Pko 04.10.2020

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la paroisse de la Cathédrale de Papeete n°45/2020

Dimanche 4 octobre 2020 – 27ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A


Humeurs

Quelle espérance ?…


Il y a quelques semaines, nous vous partagions la joie de cette jeune femme ayant vécue à la rue de longues années… ayant choisie, il y a huit ans de s’en sortir et de partir à la conquête d’une licence en Re’o maohi. Huit ans plus tard, dont trois à la rue, elle vient d’obtenir sa licence ! Le 31 septembre son C.A.E. au Musée de Tahiti est arrivé à son terme sans embauche possible !

Aujourd’hui, grâce à cette licence, elle n’a plus droit au C.A.E.… trop diplômée ! En raison de son âge, elle n’a plus accès aux aides jeunes diplômés ! Bref, elle a un diplôme qui lui ferme les portes !!!

Il y a bien longtemps, quand j’étais jeune, alors que les études me poursuivaient, on me bassinait : « Il te faut un diplôme pour réussir dans la vie ! » Pour autant que je sache… le discours n’a pas changé ! Mais la réalité semble bien loin de ces propos de sagesse !!!

Alors si vous avez une idée… une offre pour cette jeune femme pleine d’enthousiasme… qui aime sa culture, sa langue… qui se plaisait dans son travail au Musée et qui était très appréciée… Si les beaux parleurs, si prompt à accuser les sans-abris d’être des « paresseux qui ne veulent rien faire » ont des propositions concrètes… Bienvenus !!!


Laissez-moi vous dire

Les enjeux de la 5G


Les enchères pour l’attribution de fréquences supplémentaires pour la 5G se sont achevées le 1er octobre. L’État français devrait empocher 2,8 milliards d’euros. Il y avait onze blocs de 10 MHz à se partager [Orange en a acquis quatre, SFR trois, Bouygues Telecom deux et Free Mobile deux]. [Source :  numerama.com / 1er octobre 2020]

Chez nous l’engouement pour la 5G ne parait pas évident1 car il faut rentabiliser le réseau 4G, qui n’est pas encore étendu à toute la Polynésie. Mais… on ne peut rester à la traîne au risque de pénaliser les entreprises et de se fermer à un marché international prometteur.

Quels sont les enjeux de la 5G ? Sans entrer dans trop de détails techniques, c’est la cinquième génération de standards en matière de téléphonie mobile. Les performances annoncées sont :  des débits dix fois plus élevés (il faudra 1 seconde pour charger un film de 800 Mo ! actuellement il faut 40s) ; le « temps de latence » - c’est-à-dire le délai de transit d’une donnée entre l’émission et la réception – sera divisé par dix (environ 1 milliseconde !) ; la densité de connexions sera multipliée par dix (le nombre d’objets connectés simultanément sera dix fois plus important !). Évidemment, pour moi, simple petit consommateur d’Internet, l’enjeu est de maigre importance ; mais pour les entreprises, les administrations, les services de télémédecine… avec des échanges constants, quasi immédiats et des connexions multiples l’avancée est inouïe. Les enseignants qui ont pratiqué le téléenseignement pendant le confinement auraient apprécié la 5G. Les accros aux jeux en streaming mesurent déjà les perspectives nouvelles. Quant aux entreprises qui ont un grand volume d’échanges informatiques savent ce que signifient les aléas de transmission en période de gros trafics. [Source : l’ANFR, Agence Nationale des Fréquences et l’Arcep, Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes]

Cependant la mise en œuvre de la 5G pose questions : quid de la sécurité sanitaire liée aux fréquences utilisées et aux valeurs d’exposition en niveau de champs électriques2 ? Quid de la sécurité des données personnelles et professionnelles ? Quid du respect des libertés individuelles ?

La sagesse commanderait que l’on agisse avec prudence et en mettant en œuvre une démarche de concertation. Mais, face aux nombreux pays qui ont déjà démarré le processus, la France, par la voix de son Président, a décidé qu’il fallait faire vite ! Quid d’un moratoire réclamé par des élus de toutes tendances, des juristes, des personnels de santé, des associations de protection de l’environnement… ? La réponse donnée : les experts ont démontré que tout est maîtrisé !

L’expérience vécue en cette période de pandémie nous incite à douter de l’expertise…

Un autre domaine doit nous inciter à la prudence : celui de l’éducation des enfants et des jeunes. Le standard 4G a permis un développement quasi universel de la téléphonie, en particulier chez les jeunes. La 5G - inutile d’en douter- rendra les enfants et adolescents (et sûrement un bon nombre d’adultes) encore plus addicts aux smartphone, tablette, ordinateur et autres consoles de jeux connectées.

La télévision, les jeux vidéo, l’usage incontrôlé des portables apprennent aux enfants à être violents et même à tuer. En 1992, déjà, une étude épidémiologique a montré, en comparant des pays et des régions ethniquement et démographiquement similaires, « une explosion de la violence sur les terrains de jeux des enfants là où la télévision est implantée depuis longtemps. Quinze ans plus tard le nombre de meurtres a doublé ». « Aux USA, à long terme l’exposition des enfants à la télévision est un facteur causal dans la moitié des homicides »3. À la même période, en 1993, le Pr Marcel Frydman, docteur en sciences psychopédagogiques de l’université de Mons en Belgique, assurait après avoir mené des études expérimentales sur de jeunes enfants : « (qu’) à partir du moment où on apprend à l’individu à analyser les documents [les images vues à la télévision], où on l’incite à être vigilant et à se poser des questions relatives à la rhétorique de l’image et aux techniques mises en jeu, le téléspectateur  a toutes les chances de contrôler le processus. » Il affirmait que « l'éducation aux médias est fondamentale et que l'école devrait en devenir le cadre privilégié ».4 A fortiori au XXIème siècle où presque tous les enfants disposent d’un téléphone portable ou d’une tablette, et s’ils n’en ont pas, ils y accèdent par camarades interposés !

