Pko 28.04.2019
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°23/2019
Dimanche 28 avril 2019 –Dimanche de la Miséricorde – Année C
Humeurs…
L’Accueil Te Vai-ete api…
C’est au soir de la Veillée pascale qu’a été lancée officiellement le projet de l’« Accueil Te Vai-ete api ». Rien de véritablement nouveau sous le soleil… puisque cela fait déjà plus de deux ans que le projet est dans les tuyaux.
Il nous semble utile aujourd’hui de faire une petite mise au point, suite aux réactions diverses et variées dont se sont fait l’écho les médias et les réseaux sociaux…
1° Si ce projet est porté par une œuvre d’Église, la mission de l’Accueil Te Vai-ete est celle de la communauté humaine de Polynésie… La question des personnes en grande précarité à la rue concerne l’ensemble de la société et n’est donc pas le pré carré d’une Église ou des pouvoirs publics… c’est l’affaire de tous…
2° Nous faisons le choix de faire appel à la société civile pour financer le projet… estimé à 150 millions. Pourquoi pas une subvention ? C’est d’abord pour garantir notre liberté de parole et d’action… « Qui paie contrôle » avait dit Mr Michel ROCARD lors d’un passage en Polynésie ! Sur un sujet aussi sensible et politisé que la grande précarité, la liberté est essentielle comme le démontre les propos de nos politiques qui parfois semblent vouloir décider de ce qui est le mieux pour nos actions…
3° Pourquoi une mise à disposition d’un terrain par le Pays et non par l’Église ? Outre le fait que l’Église est déjà très engagée au niveau social et notamment de la mise à disposition de terrains : les 5 foyers de l’association Emauta - pour redonner l’espoir ; les 3 centres de la Fraternité chrétienne des handicapés ; le Secours catholique… Elle ne dispose pas de terrain dans la zone proche du centre-ville, hors zone d’habitation dense ou d’écoles… adapté à l’Accueil Te Vai-ete, tel que nous el concevons…
Voilà qui est dit… je ne pense pas que cela changera les propos des uns et des autres… mais ça me fait du bien !
Quant à l’avenir de l’Accueil Te Vai-ete… il y en aura un ou pas ! Cela ne dépend pas d’abord du Pays ou de l’Église… mais de la réponse de tous et chacun à l’appel de fond… ensuite effectivement de la mise à disposition d’un terrain qui correspond à nos critères, basés sur une expérience quotidienne de 25 ans…
Le 23 décembre n’est pas un ultimatum… simplement le 25ème anniversaire de l’Accueil Te Vai-ete… Son avenir sera ce que vous en ferez… pour ma part, j’ai proposé ma vision… elle peut-être autre… mais sans moi… ce qui n’empêchera pas que l’Accueil continu si quelqu’un veut en assumer la responsabilité…
Cessons d’épiloguer… il n’y a pas de négociations ou de discussions… le projet convient ou ne convient pas… Pour ma part je suis un homme libre et jaloux de ma liberté !
**********
Il est libre Max ! Il est libre Max !
Y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler.
Il met de la magie, mine de rien, dans tout ce qu'il fait
Il a le sourire facile, même pour les imbéciles
Il s'amuse bien, il n'tombe jamais dans les pièges
Il n'se laisse pas étourdir par les néons des manèges
Il vit sa vie sans s'occuper des grimaces
Que font autour de lui les poissons dans la nasse
Il travaille un p'tit peu quand son corps est d'accord
Pour lui faut pas s'en faire, il sait doser son effort
Dans l'panier de crabes, il n'joue pas les homards
Il n'cherche pas à tout prix à faire des bulles dans la mare
Il r'garde autour de lui avec les yeux de l'amour
Avant qu't'aies rien pu dire, il t'aime déjà au départ
Il n'fait pas de bruit, il n'joue pas du tambour
Mais la statue de marbre lui sourit dans la cour
Comme il n'a pas d'argent pour faire le grand voyageur
Il va parler souvent aux habitants de son cour
Qu'est-ce qu'ils s'racontent, c'est ça qu'il faudrait savoir
Pour avoir comme lui autant d'amour dans l'regard
Hervé Cristiani
Laissez-moi vous dire…
Deuxième dimanche de Pâques : Dimanche de la Miséricorde divine
Dieu miséricordieux entend la voix de ses enfants
Souvent le jeu est le meilleur moyen de faire connaitre Dieu aux plus jeunes. Par exemple, à la prière du soir, plutôt que de réciter un chapelet entier, on peut inviter les enfants à « jouer » une scène de l’Évangile. Prenons ce passage : Luc 15, 3-7, « la parabole de la brebis perdue ». Chaque membre de la famille assure un rôle : le plus jeune sera la brebis égarée ; le papa sera le berger… etc… Croyez-moi quand le papa va étreindre sa petite brebis perdue, câliner ses autres moutons, et inviter toute la bergerie (la famille) à louer le Seigneur, chacun va comprendre combien Dieu notre Père est bon et miséricordieux à l’égard de ceux et celles qui font des bêtises et n’écoutent pas sa voix mais savent demander pardon.
