Pko 05.07.2020

Eglise cath papeete 1

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°31/2020

Dimanche 5 juillet 2020 – 14ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A

Humeurs…

Minable !

Nous avons déjà eu l’occasion de vous parler de l’« agriculteur » du skate-park de Papeete. Un jeune admirable, qui sur un petit bout de terre font pousser papayes, pota, aubergines, potirons, tomates…

Il y a quelques temps, on lui avait donner un plant de vanille… il en prenait soin… première fleurs… première gousse…

En début de semaine, profitant de l’absence de notre « agriculteur » parti pour faire des jardins chez des particuliers, un automobiliste peu scrupuleux s’est arrêté, a embarqué le plant de vanille, et deux pieds d’aubergines en pleine production… Un coup bien préparé, puisque tout cela n’a pas été arraché mais soigneusement extrait de la terre avec une pelle !!!

Un comportement de minable !

Laissez-moi vous dire…

6 juillet 2020 : Seconde lecture à l’Assemblée Nationale du projet de loi bioéthique

25 heures… pour décider de la parenté et de la filiation de certains enfants

Suite aux bouleversements causés par la crise du coronavirus, des députés craignaient un report de l’examen du projet de loi de bioéthique à la rentrée parlementaire. Le décret de convocation de la session extraordinaire de l’Assemblée, publié mardi 30 juin, confirme que le projet de loi de bioéthique, qui ouvre la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes seules et aux couples de femmes, sera examiné en deuxième lecture à partir du 6 juillet. Un temps législatif de 25 heures de débats a été fixé. [Source : www.assemblee-nationale.fr ]

Le texte du projet adopté en octobre 2019 par les députés, a été modifié par les sénateurs en février 2020. Il comporte également une réforme de la filiation, une modification de l’accès aux origines pour les personnes nées grâce à un don de sperme ou encore l’autoconservation des ovocytes.

On se souvient de l’audition des associations faite le 27 août 2019 par la Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi relatif à la bioéthique. Y participaient des représentants des Associations Familiales catholiques, d’Alliance Vita, de La Manif Pour Tous. La relecture du compte-rendu de cette audition (sur le site : www.assemblee-nationale.fr ] montre nettement l’état d’esprit des membres de cette « Commission spéciale ». Pour l’illustrer, j’extrais une des déclarations d’un député LREM des Hauts-de-Seine : « J’ai bien écouté tout ce que vous nous avez dit. (…) Je vais être franc avec vous : je suis marié, père de famille et catholique.(…) Aujourd’hui, notre société est diverse et multiple. Nous devons donc adapter notre loi aux évolutions de la société. Nous ne devons en rien imposer quoi que ce soit aux couples hétérosexuels, ce n’est pas le sujet. Nous essayons simplement de donner un cadre légal à des enfants, des familles, en permettant à des couples homoparentaux – on me dit qu’ils représentent à peu près 2 000 personnes sur 800 000 – d’accueillir un enfant sans que ce ne soit un cauchemar technique, administratif ou qu’ils soient obligés de partir à l’étranger. »

Tout est dit … Il s’agit bien d’un CHOIX POLITIQUE dictée par une IDEOLOGIE méprisante pour les familles !

Nous avons de grandes raisons de nous inquiéter face à ce choix du gouvernement français de faire passer ce texte en urgence à l’Assemblée. Car comme le souligne un communiqué des Associations familiales catholiques : « La crise sanitaire à peine terminée, la révision de la loi bioéthique revient dans l'actualité sous la pression de ses promoteurs. Comme si rien ne s'était passé. Comme si en quelques semaines, nous n'avions pas pris conscience que nous ne maîtrisions pas tout et que les choix pouvaient rester inchangés.

Nos priorités, rappelées dimanche soir par le Président de la République, sont d'abord économiques afin de faire face de manière solidaire à la crise qui commence. Elles sont ensuite sociétales afin que notre pays reste uni pour traverser cette épreuve et se relever.

Comment ne pas voir que relancer ce projet de loi est hors sujet dans le contexte actuel, incohérent par rapport à nos insuffisances dans la gestion de la pandémie, indécent au regard du délaissement des personnes âgées dans certains EHPAD ? (…)

Avec les associations regroupées sous le label “Marchons Enfants !”, les Associations Familiales Catholiques ne cessent d'alerter depuis 3 ans sur les conséquences nocives d'une telle évolution législative qui cherche à importer en France un business de la procréation au mépris de tous nos principes éthiques.

Elles s'adressent aujourd'hui au Président de la République et au Premier Ministre pour demander solennellement le retrait de cette loi. » [Source : Communiqué de presse - 15/06/2020- www.afc-france.org , communiqué de presse -15 juin 2020]

Le délégué général d’Alliance Vita, interrogé sur RCF (Radio Chrétienne Francophone), déclarait : « Le contexte est difficile. En semi-confinement, cela empêche largement le débat démocratique. En commission spéciale, les députés ont pris des positions, sans même la présence des ministres. Il y a quelque chose d’indécent quand on voit les enjeux auxquels les Français sont confrontés. (…) Ce slogan ‘Solidaire des plus fragiles’, qui est la ligne de base d’Alliance Vita, a été promu au plus haut sommet de l’État, pendant tout le confinement, la période la plus dure du Covid, ces repères-là, qui sont les plus essentiels pour solidifier la société, sont attaqués directement. » [Source : www.alliancevita.org, Tugdual Derville invité par RCF -30 juin 2020-]

25 heures pour « débattre » sur un projet aussi important, c’est un déni de démocratie. Combien de députés seront présents dans l’hémicycle ? Espérons que nos trois députés voteront CONTRE

Dominique SOUPÉ

Pour mémoire : les votes de nos élus Polynésiens lors de la 1ère lecture de ce projet de loi :

  • . à l’Assemblée Nationale le 15 octobre 2019 :  Moetai Brotherson, Maina Sage se sont abstenus ; Nicole Sanquer a voté contre ;
  • . au Sénat le 04 février 2020 : Nuihau Laurey et Lana Tetuanui ont voté contre. (Tous les cinq ont voté par délégation.)

© Cathédrale de Papeete – 2020

Regard sur l’actualité…

Vous avez dit « catéchèse » ?

