un échange fébrile d’opinions sur les réseaux sociaux, très souvent orienté par des informations provenant de médias pas toujours fiables. Ce ne sont que des monologues parallèles qui s’imposent peut-être à l’attention des autres plutôt en raison de leurs tons élevés et agressifs. Mais les monologues n’engagent personne, au point que leurs contenus sont souvent opportunistes et contradictoires » (Fratelli Tutti §200). S’opposent au dialogue véritable

  • L’agressivité dont nous pouvons faire preuve, par exemple sur les réseaux sociaux : chacun campe sans nuance sur ses positions, ses idées, ses opinions. Cette agressivité devient souvent, hélas, le langage habituel dans le contexte médiatique de campagnes politiques et se généralise au quotidien… Le dialogue ouvert et respectueux devient alors impossible.
  • Les monologues qui ne s’arrêtent pas et empêchent l’autre de s’exprimer. Celui qui s’exprime cherche non pas à partager la parole mais à utiliser son pouvoir pour imposer sa façon de penser ou obtenir des avantages que lui donne ce pouvoir.
  • La disqualification instantanée et humiliante de l’autre, attitude qui rend impossible un dialogue ouvert et respectueux. L’autre devient un vrai obstacle à la tranquillité égoïste de celui qui parle, une entrave qui fait grandir l’agressivité.

« Ce manque de dialogue implique que personne, dans les différents secteurs, ne se soucie de promouvoir le bien commun ; mais chacun veut obtenir des avantages que donne le pouvoir, ou, dans le meilleur des cas, imposer une façon de penser. Les dialogues deviennent ainsi de simples négociations pour que chacun puisse conquérir la totalité du pouvoir et le plus de profit possible, en dehors d’une quête commune générant le bien commun » (Fratelli Tutti §202). Si nous voulons avancer dans la mise en place de ce dialogue social authentique, cela suppose la capacité de respecter le point de vue de l’autre, avec l’a priori qu’il contient des éléments légitimes pouvant enrichir ce dialogue. Du coup, l’interlocuteur se trouve respecté dans sa dignité, dans ses opinions et dans ses différences. « Il devient ainsi possible d’être sincère, de ne pas dissimuler ce que nous croyons, sans cesser de dialoguer, de chercher des points de contact, et surtout de travailler et de lutter ensemble. La discussion publique, si elle accorde véritablement de l’espace à chacun et ne manipule ni ne cache l’information, est un tremplin permanent qui permet de mieux atteindre la vérité, ou du moins, de mieux l’exprimer. Elle empêche les divers groupes de s’accrocher avec assurance et autosuffisance à leur conception de la réalité et à leurs intérêts limités » (Fratelli Tutti § 03)

Cela suppose également de la part de chacun une attitude de bienveillance que St Paul désigne comme fruit de l’Esprit (Galates 5,22). Cette bienveillance se traduit par une attention à ne pas blesser l’autre, à encourager et réconforter, à fortifier, à consoler. « Cultiver la bienveillance n’est pas un détail mineur ni une attitude superficielle ou bourgeoise. Puisqu’elle suppose valorisation et respect, elle transfigure profondément le mode de vie, les relations sociales et la façon de débattre et de confronter les idées, lorsqu’elle devient culture dans une société. Elle facilite la recherche du consensus et ouvre des chemins là où l’exaspération détruit tout pont ». (Fratelli Tutti §224)

+Jean Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete – 2020

Audience générale

La prière de l’Église naissante

Lors de l’audience générale du mercredi 25 novembre, le Saint-Père a poursuivi son cycle de catéchèses sur la prière, avec cette fois-ci une halte auprès des premières communautés chrétiennes. « La prière de l’Église naissante » était en effet le thème de son enseignement. Un retour aux sources qui a été pour François l’occasion de rappeler ce qui définit l’Église.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Les premiers pas de l'Église dans le monde ont été rythmés par la prière. Les écrits apostoliques et la grande narration des Actes des apôtres nous décrivent l'image d'une Église en chemin, une Église active, qui trouve cependant dans les réunions de prière la base et l'impulsion pour l'action missionnaire. L'image de la communauté primitive de Jérusalem est un point de référence pour toute autre expérience chrétienne. Luc écrit dans le Livre des Actes : « Ils se montraient assidus à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (2,42). La communauté persévère dans la prière.