D’autres passages bibliques se prêtent bien à des jeux de rôle : l’enfant prodigue, le bon Samaritain, le pauvre Lazare…
En ce dimanche de la Miséricorde divine je voudrais attirer l’attention sur un passage du livre de la Genèse où l’on voit combien Dieu est attentif à nos souffrances et nos requêtes. Il s’agit de Genèse 21, 3-20. Sara, l’épouse d’Abraham fit chasser Agar et Ismaël qui partirent au désert. Lorsque l’eau vint à leur manquer, Agar se mit à pleurer. « Dieu entendit la voix de l’enfant, et l’Ange de Dieu appela du ciel Agar : « Qu’as-tu Agar ? Ne crains rien car Dieu a entendu la voix de l’enfant... » Dieu ouvrit les yeux d’Agar et elle aperçut un puits ; elle alla remplir l’outre et fit boire l’enfant.
Assurément la bonté et la miséricorde de Dieu n’échappent pas aux enfants qui ont le cœur ouvert et l’âme réceptive. Quelle joie d’entendre un enfant dire avec candeur : Dieu ! C’est un Papa qui a un cœur de Maman ! Et qu’il est beau de voir un enfant prier Dieu notre Père avec des mots simples remplis de tendresse.
Jésus a été envoyé par le Père pour nous révéler sa miséricorde infinie. Nous pouvons relire au chapitre 7 de Saint Jean la grande prière sacerdotale de Jésus à son Père. Jésus nous a révélé le Père, dans son amour, dans sa miséricorde, dans son pardon. Et pour entrer dans une connaissance encore plus profonde Il nous a envoyé l’Esprit Saint pour nous permettre d’« adorer le Père en esprit et vérité » (Jean 4, 23-24).
Où en sommes-nous de l’adoration, acte de sagesse, acte d’amour ? L’humanité semble emportée dans un tourbillon du « toujours plus » : plus d’argent, plus de confort, plus de biens matériels, plus de divertissements et de plaisirs pour aboutir à de moins en moins de silence, de méditation, de repos en Dieu !
Alors que Dieu ne cesse de nous répéter : « Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi… Tu as du prix à mes yeux … Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas. » (cf. Isaïe 43, 1-4 et 9, 15).
Que Lui donnons-nous en retour ? Comme dit le Pape François : « Tout foyer chrétien devrait être une oasis de miséricorde ».
N’oublions pas que l’Eglise est là pour nous faire entrer dans la miséricorde de Dieu, comme le rappelait Saint Jean-Paul II dans son Encyclique Dives in misericordia (DM) (« Dieu riche en miséricorde ») [publiée le 30 novembre 1980] : « La liturgie eucharistique, célébrée en mémoire de Celui qui, dans sa mission messianique, nous a révélé le Père par sa parole et par sa croix, atteste l'inépuisable amour en vertu duquel il désire toujours s'unir à nous et ne faire qu'un avec nous, allant à la rencontre de tous les cœurs humains. Et c'est le sacrement de la pénitence ou de la réconciliation qui aplanit la route de chacun, même quand il est accablé par de lourdes fautes. Dans ce sacrement, tout homme peut expérimenter de manière unique la miséricorde, c'est-à-dire l'amour qui est plus fort que le péché. » (DM n.114-115)
Dominique Soupé
© Cathédrale de Papeete - 2019
En marge de l’actualité…
Violence
Les événements tragiques survenus au Sri Lanka ce Dimanche de Pâques où des attentats dans des églises et des hôtels ont fait 359 morts et plus de 500 blessés ont de quoi nous révolter et nous interroger… Et nous serions tentés de reprendre à notre compte ces paroles du psaume 13,3 : « Jusques à quand, Seigneur, mon ennemi sera-t-il le plus fort ? » La violence et son cortège de souffrance et de mort continue ses ravages… Pourtant, face à cette situation, les Chrétiens redisent cette béatitude : « Heureux les artisans de paix ». Ils relisent ces récits d’apparition du Ressuscité qui, s’adressant à ses disciples, les salue en ces termes : « La paix soit avec vous ! » Et la prière du Notre Père que nous récitons si souvent se termine par cette demande : « Délivre nous du mal ! ».