Ce Jeudi 25 Juin 2020, le président du Conseil Pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation présentait le nouveau « Directoire pour la Catéchèse », approuvé par le Saint Père en date du 23 Mars dernier. Ce document Pontifical constitue une source de réflexion d’une grande richesse pour tous les baptisés appelés à réveiller en eux la mission qu’ils ont reçue d’annoncer Jésus Christ d’abord dans leur famille. Tout baptisé est en effet missionnaire, appelé à engager sa responsabilité de croyant dans l’annonce de la Foi. Le document nous rappelle que pour cela, « on peut agir selon trois principes de base : le témoignage, car “l’Église ne naît pas du prosélytisme, mais de l’attraction” ; la miséricorde, catéchèse authentique qui rend crédible l'annonce de la foi ; et le dialogue, libre et gratuit, qui n'oblige pas mais qui, à partir de l'amour, contribue à la paix. ». Le premier lieu de cette annonce de Jésus Christ, nous rappelle le document, c’est la famille : « Elle offre une éducation chrétienne “plus témoignée qu’enseignée”, à travers un style humble et compatissant. Face aux situations irrégulières et aux nouveaux scénarios familiaux présents dans la société contemporaine, l'Église nous appelle donc à accompagner dans la foi avec proximité, écoute et compréhension, pour redonner confiance et espoir à tous. »

Ensuite, cette annonce de Jésus Christ déborde le cadre familial le moment venu, pour s’inscrire dans la mission de la communauté paroissiale, au travers de la catéchèse. Le document insiste sur la formation des catéchistes : « pour être des témoins crédibles de la foi, ils devront “être catéchistes avant de faire les catéchistes” et donc travailler avec gratuité, dévouement, cohérence, selon une spiritualité missionnaire qui les éloigne de la “fatigue pastorale stérile” et de l'individualisme. Les enseignants, éducateurs, témoins, catéchistes devront accompagner avec humilité et respecter la liberté des autres. En même temps, il faudra “être vigilant avec détermination afin que toute personne, en particulier les mineurs et les personnes vulnérables, puisse se voir garantir une protection absolue contre toute forme d’abus”. Les catéchistes sont également invités à adopter un “style de communion” et à faire preuve de créativité dans l'utilisation des outils et des langues. »

Dépassant le cadre de la famille et de la paroisse, l’annonce de Jésus Christ doit atteindre également ceux et celles qui, mis « à l’écart » de la société - les prisonniers, les laissés pour compte, les pauvres - ont besoin d’entendre des paroles de réconfort au cœur de leur épreuve. C’est ainsi que « le document considère… les prisons comme une “authentique terre de mission” : pour les prisonniers, la catéchèse sera l'annonce du salut en Christ et l'écoute attentive qui montre le visage maternel de l'Église. L'option préférentielle pour les pauvres est également centrale : dans ce domaine, la catéchèse doit éduquer les gens à la pauvreté évangélique, promouvoir la culture de la fraternité et susciter l'indignation des fidèles face aux situations de misère et d'injustice. »

Évoquant ensuite la place et le rôle des écoles catholiques, le document précise : « Quant aux écoles catholiques, elles sont invitées à passer de l'école-institution à l'école-communauté de foi, avec un projet éducatif basé sur les valeurs de l'Évangile. Dans ce contexte, un paragraphe est consacré à l'enseignement de la religion qui - il est souligné - est distinct mais complémentaire de la catéchèse. “Le facteur religieux est une dimension de l'existence et ne doit pas être négligé” … Par conséquent, “c’est un droit des parents et des élèves” de recevoir une formation intégrale qui tient également compte de l'enseignement de la religion ».

Le document Pontifical évoque enfin quelques autres points parmi lesquels la place du numérique, une réalité marquant de plus en plus le monde et la culture des enfants et des jeunes : « Dans ce domaine, la catéchèse devra donc éduquer à lutter contre la “culture de l’instantané”, dépourvue de hiérarchies de valeurs et incapable de distinguer la vérité et la qualité. Les jeunes, surtout, doivent être accompagnés dans leur recherche d'une liberté intérieure qui les aidera à se différencier du “troupeau social”. “Le défi de l'évangélisation implique celui de l'inculturation dans le continent numérique”, dit le Directoire, en rappelant l'importance d'offrir des espaces d'expérience de foi authentique, capables de fournir des clés d'interprétation pour des thèmes forts comme l'affectivité, la justice et la paix. » (Source : « Vatican News » du 30 Juin 2020)

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete – 2020

Société

Mgr Aupetit s’élève contre le retour du projet de loi bioéthique à l’Assemblée

En France, les députés ont commencé lundi 29 juin l'examen en deuxième lecture du projet de loi de bioéthique, qui ouvre l'accès à la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules. Dans une tribune parue dans Le Figaro, l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, dénonce un «projet injuste et inégalitaire» que le gouvernement semble considérer comme une priorité alors que le pays sort de trois mois de confinement.

Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, ne mâche pas ses mots dans cette tribune publiée mardi 30 juin dans le quotidien français Le Figaro. Le projet de loi de bioéthique suscite son indignation, aussi bien quant au fond qu’en ce qui concerne le calendrier des débats parlementaires.

L’empressement des députés pointé du doigt

« Sans vergogne, alors que notre pays vient de traverser une crise sanitaire qui l’a mis à genoux, la priorité du gouvernement est de faire adopter à l’Assemblée nationale le projet de loi bioéthique », écrit-il au lendemain du début de l’examen en deuxième lecture du projet de loi à l’Assemblée nationale. « Alors que la crise sanitaire est toujours là, que la crise économique et sociale va gravement impacter la vie de nos compatriotes, (…) ce serait l’honneur de nos députés de remettre en cause ce projet injuste et inégalitaire pour se concentrer sur les vrais problèmes des Français », plaide l’archevêque de Paris.

Les trois mois de confinement traversés par la France appellent eux-mêmes à une réflexion par les paradoxes qu’ils ont mis en lumière : d'abord « la manière dont nous avons traité beaucoup de personnes âgées », « la tristesse de la situation des Ehpad, souvent par manque de personnel », alors que pendant ce temps-là, « de gros investissements sont prévus pour l’“intelligence artificielle”, (…) d’autres discutent euthanasie ». « Considérons-nous vraiment que nos aînés soient nos égaux ? », s’interroge Mgr Aupetit après avoir pointé la « prétendue égalité revendiquée par des personnes qui se trouvent dans des situations particulières », et auxquelles s’adressent ces lois bioéthiques.

L’archevêque de Paris relève aussi « une certaine obsession à faciliter l’élimination des enfants dans le ventre de leurs mères en faisant de l’IVG une priorité en temps de confinement, alors même que les urgences cardiovasculaires restaient en souffrance pour favoriser l’accueil des patients atteints par le Covid-19 ». Il remarque que cette « obsession » est « relayée par certains amendements discutés actuellement en commission spéciale de l’Assemblée nationale ».

