Pko 25.10.2020

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la paroisse de la Cathédrale de Papeete n°48/2020
Dimanche 25 octobre 2020 – 30ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A

HUMEURS

DIEU ENVOIE NOUS DES FOUS

Ne vous conformez pas à ce monde présent,
Mais transformez-vous par le renouvellement de l’Esprit.
Romains 12,2
En ces temps troublés, et de couvre-feu… En voyant les loosers* arriver tel le Messie pour sauver nos sans-abris… et dans quelques semaines faire comme à la fin du confinement, les jeter à la rue, nous reviens à la mémoire cette prière de Louis-Joseph Lebret, inspirateur de l’encyclique Populorum progessio publiée en 1967 par le bienheureux Paul VI :
Dieu envoie nous des fous
Qui s’engagent à fond
Qui aient autrement qu’en parole,
Qui se donnent pour de vrai et jusqu’au bout.
Il nous faut des fous,
Des déraisonnables, des passionnés,
Capable de sauter dans l’insécurité :
L’inconnu toujours plus béant que la pauvreté.
Il nous faut des fous du présent,
Épris de vie simple,
Aimant la paix,
Purs de compromission,
Décidés à ne jamais trahir,
Méprisant leur propre vie,
Capables d’accepter, n’importe quelle tâché,
De partir n’importe où,
À la fois libre et obéissants,
Spontanés et tenaces, doux et forts.
_______________
•    Terme employé par je ne sais plus qui, il y a peu de temps dans notre paysage local… mais dont je ne suis pas sûr de bien maitriser le sens !!!

LAISSEZ-MOI VOUS DIRE

LE CHRETIEN N’EST PAS HORS DU MONDE : IL S’ENGAGE, IL DEBAT, IL VOTE…

On nous rebat les oreilles avec la LIBERTE, et plus particulièrement la liberté d’expression. Dans notre République laïque issue des « Lumières » on veut nous faire croire que seuls les incroyants sont capables de s’exprimer en toute liberté. Maintes fois, ces dernières années, on a caricaturé les prises de position des chrétiens, refusant de prendre en compte leurs avis dans les débats de société. La laïcité bornée tente de bâillonner les chrétiens : « Restez dans vos églises ; laissez César s’occuper de la vie sociale et éthique ».
L’attitude du gouvernement à l’égard des musulmans est particulièrement éclairante : fermons des mosquées, interdisons certaines associations musulmanes, expulsons tel ou tel… On se croirait revenu à l’époque du « Petit Père Combes » (1904-1905), ce Ministre de l’Intérieur et des cultes anticlérical qui obtint la fermeture de plusieurs milliers d'établissements d'enseignement tenus par des congrégations religieuses. Il fit surveiller magistrats, fonctionnaires et universitaires par les loges maçonniques et les comités radicaux. Il est à l’origine des lois de séparation de l'Église et de l'État. 
La France est un des rares pays occidentaux où les sciences religieuses n’ont pas leur place dans le monde universitaire ! Sauf en Alsace… où la loi de séparation de l’Église et de l’État ne s’applique pas.
À l’inverse, des groupes de chrétiens – tout aussi bornés que les anticléricaux – prétendent que l’État n’aurait pas à dicter des règles sanitaires et de sécurité pour les lieux de culte.
Et pourtant … notre belle devise républicaine est éminemment chrétienne ! « Liberté » : le Christ n’est-il pas venu libérer l’humanité de tout ce qui l’enchaînait et l’aliénait ? « Égalité » : le Christ n’a-t-il pas redonné dignité à toutes les femmes et tous les hommes de son temps (du plus pauvre au plus riche, du plus mécréant au plus honnête) ? « Fraternité » : le Christ n’a-t-il pas enseigné qu’il y avait un seul et unique commandement : « aimer Dieu et aimer son prochain » ? (cf. l’évangile de ce dimanche 25 octobre : Matthieu 22,37-39)
Non, le chrétien n’est pas hors du monde. Il ne se cache pas pour célébrer sa foi. Il n’est pas indifférent au sort de ses semblables -en particulier lorsqu’ils sont victimes d’injustice, de maltraitance- fussent-ils athées, juifs, musulmans, bouddhistes… Il prend part aux débats de société. Il s’engage dans la vie sociale, politique, syndicale… Il vote…
Le chrétien voudrait faire resplendir l’image de Dieu à travers sa vie, son témoignage. 
Pour illustrer cela, je propose la lecture d’un passage de la Lettre à Diognète (*), document d’un auteur chrétien inconnu datant du IIème siècle, mais découvert seulement au XVème siècle. Cet extrait veut faire découvrir que « la mission du chrétien est un poste si noble qu’il n’est pas permis de le déserter ».
« 5 – Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les vêtements. Ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils ne se servent pas de quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. Ce n’est pas à l’imagination ni aux rêveries d’esprits agités que leur doctrine doit sa découverte ; ils ne se font pas, comme tant d’autres, les champions d’une doctrine humaine. Ils se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle.
Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche.
Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre l’emporte en perfection sur les lois.
Ils aiment tous les hommes et tous les persécutent. On les méconnaît, on les condamne ; on les tue et par là ils gagnent la vie. Ils sont pauvres et enrichissent un grand nombre. Ils manquent de tout et ils surabondent en toutes choses. On les méprise et dans ce mépris ils trouvent leur gloire. On les calomnie et ils sont justifiés. On les insulte et ils bénissent ; on les outrage et ils honorent. Ne faisant que le bien, ils sont châtiés comme des scélérats. Châtiés, ils sont dans la joie comme s’ils naissaient à la vie. (…)
6 – En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L’âme est répandue dans tous les membres du corps comme les Chrétiens dans les cités du monde. L’âme habite dans le corps et pourtant elle n’est pas du corps, comme les chrétiens habitent dans le monde mais ne sont pas du monde. (…) »