L’Histoire et les Évangiles nous révèlent cependant que cette violence ne date pas d’aujourd’hui, et que Jésus lui-même eut à faire avec elle. Il faut bien admettre que la venue du Royaume proclamé par Jésus suscita la violence de la part des autorités de son peuple. Quand l’ordre qui règne fait obstacle au Royaume de Dieu, quand l’annonce du Royaume remet en cause le pouvoir des chefs du peuple, quand l’ordre établi se trouve remis en question, la violence légale se met en place sous le prétexte de sauver la loi. Mais Jésus ne subit pas passivement cette situation. Il chasse les vendeurs du Temple, il se présente comme le maître du Sabbat, il bouscule les conventions sur la pureté légale, il ne condamne pas la femme adultère, il mange avec les publicains et les pécheurs… Ainsi, Jésus met en place une valeur supérieure à la loi des Juifs, la réalité du Royaume de Dieu. Il va même jusqu’à traiter les tenants de l’ordre établi d’hypocrites et de sépulcres blanchis ! Il apparait ainsi à leurs yeux comme un trouble-fête violent, un révolutionnaire détournant le peuple du chemin tracé par les « anciens ». Ce faisant, il restaure les vraies valeurs du Royaume étouffées par l’ordre en place. L’Évangile est révolution dans la mesure où il demande justice et charité sans lesquelles le Royaume ne saurait advenir. Un auteur disait : « L’Évangile est de la dynamite, n’en faites pas de la tisane ! »
Oui, Jésus est violent, il est venu apporter le feu sur la terre (Lc 12,49), son message vient diviser les familles (Mt 10,35). Pourtant, il refuse d’utiliser la violence pour prendre le pouvoir, il commande d’aimer ses ennemis, de pardonner. Il ne veut pas transformer magiquement les pierres en pain ni dominer par la force, il refuse d’être un politicien révolutionnaire. Il va même plus loin en demandant à ses disciples de ne pas résister aux méchants (Mt 5,39). Il invite à servir et se présente comme « doux et humble de cœur » (Mt 11,29). Après avoir versé à Gethsémani de la sueur de sang, il refuse le combat que ses compagnons engageaient pour le défendre par la violence en sortant l’épée (Lv 22,50).
Alors, faut-il se résigner ? Faut-il accepter cette violence sans réagir ? Jésus nous met en garde : « Tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée » (Mt 26,52). Nous voici donc invités à utiliser la « violence de l’amour ». Le royaume ne s’établit pas par la brutalité ou la vengeance mais par cette force divine qui triompha de la mort en ressuscitant Jésus. Quand Jésus bat en retraite devant la méchanceté de ses ennemis, il s’en remet à Dieu. Quand il pardonne à ceux qui le crucifient injustement, quand il demande à son disciple de « tendre l’autre joue », Jésus ne se contente pas d’un abandon passif entre les mains de Dieu. Face au violent, il met en œuvre la violence de l’amour !
+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU
© Archidiocèse de Papeete - 2019
Audience générale
La force du pardon
Lors de l’audience générale, le Pape François a poursuivi sa série de catéchèses sur le Notre Père. Pour la 13e étape de ce parcours, le Pape s’est arrêté sur cette expression : « Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ». L’occasion de souligner la responsabilité immense de chaque personne, qui, en pleine liberté, est invitée à pardonner à ses frères et sœurs afin d’être disponible pour recevoir le pardon de Dieu. Et c’est donc toute notre vie spirituelle qui doit être tournée vers le lien avec les autres, vers la capacité de donner et de recevoir.
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous complétons aujourd’hui la catéchèse sur la cinquième demande du « Notre Père », en nous arrêtant sur l’expression « comme nous pardonnons aussi à nos débiteurs » (Mt 6,12). Nous avons vu que c’est le propre de l’homme d’être débiteur devant Dieu : de lui nous avons tout reçu, en termes de nature et de grâce. Notre vie a été non seulement désirée, mais aimée de Dieu : il n’y a vraiment pas de place pour la présomption lorsque nous joignons les mains pour prier. Il n’y a pas de « self made man » dans l’Église, des hommes qui se sont faits tout seuls. Nous sommes tous redevables envers Dieu et envers de nombreuses personnes qui nous ont offert des conditions de vie favorables. Notre identité se construit à partir du bien reçu. Le premier, c’est la vie.
Celui qui prie apprend à dire « merci ». Et nous, nous oublions souvent de dire « merci », nous sommes égoïstes.
Celui qui prie apprend à dire « merci » et demande à Dieu d’être bienveillant avec lui. Malgré tous nos efforts, il reste toujours devant Dieu une dette insolvable que nous ne pourrons jamais rembourser : il nous aime infiniment plus que nous ne l’aimons. Et alors, malgré tous nos efforts pour vivre selon les enseignements chrétiens, il y aura toujours quelque chose dont demander pardon dans notre vie : pensons aux jours passés paresseusement, aux moments où la rancœur a occupé notre cœur, etc. Ce sont ces expériences, malheureusement qui ne sont pas rares, qui nous font implorer : « Seigneur, Père, remets-nous nos dettes ». C’est ainsi, que nous demandons pardon à Dieu.
À bien y penser, l’invocation pouvait aussi se limiter à cette première partie ; ç’aurait été beau. Au lieu de cela, Jésus la soude à une deuxième expression qui ne fait qu’un avec la première. La relation de bienveillance verticale de la part de Dieu est réfractée et appelée à se traduire pans une nouvelle relation que nous vivons avec nos frères : une relation horizontale. Le bon Dieu nous invite à être tous bons. Les deux parties de l’invocation sont liées par une conjonction impitoyable : nous demandons au Seigneur de nous remettre nos dettes, nos péchés, « comme » nous pardonnons à nos amis, aux personnes qui vivent avec nous, à nos voisins, aux personnes qui nous ont fait quelque chose de pas bon.