Ne voit-on pas des mamans allaitant leur bébé en consultant leur portable ? Où est l’échange fondamental au plan affectif entre mère et enfant ? N’avez-vous jamais entendu des parents dire : « moi pour avoir la paix je donne une tablette à mes enfants ; pendant qu’ils regardent un film je suis tranquille. » C’est la porte ouverte à un usage immodéré du numérique. Très jeune l’enfant est confronté via les réseaux sociaux et autres, à la violence, à la pornographie, à la pédophilie, au harcèlement en ligne. Selon les psychologues : 1% seulement des adolescents sont capables de formuler un avis critique sur une information lue sur Internet.

Or, l’essentiel de l’éducation passe par l’exemple. Encore faut-il que les parents ne soient pas accrochés à leur téléphone et qu’ils prennent le temps de regarder – avec leurs enfants- ce qu’ils regardent, recherchent et diffusent sur le Net ; d’en discuter avec eux pour les aider - en toute sérénité- à discerner l’intérêt, le danger, les risques de tel ou tel contenu.

Dominique SOUPÉ

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1  Le 11 mai dernier, à l’Assemblée de Polynésie, la ministre en charge du Numérique Tea Frogier, répondant à une question orale d’Antonio Perez, indiquait : « les travaux d’affectation [des fréquences] sont en cours et ont intégré également l’extension de la délégation des fréquences 5G à la Nouvelle-Calédonie » et qu’« au 31 décembre 2019, aucun opérateur n’avait déposé d’autorisation d’utilisation de fréquences 5G, démontrant que le secteur n’est pas encore prêt pour un déploiement de ce type ».

2  Source ANFR : pour une antenne radio FM cette limite est de 28 V/m ; pour une antenne de téléphone elle varie entre 36 et 61 V/m ; pour la 5G la limite pourrait aller jusqu’à 87 V/m… [la limite autorisée pour un four microonde : 61 V/m]

3  Source : Journal of the American Medical association, 10 juin 1992 : jamanetwork.com/journals/jama/issue 267/22

4  Source : Marcel FRYDMAN, Télévision et violence. Bilan et réponses aux questions des parents et éducateurs, Charleroi, Editions Médicales et Paramédicales de Charleroi (EMPS) et Editions Médicales Internationales (EMIS), 1993, 142 pages.

© Paroisse de la Cathédrale – 2020


Regard sur l’actualité…

Quand les confirmands se livrent !


Voici venu (en décalé à cause de la pandémie de la Covid 19) pour nombre de communautés Chrétiennes le temps des Confirmations pour les jeunes (de 14 à 15 ans en général), mais également pour certains adultes ayant rejoint plus tardivement l’Église Catholique. À ceux et celles qui préparent cette démarche de foi, il est demandé de rédiger une lettre dans laquelle ils se présentent et expriment leurs projets de vie et leur désir d’être confirmés, en expliquant les raisons qui les motivent. Ces lettres sont adressées à l’évêque qui, après lecture, répond à chacun et chacune.

Ce qui est frappant dans les lettres des jeunes est de constater la place qu’ils accordent à la famille. Elle est perçue comme un lieu de première importance qui leur permet de se sentir aimés et protégés et donc de grandir humainement et affectivement. Elle inclut les parents, mais également les frères et sœurs, et parfois l’un ou l’autre Grands-parents ou oncle ou tante, parrain ou marraine. Cet attachement se retrouve dans le désir maintes fois exprimé de la part des jeunes de fonder plus tard leur propre famille. Mais dans le même temps, ces jeunes sont réalistes et mesurent les difficultés qu’ils rencontrent parfois dans leurs relations avec leurs parents : difficultés de communication, relations parfois orageuses, incompréhension… C’est pourtant là, dans leurs familles, qu’ils forgent leurs rêves d’avenir professionnel, et qu’ils enracinent leur désir de bien travailler à l’école pour ne pas décevoir leurs parents et faire en sorte qu’ils soient fiers d’eux !... façon délicate pour ces jeunes d’exprimer leur reconnaissance.

Pour prolonger ce constat, écoutons le Pape François qui, dans son exhortation apostolique « Amoris Laetitia » (« La joie de l’Amour »), écrit : « Nous devons nous féliciter du fait que la plupart des gens valorisent les relations familiales qui aspirent à durer dans le temps et qui assurent le respect de l’autre ». Pour aider à la valorisation de cet esprit de famille si important pour les jeunes, le Pape François ajoute : « C’est pourquoi on apprécie que l’Église offre des espaces d’accompagnement et d’assistance pour les questions liées à la croissance de l’amour, la résolution des conflits ou l’éducation des enfants. Beaucoup apprécient la force de la grâce qu’ils expérimentent dans la Réconciliation sacramentelle et dans l’Eucharistie… »