Dominique SOUPÉ
__________________

*    Épître à Diognète, Sources chrétiennes, n°33, (traduction Henri-Irénée Marrou), Paris, Le Cerf, 1952

© Paroisse de la Cathédrale – 2020

REGARD SUR L’ACTUALITE…

FRATELLI TUTTI (1)

Le 3 Octobre dernier, le Pape François signait à Assise (Italie) sa troisième encyclique intitulée « Fratelli Tutti – Tous frères ». Ce titre est une expression qu’utilisait St François d’Assise pour inviter à un mode de vie aux couleurs de l’Évangile. Il entendait proposer à tous les Hommes et Femmes de vivre un amour qui dépassait toute barrière de quelque nature qu’elle soit, un amour capable de construire la fraternité et l’amitié sociale.
En publiant cette encyclique, le Saint Père entend ainsi s’adresser à toutes les personnes de bonne volonté désireux d’entrer dans une réflexion ouvrant au dialogue : « Je livre cette encyclique sociale comme une modeste contribution à la réflexion pour que, face aux manières diverses et actuelles d’éliminer ou d’ignorer les autres, nous soyons capables de réagir par un nouveau rêve de fraternité et d’amitié sociale qui ne se cantonne pas aux mots. Bien que je l’aie écrite à partir de mes convictions chrétiennes qui me soutiennent et me nourrissent, j’ai essayé de le faire de telle sorte que la réflexion s’ouvre au dialogue avec toutes les personnes de bonne volonté ».
Cette encyclique se compose d’une introduction et de 8 chapitres :
I – Les ombres d’un monde fermé ;
II – Un étranger sur le chemin ;
III – Penser et gérer un monde ouvert ;
IV – Un cœur ouvert au monde ;
V – La meilleure politique ;
VI – Dialogue et amitié sociale ;
VII – Des parcours pour se retrouver ;
VIII – Des religions au service de la fraternité dans le monde.
Le premier chapitre intitulé « Les ombres d’un monde fermé » part du constat que si la société mondialisée nous rapproche, elle ne nous rend pas frères pour autant. Quels sont les signes de ce constat ?
•    Désespoir et méfiance dans les rapports sociaux
•    Radicalisation qui ne favorise ni dialogue ni coexistence
•    Marginalisation de personnes considérées comme méritant d’être sacrifiées
•    Inégalité des droits et nouvelles formes d’esclavage
•    Détérioration du sens du bien et du mal et affaiblissement des valeurs spirituelles.
Face à cela, le St Père rappelle que Dieu continue de répandre des semences de bien dans l’humanité comme la justice, la solidarité, l’amour, semences qui demandent à être cultivées par chacun, chaque jour. Pour cela, il importe de regarder avec espérance au-delà du confort personnel qui enferme pour s’ouvrir à de plus grands idéaux.
Le second chapitre intitulé « Un étranger sur le chemin » s’appuie sur la parabole du bon Samaritain (Lc 10,29). Partant de la question : « À quel personnage de la parabole je m’identifie, et qui est mon prochain », nous est rappelé que Jésus ne nous invite pas à nous demander « qui est proche de nous », mais « de qui nous nous faisons proches ». De fait, nous dit le Pape François, cette parabole décrit une situation qui demeure, hélas, d’actualité et qui doit nous interpeler. À preuve :
•    Le fatalisme ou le repli sur soi qui cherche à justifier l’indifférence :  Ce n’est pas mon problème ! » ;
•    La société qui tend à se désintéresser des autres ;
•    Les situations d’exclusion qui émeuvent de moins en moins, on s’habitue.
•    Une paresse sociale et politique à laquelle nous sommes souvent confrontés
La question est alors posée à chacun : « Vais-je passer outre ou faire halte auprès des blessés du chemin ? » Face à ces situations de douleur, face à ces blessures, nous dit l’encyclique, la seule issue est de suivre le comportement du bon Samaritain... (à suivre…)

