Pko 07.06.2020

Eglise cath papeete 1

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°27/2020

Dimanche 7 juin 2020 – Solennité de la Sainte Trinité – Année A

Humeurs…

Les mamans qui s’en vont ?

Ce soir on se couchera plus tard

Ce soir on oublie les leçons

On a sûrement un film à voir

Allumez la télévision

Je ne veux pas rester dans le noir

Je veux du bruit dans la maison

Quand ce sont les mamans qui s'en vont

Il faut apprendre à vivre entre hommes

Et à partager la maison

Oui, quand ce sont les mamans qui s'en vont

La vie doit continuer sans elles

Même si sans elles, elle est moins belle

Oh quand ce sont les mamans qui s'en vont

On va se fabriquer un gâteau

Je vous fais rire avec mes casseroles

Dimanche on ira faire du bateau

Demain je vous prends à l'école

On n'est pas mieux entre vieux amis?

Ce soir vous dormez dans mon lit

Quand ce sont les mamans qui s'en vont

Il faut apprendre à vivre entre hommes

Et à partager la maison

Oui, quand ce sont les mamans qui s'en vont

La vie doit continuer sans elles

Même si sans elles, elle est moins belle

Quand ce sont les mamans qui s'en vont

Il faut apprendre à vivre entre hommes

Et à partager la maison

Oh oui, quand ce sont les mamans qui s'en vont

La vie doit continuer sans elles

Quand les mamans sont infidèles

Oh quand ce sont les mamans qui s'en vont.

Michel SARDOU

Laissez-moi vous dire…

7 juin 2020 : Solennité de la Sainte Trinité

« Délivre-nous du mal »

La semaine dernière nous étions invités par le Pape à trouver dans la prière un refuge contre le mal.

Un de mes petits-fils, qui n’a que six ans, m’a téléphoné cette semaine pour me demander : « Est-ce que Dieu a créé Satan ? » Drôle de question dans la bouche de ce petit ! En fait, en allant à la messe il a trouvé un pK0 sur lequel on voyait une caricature de Satan (une idiotie comme on en voit souvent dans certaines revues). Et le petit garçon de demander à sa maman : « s’il te plait, lis-moi ce qui est écrit ». Pendant la messe ça cogitait dans sa tête…

Évidemment, puisque Dieu a tout créé, Il a certainement créé Satan (?) Et puisque Satan est celui qui nous tente et nous pousse à faire le mal, Dieu a créé le mal (?) Et pourtant on dit qu “ Dieu est infiniment bon” » (?)

Me voilà donc confronté à ce flot d’interrogations qui bouillonnent dans la tête d’un petit gamin de six ans ! Occasion de revenir au Catéchisme de l’Église (CEC n°s391 à 395). Effectivement Dieu est le Créateur de tout l’univers. Il a créé les Anges et les êtres humains, mais ce qui est important de retenir : il les a laissés libres… Or, au début, Satan est un ange bon, malheureusement il a refusé Dieu et son règne. Voilà pourquoi cet ange devenu mauvais ne cesse de haïr Dieu et de vouloir détruire son Règne. Saint Pierre nous met en garde : « …veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui avec la force de la foi, car vous savez que tous vos frères, de par le monde, sont en butte aux mêmes souffrances. » (1 Pierre 5, 8-9)

Dieu est infiniment bon, il n’a donc pas créé le mal. Le mal et la souffrance ne font pas partie du projet initial de Dieu. Ce sont les hommes qui, en toute liberté et par orgueil, ont fait un mauvais usage de leur liberté. C’est pourquoi Dieu ne se contente pas de regarder agir l’humanité. Bien au contraire, dans sa grande miséricorde, Dieu le Père a envoyé son Fils Jésus partager nos souffrances les plus atroces et même la mort afin d’en renverser la logique et les détruire. Et pour continuer cette lutte contre le mal, Jésus envoie d’auprès du Père le Défenseur (« le Paraclet ») qui nous « conduit vers la vérité tout entière » (Jean 16, 13).

L’homme sans Dieu perd ses repères. Voilà pourquoi les violences éclatent dans les couples, les familles, les communautés, les nations même les « plus évoluées » ! Les exemples ne manquent malheureusement pas. « … la liberté implique la possibilité de choisir entre le bien et le mal, donc celle de grandir en perfection ou de défaillir et de pécher. Elle caractérise les actes proprement humains. Elle devient source de louange ou de blâme, de mérite ou de démérite. » ( cf. CEC n°732) Rien ne peut justifier la violence, en aucun cas le mal ne peut servir le bien. C’est pourquoi il est important d’éduquer la conscience des enfants dès leur plus jeune âge. Sans nous lasser, enseignons la « règle d’or » : « tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux » (Mt 7,12 ; cf. Lc 6,31 ; Tb 4,15).