Plus profondément encore, certains dans leur lettre font état de leur désir de voir plus clair dans leur propre vie, de faire mûrir leur foi et ils attendent que l’Esprit Saint les aide à être plus proches de Jésus et de Dieu ; l’un d’eux écrit : « J’aimerais être ce que le Seigneur veut que je sois ! ». Ces jeunes font souvent preuve d’une grande honnêteté vis-à-vis d’eux-mêmes. Ils ne sont pas naïfs ! Écoutons-les : « Pas facile de mener une vie Chrétienne » ; « J’ai peur de prier en public » ; « Parfois, j’ai la haine ! » ; « Parfois, je doute, je perds la foi » ; « Je ne pense pas à Jésus » ; « Les non-croyants essaient de me faire arrêter de croire » ; la question de la mort vient parfois les tourmenter lorsqu’ils sont confrontés au départ de ceux qu’ils aiment et qui ont compté dans leur vie affective : « Je me demande si un jour, je reverrai (tel membre de ma famille) qui est décédé ! »

Un certain nombre d’entre ces jeunes font aussi part dans leurs lettres de leur désir de servir l’Eglise, en devenant aides-catéchistes, ou en intégrant le groupe de jeunes de leur paroisse. Il n’est pas rare de trouver comme motivation à recevoir l’Esprit Saint le désir de devenir meilleurs et d’apporter plus de joie et de bonheur autour d’eux. Certains concluent leur lettre par une prière qui nous livre le trésor qui se cache au meilleur d’eux-mêmes : « Esprit Saint, aide-moi à pardonner et à aimer, à obéir et à offrir » ; « Jésus, sache que je t’aime du plus profond de mon cœur » ; « Mon Dieu, guidez-moi et faites que je puisse ouvrir mon cœur » ; « J’aime l’Église ».

Parents, adultes, croyants, saurons-nous être suffisamment à leur écoute pour les aider à ouvrir leur cœur à la confiance et à la puissance de l’Esprit et faire surgir ainsi comme d’une source ce qu’il y a de meilleur en eux-mêmes ?

+Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete – 2020


Audience générale

Guérir le monde : l’espérance d’un remède au virus socio-économiques

Le cycle des catéchèses du Pape François sur l’attitude que les chrétiens doivent adopter dans un monde (post-)pandémique, intitulé  « Guérir le monde », s’est achevé avec l’audience générale de ce mercredi 30 septembre.


Chers frères et sœurs, bonjour !

Ces dernières semaines, nous avons réfléchi ensemble, à la lumière de l'Évangile, sur la façon de guérir le monde qui souffre d'un malaise que la pandémie a souligné et accentué. Il y avait un malaise : la pandémie l'a souligné davantage, l'a accentué. Nous avons parcouru les voies de la dignité, de la solidarité et de la subsidiarité, des voies indispensables pour promouvoir la dignité humaine et le bien commun. Et en tant que disciples de Jésus, nous nous sommes proposés de suivre ses pas en optant pour les pauvres, en repensant l'usage des biens et en prenant soin de la maison commune. Au milieu de la pandémie qui nous frappe, nous nous sommes ancrés aux principes de la doctrine sociale de l'Église, en nous laissant guider par la foi, par l'espérance et par la charité. Nous avons trouvé là une aide solide pour être des agents de transformation qui rêvent en grand, qui ne s'arrêtent pas aux mesquineries qui divisent et blessent, mais qui encouragent à engendrer un monde nouveau et meilleur.

Je voudrais que ce chemin ne finisse pas avec mes catéchèses, mais que nous puissions continuer à avancer ensemble, « en gardant le regard fixé sur Jésus » (He 12,2), comme nous avons entendu au début ; le regard sur Jésus qui sauve et guérit le monde. Comme nous le montre l'Évangile, Jésus a guéri des malades de tous les types (cf. Mt 9,35), il a rendu la vue aux aveugles, la parole aux muets, l’ouïe aux sourds. Et quand il guérissait les maladies et les infirmités physiques, il guérissait aussi l'esprit en pardonnant les péchés, parce que Jésus pardonne toujours, ainsi que les “douleur sociales” en incluant les exclus (cf. Catéchisme de l'Église catholique, n.1421). Jésus, qui renouvelle et réconcilie chaque créature (cf. 2 Co 5,17 ; Col 1,19-20), nous offre les dons nécessaires pour aimer et guérir comme Il savait le faire (cf. Lc 10,1-9 ; Jn 15,9-17), pour prendre soin de tous sans distinctions de race, de langue ou de nation.

Afin que cela arrive réellement, nous avons besoin de contempler et d'apprécier la beauté de chaque être humain et de chaque créature. Nous avons été conçus dans le cœur de Dieu (cf. Ep 1,3-5). « Chacun de nous est le fruit d'une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun de nous est aimé, chacun est nécessaire » (Benoît XVI, Homélie pour le début du ministère pétrinien 24 avril 2005); cf. Enc. Laudato si’, n.65). En outre, chaque créature a quelque chose à nous dire du Dieu créateur (cf. Enc. Laudato si’, nn. 69. 239). Reconnaître cette vérité et rendre grâce pour les liens intimes de communion universelle avec toutes les personnes et avec toute les créatures, met en œuvre « une protection généreuse et pleine de tendresse » (ibid., n.220). Et nous aide également à reconnaître le Christ présent dans nos frères et sœurs pauvres et qui souffrent, à les rencontrer et à écouter leur cri et le cri de la terre qui s'en fait l'écho (cf. ibid., n.49).