+Jean Pierre COTTANCEAU
© Archidiocèse de Papeete – 2020

AUDIENCE GENERALE

LA PRIERE DES PSAUMES (2)

NE PAS PRIER ET VIVRE COMME SI DIEU ET LES PAUVRES N’EXISTAIENT PAS !
Ce mercredi 21 octobre, lors de l’audience générale qui se tenait en salle Paul VI selon les normes anti-covid en vigueur, le Pape a poursuivi son cycle de réflexion sur la prière, concluant sa catéchèse sur les psaumes. François a souligné combien le Psautier est une « grande école » qui enseigne à invoquer Dieu non seulement pour nous mais aussi, toujours, pour son prochain et pour le monde. Les psaumes aident à ne pas « tomber dans la tentation de l’impiété », nous dit-il.
 
 
Chers frères et sœurs, bonjour !
Aujourd'hui, nous devrons changer un peu la manière d'organiser cette audience en raison du coronavirus. Vous êtes séparés, également avec la protection du masque, et je suis un peu éloigné et je ne peux pas faire ce que je fais toujours, m'approcher de vous, car il arrive que chaque fois que je m'approche, vous venez tous ensemble et on perd la distance, le danger de la contagion existe alors pour vous. Je suis désolé de faire cela, mais c'est pour votre sécurité. Au lieu de venir près de vous et de serrer les mains et saluer, nous nous saluerons de loin, mais sachez que je suis proche de vous avec le cœur. J'espère que vous comprenez pourquoi je fais cela. Ensuite, alors que les lecteurs lisaient le passage biblique, mon attention a été attirée par ce petit garçon ou cette petite fille qui pleurait. Et je voyais sa mère qui caressait et allaitait l'enfant et j'ai pensé : « Dieu fait ainsi avec nous, comme cette mère ». Avec combien de tendresse elle cherchait à déplacer l'enfant, à allaiter. Ce sont de très belles images. Et quand cela arrive à l'église, quand un enfant pleure, on sait que là, il y a la tendresse d'une mère, comme aujourd'hui, il y a la tendresse d'une mère qui est le symbole de la tendresse de Dieu avec nous. Il ne faut jamais faire taire un enfant qui pleure à l'église, jamais, car c'est la voix qui attire la tendresse de Dieu. Merci pour ton témoignage.
Nous complétons aujourd'hui la catéchèse sur la prière des Psaumes. Nous remarquons tout d'abord que dans les Psaumes apparaît souvent une figure négative, celle de l'“impie”, c'est-à-dire celui ou celle qui vit comme si Dieu n'existait pas. C'est la personne sans aucune référence au transcendant, sans aucun frein à son arrogance, qui ne craint pas les jugements sur ce qu'elle pense et ce qu'elle fait.
C'est pour cette raison que le Psautier présente la prière comme la réalité fondamentale de la vie. La référence à l'absolu et au transcendant – que les maîtres d'ascétique appellent la “sainte crainte de Dieu” – est ce qui nous rend pleinement humains, c'est la limite qui nous sauve de nous-mêmes, en empêchant que nous nous jetions sur cette vie de manière prédatrice et vorace. La prière est le salut de l'être humain.
Assurément, il existe également une prière fausse, une prière faite seulement pour être admirée par les autres. Celle de celui ou de ceux qui vont à la Messe uniquement pour faire voir qu'ils sont catholiques ou pour faire voir le dernier modèle qu'ils ont acheté, ou pour faire bonne figure socialement. Ils récitent une fausse prière. Jésus a admonesté avec force à cet égard (cf. Mt 6,5-6; Lc 9,14). Mais quand le vrai esprit de la prière est accueilli avec sincérité et descend dans le cœur, alors celle-ci nous fait contempler la réalité avec les yeux mêmes de Dieu.
Quand on prie, chaque chose acquiert de l'“épaisseur”. Cela est curieux dans la prière, nous commençons peut-être par une chose imperceptible, mais dans la prière cette chose acquiert de l'épaisseur, acquiert du poids, comme si Dieu la prenait par la main et la transformait. Le pire service que l'on puisse rendre à Dieu et également à l'homme, est de prier avec lassitude, de manière routinière. Prier comme des perroquets. Non, on prie avec le cœur. La prière est le centre de la vie. S'il y a la prière, notre frère, notre sœur, également notre ennemi, deviennent eux aussi importants. Un antique dicton des premiers moines chrétiens dit ainsi : « Bienheureux le moine qui, après Dieu, considère tous les hommes comme Dieu » (Evagrio Pontico, Traité sur la prière, n.123). Celui qui adore Dieu aime ses enfants. Celui qui respecte Dieu, respecte les êtres humains.
