Pko 25.08.2019
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°42/2019
Dimanche 25 août 2019 – 21ème Dimanche du Temps ordinaire – Année C
Humeurs…
Vivre ensemble
Hommage à Charles, 7ème personne à la rue, décédée cette année
Charles, est le 7ème frère de la rue à nous quitter cette année… Il est décédé le 15 août à l’hôpital du Taaone. Il rejoint ainsi Pancho, Émelie, Maria, Jean, John et Théodore… Anonyme de leur vivant… qu’ils ne le soient plus aujourd’hui !
Moi, le vulgaire passant je vois trainer ces gens.
Il n’y a rien d’alarmant, détail insignifiant.
Pour eux c’est les engelures, pour moi la couverture sociale
c’est pas banal… y a rien d’immoral
« Bonjour M’sieur Savachef ! J’suis qu’un pauvre SDF ».
Vous auriez pas une petite pièce
Manque de délicatesse
Juste pour une petite bouteille
L’alcool fait des merveilles
Et c’est le systema pour combattre le froid
Le pied des sans-foyer c’est d’jà d’se réchauffer
Tendons au moins la main soulageons leur destin
Moi qui tout le temps me plaint
Pour eux je ne fais rien
Eux qui sont en attente
En crevant dans leur tente
On se dit : « Ce n’est pas notre faute »…
que l’on y est pour rien
Mais faire attention à l’autre c’est un devoir citoyen
Regard de compassion relatif il me semble
Au vue de nos missions du label vivre ensemble
« Madame s’il vous plait sans vous importuner
On ne sait plus où aller ! On va mourir geler !
Vous ne connaitriez pas un abri, un endroit
Une source de chaleur, juste pour quelques heures »
Le pied des sans- foyer c’est d’jà d’se réchauffer
Tendons au moins la main soulageons leur destin
Moi qui tout le temps me plaint
Pour eux je ne fais rien
Eux qui sont en attente
En crevant dans leur tente
Trouvez ça pitoyable nous qui mangeons à table
De les voir allongé seul sur un sol souillé
Trouvez ça p’t-être débile d’être sans domicile
Mais ils n’ont pas choisi de se laisser sans vie
Le pied des sans-foyer c’est d’jà d’se réchauffer
Tendons au moins la main soulageons leur destin
Moi qui tout le temps me plaint
Pour eux je ne fais rien
Eux qui sont en attente
En crevant dans leur tente
Le pied des sans foyer c’est d’jà d’se réchauffer
Tendons au moins la main soulageons leur destin
Moi qui tout le temps me plaint
Même si j’ne manque de rien
Ne fermons pas les yeux, faisons un geste pour eux !
Franck Legrand
Laissez-moi vous dire…
Bioéthique : la démocratie mensongère
Bioéthique : procréation mensongère assassine
N’ayez pas peur en entendant le mot « BIOETHIQUE ». Je vais essayer d’être simple pour attirer votre attention sur des questions majeures pour le futur de notre société. Merci de lire jusqu’au bout mon propos !
Nous avons tous entendu parler de « la P.M.A.(1) pour toutes les femmes » ayant un désir d’enfant qu’elles vivent à deux ou seules. C’est une promesse du président de la république qu’il tient à respecter… Alors qu’une majorité d’électeurs (électrices) ne l’ont pas élu pour cette raison !
Le 24 juillet 2019 [remarquez que la date est bien choisie… en pleine période de vacances !] le Conseil des Ministres a adopté un Projet de Loi relatif à la Bioéthique [c’est-à-dire les problèmes « moraux » liés à la recherche sur le vivant]. Le projet a été transmis à la Commission Permanente dans la perspective d’une présentation à l’Assemblée Nationale en fin septembre prochain [période de rentrée sociale et de préparation du budget 2020].
Le Projet comporte 32 articles et une quarantaine de pages.