Intérieurement mobilisés par ces cris qui réclament que nous prenions une autre route (cf. ibid., n.53), qui réclament que nous changions, nous pourrons contribuer à la guérison des relations avec nos dons et nos capacités (cf. ibid., n.19). Nous pourrons régénérer la société et ne pas revenir à la soi-disant “normalité”, qui est une normalité malade, et d'ailleurs malade depuis même avant la pandémie : la pandémie l'a soulignée ! « À présent revenons à la normalité » : non, cela ne va pas, car cette normalité était malade d'injustices, d'inégalités et de dégradation environnementale. La normalité à laquelle nous sommes appelés est celle du Royaume de Dieu, où « les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont guéris et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres » (Mt 11,5). Et que personne ne fasse l'innocent en regardant d'un autre côté. C'est ce que nous devons faire, pour changer. Dans la normalité du Royaume de Dieu, le pain arrive à tous et il en reste, l’organisation sociale se base sur la contribution, le partage et la distribution, pas sur la possession, l'exclusion et l'accumulation (cf. Mt 14,13-21). Le geste qui fait avancer une société, une famille, un quartier, une ville, tout le monde, est celui de se donner, de donner ; ce n'est pas faire l'aumône, mais c'est une manière de se donner qui vient du cœur. Un geste qui éloigne l'égoïsme et l'angoisse de posséder. Mais la manière chrétienne de faire cela n'est pas une manière mécanique : c'est une manière humaine. Nous ne pourrons jamais sortir de la crise que la pandémie a soulignée, mécaniquement, avec de nouveaux instruments – qui sont très importants, qui nous font aller de l'avant et dont il ne faut pas avoir peur –en sachant que pas même les moyens les plus sophistiqués pourront faire beaucoup de choses, mais il y a une chose qu’ils ne pourront pas faire : donner de la tendresse. Et la tendresse est le signal propre de la présence de Jésus. Cette manière de s'approcher de son prochain pour marcher, pour guérir, pour aider, pour se sacrifier pour l'autre.

Cette normalité du Royaume de Dieu est donc importante : que le pain arrive à tous, que l'organisation sociale se base sur la contribution, le partage, la distribution, avec tendresse, pas sur la possession, l'exclusion et l'accumulation. Car à la fin de notre vie nous n'emporterons rien dans l'autre vie !

Un petit virus continue à causer des blessures profondes et démasque nos vulnérabilités physiques, sociales et spirituelles. Il a mis à nu la grande inégalité qui règne dans le monde : l'inégalité des opportunités, des biens, de l'accès à la santé, à la technologie, à l'éducation : des millions d'enfants ne peuvent pas aller à l'école, et la liste continue ainsi. Ces injustices ne sont pas naturelles ni inévitables. Elles sont l'œuvre de l'homme, elles proviennent d'un modèle de croissance détaché des valeurs plus profondes. Le gaspillage des restes d'un repas : avec ce gaspillage on peut donner à manger à tous. Et cela a fait perdre l'espérance à de nombreuses personnes et a augmenté l’incertitude et l'angoisse. C'est pourquoi, pour sortir de la pandémie, nous devons trouver le remède non seulement pour le coronavirus – qui est important ! – mais également pour les grands virus humains et socio-économiques. Il ne faut pas les cacher, en passant un coup de peinture pour qu'ils ne se voient pas. Et assurément nous ne pouvons pas nous attendre à ce que le modèle économique qui est à la base d'un développement inique et non durable résolve nos problèmes. Il ne l'a pas fait et il ne le fera pas, parce qu'il ne peut pas le faire, même si certains faux prophètes continuent à promettre “l’effet en cascade” qui n'arrive jamais (“Trickle-down effect” en anglais, “derrame” en espagnol ; cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n.54). Peut-être avez-vous entendu parler du théorème du verre : l'important est que le verre se remplisse et ainsi le contenu se répand sur les pauvres et sur les autres, et ils reçoivent des richesses. Mais il se produit un phénomène : le verre commence à se remplir et quand il est presque plein, il grandit, il grandit et grandit encore, et la cascade n'a jamais lieu. Il faut faire attention.

Nous devons nous mettre à travailler urgemment pour générer de bonnes politiques, définir des systèmes d'organisation sociale où soient récompensés la participation, le soin et la générosité, plutôt que l'indifférence, l'exploitation et les intérêts particuliers. Nous devons avancer avec tendresse. Une société solidaire et équitable est une société plus saine. Une société participative – où les “derniers” sont tenus en considération comme les “premiers” – renforce la communion. Une société où l'on respecte la diversité est beaucoup plus résistante à tout type de virus.

Plaçons ce chemin de guérison sous la protection de la Vierge Marie, Mère de la Santé. Que Celle qui porta Jésus dans son sein nous aide à être confiants. Animés par l'Esprit Saint, nous pourrons travailler ensemble pour le Royaume de Dieu que le Christ a inauguré dans ce monde, en venant parmi nous. C'est un Royaume de lumière au milieu de l'obscurité, de justice au milieu des nombreux outrages, de joie au milieu des multiples douleurs, de guérison et de salut au milieu des maladies et de la mort, de tendresse au milieu de la haine. Que Dieu nous accorde de “viraliser” l’amour et de mondialiser l'espérance à la lumière de la foi.

© Libreria Editrice Vaticana – 2020


E-prière

Rosaire Crise et Santé

« En ce début du mois d’octobre, le mois de Marie, un nouveau rosaire présenté sous forme d’e-book est sorti afin d’aider à prier en ces temps de pandémie et de maladie. Le contenu est maintenant gratuitement disponible sur Amazon Kindle, Google Play Books, entre autres sites », annonce ce communiqué.