C'est pourquoi la prière n'est pas un calmant pour atténuer l'anxiété de la vie ; de toutes façons, une prière de ce genre n'est sûrement pas chrétienne. La prière responsabilise plutôt chacun de nous. Nous le voyons clairement dans le « Notre Père », que Jésus a enseigné à ses disciples.
Pour apprendre cette manière de prier, le Psautier est une grande école. Nous avons vu que les Psaumes n'utilisent pas toujours des paroles raffinées et gentilles, et ils portent souvent imprimées les cicatrices de l'existence. Pourtant, toutes ces prières ont été utilisées auparavant dans le Temple de Jérusalem et ensuite dans les synagogues ; même celles plus intimes et personnelles. Le Catéchisme de l'Église catholique s'exprime ainsi : « Les expressions multiformes de la prière des Psaumes prennent forme à la fois dans la liturgie du temple et dans le cœur de l'homme » (n.2588). Et ainsi, la prière personnelle puise et se nourrit tout d'abord à celle du peuple d'Israël, et ensuite à celle du peuple de l'Église.
Même les psaumes à la première personne du singulier, qui confient les pensées et les problèmes les plus intimes d'un individu, sont un patrimoine collectif, jusqu'à être priés par tous et pour tous. La prière des chrétiens a ce « souffle », cette « tension » spirituelle qui garde ensemble le temple et le monde. La prière peut commencer dans la pénombre d'une nef, mais ensuite elle termine sa course dans les rues de la ville. Et vice versa, elle peut germer pendant les occupations quotidiennes et arriver à son accomplissement dans la liturgie. Les portes des églises ne sont pas des barrières, mais des « membranes » perméables, disponibles à recueillir le cri de tous. 
Dans la prière du Psautier, le monde est toujours présent. Les psaumes, par exemple, donnent voix à la promesse divine de salut des plus faibles : « À cause du malheureux qu'on dépouille, du pauvre qui gémit, maintenant je me lève, déclare Yahvé, j'assurerai le salut à ceux qui en ont soif » (12,6). Ou bien, ils avertissent du danger des richesses mondaines, car « l’homme dans son luxe ne comprend pas, il ressemble au bétail qu'on abat » (48,21). Ou bien encore, ils ouvrent l'horizon au regard de Dieu sur l'histoire : « Yahvé déjoue les plans des nations, il empêche les pensées des peuples ; mais le plan de Yahvé subsiste à jamais, les pensées de son cœur, d'âge en âge » (33,10-11).
En somme, là où Dieu est présent, l'homme doit aussi être présent. L'Écriture Sainte est catégorique : « Quant à nous, aimons, puisque Lui nous a aimés le premier. Mais Lui va toujours avant nous. Il nous attend toujours, parce qu'Il nous aime le premier, Il nous regarde le premier, Il nous comprend le premier. Il nous attend toujours. Si quelqu’un dit : 'J'aime Dieu' et qu'il déteste son frère, c'est un menteur : celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, ne saurait aimer le Dieu qu'il ne voit pas. Si tu pries de nombreux chapelets chaque jour, mais qu'ensuite tu fais des commérages sur les autres et que tu as de la rancœur en toi, tu as de la haine contre les autres, c'est de l'artifice pur, ce n'est pas la vérité. Oui, voilà le commandement que nous avons reçu de Lui : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère » (1 Jn 4,19-21). L'Écriture admet le cas d'une personne qui, bien que cherchant sincèrement Dieu, ne réussit jamais à le rencontrer ; mais elle affirme également que l'on ne peut jamais nier les larmes des pauvres, sous peine de ne pas rencontrer Dieu. Dieu ne supporte pas l'« athéisme » de celui qui nie l'image divine qui est imprimée dans chaque être humain. Cet athéisme de tous les jours : je crois en Dieu, mais avec les autres je garde la distance et je me permets de haïr les autres. C'est de l'athéisme pratique. Ne pas reconnaître la personne humaine comme image de Dieu est un sacrilège, c'est une abomination, c'est la pire offense que l'on peut faire au temple et à l'autel.
Chers frères et sœurs, que la prière des psaumes nous aide à ne pas tomber dans la tentation de l'« impiété », c'est-à-dire de vivre, et peut-être également de prier, comme si Dieu n'existait pas, et comme si les pauvres n'existaient pas.