Plus que jamais nous devons lutter contre le Mal et toutes les tentations du Malin. C’est pourquoi nous ne cessons de répéter dans la prière à Notre Père des cieux : « délivre-nous du Mal ». Le « Mal » désigne Satan, le mauvais, le diable, l’ange qui s’oppose à Dieu, « le menteur, le père du mensonge » ... « En demandant d’être délivrés du Mauvais, nous prions également pour être libérés de tous les maux, présents, passés et futurs, dont il est l’auteur ou l’instigateur. Dans cette ultime demande, l’Église porte toute la détresse du monde devant le Père. Avec la délivrance des maux qui accablent l’humanité, elle implore le don précieux de la paix et la grâce de l’attente persévérante du retour du Christ. » (CEC n°2854)

Dominique SOUPÉ

Note : En ce jour où nous fêtons aussi les Mamans, n’oublions pas notre « Maman du Ciel », la Vierge Marie. Sa prière est toute puissante. C’est ce que rappelle Saint Bernard de Clairvaux dans un très beau texte : « Regardez l’Etoile, invoquez Marie » : « Si vous êtes ballotés sur les vagues de l’orgueil, de l’ambition, de la calomnie, de la jalousie, regardez l’étoile, invoquez Marie. Si la colère, l’avarice, les séductions charnelles viennent secouer la légère embarcation de votre âme, levez les yeux vers Marie. Dans le péril, l’angoisse, le doute, pensez à Marie, invoquez Marie. (…) En la suppliant, vous ne connaîtrez pas le désespoir. En pensant à elle, vous éviterez toute erreur. »

© Cathédrale de Papeete – 2020

Regard sur l’actualité…

Le prix de la vie

Depuis une semaine, plusieurs villes des États-Unis sont en proie à des manifestations violentes suite à la mort de Georges Floyd, un afro-américain, après son arrestation musclée par un policier de Minneapolis. Les médias relaient depuis ce jour les mouvements de colère et d’indignation qui secouent plusieurs villes des États-Unis ainsi que d’autres pays. Ce qui se passe aux USA est symptomatique de la présence d’un virus plus dangereux que le Covid 19, un virus qui se répand partout, le virus du manque de respect de la vie humaine. Si la pandémie que nous combattons a fait surgir dans beaucoup d’endroits de magnifiques gestes de solidarité, de compassion, d’entr’aide de la part des personnels soignants, des organismes de charité, des anonymes soucieux de venir en aide à ceux et celles qui en avaient le plus besoin, et qui, tous, combattaient pour la sauvegarde de la vie, force est de constater que dans le même temps, d’autres ont choisi la violence, la destruction et la mort pour s’imposer à ceux qui ne demandaient qu’à vivre en paix, en cette période où vivre était déjà difficile. Ce non-respect de la vie se manifeste entre autres dans les massacres de villageois comme au Mozambique, par des fanatiques islamistes : « Ces jihadistes sèment la terreur parmi la population, brûlant les villages, s’attaquant aux civils le long des routes et dans les transports. Un bilan officiel fait état d’environ 900 morts et de 200 000 personnes déplacées » (Vatican News 02/06/2020), ou au Nigeria, par le groupe Boko Haram : « De nombreux enlèvements et crimes – viols, assassinats, décapitations, incendies de villages - sont commis : il y a quelques semaines encore à Kaduna, dans le Nord du pays, quatre séminaristes se faisaient enlever ». (Vatican News 02/06/2020) Relevant également du non-respect de la vie, les violences faites aux femmes, et les violences conjugales qui, depuis le début de la pandémie, ont augmenté de 30% en Métropole. Dialogue absent, usage de la force, négation de la dignité de l’autre…Comment alors pourrait se développer la Vie dans ces conditions ? Et ne parlons pas des atteintes à la vie consécutives au non-respect de la nature, des plantes et des animaux ! Serait-il possible que nous, les Humains, ayons oublié à ce point le respect dû à la vie, la nôtre et celle des autres ? Son prix serait-il donc tellement dévalué qu’elle ne vaut même plus les 30 pièces d’argent versées à Judas pour prix de sa trahison ? (Mt 26,15).

Le problème n’est hélas pas nouveau ! Souvenons-nous que dès les premiers chapitres du livre de la Genèse (Gn 4), la première chose que fait l’Homme lorsqu’il commence son aventure après avoir été écarté du jardin d’Eden, c’est un meurtre. Caïn tue son frère Abel, dont le nom signifie « buée, fumée » chose de si peu d’importance qu’un souffle suffit à la faire disparaître ! Mais en tuant son frère, en utilisant la violence, Caïn devient incapable de produire la vie. Marqué par la mort, il porte la mort en lui, il produit la mort, au point qu’il a peur d’être tué à son tour et doit s’enfuir.