En la fête de la sainte Thérèse de Lisieux, sainte patronne des missions, un nouveau rosaire est sorti, invitant le monde entier à prier pour ceux qui ont été touchés par le coronavirus et par tout autre type de maladie. Appelé le Rosaire Crise et Santé, il s’agit d’un e-book dont le contenu a été écrit par la Commission COVID-19 du Vatican. Le 7 octobre, fête de Notre-Dame du Rosaire, le rosaire sera également disponible sous forme d’audioguide sur Click To Pray eRosary, l’application gratuite qui vous accompagne dans cette prière mariale, dont le contenu a été créé par le Réseau Mondial de Prière du Pape et développé par GTI.

Pourquoi prier le rosaire en temps de pandémie ?

Depuis l’émergence de la COVID-19 dans le monde début 2020, de nombreux pays ont grandement souffert. Non seulement à cause de la crise sanitaire et des innombrables vies perdues, mais aussi à cause des conséquences socio-économiques qui se font encore sentir dans le monde entier. Dès le début, le Pape François a insisté sur la nécessité de prier en cette période difficile. Le 30 mai, il a exhorté l’humanité à prier pour obtenir l’aide divine pendant la pandémie de coronavirus et a récité le rosaire depuis la grotte de Lourdes dans les jardins du Vatican. Il était accompagné d’un médecin, d’une infirmière, d’un patient guéri et d’une personne qui avait perdu un membre de sa famille à cause de la COVID-19 :


« Dans la présente situation dramatique, chargée de souffrances et d’angoisses qui frappent le monde entier, nous recourons à Toi, Mère de Dieu et notre Mère, et nous cherchons refuge sous ta protection. »

PAPE FRANÇOIS

Le rosaire en temps de pandémie

Dans l’ère numérique dans laquelle nous vivons, ce nouvel e-book vise à aider les fidèles à recourir à Marie, notre Mère, et à contempler chaque mystère de l’Évangile à la lumière de la crise mondiale générée par la COVID-19 et des scénarios dramatiques qui se profilent.

Ainsi, dans cet e-book Rosaire Crise et Santé, les lecteurs trouveront de vrais témoignages de personnes touchées, de différentes façons, par la pandémie. Les écrivains, membres de la Commission COVID-19 du Vatican, ont tâché de guider la prière en associant des histoires douloureuses et déchirantes de personnes du monde entier à la contemplation des différents mystères du rosaire.

En priant, le lecteur découvrira des histoires personnelles et émouvantes : par exemple, l’histoire de Juan, qui a perdu son emploi lors de la deuxième semaine de la crise du coronavirus. C’était la troisième fois en moins d’un an qu’il se retrouvait sans rien, et il n’arrivait pas à accepter la situation. Il n’avait pas le moral et était de plus en plus déprimé. Sa femme l’a soutenu dans cette épreuve et lui a plusieurs fois répété qu’elle avait confiance en lui et qu’elle était fière de sa persévérance. En attendant qu’il trouve quelque chose, ils ont tous les deux, vécu sur son modeste salaire. Elle ne l’a pas laissé tomber et est le moteur qui lui permet de garder confiance en lui. Avec cette expérience, on peut se demander : Ai-je déjà ressenti la force du Christ dans ma faiblesse ? Que m’a-t’il promis au cours de ma vie ? Est-ce que je fais mémoire de ses promesses durant mes moments d’obscurité ?

Le Père Augusto Zampini, secrétaire-adjoint du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral et un des coordinateurs de la Commission COVID-19, ont déclaré : « Nous vivons des moments de souffrance, de division et d’incertitude. Mais en même temps, cette période de défis est l’opportunité de changer et de préparer un avenir plus sain. Le regard tourné vers le Christ, en contemplant les mystères lumineux, douloureux, joyeux et glorieux de Sa vie, nous pouvons voir l’espérance du Royaume de Dieu qui nous ouvre de nouveaux horizons. Accompagnés par la Vierge Marie, qui savait comment garder les choses dans son cœur en peine, réunissons-nous pour prier tout en œuvrant pour le bien-être de tous, des institutions et de la planète. »

Comment accéder au nouveau rosaire e-book

Depuis le 30 septembre, le Rosaire Crise et Santé est disponible en téléchargement sur les sites suivants :

Google Play Books
Amazon Kindle
Le site du Réseau Mondial de Prière du Pape
Le site du Dicastère pour le service du Développement Humain Intégral
Click To Pray eRosary
Cet e-book est entièrement gratuit et peut être partagé, imprimé et distribué comme bon vous semble.

De même, pour ceux qui préfèrent écouter chaque mystère en priant, le Rosaire Crise et Santé sera également disponible sur le Click To Pray eRosaire, sur iOS et Android. Cette application gratuite, dont le contenu a été créé par le Réseau Mondial de Prière du Pape et développé par GTI, apprend à prier le rosaire. Le 7 octobre, l’application proposera un nouveau Rosaire Crise et Santé (un rosaire standard est également disponible). Un audioguide guide l’utilisateur à travers les mystères et l’aide à contempler l’Évangile en écoutant les témoignages des personnes touchées par la pandémie. Une musique de fond et un contenu spécial sont également disponibles pour aider à entrer en profondeur dans la contemplation.

Le Père Frédéric Fornos SJ, directeur international du Réseau Mondial de Prière du Pape a déclaré : « Je suis très heureux que la Commission du Vatican COVID-19 ait pu participer à la création de ce Rosaire. L’action commune de l’Église face à cette pandémie trouve sa source dans la prière, au service de la mission du Christ. Ce nouveau Chapelet peut aider beaucoup de gens en ces moments de crise car Marie, notre Mère, est une alliée puissante pour regarder avec espérance le temps qui vient. »

À propos de Click To Pray eRosary

Click To Pray eRosary est un rosaire numérique gratuit qui apprend à prier le rosaire pour la paix dans le monde. L’application répond à la demande du Saint-Père d’aider les jeunes à prier pour un monde en grande souffrance en raison des nombreux conflits, des divisions et de la violence. En tant que proposition pédagogique pour apprendre à prier le rosaire, elle vise à toucher des personnes de tout âge, en particulier les jeunes qui évoluent principalement dans des environnements numériques. L’initiative vient du Réseau Mondial de Prière du Pape et l’application a été développée par GTI.