La pandémie, souligne-t-il par ailleurs, a « rappelé notre commune vulnérabilité, la nécessité de revenir à une certaine sobriété, la richesse en même temps que la fragilité des relations familiales ». Et pourtant, « nous voici engagés de nouveau tête baissée dans le bouleversement des relations généalogiques qui structurent la personne, dans la banalisation des embryons humains sélectionnés, analysés et jetés comme de vulgaires produits consommables ». Ainsi, pour Mgr Aupetit, « ce choix de favoriser l’industrie procréatique (…) montre bien les raisons mercantiles qui fondent ce projet ».

L’archevêque de Paris s’attaque ensuite au contenu du projet de loi, expliquant que « le choix d’ouvrir en grand le marché des enfants, en dissociant l’assistance médicale à la procréation des difficultés à concevoir, est une atteinte grave à la dignité humaine ». « C’est bien la société de consommation qui pousse encore et toujours le désir des adultes sans aucune considération des conséquences sur les générations futures. Jusqu’à leur faire violence », peut-on lire encore.

Le prélat lance donc l’alerte face à un projet de loi qui « touche à l’essence même de notre humanité » et « porte en lui-même des basculements considérables modifiant gravement et dangereusement les fondements de ce que notre civilisation a construit pour le respect de l’homme, de sa dignité, de sa vie et de sa santé ».

« Alors que la pandémie a manifesté l’exigence de vaincre nos égoïsmes par l’engagement dans la solidarité, le respect de l’égale dignité de tout être humain demeure une priorité », rappelle Mgr Aupetit, expliquant également « qu’il faut relancer le commerce et l’industrie, mais pas au prix de la dignité de l’être humain ».

L’archevêque de Paris espère donc du « courage » et de la « lucidité » de la part des députés, afin de renverser la logique d’un «toujours plus qui accumule les dettes financières et soulève aussi des questions existentielles ». Pour cela, conclut-il, il est urgent de ne pas « se plier aux pressions idéologiques ou marchandes qui se voilent à peine sous des slogans péremptoires ».

Lundi, les députés français ont commencé l’examen du projet de loi en commission spéciale. Son examen en séance publique aura lieu à partir du lundi 6 juillet.

En février dernier, les sénateurs avaient adopté le projet de loi à dix voix près. Ils avaient ainsi validé l’extension de la PMA, en ayant toutefois modifié le texte adopté en première lecture par l’Assemblée nationale. Une fois le projet de loi adopté en deuxième lecture par l’Assemblée, les travaux continueront au Sénat.

© Radio Vatican - 2020

Conférence des Évêques de France

Eucharistie, mariage, jeux de langage…
la mise en garde concernant la doctrine de la Contre-Réforme catholique

Dans un assez long document publié le 25 juin 2020, sous le titre « Avertissement concernant la doctrine de la Contre-Réforme catholique », la Commission doctrinale de la Conférence des évêques de France (CEF) met en garde les fidèles qui fréquentent la CRC. Une mise en garde, notamment, à l’égard de « la doctrine eucharistique de l’abbé Georges de Nantes qui comporte des erreurs et de véritables dangers pour la foi et la vie spirituelle ». « Le fondateur du mouvement de la Contre-Réforme catholique, décédé en 2010, a fait l’objet de plusieurs avertissements, notifications et sanctions canoniques », rappelle la Commission doctrinale inquiète du fait que des témoignages récents « indiquent malgré tout que certains membres de la CRC sont présents et actifs dans divers diocèses de France… » (« Il arrive que leur présence devienne pesante pour certains groupes, lorsque ces personnes apportent la contradiction sur ce qu’enseigne le Magistère vivant de l’Église, fondé sur la foi des Apôtres »). « Sans préjuger de l’intention individuelle de chacun, affirme-t-elle, il importe d’avertir les fidèles des erreurs véhiculées par ce mouvement. » « Le terme plusieurs fois employé pour désigner les erreurs est celui de “sensualisme” », explique le document des évêques. « Une fausse théorie du mariage mystique entre le Christ et Marie est également dénoncée. Celle-ci, qui découle de sa conception sensualiste de l’eucharistie, l’a amené à “des comportements moraux inadmissibles de la part d’un prêtre”, selon les termes de la Congrégation pour la doctrine de la foi (Lettre du 24 mars 1998) ».

La Commission doctrinale de la Conférence des évêques de France adresse un avertissement aux fidèles catholiques qui rencontrent la « Contre-Réforme catholique » (CRC) ou certains de ses membres. Au centre des préoccupations de la commission doctrinale concernant la CRC, se trouve la doctrine eucharistique de l’abbé Georges de Nantes qui comporte des erreurs et de véritables dangers pour la foi et la vie spirituelle.

Le terme plusieurs fois employé pour désigner les erreurs est celui de « sensualisme »[1]. Une fausse théorie du mariage mystique entre le Christ et Marie est également dénoncée. Celle-ci, qui découle de sa conception sensualiste de l’eucharistie, l’a amené à « des comportements moraux inadmissibles de la part d’un prêtre », selon les termes de la Congrégation pour la doctrine de la foi[2]. Dans un article du journal Libération, il est précisé : « Le plus insupportable pour les familles des victimes est sa pratique du “baiser mystique”, un délire érotomane où il tente d’entraîner les femmes. “N’ai-je pas le droit de chercher votre bouche en toute liberté, (…) soutenant votre corps et tournant vers mes lèvres vos lèvres affamées”, a-t-il écrit, insistant : “La vraie mystique est érotique, (…) pétrie du désir de jouir de l’être aimé, de ses aveux et de son don amoureux” »[3].

Le fondateur du mouvement de la Contre-Réforme catholique, Georges de Nantes, décédé en 2010, a fait l’objet de plusieurs avertissements, notifications et sanctions canoniques.

Plusieurs témoignages récents indiquent malgré tout que certains membres de la CRC sont présents et actifs dans divers diocèses de France : dans des paroisses, dans des groupes de jeunes professionnels, dans divers mouvements et associations et même parfois dans des séminaires. Sans préjuger de l’intention individuelle de chacun, il importe d’avertir les fidèles des erreurs véhiculées par ce mouvement.

Une théologie de l’eucharistie dangereuse

Pour éviter des condamnations directement contre sa doctrine, la CRC a développé une culture de l’ambiguïté qui met en avant des raisonnements spécieux et se contredisant d’une ligne ou d’un paragraphe à l’autre. Il se trouve néanmoins, en étudiant largement les documents qui circulent, les nombreux feuillets, cassettes audios ou autres supports que les enseignements souvent incohérents de Georges de Nantes, non seulement continuent d’être diffusés, mais surtout peuvent conduire ceux qui les reçoivent à s’éloigner de la foi catholique.