Qu’est-ce qui motive le gouvernement national ? Lisez bien : « Cette révision des lois de bioéthique s’inscrit dans un contexte de sauts technologiques inédits, auxquels s’ajoutent des attentes sociétales fortes. » Quand on sait qu’il y a eu forte contestation de la société civile lors des États Généraux de la Bioéthique organisés début 2018 démontrant qu’il n’y avait pas « d’attente sociétale forte » : où est la vérité ?
Lisons la suite : « le projet (…) propose une évolution de notre cadre bioéthique fondée sur un équilibre entre le respect de la dignité de la personne humaine, le libre choix de chacun et la solidarité entre tous ». Comme c’est bien dit, cela fait très républicain. D’ailleurs il est proposé que la PMA soit prise en charge par… la Sécurité Sociale ! Ainsi « le droit à l’enfant » pourrait être financé par les travailleurs cotisant à la Sécurité Sociale comme si le « droit à l’enfant » était une maladie ! Vous serez sans doute d’accord avec moi pour que nous, parents qui avons donné naissance à nos enfants par « PNA » [Procréation Naturelle non Assistée], demandions aussi, dans ces conditions, une indemnité au gouvernement au nom de « la solidarité entre tous » !
Vous allez sans doute penser que je suis contre la PMA. Détrompez-vous car la question n’est pas là. Et vous allez comprendre pourquoi.
En effet le gouvernement met en avant la PMA alors que ce Projet comporte 32 articles dont certains vont modifier en profondeur l’avenir de notre société. Vous connaissez sans doute la technique militaire de « l’écran de fumée ». Quand une armée voulait attaquer, on en masquait une partie de l’armée en lançant des grenades fumigènes à l’avant de la troupe. Ainsi l’ennemi ne pouvait connaître ni le nombre ni l’emplacement des unités en présence.
Ainsi le gouvernement nous enfume par des propos pseudo-philosophiques mensongers et cherche à détourner notre regard des autres articles du Projet de Loi.
D’après vous : un enfant a-t-il le droit de connaître ses origines ?
Si vous répondez OUI : danger, vous risquez d’être montré du doigt, qualifié de « demeuré », « rétrograde », « traditionaliste »… Et pourtant… nous tous, chrétiens, protestants, catholiques, mormons, adventistes, sanitos et bien sûr juifs et musulmans, fidèles au Dieu Unique, il est impensable qu’un enfant -fût-il faamu ou né d’une PMA – ne soit pas rattaché à une lignée ! Ceci est d’autant plus vrai dans nos sociétés océaniennes où il est culturellement fondamental, pour que l’enfant s’épanouisse, sache qui il est, d’où il vient, où est son pu-fenua, qui sont ses tupuna…
Or que dit le Projet de Loi ? Il est précisé que le don de gamètes [ovule, spermatozoïdes] est assimilé à un don d’organe ; il est gratuit et anonyme. Mais à l’âge de 18 ans, si la génitrice n’a pas révélé à l’enfant son origine, « celui-ci pourra demander légalement à connaître ses origines et avoir accès à des informations non identifiantes sur le donneur. Il pourra aussi avoir accès à l’identité du donneur si celui-ci y consent. Ainsi, certains enfants issus du don auront accès à l’identité de leur donneur, d’autres non. » [Source : Avis du Conseil d’État sur un Projet de Loi relatif à la bioéthique (SSAX1917211L) / Séance du 18 juillet 2019 (www.legifrance.gouv.fr)]
CONCLUSION : le droit à l’enfant et le droit du donneur priment sur le droit de l’enfant ! Justice « à deux vitesses » ?
Plus grave encore … Le Projet de Loi prévoit la libération quasi-totale de la recherche sur l’embryon. Jusqu’à présent les programmes de recherche sur les embryons étaient soumis à des autorisations pointilleuses, et souvent longues, de l’Agence de biomédecine. Si la Loi venait à être adoptée la manipulation des cellules souches issues d’embryons humains serait facilitée. À qui profiterait ce “crime” ? … au business de la biomédecine : les industries pharmaceutiques qui se préparent à utiliser des CESh [Celles Souches Embryonnaires humaines] (2)
Les enjeux financiers sont énormes (3). Vous pouvez ainsi comprendre pourquoi on veut développer la PMA, ce qui amènera plus de donneurs de gamètes (ovules, spermatozoïdes) et donc la fabrication d’un plus grand nombre d’embryons en surnombre qui, au final, serviront aux laboratoires industriels.
