Pko 19.07.2020

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°33/2020

Dimanche 19 juillet 2020 – 16ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A

Humeurs

Le Christ bleu de Gaya

Depuis une semaine, le « Christ bleu » de Gaya est exposé à la Cathédrale juste au-dessus de l’orgue. Il est là en dépôt dans l’attente d’un acheteur… Voici en quelque ligne la présentation de cette œuvre par l‘artiste lui-même…

Christ bleu gaya J’ai commencé la sculpture du « Christ bleu » en 2003 en France métropolitaine après de longues années de réflexion, de tests et de recherches techniques.

Lorsque fin 2003 je suis venu m’installer à Tahiti, je l’ai apportée avec moi et je l’ai finie ici pour ensuite l’exposer une dizaine de jours à la Mairie de Papeete, c’était en 2005.

Le retour de l’exposition fut très positif. Pendant des années, je croisais souvent des gens en ville qui m’interpellaient en me disant : « Eh ! C’est toi qui a fait le Christ Bleu, où est-ce qu’il est, où est-ce qu’on peut le voir ? »

L’idée a dû germer en moi il y a déjà très longtemps lorsque, déjà tout jeune, j’entrais dans des églises. Je m’y sentais bien, comme rassuré, j’aimais les odeurs de cierges, leur fraîcheur, les sons qui résonnaient et la pénombre qui y régnaient. Dans plusieurs recoins des églises, des tableaux ou des sculptures, souvent très réalistes, m’impressionnaient.

Christ bleu gaya3Mon intention à l’origine fut de perpétuer modestement le travail des artistes dits « religieux » qui, en passant par les icônes et les retables, créaient des images pieuses reprenant et illustrant des pages de la Bible. Comme pour la peinture avec Léonard de Vinci par exemple, ou comme dans la sculpture, les artistes allaient très loin dans le réalisme avec les matériaux dont ils disposaient à leur époque, que ce soit avec le bois ou la pierre. J’ai même vu un Christ en bois avec des larmes en verre incrusté dans la sculpture, c’était magnifique !

Christ bleu gaya4Il était donc important pour moi de restituer de la manière la plus réaliste possible mon interprétation du Christ avec désormais les matériaux dont nous disposions aujourd’hui… Ce qui était très important aussi, c’était que je ne voulais pas d’un « Christ mort sur la croix les yeux fermés ». Je voulais que l’on ressente à la vue de son corps meurtri toute la douleur endurée, mais que malgré toute cette souffrance, le visage du Christ soit encore empreint de douceur et de bonté.

Christ bleu gaya2En choisissant le silicone, très proche de la peau par son aspect, il était évident pour moi que le Christ aurait l’air plus vivant sur la croix. Encore aujourd’hui, je crois bien d’ailleurs que personne d’autre n’ait utilisé ce matériau pour la sculpture du Christ, donc c’est peut-être la seule sculpture hyper réaliste du Christ qui ait été réalisée de ce point de vue-là.

J’ai également utilisé d’autres matériaux composites, comme pour créer les clous par exemple. Le pagne est en lin et les cheveux et les poils sont naturels. La croix qui est accrochée à la Cathédrale n’est malheureusement pas l’originale, elle est d’un bois beaucoup plus léger. Je l’ai choisie ainsi pour faciliter son installation en hauteur. L’originale était en bois de Kohu et avait été usinée et assemblée par l'artisan menuisier Rey que je profite de saluer ici.

GayaPour finir, je suis très heureux d’exposer le Christ Bleu à la Cathédrale, sa place doit être forcément dans un lieu sacré.

Nom de l’artiste :    Gaya

Téléphone :             87 20 69 34

Email :                       gayafrenchartist@gmail.com

 

© Gaya - 2020

 

Décret épiscopal

Décret n°7 : pour l’ensemble de l’Archidiocèse

Suite à la réouverture de notre pays aux touristes étrangers, pour nous protéger d'un éventuel retour du Covid-19, et pour respecter les mesures sanitaires prises par les autorités du pays, nous devons remettre en vigueur quelques mesures de précaution pour nos célébrations (messes, offices, célébrations de mariages, baptêmes, obsèques…) et nos réunions dans les salles paroissiales.

  1. Exiger le port du masque lors des célébrations dans nos églises et lors des réunions dans nos salles paroissiales. Cette exigence s'applique à tous les fidèles sauf aux enfants de moins de 11 ans ;
  2. Veiller à la distanciation physique en utilisant le maximum d'espace qu'offrent nos églises. Cette mesure de distanciation est valable pour les processions de communion, mais ne s'applique pas aux personnes d'une même famille vivant sous le même toit ;
  3. Demander aux fidèles d'être vigilants et fermes pour éviter tout contact physique : embrassades, poignées de main, accolades ... tant pour le signe de paix que pour les débuts et fins de célébrations et lors de célébrations de sacrements (baptêmes, mariages, obsèques...).

Ce décret n°7 annule les décrets précédents. Il est applicable à compter de ce Jeudi 16 Juillet 2020

Laissez-moi vous dire…

26 juin 2020 : célébration œcuménique à la Cathédrale de Strasbourg pour les victimes de la Covid-19

Offrir une messe : pour qui ? pourquoi ?

26 juin 2020 : célébration œcuménique à la cathédrale de Strasbourg pour les victimes de la Covid-19

Le 26 juin, Monseigneur Luc Ravel, archevêque de Strasbourg et Monsieur le Pasteur Christian Albecker, président de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine présidaient, en la cathédrale de Strasbourg, une célébration œcuménique pour un hommage aux morts de la Covid-19. C’est l’occasion de s’interroger à propos des offrandes de messe que nous faisons :  Pourquoi les morts ont-ils besoin que l’on offre des messes à leur intention ? Pour qui peut-on offrir une messe ? Pourquoi faut-il « payer » des messes ?