Précisons, car ce mot sera employé souvent dans le présent avertissement, que le Magistère vivant de l’Église désigne les évêques en communion avec le successeur de Pierre (l’évêque de Rome), en tant qu’ils ont la charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise. Leur autorité, en cette matière, s’exerce au nom de Jésus-Christ, au service de la Parole de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint. Les vérités de la foi sont unies entre elles et partent toutes d’une obéissance à la Parole écoutée (cf. He,11). C’est dans cet esprit de docilité à la Parole de Dieu transmise dans l’Église que l’on évite de s’égarer.

De fausses doctrines

Outre les ignorances feintes ou réelles qui marquent l’enseignement sur l’eucharistie dispensé dans la mouvance de la CRC et que nous évoquerons ensuite, il faut tout d’abord dénoncer des contre-vérités manifestes. Avec les années, il apparaît que l’enseignement de Georges de Nantes sur l’eucharistie a évolué vers de plus en plus d’incohérence et de fausseté, mais dès les années 1970, il développe des thèses erronées.

Est à rejeter fermement la théorie de la transformation du pain et du vin en Corps et Sang du Christ comme une prolongation de l’Incarnation : « sous l’emprise de son âme [le Christ] se faisant une extension réelle, matérielle, historique, de son Incarnation »[4]. Derrière cette formulation et d’autres semblables, transparaît la christologie inacceptable de la CRC, selon laquelle l’âme du Christ préexisterait à une première incarnation par laquelle le Christ s’empare de son corps puis, dans l’eucharistie, s’emparerait des accidents du pain et du vin qui deviendraient son corps et son sang, de sorte, finalement, que nous qui les mangeons, nous assimilions ce corps et le Christ continuerait de s’incarner, cette fois, en nous[5] ! Selon cette fausse pensée, l’humanité du Christ serait « une manière d’être de la nature divine, ou plutôt de l’existence divine », le pain et le vin en étant une autre ! Tout ceci est contraire à l’enseignement et la foi de l’Église pour laquelle le Christ est vrai Dieu et vrai homme, selon la formule du Concile de Chalcédoine (451).

De plus, en prétendant que l’âme du Christ se saisit en quelque sorte de notre corps lorsque nous assimilons en nous les espèces eucharistiques, il inverse la foi traditionnelle selon laquelle c’est plutôt notre âme qui se laisse transformer par cette nourriture divine quand notre corps assimile physiquement les espèces eucharistiques[6]. Cette transformation ne change pas notre nature mais nous fait participer spirituellement à la sienne.

Avec sa théorie de l’emprise de l’âme du Christ sur le pain et le vin, Georges de Nantes tente de surmonter le problème philosophique de la permanence des accidents (à savoir les apparences du pain et du vin) lorsque change la substance à la consécration. Mais la « solution » qu’il propose renverse toute la vérité de foi. La foi en la transsubstantiation est que la parole du Christ transforme les choses offertes, de sorte que le Christ tout entier, Dieu et homme, se rende présent sous les espèces. Georges de Nantes refuse que le Christ se cache sous « le voile des espèces » et, en cela, prétend mieux assumer la foi en la transsubstantiation. Or, en réalité, en inversant le langage traditionnel, il en ferme l’accès à l’intelligence de ses auditeurs et s’oppose directement à l’expression de la foi de l’Église développée par tous les conciles œcuméniques et tous les enseignements du Magistère depuis le IVe Concile du Latran en 1215.

Avec leur conception très « physique » de l’eucharistie, Georges de Nantes et ses disciples en viennent à une conception sensualiste (qui leur a été plusieurs fois reprochée) de la participation des fidèles à l’eucharistie. Selon cette spiritualité, la manducation des espèces serait vécue sur le mode du contact physique avec le corps du Christ, contact physique qui serait la condition d’un authentique réalisme de l’union mystique au Christ. La bouche du communiant embrasserait le Corps du Christ dans la communion, la sensation de contact avec l’hostie consacrée étant le lieu même de l’expérience d’union au Christ. Pareille conception, non seulement nie toute réalité à la tradition de la communion spirituelle ou communion de désir, mais surtout, en reniant le « voile des sacrements », elle prive le baptisé de la liberté d’un acte de foi pour accueillir avec fruit la grâce contenue dans les mystères sacrés. Sans doute est-il possible de trouver, dans les écrits de certains mystiques, des expressions qui pourraient être rapprochées de cette communion très sensuelle. Mais chez les mystiques chrétiens, les effets affectifs de la communion ne peuvent être goûtés que dans la foi de l’Église, avec l’humilité d’un cœur qui ne recherche pas les émotions mais peut éprouver, quand Dieu le veut, des consolations sensibles. Celles-ci ne découlent en aucun cas de la perception que les sens éprouvent en mangeant le pain ni en buvant le vin. La foi des saints et des mystiques, dans la communion eucharistique, s’oriente totalement vers la présence sacramentelle du Seigneur Jésus et non vers le ressenti d’un contact physique avec les accidents (autrement dit les apparences) du pain et du vin, qui seuls sont perceptibles directement aux sens. Or, Dieu transcende toute réalité sensible, même lorsqu’il offre sa grâce dans les sacrements. Jésus lui-même l’explique à la fin du discours du pain de vie : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien » (Jn 6,63).

Le dérapage s’aggrave quand Georges de Nantes écrit que sa spiritualité eucharistique est une « mystique érotique » ou qu’il enseigne que Jésus, dans l’eucharistie, se donne pour recevoir un baiser du communiant. Il aurait dit aussi que le bruit de la fraction des hosties pendant l’Agnus Dei serait celui des côtes du Christ que casserait le prêtre ! Ces mots indignes contredisent les Écritures qui prennent soin d’indiquer que pas un de ses os ne fut brisé (cf. Jn 19,36 ; Ps 34,21 ; Ex 12,46 ; Nb 9,12), et ils confirment le dérèglement de cette piété.

D’étranges ignorances

Déjà en 1977[7], il faut remarquer que l’abbé de Nantes ignore certains aspects de la foi eucharistique de l’Église.

Il oublie la signification des paroles du Christ : « Faites cela en mémoire de moi ». En effet, il rejette fermement toute théologie du mémorial qu’il suppose horizontale, comme si le « faites mémoire » ne correspondait qu’à l’évocation du souvenir des événements passés. Il feint d’ignorer la signification biblique du mémorial, telle que les conciles et la Tradition de l’Église l’ont toujours comprise. Mais plus tard, vers la fin de son exposé, comme pour lui redonner cohérence, il dit l’inverse et évoque le mémorial sacrificiel du Christ comme actualisation de l’unique sacrifice de la croix.