Notre vocation d’hommes ou de femmes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu n’est pas de tuer l’autre mais de le rencontrer. Et même si nous ne manions ni le couteau, ni la mitraillette, ni l’explosif, l’histoire de Caïn est un peu la nôtre tant il est vrai que nous avons tous nos « Abel », ceux dont nous envions la situation, les dons, les privilèges, les talents, la beauté, la richesse, ceux dont nous sommes envieux, ceux que nous considérons comme une menace insupportable ou comme des concurrents plus favorisés que nous… ceux que, en pensée, nous aimerions voir disparaître. Le commandement de Dieu est pourtant clair : « Tu ne tueras pas ! ». Le Christ Jésus va encore plus loin : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : tu ne commettras pas de meurtre…Moi, je vous dis : tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement… » (Mt 5,21-22). Ainsi, il ne nous reste, pour échapper au pouvoir de la mort et pour ouvrir un chemin d’avenir et de vie que le commandement de l’amour. Si cette perspective nous semble utopique ou irréalisable, n’hésitons pas à nous tourner vers le Dieu de Jésus Christ, le Dieu de l’espérance. Il provoque en nous la capacité de croire et d’espérer. Tournons-nous vers le Christ : « En lui était la vie, et la vie était la lumière des Hommes… » (Jn 1,4)

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete – 2020

Audience générale

Comme Abraham, accueillir la Parole de Dieu et lui faire confiance

Ce mercredi 3 juin, depuis la bibliothèque du Palais apostolique, le Saint-Père a poursuivi son cycle de catéchèses sur la prière. C’est cette fois-ci la figure du patriarche Abraham qui était au centre de l’allocution du Pape. Le père des croyants, qui se plaint de ne pas avoir de descendance, pose un acte de foi en faisant confiance à la parole entendue. Il nous apprend à faire de même, pour que la volonté de Dieu se réalise.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Il y a une voix qui résonne à l’improviste dans la vie d’Abraham. Une voix qui l’invite à entreprendre un chemin qui a un goût d’absurde : une voix qui le pousse à se déraciner de sa patrie, de ses racines familiales, pour aller vers un avenir nouveau, un avenir différent. Et tout cela fondé sur une promesse, à laquelle il faut seulement se fier. Et se fier à une promesse n’est pas facile, il faut du courage. Et Abraham a fait confiance.

La Bible ne dit rien sur le passé du premier patriarche. La logique des choses laisse entendre qu’il adorait d’autres divinités ; peut-être était-il un homme sage, habitué à scruter le ciel et les étoiles. Le Seigneur, en effet, lui promet que sa descendance sera aussi nombreuse que les étoiles parsemées dans le ciel.

Et Abraham part. Il écoute la voix de Dieu et se fie à sa parole. C’est important : il se fie à la parole de Dieu. Et son départ donne lieu à une nouvelle manière de concevoir la relation avec Dieu ; c’est pour cette raison que le patriarche Abraham est présent dans les grandes traditions spirituelles juives, chrétiennes et islamiques comme le parfait homme de Dieu, capable de se soumettre à lui, même lorsque sa volonté se révèle ardue, sinon carrément incompréhensible.

Abraham est donc l’homme de la Parole. Quand Dieu parle, l’homme devient le récepteur de cette Parole et sa vie le lieu où elle demande à s’incarner. C’est une grande nouveauté sur le chemin religieux de l’homme : la vie du croyant commence à se concevoir comme une vocation, c’est-à-dire comme un appel, comme le lieu où se réalise une promesse ; et il se meut dans le monde non pas tant sous le poids d’une énigme mais par la force de cette promesse qui se réalisera un jour. Et Abraham crut à la promesse de Dieu. Il a cru et il est parti, sans savoir où il allait – selon ce que dit la lettre aux Hébreux (cf. 11,8). Mais il a fait confiance.

En lisant le livre de la Genèse, nous découvrons comment Abraham a vécu la prière dans une fidélité continuelle à cette Parole qui faisait périodiquement surface sur son chemin. En résumé, nous pouvons dire que, dans la vie d’Abraham, la foi se fait histoire. La foi se fait histoire. Ou plutôt, par sa vie, par son exemple, Abraham nous enseigne ce chemin, cette route sur laquelle la foi se fait histoire. Dieu n’est plus seulement vu dans les phénomènes cosmiques, comme un Dieu lointain, qui peut inspirer la terreur. Le Dieu d’Abraham devient « mon Dieu », le Dieu de mon histoire personnelle, qui guide mes pas, qui ne m’abandonne pas ; le Dieu de mes jours, le compagnon de mes aventures ; le Dieu Providence. Je me demande et je vous demande : et nous, avons-nous cette expérience de Dieu ? « Mon Dieu », le Dieu qui m’accompagne, le Dieu de mon histoire personnelle, le Dieu qui guide mes pas, qui ne m’abandonne pas, le Dieu de mes jours ? Avons-nous cette expérience ? Réfléchissons-y un peu.