Dans la compréhension protestante, il n’y a pas d’office pour les morts : les défunts, on les confie au Seigneur, mais c’est pour les vivants que l’on prie. Pour l’Église catholique, l’Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Église ; en actualisant sans cesse l’offrande que Jésus a faite à son Père, on ne peut rien faire de mieux pour un défunt que de faire célébrer une (ou des) messe(s) pour lui. Chaque fidèle peut demander que soit célébrée, le dimanche ou en semaine, une messe pour une intention particulière, pour les vivants ou les défunts de sa famille…

Faire célébrer une messe pour quelqu’un est un acte de charité. Si elle est dite pour un vivant, c’est une demande de grâce particulière pour cette personne et sa participation aux fruits de la Pâque de Jésus. Célébrée pour un défunt, la messe nous permet de vivre un acte de charité envers ce défunt afin qu’il entre dans la pleine communion avec le Seigneur.

Il est d’usage de faire un don au prêtre qui célèbre la messe pour une intention que nous lui confions. Cela rejoint ce que Saint Paul disait aux chrétiens de Corinthe : « Ne le savez-vous pas ? Ceux qui assurent le culte du temple sont nourris par le temple ; ceux qui servent à l’autel ont leur part de ce qui est offert sur l’autel. De même aussi, le Seigneur a prescrit à ceux qui annoncent l’Évangile de vivre de la proclamation de l’Évangile. » (1 Corinthiens 9, 13-14)

Il ne s’agit pas de faire du commerce. On n’achète pas la bienveillance de Dieu ; sa miséricorde nous est définitivement acquise en Jésus. Une messe n’a pas de prix, celui-ci est inestimable, infini. « Tout l’or du monde, tout l’argent du monde, ne paierait pas le saint sacrifice de la messe », disait le Bienheureux Père Antoine Chevrier. La célébration eucharistique est universelle puisque Jésus est mort et ressuscité pour tous. Mais le caractère d’intercession s’exprime dans une intercession particulière lorsque le prêtre dit : « Souviens-toi, Seigneur, de tes serviteurs (de … et …) et de tous ceux qui sont ici réunis, dont tu connais la foi et l’attachement. Nous t’offrons pour eux, ou ils t’offrent pour eux-mêmes et tous les leurs ce sacrifice de louange, pour leur propre rédemption, pour le salut qu’ils espèrent ; et ils te rendent cet hommage, à toi, Dieu éternel, vivant et vrai. » (Prière eucharistique n°1)

Ces offrandes sont destinées à assurer la vie de l’Église, et notamment la subsistance quotidienne du prêtre qui célèbre la messe à l’intention que nous lui avons confiée. Dès les premiers siècles de l’Église, les chrétiens ont accompagné leurs intentions de prière d’une offrande apportée à la messe (nourriture, boisson…). À partir du VIIIe siècle, l’habitude s’est installée de donner une participation, une offrande d’argent. Mais cette offrande n’est nullement obligatoire, les familles pauvres, les personnes sans ressources peuvent demander au prêtre de prier à une intention particulière sans faire d’offrande. Le prêtre assure avant tout un service spirituel.

Dans notre diocèse de Papeete les prêtres ne sont pas rétribués, ce sont les fidèles qui assurent leur subsistance par les « honoraires de messe », les dons en nature ou monétaires et le « casuel » (dons faits à l’occasion des baptêmes, mariages ou sépultures). En ce qui concerne les honoraires de messe, le prêtre doit tenir un registre personnel précis des offrandes qu’il reçoit. À une offrande correspond une seule messe. Il ne peut recevoir qu’une seule offrande par messe et par jour. S’il en reçoit davantage, il doit étaler dans le temps les messes et en célébrer le nombre correspondant au montant reçu (exemple : s’il reçoit 10 000 F il célèbrera 5 messes). Il peut également demander à des confrères de célébrer les messes que lui-même n’aurait pas la possibilité d’assurer (dans ce cas il avertira la personne qui a donné l’offrande).

Offrir une messe à une intention particulière est à la fois une charité temporelle qui assure la subsistance des prêtres, et une charité spirituelle qui donne les grâces efficaces de la messe à ceux qui en profitent. N’hésitons pas à offrir des messes : pour nos défunts en demandant à Dieu de les accueillir auprès de Lui dans sa lumière ; pour nos proches [parent(e)s, enfants, filleul(e)s, ami(e)s] ou pour nous-même à l’occasion d’une maladie, d’un moment difficile, d’un échec... et puis en action de grâce pour dire simplement au Seigneur « merci » pour telle grâce, tel événement heureux…

Dominique SOUPÉ

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Note : quelques indications données par le Code de droit canonique au sujet de l’Offrande pour la célébration de la messe : 

Can. 945 - § 1. Selon l'usage approuvé de l'Église, tout prêtre célébrant ou concélébrant la Messe peut recevoir une offrande, pour qu'il applique la Messe à une intention déterminée.

§ 2. Il est vivement recommandé aux prêtres, même s'ils n'ont pas reçu d'offrande, de célébrer la Messe aux intentions des fidèles, surtout de ceux qui sont dans le besoin.

Can. 946 - Les fidèles qui donnent une offrande pour que la Messe soit appliquée à leur intention contribuent au bien de l'Église et participent par cette offrande à son souci pour le soutien de ses ministres et de ses œuvres.

Can. 947 - En matière d'offrande de Messes, on écartera absolument jusqu'à l'apparence de commerce ou de trafic.

Can. 948 - Des Messes distinctes doivent être appliquées aux intentions de chacun de ceux pour lesquels une offrande, fût-elle modique, a été donnée et acceptée.

Can. 949 - Celui qui est obligé de célébrer et d'appliquer la Messe à l'intention de ceux qui ont donné l'offrande continue d'être tenu de le faire, même si les offrandes reçues viennent à disparaître sans faute de sa part.

