Pko 03.05.2020

Eglise cath papeete 1

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°20/2020

Dimanche 3 mai 2020 – 4ème Dimanche de Pâques – Année A

Humeurs…

« Je l’aime beaucoup, on l’aime beaucoup… »

Monsieur le Ministre du Logement et Messieurs les membres du Gouvernement, nous avons été profondément touché et ému par votre déclaration lors de votre conférence de presse : “Comment venir en aide aux plus démunis durant le confinement ?” : « Père Christophe… je l’aime beaucoup, on l’aime beaucoup, on aime ce qu’il fait, on aime ce qu’il fait sur le terrain, alors travaillons ensemble pour aider… il faut les accompagner et non pas s’opposer… »

Ça tombe bien, Monsieur le Ministre, et porte-parole du Gouvernement. Cela vous a probablement échappé, mais vos fonctions sont très accaparantes, et nous le comprenons… mais nous sommes à la recherche d’un terrain depuis deux ans pour la construction de l’Accueil Te Vai-ete ‘api et nous avons sollicité le Pays. Je suis sûr, qu’après une telle déclaration d’amour, vous saurez rapidement nous proposer un terrain adapté à nos actions !!!

Merci, Merci, Merci !

Laissez-moi vous dire…

Dimanche 3 mai : 57ème Journée mondiale de Prière pour les Vocations

Un de tes enfants voudrait devenir prêtre ou religieux ou religieuse

Ce dimanche nous prions -entre autres- pour les Vocations religieuses et sacerdotales.

Deux souvenirs me reviennent à l’esprit. Le premier, celui d’un de nos petits-enfants, un jour que mon épouse et moi priions avec lui pour les prêtres que nous connaissons, il s’arrête et dit : « Moi je voudrais être boulanger-pâtissier, mais aussi prêtre. Est-ce possible d’être prêtre et pâtissier en même temps ? »

Le second, celui d’une discussion avec un jeune adulte converti, il me dit : « Tu sais, maintenant que j’ai retrouvé la foi, je me sens appelé à devenir diacre, parce que ça me plait bien de rendre service ».

Il vous est sans doute arrivé de vous interroger sur votre vocation personnelle de chrétien, sur celle de vos enfants et petits-enfants. Beaucoup de parents chrétiens prient pour les vocations sacerdotales et religieuses, mais -paradoxe- peu envisagent qu’un de leurs enfants choisisse cette voie. Que répondez-vous à un enfant, un jeune homme ou une jeune fille qui envisage la possibilité de devenir prêtre ou religieux ou religieuse ?

Pourtant, nous n’avons aucune crainte à avoir, si l’appel à la vocation vient de Dieu, Celui-ci fortifiera et soutiendra celui ou celle qu’Il appelle. Notre réponse ne doit surtout pas faire obstacle à l’appel du Seigneur ; mais au contraire, elle doit être encourageante et porter au discernement. En tant que chrétiens nous devrions nous réjouir qu’un de nos proches envisage cet état de vie. Le chemin est long pour arriver à la prêtrise ou à la vie religieuse, et les étapes de discernement sont nombreuses. Dans l’histoire de l’Église nous connaissons de nombreux prêtres, religieux, religieuses qui ont perçu l’appel de Dieu dans des conditions parfois incroyables. L’important est de prier pour celui ou celle qui nous a confié son interrogation ; l’inviter également à prier, à se renseigner, à s’interroger sur les raisons profondes de cette interrogation, à rencontrer des personnes de confiance pour l’aider au discernement. Le comportement scandaleux de certains prêtres ou religieux ou religieuses ne doit nullement faire écran à la vocation sacerdotale ou religieuse ; c’est un appel à davantage de vigilance et de discernement.

Nous savons toutes et tous que la vie humaine n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Que ce soit le célibat, le mariage, la vie sacerdotale ou religieuse, aucun état de vie n’échappe au discernement, à l’effort, à des renoncements. L’important est que chacun(e) puisse embrasser un choix de vie épanouissante ; une fois ce choix réalisé, ne pas regarder en arrière, ne rien regretter, prendre les moyens pour parvenir à cet épanouissement !