Avez-vous saisi l’intérêt de « l’écran de fumée » : la PMA ?
Nous ne sommes pas dupes. Et nos responsables politiques locaux commencent à prendre conscience des enjeux. Ils s’interrogent ; vont-ils voter POUR ou CONTRE ce Projet de Loi ? Leurs électeurs les attendent au tournant, MAIS… auront-ils les mains libres ? Notre système « démocratique » fausse les cartes. En effet, tous les députés subissent des pressions à la fois politiques [obéir à la discipline du groupe parlementaire ; soutien pour les prochaines élections municipales], financières [gare aux subventions qui risquent de passer à la trappe, aides pour les campagnes électorales…] et mêmes morales [action de divers lobbys]. N’oublions pas également le jeu des « amendements » ; si un élu veut une modification d’un article du Projet de Loi, il doit passer par un membre de la Commission Permanente.
Et nous alors, les citoyens, que pouvons-nous faire pour agir selon notre conscience face à ce « simulacre de démocratie » ?
Certain(e)s ont réclamé le droit de proposer des « referendums d’initiative populaire ». On a vu ce que cela a donné après le Grand Débat National… une reprise en main par le Président.
Alors… descendre dans la rue, faire masse et chorus contre la Loi ?... On a vu les résultats avec « la Manif pour Tous ». Mener des actions violentes ?… comme sur les Champs Élysées ! Ce n’est guère chrétien.
Alors… il reste « la désobéissance civile »(4), c’est un acte difficile, courageux et parfois dangereux ; rappelons-nous Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela… mais si cette action est menée en masse et bien coordonnée elle peut porter des fruits.
C’est une démarche individuelle, certes, mais elle doit être exercée collectivement. Et pour la rendre visible il est nécessaire de porter un signe distinctif : pourquoi pas un gilet… « arc-en-ciel » (Ô ironie !).
S’attaquer à l’embryon, être vivant et déjà personne humaine sans défense, en dénigrant ses droits, est insupportable. C’est une lâcheté inqualifiable.
Ne rien faire est tout aussi lâche et relève de la faute par omission !
Commençons donc par interpeler nos élus : Président du Pays, Président de l’Assemblée de Polynésie, parlementaires polynésiens au Sénat et à l’Assemblée nationale…
Tous ensemble on peut tout. Courage et confiance.
Dominique Soupé
Notes : (1) PMA = Procréation Médicalement Assistée [les médecins disent ‘’AMP’’]. Il s’agit de « fabriquer » un embryon avec une cellule femelle (ovule) et une cellule mâle (spermatozoïde) et de l’implanter dans l’utérus de la femme qui désire un enfant. Jusqu’à présent -en France - seuls les couples homme-femme confrontés à l’infertilité pouvaient bénéficier de cette technique.
(2) CESh = Cellules Souches Embryonnaires humaines, c’est-à-dire des cellules prélevées sur des embryons [un enfant !] pour tester des nouveaux médicaments ; et pourquoi pas – à terme - pour fabriquer des bébés OGM !
(3) Pour donner un exemple : des sommes colossales sont investies dans des centres ultramodernes, comme par exemple le Génopole d’Evry et sa plateforme Yposkesi (qui signifie ‘’promesse’’ en grec !) qui espère, d’ici 2021, devenir le plus grand centre de fabrication de thérapies géniques et cellulaires d’Europe [financé en partie par l’AFM-Téléthon et la banque publique d’investissement Bpifrance].