Can. 950 - Si une somme d'argent est offerte pour l'application de Messes, sans spécification du nombre de Messes à célébrer, ce nombre sera déterminé selon le taux fixé dans le lieu où le donateur réside, à moins que son intention ne doive être légitimement présumée autre.

Can. 951 - § 1. Le prêtre qui célèbre plusieurs Messes le même jour peut appliquer chacune d'elles à l'intention pour laquelle une offrande a été donnée; néanmoins, hormis le jour de Noël, il gardera l'offrande d'une seule Messe et destinera les autres aux fins fixées par l'Ordinaire, une certaine rétribution à un titre extrinsèque étant toutefois admise.

§ 2. Le prêtre qui concélèbre une deuxième Messe le même jour ne peut sous aucun prétexte recevoir une offrande à ce titre.

© Cathédrale de Papeete – 2020

Regard sur l’actualité…

Nouvelles de nos séminaristes

À l’heure où les médias font état des excellents taux de réussite aux examens du Bac et du Brevet, notre diocèse a toutes les raisons de se réjouir également du bilan de cette première année de nos séminaristes, tant à Orléans qu’à Bathurst (Canada). Parmi les 5 qui ont suivi leur formation à Orléans, l’un d’entre eux a décidé, au terme d’un long discernement avec ses formateurs, de quitter le séminaire. Ce départ (qui intervient alors que ce candidat avait été admis à poursuivre sa formation) pourrait nous attrister. Cependant, il est signe que le discernement, personnel et avec l’accompagnateur, a bien rempli sa fonction. En effet, que ce soit dans la perspective de devenir prêtre ou celle de se marier, la décision de donner sa vie demande réflexion, patience et lucidité. Le rôle des formateurs est justement d’aider les candidats à voir clair en eux pour bien découvrir à quelle vie le Seigneur les appelle. Ce travail de clarification prend du temps - car se connaitre soi-même prend du temps - et doit permettre une décision libre quand la maturité le permet. Enfin, rappelons qu’il vaut mieux devenir un bon père de famille qu’un mauvais prêtre ! Quant aux quatre autres candidats, ils ont brillamment terminé leur année et tous ont été admis à poursuivre leur formation, avec les encouragements du Conseil du Grand Séminaire. Le plus avancé a été admis à recevoir l’ordination diaconale en vue du sacerdoce. Cette ordination aura lieu à Papeete, le moment venu. Il a été invité à poursuivre une seconde année de préparation à Orléans et devrait réintégrer notre diocèse de façon définitive en Juin 2021. Deux autres ont reçu le feu vert pour leur « admission », première étape canonique sur le chemin de l’ordination presbytérale. Cette « admission » devrait avoir lieu lors de la célébration de rentrée du Grand Séminaire à Orléans, en octobre, et je compte bien être présent à leurs côtés, pour représenter tous ceux et celles qui, dans notre diocèse, prieront pour eux. Le quatrième qui a terminé son année de propédeutique (année de préparation au Grand Séminaire) avec succès et a été admis à commencer sa première année au Grand Séminaire d’Orléans.

Si nous nous tournons maintenant du côté du diocèse de Bathurst, notre Tahitien qui a choisi de se donner à ce diocèse a bien terminé son année au Grand Séminaire de Montréal. Il a été admis « en classe supérieure » et à faire son admission en vue de l’ordination.

Ces bonnes nouvelles doivent nous inciter à intensifier notre prière pour que « le maître de la moisson envoie des ouvriers à sa moisson ». Il s’agit d’accompagner par la prière nos séminaristes dans leur formation, mais il s’agit également de susciter chez d’autres jeunes garçons et filles, le désir de donner leur vie au Seigneur et à l’Église, comme religieux, religieuses, prêtres. Pour ceux qui porteraient en eux une inquiétude vocationnelle, seraient intéressés à être accompagnés pour y voir plus clair, mais ne savent pas trop comment s’y prendre, voici 3 conditions premières qui leur ouvriront la voie et leur permettront de se mettre en route :

  1. Qu’ils soient soit aux études (BTS, Université, ISEPP etc…), soit avec un travail professionnel. C’est la condition première.
  2. Qu’ils viennent rencontrer l’évêque pour lui faire part de leurs questions, doutes, désirs relatifs à la prêtrise ou à la vie religieuse, et ce en toute discrétion.
  3. Qu’ils soient en lien avec leur paroisse ou un groupe de la paroisse (groupe de jeunes, groupe de Rosaire, chorale, Scouts, servants d’autel etc…)

Mieux connaître les éventuels candidats permettra de vérifier le sérieux de leur questionnement et après une année de cheminement minimum, pourra alors être envisagé de donner suite à leur désir en leur proposant si c’est possible, l’étape suivante, leur départ pour Orléans.

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete – 2020

Liturgie

La croix dans la liturgie

« Je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié » (1 Co 2, 2). C’est par cette phrase lapidaire de la première lettre aux Corinthiens que l’apôtre exprime avec le plus de force la place centrale de la croix dans la révélation chrétienne. Les confessions de foi en contiennent l’écho sans cesse pris nous croyons au Christ qui « a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort ». Le Catéchisme de l’Église catholique affirme que « le mystère pascal de la Croix et de la Résurrection du Christ est au centre de la Bonne nouvelle que les apôtres et l’Église à leur suite, doivent annoncer au monde » (CEC 571).

Si la croix est bien le centre de la foi confessée, elle n‘occupe pas une moindre place dans la foi célébrée. (« Dans la liturgie, l’Église célèbre principalement le mystère pascal par lequel le Christ a accompli l’œuvre de notre salut » CEC 1067). Pourtant, au IIIème siècle, Minucius Felix écrivait « les croix ne sont de notre part l’objet ni d’un culte, ni de souhaits ».