Dans son message pour cette journée de prière le Pape François nous lance une invitation très claire, « sans langue de bois » et « sans masque »(!) : « Chers frères et sœurs, spécialement en cette Journée, mais aussi dans l’action pastorale ordinaire de nos communautés, je désire que l’Église parcoure ce chemin au service des vocations, en ouvrant des brèches dans le cœur de chaque fidèle, pour que chacun puisse découvrir avec gratitude l’appel que Dieu lui adresse, trouver le courage de dire "oui", vaincre la fatigue dans la foi au Christ et, enfin, offrir sa vie comme un cantique de louange pour Dieu, pour les frères et pour le monde entier. Que la Vierge Marie nous accompagne et intercède pour nous. » [Pape François, Message pour la 57ème journée mondiale de prière pour les vocations]

Dominique SOUPÉ

© Cathédrale de Papeete – 2020

Décret épiscopal Covid-19 n°4

Eucharistie – Pour les communautés paroissiales de Tahiti et Moorea

Mercredi 29 avril, Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU, archevêque de Papeete a adressé un courrier à tous les prêtres, diacres et responsables de paroisse pour leur présenter le décret n°4 sur les nouvelles normes concernant la célébration de l'Eucharistie dans les paroisses de Tahiti et Moorea en cette période de Covid-19 et de déconfinement.

Papeete, le 29 Avril 2020

Chers Frères dans le Christ,

Lundi dernier, Mr le Haut-Commissaire a annoncé quelques mesures visant non pas à supprimer mais à alléger le confinement sur les îles de TAHITI et MOOREA. Suite à une certaine « confusion » dans la compréhension de l'une ou l'autre de ces mesures, je me suis à nouveau personnellement adressé à lui hier mardi pour lever l'ambiguïté concernant le nombre de personnes admises pour les offices et messes. Sa réponse a été on ne peut plus claire :

-  Pour les églises offrant plus de 100 places, pas plus de 50 participants autorisés.

-  Pour les églises offrant moins de 100 places, le nombre autorisé doit correspondre à la moitié des places que peut contenir l'église.

Voici à ce propos le texte exact de l'article 6 des décisions prises par Mr le Haut-Commissaire ce 28 avril 2020 :

Art. 6.- Les établissements de culte, relevant de la catégorie V, sont autorisés à rester ouverts. Sur l'ensemble du territoire, les rassemblements et réunions en leur sein sont autorisés uniquement pour les offices du samedi et dimanche, dans la limite de la moitié de leur capacité d'accueil et en tout état de cause dans la limite de cinquante personnes, à l'exception des cérémonies funéraires limitées à vingt, personnes.

Partant du principe que plusieurs célébrations sont possibles samedi soir et dimanche, la difficulté est de contrôler le nombre de participants.

...

Tout en tenant compte de la diversité des situations de chaque paroisse, nous devons cependant avancer ensemble pour éviter que nos fidèles soient désorientés par une trop grande disparité des pratiques adoptées. C'est pourquoi je vous demande de bien vouloir tenir compte des articles du décret n°4 joint à cette lettre. Je vous en remercie d'avance.

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU

*************

DECRET n°4

POUR LES COMMUNAUTES PAROISSIALES

A TAHITI ET MOOREA

1- Les églises pourront rester ouvertes en journée.

2- Les offices et messes avec participation de fidèles étant à nouveau autorisés les samedi et dimanche, j'autorise les prêtres à biner ou triner le dimanche si nécessaire, pour raison pastorale. (Canon 905). Les diacres peuvent également célébrer deux ou trois offices le dimanche si besoin est.

3- Un délai d'une heure minimum doit séparer deux célébrations le Dimanche.

4- Capacité d'accueil des fidèles :

  • Pour les églises d'une capacité d'accueil de plus de 100 personnes, le nombre de fidèles autorisé ne dépassera pas 50 ;
  • Pour les églises d'une capacité d'accueil de moins de 100 personnes, le nombre de fidèles autorisés ne dépassera pas la moitié de la capacité d'accueil de l'église.

5- Pour faire respecter le nombre de participants à chaque office ou messe :

  • Soit sera mise en place la mise à disposition d'invitations (50 maximum par messe) qui porteront le tampon de la paroisse, le jour et l'heure de la messe pour laquelle ces invitations sont éditées.
  • Soit sera établie par une personne sous la responsabilité du prêtre (diacre, Katekita, responsable groupe de Rosaire.. ) une liste où seront inscrit les participants qui se seront manifestés d'une façon ou d'une autre, selon des modalités propres à chaque paroisse.
  • Chaque paroisse, par les moyens à sa disposition, veillera à informer ses fidèles de la procédure qu'elle aura choisie et des modalités pratiques d'application.

6- Il est demandé aux fidèles présents à l'église de porter un masque, et de respecter les consignes sanitaires : distanciation de 1m de chaque côté, devant et derrière, même pendant la procession de communion, lavage des mains avant d'entrer dans l'église, absence de tout contact physique (poignées de main, embrassades, pas de mains tenues au Notre Père...).