L’un des textes les plus originaux de l’histoire de la spiritualité, le Mémorial de Blaise Pascal, témoigne aussi de cette expérience d’Abraham. Il commence ainsi : « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, et non des philosophes et des sages. Certitude, certitude. Sentiment. Joie. Paix. Dieu de Jésus-Christ ». Ce mémorial, écrit sur un petit parchemin, et trouvé après sa mort, cousu à l’intérieur d’un vêtement du philosophe, exprime non pas une réflexion intellectuelle qu’un homme sage comme lui peut concevoir sur Dieu, mais la sensation vive, expérimentale, de sa présence. Pascal note jusqu’au moment précis où il ressentit cette réalité, l’ayant enfin rencontrée : le soir du 23 novembre 1654. Ce n’est pas un Dieu abstrait, ni le Dieu cosmique, non. C’est le Dieu d’une personne, d’un appel, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu qui est une certitude, qui est un sentiment, qui est joie.

« La prière d’Abraham s’exprime avant tout par des actions : homme du silence, à chaque étape il construit un autel au Seigneur » (Catéchisme de l’Église catholique, 2570). Abraham n’édifie pas un temple, mais il dissémine le chemin de pierres qui rappellent le passage de Dieu. Un Dieu surprenant, comme quand il lui rend visite à travers les figures des trois hôtes qu’ils accueillent, avec Sarah, pleins d’attentions, et qui leur annoncent la naissance de leur fils Isaac (cf. Gn 18,1-15). Abraham avait cent ans et sa femme quatre-vingt-dix, plus ou moins. Et ils crurent, ils firent confiance à Dieu. Et Sarah, sa femme, conçut. À cet âge-là ! Voilà le Dieu d’Abraham, notre Dieu, qui nous accompagne. Ainsi, Abraham devient familier de Dieu, capable même de discuter avec lui, mais toujours fidèle. Il parle avec Dieu et il discute. Jusqu’à l’épreuve suprême, quand Dieu lui demande de sacrifier son propre fils Isaac, l’enfant de sa vieillesse, son unique héritier. Là, Abraham vit sa foi comme un drame, comme un chemin à tâtons dans la nuit, sous un ciel cette fois privé d’étoiles. Et cela nous arrive aussi bien souvent à nous, de marcher dans la nuit mais avec la foi. Dieu lui-même arrêtera la main d’Abraham, déjà prête à frapper, parce qu’il a vu sa disponibilité vraiment totale (cf. Gn 22,1-19).

Frères et sœurs, apprenons d’Abraham, apprenons à prier avec foi : écouter le Seigneur, marcher, dialoguer jusqu’à discuter. N’ayons pas peur de discuter avec Dieu ! Je vais même dire quelque chose qui peut sembler une hérésie. J’ai très souvent entendu des gens me dire : « Vous savez, il m’est arrivé ceci et je me suis mis en colère contre Dieu. – Tu as eu le courage de te mettre en colère contre Dieu ? – Oui, je me suis mis en colère. – Mais c’est une forme de prière ! ». Parce que seul un fils est capable de se mettre en colère contre son papa et ensuite de le rencontrer à nouveau. Apprenons d’Abraham à prier avec foi, à dialoguer, à discuter, mais toujours disposés à accueillir la parole de Dieu et à la mettre en pratique. Avec Dieu, apprenons à parler comme un fils avec son papa : l’écouter, répondre, discuter. Mais transparent, comme un fils avec son papa. C’est ainsi qu’Abraham nous apprend à prier. Merci.

© Libreria Editice Vaticana - 2020

Société

La pandémie va-t-elle changer notre rapport à la mort ?

Pour Paul KEELY, docteur britannique, la crise actuelle ne doit pas être considérée comme un événement exceptionnel. Ce virus représente plutôt le dernier vecteur en date de notre finitude et doit nous pousser à réfléchir, en tant qu’individus et en tant que société, à notre façon de mourir.

Chaque génération connaît des événements qui la définissent. Pour mon père, cela a été la Seconde Guerre mondiale. Pour son père, la Première Guerre mondiale. D’aucuns auraient pu croire que le Brexit allait avoir cet effet-là pour nous, mais la pandémie de Covid-19 remet la politique en perspective.

Il est certain que les historiens considéreront 2020 tel que nous voyons aujourd’hui 1918 : comme l’année d’un grand fléau. Des dizaines de milliers de personnes sont mortes, et la liste des victimes ne cesse de s’allonger. L’économie planétaire est en lambeaux, le monde est confiné. Mais si un bien sort aujourd’hui de ce mal, peut-être tiendra-t-il à la façon que nous avons de penser à la mort, et d’en parler. On dit souvent qu’aujourd’hui, en Grande-Bretagne, nous avons de la mort la vision que les personnes de l’époque victorienne avaient du sexe : une de ces grandes choses de la vie qui ne doivent pas être nommées. Cela évoluera-t-il à cause des épreuves que nous traversons ?