La place de la croix a été l’objet d’une évolution complexe dont nous essaierons ici de saisir la nature et la portée, en nous intéressant surtout à la croix comme signe et comme objet de culte plus qu’aux représentations de la croix et du Crucifié.

Le signe de la croix

La place de la croix dans la liturgie chrétienne commence avec les rites baptismaux. A la suite de l’épître aux Romains qui présente le baptême comme une participation sacramentelle à la mort du Christ sur la croix (Rm 6,4-10), l’auteur de l‘Épître de Barnabé — apocryphe de la première moitié du lIème siècle — firme significativement « Heureux ceux qui, ayant mis en la croix leur espérance, sont descendus dans l’eau ». Ce passage pourrait être rapproché de certains baptistères paléochrétiens construits en forme de croix. Cependant, l’usage de la croix dans les rites baptismaux anciens est difficile à préciser. Vers 215, la Tradition apostolique parle d’une signation du futur baptisé après l’exorcisme. La forme de cette signation – s’agit-il d’un signe de croix tracé avec le pouce sur le front du catéchumène ?- n’est pas précisée, et son lien avec la croix n’est pas affirmé. Au milieu du IVe siècle, dans son traité sur le Saint Esprit, saint Basile considère comme tradition non écrite venant des apôtres le fait de « marquer du signe de la croix ceux qui espèrent en notre Seigneur Jésus Christ ».

L’imposition de la croix au futur baptisé apparaît clairement dans le Sacramentaire gélasien, qui était en usage dans les églises presbytérales de Rome au VIIe et VIIIe siècles. Au début du carême, après l’inscription et l’appel des candidats, a lieu le premier exorcisme au cours duquel le prêtre prononce l‘oraison suivante « Nos prières, nous le demandons, Seigneur, exauce-les avec bonté, et ces élus tiens, garde-les par la vertu de la croix du Seigneur, dont nous les signons… » Ce rite figure dans le rituel du baptême jusqu’à nos jours. Dans la nouvelle édition du Rituel de l’initiation chrétienne des adultes, la célébration de l’entrée en catéchuménat comporte une signation du front, la croix étant présentée dans la monition comme « signe de votre nouvelle condition ». « Recevez sur votre front la croix du Christ c’est le Christ lui-même qui vous protège par le signe de son amour (ou de sa victoire) » (n. 88). Une signation des « sens » — les oreilles, les yeux, la bouche, la poitrine et les épaules — prolonge et amplifie ce rite de l’imposition de la croix qui apparaît donc avec une double signification la croix est signe de la condition chrétienne le disciple porte la croix à la suite du Christ (Lc 14,2]) mais aussi marque de protection dans le combat spirituel. Paros, le baptistère des premiers chrétiens dans l’église de Ekatontapyliani, Grèce C’est dans le prolongement de la pratique baptismale qu’il faut situer le signe de croix. Cet usage est attesté dès le début du IIIe siècle par Tertullien qui recommande aux chrétiens de faire le signe de la croix lors des multiples activités de la vie quotidienne. Au milieu du IVe siècle, Cyrille de Jérusalem en explique la pratique et la signification aux catéchumènes « Ne rougissons donc pas de reconnaître publiquement le Crucifié. Que nos doigts gravent hardiment son sceau sur notre front et qu’en toutes circonstances la croix soit tracée : sur le pain que nous mangeons, sur les boissons que nous buvons ; quand nous entrons, quand nous sortons ; avant de dormir, au lit ; au lever, en voyage, au repos. La croix est puissante sauvegarde (…) Aussi bien est-elle la grâce de par Dieu, signe des croyants et crainte des démons ». C’est à partir de cet usage fréquent dans la vie quotidienne que le signe de croix est passé au Moyen âge dans la liturgie et notamment dans la messe.

Lors de la réforme liturgique de Vatican Il, conformément à la demande de simplification des rites faite par les pères conciliaires (SC 50), on supprima un grand nombre de ces signes de croix dont la prolifération — avant la réforme, on en comptait 47 dans une messe lue, dont 33 pour le canon—semblait alors nuire à la signification. Dans la messe actuelle, le signe de croix a donc une place d’autant plus significative que celle-ci a été voulue plus rare. Il marque l’ouverture de la célébration en plaçant d’emblée la célébration en perspective trinitaire : le prêtre et l’assemblée, debout, font le signe de la croix « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Présentation générale du missel romain 28, 86, 213). Il revient ensuite lors de la proclamation de l’Évangile le prêtre fait « le signe de la croix avec le pouce sur le livre, puis sur lui-même au front, à la bouche et à la poitrine » (PGMR 124). Il est effectué dans la Prière eucharistique I (canon romain) lorsque le prêtre prononce les paroles de bénédiction sur les oblats alors que dans les trois autres (PE Il, III, et IV), il accompagne l’épiclèse pré-consécratoire. Enfin, c’est par le signe de la croix que le prêtre bénit l’assemblée avant le renvoi (PGMR 124).

Dans la liturgie après Vatican Il, le signe de croix rassemble, et il permet à l’assemblée de prendre corps. C’est aussi un geste bénédiction tant sur les offrandes que sur l’assemblée. Sa réduction à une seule occurrence dans la prière eucharistique, et surtout son inscription au moment très spécifique de l’épiclèse, tend à donner à ce signe, dans la ligne de la théologie johannique qui présente la croix comme lieu où le Fils « remit l’Esprit » (Jn 19,30), une forte dimension pneumatologique. Ceci fait écho à la réflexion contemporaine sur la croix comme événement trinitaire.