7- La communion sera donnée exclusivement dans la main.

8- Il n'y a pas de messe ou d'office en semaine.

9- Les célébrations d'obsèques sont autorisées dans les églises, avec pas plus de 20 personnes, ainsi que les veillées à la maison ou dans les locaux des services funéraires avec le même nombre. Attention cependant au couvre-feu toujours en vigueur de 21h à 5h du matin.

10- Les visites, distribution de la communion aux malades, onction des malades sont autorisées, avec toujours les mesures sanitaires de précaution. (Masques, lavage des mains, absence de contact physiques) et toujours avec le minimum de personnes : le visiteur, le malade et un ou deux parents vivant sous le même toit.

11- En attendant la reprise effective de l'école, la catéchèse paroissiale est toujours suspendue.

12- Pour les baptêmes, mariages, il faudra encore attendre un allègement des mesures de confinement.

Ces mesures sont applicables jusqu'à nouvel ordre, sachant que le prochain point de la situation par le Haut-Commissaire aura lieu le 13 mai, ce qui veut dire que seuls deux dimanches sont concernés. Prions pour que le 13 mai, une situation plus favorable nous permette d'élargir ces dispositions contraignantes.

À Papeete le 29 Avril 2020

R.D Gérard PlCARD-ROBSON Chancelier

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU,

Archevêque de Papeete

© Archidiocèse de Papeete - 2020

Regard sur l’actualité…

Pécheurs d’hommes

Ces jours-ci, nous entrons dans le mois de Mai, le « mois de Marie », et ce Dimanche 3 Mai est le Dimanche des vocations. Excellente occasion pour nous de nous replacer sous le regard de Marie afin de relancer en nos cœurs ou d’intensifier dans nos communautés la prière pour les vocations, particulièrement les vocations à la vie sacerdotale ou religieuse. Dans une lettre publiée en Janvier 2019, le Pape François commente l’appel de Jésus aux premiers disciples sur les rives du lac de Galilée : « “Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes” : l’appel du Seigneur alors n’est pas une ingérence de Dieu dans notre liberté ; ce n’est pas une cage ou un poids qui nous est mis sur le dos. C’est au contraire l’initiative amoureuse avec laquelle Dieu vient à notre rencontre et nous invite à entrer dans un grand projet dont il veut nous rendre participants, visant l’horizon d’une mer plus vaste et d’une pêche surabondante ». Cet appel, poursuit le Saint Père, le Christ ne l’adresse pas exclusivement à ceux qui seraient en recherche de vocation sacerdotale ou religieuse, il l’adresse à tous les baptisés, car tous sont appelés : « Le Seigneur ne veut pas que nous nous résignions à vivre au jour le jour en pensant que, au fond, il n’y a rien pour quoi il vaille la peine de s’engager avec passion… Il veut nous faire découvrir que chacun de nous est appelé – de façons diverses – à quelque chose de grand, et que la vie ne doit pas rester empêtrée dans… ce qui anesthésie le cœur ».

Évoquant ensuite ceux et celles qui portent en eux une inquiétude vocationnelle plus précise les orientant vers une vie sacerdotale ou religieuse, le Pape François précise : « Dans la rencontre avec le Seigneur, certains peuvent sentir l’attrait d’un appel à la vie consacrée ou au sacerdoce ordonné. Il s’agit d’une découverte qui enthousiasme et qui en même temps fait peur, se sentant appelés à devenir “pêcheurs d’hommes” dans la barque de l’Église à travers une offrande totale de soi-même et l’engagement d’un service fidèle à l’Évangile et aux frères. Ce choix comporte le risque de tout laisser pour suivre le Seigneur et de se consacrer complètement à lui pour devenir collaborateurs de son œuvre. De nombreuses résistances intérieures peuvent empêcher une décision de ce genre, comme aussi dans certains contextes très sécularisés, où il semble ne plus y avoir de place pour Dieu et pour l’Évangile, on peut se décourager ».