Du bon ressort de cette crise

La pandémie a assurément changé certaines choses. En bien. Quand le coronavirus est apparu en Grande-Bretagne, la vitesse à laquelle l’appareil quelque peu sclérosé et figé du NHS [National Health Service, le système de santé public britannique] a réagi pour se préparer à la catastrophe mérite d’être soulignée. Les comités de direction de départements qui jusqu’alors ne se connaissaient pour ainsi dire pas se sont mis à coopérer. Des institutions qui, auparavant, jouaient des coudes pour obtenir des ressources ont choisi de collaborer.

En mars, juste avant le début du confinement, des consultants se sont réunis dans notre hôpital, et c’est à cette occasion que l’on a pris la mesure de la tâche qui nous attendait. Quelques-uns d’entre nous étaient en contact avec des collègues dans le nord de l’Italie, ils savaient quelle quasi-apocalypse menaçait de rapidement submerger les services de santé. Tout en croisant les doigts, nous nous sommes préparés au pire, conscients que même dans un scénario relativement positif, les pertes seraient lourdes.

Les obsèques sont devenues des formalités modestes

Les événements se sont finalement révélés plus gérables que ne le craignaient certains. L’abominable réalité des répercussions du virus n’en est pas moins horrifiante. Si l’on fait abstraction du débat sur la question de savoir si des morts auraient pu être évitées, tout décès lié au Covid-19 représente une vie fauchée, une tragédie pour les proches de la victime.

Une chose est sûre, bien plus que le débat sur la gestion de la pandémie ; ceux qui ont perdu un être cher au cours des dernières semaines vont continuer à souffrir, à porter le deuil, c’est cela, la réalité. Époux et épouses, fils et filles – incapables de se déplacer à cause des interdictions, de la distanciation sociale ou des limites strictes, mais nécessaires, imposées au nombre de personnes autorisées à accompagner les victimes dans leurs derniers instants – n’ont ainsi jamais eu la possibilité de leur faire leurs adieux. Les obsèques sont devenues des formalités modestes, discrètes, dont sont exclus la plupart des membres de la famille et des amis.

Envisager la mort au quotidien

Il ne faut pas non plus négliger la conséquence de cette réalité sur ceux qui s’occupent des malades atteints du Covid-19 dans les hôpitaux. Une phalange de tout jeunes médecins a appris à la dure comment prendre en charge les mourants et leurs proches dans des conditions qui sont loin d’être idéales. Le personnel des départements qui se trouvent en première ligne a été témoin d’un grand nombre de morts en très peu de temps. De quoi peut-être tremper l’acier de toute une génération de soignants, mais aussi de quoi causer de futurs traumatismes professionnels et psychologiques. Seul le temps nous le dira.

Mon travail, contrairement aux autres (à l’exception, peut-être, du clergé, des officiers de l’état civil et des employés des pompes funèbres), me confronte chaque jour à la mort, annoncée ou réelle. Durant les deux derniers mois, pour le personnel des hôpitaux comme moi, il a été essentiel de pouvoir rapidement mettre en œuvre la planification anticipée des soins. Ce qui nécessite d’être clair avec les patients et leur famille quant aux programmes de traitement de cette maladie. Faut-il tenter une ventilation invasive ? Jusqu’où les médecins devraient-ils aller en matière d’intervention médicale agressive ? Si cette intervention a lieu, pourrait-elle fonctionner ? Ou risque-t-on simplement de prolonger les souffrances ? Quand le moment est-il venu d’admettre que l’heure de quelqu’un a sonné ?

Notre façon de mourir a changé au fil des siècles

Pour une génération qui n’a pas vécu les conflits qu’ont subis nos parents et nos grands-parents, cette pandémie a fait l’effet d’un sinistre électrochoc. Pourtant, il est capital de considérer le coronavirus non comme un événement sans précédent, mais au contraire comme une diversion. L’assemblage nanométrique d’ARN et de molécules associées qui compose ce virus n’est que la toute dernière expression, le tout dernier vecteur de la mort. La façon que nous avons de mourir a changé au fil des millénaires de l’histoire de l’humanité. Longtemps, la mort a frappé par la famine, la guerre. Pendant des siècles, jusqu’au XXe, elle s’est aussi manifestée par des maladies infectieuses en grande partie traitables aujourd’hui. Plus récemment, elle survient sous la forme lente des maladies dégénératives. La médecine modifie la façon que l’on a de mourir. Elle repousse la mort pour un temps, mais, en fin de compte, elle ne peut jamais la vaincre.