Nous trouvons ici quatre caractéristiques essentielles de la vie ecclésiale : premièrement, l’écoute de l'enseignement des apôtres ; deuxièmement, la préservation de la communion réciproque ; troisièmement, la fraction du pain et, quatrièmement, la prière. Celles-ci nous rappellent que l'existence de l'Église a un sens si elle reste solidement unie au Christ, c'est-à-dire dans la communauté, dans sa Parole, dans l'Eucharistie et dans la prière. C'est la manière de nous unir, nous, au Christ. La prédication et la catéchèse témoignent des paroles et des gestes du Maître ; la recherche constante de la communion fraternelle préserve des égoïsmes et des particularismes ; la fraction du pain réalise le sacrement de la présence de Jésus parmi nous : Il ne sera jamais absent, dans l'Eucharistie, c'est vraiment Lui. Il vit et marche avec nous. Et enfin, la prière, qui est l'espace de dialogue avec le Père, à travers le Christ dans l'Esprit Saint.

Tout ce qui dans l'Église grandit en dehors de ces “coordonnées”, est privé de fondement. Pour discerner une situation, nous devons nous demander comment sont, dans cette situation, ces quatre coordonnées : la prédication, la recherche constante de la communion fraternelle - la charité -, la fraction du pain – c'est-à-dire la vie eucharistique – et la prière. Toute situation doit être évaluée à la lumière de ces quatre coordonnées. Ce qui ne rentre pas dans ces coordonnées est privé d'ecclésialité, n'est pas ecclésial. C'est Dieu qui fait l'Église, pas la clameur des œuvres. L'Église n'est pas un marché ; l'Église n'est pas un groupe d'entrepreneurs qui vont de l'avant avec cette entreprise nouvelle. L'Église est l’œuvre de l'Esprit Saint, que Jésus nous a envoyé pour nous rassembler. L'Église est précisément le travail de l'Esprit dans la communauté chrétienne, dans la vie communautaire, dans l'Eucharistie, dans la prière, toujours. Et tout ce qui grandit en dehors de ces coordonnées est privé de fondement, est comme une maison construite sur le sable (cf. Mt 7,24). C'est Dieu qui fait l'Église pas la clameur des œuvres. C'est la parole de Jésus qui remplit de sens nos efforts. C'est dans l'humilité que se construit l'avenir du monde.

Parfois, je ressens une grande tristesse quand je vois certaines communautés qui, avec de la bonne volonté, se trompent de chemin, parce qu'elles pensent faire l'Église avec des rassemblements, comme si c'était un parti politique : la majorité, la minorité, que pense celui-là, celui-ci, l'autre… “C'est comme un synode, un chemin synodal que nous devons faire”. Je me demande : où est l'Esprit ? Où est la prière ? Où est l'amour communautaire ? Où est l'Eucharistie ? Sans ces quatre coordonnées, l'Église devient une société humaine, un parti politique – majorité, minorité –, on fait les changements comme s'il s'agissait d'une entreprise, par majorité ou minorité... Mais ce n'est pas l'Esprit Saint. Et la présence de l'Esprit Saint est précisément garantie par ces quatre coordonnées. Pour évaluer une situation, si elle est ecclésiale ou si elle n'est pas ecclésiale, demandons-nous s'il y a ces quatre coordonnées : la vie communautaire, la prière, l'Eucharistie… [la prédication], comment se développe la vie dans ces quatre coordonnées. Si cela manque, l'Esprit manque, et si l'Esprit manque nous serons une belle association humanitaire, de bienfaisance, c'est bien, c'est bien, également un parti, disons ainsi, ecclésial, mais il n'y a pas l'Église. Et c'est pourquoi l'Église ne peut pas grandir avec ces choses : elle grandit non par prosélytisme, comme n'importe quelle entreprise, mais par attraction. Et qui anime l'attraction ? L'Esprit Saint. N'oublions jamais cette parole de Benoît XVI : “L'Église ne grandit pas par prosélytisme, elle grandit par attraction”. Si l'Esprit Saint manque, alors que c'est ce qui attire à Jésus, il n'y a pas l'Église. Il y a un beau club d'amis, c'est bien, avec de bonnes intentions, mais il n'y a pas l'Église, il n'y a pas de synodalité.