Comment parler « vocations » sans porter nos regards sur Marie, celle qui fut appelée et qui a répondu « Fiat » ? Voici l’invitation que nous adresse le Saint Père : « Dans l’histoire de cette jeune fille, la vocation a été aussi en même temps une promesse et un risque. Sa mission n’a pas été facile, pourtant elle n’a pas permis à la peur de prendre le dessus. Son “Oui” a été le “Oui” de celle qui veut s’engager et risquer, de celle qui veut tout parier, sans autre sécurité que la certitude de savoir qu’elle était porteuse d’une promesse. Et je demande à chacun de vous : vous sentez-vous porteurs d’une promesse ? Quelle promesse est-ce que je porte dans le cœur, à réaliser ? Marie, sans aucun doute, aura eu une mission difficile, mais les difficultés n’étaient pas une raison pour dire “Non”. Certes, elle aura des difficultés, mais ce ne seront pas les mêmes difficultés qui apparaissent quand la lâcheté nous paralyse du fait que tout n’est pas clair ni assuré par avance ! »

Alors que nos séminaristes poursuivent courageusement leur formation loin de nos yeux, nous sommes appelés à prier sans relâche pour eux. Mais en ce mois qui lui est particulièrement consacré, et en ce Dimanche des Vocations, demandons à Marie qu’elle intercède auprès du Seigneur pour qu’il donne aux jeunes d’ouvrir leur cœur afin que comme elle, ils puissent découvrir la joie de donner leur vie là où il le Seigneur les appelle.

Marie, Mère de l’Église, intercède auprès du Père.

Qu’il dépose dans le cœur des jeunes

La semence de son appel et la joie de répondre.

Qu’il éclaire et fortifie ceux et celles qui sont appelés

A se donner pleinement sur le chemin du mariage,

Du sacerdoce et de la vie consacrée

Amen !

(Prière du Service National pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations)

+ Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete – 2020

Audience générale

La vie selon l’Évangile attire les persécutions !

Avec l’audience générale de ce mercredi 29 avril 2020, le Pape François a clos son cycle catéchétique sur les Béatitudes, s’attardant sur la dernière d’entre elles : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5,10). Loin de toute victimisation, le drame de la persécution nous configure au Christ crucifié et nous associe à sa Passion, a affirmé le Saint-Père.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Avec l’audience d’aujourd’hui, nous concluons le parcours sur les Béatitudes évangéliques. Comme nous l’avons entendu, la dernière proclame la joie eschatologique de ceux qui sont persécutés pour la justice.

Cette béatitude annonce le même bonheur que la première : le Royaume des Cieux appartient aux persécutés, comme aux pauvres en esprit ; ainsi nous comprenons que nous sommes parvenus au terme d’un parcours unitaire qui s’est déroulé dans les annonces précédentes.

La pauvreté en esprit, les pleurs, la douceur, la soif de sainteté, la miséricorde, la purification du cœur et les œuvres de paix peuvent conduire à la persécution à cause du Christ, mais cette persécution est finalement cause de joie et de grande récompense dans les cieux. Le sentier des Béatitudes est un chemin pascal qui conduit d’une vie selon le monde à une vie selon Dieu, d’une existence guidée par la chair – c’est-à-dire par l’égoïsme – à une existence guidée par l’Esprit.

Le monde, avec ses idoles, ses compromis et ses priorités, ne peut approuver ce type d’existence. Les « structures de péché »1 , souvent produites par la mentalité humaine, si étrangères à l’Esprit de vérité que le monde ne peut pas recevoir (cf. Jn 14,17), ne peuvent que refuser la pauvreté ou la douceur ou la pureté et déclarer que la vie selon l’Évangile est une erreur et un problème, par conséquent quelque chose qu’il faut marginaliser. Le monde pense ceci : « Ce sont des idéalistes ou des fanatiques… ». C’est ce qu’ils pensent.

Si le monde vit en fonction de l’argent, quiconque démontre que la vie peut se réaliser dans le don et dans le renoncement devient une gêne pour le système de l’avidité. Ce mot « gêne » est un mot-clé, parce que le seul témoignage chrétien, qui fait tant de bien à tant de monde qui le suit, gêne ceux qui ont une mentalité mondaine. Ils vivent cela comme un reproche. Quand apparaît la sainteté et qu’émerge la vie des enfants de Dieu, il y a dans cette beauté quelque chose qui dérange et qui invite à une prise de position : soit accepter de se remettre en cause et de s’ouvrir au bien soit refuser cette lumière et endurcir son cœur, y compris jusqu’à l’opposition et l’acharnement (cf. Sg 2, 14-15). C’est curieux, il est frappant de voir combien, dans les persécutions des martyrs, l’hostilité grandit jusqu’à l’acharnement. Il suffit de voir les persécutions du siècle dernier, des dictatures européennes : comment on en arrive à l’acharnement contre les chrétiens et contre l’héroïcité des chrétiens.

Mais cela montre que le drame de la persécution est aussi le lieu de la libération de l’assujettissement au succès, à la vaine gloire et aux compromis du monde. De quoi se réjouit celui qui est refusé par le monde à cause du Christ ? Il se réjouit d’avoir trouvé quelque chose qui vaut plus que le monde entier. « Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ? » (Mc 8,36). Quel avantage y a-t-il ?