© Libreria Editrice Vaticana – 2020


HOMMAGE A SAMUEL PATY

LE PERE HAMEL, UN INTERCESSEUR POUR RETISSER LA FRATERNITE

L'assassinat d'un professeur d'histoire près de son collège, survenu vendredi soir en région parisienne, continue à susciter une vive émotion en France, et pousse certains à réclamer un retrait des religions de l'espace public. Pour Mgr Dominique Lebrun, le souvenir de l'assassinat du père Jacques Hamel, en juillet 2016, permet au contraire de rappeler que la foi peut motiver un engagement radical pour la fraternité et le respect de l'autre
  
Le traumatisme demeure vif en France, cinq jours après l’assassinat de Samuel Paty près du collège de Conflans-Sainte-Honorine où il enseignait l’histoire et la géographie.
Ce nouvel attentat islamiste réveille le sentiment d’insécurité diffuse qui agite la société française, dans les tensions du quotidien comme dans les attentats de grande ampleur qui ont frappé le pays depuis 2012 et les attaques de Toulouse et Montauban, et a fortiori depuis la série d'attaques de grande ampleur perpétrées à Paris en 2015.
En 2016, l’assassinat du père Jacques Hamel dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray, 12 jours après l’attentat de la Promenade des Anglais à Nice, avait été suivi d’un rare moment d’unité nationale, les fractures politiques et religieuses étant désarmées face à l’assassinat d’un prêtre octogénaire, reconnu pour sa simplicité de vie et son amour pour tous.
L’archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, observe donc la situation actuelle avec le souvenir de ce traumatisme qui avait laissé place à la fraternité et à l’espérance. Dimanche dernier, à la suite de l'attentat de vendredi soir, il a invité les responsables des cultes à se rassembler devant la Stèle républicaine pour la paix et la fraternité dressée près de l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray à la mémoire du prêtre assassiné.
« La colère et la peur guettent les collèges après avoir touché les lieux de culte, les forces de l’ordre ou des symboles de la République », ont écrit les responsables du diocèse de Rouen, qui « continuera d’enseigner dans ses écoles, collèges et lycées les éléments fondateurs de la fraternité. Les dix commandements en sont la base : "Tu adoreras Dieu seul" et "Tu ne tueras point" sont pour nous inséparables. Puissent l’assassin et ceux qui nourrissent le fanatisme trouver la lumière dans une rencontre authentique de Dieu. Jamais, Dieu ne veut la mort, pas même celle du méchant. Il veut que l’humanité se détourne du Mal pour retrouver sa vocation à aimer. »
Il espère qu’aujourd’hui aussi, la société française saura se poser les bonnes questions et construire une relation de confiance entre personnes de sensibilité et de croyance différentes, sans céder à la tentation diabolique de la peur et du mépris des uns pour les autres.
Entretien avec Mgr Dominique Lebrun
Mgr Dominique LEBRUN : Il faut vraiment prendre conscience du fait que les questions qui nous sont posées sont très larges, et tout le monde doit s’y mettre. Il y a évidemment des questions d’ordre public. Il faut qu’il y ait une prévention et une répression des faits qui sont inadmissibles. Il y a des questions politiques, sur l’immigration, il y a des questions de politique internationale et donc de diplomatie, il y a des questions d’éducation, et il y a des questions spirituelles et théologiques. Et là je crois que nous sommes arrivés à un moment où il faut choisir, dans notre société française. Beaucoup de voix s’élèvent pour dire : « vous voyez, la religion conduit à la violence, donc il faut la rejeter dans la sphère privée », donc on va prendre des dispositions pour une laïcité, comme on dit, “renforcée”.
Or, je crois que c’est le contraire. Parce qu’il y a un homme qui, au nom de Dieu, et qui n’est pas forcément fou, a tué. Et il n’y a pas qu’un homme : il y a aussi des personnes qui disent : « nous ne sommes pas respectés dans notre foi et notre religion ». Il faut que nous abordions cette question : quel est ce Dieu auquel vous croyez ? Comme moi je dois rendre compte de ma foi : quel est le Dieu auquel je crois, qui m’invite à un comportement social. Le Pape parle de fraternité, d’amitié sociale, en allant très loin dans le dialogue et l’accueil de tous. Comment est-ce possible quand nous avons une représentation de Dieu qui est différente ?
Radio Vatican : Vous évoquez la notion de fraternité. La fraternité fait partie de la devise de la République française, et elle est très présente dans l’enseignement du Pape François à travers sa dernière encyclique. Certaines personnes assimilent la fraternité à quelque chose d’un peu naïf, ou relativiste… Comment montrer que la fraternité relève aussi d’une forme de radicalité, qui implique toute la société dans quelque chose de très fort, et non pas dans une forme de relativisme où tout serait égal ?
Mgr Dominique LEBRUN : Dans son encyclique, le Pape cite la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » mais en relativisant, d’une certaine manière, l’égalité et la liberté à la fraternité. Et qu’est-ce que nous constatons ? C’est que depuis une cinquantaine d’années nous avons fait beaucoup de lois et de règlements sur la liberté : la liberté d’aller et venir, la liberté de choisir sa vie, sa profession, la liberté de conscience, la liberté d’expression… On a fait autant de lois sur l’égalité : l’égalité des chances à l’école, l’égalité devant l’impôt, l’égalité de l’homme et de la femme… Sur la fraternité, j’ai envie de dire “grâce à Dieu”, jusqu’à présent, nous n’avons pas fait des règles et des lois. Parce qu’il s’agit d’un esprit. Le Pape ouvre des pistes lorsqu’il parle d’amitié sociale, lorsqu’il parle d’amour politique, de quoi parle-t-il ? Il parle du cœur de l’homme. Il s’agit de quelque chose qui touche l’être dans sa globalité, à partir de son cœur, pour qu’il envahisse d’une certaine manière son intelligence, sa volonté et ses actes.
Radio Vatican : On a le souvenir qu’après l’assassinat du père Jacques Hamel, il y avait eu une certaine unité nationale en France, quelque chose de très fort qui avait transcendé les clivages religieux et politiques. Est-ce qu’aujourd’hui on peut considérer le père Hamel comme un intercesseur ? Peut-on faire appel à lui pour la paix sociale en France ?
Mgr Dominique LEBRUN : Oui, moi je pense que le père Hamel doit nous aider de Là-Haut… On doit le prier pour qu’il nous apporte cette paix sociale, cette amitié sociale dont parle le Pape. Et j’ai été agréablement surpris : d’une certaine manière, peut-être que je manquais encore de confiance dans nos amis des autres religions. Quand je leur ai proposé de se retrouver devant la stèle dédiée au père Jacques Hamel, en moi-même je me suis dit : « mais peut-être que j’exagère un peu, il faut peut-être aller dans un endroit plus neutre, aller devant le rectorat ou un autre lieu symbolique, plus neutre ». Mais ils ont immédiatement accepté de venir et je le reçois comme un signe que vraiment, le père Hamel nous montre le bon chemin.