La vénération de la croix dans la liturgie du vendredi saint

C’est dans l’office du vendredi saint que la liturgie latine fait une place très spécifique à la croix. Durant l’office de la passion qui se célèbre dans l’après-midi, le Missel Romain comporte un rite solennel de la vénération de la croix, qu’il propose sous deux formes au choix la première, avec une croix voilée que l’on dévoile progressivement, la seconde avec une croix non voilée que l’on apporte au sanctuaire de l’église en faisant trois stations. C’est cette deuxième forme, la plus courante actuellement, que nous retiendrons. Le prêtre accompagné des ministres se rend près de la porte de l’église où l’on a déposé la croix entre des chandeliers. Il prend la croix, et la ramène en procession à travers l’église jusqu’au sanctuaire. On fait trois stations : au départ de la procession, au milieu de l’église, et enfin devant l’entrée du sanctuaire. Les rubriques précisent : Celui qui porte la croix l’élève en chantant : « Voici le bois de la Croix qui a porté le salut du monde ». Le peuple répond : « Venez, adorons ! ». Après chacune de ces réponses, tous s’agenouillent et adorent en silence durant quelques instants. Le rite se poursuit de la manière suivante : Pour la vénération de la Croix, le prêtre, les ministres et les fidèles s’avancent les uns après les autres : ils passent devant la Croix et lui rendent hommage, soit en faisant la génuflexion devant elle, soit par tel autre signe, par exemple en l’embrassant (..). Pendant ce temps, on chante l’antienne de la Croix, les Reproches (Impropères), ou d’autres chants qui conviennent. Parmi les chants proposés, l’antienne Crucem tuam qui appartient au fond commun des textes liturgiques d’orient et d’occident manifeste bien le sens du rite : Ta Croix, Seigneur, nous la vénérons, et ta sainte résurrection, nous la chantons : c’est par le bois de la croix que la joie est venue sur le monde. L’Église vénère la croix en tant que signe du salut et mémorial de la victoire du Christ ressuscité. Cette cérémonie ne peut être isolée de l’ensemble de l’office qui commence en silence par une grande prosternation et une oraison, et se poursuit par la liturgie de la parole (Is 52, He 4 et ,5 Passion selon saint Jean) et par la grande prière universelle. Après la vénération de la croix, une simple communion, distribuée à partir de la réserve conservée depuis la veille au soir — il n’y a pas de célébration eucharistique — est précédée de la récitation du Notre Père. La vénération de la croix apparaît donc comme le sommet d’un processus rituel qui conduit à faire mémoire de la Passion, prier pour l’Église et le monde, avant de s’achever par la communion eucharistique.

Les origines de la vénération de la croix

Cette cérémonie figure dans les livres liturgiques romains depuis les VII-VIIIème siècles. Les historiens s’accordent pour faire de Jérusalem le berceau de la célébration du triduum pascal et spécialement de cette vénération de la croix. Le dossier historique repose sur deux sources majeures. En premier lieu, le récit de la pèlerine Égérie, confirmé par le Lectionnaire arménien de Jérusalem, permet de connaître la liturgie de Jérusalem entre 381 et 383. À la fin du IVe siècle, le vendredi saint au matin, on vénérait la relique de la vraie croix que l’on croyait avoir été découverte par sainte Hélène au début du siècle. La vénération de la croix prenait place entre deux longues synaxes comportant des lectures entrecoupées de psaumes, l’une dans la nuit du jeudi au vendredi saint en mémoire de la prière du Christ au jardin des oliviers, l’autre, le vendredi de la 6e à la 9e heure, en mémoire de la Passion. La vénération de la relique ne comportait donc pas de lectures. Mais elle consistait en une prosternation comme Égérie le rapporte : « On place alors un siège pour l’évêque au Golgotha derrière la croix, où il se tient à ce moment-là. L’évêque s’assied sur ce siège et l’on dispose devant lui une table couverte d’une nappe. Autour de la table, les diacres se tiennent debout. On apporte le coffret d’argent doré qui contient le saint bois de la croix, on l’ouvre, on l’expose, on place sur la table et le bois de la croix et l’écriteau. Quand on les a placés sur la table, l’évêque, assis, appuie de ses mains sur les extrémités du bois sacré, et les diacres, debout tout autour, surveillent (…) Tout le peuple défile donc un à un. Chacun s’incline, touche du front puis des yeux, la croix et l’écriteau, baise la croix et passe, mais personne n‘étend la main pour toucher. » La deuxième source est constituée par les plus anciens documents romains qui nous permettent de connaître la liturgie de la ville de Rome entre la fin du VIIe siècle et le début du VIIIe siècle, soit plus de trois siècles après Egérie. Il y avait alors à Rome deux rites de vénération de la croix. Le premier était celui de la cour pontificale et consistait en une procession qui allait le matin du vendredi, du palais du Latran jusqu’à la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem. Le Pape et le peuple vénéraient une relique de la vraie croix. La cérémonie s’achevait sur la grande prière universelle. Il n’y avait pas de communion. Le deuxième rite avait lieu le soir, à la neuvième heure, dans les tituli, c’est-à-dire les paroisses de la ville de Rome. La structure de la synaxe était alors celle qui a été adoptée en 1956. Les textes liturgiques permettent de supposer que l’objet de la vénération était une croix. Si l’on ne peut affirmer avec certitude que le rite hiérosolymitain autour de la relique est à l’origine de la liturgie pontificale à Rome, il est clair cependant que la vénération de la croix dans la liturgie romaine depuis le haut Moyen âge provient du double héritage des deux usages romains vénération de la relique de la vraie croix, et vénération de la croix comme signe de salut. Le rituel romain des tituli reliait de manière étroite la vénération de la croix et la communion eucharistique. Le Sacramentaire gélasien précise après la récitation du Notre Père, tous adorent la croix et communient. La génuflexion et le baiser, adoptés comme marque de vénération, étaient autrefois le geste de respect adressé à l’empereur ou à son image. Ce rite avait peu à peu disparu jusqu’à la réforme des célébrations pascales en 1956 l’office de la Passion était célébré tôt le matin du vendredi saint et le plus souvent en l’absence de peuple. La réforme a voulu redonner sa force à un rite que la dévotion du chemin de croix héritée du Moyen âge avait occulté.