Il est douloureux de se souvenir qu’en ce moment de nombreux chrétiens subissent des persécutions dans différentes zones du monde et nous devons espérer et prier afin que soit mis fin à leur tribulation le plus tôt possible. Ils sont nombreux : les martyrs d’aujourd’hui sont plus nombreux que ceux des premiers siècles. Exprimons notre proximité à ces frères et sœurs : nous sommes un unique corps et ces chrétiens sont les membres sanglants du corps du Christ qu’est l’Église.

Mais nous devons rester attentifs à ne pas lire non plus cette béatitude dans une perspective victimiste, d’auto-commisération. En effet, le mépris des hommes n’est pas toujours synonyme de persécution : justement, peu de temps après, Jésus dit que les chrétiens sont le « sel de la terre », et il met en garde contre le danger de « perdre sa saveur », sinon le sel « ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens » (Mt 5,13). Il y a donc également un mépris qui vient de notre faute, quand nous perdons la saveur du Christ et de l’Évangile.

Il faut être fidèles à l’humble sentier des Béatitudes, parce c’est celui qui conduit à appartenir au Christ et non au monde. Cela vaut la peine de se souvenir du parcours de saint Paul : quand il pensait être un juste, en fait, il était un persécuteur, mais quand il a découvert qu’il était un persécuteur, il est devenu un homme d’amour, affrontant joyeusement les souffrances de la persécution qu’il subissait (cf. Col 1,24).

L’exclusion et la persécution, si Dieu nous en accorde la grâce, nous font ressembler au Christ crucifié et, en nous associant à sa passion, elles sont la manifestation de la vie nouvelle. Cette vie est celle du Christ qui, pour nous les hommes et pour notre salut, fut « méprisé et rejeté par les hommes » (cf. Is 53,3 ; Ac 8, 30-35). Accueillir son Esprit peut nous conduire à avoir assez d’amour dans le cœur pour offrir sa vie pour le monde, sans faire de compromis avec ses mensonges et en acceptant qu’il nous refuse. Les compromis avec le monde sont le danger : le chrétien est toujours tenté de faire des compromis avec le monde, avec l’esprit du monde. Cette vie – refuser les compromis et emprunter la route de Jésus-Christ – est la vie du Royaume des Cieux, la plus grande joie, la véritable allégresse. Et ensuite, dans les persécutions, il y a toujours la présence de Jésus qui nous accompagne, la présence de Jésus qui nous console et la force de l’Esprit qui nous aide à aller de l’avant. Ne nous décourageons pas quand une vie cohérente avec l’Évangile attire les persécutions des gens : l’Esprit est là qui nous soutient, sur ce chemin.

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1   Cf. Discours aux participants au séminaire : « Nouvelles formes de fraternité solidaire, d’inclusion, d’intégration et d’innovation », 5 février 2020 : « L’idolâtrie de l’argent, l’avidité, la corruption, sont toutes des “structures de péché” – comme les définissait Jean-Paul II – produites par la « mondialisation de l’indifférence ».

© Libreria Editice Vaticana - 2020

57ème Journée mondiale de prière pour les vocations

Les paroles de la vocation

Dans son message pour la 57ème journée mondiale des vocations, qui se tiendra le 3 mai, quatrième dimanche de Pâques, François tient à remercier les prêtres et à les soutenir dans leur ministère, en l'articulant autour de quatre mots-clés : souffrance, gratitude, courage et louange.

Chers frères et sœurs !

Le 4 août de l’année dernière, lors du 160ème anniversaire de la mort du saint Curé d’Ars, j’ai voulu offrir une lettre aux prêtres qui, chaque jour consacrent leur vie à l’appel que le Seigneur leur a adressé, au service du peuple de Dieu.

À cette occasion, j’avais choisi quatre paroles-clés – souffrance – gratitude – courage et louange – pour remercier les prêtres et soutenir leur ministère. J’estime qu’aujourd’hui, en cette 57ème Journée Mondiale de Prière pour les Vocations, ces paroles peuvent être reprises et adressées à tout le Peuple de Dieu, sur le fond d’un passage évangélique qui nous raconte la singulière expérience survenue à Jésus et Pierre, durant une nuit de tempête sur le lac de Tibériade (cf. Mt 14, 22-33).