© Radio Vatican - 2020

HOMMAGE A SAMUEL PATY
LES LUMIERES NE S’ETEIGNENT JAMAIS !

Depuis la cour de la Sorbonne, lieu historique de l'enseignement universitaire français, le président de la République Emmanuel Macron a rendu un hommage national au professeur Samuel Paty.
  
Mesdames, Messieurs,
Ce soir je n’aurai pas de mots pour évoquer la lutte contre l’islamisme politique, radical, qui mène jusqu’au terrorisme. Les mots, je les ai eus. Le mal, je l’ai nommé. Les actions, nous les avons décidées, nous les avons durcies, nous les mènerons jusqu’au bout.
Ce soir, je ne parlerai pas du cortège de terroristes, de leurs complices et de tous les lâches qui ont commis et rendu possible cet attentat. Je ne parlerai pas de ceux qui ont livré son nom aux barbares, ils ne le méritent pas. De noms, eux n’en n’ont même plus. Ce soir, je ne parlerai pas davantage de l’indispensable unité que toutes les Françaises et tous les Français ressentent. Elle est précieuse et oblige tous les responsables à s’exprimer avec justesse et à agir avec exigence. Non.
Ce soir, je veux parler de votre fils, je veux parler de votre frère, de votre oncle, de celui que vous avez aimé, de ton père. Ce soir, je veux parler de votre collègue, de votre professeur tombé parce qu’il avait fait le choix d’enseigner, assassiné parce qu’il avait décidé d’apprendre à ses élèves à devenir citoyens. Apprendre les devoirs pour les remplir. Apprendre les libertés pour les exercer. Ce soir, je veux vous parler de Samuel PATY.
Samuel PATY aimait les livres, le savoir, plus que tout. Son appartement était une bibliothèque. Ses plus beaux cadeaux, des livres pour apprendre. Il aimait les livres pour transmettre, à ses élèves comme à ses proches, la passion de la connaissance, le goût de la liberté. Après avoir étudié l’Histoire à Lyon et avoir envisagé de devenir chercheur, il avait emprunté la voie tracée par vous, ses parents, instituteur et directeur d’école à Moulins, en devenant « chercheur en pédagogie » comme il aimait à se définir, en devenant professeur. Aussi ne pouvait-on trouver meilleur endroit que la Sorbonne, notre lieu de savoir universel depuis plus de huit siècles, le lieu de l’humanisme, pour que la nation puisse lui rendre cet hommage.
Samuel PATY aimait passionnément enseigner et il le fit si bien dans plusieurs collèges et lycées jusqu’à celui de Conflans-Saint-Honorine. Nous avons tous ancré dans nos cœurs, dans nos mémoires le souvenir d’un professeur qui a changé le cours de notre existence. Vous savez, cet instituteur qui nous a appris à lire, à compter, à nous faire confiance. Cet enseignant qui ne nous a pas seulement appris un savoir mais nous a ouvert un chemin par un livre, un regard, par sa considération.
Samuel PATY était de ceux-là, de ces professeurs que l’on n’oublie pas, de ces passionnés capables de passer des nuits à apprendre l’histoire des religions pour mieux comprendre ses élèves, leurs croyances. De ces humbles qui se remettaient mille fois en question, comme pour ce cours sur la liberté d’expression et la liberté de conscience qu’il préparait depuis juillet encore l’été dernier à Moulins à vos côtés et des doutes qu’il partageait par exigence, par délicatesse.
Samuel PATY incarnait au fond le professeur dont rêvait JAURÈS dans cette lettre aux instituteurs qui vient d’être lu : « la fermeté unie à la tendresse ». Celui qui montre la grandeur de la pensée, enseigne le respect, donne à voir ce qu’est la civilisation.
Celui qui s’était donné pour tâche de « faire des républicains ».
Alors, reviennent comme en écho les mots de Ferdinand BUISSON « Pour faire un républicain, écrivait-il, il faut prendre l’être humain si petit et si humble qu’il soit […] et lui donner l’idée qu’il faut penser par lui-même, qu’il ne doit ni foi, ni obéissance à personne, que c’est à lui de chercher la vérité et non pas à la recevoir toute faite d’un maître, d’un directeur, d’un chef, quel qu’il soit » « Faire des républicains », c’était le combat de Samuel PATY.
Et si cette tâche aujourd’hui peut paraître titanesque, notamment là où la violence, l’intimidation, parfois la résignation prennent le dessus, elle est plus essentielle, plus actuelle, que jamais. Ici, en France, nous aimons notre Nation, sa géographie, ses paysages et son histoire, sa culture et ses métamorphoses, son esprit et son cœur. Et nous voulons l’enseigner à tous nos enfants.