(4) La désobéissance civile = « est une action militante, généralement pacifique, consistant à ne pas se soumettre à une loi pour des motifs politiques ou idéologiques » (Dictionnaire Larousse), La « résistance à l’oppression» (physique, politique ou autres) est un droit constitutionnel (article 2 de la Déclaration des Droits de l’homme de 1789, Préambule de la Constitution actuelle).
© Cathédrale de Papeete – 2019
En marge de l’actualité…
C.E.PAC.
La « CEPAC »… un mot qui vient parfois dans les documents, les informations relevant de notre diocèse, un mot qui suscite des interrogations et mérite quelques explications pour aider à mieux comprendre la structure de l’Église. L’Église est divisée en diocèses, unités géographiques la plupart du temps, calquées souvent sur des divisions administratives du pays. C’est ainsi qu’en Métropole, le diocèse correspond à un département, parfois à deux départements (Haut Rhin et Bas Rhin pour le diocèse de Strasbourg). Parfois aussi, un département peut abriter deux diocèses (Les « Bouches du Rhône » regroupent le diocèse de Marseille et celui d’Aix en Provence). Certains diocèses comme le diocèse aux armées dépassent les limites géographiques. Par exemple, St Louis, à Arue et l’aumônier militaire, dépendent de l’évêque aux armées et non de l’archevêque de Papeete !
Les diocèses d’un pays sont regroupés en ce qu’on appelle une « Conférence épiscopale ». C’est ainsi que la « conférence des évêques de France » regroupe les diocèses de métropole plus ceux des départements d’outre-mer : Guyane, Guadeloupe, Martinique, La Réunion…
Pour ce qui est de la Polynésie Française, nous avons deux diocèses : Papeete et Taiohae. Mais nous ne faisons pas partie de la conférence des évêques de France. Notre conférence s’appelle la « Conférence des Évêques du PACifique » : CEPAC. Cette Conférence réunit donc, outre les diocèses de Papeete et de Taiohae ceux des îles Carolines, de Chalan-Kanoa, de Nouméa, de Port Vila, de Rarotonga, de Samoa Apia, de Samoa Pago Pago, de Suva, de Tarawa et Nauru, de Tonga et de Wallis et Futuna, plus quelques territoires qui ne sont pas des évêchés (Funafuti, Tokelau, îles Marshall…). L’ensemble du Pacifique sud, outre la CEPAC, compte trois autres conférences épiscopales : la conférence des évêques d’Australie, celle des évêques de Nouvelle Zélande et celle des évêques de Papouasie Nlle Guinée.
La CEPAC regroupe en majorité des diocèses anglophones, mais 5 sont francophones : Noumea, Port Vila, Wallis et Futuna, Taiohae et Papeete. Les évêques de ces 5 diocèses ont à cœur de se retrouver chaque année pour une réunion de travail avec leurs directeurs de l’Enseignement Catholique. Cette année cette rencontre a lieu à Papeete cette semaine du 19 au 23 août. Plus encore, ils organisent des évènements comme la venue de la sœur Mary LEMBO qui a visité ces 5 diocèses francophones pour évoquer les douloureux problèmes de pédophilie et d’abus sur mineurs et personnes vulnérables dans l’Église. Un autre évènement décidé par les évêques francophones de la CEPAC : la tenue de sessions de formation pour les prêtres ordonnés depuis 12 ans et moins. La prochaine session va se tenir à Tahiti à partir du 23 août. Elle débutera par une retraite d’une semaine et sera suivie de deux semaines de réflexion. Les sujets qui seront abordés sont : l’accompagnement pastoral des fidèles, la place du prêtre dans la catéchèse paroissiale, la pastorale dans les paroisses sans prêtre résident et enfin la place des questions éthiques dans les préoccupations pastorales du prêtre. À cette session sont attendus 6 prêtres du Vanuatu, 4 de Nouméa, 4 de Papeete 1 de Wallis et Futuna et 1 de Taiohae. Pendant les week-ends, peut-être aurez-vous la chance de rencontrer tous ces prêtres qui seront dispersés dans les paroisses de Tahiti.