Il est par conséquent crucial que nous profitions de cette occasion pour réfléchir sur la vie et la mort. Quand la crise sera passée, que nous pourrons de nouveau goûter librement à l’existence, nous devrions en savourer chaque jour. Mais cette crise devrait également nous pousser à nous interroger sur la façon que nous avons d’appréhender la mort. Nous amener à discuter avec ceux que nous aimons de la façon dont nous souhaiterions partir, tant que cela nous est possible. Jusqu’où souhaitons-nous que les médecins et les chirurgiens interviennent quand notre corps vieillit, devient fragile, et où sont les limites à la fois de la médecine et de la décence. Dans quelle mesure convient-il de s’accrocher à la vie dans les tout derniers instants ?

Le risque d’un oubli rapide

Il est malheureusement peu vraisemblable que ce soit le cas. Quand l’épidémie de grippe de 1918 a pris fin, on l’a ensuite plus ou moins oubliée pendant des décennies. En dépit de pertes largement supérieures à celles causées par la Première Guerre mondiale, l’intérêt qu’elle aurait pu susciter a été occulté par la grande dépression (à laquelle on peut affirmer qu’elle a grandement contribué), par le chaos politique qui régnait dans le monde dans les années vingt et trente et par une nouvelle guerre mondiale. Ce n’est qu’au début du XXIe siècle que la communauté scientifique s’est de nouveau penchée sur le sujet, au lendemain d’épidémies de grippe au Moyen-Orient et en Asie de l’Est.

Il y a fort à parier que même dans un monde plus interconnecté que jamais, nos difficultés actuelles, quand elles seront terminées, seront promptement oubliées. Le fait d’avoir ainsi renoué avec la mortalité va peut-être nous inciter à nous interroger sur notre façon de mourir, en tant qu’individus et en tant que société. Nous devrions le faire. Mais dès que les pubs auront rouvert, il est probable que nous n’en ferons rien.

Dr Paul Keely

© Courrier international - 2020

Confinement… utile ?

Norvège : « Le confinement n’était pas nécessaire pour gérer le Covid-19 »

Selon Camilla Stoltenberg, directrice générale de l’Institut norvégien de santé publique, il n’y aurait pas eu une énorme différence dans son pays entre les résultats obtenus avec confinement ou sans confinement. C’est la conclusion de l’étude que son institut a menée.

La Norvège est l’un des pays les moins touchés d’Europe. 8 01 cas et 235 décès ont été dénombrés pour une population totale de 5,3 millions d’habitants. Cette bonne gestion de l’épidémie est généralement attribuée aux mesures draconiennes annoncées par le gouvernement.

Toutefois, comme la plupart des pays, la Norvège tente d’étudier la situation du pays pendant les quelques jours avant le confinement. À l’époque, personne ne savait ce qu’il se passait. Le covid-19 était mal connu. Et les mesures ont dû être prises en urgence.

L’étude lancée par l’Institut norvégien de santé publique a collecté les données liées au coronavirus : cas confirmés, hospitalisations, taux de reproduction, etc. Début mars, on craignait qu’une personne infectée en contamine quatre autres. Cette hypothèse de l’Imperial College of London a induit l’idée que seul un confinement pourrait permettre de limiter drastiquement le taux de reproduction. C’est ainsi que la Norvège, comme la plupart des pays européens, ont imposé le confinement.

Pas aussi rapide que cela

L’étude norvégienne aboutit toutefois à une autre conclusion. Le nombre de contaminations par malade n’a jamais atteint les prédictions britanniques. En outre, celui-ci diminuait déjà pendant les quelques jours avant le début du confinement.

« Il semble que le taux de reproduction effectif était déjà tombé à 1,1 le 12 mars. Il n’a donc pas fallu grand-chose pour le faire descendre encore un peu plus » a déclaré Stoltenberg lors d’une interview sur la chaîne de télévision NRK. Le graphique ci-dessous représentant les hospitalisations (en rouge et bleu) et le taux de contamination (en noir et gris) confirme les chiffres de la chercheuse norvégienne.

Sans confinement

« Notre conclusion maintenant est que nous aurions pu avoir un résultat similaire sans imposer un confinement. Nous aurions pu rester ouverts en prenant simplement une série de précautions pour ralentir l’épidémie. Il est important que nous en soyons conscients. Car si le nombre d’infections remonte en hiver ou s’il y a une seconde vague, nous devrons l’inclure dans notre analyse pour savoir si un tel confinement est efficace. »

L’Agence norvégienne de statistique s’est aussi penchée sur le calcul des dommages causés par le confinement, et principalement par la fermeture des écoles et des crèches. Les statisticiens en viennent à la conclusion que chaque semaine de fermeture scolaire fait diminuer un peu plus les potentiels revenus futurs des enfants.