En lisant les Actes des apôtres, nous découvrons alors que le puissant moteur de l'évangélisation sont les réunions de prière, où celui qui participe fait l'expérience vivante de la présence de Jésus et est touché par l'Esprit. Les membres de la première communauté – mais cela est toujours valable, également pour nous aujourd'hui – perçoivent que l'histoire de la rencontre avec Jésus ne s'est pas arrêtée au moment de l'Ascension, mais continue dans leur vie. En racontant ce qu'a dit et fait le Seigneur – l'écoute de la Parole -, en priant pour entrer en communion avec Lui, tout devient vivant. La prière diffuse la lumière et la chaleur : le don de l'esprit fait naître en elles la ferveur.

À ce propos, le Catéchisme a une expression très riche. Il dit ainsi : « L'Esprit Saint […] rappelle ainsi le Christ à son Église orante, la conduit aussi vers la Vérité tout entière et suscite des formulations nouvelles qui exprimeront l'insondable Mystère du Christ, à l'œuvre dans la vie, les sacrements et la mission de son Église » (n°2625). Voilà l’œuvre de l'Esprit dans l'Église : rappeler Jésus. Jésus lui-même l'a dit : Il vous enseignera et vous rappellera. La mission est rappeler Jésus, mais pas comme un exercice mnémonique. Les chrétiens, en marchant sur les chemins de la mission, rappellent Jésus alors qu'ils le rendent à nouveau présent ; et de Lui, de son Esprit, ils reçoivent l'“élan” pour aller, pour annoncer, pour servir. Dans la prière, le chrétien se plonge dans le mystère de Dieu qui aime chaque homme, ce Dieu qui désire que l'Évangile soit prêché à tous. Dieu est Dieu pour tous, et en Jésus chaque mur de séparation est définitivement détruit : comme le dit saint Paul, Il est notre paix, c'est-à-dire « celui qui des deux n'a fait qu'un peuple » (Ep 2,14). Jésus a fait l'unité.

Ainsi, la vie de l'Église primitive est rythmée par une succession incessante de célébrations, de convocations, de temps de prière aussi bien communautaire que personnelle. Et c'est l'Esprit qui donne la force aux prédicateurs qui se mettent en voyage, et qui par amour de Jésus sillonnent les mers, affrontent des dangers, se soumettent à des humiliations.

Dieu donne de l'amour, Dieu demande de l'amour. Telle est la racine mystique de toute la vie croyante. Les premiers chrétiens en prière, mais également nous qui venons de nombreux siècles après, vivons tous la même expérience. L'Esprit anime chaque chose. Et chaque chrétien qui n'a pas peur de consacrer du temps à la prière peut faire siennes les paroles de l’apôtre Paul : « Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi » (Ga 2,20). La prière te rend conscient de cela. Ce n'est que dans le silence de l'adoration que l'on fait l'expérience de toute la vérité de ces paroles. Nous devons retrouver le sens de l'adoration. Adorer, adorer Dieu, adorer Jésus, adorer l'Esprit. Le Père, le Fils et l'Esprit : adorer. En silence. La prière d'adoration est la prière qui nous fait reconnaître Dieu comme début et fin de toute l'histoire. Et cette prière est le feu vivant de l'Esprit qui donne force au témoignage et à la mission. Merci.

© Libreria Editrice Vaticana – 2020

 

Covid-19 et Église

Maintien de la jauge des 30, les évêques dénoncent l’entêtement du gouvernement

Dans sa conférence de presse détaillant l’allégement du confinement, jeudi 26 novembre, le premier ministre Jean Castex a maintenu la jauge limitant la participation aux cérémonies religieuses à 30 personnes. La mesure a suscité la vive incompréhension de la Conférence des évêques de France.

Communiqué de la Conférence des Évêques de France

Jauge à 30 personnes ce dimanche :

une mesure qui demeure irréaliste et inapplicable

C’est avec regret que la Conférence des évêques de France (CEF) apprend que la jauge de 30 personnes par lieu de culte pour les célébrations est maintenue pour ce dimanche. Après l’appel du Président de la République à l’issue de son discours du mardi 24 novembre, elle attendait une rectification de cette mesure et la mise en place d’une « jauge réaliste » dès ce 28 novembre. Il n’en est rien !