Tout chrétien sait qu’il existe pour lui le pardon des péchés, nous le savons tous : Dieu pardonne tout et il pardonne toujours. Quand Jésus raconte à ses disciples le visage de Dieu, il le décrit par des expressions de tendre miséricorde. Il dit qu’il y a plus de joie au ciel pour un pécheur qui se repent que pour une foule de justes qui n’ont pas besoin de conversion cf. Lc 15.7.10). Rien dans les évangiles ne suggère que Dieu ne pardonne pas les péchés de ceux qui sont bien disposés et demandent à être ré-embrassés.
Mais la grâce de Dieu, si abondante, est toujours un défi. Qui a tant reçu doit apprendre à donner autant et ne pas retenir que ce qu’il a reçu. Qui a tant reçu doit apprendre à donner autant. Ce n’est pas un hasard si l’Évangile de Matthieu, immédiatement après avoir offert le texte du « Notre Père », parmi les sept expressions utilisées, s’arrête à souligner précisément celui du pardon fraternel : « Si vous pardonnez aux autres leurs fautes, votre Père qui est dans les cieux vous pardonnera aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux autres, même votre Père ne vous pardonnera pas vos fautes » (Mt 6,14-15). Mais c’est fort ! Je pense : parfois j’ai entendu des gens dire: « Je ne pardonnerai jamais à cette personne! Je ne pardonnerai jamais ce qu’ils m’ont fait ! » Mais si tu ne pardonnes pas, Dieu ne te pardonnera pas. Tu fermes la porte.
Réfléchissons si nous sommes capables de pardonner ou si nous ne pardonnons pas. Un prêtre, alors que j’étais dans l’autre diocèse, m’a dit avec angoisse qu’il était allé donner les derniers sacrements à une vieille femme qui était sur le point de mourir. La pauvre femme ne pouvait pas parler. Et le prêtre lui dit : « Madame, vous repentez-vous des péchés ? » La dame a dit oui ; elle ne pouvait pas les avouer mais elle a dit oui. C’est suffisant. Et encore : « Tu pardonnes aux autres ? » Et la dame, sur son lit de mort, a dit : « Non ». Le prêtre est resté dans l’angoisse. Si tu ne pardonnes pas, Dieu ne te pardonnera pas.
Réfléchissons, nous qui sommes ici, si nous pardonnons ou sommes capables de pardonner. « Père, je ne peux pas le faire, parce que ces gens m’en ont fait tant ! » Mais si tu ne peux pas y arriver, demande au Seigneur de tu donner la force de le faire : Seigneur, aide-moi à pardonner. Nous trouvons ici la soudure entre l’amour pour Dieu et l’amour du prochain. L’amour appelle l’amour, le pardon appelle le pardon. Encore une fois dans Matthieu, nous trouvons une parabole très intense consacrée au pardon fraternel (cf. 18,21-35). Écoutons-la.
Il y avait un serviteur qui avait contracté une énorme dette envers son roi : dix mille talents ! Une somme impossible à rembourser ; je ne sais pas combien cela serait aujourd’hui, mais des centaines de millions. Cependant le miracle se produit et ce serviteur reçoit non pas une prolongation de paiement, mais une amnistie complète. Une grâce inattendue ! Or voici que ce même serviteur, immédiatement après, s’acharne contre son frère qui lui doit cent deniers – peu de chose – et, bien que ce soit une somme accessible, il n’accepte ni excuses ni supplications. Par conséquent, à la fin, le maître le rappelle et le fait condamner. Parce que si tu ne t’efforces pas de pardonner, tu ne seras pas pardonné ; si tu n’essayes pas d’aimer, tu ne seras pas aimé non plus.
Jésus insère la force du pardon dans les relations humaines. Dans la vie, tout n’est ne se résout pas avec la justice. Non. Surtout là où il faut mettre une limite au mal, il faut que quelqu’un aime au-delà de ce qui est dû pour recommencer une histoire de grâce. Le mal connaît ses vengeances, et s’il n’est pas interrompu, il risque de se propager et d’étouffer le monde entier.
À la loi du talion – ce que tu m’as fait, je te le retourne -, Jésus remplace la loi de l’amour : ce que Dieu m’a fait, je te le retourne ! Réfléchissons aujourd’hui, en cette très belle semaine de Pâques, si je suis capable de pardonner. Et si je ne me sens pas capable, je dois demander au Seigneur de me donner la grâce de pardonner, car savoir pardonner c’est une grâce.
Dieu donne à chaque chrétien la grâce d’écrire une histoire de bien dans la vie de ses frères, en particulier de ceux qui lui ont fait quelque chose de désagréable et de mal.