À propos du Réseau Mondial de Prière du Pape

Le Réseau Mondial de Prière du Pape est une œuvre pontificale dont la mission est de mobiliser les catholiques par la prière et l’action face aux défis de l’humanité et de la mission de l’Église. Ces défis se présentent sous la forme d’intentions de prière confiées par le Pape à toute l’Église. Sa mission s’inscrit dans la spiritualité du Cœur de Jésus, c’est une mission de compassion pour le monde. Ce réseau a été fondé en 1844 en tant qu’Apostolat de la Prière. Il est aujourd’hui présent dans 98 pays et compte plus de 35 millions de catholiques. Il comprend une branche “jeunes”, le MEJ – Mouvement Eucharistique des Jeunes. En mars 2018, le Pape a établi ce service ecclésial en tant qu’œuvre pontificale et approuvé ses nouveaux statuts. Son directeur international est le P. Frédéric Fornos, SJ. Pour plus d’informations : popesprayer.va/fr/

À propos de la Commission COVID-19 du Vatican

La Commission COVID-19 du Vatican est un groupe de travail du Dicastère pour le service du développement humain intégral, qui collabore avec d’autres dicastères de la curie romaine et d’autres organisations, dont le but est d’exprimer la sollicitude de l’Église à l’égard de l’humanité confrontée à la pandémie de COVID-19, à l’aide d’analyses, de réflexions sur le nouveau futur socio-économique et culturel, et des propositions pour l’affronter. À la demande du Pape François en personne, la Commission porte les préoccupations du Saint-Père à travers les actions de cinq groupes de travail : agir maintenant pour l’avenir ; réfléchir à l’avenir avec créativité ; communiquer de l’espérance ; chercher le dialogue et la réflexion commune ; soutenir pour protéger.

À propos du Dicastère pour le service du développement humain intégral

Le Dicastère pour le service du développement humain intégral, établi par le Pape François en 2016, révèle l’inquiétude du Saint-Siège concernant la justice et la paix, ainsi que les questions liées à l’émigration, à la santé, aux œuvres de charité et à la sauvegarde de la création. Le dicastère promeut le développement humain intégral à la lumière de l’Évangile et dans le sillon de la doctrine sociale de l’Église. Dans ce but, il entretient des relations avec les Conférences épiscopales, en offrant sa collaboration afin que les valeurs concernant la justice, la paix et la sauvegarde de la création soient promues. Il exprime aussi la sollicitude du Saint-Père à l’égard de l’humanité qui souffre, dont les nécessiteux, les malades et les exclus, et accorde une attention particulière aux besoins et aux problèmes de ceux qui sont contraints d’abandonner leur patrie ou en sont privés, des marginaux, des victimes des conflits armés et des catastrophes naturelles, des prisonniers, des chômeurs, des victimes des formes contemporaines d’esclavage et de torture, et de toutes les personnes dont la dignité est en danger.

À propos du Dicastère pour la communication

Le Dicastère pour la communication, institué par le Pape François en 2015, est chargé de répondre au contexte actuel de la communication, caractérisé par la présence et l’évolution des médias numériques et par des facteurs de convergence et d’interactivité. Le dicastère exerce une autorité sur tous les bureaux de communication du Saint-Siège et de la Cité du Vatican.

À propos de GTI

Fondée en 2018, GadgeTek Inc. (GTI) se consacre à la fourniture de gadgets intelligents qui améliorent la qualité de vie. GTI, dont le siège social est situé à Taiwan, est dérivée d’Acer Inc., une des plus grandes compagnies TIC au monde, et est maintenant présente sur cinq continents dans le monde. De l’apport de la technologie dans les groupes religieux, en passant par la création d’appareils ingénieux qui contrôlent la qualité de l’air et donnent l’alerte, jusqu’à la réinvention du siège de gaming, GTI propose des idées audacieuses et crée des produits incroyables qui répondent aux besoins des utilisateurs.

© Zenit – 2020

Éthique économique

Le bilan financier du saint Siège : un budget de mission pour l’Église

«« Les fidèles ont le droit de savoir comment sont utilisées les ressources ». Dans une interview à Vatican News, le père Juan Antonio Guerrero Alves préfet pour l’économie du Saint-Siège présente avec transparence le bilan consolidé de la Curie romaine pour l'année 2019. Au-delà des chiffres, il s'agit d'un « budget de mission » explique t-il.
 
 Il y a d’abord les chiffres, en 2019, 54 % des ressources de la Curie proviennent du patrimoine, pour un montant de 164 millions d’euros. L'activité commerciale (visites des catacombes, les productions vendues par le Dicastère pour la Communication, la maison d’édition du Vatican, etc...) et les services (comme les frais de scolarité des universités pontificales) représentent 14 % du budget, soit 44 millions d'euros. Les dons des diocèses et des fidèles du monde entier s’élèvent quant à eux à 56 millions d’euros, soit 18 % du budget total. Concernant les dépenses, 18 millions d'euros se répartissent en taxes et 25 millions d'euros ont été utilisés pour l'entretien des bâtiments.
 