Le Premier ministre explique sa fermeté par la situation épidémiologique ; néanmoins les protocoles présentés par les différentes religions auraient pu permettre des décisions plus facilement applicables et équitables.

La CEF s’interroge sur les véritables critères utilisés par le gouvernement pour fixer les conditions de ce confinement. Certes les cultes ne sont pas des commerces mais traiter ainsi les religions, c’est considérer comme accessoire la foi de millions de croyants. C’est une grave erreur pour notre société tout entière.

Le Premier ministre s’est engagé à ouvrir la discussion sans attendre pour permettre dès que possible une jauge proportionnée à la taille des édifices. La Conférence des évêques de France réclame une véritable concertation plus efficace pour aboutir à un accord. Dans ce contexte elle se réserve toujours la possibilité d’utiliser les moyens de droit appropriés.

La Conférence des évêques de France réaffirme l’engagement plein et entier des catholiques dans la lutte contre cette épidémie et leur volonté de servir au plus grand bien de notre société.

Les espoirs de ceux qui espéraient une révision de la jauge de 30 personnes autorisées à assister aux cultes, à partir de samedi 28 novembre, ont été douchés. Lors de sa conférence de presse détaillant l’allégement du confinement, jeudi 26 novembre, le premier ministre Jean Castex a maintenu cette limitation fixe, annoncée mardi soir par le président de la République.

Pourtant, dès le 24 novembre dans la soirée, Emmanuel Macron en personne avait appelé Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF). Celui-ci avait, dans un communiqué, dénoncé comme « irréaliste et inapplicable » cette jauge unique, quelle que soit la taille de l’édifice religieux. Une incompréhension partagée par nombre d’évêques et de fidèles, y compris chez ceux qui réclamaient jusque-là patience et modération, même si d’autres catholiques paraissent lassés de ce « feuilleton » à répétition.

Étonnement

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) aurait, lui aussi, « préféré la règle d’une personne par 4 m2 (voir 6 ou 8 m2) qui tient compte davantage des différentes situations des lieux de culte », avait regretté son président Mohammed Moussaoui.

Après l’appel présidentiel de mardi soir, la CEF « attendait une rectification de cette mesure et la mise en place d’une “jauge réaliste” dès ce 28 novembre. Il n’en est rien ! », proteste-t-elle dans un nouveau communiqué publié jeudi après la conférence de presse de Jean Castex, suivie en cela par le Conseil national des évangéliques de France. Du côté de la Fédération protestante de France (FPF), son président François Clavairoly se dit « étonné de cette prise de parole de M. Castex, qui ne tient pas compte des préconisations que nous avions faites ».

Car après le discours d’Emmanuel Macron, François Clavairoly et Mgr Emmanuel, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, s’étaient joints à Mgr de Moulins-Beaufort pour demander une révision de cette jauge. « Nous n’avons pas eu de réponse convenable, regrette le président de la FPF. Une jauge à 30 personnes n’a pas de sens, en fonction de lieux qui sont généralement plus vastes que ça. »

« Les discussions vont se poursuivre »

Interrogé sur le fait que l’échange entre Emmanuel Macron et Éric de Moulins-Beaufort mardi soir n’a pas été suivi d’effet dans les annonces du premier ministre, l’Élysée renvoie vers les services de Matignon et de la Place Beauvau « qui sont au cœur des échanges ». Mais ces derniers se renvoient également la balle, sans fournir d’explication, tout en précisant que « les discussions vont se poursuivre ».

« Les lieux de culte ont été en France comme ailleurs des lieux de contamination » et « la circulation virale demeure encore forte », a fait valoir, de son côté, Jean Castex. « Mensonge ! », n’a pas hésité à tonner Mgr Francis Bestion, évêque de Tulle (Corrèze), sur le réseau social Twitter, tandis que de nombreux internautes soulignaient que depuis le déconfinement de mai, aucun foyer de contamination n’a été recensé dans une église.

« Les protocoles présentés par les différentes religions auraient pu permettre des décisions plus facilement applicables et équitables », argumente la CEF, qui s’interroge « sur les véritables critères utilisés par le gouvernement pour fixer les conditions de ce confinement ».