Probablement à cause de ce qu’il appelle par ailleurs sa « métaphysique relationnelle », il ne comprend manifestement pas le sens de la distinction classique entre matière et forme d’un sacrement qui sont fondés sur une métaphysique ontologique. De même, il change aussi le sens de la distinction, souvent utilisée par le Magistère, entre substance et accidents (ou espèces). Sans jamais les définir, il donne à ces mots des significations fausses, mêlant sans discernement ni nuances au vocabulaire classique des raisonnements basés sur la physique ou la chimie modernes.

De plus, lorsqu’il parle du sacrifice eucharistique, il ne prend pas en considération l’action de grâce pour la création à la louange du Père par le Christ qui y est intimement liée. Son affirmation absurde selon laquelle « la matière du sacrement c’est le corps et le sang du Christ » et non le pain et le vin, ignore l’offrande par l’Église du pain et du vin qui vont devenir le corps et le sang du Christ. Il dit s’appuyer sur les paroles même de Jésus dans les récits de l’institution mais il fait l’impasse sur ses gestes : « Il prit le pain, le bénit… il prit la coupe remplie de vin, la bénit ». L’offrande spirituelle de soi qui est participation des chrétiens au sacrifice de toute l’Église n’est pas prise en considération. Est ignoré le conseil de saint Paul : « Tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre eucharistie à Dieu le Père » (Col 3,16-17).

Des propos équivoques, fréquents et contraires à ce qu’enseigne l’Église

L’enseignement publié sur le site internet crc-resurrection concernant l’eucharistie, sous le titre Nouvelle théologie de l’Eucharistie est emblématique des équivoques doctrinaux récurrents. Ce texte, reprenant deux articles de l’abbé de Nantes en 1977, fait diverses allusions à des abus dans la réforme liturgique voulue par le concile Vatican II, concernant la célébration de la messe dans le contexte de l’après-Concile. Ces abus semblent motiver une nouvelle théologie de l’eucharistie. Pareilles considérations commencent à dater et beaucoup d’autres ont analysé ces difficultés avec bien plus de précision et dans un esprit de docilité au Magistère vivant. Mais sur ce sujet comme sur d’autres, dans ce que publie la CRC, le vrai est mélangé avec du faux.

Concernant la foi eucharistique de l’Église, les articles cités présentent des confusions et des formules inacceptables. L’auteur prétend y avoir proposé une « refonte générale du Traité de l’eucharistie »[8]. La confusion où il se complaît se pose comme une nouvelle synthèse théologique, supérieure, selon lui, à ce qu’enseigne le Magistère de l’Église depuis huit siècles ou à ce qu’ont su exprimer l’ensemble des théologiens actuels et passés.

Inquiétant « mariage mystique »

Le n. 120 de la revue CRC d’août 1977 récapitule et commente la théologie des sept sacrements présentée dans les numéros précédents. On peut s’interroger également d’une façon sérieuse sur la manière dont il y prolonge sa théologie du mariage.

Après quelques considérations classiques sur le sacrement de mariage lui-même, viennent trois paragraphes sur « le mariage mystique » dans lequel il présente les vœux religieux comme une « certaine espèce du sacrement de mariage ».

Il faut avertir les fidèles contre le danger de ce mélange flou entre l’engagement religieux et une spiritualité sponsale. Ce style de discours a fait le malheur de bien des victimes féminines d’abus par de faux maîtres spirituels des XXe et XXIe siècles.

S’appuyant sur les similitudes de formes rituelles entre vœux religieux et mariage, Georges de Nantes affirme que dans les vœux religieux, « l’un des époux est Jésus-Christ, ou l’Église, selon le sexe du contactant humain et la forme de son engagement ». Cette affirmation sans correctif ecclésiologique, est non seulement légère mais dangereuse, propre à favoriser des attitudes inappropriées. L’union à Dieu dans la consécration religieuse et dans la tradition spirituelle mystique n’a jamais été attachée à un genre précis. Ce que dit la lettre aux Éphésiens de l’analogie entre les noces du Christ et de l’Église et l’union conjugale de l’homme et de la femme ne peut être appliqué ainsi, sans explication ni nuances, à la consécration religieuse. Car c’est toujours à l’intérieur du mystère de l’Église qu’un homme ou une femme fait le don de sa vie dans la pauvreté, l’obéissance et la chasteté. Pareille consécration n’est jamais une assimilation au Christ pour les hommes ni à l’Église pour les femmes.

La vocation aux ordres sacrés qui sera une configuration au Christ-tête de l’Église est reconnue non d’abord comme une consécration, mais comme la réponse à un appel du Christ et de l’Église, puis comme un ministère (un service). Par ailleurs, les vierges consacrées, dans l’Église, sont signes eschatologiques de l’Épouse du Christ et de la vie future. Dans cette vie future, il importe de rappeler ce que précise le Seigneur : « À la résurrection, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel » (Mt 22,30). Et c’est donc toute l’Église du ciel (hommes et femmes) qui sera cette Épouse et non telle ou telle consacrée prise individuellement pendant son pèlerinage sur la terre.

Georges de Nantes reprend ensuite l’idée selon laquelle les vœux religieux devraient être considérés au moins comme un sacramental à défaut d’être un sacrement, pour affirmer que la vie religieuse serait « une vocation d’amour nuptial non dans des liens charnels mais spirituels »… et il conclut que « faire du mariage mystique, une espèce supérieure du sacrement de mariage chrétien me paraît convenable et savoureux ».

Le texte en question ne précise pas le contenu des mots ni les conséquences pratiques que l’on en tire. Mais, lorsqu’on a étudié sa théorie sensualiste de l’eucharistie, on perçoit, dans le flou même de ces énoncés, qu’ils peuvent conduire, en pratique, à justifier n’importe quel abus au sein d’une communauté. D’autant plus qu’une communauté n’ayant pas de statut canonique n’est jamais visitée par l’autorité de l’Église, ce qui la prive de toute vérification et ajustement dans les relations.

Nous n’aborderons pas ici le débat sur la théologie de la Trinité et la formule malheureuse présentant le Père, le Fils et l’Esprit Saint comme « trois êtres divins ».

Plus désolante est la doctrine concernant la Vierge Marie qui serait dotée d’une âme éternelle ayant précédé non seulement sa naissance mais la création d’Adam et Ève à laquelle l’âme de Marie aurait participé, par son union mystique avec l’âme éternelle du Christ. Ces théories sont absurdes et tout à fait contraires à l’anthropologie chrétienne qui voit dans la conception naturelle d’un enfant le début de l’existence de sa personne (corps, âme et esprit) et jamais une préexistence d’une âme sans corps. Ces théories se rapprochent d’anthropologies païennes ou extrême-orientales, incompatibles avec l’anthropologie biblique. La confusion entre le Verbe éternel et son âme éternelle (ayant la faculté de s’incarner successivement de plusieurs manières) a déjà été rencontrée à propos de l’eucharistie.