Le sens de la vénération de la croix

L’adoration de la croix est donc un cas remarquable de vénération d’un objet. Une lettre de la congrégation pour le culte divin sur les célébrations pascales datée 16 janvier 1988 Paschalis sollemnitatis précise « Pour la présentation de la croix, celle-ci doit être suffisamment grande et belle », Cependant, ni le Missel romain ni cette lettre ne reprennent la rubrique de l’Ordo hebdomadæ sanctæ de 1956 qui exigeait un crucifix et pas seulement une croix de bois. De plus l’ensemble des chants met l’accent sur le « bois de la croix qui a porté le salut du monde ». Ce n’est pas le seul cas de « vénération » d’objet dans la liturgie romaine les rubriques prévoient des marques de respect et de vénération envers l’autel et l’évangéliaire (PGMR 232 235-236.33) et dans une moindre mesure envers le cierge pascal. La croix du vendredi saint a par conséquent un statut liturgique égal à celui de l’évangéliaire et de l’autel. La croix du sanctuaire vu de derrière dans l’église de St Paul-lès-Dax, CDAS Aire-et-Dax. Les prescriptions liturgiques insistent sur le caractère personnel de la démarche, renforcé par le geste lui-même. Ils passent devant elle (la Croix) et lui rendent hommage, soit en faisant la génuflexion devant elle, par tel autre signe, par exemple en l’embrassant. Son caractère extraordinaire comme par l’engagement corporel d’un geste qui met en jeu intimité (baiser), la vénération de la croix implique un investissement de toute la personne. Mais ce n’est pour autant une démarche privée. L’hommage à la croix apparaît comme une vénération collective au cours de laquelle chacun fait aussi une démarche personnelle.

La croix comme image

Dans l’évolution qui a conduit à la représentation de la croix au IVème siècle, la liturgie a tenu une grande part à partir de la dévotion envers la relique de la vraie croix. La croix est devenue peu à peu un des éléments importants du mobilier du sanctuaire d’abord sous la forme d’une croix de procession déposée près de l’autel à l’arrivée du cortège puis, progressivement — à partir du IXème siècle, peut-être sous l’influence du développement des messes privées — elle devient fixe sur l’autel. Le Missel romain de 1970 fait preuve d’une grande discrétion sur ce point. Dans le chapitre sur « la disposition et décoration des églises, pour la célébration de l’eucharistie », les rubriques se contentent de noter Sur l’autel ou à proximité, il y aura une croix, bien visible pour l’assemblée (PGMR 270). Les rubriques évitent la question de la représentation du Christ en croix. La croix est ainsi en relation privilégiée avec l’autel, et elle accompagne la procession qui inaugure la célébration. Elle apparaît moins pour elle-même que comme icône qui prend son sens plénier par et à travers la célébration eucharistique. Oscillant continuellement de la plus grande réserve à l’abondance pléthorique, la place de la croix dans la liturgie occidentale, dont l’histoire a été trop rapidement esquissée ici, laisse apparaître son caractère paradoxal, tout ensemble essentielle et problématique.

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Histoire

Type de Croix et leurs signification

La croix est un symbole ancien, qui a connu dans le temps de nombreuses et différentes significations. Pour les chrétiens, elle est d’une importance primordiale. Découvrons ensemble quels sont les différents types de croix, leur histoire et leur signification symbolique.

Qu’est-ce que c’est la croix ? Probablement la plupart des gens que nous connaissons répondraient à cette question en disant qu’il s’agit du symbole chrétien par excellence, du fait qu’elle rappelle le Christ crucifié, qui a sacrifié sa personne pour le salut de l’humanité. Cela est sans aucun doute vrai, si ce n’est que le symbole de la croix existait déjà avant.

Quelle forme a la croix ? La géométrie d’une croix est très simple : deux lignes qui se croisent avec un angle droit, en se divisant mutuellement à moitié dans certains cas ou de façon à ce que la ligne la plus longue soit divisée en une partie plus courte et une plus longue. La simplicité avec laquelle ce dessin peut être reproduit nous permet de déduire pourquoi il est un des symboles les plus anciens de l’humanité.

Le christianisme n’a pas été la première religion à utiliser les croix en tant qu’objet de dévotion. Même à l’âge de la Pierre et jusqu’à l’époque préchrétienne, des représentations en forme de croix étaient déjà répandues. La Croix celtique était pour les nordiques le symbole d’Odin. Elle représentait une croix entourée d’un cercle. Dans l’ancien Égypte aussi il existait un symbole qui rappelait beaucoup une croix, l’ankh, symbole de la vie. L’islam, par contre, n’a jamais reconnu la croix en tant que symbole religieux pour le simple fait qu’il nie que Jésus soit mort sur la croix, ayant été remplacé par un sosie.

Le mot « Croix » dérive du latin Crux. Chez les anciens romains, il s’agissait d’un instrument utilisé pour infliger des terribles souffrances, la crucifixion en fait. Mais, en restant dans le contexte des symboles, rappelons-nous que dans la numération romaine le chiffre 10 s’écrit X, élément qui rappelle beaucoup une croix.

En arrivant au Christianisme, comme nous l’avons déjà anticipé, la croix est le principal symbole de cette religion. Elle rappelle, en effet, la mort de Jésus, crucifié par ordre de Ponce Pilate, Procurateur romain de la Judée, qui le condamna à mort. Paradoxalement, d’un acte si brutal et terrible, la croix est née de nouveau et a assumé une valeur positive, puisque la passion et la mort de Jésus coïncident avec l’accomplissement de Sa mission de salut pour les hommes. Un symbole d’amour absolu, donc, de sacrifice extrême.