Après la multiplication des pains, qui avait enthousiasmé la foule, Jésus ordonna à ses disciples de monter dans la barque et de le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. L’image de cette traversée sur le lac évoque, en quelque manière, le voyage de notre existence. La barque de notre vie, en effet, avance lentement, toujours agitée parce qu’à la recherche d’un lieu d’accostage favorable, prête à affronter les risques et les opportunités de la mer, mais aussi désireuse de recevoir du timonier un virage qui conduise finalement vers la bonne direction. Mais parfois, il peut arriver qu’elle s’égare, qu’elle se laisse aveugler par les illusions, au lieu de suivre le phare lumineux qui la conduit à bon port, ou d’être défiée par les vents contraires des difficultés, des doutes et des peurs.

Il en est de même aussi dans le cœur des disciples, lesquels, appelés à suivre le Maître de Nazareth, doivent se décider à passer sur l’autre rive, en choisissant avec courage d’abandonner leurs sécurités et de se mettre à la suite du Seigneur. Cette aventure n’est pas tranquille : la nuit arrive, le vent contraire souffle, la barque est ballotée par les vagues, et la peur de ne pas y arriver et de pas être à la hauteur de l’appel risque de les dominer.

L’Évangile nous dit, cependant, que dans l’aventure de ce voyage difficile, nous ne sommes pas seuls. Le Seigneur, presqu’en forçant l’aurore au cœur de la nuit, marche sur les eaux agitées et rejoint les disciples, il invite Pierre à venir à sa rencontre sur les vagues, il le sauve quand il le voit s’enfoncer, et enfin, il monte dans la barque et fait cesser le vent.

La première parole de la vocation, alors, est gratitude. Naviguer vers le juste cap n’est pas une tâche qui relève de nos seuls efforts, et ne dépend pas seulement des parcours que nous choisissons de faire. La réalisation de nous-mêmes et de nos projets de vie n’est pas le résultat mathématique de ce que nous décidons dans un "moi" isolé ; au contraire, elle est avant tout la réponse à un appel qui vient d’En-Haut. C’est le Seigneur qui nous indique le rivage vers lequel aller et qui, bien avant, nous donne le courage de monter sur la barque ; alors qu’il nous appelle, c’est lui qui se fait aussi notre timonier pour nous accompagner, nous montrer la direction, nous empêcher de nous échouer dans les écueils de l’indécision et nous rendre même capables de marcher sur les eaux agitées.

Toute vocation naît de ce regard aimant par lequel le Seigneur est venu à notre rencontre, peut-être alors même que notre barque était en proie à la tempête. « Plus qu’un choix de notre part, la vocation est la réponse à un appel gratuit du Seigneur » (Lettre aux prêtres, 4 août 2019) ; c’est pourquoi, nous réussirons à la découvrir et à l’embrasser, quand notre cœur s’ouvrira à la gratitude et saura saisir le passage de Dieu dans notre vie.

Quand les disciples voient Jésus s’approcher en marchant sur les eaux, ils pensent d’abord qu’il s’agit d’un fantôme et ils ont peur. Mais aussitôt Jésus les rassure par une parole qui doit toujours accompagner notre vie et notre chemin vocationnel : « Courage, c’est moi, n’ayez pas peur ! » (v.27). Justement c’est la seconde parole que je voudrais vous confier : courage.

Ce qui souvent nous empêche de marcher, de grandir, de choisir la voie que le Seigneur trace pour nous, ce sont les fantômes qui s’agitent dans notre cœur. Quand nous sommes appelés à laisser notre rivage de sûreté et à embrasser un état de vie – comme le mariage, le sacerdoce ordonné, la vie consacrée –, la première réaction est souvent représentée par le "fantôme de l’incrédulité" : ce n’est pas possible que cette vocation soit pour moi ; s’agit-il vraiment du juste chemin ? le Seigneur me demande-t-il vraiment cela ?

Et, peu à peu, croissent en nous toutes ces considérations, ces justifications et ces calculs qui nous font perdre l’élan, qui nous troublent et nous paralysent sur le rivage de départ : nous pensons avoir fait fausse route, ne pas être à la hauteur, avoir simplement vu un fantôme à chasser.

Le Seigneur sait qu’un choix fondamental de vie – comme celui de se marier ou de se consacrer de façon spéciale à son service – nécessite du courage. Il connaît les interrogations, les doutes et les difficultés qui agitent la barque de notre cœur, et c’est pourquoi il nous rassure : "N’aie pas peur, je suis avec toi !". La foi en sa présence, qui vient à notre rencontre et nous accompagne, même quand la mer est en tempête, nous libère de cette acédie que j’ai déjà eu l’occasion de définir comme une « douce tristesse » (Lettre aux prêtres, 4 août 2019), c’est-à-dire ce découragement intérieur qui nous bloque et ne nous permet pas de goûter la beauté de la vocation.