De plus, penser la création des premiers humains comme l’image d’une relation conjugale éternelle unissant l’âme du Christ et celle de sa mère, apparaît fantaisiste (cf. cassettes audio de 1993). L’anthropomorphisme d’une conjugalité éternelle entre un éternel masculin et une éternelle féminine n’est pas conciliable avec la compréhension la plus ancienne du baptême chrétien, selon laquelle, en Christ, « il n’y a plus ni homme ni femme » (Gal 3,28).

Jeux de langage et rupture avec l’Église

Georges de Nantes et ses adeptes, s’expriment souvent sur un ton acerbe, déplorant une soi-disant incapacité du Magistère et des théologiens à résoudre les problèmes auxquels ils prétendent proposer, eux, des solutions. Ils prétendent, à l’occasion, que « l’ordre épiscopal est décidément bien bas ». Mais ils sont capables d’affirmer ensuite, en cas de difficulté, que ce qu’ils ont dit reste dans le champ de la recherche théologique et qu’ils attendent même avec sérénité la contradiction et la souhaitent, sûrs qu’elle aidera à la manifestation de la vérité.

Or, dans l’ensemble des textes publiés par la CRC, on trouve une manière fausse de se situer en Église, devant le Magistère. L’enseignement de l’Église sur les vérités de la foi n’est pas accueilli religieusement mais jugé ou déformé.

Au centre des revendications de la CRC vis-à-vis de l’autorité ecclésiale se trouve la question du droit à « faire connaître aux Pasteurs sacrés son opinion sur ce qui touche le bien de l’Église et de la faire connaître aux autres fidèles de l’Église » (Code de droit canonique, n. 212 § 3). Or, cela peut s’appliquer sur des questions de gouvernance, en vue du bien de l’Église, à condition toutefois de mettre en œuvre aussi le §1 du même article 212 du Code qui parle de l’obéissance due aux Pasteurs sacrés en ce qui concerne la foi et les décisions prises « en tant que chefs de l’Église ». Et l’opinion à exprimer ne peut en aucun cas prévaloir sur ce qui est « contenu dans la Parole de Dieu écrite ou transmise par la Tradition, en même temps proposé par le magistère solennel ou ordinaire et universel de l’Église » (can. 750 §1). L’enseignement du Magistère sur la foi requiert des fidèles un assentiment religieux et l’obligation d’éviter toute doctrine contraire. Il existe certes, une liberté de recherche des théologiens, mais à l’intérieur de la règle de foi, ce qui suppose une conscience profonde d’avoir à être enseigné, même en ce qui concerne les doctrines énoncées par le Magistère ordinaire sans intention de les proclamer comme définitifs et solennels.

La CRC reproche souvent à saint Paul VI d’avoir dit : « Nous aussi, nous plus que quiconque, nous avons le culte de l’homme ! » Ces mots ont été prononcés depuis la basilique Saint-Pierre, du berceau de la foi chrétienne, lieu symboliquement parmi les plus chargés au monde de signification religieuse, à la fin du concile œcuménique ayant été célébré par le plus grand nombre d’évêques de toute l’histoire de l’Église. Ces mots s’adressaient, depuis ce lieu précis, au monde des années 1960, marqué par l’humanisme athée en plein essor. Épingler ce bout de phrase pour faire comme s’il signifiait un reniement de l’unique culte rendu au Père par le Christ dans l’Esprit qui caractérise la célébration chrétienne, n’est-ce pas faire preuve d’une mauvaise foi certaine ?

La CRC fait ainsi usage de difficultés ou d’imprécisions plus ou moins réelles dans des expressions extraites de leur contexte, pour contester telle ou telle formule et dénoncer des comportements. Elle prétend dégager des contradictions dans certains enseignements du pape, des évêques ou d’autres prêtres ou théologiens. Plus encore, elle affirme de manière répétée, comme une sorte de mantra, n’avoir jamais reçu de condamnation quant à sa doctrine et n’avoir jamais été prise en défaut vis-à-vis du dogme ou du Magistère solennel de l’Église.

Rappelons donc que l’abbé Georges de Nantes, ordonné prêtre du diocèse de Grenoble en 1948, est suspendu de toute mission dans le diocèse de Troyes en 1963 par Mgr Le Coëdic, évêque du lieu. Puis, il est suspendu a divinis (donc de toute mission sacerdotale partout dans le monde) en 1968, par Mgr Fauchet, nouvel évêque de Troyes.

Ayant lui-même sollicité la Sacrée Congrégation pour la doctrine de la foi et souhaité l’examen de ses propres écrits, il fait l’objet de notifications en août 1969 et mai 1983. Ces notifications déplorent sa « révolte contre l’épiscopat de son pays et contre le Pontife romain lui-même ». Elles indiquent le caractère irrecevable de ses accusations contre les papes et dénoncent la violation de ses devoirs de prêtre et de chrétien par la publicité qu’il leur donne. Elles regrettent aussi son refus des rétractations qui lui ont été demandées par l’autorité romaine.

Suite à de nouvelles accusations tant doctrinales que judiciaires accompagnées du départ de plusieurs membres des « communautés » qu’il a fondées, il est frappé d’interdit en 1997 par Mgr Daucourt, évêque de Troyes. Suivent divers recours – en 1997 à Mgr Daucourt, puis à la Congrégation pour la doctrine de la foi qui confirme la condamnation en 1998, et au tribunal de la Signature apostolique, qui confirme également le jugement en octobre 2000. Si la suspense le privait du droit de célébrer les sacrements et d’exercer son sacerdoce, la peine d’interdit le prive de toute participation à une célébration liturgique, de recevoir lui-même les sacrements et du droit à une sépulture religieuse.

Georges de Nantes a bénéficié pendant des années de nombreux éclaircissements et avertissements contre sa « révolte ». Mais il n’a accepté ni les peines qui lui ont été imposées ni de se rétracter en rien. Après sa mort, ses anciens disciples continuent dans le même état d’esprit et entretiennent la conviction d’être les seuls catholiques a avoir gardé la foi. Ils n’ont jamais manifesté leur assentiment religieux au Magistère ordinaire de l’Église.