Ainsi, la CEPAC est une chance pour nos diocèses isolés. Elle nous permet de prendre des initiatives pastorales qui donnent visage à l’ouverture et à l’universalité de l’Église. Elle permet à notre diocèse de ne pas se refermer, elle nous aide à prendre en compte ce qui fait la richesse culturelle commune à ces territoires du Pacifique mais aussi ce qui fait ses particularités pour en faire un des joyaux de l’Église Universelle !
+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU
© Archidiocèse de Papeete - 2019
Audience générale
Les exigences de la communion fraternelle
En poursuivant sa série de catéchèses sur les Actes des Apôtres, le Pape François s’est arrêté sur la notion de communion fraternelle. Cette audience tenue en Salle Paul VI a été l’occasion pour le Pape d’expliquer que le partage du temps et des biens matériels n’est pas une simple option, mais une condition indispensable de l’appartenance à la communauté chrétienne.
Chers frères et sœurs
La communauté chrétienne nait de l’effusion surabondante de l’Esprit Saint et grandit grâce au ferment du partage entre frères et sœurs dans le Christ. Il existe un dynamisme de solidarité qui édifie l’Église en tant que famille de Dieu, où l’expérience de la koinonia est centrale. Que signifie ce mot étrange ? C’est un mot grec qui veut dire « mettre en communion », « mettre en commun », être comme une communauté, ne pas être isolés. C’est l’expérience de la première communauté chrétienne, c’est-à-dire mettre en commun, « partager », « communiquer, participer », ne pas s’isoler. Dans l’Église des origines, cette koinonia, cette communauté renvoie avant tout à la participation au Corps et au Sang du Christ. C’est pourquoi, quand nous recevons la communion, nous disons que « nous communions », nous entrons en communion avec Jésus et de cette communion avec Jésus, nous parvenons à la communion avec nos frères et sœurs. Et cette communion au Corps et au Sang de Jésus, qui se fait pendant la messe, se traduit en union fraternelle, et par conséquent aussi à ce qui est plus difficile pour nous : mettre en commun nos biens et recueillir de l’argent pour la collecte en faveur de l’Église mère de Jérusalem (cf. Rm 12,13 ; 2 Cor 8-9) et des autres Églises. Si vous voulez savoir si vous êtes de bons chrétiens, vous devez prier, chercher à vous approcher de la communion, du sacrement de la réconciliation. Mais le signe que ton cœur s’est converti, c’est lorsque la conversion arrive aux poches, lorsqu’elle touche notre propre intérêt : c’est là que l’on voit si l’on est généreux avec les autres, si l’on aide les plus faibles, les plus pauvres : quand la conversion arrive là, tu es sûr que c’est une véritable conversion.
La vie eucharistique, les prières, la prédication des apôtres et l’expérience de la communion (cf. Ac 2,42) font des croyants une multitude de personnes qui ont, dit le livre des Actes des apôtres, « un seul cœur et une seule âme » et qui ne considèrent pas comme leur propriété ce qu’elles possèdent mais qui mettent tout en commun (cf. Ac 4,32). C’est un modèle de vie très fort qui nous aide à être généreux et non avares. C’est pourquoi, poursuit le récit, « aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun » (Ac. 4, 34-35). L’Église a toujours reproduit ce geste des chrétiens qui se dépouillaient de ce qu’ils avaient en plus, de ce qui n’était pas nécessaire pour le donner à ceux qui en avaient besoin. Et pas seulement de l’argent, mais aussi du temps. Tant de chrétiens – vous-mêmes, par exemple, ici, en Italie – tant de chrétiens font du volontariat ! Mais c’est très beau, cela ! C’est la communion, partager mon temps avec les autres, pour aider ceux qui en ont besoin. Et de même le volontariat, les œuvres de charité, les visites aux malades ; il faut toujours partager avec les autres sans chercher uniquement son propre intérêt. La communauté, ou koinonia, devient ainsi la nouvelle modalité de relation entre les disciples du Seigneur. Les chrétiens font l’expérience d’une nouvelle modalité d’être entre eux, de se comporter.