Dans la Lettre aux prêtres, j’ai parlé aussi de la souffrance, mais ici je voudrais traduire autrement ce mot et me référer à la fatigue. Toute vocation comporte un engagement. Le Seigneur nous appelle parce qu’il veut nous rendre comme Pierre, capables de "marcher sur les eaux", c’est-à-dire de prendre en main notre vie pour la mettre au service de l’Évangile, dans les modes concrets et quotidiens qu’il nous indique, et spécialement dans les diverses formes de vocation laïque, presbytérale et de vie consacrée. Mais nous ressemblons à l’Apôtre : nous avons le désir et l’élan, cependant, au même moment, nous sommes marqués par des faiblesses et des craintes.

Si nous nous laissons emporter par la pensée des responsabilités qui nous attendent – dans la vie matrimoniale ou dans le ministère sacerdotal – ou par les épreuves qui se présenteront, alors nous détournerons vite notre regard de Jésus et, comme Pierre, nous risquerons de couler. Au contraire, même dans nos fragilités et nos pauvretés, la foi nous permet de marcher à la rencontre du Seigneur Ressuscité et de vaincre même les tempêtes. En effet, il nous tend la main quand, par fatigue ou par peur, nous risquons de couler, et il nous donne l’élan nécessaire pour vivre notre vocation avec joie et enthousiasme.

Enfin, quand Jésus monte sur la barque, le vent cesse et les vagues s’apaisent. C’est une belle image de ce que le Seigneur opère dans notre vie et dans les tumultes de l’histoire, spécialement quand nous sommes dans la tempête : Il commande aux vents contraires de se calmer, et les forces du mal, de la peur, de la résignation n’ont plus pouvoir sur nous.

Dans la vocation spécifique que nous sommes appelés à vivre, ces vents peuvent nous épuiser. Je pense à ceux qui assument d’importantes charges dans la société civile, aux époux que, non pas par hasard, j’aime définir comme "les courageux", et spécialement à ceux qui embrassent la vie consacrée et le sacerdoce. Je connais votre fatigue, les solitudes qui parfois alourdissent le cœur, le risque de l’habitude qui petit à petit éteint le feu ardent de l’appel, le fardeau de l’incertitude et de la précarité de notre temps, la peur de l’avenir. Courage, n’ayez pas peur ! Jésus est à côté de nous et, si nous le reconnaissons comme l’unique Seigneur de notre vie, il nous tend la main et nous saisit pour nous sauver.

Et alors, même au milieu des vagues, notre vie s’ouvre à la louange. C’est elle la dernière parole de la vocation, et elle veut être aussi l’invitation à cultiver le comportement intérieur de la sainte Vierge Marie : reconnaissante pour le regard de Dieu qui s’est posé sur elle, confiant dans la foi ses peurs et ses troubles, embrassant avec courage l’appel, elle a fait de sa vie un éternel chant de louange au Seigneur.

Chers frères et sœurs, spécialement en cette Journée, mais aussi dans l’action pastorale ordinaire de nos communautés, je désire que l’Église parcoure ce chemin au service des vocations, en ouvrant des brèches dans le cœur de chaque fidèle, pour que chacun puisse découvrir avec gratitude l’appel que Dieu lui adresse, trouver le courage de dire "oui", vaincre la fatigue dans la foi au Christ et, enfin, offrir sa vie comme un cantique de louange pour Dieu, pour les frères et pour le monde entier. Que la Vierge Marie nous accompagne et intercède pour nous.

Rome, Saint Jean de Latran,

8 mars 2020, deuxième dimanche de Carême.

François

© Libreria Editrice Vaticana - 2020

Commentaire des lectures du dimanche

 

Très chers frères,

Nos fils ont été appelés à l’ordre du sacerdoce. Réfléchissons à quel ministère ils seront élevés dans l’Église. Comme vous le savez bien, mes frères, le Seigneur Jésus est le seul prêtre suprême du Nouveau Testament, mais en Lui, tout le peuple saint de Dieu également a été constitué comme peuple sacerdotal. Il n’en reste pas moins que parmi tous ses disciples, le Seigneur Jésus veut en choisir certains en particulier, afin que, exerçant publiquement en son nom dans l’Église la charge sacerdotale en faveur de tous les hommes, ils continuent sa mission personnelle de maître, prêtre et pasteur. Ils ont été élus par le Seigneur Jésus non pas pour faire carrière, mais pour accomplir ce service.