Et pourtant la croix et le crucifix prirent un peu de temps avant de se répandre et d’être reconnus. Ils commencèrent à être utilisés de manière importante uniquement à partir du IVe siècle. L’usage de poser une croix sur l’autel des églises remonte seulement au Moyen Âge.

Voyons donc ensemble les différents types de croix et de crucifix qui se sont diffusés au cours des siècles, en tant que motifs symboliques-décoratifs et avec des significations symboliques spécifiques.

Croix 1

Croix latine

C’est la plus typique des croix, celle qui pour les chrétiens représente la Crucifixion de Jésus. Elle possède deux bras perpendiculaires dont celui transversal est plus court par rapport au longitudinal.

Croix grecque

Il s’agit d’une croix composée de quatre bras d’égale mesure qui se croisent en angle droit. Typique de l’art byzantin, elle s’alterna au cours des siècles avec la croix latine comme base pour les plans des églises. Ses quatre branches d’égale mesure et le fait qu’elle puisse être contenue dans un carré font de la croix grecque la croix idéalisée qui représente la Nature Divine de Christ.

Croix 2Croix en Tau – Croix de Saint-Antoine ou Crux Commissa

 Le Tau n’est rien d’autre que la dernière lettre de l’ancien alphabet hébreu, qui représentait l’accomplissement du mot entier révélé pour Dieu.

Sa forme rappelle en effet une croix, même si privée du bras supérieur. C’est pour cette raison que les chrétiens l’adoptèrent. Mais une autre raison est que, en étant la dernière lettre de l’alphabet hébreu, elle contenait une prophétie sur la Fin des temps, ainsi comme la lettre grecque Oméga. La croix Tau se répandit surtout grâce à Saint François, qui la choisit en tant que son symbole de dévotion et sceau, fort de sa profonde conviction spirituelle selon laquelle le salut de chaque homme résidait dans la croix de Christ.

Croix 3Croix en arbre de la vie

 Fascinant également le lien entre croix et arbre de la vie.

Une légende veut que l’arbre à partir duquel on tira le bois de la Croix de Jésus soit né d’une des trois semences (de cèdre, cyprès et pin) mises dans la bouche d’Adam à sa mort. Une autre légende raconte qu’à la mort d’Adam, son fils Seth posa dans sa bouche une branche de l’Arbre de la Vie, qu’il lui avait été donné par l’Archange Michel. De cette branche serait ensuite né un nouvel arbre.

La croix en arbre de la vie a les bras qui ressemblent aux branches d’un arbre, chargés de feuilles, de fleurs et de fruits. Au-delà des légendes, sa symbolique est claire. La croix est le nouvel arbre de la Vie, grâce au sacrifice de Jésus, qui a affirmé sa propre identité : « Je suis la vie » (Jean 14,6 ; 6,53).

Croix 4

 Croix à huit pointes

La croix à huit pointes, également connue comme croix de Malte, ou croix de Saint Jean, fut le symbole de la république maritime d’Amalfi au moins jusqu’au XIe siècle. Elle fut également le symbole des ordres Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, qui ressortait sur leurs vêtements blancs, rappelant la Pureté des Béatitudes.

La croix à huit pointes est un symbole d’origine byzantine. Les huit pointes symbolisent probablement les béatitudes énumérées par Saint Matthieu :

« Heureux les pauvres en esprit,

   car le Royaume des Cieux est à eux

Heureux les affligés, car ils seront consolés

Heureux les doux, car ils posséderont la terre

Heureux les affamés et assoiffés de la justice,

   car ils seront rassasiés

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde

Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu

Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu

Heureux les persécutés pour la justice,

   car le Royaume des Cieux est à eux ».

En alternative, ils pourraient représenter les vertus chrétiennes :

   Loyauté

   Pitié

   Franchise

   Louange

   Gloire et honneur

   Mépris pour la mort

   Solidarité envers les pauvres et les malades

   Respect pour l’Église

Ou encore les huit principes qui étaient à la base de la mission des chevaliers de Saint Jean :

Spiritualité – simplicité – humilité – compassion – compassion – miséricorde et sincérité.

Croix de Saint Émilien de la Cogolla

Connue également comme Croix wisigothique, il s’agit d’une croix avec des bras ancrés, i.e. qui terminent en deux pointes courbées vers l’extérieur, comme des ancres justement. Cette croix est liée à la figure de Saint Émilien, un ermite qui vécu en Espagne au VIème siècle. Pour cette raison, la croix est connue également avec la définition espagnole de Cruz de San Millán.
Les douze pointes des bras symbolisent les douze apôtres. Le fait que les pointes soient courbées vers l’extérieur ou l’intérieur indique la faiblesse de l’Église, qui est composé d’hommes, saints et pécheurs. La décoration qui amène au centre de la croix est composée de feuilles d’orties afin de rappeler que suivre le chemin de Dieu peut se révéler plutôt douloureux. Le centre de la croix de Saint Émilien est composé d’une fleur à huit pétales, qui symbolisent les huit béatitudes. Au centre, il y a un point qui représente Dieu. De la fleur partent quatre boutons en trèfle qui symbolisent la Trinité.

La Croix copte

Connue également comme Croix ansée ou Croix Égyptienne, elle possède la forme d’une goutte renversée posée au centre des bras horizontaux. En pratique, elle ressemble à une clé et pour cette raison elle est également appelée Clé de la vie, Clé du Nil ou Croix d’Ankh, en souvenir de l’ancien symbole égyptien de la vie éternelle.

En pratique, la croix copte n’est rien d’autre que l’évolution de l’ancien ankh égyptien, qui ornait les tombes des pharaons et qui souvent était représenté serré dans les mains des dieux. L’Église copte orthodoxe s’est ensuite appropriée de ce symbole et l’a transformé jusqu’à ce qu’elle atteigne la forme actuelle.