Une confiance ébranlée

« Le premier ministre dit qu’il va parler avec nous dès lundi, mais la confiance avec le gouvernement, qui nous a un peu ballottés depuis plusieurs semaines, est très ébranlée », réagit Vincent Neymon, porte-parole de la CEF, en colère contre « l’expression de cette inacceptable surdité du gouvernement » et de son « entêtement sidérant ».

Un référé-liberté pourrait être rapidement déposé par Mgr de Moulins-Beaufort. Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, qui se dit « pantois, déconcerté et profondément déçu » par la décision, annonce, lui aussi, son intention de s’en remettre au Conseil d’État, tout comme le collectif de laïcs. Pour la messe. Et pour la première fois, les catholiques pourraient ne pas être les seuls à en appeler à la justice pour trancher la question de la reprise des cultes. « Nous réfléchissons à cette hypothèse, mais nous n’avons pas encore pris de décision », assure François Clavairoly.

© La Croix – 2020

Covid-19

Suicide : l’autre vague à venir du coronavirus ? (2)

Le lien entre le risque suicidaire et les crises économiques et sociales est connu, notamment depuis la crise de 1929. Qu’en est-il s’agissant de la crise sanitaire (et de ses effets économiques et sociaux) que nous sommes collectivement en train de vivre ? Afin de mesurer, notamment, les effets du premier confinement sur le risque suicidaire de certaines catégories de la population, la Fondation Jean-Jaurès a realisé une enquête dirigée par Michel Debout, professeur de médecine légale et membre de l’Observatoire national du suicide.

V - EFFETS DE LA CRISE SUR LES PENSÉES SUICIDAIRES DES ADOLESCENTS ET DES JEUNES ADULTES

Les tentatives de suicide chez les adolescents sont si nombreuses que l’on pourrait presque affirmer que la tentative de suicide est devenue la marque de la crise de l’adolescence. Mais le passage à l’acte suicidaire de l’adolescent correspond-il au début de la crise ou à sa fin ?

C’est d’abord aux parents et plus largement à l’entourage que s’adresse l’acte suicidaire : l’adolescent cherche à faire reconnaître ce qui change en lui. Par son geste, il tente de marquer qu’il est devenu différent, qu’il est passé de l’enfance à l’âge adulte. Il en attend la reconnaissance par les autres. Grâce à cette « auto-ritualisation » vers l’âge adulte, il met un terme à la phase difficile qu’il traverse et évite une crise plus profonde. En ce sens, la tentative de suicide exprime une fin de crise que l’adolescent aura lui-même mise en acte.

Lorsque l’on compare les résultats obtenus en 2016 par rapport à ceux observés en 2020, on note une augmentation globale des tentatives de suicide pour l’ensemble de la population (chez ceux qui ont déjà envisagé le suicide, 27 % ont déjà fait une tentative en 2020, contre 22 % en 2016). C’est particulièrement marqué chez les jeunes : en 2016, chez les moins de 35 ans qui avaient déjà envisagé une tentative de suicide, 26 % avaient fait une tentative provoquant une hospitalisation, contre 33 % (+7) quatre ans plus tard. Cette proportion en augmentation est la marque de la gravité de ce risque suicidaire puisque la proportion de ceux qui passent à l’acte atteint donc un niveau très préoccupant.

Tous les psychiatres, qu’ils soient en activité libérale ou dans les hôpitaux, ont noté depuis la fin du confinement la gravité des pathologies présentées par les patients, avec comme indice de gravité les tentatives de suicide.

Pour les jeunes, on peut expliquer cette réalité par la difficulté de se faire soigner ou de poursuivre les soins pendant la période de confinement et dans les semaines qui ont suivi. Il faut souligner aussi les soutiens mis en œuvre par les associations, très actives dans le champ de la prévention du suicide des jeunes, qui n’ont pas pu agir normalement pendant toute cette période.

L’autre facteur explicatif concerne plutôt les adultes jeunes confrontés aux difficultés d’insertion professionnelle et sociale, de formation que de nombreuses études ont notées – même le président de la République a souligné la difficulté d’avoir vingt ans en 2020. Il y a là des facteurs de risques certains qui devraient déboucher sur des actions médico-sociales spécifiques.

VI - TENSIONS ET VIOLENCES CONJUGALES PENDANT LE CONFINEMENT : L’INVERSION DES RÔLES ?