Par une parole, une embrassade, un sourire, nous pouvons transmettre aux autres ce que nous avons reçu de plus précieux. Quelle est la chose précieuse que nous ayons reçue ? Le pardon, que nous devons pouvoir donner aux autres.
© Libreria Editrice Vaticana – 2019
Hommage
Sœur Jean-Luc de Jésus COSTE
Vendredi Saint ; 19 avril, Sœur Jean-Luc COSTE, sjc, a rejoint la maison du Seigneur. Elle était une familière de notre Cathédrale… Voici l’homélie prononcée par Mgr Hubert COPPENRATH lors de ses funérailles.
Lucienne Coste, en religion Sœur Jean-Luc de Jésus est née le 14 janvier 1932 dans une famille très chrétienne. Un signe, elle était baptisée 3 jours après sa naissance et elle a fait sa communion à l’âge de 6 ans. Elle avait deux sœurs et deux frères. À l’âge de 20 ans, elle entre au postulat et 3 ans après, le 19 mars 1955, elle prononce ses premiers vœux à la Maison Mère, à Paris. Elle reçoit le jour même son obédience pour la Polynésie et s’embarque quelques jours plus tard car il n’y avait pas encore d’avion et déjà le 28 avril 1955, elle enseigne au collège Javouhey dans le premier cycle, elle restera 27 ans dans ce collège. Elle enseignait les mathématiques et les sciences. Professeur consciencieuse, elle préparait ses cours avec soin. Elle aimait ses élèves et elle était aimée par ses élèves. Elle ne se contentait pas de leur faire comprendre les maths et les sciences, elle se souciait de leur éducation humaine et religieuse.
Le 16 août 1982, elle est affectée à Raiatea où, outre ses fonctions de supérieure de la communauté, elle est l’adjointe du directeur du collège. Elle s’occupe aussi de la construction et de l’entretien des bâtiments. Son mandat est renouvelé deux fois, elle exerce donc ses fonctions jusqu’en 2005. Elle aura entre autres tâches d’organiser le transfert des classes primaires qui libèrent les classes qu’elles occupaient au centre ville pour s’installer dans la nouvelle école de Tonoi, donnant ainsi de l’espace pour installer le second cycle au collège Anne-Marie Javouhey d’Uturoa.
En 2005, elle rejoint la communauté de Saint-Joseph du Sacré-Cœur près de la cathédrale. Mais elle se rend chaque jour à l’école de la Mission pour aider les élèves en difficulté ayant besoin d’une attention spéciale.
En 2015, elle pense que le moment est venu, de retourner dans son pays, la France métropolitaine pour prendre une retraite définitive et elle rejoint la communauté de Limoux près des Pyrénnes orientales. Mais elle se rend vite compte qu’elle s’est trompée : le soleil de Tahiti, ses anciens élèves lui manquent. Maintenant son pays c’est Tahiti. Elle demande à revenir et le 19 mars 2016, fête de Saint Joseph et anniversaire de sa première profession religieuse, elle se retrouve dans la communauté Saint Joseph du Sacré-Cœur dans ce collège Javouhey où elle a enseigné si longtemps. Mais en décembre 2018, elle rejoint la communauté Notre-Dame, à la Mission, où sont regroupées les sœurs âgées. Elle décline rapidement. À la mi-avril son état justifie que lui soit donné le sacrement des malades, qu’elle reçoit avec une grande piété même si sa tête n’est plus tout à fait là.
Le vendredi saint, elle rend son âme à Dieu. Ainsi s’achève une vie consacrée à Dieu depuis sa jeunesse puisque à 20 ans elle est entrée au postulat et qu’elle a maintenu toute sa vie son désir d’union à Dieu dans la prière et la fidélité au devoir d’état.
Verrons-nous encore des jeunes découvrir dès leur prime jeunesse la joie du don de leur vie à Dieu et garder fidèlement leur consécration jusqu’à la mort ?
La première lecture nous introduit dans la théologie profonde de Saint Paul. De même que le Christ est passé par la mort pour retrouver la vie, nous devons aussi passer par la mort, non seulement la mort physique mais la mort à tout ce qui nous éloigne de Dieu et que Saint Paul appelle le vieil homme. L’appel à la sainteté qui nous est adressé à tous demande que nous fassions mourir toutes les résistances dans une lutte opiniâtre contre notre égoïsme, notre orgueil, notre paresse et tous les autres défauts. Tout cela doit laisser place à l’amour de Dieu et du prochain. La vie chrétienne et en particulier la vie religieuse est une lutte patiente et continue contre soi-même pour que Dieu prenne toute la place. Sœur Jean-Luc s’y est employée pleinement dans la plus grande simplicité tout au long de sa vie.
Nous connaissons bien l’évangile qui vient d’être lu et à force de l’entendre nous oublions le message si fort qu’il contient : le Seigneur est parti nous préparer une place dans la maison du Père et il revient chercher ceux pour qui il a été le chemin, la vérité et la vie pour les conduire dans la maison du Père.