De même, en effet, qu’il avait été envoyé par le Père pour cela, ainsi, il envoya à son tour dans le monde d’abord les apôtres, puis les évêques et leurs successeurs, auxquels furent donnés enfin comme collaborateurs les prêtres qui, unis à eux dans le ministère sacerdotal, sont appelés au service du peuple de Dieu.

Après une mûre réflexion et prière, nous sommes à présent sur le point d’élever nos frères à l’ordre des prêtres, afin qu’au service du Christ, maître, prêtre, pasteur, ils coopèrent en vue d’édifier le Corps du Christ qui est l’Église dans le Peuple de Dieu et Temple saint de l’Esprit Saint.

Ils seront en effet configurés au Christ prêtre suprême et éternel, ils seront consacrés comme de véritables prêtres du Nouveau Testament, et à ce titre, qui les unit dans le sacerdoce à leur évêque, ils seront prédicateurs de l’Évangile, pasteurs du Peuple de Dieu, et ils présideront les actes de culte, en particulier dans la célébration du sacrifice du Seigneur.

Quant à vous, fils et frères bien-aimés, qui allez être promus à l’ordre du sacerdoce, considérez qu’en exerçant le ministère de la doctrine sacrée, vous participerez à la mission du Christ, unique maître. Dispensez à tous la Parole de Dieu, que vous avez vous-mêmes reçue avec joie lorsque vous étiez enfants. Lisez et méditez assidûment la Parole du Seigneur pour croire ce que vous avez lu, enseigner ce que vous avez appris dans la foi, vivre ce que vous avez enseigné.

Que votre doctrine simple, comme disait le Seigneur, qui arrivait au cœur, soit donc une nourriture pour le Peuple de Dieu. Ne faites pas des homélies trop intellectuelles et élaborées : parlez simplement, parlez aux cœurs. Et cette prédication sera une véritable nourriture. Et que le parfum de votre vie soit une joie et un soutien pour les fidèles, parce que la parole sans l’exemple de la vie ne sert pas, il vaut mieux revenir en arrière. La double vie est une terrible maladie dans l’Église. Vous continuerez l’œuvre sanctificatrice du Christ. A travers votre ministère, le sacrifice spirituel des fidèles est rendu parfait, parce qu’uni au sacrifice du Christ qui, à travers vos mains, au nom de toute l’Église, est offert sans effusion de sang sur l’autel au cours de la célébration des saints mystères.

Reconnaissez donc ce que vous faites. Imitez ce que vous célébrez afin que, en participant au mystère de la mort et de la résurrection du Seigneur, vous apportiez la mort du Christ dans vos membres et que vous marchiez avec lui dans une nouveauté de vie. Un prêtre qui a étudié peut-être beaucoup la théologie, et qui a obtenu une, deux, trois maîtrises, mais qui n’a pas appris à porter la Croix du Christ, ne sert pas. Ce sera un bon universitaire, un bon professeur, mais pas un prêtre.

Avec le baptême, vous ajouterez de nouveaux fidèles au Peuple de Dieu. Avec le sacrement de la pénitence, vous remettrez les péchés au nom du Christ et de l’Église. S’il vous plaît, je vous demande au nom du Christ et de l’Église d’être toujours miséricordieux ; de ne pas charger sur les épaules des fidèles des poids que ni eux, ni vous, ne peuvent porter. Jésus réprimanda pour cela les docteurs de la loi et les appela hypocrites. Avec l’huile sainte, vous soulagerez les malades. L’un des devoirs — sans doute ennuyeux, même douloureux — est d’aller rendre visite aux malades. Mais faites-le. Oui, il est bon que les fidèles laïcs, les diacres s’y rendent, mais ne manquez pas de toucher la chair du Christ souffrant dans les malades : cela vous sanctifie, vous rapproche du Christ. En célébrant les rites sacrés et en élevant aux diverses heures du jour la prière de louange et de supplique, vous deviendrez la voix du Peuple de Dieu et de l’humanité tout entière.

Conscients d’avoir été choisis parmi les hommes et constitués en leur faveur pour vous occuper des choses de Dieu, exercez dans la joie et la charité sincère l’œuvre sacerdotale du Christ. Soyez joyeux, jamais tristes. Joyeux. Avec la joie du service du Christ, même au milieu des souffrances, des incompréhensions et de vos propres péchés. Ayez toujours devant les yeux l’exemple du Bon Pasteur, qui n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. S’il vous plaît, ne soyez pas des « seigneurs », ne soyez pas des « clercs d’État », mais des pasteurs, des pasteurs du Peuple de Dieu.

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