En présentant ces chiffres, le père Guerrero insiste sur la nécessaire transparence, selon l’exigence du Pape François rappelant les réformes engagées en matière financières ces derniers mois, comme l’adoption récente d’un code des marchés publics. Un budget qui est conçu comme une « mission » : « nous voulons que le budget explique comment le Saint-Siège utilise ses ressources pour remplir sa mission, son service à la mission du Saint-Père » explique le préfet pour l’Économie, rappelant que le Saint-Siège ne fonctionne pas comme une société ou un État, qu’il ne recherche pas les profits ou les excédents.

Transmettre le message de l’Évangile

La mission du Saint-Siège et de la Curie romaine, n'est pas seulement la charité du Pape, entendue comme une sorte d'ONG, précise le père Guerrero mais bien d'aider à porter le message de l'Évangile jusqu'aux extrémités de la terre, en aidant ceux qui sont dans le besoin, en travaillant pour le bien de l'humanité, ou en soutenant les Églises locales en difficulté. Et pour cela, toutes ces ressources sont nécessaires. « Publier un quotidien comme "L'Osservatore Romano", diffuser 24 heures sur 24 en 40 langues, comme le font Radio Vatican et Vatican Media, générer des nouvelles et les expliquer comme le fait Vatican News, en dépensant 45 millions d’euros, je n'ai trouvé aucune comparaison dans le monde de la communication » explique encore le préfet pour l’Économie.

« Beaucoup avec peu »

En 2019, le déficit du Saint-Siège s’élevait à 11 millions d’euros selon le préfet, en net recul par rapport aux 75 millions d’euros de 2018. « Il me semble que le Saint-Siège fait beaucoup avec peu, grâce à de nombreuses personnes qui travaillent avec une énorme générosité » relève par ailleurs le père Guerrero, précisant que « s’il y a des améliorations à apporter dans de nombreux domaines, il faut aussi souligner qu'il y a beaucoup de choses bien faites. »

Le jésuite espagnol revient aussi sur le chantier en cours qui concerne la centralisation des investissements du Saint-Siège, pilotée par le cardinal Marx, nommé en 2014 coordinateur du Conseil pour l'économie par le Pape François. « La centralisation permettra sans aucun doute une plus grande transparence et un contrôle plus précis, ainsi que la possibilité d'investir de manière unitaire, en suivant la doctrine sociale de l'Église, avec des critères éthiques, durables, de bonne gouvernance et professionnels » explique le préfet.

Accélérer dans les réformes

Interrogé sur les récents scandales financiers qui concernent la mauvaise gestion de fonds du Vatican, le père Guerrero explique qu'il est possible « que, dans certains cas, le Saint-Siège ait été non seulement mal conseillé mais aussi trompé ». « Je pense que nous apprenons des erreurs ou des imprudences du passé » affirme t’il néanmoins, insistant sur la nécessité d’accélérer les réformes en matière de transparence financière. Une nouveauté est aussi la grande collaboration entre les différents services de la Secrétairerie d’État, l’APSA (l’Administration du patrimoine du Siège Apostolique) et du Secrétariat pour l’Économie. Les erreurs sont moins nombreuses note t’il « lorsque nous travaillons ensemble et que nous agissons avec compétence, transparence et confiance entre nous ».

Concernant enfin les suspicions que des fonds alloués aux œuvres de charité du Pape (le Denier de Saint-Pierre) aient pu être utilisés pour une opération immobilière opaque à Londres, le préfet pour l’Économie explique comprendre le trouble que cela ait pu susciter chez de nombreux fidèles, mais rappelle ainsi l’importance de la clarté et de la transparence. « Notre devoir est de gérer leur don avec l'honnêteté, la prudence et la prévoyance du bon père de famille » conclut-il.

Olivier Bonnel - Cité du Vatican
© Radio Vatican – 2020

Éthique sociale

Les plus précaires, victimes de discriminations dans l’accès aux soins

Un peu plus de 10 % des médecins spécialistes refusent de recevoir les personnes couvertes par les aides sociales à la complémentaire santé. Une discrimination mise en lumière par une opération de testing auprès de 1 500 cabinets médicaux.

En France, 9 % des dentistes, 11 % des gynécologues et 15 % des psychiatres ont refusé de recevoir dans leur cabinet des patientes couvertes par une couverture santé complémentaire (souvent appelée « mutuelle ») destinée aux plus modestes en raison de leurs faibles ressources1, selon un testing mené par le Défenseur des droits auprès de 1 500 cabinets médicaux en 20192. Le testing est une opération qui consiste à envoyer des demandes en tous points similaires sauf, ici, le fait d’avoir une couverture complémentaire sous condition de ressources. Pour l’ensemble des cas, le taux de discrimination atteint 12 %.

Lors de cette opération, des patientes fictives ont tenté d’obtenir par téléphone un rendez-vous pour un motif médical non urgent. Il ne s’agissait que de femmes pour éviter de créer un biais lié au genre et pour tester les pratiques des gynécologues en particulier. Résultat : les patientes disposant d’une complémentaire santé solidaire en raison de leurs faibles ressources se voient refuser un rendez-vous dans 42 % des cas, contre 30 % des patientes du « profil de référence ». On estime donc que dans 12 % des cas (42 % - 30 %) il existe une forme de discrimination, exprimée explicitement ou par des prétextes fallacieux.