Et c’est la modalité proprement chrétienne, à tel point que les païens regardaient les chrétiens en disant : « Voyez comme ils s’aiment ! ». L’amour était la modalité. Mais pas un amour en paroles, pas un amour feint : l’amour des œuvres, de l’aide mutuelle, l’amour concret, la dimension concrète de l’amour. Le lien avec le Christ instaure un lien entre frères qui converge et qui s’exprime aussi à travers la communion des biens matériels. Oui, cette modalité qui consiste à être ensemble, cette façon de s’aimer arrive ainsi jusqu’aux poches, arrive à se dépouiller aussi de l’obstacle qu’est l’argent pour le donner aux autres, contre son propre intérêt. Être membres du corps du Christ rend les croyants coresponsables les uns des autres. Être croyants en Jésus nous rend tous coresponsables les uns des autres. « Mais regarde celui-là, le problème qu’il a : ça ne m’intéresse pas, c’est son affaire ». Non, entre chrétiens, nous ne pouvons pas dire : « Le pauvre, il a un problème chez lui, il a des difficultés en famille. Mais, je dois prier, je le prends avec moi, je ne suis pas indifférent ».
C’est cela, être chrétien. C’est pourquoi les forts soutiennent les faibles (cf. Rm 15,1) et personne n’expérimente l’indigence qui humilie et défigure la dignité humaine, parce qu’ils vivent cette communauté : avoir le cœur en commun. Ils s’aiment. C’est le signe : un amour concret. Jacques, Pierre et Jean, qui sont les trois apôtres comme les « colonnes » de l’Église de Jérusalem, décident dans la communion que Paul et Barnabé évangéliseront les païens tandis qu’eux évangéliseront les juifs, et ils indiquent seulement à Paul et Barnabé quelle est la condition : ne pas oublier les pauvres, se souvenir des pauvres (cf. Ga 2, 9-10). Pas seulement les pauvres matériellement, mais aussi les pauvres spirituellement, les gens qui ont des problèmes et qui ont besoin de notre proximité. Un chrétien part toujours de lui-même, de son cœur et il s’approche des autres comme Jésus s’est approché de nous. Voilà la première communauté chrétienne. Un exemple concret de partage et de communion des biens nous vient du témoignage de Barnabé : il possède un champ et il le vend pour en apporter le produit aux apôtres (cf. Ac 4, 36-37). Mais à côté de son exemple positif, il y en a un autre tristement négatif : Ananie et sa femme Saphira qui, ayant vendu un terrain, décident de n’en remettre qu’une partie aux apôtres et de garder l’autre pour eux (cf. Ac 5, 1-2). Cette escroquerie interrompt la chaîne du partage gratuit, le partage serein, désintéressé et les conséquences sont tragiques, elles sont fatales (Ac 5, 5-10).
L’apôtre Pierre démasque la faute d’Ananie et de sa femme et lui dit : « comment se fait-il que Satan a envahi ton cœur, pour que tu mentes à l’Esprit, l’Esprit Saint, et que tu détournes pour toi une partie du montant du domaine ? […] Tu n’as pas menti aux hommes, mais à Dieu » (Ac 5, 3-4). Nous pourrions dire qu’Ananie a menti à Dieu à cause d’une conscience isolée, d’une conscience hypocrite, c’est-à-dire d’une appartenance ecclésiale « négociée », partiale et opportuniste. L’hypocrisie est le pire ennemi de cette communauté chrétienne, de cet amour chrétien : faire semblant de s’aimer, mais ne chercher que son propre intérêt. Manquer à la sincérité du partage, en fait, ou mentir à la sincérité de l’amour, signifie cultiver l’hypocrisie, s’éloigner de la vérité, devenir égoïste, éteindre le feu de la communion et se destiner au gel de la mort intérieure.