Beaucoup de spécialistes et de commentateurs ont alerté les Français sur le risque de progression des tensions et des violences conjugales pendant la période de confinement du fait du huis clos imposé aux couples avec ou sans enfant, de la quasi-disparition des liens de voisinage et plus globalement des liens sociaux.

Notre enquête montre que parmi les 78 % de personnes interrogées de notre échantillon qui ont passé la période de confinement en couple, 9 % disent avoir vécu de graves tensions et disputes au sein de leur foyer, et 1 % déclare avoir été victime de violence conjugale.

Ces chiffres peuvent sembler « plus bas » que ce à quoi nous nous attendions. Une première explication concerne l’emploi du temps partagé obligatoirement par les deux membres du couple. Durant le confinement, cet emploi du temps partagé était une norme « imposée ». Or, beaucoup de tensions au sein du foyer concernent habituellement les temps différents et « personnels » de chacun : « Où étais-tu ? Qui as-tu rencontré ? ». Ces questionnements et ces suspicions étaient, durant le confinement, mis « entre parenthèses ».

Plus intéressant, lorsqu’on analyse ces résultats, on observe que 12 % des hommes de moins de trente-cinq ans (les moins de 35 ans sont la tranche d’âge la plus concernée par les tensions et disputes au sein du foyer durant le confinement) disent avoir vécu des tensions et des violences au sein du foyer durant le confinement, alors que ce pourcentage atteint 17 % pour les femmes du même âge. On retrouve là un rapport classique selon lequel ce sont les femmes qui subissent les tensions et les disputes au sein du foyer. D’autres indications sont par ailleurs instructives et confirment une intuition partagée par nombre de spécialistes : ce sont les employés qui paraissent les plus concernés par les violences conjugales (14 % disent avoir vécu des tensions et des violences au sein du foyer pendant le confinement) et encore davantage les catégories modestes : les personnes issues des catégories pauvres (moins de 900 euros de revenus par mois) sont 15 % à indiquer avoir vécu des tensions et des violences au sein du foyer durant le confinement, contre 6 % chez les personnes issues des catégories aisées (plus de 2500 euros de revenus par mois).

Il y a là l’effet des conditions de logement, d’autres études ont en effet montré le lien entre l’exiguïté de l’espace vital et le risque de tensions et de violences conjugales.

Enfin, une dernière donnée va dans le même sens et illustre bien le lien entre qualité de logement (espace vital disponible) et bien-être psycho-social : le nombre d’enfants, qui fait passer le risque de tensions et de violences de 7 % pour les couples sans enfant à 19 % pour ceux qui en ont deux.

Les résultats les plus inattendus viennent des personnes interrogées qui déclarent avoir été victimes de violences conjugales durant le confinement. D’abord, leur très faible nombre : 1 % de ceux qui vivent en couple disent avoir été victimes de violences conjugales (ce qui peut rendre leur interprétation fragile) et, plus surprenant encore, la proportion passe à 7 % pour les hommes de moins de trente-cinq ans, tandis qu’elle reste à 2 % pour les femmes du même âge.

Comment expliquer cet apparent paradoxe puisque toutes les études sur le sujet ont montré que ce sont les femmes qui sont très majoritairement les victimes de violences conjugales ?

Il faut souligner en premier lieu que ce sont les femmes qui occupent plus fréquemment le domicile habituellement. On peut alors supposer qu’elles y sont davantage « habituées » que leur compagnon, qui ont plus de mal à supporter d’y être confinés. Mais, plus encore, du fait de l’arrêt de toutes les activités sociales, culturelles et sportives, le temps des hommes durant le confinement a ressemblé davantage à celui des femmes. Ainsi, leur rôle de « mâle dominant » s’est peu à peu effacé.

Notons enfin que, pour certains couples, il y a eu une inversion des rôles puisqu’une majorité de femmes a continué à travailler en présentiel (infirmières, caissières, aide-malades, etc.) alors que beaucoup d’hommes se trouvaient soit au chômage soit en télétravail. Dans ce sens, nous avons bien noté aussi dans notre enquête que le télétravail était un facteur favorisant ces violences.