Après la mort de Georges de Nantes, la CRC qui n’a aucun statut dans l’Église, poursuit ses activités et publications. Elle continue de rassembler des fidèles, certains vivant en communauté de fait, portant un habit de type religieux. À lui seul, le titre auto- désigné de « contre-réforme catholique » exprime la conviction d’avoir mission de sauver ou du moins purifier l’Église. Ceci paraît oublier le besoin de tout baptisé d’être sauvé en Elle par son chef qui est le Christ et purifié par l’œuvre de l’Esprit Saint.

Depuis la mort du fondateur, la CRC défend toujours la même doctrine. Des textes de l’abbé de Nantes sont publiés sur son site internet, un enseignement théologique explicitement contraire à celui des papes et des évêques de l’Église catholique y est présenté.

Aujourd’hui, la CRC n’a plus de prêtre et se comporte de manière ambiguë dans son rapport à ses propres membres et à l’Église catholique. Les membres de la CRC insérés dans des paroisses ordinaires font-ils de l’entrisme idéologique ou cherchent-ils simplement à vivre leur foi ? Dieu le sait. Il arrive que leur présence devienne pesante pour certains groupes, lorsque ces personnes apportent la contradiction sur ce qu’enseigne le Magistère vivant de l’Église, fondé sur la foi des Apôtres, dont ces mêmes Apôtres continuent à témoigner à travers le ministère du pape et des autres évêques. N’oublions pas la parole de Notre Seigneur Jésus-Christ à ses apôtres : « Celui qui vous écoute, m’écoute ; et celui qui vous rejette, me rejette ; et celui qui me rejette, rejette Celui qui m’a envoyé » (Luc 10,16).

Nous ne pouvons que renouveler, en conclusion de cet avertissement, l’expression de notre tristesse face à cet endurcissement et à ce refus d’accueillir la Parole de Dieu dans sa vraie richesse, celle de l’amour du Christ. Le Seigneur Jésus a donné sa vie pour nous sur la croix et nous appelle à le suivre en accueillant sa grâce dans l’Église qu’il a fondée sur la foi de saint Pierre et des autres Apôtres.

Chaque évêque, dans son diocèse, peut faire l’usage qu’il jugera approprié du présent avertissement pour éclairer les fidèles éventuellement troublés par les erreurs de la CRC.

Rappelons une fois encore les mots de l’Apôtre Paul qui ont guidé notre réflexion pour rédiger ce document : « Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres en toute sagesse ; par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés, chantez à Dieu, dans vos cœurs, votre reconnaissance. Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre eucharistie à Dieu le Père » (Col 3, 16-17).

© Documentation catholique - 2020

Société

Policier et chrétien, une double mission à risque

Depuis quelques semaines, des policiers expriment leur malaise face aux accusations de violences et de racisme à l’encontre de leur profession. « La Croix » a interrogé des policiers chrétiens qui racontent leurs doutes sur le sens de leurs missions, cherchant à concilier au mieux leur foi et leur métier.

Comment voir en l’autre un frère quand celui-ci se montre insultant, menaçant, jusqu’à vous cracher au visage ? Pour des policiers chrétiens, cette question n’a rien de théorique. « Dans ces moments, la foi me donne un sursaut d’espoir, m’aide à considérer le sens de ma mission et à toujours chercher à voir le Christ en l’autre », confie Maxime[9].

Alors que des manifestations récentes ont dénoncé des violences et pointé la question du racisme au sein de la police, un certain nombre d’agents, qui se sentent mal aimés, expriment leur désarroi et s’interrogent sur le sens de leur travail. Dans ce contexte, La Croix a interrogé des policiers chrétiens qui cherchent quotidiennement à concilier leur foi avec leur métier, en butte à tous les maux de la société.

« Défendre les plus faibles »

Ces derniers ne se reconnaissent pas dans le tableau qu’une partie de la société dresse de la police. Ils défendent, comme Hervé Deydier, ancien président de l’association « Police et Humanisme », à la retraite depuis quatre mois après 35 ans de service en Ile-de-France, une fonction qui ne se résume pas à la répression. « L’essentiel de nos missions consiste à défendre les plus faibles et les victimes qui appellent au secours », affirme-t-il avec passion, tenant, comme beaucoup de ses anciens collègues, à la notion de « gardien de la paix », symboliquement forte pour un chrétien.

« C’est avant tout un métier social, pointe Pascal, policier depuis plus de 20 ans. Nous côtoyons ce qu’il peut y avoir de plus violent en l’humain : le meurtre, le viol, le suicide ou encore les violences conjugales qui ont explosé pendant le confinement. » Il ne cache pas que la confrontation quotidienne avec cette dure réalité peut, à la longue, être difficile à supporter et confie même ne pas souhaiter que ses enfants suivent la même voie que lui.

« J’ai connu des moments de crise où je me suis demandé : où est Dieu ?, raconte-t-il avec pudeur. On peut perdre la foi ou au moins être ébranlé. Le soutien familial et ma foi chrétienne m’aident à ne pas perdre de vue les raisons qui m’ont poussé à devenir policier : être au service des autres. » Il évoque aussi « ces petites lueurs », « un remerciement » qui lui mettent du baume au cœur et lui révèle la présence de Dieu même au cœur des difficultés.

Tiraillements

La plupart des policiers chrétiens évoquent quelques tiraillements dans l’exercice de leurs fonctions, comme Maxime, au contact de cette « détresse humaine » et face à des interpellations qui nécessitent, selon lui, de plus en plus souvent l’usage de la force. Difficile de tourner la page même lorsque le soir, on retire son uniforme.

Porté par son devoir d’exemplarité professionnelle et secondé par le « rempart de sa foi », ce jeune policier se refuse autant que possible à se laisser submerger par la violence ou la colère. « Même face à des situations très tendues - et je ne dis pas que c’est facile, loin de là - j’essaye de dépasser ma première réaction, de ne pas juger l’autre, de considérer son environnement pour tenter de le comprendre »,assure-t-il, affirmant sans hésitation que sa foi a mûri dans l’exercice de son métier.

Pas de prosélytisme mais un témoignage par l’exemple

Des tiraillements peuvent aussi apparaître en interne quand certains collègues ont des comportements répréhensibles. « Il m’est déjà arrivé de réagir après des propos discriminants, témoigne Pascal. Il est parfois facile de tomber dans des amalgames. » Le major de police Simon-Marcel Martinon, possède, lui, la particularité d’être également diacre depuis son ordination pour le diocèse de Paris en octobre dernier. Ce Français originaire de la Martinique, qui compte plus de 30 ans d’expérience, assure n’avoir jamais subi directement de racisme au sein de la police. En revanche, il raconte avoir déjà repris un collègue sur le terrain après un « comportement limite ».