Camilla Stoltenberg est une scientifique de renom, un médecin et la sœur de Jens Stoltenberg, ancien Premier ministre et actuel secrétaire général de l’OTAN. Elle considère que dans le futur, les décisions sur le coronavirus doivent se baser sur des analyses scientifiques. Cette base manquait malheureusement en mars.

© Business AM - 2020

Confinement… utile ?

Un expert suédois sur le confinement :

« Rarement une étude non-vérifiée a eu un tel impact sur les politiques mondiales »

« L’étude de l’Imperial College n’était pas très bonne. Je n’ai jamais vu une étude non publiée avoir autant d’impact sur la politique mondiale », estime Johan Giesecke, un épidémiologiste suédois de renommée internationale.

Ce scientifique âgé de 70 ans est aujourd’hui à la retraite. Il conseille toutefois le gouvernement suédois sur la crise du coronavirus. Il faut dire que l’homme a un CV impressionnant : tout premier scientifique en chef du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et conseiller de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), notamment.

La Suède est un ovni dans la communauté internationale en ce qui concerne la lutte contre le covid-19. Le pays suit une méthode totalement différente des autres. Les écoles, les cafés, les bars et les restaurants sont toujours ouverts. La distanciation sociale est en vigueur mais les citoyens sont considérés comme assez matures pour respecter les règles sans qu’on ne doive établir de mesures strictes.

Malgré les critiques, les résultats ne sont pas aussi mauvais que ceux observés dans les pays qui appliquent un confinement total. Sur une population de plus de 10 millions d’habitants, 15.000 cas et 1.580 morts ont été déclarés.

« Le point de départ de l’étude était déjà faux »

Johan Giesecke a été interviewé par le journal britannique The Post. La vidéo a été vue plus d’un million de fois.

Selon l’épidémiologiste suédois, le Royaume-Uni n’aurait pas dû abandonner sa politique de l’immunité collective. La décision du confinement a été prise sur base d’une étude de l’Imperial College. Cette étude supposait qu’il y aurait un demi-million de décès sans mesure, 250 000 avec des mesures légères et 20 000 avec un confinement complet. Par ailleurs, l’étude supposait que la capacité hospitalière resterait inchangée. Ce qui n’est pas le cas. « Ici, en Suède, nous avons triplé cette capacité. »

« Cette étude a été publiée sans être ‘revue par ses pairs’, un terme technique pour dire ‘relue et évaluée par des collègues scientifiques’. Elle était également remplies d’hypothèses et bien trop pessimiste », estime le Suédois. « En fait, l’étude n’est rien de plus qu’une note interne de l’Imperial College. Une étude non vérifiée a rarement eu un tel impact sur l’élaboration de politiques mondiales. Et encore moins une étude douteuse. »

Protéger les personnes vulnérables

Selon Johan Giesecke, seules les personnes âgées et vulnérables devraient être protégées. « L’affaiblissement de la courbe qui est actuellement mesurée dans plusieurs pays européens résulte autant de la mort prématurée de personnes vulnérables que de l’isolement lui-même. Pendant le déconfinement, qui doit maintenant commencer dans de nombreux pays, vous devrez encore faire face aux décès que nous avons déjà eu ici. »

Giesecke pense aussi qu’au moment du déconfinement, chaque pays devra évaluer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Et cela ne devra pas nécessairement être pareil partout.

« Quoi que l’on fasse, vous ne pouvez pas arrêter ce virus. C’est comme un tsunami qui nous a surpris. Et nous avons particulièrement peur parce que c’est une maladie inconnue. »

« Les gens qui meurent aujourd’hui seraient morts d’autre chose dans peu de temps »

Selon l’épidémiologiste, le covid-19 serait « une maladie bénigne comparable à la grippe ». « Les gens qui meurent aujourd’hui seraient morts d’autre chose dans peu de temps. »

« Imaginez que nous ne connaissions pas la grippe et qu’elle surgisse soudainement. Nous aurions exactement la même réaction. Chaque année, des personnes meurent de la grippe. Elles n’auraient de toute manière pas pu vivre beaucoup plus longtemps. Alors oui, leur vie sera raccourcie de quelques mois, et oui c’est malheureux. »

Les conséquences pour la démocratie

Johan Giesecke redoute particulièrement les conséquences pour la démocratie. Combien de temps pouvez-vous obliger les gens à suivre ces mesures de confinement ? Vous pouvez le faire en Chine, mais cela a également pour conséquence qu’un Viktor Orban devienne “dictateur à vie” en Hongrie. Les politiques ont été rapides pour annoncer des mesures strictes. Mais ont-ils pensé à la manière dont on allait en en sortir ?

Selon Giesecke, la mortalité se situera au final autour des 0,1% et il s’avérera qu’au moins la moitié de la population aura fait la maladie sans le savoir. Pour cela, il faut attendre les tests sérologiques, mais aujourd’hui ils ne sont pas encore fiables.