La discrimination liée au niveau de ressources est environ deux fois plus fréquente chez les médecins spécialistes qui pratiquent des honoraires libres que chez ceux qui appliquent le tarif conventionné de la Sécurité sociale. Les médecins qui facturent habituellement des dépassements d’honoraires n’ont pas le droit de le faire pour les patients précaires : ils gagnent donc moins à recevoir une patiente qui dispose d’une couverture complémentaire solidaire, d’où une partie des refus.

Le refus de donner un rendez-vous à des patientes modestes est aussi le fait d’une petite minorité de spécialistes du secteur conventionné qui ne pratiquent pas de dépassements d’honoraires, et donc pour qui le tarif de l’acte compte moins. On peut supposer qu’ils agissent ainsi en raison de préjugés, ou encore parce qu’ils estiment que leurs patients habituels pourraient être gênés par un public qu’ils n’ont pas l’habitude de côtoyer. Il est possible aussi qu’ils ne souhaitent pas entreprendre les démarches administratives pour obtenir le versement de leurs honoraires par la Sécurité sociale.

« Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera ». Il faut remarquer que 90 % des médecins respectent ce serment d’Hippocrate. Reste une minorité qui, quelles que soient ses motivations, y contrevient. Ce qui a des conséquences directes pour les populations les plus modestes en matière d’égalité d’accès aux soins.

1  Par exemple, la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), remplacée depuis 2019 par la complémentaire santé solidaire.

2  Les refus de soins discriminatoires liés à l’origine et à la vulnérabilité économique, Défenseur des Droits, octobre 2019.

© Observatoire des inégalités – 2020

Commentaire
 


Chers frères et sœurs, bonjour !

La liturgie de ce dimanche nous propose la parabole des vignerons auxquels le propriétaire confie la vigne qu’il a plantée et puis il s’en va (cf. Mt 21,33-43). Ainsi, la loyauté de ces vignerons est mise à l’épreuve : la vigne leur est confiée, ils doivent la garder, la faire fructifier et remettre la récolte au propriétaire. Une fois arrivé le temps de la vendange, le propriétaire envoie ses serviteurs recueillir les fruits. Mais les vignerons adoptent une attitude possessive : ils ne se considèrent pas comme de simples gérants, mais comme des propriétaires et ils refusent de remettre la récolte. Ils maltraitent les serviteurs au point de les tuer. Le propriétaire se montre patient envers eux : il envoie d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers, mais le résultat est le même. À la fin, avec sa patience, il décide d’envoyer son propre fils, mais ces vignerons, prisonniers de leur comportement possessif, tuent également le fils, en pensant qu’ainsi, ils auraient eu l’héritage.

Ce récit illustre de façon allégorique les reproches que les prophètes avaient faits à propos de l’histoire d’Israël. C’est une histoire qui nous appartient : on y parle de l’alliance que Dieu a voulu établir avec l’humanité et à laquelle il nous a appelés nous aussi à participer. Mais cette histoire d’alliance, comme toute histoire d’amour, connaît ses moments positifs, mais elle est marquée également par des trahisons et des refus. Pour faire comprendre comment Dieu le Père répond aux refus opposés à son amour et à sa proposition d’alliance, le passage évangélique place sur les lèvres du propriétaire de la vigne une question : « Lors donc que viendra le maître de la vigne, que fera-t-il à ces vignerons-là ? » (v.40). Cette question souligne que la déception de Dieu face au mauvais comportement des hommes n’est pas le dernier mot ! Telle est la grande nouveauté du christianisme : un Dieu qui, même déçu par nos erreurs et par nos péchés, ne manque pas à sa parole, ne se ferme pas, et surtout ne se venge pas !

Frères et sœurs, Dieu ne se venge pas ! Dieu aime, il ne se venge pas, il nous attend pour nous pardonner, nous embrasser. A travers les « pierres rejetées » — et le Christ est la première pierre que les constructeurs ont rejetée —, à travers des situations de faiblesse et de péché, Dieu continue à mettre en circulation « le vin nouveau » de sa vigne, c’est-à-dire la miséricorde ; voilà le vin nouveau de la vigne du Seigneur: la miséricorde. Il n’y a qu’un obstacle face à la volonté tenace et tendre de Dieu : notre arrogance et notre présomption, qui devient parfois également de la violence ! Face à ces attitudes et là où l’on ne porte pas de fruit, la Parole de Dieu conserve toute sa force de reproche et d’avertissement : « Le Royaume de Dieu vous sera retiré pour être confié à un peuple qui lui fera produire ses fruits » (v.43).

L’urgence de répondre avec des fruits de bien à l’appel du Seigneur, qui nous appelle à devenir sa vigne, nous aide à comprendre ce qu’il y a de nouveau et d’original dans la foi chrétienne. Elle n’est pas tant une somme de préceptes et de normes morales, mais elle est avant tout une proposition d’amour que Dieu, à travers Jésus, a faite et continue de faire à l’humanité. C’est une invitation à entrer dans cette histoire d’amour, en devenant une vigne vivace et ouverte, riche de fruits et d’espérance pour tous. Une vigne fermée peut devenir sauvage et produire des raisins sauvages. Nous sommes appelés à sortir de la vigne pour nous mettre au service de nos frères qui ne sont pas avec nous, pour nous secouer mutuellement et nous encourager, pour nous rappeler que nous devons être la vigne du Seigneur dans tous les milieux, même les plus éloignés et les plus défavorisés.

Chers frères et sœurs, invoquons l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie afin qu’elle nous aide à être partout, spécialement dans les périphéries de la société, la vigne que le Seigneur a plantée pour le bien de tous et à apporter le vin nouveau de la miséricorde du Seigneur.

© Libreria Editrice Vaticana – 2014