Ici, en France, nous aimons le projet tout à la fois terrien et universel que porte la République, son ordre et ses promesses. Chaque jour recommencer. Alors, oui, dans chaque école, dans chaque collège, dans chaque lycée, nous redonnerons aux professeurs le pouvoir de « faire des républicains », la place et l’autorité qui leur reviennent. Nous les formerons, les considérerons comme il se doit, nous les soutiendrons, nous les protégerons autant qu’il le faudra. Dans l’école comme hors de l’école, les pressions, l’abus d’ignorance et d’obéissance que certains voudraient instaurer n’ont pas leur place chez nous. « Je voudrais que ma vie et ma mort servent à quelque chose » avait-il dit un jour. Comme par prescience.
Alors, pourquoi Samuel fut-il tué ? Pourquoi ? Vendredi soir, j’ai d’abord cru à la folie aléatoire, à l’arbitraire absurde : une victime de plus du terrorisme gratuit. Après tout, il n’était pas la cible principale des islamistes, il ne faisait qu’enseigner. Il n’était pas l’ennemi de la religion dont ils se servent, il avait lu le Coran, il respectait ses élèves, quelles que soient leurs croyances, il s’intéressait à la civilisation musulmane.
Non, tout au contraire, Samuel PATY fut tué précisément pour tout cela. Parce qu’il incarnait la République qui renaît chaque jour dans les salles de classes, la liberté qui se transmet et se perpétue à l’école.
Samuel PATY fut tué parce que les islamistes veulent notre futur et qu’ils savent qu’avec des héros tranquilles tels que lui, ils ne l’auront jamais. Eux séparent les fidèles, des mécréants.
Samuel PATY ne connaissait que des citoyens. Eux se repaissent de l’ignorance. Lui croyait dans le savoir. Eux cultivent la haine de l’autre. Lui voulait sans cesse en voir le visage, découvrir les richesses de l’altérité.
Samuel PATY fut la victime de la conspiration funeste de la bêtise, du mensonge, de l’amalgame, de la haine de l’autre, de la haine de ce que profondément, existentiellement, nous sommes.
Samuel PATY est devenu vendredi le visage de la République, de notre volonté de briser les terroristes, de réduire les islamistes, de vivre comme une communauté de citoyens libres dans notre pays, le visage de notre détermination à comprendre, à apprendre, à continuer d’enseigner, à être libres, car nous continuerons, professeur.
Nous défendrons la liberté que vous enseigniez si bien et nous porterons haut la laïcité. Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d’autres reculent. Nous offrirons toutes les chances que la République doit à toute sa jeunesse sans discrimination aucune.
Nous continuerons, professeur. Avec tous les instituteurs et professeurs de France, nous enseignerons l’Histoire, ses gloires comme ses vicissitudes. Nous ferons découvrir la littérature, la musique, toutes les œuvres de l’âme et de l’esprit. Nous aimerons de toutes nos forces le débat, les arguments raisonnables, les persuasions aimables. Nous aimerons la science et ses controverses. Comme vous, nous cultiverons la tolérance. Comme vous, nous chercherons à comprendre, sans relâche, et à comprendre encore davantage cela qu’on voudrait éloigner de nous. Nous apprendrons l’humour, la distance. Nous rappellerons que nos libertés ne tiennent que par la fin de la haine et de la violence, par le respect de l’autre.
Nous continuerons, professeur. Et tout au long de leur vie, les centaines de jeunes gens que vous avez formés exerceront cet esprit critique que vous leur avez appris. Peut-être certains d’entre-eux deviendront-ils enseignants à leur tour. Alors, ils formeront des jeunes citoyens. À leur tour, ils feront aimer la République. Ils feront comprendre notre nation, nos valeurs, notre Europe dans une chaîne des temps qui ne s’arrêtera pas. 
Nous continuerons, oui, ce combat pour la liberté et pour la raison dont vous êtes désormais le visage parce que nous vous le devons, parce que nous nous le devons, parce qu’en France, professeur, les Lumières ne s’éteignent jamais. Vive la République. Vive la France.