Déconfiner petit à petit

Il est désormais impossible de supprimer complètement les mesures de confinement, estime Giesecke, sous peine d’assister à un nouveau pic d’ici deux semaines. Ce qu’il faudrait faire, c’est « descendre de l’échelle échelon par échelon ». Rouvrir les écoles, puis les magasins, etc…. Une technique de déconfinement que les pays scandinaves, mais aussi l’Allemagne, mettent en ce moment en place.

« Attendre un vaccin est inutile » estime encore l’épidémiologiste, simplement parce que cela prendrait trop de temps. « Ça ne fonctionne pas comme ça dans une démocratie. » Il pense plutôt qu’il faudrait distribuer des « passeports d’immunité » aux personnes immunisées afin qu’elles puissent reprendre le travail. La distanciation sociale reste toutefois indispensable jusqu’à nouvel ordre. Même en Suède. Selon le professeur, il faudra attendre encore de nombreux mois avant que cette mesure ne puisse être abandonnée.

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Commentaire

 

Les lectures bibliques de ce dimanche, fête de la Très Sainte Trinité, nous aident à entrer dans le mystère de l’identité de Dieu. La seconde lecture présente les paroles de vœux que saint Paul adresse à la communauté de Corinthe : « La grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous ! » (2 Co 13,13). Cette — disons — « bénédiction » de l’apôtre est le fruit de son expérience personnelle de l’amour de Dieu, cet amour que le Christ ressuscité lui a révélé, qui a transformé sa vie et l’a « poussé » à apporter l’Évangile aux nations. À partir de ce cette expérience de grâce, Paul peut exhorter les chrétiens par ces paroles : « Soyez joyeux ; affermissez-vous ; exhortez-vous, […] vivez en paix » (v.11). La communauté chrétienne, malgré toutes les limites humaines, peut devenir un reflet de la communion de la Trinité, de sa bonté, de sa beauté. Mais cela — comme Paul lui-même en témoigne —, passe nécessairement à travers l’expérience de la miséricorde de Dieu, de son pardon.

C’est ce qui arrive aux juifs sur le chemin de l’exode. Quand le peuple a rompu l’alliance, Dieu s’est présenté à Moïse dans la nuée pour renouveler ce pacte, en proclamant son nom et sa signification. Il dit ainsi : « Yahvé, Yahvé, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » (Ex 34,6). Ce nom veut dire que Dieu n’est pas lointain ni fermé en lui-même, mais qu’il est Vie qui veut se transmettre, qu’il est ouverture, qu’il est Amour qui rachète l’homme de son infidélité. Dieu est miséricordieux, il est plein de « pitié » et « riche en grâce » parce qu’il s’offre à nous pour combler nos limites et nos manques, pour pardonner nos erreurs, pour nous ramener sur la voie de la justice et de la vérité. Cette révélation de Dieu est arrivée à son accomplissement dans le Nouveau Testament, grâce à la parole du Christ et à sa mission de salut. Jésus nous a présenté le visage de Dieu, Un dans la substance et Trine dans les personnes ; Dieu est entièrement et uniquement Amour, dans une relation subsistante qui crée, rachète et sanctifie toute chose : Père et Fils et Saint-Esprit.

L’Évangile d’aujourd’hui « met en scène » Nicodème, qui, tout en occupant une place importante dans la communauté religieuse et civile de l’époque, n’a pas cessé de chercher Dieu. Il ne pensa pas : « Je suis arrivé », il n’a pas cessé de chercher Dieu ; et à présent, il a perçu l’écho de la voix de celui-ci en Jésus. Au cours du dialogue nocturne avec le Nazaréen, Nicodème comprend finalement qu’il est déjà cherché et attendu par Dieu, qu’il est aimé de Lui personnellement. Dieu nous cherche toujours en premier, nous attend en premier, nous aime en premier. Il est comme la fleur de l’amandier ; le prophète dit ainsi : « Elle fleurit en premier » (cf. Jr 1,11-12). Jésus lui parle en effet ainsi : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3,16). Qu’est-ce que cette vie éternelle ? C’est l’amour démesuré et gratuit du Père que Jésus a donné sur la croix, offrant sa vie pour notre salut. Et cet amour, par l’action de l’Esprit Saint, a fait rayonner une lumière nouvelle sur la terre et dans chaque cœur humain qui l’accueille ; une lumière qui révèle les coins sombres, les duretés qui nous empêchent de porter les bons fruits de la charité et de la miséricorde.

Que la Vierge Marie nous aide à entrer toujours davantage, de tout notre être, dans la communion trinitaire, pour vivre et témoigner de l’amour qui donne un sens à notre existence.

© Libreria Editrice Vaticana – 2017