Celui qui se comporte ainsi traverse l’Église comme un touriste. Il y a beaucoup de touristes dans l’Église, qui sont toujours de passage, mais qui n’entrent jamais dans l’Église : c’est le tourisme spirituel qui leur fait croire qu’ils sont chrétiens alors qu’ils ne sont que des touristes des catacombes. Non, nous ne devons pas être des touristes dans l’Église, mais frères les uns des autres. Une vie qui n’est configurée que sur le profit et les avantages à tirer des situations au détriment des autres, provoque inévitablement la mort intérieure. Et combien de personnes se disent proches de l’Église, amis des prêtres, des évêques, alors qu’elles ne cherchent que leur propre intérêt ! Ce sont les hypocrisies qui détruisent l’Église !
Que le Seigneur – je le demande pour chacun de nous – reverse sur nous son Esprit de tendresse, qui est vainqueur de toute hypocrisie et qui apporte cette vérité qui nourrit la solidarité chrétienne ; loin d’être une activité d’assistance sociale, celle-ci est l’expression incontournable de la nature de l’Église, mère très tendre de tous, en particulier des plus pauvres.
© Libreria Editice Vaticana - 2019
Bioéthique
Enfant de la PMA pour toutes : de qui es-tu né ?
Pour Bertrand Vergely, c'est le basculement de l'égalité des sexes vers l'identité des sexes qui rend acceptable l'idée ultra-libérale de production d'enfants. Voici un résumé de sa pensée exprimée dans son livre « Transhumanisme : la grande illusion » aux éditions Le Passeur – 320 pages.
Mercredi 12 juin 2019, lors de son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale, le Premier Ministre Édouard Philippe a annoncé que le projet de loi de bioéthique, qui doit intégrer l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, serait présenté en juillet en conseil des ministres et examiné fin septembre devant les députés.
Une question biologique, seulement ?
Les conséquences en sont la modification pour tous du Code de la santé publique ainsi que du Code civil. On assiste à une mise en question des relations de parenté, fondées jusqu'à présent sur l'engendrement, qui ancre la procréation des humains dans la nature. Pour le philosophe Bertrand Vingely, les notions de père et de mère, voire de frère et de sœur, vont devenir des mots vides, des fictions juridiques. La PMA introduit aussi de nombreuses interrogations, au sujet notamment de l'âge limite de procréation, des dons de gamètes, de l'homoparentalité, du droit de l'enfant à avoir et à connaître son origine. Une nouvelle aube se lève pour l'homme qui, en achevant de se rendre, ainsi que le disait Descartes, « comme maître et possesseur de la nature » dans la limite d'une morale de la générosité au sens d'une volonté réfléchie, finit par sortir des limites posées par la raison naturelle à notre volonté. L'homme en arrive à se prendre pour Dieu : sa volonté n'a plus d'autre limite que celles posées par les biotechnologies, qui sont repoussées plus loin chaque jour. Le projet de Bertrand Vergely est de comprendre les raisons qui ont conduit les hommes, après avoir tué Dieu, à entreprendre de tuer l'homme.
La PMA et ses ambiguïtés
La PMA (Procréation Médicalement Assistée), au départ, est une simple médecine réparatrice. Elle permet aux couples ayant des difficultés à concevoir de corriger une défaillance (par un don de gamètes par exemple). La mise au point, en Angleterre dans les années 70, de la fécondation in vitro par le gynécologue Patrick Steptoe et le biologiste Robert Edwards, a permis la naissance du premier « bébé-éprouvette », Louise Brown, en 1978. Qu’entend-on exactement par la notion de PMA ? Les praticiens réservent en général l’appellation PMA aux aides à la procréation qui amènent à manipuler gamètes ou embryons. Ainsi, la fécondation in vitro, le transfert des embryons, l’injection intracytoplasmique de spermatozoïdes, le transfert des gamètes ou des zygotes, la congélation des embryons, le don de sperme ou d’ovules sont autant d’interventions médicales qui tombent sous la notion générale de « PMA ». Cependant, les diverses polémiques montrent que la PMA, dans ses évolutions annoncées - où la médecine réparatrice cédera le pas aux opportunités ouvertes par la technologie biologique - renvoie surtout à des questions juridiques et à une transformation de la famille.