© Elysée.fr - 2020

COMMENTAIRE

Chers frères et sœurs, bonjour !
Ce dimanche, la liturgie nous présente un passage évangélique bref, mais très important (cf. Mt 22,34-40). L’évangéliste Matthieu raconte que les pharisiens se réunissent pour mettre Jésus à l’épreuve. L’un d’eux, un docteur de la Loi, lui pose cette question : « Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? » (v.36). C’est une question insidieuse, parce que dans la Loi de Moïse, sont mentionnés plus de six cents préceptes. Comment distinguer parmi tous ceux-là, le grand commandement ? Mais Jésus n’a aucune hésitation et il répond : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit ». Et il ajoute : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (vv. 37.39).
Cette réponse de Jésus n’est pas évidente parce que parmi les multiples préceptes de la loi juive, les plus importants étaient les Dix commandements, communiqués directement par Dieu à Moïse, comme conditions du pacte d’Alliance avec le peuple. Mais Jésus veut faire comprendre que sans l’amour de Dieu et du prochain, il n’y a pas de véritable fidélité à cette alliance avec le Seigneur. Tu peux faire de nombreuses bonnes choses, observer de nombreux préceptes, beaucoup de bonnes choses, mais si tu n’as pas l’amour, cela ne sert à rien.
C’est ce que confirme un autre texte du Livre de l’Exode, appelé « code de l’Alliance », où l’on dit que l’on ne peut être dans l’Alliance avec le Seigneur et maltraiter ceux qui bénéficient de sa protection. Et qui sont ceux qui bénéficient de sa protection ? La Bible dit : la veuve, l’orphelin, et l’étranger, le migrant, c’est-à-dire les personnes les plus seules et sans défense (cf. Ex 22,20-21). En répondant aux pharisiens qui l’avaient interrogé, Jésus cherche aussi à les aider à mettre de l’ordre dans leur religiosité, à rétablir ce qui compte vraiment et ce qui est moins important. Jésus dit : « à ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes » (Mt 22,40). Ce sont les plus importants et les autres dépendent de ces deux-là. Et Jésus a vécu précisément sa vie ainsi : en prêchant et en faisant ce qui compte vraiment et qui est essentiel, c’est-à-dire l’amour. L’amour donne élan et fécondité à la vie et au chemin de foi : sans l’amour, la vie comme la foi restent stériles.
Ce que Jésus propose dans cette page évangélique est un idéal merveilleux, qui correspond au désir le plus authentique de notre cœur. Nous avons en effet été créés pour aimer et pour être aimés. Dieu, qui est Amour, nous a créés pour nous faire participer à sa vie, pour être aimés de Lui et pour l’aimer, et pour aimer avec Lui toutes les autres personnes. Voilà le « rêve » de Dieu pour l’homme. Et pour le réaliser, nous avons besoin de sa grâce, nous avons besoin de recevoir en nous la capacité d’aimer qui vient de Dieu lui-même. Jésus s’offre à nous dans l’Eucharistie précisément pour cela. En elle, nous recevons Jésus dans la plus haute expression de son amour, lorsqu’Il s’est offert lui-même au Père pour notre salut.
Que la Sainte Vierge nous aide à accueillir dans notre vie le « grand commandement » de l’amour de Dieu et du prochain. En effet, même si nous le connaissons depuis que nous sommes enfants, nous ne cesserons jamais de nous y convertir et de le mettre en pratique dans les différentes situations dans lesquelles nous nous trouvons.

© Libreria Editrice Vaticana – 2017