Mais quel rôle peuvent jouer les policiers chrétiens, qu’ils assument ouvertement ou non leur foi ? Sans grand discours ou même citer le nom de Dieu, Simon-Marcel Martinon tente, lui, au quotidien de mettre sa foi en pratique dans son métier. « Nous sommes dans un État laïc, je ne fais pas de prosélytisme et je suis avant tout un professionnel, prévient-il. Mais, le témoignage passe aussi par la façon d’être, l’amour du prochain, le souci de l’autre et du bien commun. Je crois que ce comportement interpelle et peut, peut-être, à un moment donné remettre un collègue dans la bonne attitude. »

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Une association chrétienne au sein de la police

L’association Police et humanisme, Communauté chrétienne des policiers de France, a vu le jour au lendemain de la guerre d’Algérie en réaction notamment à des propos de l’écrivain Gilbert Cesbron assurant qu’un chrétien ne pouvait pas être policier. Cette association de fidèles qui « permet aux policiers chrétiens de partager sur leurs pratiques professionnelles dans un esprit de convivialité, à la lumière de l’Évangile », est reconnue par la Conférence des évêques de France.

Lui-même policier pendant trente-six ans et désormais retraité, le père Claude Sirvent, prêtre de la Mission de France en activité dans le diocèse de Fréjus-Toulon, a été nommé
aumônier national en 2018. Il avait alors succédé au père Noël Choux, lui aussi de la Mission de France, décédé le 10 avril dernier.

© La Croix - 2020

 

[1] cf. Gérard Daucourt, « Déclaration au sujet de l’abbé de Nantes et des communautés qu’il a rassemblées », in Église dans l’Aube, n. 3, mars 1997 ; Congrégation pour la doctrine de la foi, lettre du 24 mars 1998.

[2] Congrégation pour la doctrine de la foi, lettre du 24 mars 1998.

[3] Libération, 18/06/2001.

[4] Revue CRC, n. 116 (1977), p. 10.

[5] cf. « Mysterium fidei, le saint sacrifice de la messe » cassette audio, série 124, 1994.

[6] cf. Par exemple, saint Justin, Première apologie 1, 66 ou saint Augustin, Sermon 272.

[7] cf. Revue CRC, n. 116.

[8] Revue CRC, n. 120, août 1977, p. 12.

[9] Pour préserver leur anonymat, les prénoms ont été changés.

Commentaire

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai » (Mt 11,28). Le Seigneur ne réserve pas cette phrase à l’un de ses amis, non, il l’adresse à « tous » ceux qui sont fatigués et opprimés par la vie. Qui peut se sentir exclu de cette invitation ? Le Seigneur sait combien la vie peut être lourde. Il sait que de nombreuses choses fatiguent le cœur : les déceptions et les blessures du passé, les poids à porter et les torts à supporter dans le présent, les incertitudes et les préoccupations pour l’avenir.

Face à tout cela, la première parole de Jésus est une invitation à bouger et à réagir : « Venez ». L’erreur, quand les choses vont mal, c’est de rester là où l’on est, allongé là. Cela semble évident, mais combien il est difficile de réagir et de s’ouvrir ! Ce n’est pas facile. Dans les moments sombres, on a naturellement envie de rester refermé sur soi, de se répéter combien la vie est injuste, combien les autres sont ingrats, comme le monde est méchant et ainsi de suite. Nous le savons tous. Nous avons parfois vécu cette mauvaise expérience. Mais ainsi refermés sur nous-mêmes, nous voyons tout en noir. Alors, on en arrive même à se familiariser avec la tristesse, qui finit par être chez elle : cette tristesse nous conduit à la prostration, c’est une vilaine chose que cette tristesse. Jésus veut en revanche nous tirer de ces « sables mouvants » et c’est pourquoi il nous dit à chacun : « Viens ! » — « Qui ? » — « Toi, toi, toi… ». L’issue se trouve dans la relation, dans le fait de tendre la main et de lever le regard vers celui qui nous aime vraiment.

En effet, il ne suffit pas de sortir de soi, il faut savoir où aller. Parce que tant de buts sont illusoires : ils promettent le repos et ne font que distraire un peu, ils garantissent la paix et procurent le divertissement, en laissant ensuite dans la solitude précédente, ce sont des « feux d’artifice ». C’est pour cela que Jésus indique où aller : « Venez à moi ». Et très souvent, face à un poids de la vie ou à une situation douloureuse, nous essayons de parler avec quelqu’un qui nous écoute, avec un ami, avec un expert… C’est très bien de faire cela, mais n’oublions pas Jésus ! N’oublions pas de nous ouvrir à lui et de lui raconter notre vie, de lui confier les personnes et les situations. Peut-être y a-t-il des « zones » de notre vie que nous ne lui avons jamais ouvertes et qui sont restées obscures parce qu’elles n’ont jamais vu la lumière du Seigneur. Chacun de nous a sa propre histoire. Et si quelqu’un a cette zone obscure, cherchez Jésus, allez chez un missionnaire de la miséricorde, allez voir un prêtre, allez… Mais allez à Jésus, et racontez cela à Jésus. Aujourd’hui, il dit à chacun : « Courage, ne baisse pas les bras devant les poids de la vie, ne te ferme pas face aux peurs et aux péchés, mais viens à moi ! »

Il nous attend, il nous attend toujours, non pour résoudre magiquement nos problèmes, mais pour nous rendre forts dans nos problèmes. Jésus ne nous enlève pas les poids de la vie, mais l’angoisse du cœur ; il ne nous ôte pas la croix, mais il la porte avec nous. Et avec lui, chaque poids devient léger (cf. v.30), parce qu’Il est le repos que nous cherchons. Lorsque Jésus entre dans notre vie, la paix arrive, cette paix qui demeure même dans les épreuves, dans les souffrances. Allons à Jésus, donnons-lui notre temps, rencontrons-le chaque jour dans la prière, dans un dialogue confiant, personnel ; familiarisons-nous avec sa Parole, redécouvrons sans peur son pardon, rassasions-nous de son Pain de vie : nous nous sentirons aimés, nous nous sentirons consolés par Lui.

C’est lui-même qui nous le demande, presque en insistant. Il le répète encore une fois à la fin de l’Évangile d’aujourd’hui : « Mettez-vous à mon école […] et vous trouverez soulagement pour vos âmes » (v.29). Ainsi, apprenons à aller à Jésus et, alors que pendant les mois d’été, nous chercherons un peu de repos de ce qui fatigue notre corps, n’oublions pas de trouver le vrai repos dans le Seigneur.

Que la Vierge Marie notre Mère, qui prend toujours soin de nous quand nous sommes fatigués et opprimés, nous aide en cela et qu’elle nous accompagne auprès de Jésus.

© Libreria Editrice Vaticana – 2017