Croix 5

Croix avec terminaisons tréflées

 Elle est typique de l’église orthodoxe russe et est formée par deux bras perpendiculaires plus une barre oblique sur la branche inférieure. Cette dernière rappelle l’appui pour les pieds de Christ crucifié. Les bras se terminent en trèfle, symbolisant la Trinité.

Croix russe

Connue également comme croix byzantine ou croix orthodoxe, elle présente trois traverses : la première en haut est le titulus crucis, la pancarte qui reportait le motif de la condamnation de Jésus, celle plus en bas, légèrement oblique, le suppedaneum, le support en bois sur lequel Jésus-Christ posait les pieds. Née dans le contexte byzantin, elle est le symbole de l’Église orthodoxe russe et d’autres églises slaves.

Croix mariale

Utilisée comme insigne par pape Jean-Paul II, elle est formée d’une croix latine et de la lettre M qui symbolise la Sainte Vierge au pied de la croix sur Golgotha.

Croix papale triple

Formée d’un bras longitudinale long et de trois bras transversaux. Les trois traverses représentent le triple rôle du Pape :

  • évêque de Rome ;
  • patriarche de l’Occident ;
  • successeur de Saint Pierre apôtre.

Elle est habituellement soutenue par l’Agneau de Dieu.

Croix 6

Crucifix de Saint Damien

 Le crucifix de Saint Damien est celui adoré par François d’Assise, devant lequel il reçut la requête du Seigneur de réparer sa maison. Sur cette croix, Jésus est blessé, mais triomphant aussi, résolu et fier malgré la souffrance. Sur la tête il a une auréole qui renferme une croix ultérieure, symbole de Sa gloire imminente. La figure imposante de Jésus est entourée de plus petites, chacune avec une signification symbolique très précise.

Croix de Saint André

La croix de Saint André (en latin : crux decussata) a, à la différence des autres croix, les bras posés en diagonal. En pratique, ils forment un X. On dit que Saint André apôtre connut le martyr sur une croix de cette forme.

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Commentaire

 

Chers frères et sœurs, bonjour !

La page évangélique d’aujourd’hui propose trois paraboles avec lesquelles Jésus parle aux foules du Royaume de Dieu. Je m’arrête sur la première : celle du bon grain et de l’ivraie, qui illustre la question du mal dans le monde et souligne la patience de Dieu  (cf. Mt 13,24-30.36-43). Quelle patience a Dieu ! Chacun de nous peut dire cela : « Quelle patience a Dieu avec moi ! ». Le récit se déroule dans un champ avec deux protagonistes opposés. D’un côté le maître du champ qui représente Dieu et sème le bon grain ; de l’autre, l’ennemi qui représente satan et répand la mauvaise herbe.

Avec le temps, au milieu du bon grain pousse également l’ivraie et face à cela, le maître et ses serviteurs ont des attitudes différentes. Les serviteurs voudraient intervenir en arrachant l’ivraie ; mais le maître, qui est préoccupé surtout par le salut du bon grain, s’y oppose en disant : « Non, vous risqueriez, en ramassant l’ivraie, d’arracher en même temps le blé » (v.29). Par cette image, Jésus nous dit que dans ce monde, le bien et le mal sont tellement entremêlés, qu’il est impossible de les séparer et d’extirper tout le mal. Seul Dieu peut faire cela, et il le fera lors du jugement dernier. Avec ses ambiguïtés et son caractère composite, la situation présente est le champ de la liberté, le champ de la liberté des chrétiens, où s’accomplit le difficile exercice du discernement entre le bien et le mal.

Et dans ce champ, il s’agit donc d’unir, avec une grande confiance en Dieu et dans sa providence, deux attitudes apparemment contradictoires : la décision et la patience. La décision est celle de vouloir être bon grain — nous le voulons tous —, avec toutes nos forces, et donc de prendre les distances du malin et de ses séductions. La patience signifie préférer une Église qui est levain dans la pâte, qui ne craint pas de se salir les mains en lavant le linge sale de ses enfants, plutôt qu’une Église de « purs », qui prétend juger avant le moment, qui est dans le Royaume de Dieu et qui n’y est pas.

Le Seigneur, qui est la Sagesse incarnée, nous aide aujourd’hui à comprendre que le bien et le mal ne peuvent pas s’identifier avec des territoires définis ou des groupes humains déterminés : « Voilà les bons et voilà les mauvais ». Il nous dit que la ligne de partage entre le bien et le mal passe dans le cœur de chaque personne, passe dans le cœur de chacun de nous : c’est-à-dire : « Nous sommes tous pécheurs ». J’ai envie de vous demander : « Que celui qui n’est pas pécheur lève la main ». Personne ! parce que nous le sommes tous, nous sommes tous pécheurs. Jésus Christ, par sa mort en croix et sa résurrection, nous a libérés de l’esclavage du péché et nous donne la grâce de marcher dans une vie nouvelle ; mais avec le baptême, il nous a donné aussi la confession, parce que nous avons toujours besoin d’être pardonnés de nos péchés. Regarder toujours et seulement le mal qui est à l’extérieur de nous, signifie ne pas vouloir reconnaître le péché qui est également en nous.

Et puis Jésus nous enseigne une façon différente de regarder le champ du monde, d’observer la réalité. Nous sommes appelés à apprendre les temps de Dieu — qui ne sont pas nos temps — et également le « regard » de Dieu : grâce à l’influence bénéfique d’une attente anxieuse, ce qui était ivraie ou qui semblait ivraie, peut devenir un bon produit. C’est la réalité de la conversion, c’est la perspective de l’espérance !

Que la Vierge Marie nous aide à saisir dans la réalité qui nous entoure non seulement la saleté et le mal, mais aussi le bien et le beau ; à démasquer l’œuvre de satan, mais surtout à faire confiance à l’action de Dieu qui féconde l’histoire.

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