Il faut conclure ce chapitre par une dernière donnée concernant les tensions et les violences conjugales en lien avec des situations de travail difficiles. En effet, elles augmentent considérablement en cas de stress majeur au travail. Quand 9 % des personnes interrogées déclarent avoir vécu des tensions et des violences au sein du foyer durant le confinement, c’est le cas de 20 % chez les personnes indiquant avoir rencontré un état de stress majeur au travail durant le confinement. S’agissant des violences conjugales, quand 1 % des personnes interrogées déclare en avoir subi durant le confinement, ce taux monte à 9 % chez les personnes qui déclarent avoir subi un harcèlement et/ou sexuel au travail durant le confinement.

Ces données montrent bien la porosité qui existe entre la vie de travail et la vie familiale : le bien-être au travail conforte le bien-être dans la vie familiale et ce sont souvent les mêmes personnes qui sont à la fois victimes de violence dans leur vie de travail et dans leur vie de couple.

à suivre

© Jean-Jaurès.org – 2020

Commentaire

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui nous commençons le chemin de l’Avent, qui culminera à Noël. L’Avent est le temps qui nous est donné pour accueillir le Seigneur qui vient à notre rencontre, également pour vérifier notre désir de Dieu, pour regarder de l’avant et nous préparer au retour du Christ. Il reviendra à nous dans la fête de Noël, quand nous ferons mémoire de sa venue historique dans l’humilité de la condition humaine ; mais il vient en nous chaque fois que nous sommes disposés à le recevoir, et il viendra de nouveau à la fin des temps pour « juger les vivants et les morts ». C’est pourquoi nous devons toujours être vigilants et attendre le Seigneur avec l’espérance de le rencontrer. La liturgie d’aujourd’hui nous introduit précisément dans ce thème suggestif de la vigilance et de l’attente.

Dans l’Évangile (cf. Mc 13,33-37) Jésus nous exhorte à faire attention et à veiller, pour être prêts à l’accueillir au moment de son retour. Il nous dit : « Soyez sur vos gardes, veillez, car vous ne savez pas quand ce sera le moment […] ; de peur que, venant à l’improviste, il ne vous trouve endormis » (vv.33-36).

La personne qui fait attention est celle qui, dans le bruit du monde, ne se laisse pas emporter par la distraction ou par la superficialité, mais qui vit de façon pleine et consciente, et dont la préoccupation est tournée avant tout vers les autres. Par cette attitude, nous nous rendons compte des larmes et des besoins du prochain et nous pouvons en saisir aussi les capacités et les qualités humaines et spirituelles. La personne attentive s’adresse ensuite au monde, en cherchant à combattre l’indifférence et la cruauté présentes en son sein, et en se réjouissant des trésors de beauté qui existent pourtant et doivent être protégés. Il s’agit d’avoir un regard de compréhension pour reconnaître aussi bien les misères et les pauvretés des individus et de la société, que pour reconnaître la richesse cachée dans les petites choses de tous les jours, justement là où le Seigneur nous a placés.

La personne vigilante est celle qui accueille l’invitation à veiller, c’est-à-dire à ne pas se laisser accabler par le sommeil du découragement, du manque d’espérance, de la déception ; et, dans le même temps, qui repousse la sollicitation des nombreuses vanités dont le monde déborde et derrière lesquelles, parfois, on sacrifie le temps et la sérénité personnelle et familiale. C’est l’expérience douloureuse du peuple d’Israël, racontée par le prophète Isaïe : Dieu semblait avoir laissé errer son peuple loin de ses chemins (cf. 63,17), mais c’était un effet de l’infidélité du peuple lui-même (cf. 64,4b). Nous aussi, nous nous trouvons souvent dans cette situation d’infidélité à l’appel du Seigneur : Il nous indique la bonne voie, le chemin de la foi et de l’amour, mais nous cherchons notre bonheur ailleurs.

Être attentifs et vigilants sont les présupposés pour ne pas continuer à « errer loin des chemins du Seigneur », égarés dans nos péchés et dans nos infidélités ; être attentifs et être vigilants sont les conditions pour permettre à Dieu de faire irruption dans notre existence, pour rendre à celle-ci signification et valeur par sa présence pleine de bonté et de tendresse. Que la Très Sainte Vierge Marie, modèle dans l’attente de Dieu et icône de la vigilance, nous conduise à la rencontre de son fils Jésus, en ravivant notre amour pour Lui.

© Libreria Editrice Vaticana – 2017