Le psalmiste rêvait d’habiter toute sa vie dans la maison du Père parce qu’il cherchait la face du Seigneur. Pour nous la maison du Seigneur ce n’est pas le temple de Jérusalem, c’est là où Jésus veut nous conduire pour la vie éternelle et le bonheur éternel. Heureux ceux qui, comme Sœur Jean-Luc ont entendu son appel et y ont répondu.
Au nom du diocèse de Papeete, j’adresse aux Sœurs de Saint Joseph de Cluny l’expression de notre gratitude et notre reconnaissance pour tout ce que votre sœur Jean-Luc a fait dans notre diocèse. Son témoignage vient s’ajouter à celui de tant d’autres religieuses que nous avons connu et admiré et à celui de tant d’autres dont les noms sont maintenant oubliés sauf de Dieu.
© COPPENRATH Hubert - 2019
Éthique sociale
L’avenir de l’Accueil Te Vai-ete en question…
Dimanche de Pâques, nous avons lancé officiellement la campagne de collecte de fond pour la construction de l’Accueil Te Vai-ete api… Nos politiques, qui font feu de tout bois, en cette période de pré-elections municipales, ont abordé le sujet lors de la 2ème scéance de la session administrative de jeudi 25 avril 2019. Nous vous proposons de lire ou relire la question orale de Mme Teura IRITI et la réponse de Mme Isabelle SACHET, ministre de la Famille et des Solidarités, en charge de l'égalité des chances. Sans commentaires !
Question orale de Mme Teura IRITI
Madame la Ministre,
Nous consacrons cette semaine au handicap et à ses solutions, et c’est tant mieux, car les personnes qui souffrent d’un ou de plusieurs maux les empêchant de participer pleinement à une vie normale doivent faire l’objet de notre attention et bénéficier de notre solidarité. Le Pays a pris de nombreuses mesures en matière de travail, de formation, d’amélioration de leur quotidien.
Mais qu’en est-il du handicap social, que nous voyons chaque jour s’étaler de plus en plus sous nos yeux, dans nos rues
Mardi dernier, Tahiti Infos titre en première page : « Le centre Te Vai-Ete en quête de terrain ».
Il s’agit d’un projet de construction d’un centre d’accueil pour les sans-abri, comprenant une salle de repos, des machines à laver, une salle de réunion, des salles de formation, afin de donner à des personnes hommes et femmes, en grande précarité, le sens de leur dignité, ainsi qu’une chance de se réinsérer dans la société.
Ce projet est en gestation depuis deux ans, et les démarches entreprises, notamment auprès du Pays, pour disposer d’un terrain n’ont pas abouti.
Les conséquences en seront dramatiques, car, le 23 décembre 2019, ce centre devra fermer ses portes, laissant les délaissés de notre société dans un plus grand dénuement.
Or, toujours selon le journal que j’ai cité, en 2018, l’accueil Te Vai-Ete a offert 17 037 repas, dont 10 850 à l’Accueil, à une centaine de personnes.
336 personnes ont été reçues à l’accueil, dont 31% de femmes et 8,5 % de mineurs.
La question que nous posons au gouvernement a trait à cette situation : que fait-on pour ces personnes qui sont aussi en grande difficulté ? Le Pays ne dispose-t-il pas de terrain qui serait susceptible d’accueillir ce centre, qui répond à un vrai besoin pour des personnes en souffrance ?
La générosité de notre population est bien connue, et ce serait là un moyen de manifester notre solidarité envers les plus démunis.
Réponse de Mme Isabelle SACHET, ministre
Mme IRITI, je vous remercie pour votre question qui m'offre l'opportunité de présenter aux représentants à l'Assemblée de Polynésie Française que vous êtes, un point d'étape de l'avancée de nos démarches en faveur de nos populations les plus fragiles.
Tout comme vous le précisez, je réaffirme l'importance pour notre gouvernement d'apporter son soutien à toutes les personnes en situation de handicap, notamment de « handicap social » La dignité et la vie des personnes vivant dans la précarité, sans domicile fixe ou sans abri font partie de nos priorités. Par un encadrement et un accompagnement spécifiques, nous voulons leur donner les moyens d'être actrices de leur vie.
Vous nous demandez « que fait-on pour ces personnes qui sont aussi en grande difficulté ? ».
Depuis septembre 2018, en tant que ministre des Solidarités, j'ai prospecté et visité différents sites susceptibles d'accueillir quatre types de structures destinées à l'accueil, à l'hébergement et à l'accompagnement des personnes en situation de grande précarité.
Avec le concours de mes collègues ministres de l'Équipement, de l'Économie verte et du Domaine, du Logement et de l'Aménagement du territoire ainsi qu'avec les maires des communes concernées, nous avons travaillé afin de trouver des lieux en cohérence avec les projets propres à chaque structure d'accueil.
Te Torea
La reconstruction du Centre de jour (C.D.J.), lieu d'échanges favorisant le lien social, sera engagée sur son site d'implantation actuel à Vaininiore. Un relogement temporaire du personnel et des personnes accueillies, est prévu en septembre 2019 dans les locaux d'E.D.T. (site de Papeete) après la réalisation de travaux d'aménagement intérieurs.
Le Centre d'Hébergement d'Urgence (CHU) d'une capacité d'accueil de 50 places, situé dans la vallée de Tipaerui, ne peut être rénové du fait de la non-conformité aux normes du secteur du bâtiment. Après prospection, deux possibilités d'emplacement en vue d'une nouvelle construction se sont présentées. Cependant, aucune d'entre elles n'a pu être validée pour l’instant, nous continuons donc à chercher.
Dès le mois de septembre 2018, nous avons prospecté afin de trouver un lieu adéquat à l'accueil d’un futur Centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), lieu proposant des actions d'adaptation à la vie active pour l'apprentissage ou l'actualisation des règles et des compétences nécessaires à une activité professionnelle. Les personnes admises bénéficient d'un accompagnement destiné à les aider à retrouver leur autonomie personnelle et leur autonomie sociale.
À ce jour, nous nous orientons vers une parcelle appartenant à la Mission Sanito et se situant à Outumaoro. Après l'avoir visitée avec le concours de T.N.A.D., il en est ressorti une viabilité forte du projet d'implantation, la majorité des critères d'occupation étant remplie. Une rencontre avec la Congrégation Sanito est prévue dans de courts délais afin de déterminer les conditions d'accès à cette propriété, par un achat ou une location.
Nous avons également pour projet, la construction du village communautaire comportant 16 places destinées à la prise en charge des personnes en situation de précarité, avec un projet professionnel axé sur l'agriculture et le retour aux sources. Ce projet pourrait également être complété, voir mutualisé avec ceux de l'association Tamarii no Nuutania et consistant en une réinsertion des détenus dans un centre de formation de jour, par le biais d'activités issues du secteur agricole.
En ce sens, une implantation sur l'emprise EAD-Tnad à Taravao (suivant avis du C.A. de T.N.A.D.) pourrait trouver tout son sens, la proximité du centre pénitentiaire étant un critère de réussite du projet.
La localisation et les caractéristiques de ces lieux de vie sont importantes pour favoriser la reconstruction psychique et physique des personnes accueillies. Pour cela, nous avons voulu un environnement sain, offrant une qualité de vie appréciable.
À ce jour, depuis le collectif budgétaire, nous disposons des crédits nécessaires à la réalisation des études préliminaires qui seront menées dans le courant du second semestre 2019 pour :
- Le Centre de Jour (CDJ) :: 10 millions ;
- Le Centre d'Hébergement d'Urgence (CHU) : 20 millions ;
- Le Centre d'hébergement et de réinsertion sociale : 40 millions ;
- Le Village communautaire : 20 millions ;
C’est la preuve que nous sommes prêt.
Madame la représentante, vous aurez donc noté que le gouvernement met en œuvre une politique volontariste pour tenter de résoudre la question de la prise en charge des personnes en situation de grande précarité.
Accueil Te Vai-ete
Concernant la réimplantation du centre Te Vai-ete, je tiens à mettre en avant la collaboration étroite et régulière que je mène depuis plusieurs mois avec Père Christophe.
La mairie de Papeete, nos techniciens et moi-même, nous nous sommes concertés à plusieurs reprises afin de trouver une solution pérenne et adéquate. La proposition de faire bénéficier à la construction du centre, l’emplacement actuellement utilisé à Vaininiore sur un terrain de 1 500 m2, qui retenue et actée par le Tavana, qui est enchanté de la décision de notre Gouvernement, qui se consacre pleinement à la situation des sans-abris. « Enfin, dit-il depuis tant d’années ».
Nous attendons maintenant la décision de Père Christophe, qui ne se positionnera définitivement qu’après consultation des membres de son association qui œuvre avec lui.
Le ministère de la Famille et des Solidarités, en charge de l'égalité des chances, en charge des plus démunis, se fait fort de continuer à soutenir les actions veillant à la prise en charge des plus démunis et à poursuivre la recherche de sites pouvant accueillir ce public car ce que nous souhaitons est de veiller à ce que chaque polynésien puisse vivre dans la dignité et le respect de ses droits.
Madame la représentante, j'espère avoir répondu à votre question et vous remercie de votre attention.
© Assemblée de la Polynésie - 2019
Commentaire des lectures du dimanche
« Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre » (Jn20,30). L’Évangile est le livre de la miséricorde de Dieu, à lire et à relire, parce que tout ce que Jésus a dit et accompli est une expression de la miséricorde du Père. Toutefois, tout n’a pas été écrit ; l’Évangile de la miséricorde demeure un livre ouvert, où continuer à écrire les signes des disciples du Christ, gestes concrets d’amour, qui sont le meilleur témoignage de la miséricorde. Nous sommes tous appelés à devenir écrivains vivants de l’Évangile, porteurs de la Bonne Nouvelle à tout homme et à toute femme d’aujourd’hui. Nous pouvons le faire en mettant en pratique les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles, qui sont le style de vie du chrétien. Par ces gestes simples et forts, parfois même invisibles, nous pouvons visiter tous ceux qui sont dans le besoin, portant la tendresse et la consolation de Dieu. On poursuit ainsi ce que Jésus a accompli le jour de Pâques, quand il a répandu dans les cœurs des disciples effrayés la miséricorde du Père, soufflant sur eux l’Esprit Saint qui pardonne les péchés et donne la joie.
Toutefois, dans le récit que nous avons écouté émerge un contraste évident : il y a la crainte des disciples, qui ferment les portes de la maison ; de l’autre, il y a la mission de la part de Jésus, qui les envoie dans le monde porter l’annonce du pardon. Il peut y avoir aussi en nous ce contraste, une lutte intérieure entre la fermeture du cœur et l’appel de l’amour à ouvrir les portes closes et à sortir de nous-mêmes. Le Christ, qui par amour est passé à travers les portes closes du péché, de la mort et des enfers, désire entrer aussi chez chacun pour ouvrir tout grand les portes closes du cœur. Lui, qui par la résurrection a vaincu la peur et la crainte qui nous emprisonnent, veut ouvrir tout grand nos portes closes et nous envoyer. La route que le Maître ressuscité nous indique est à sens unique, elle avance dans une seule direction : sortir de nous-mêmes, sortir pour témoigner de la force de guérison de l’amour qui nous a conquis. Nous voyons devant nous une humanité souvent blessée et craintive, qui porte les cicatrices de la douleur et de l’incertitude. Face à l’imploration douloureuse de miséricorde et de paix, nous entendons, aujourd’hui adressée à chacun de nous, l’invitation confiante de Jésus : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (v.21).
Chaque infirmité peut trouver dans la miséricorde de Dieu un secours efficace. Sa miséricorde, en effet, ne s’arrête pas à distance : il désire venir à la rencontre de toutes les pauvretés et libérer des nombreuses formes d’esclavage qui affligent notre monde. Il veut rejoindre les blessures de chacun, pour les soigner. Être apôtres de miséricorde signifie toucher et caresser ses plaies, présentes aussi aujourd’hui dans le corps et dans l’âme de tant de ses frères et sœurs. En soignant ces plaies nous professons Jésus, nous le rendons présent et vivant ; nous permettons à d’autres, de toucher de la main sa miséricorde, de le reconnaître « Seigneur et Dieu » (cf. v. 28), comme fit l’Apôtre Thomas. C’est cela la mission qui nous a été confiée. Tant de personnes demandent d’être écoutées et comprises. L’Évangile de la miséricorde, à annoncer et à écrire dans la vie, cherche des personnes au cœur patient et ouvert, « bons samaritains » qui connaissent la compassion et le silence face au mystère du frère et de la sœur ; il demande des serviteurs généreux et joyeux, qui aiment gratuitement sans rien exiger en échange.
« La paix soit avec vous ! » (v.21) : c’est le salut que le Christ adresse à ses disciples ; c’est la même paix qu’attendent les hommes de notre temps. Ce n’est pas une paix négociée, ce n’est pas l’arrêt de quelque chose qui ne va pas : c’est sa paix, la paix qui vient du cœur du Ressuscité, la paix qui a vaincu le péché, la mort et la peur. C’est la paix qui ne divise pas, mais unit ; c’est la paix qui ne laisse pas seuls, mais nous fait sentir accueillis et aimés ; c’est la paix qui demeure dans la douleur et fait fleurir l’espérance. Cette paix, comme le jour de Pâques, naît et renaît toujours du pardon de Dieu, qui enlève l’inquiétude du cœur. Être porteuse de sa paix : c’est la mission confiée à l’Église le jour de Pâques. Nous sommes nés dans le Christ comme instruments de réconciliation, pour porter à tous le pardon du Père, pour révéler son visage de seul amour dans les signes de la miséricorde.
Dans le Psaume responsorial il a été proclamé : « Son amour est pour toujours » (117/118, 2). C’est vrai, la miséricorde de Dieu est éternelle ; elle ne finit pas, elle ne s’épuise pas, elle ne se rend pas face aux fermetures, et elle ne se fatigue jamais. Dans ce « pour toujours » nous trouvons un soutien dans les moments d’épreuve et de faiblesse, parce que nous sommes certains que Dieu ne nous abandonne pas : il demeure avec nous pour toujours. Remercions pour son si grand amour, qu’il nous est impossible de comprendre : il si grand ! Demandons la grâce de ne jamais nous fatiguer de puiser la miséricorde du Père et de la porter dans le monde : demandons d’être nous-mêmes miséricordieux, pour répandre partout la force de l’Évangile, pour écrire ces pages de l’Évangile que l’apôtre Jean n’a pas écrites.
© Libreria Editrice Vaticana – 2016