Pour Bertrand Vergely, la revendication de la PMA est apparue dans un contexte qui n'est pas anodin. Il s'agit de celui de la théorie du genre, qui nie les différences entre les sexes. Parfois qualifiée de « féministe », cette théorie est en réalité surtout portée par les militant(e)s LGBT qui voient un obstacle à l'égalité dans les différences sexuées, et qui considèrent qu'en matière de parenté aussi, tout doit être possible pour tous. Les différences ne seraient donc que culturelles et sociales. Approfondissant ce désir d'égalité, le mouvement du « mariage pour tous » aspire à une totale égalité entre couple hétérosexuel et couple homosexuel, confondant de fait égalité et identité. Contre les lois de la nature que l'on cherche à maîtriser coûte que coûte, s'est développée l'idée d'une maîtrise de la reproduction, la dissociant de la sexualité.
Ambiguïté du « pour tous » ou les méfaits de l'égalité
Le désir d'enfant – ou son absence – appartient à chaque être humain dans sa singularité. Le risque d'en faire un objet de plaisir à l'attention des parents pose la question des droits de l'enfant, avant celle du droit à l'enfant. Dans le premier cas, l'enfant a des droits, à commencer par le droit à avoir et connaître son origine ; dans le second cas, il est tout simplement réduit à l'objet d'une production. Ainsi le « droit », par définition opposable, est-il un terme vague, trouble et éventuellement pernicieux, encore plus lorsqu'il est droit « pour tous » ; puisqu'en l'occurrence, tous les acteurs de cette histoire ne sont pas consultés au moment où s'écrit son scénario.
Bertrand Vergely y voit la promotion d'une société où la singularité est condamnée au nom du refus des différences et du mérite. La morale et le droit, dans la société qui s'esquisse, se voient retournés : c'est à eux d'obéir à l'individu, constate le philosophe. La société du « mariage pour tous » soulève des confusions du fait de l'indétermination du « pour tous ». En donnant la même chose à tous, on renonce en fait à l'équité qui prend en compte la singularité de chacun, et corrige la généralité de la notion de « justice ». On retrouve cette même réduction dans la formule « la réussite pour tous ». Si l'on accorde la réussite à tous, écrit encore Bertrand Vergely, à quoi bon passer des examens ? C'est aussi oublier que quoi qu'il en soit, les jeunes élèves s'évaluent entre eux et ceci de façon sauvage. L'évaluation scolaire, à la différence, organise cette compétition, limitant ainsi les dégâts de cette sauvagerie.
La PMA ou les conséquences de la redéfinition du mariage et de la filiation
Il faut au minimum remonter jusqu’à la constitution du droit moderne de la famille par la Révolution française et le Code Napoléon de 1804 si l’on veut comprendre ce qui est en jeu dans cette vaste polémique, ce conflit qui oppose en fait deux représentations de l'enfant et de la famille. Il faut aussi interroger la définition juridique de la filiation. Elle était jusqu'alors fondée biologiquement. Le droit français se singularise ainsi par son attachement à une conception médicale de la PMA qui réservait ce traitement aux couples hétérosexuels stériles, selon une perspective réparatrice, et en excluait les couples de femmes, présupposant une naturalité de la procréation. Il conviendrait de mieux distinguer origines et filiation afin de lever la confusion entre la filiation instituée par le droit et les origines. Il n’est pas toujours très clair dans l’esprit de tous qu’il ne suffit pas d’avoir contribué à la conception d’un enfant pour en être un parent.
L’opposition entre la maternité « naturelle » et la paternité « sociale » n’est pas une idée universelle : elle appartient à une aire culturelle, elle a une histoire, et c’est en Occident, avec l’entrée dans la société de l'individu moderne, qu’elle se cristallise au plan juridique, pour la France avec le Code Napoléon de 1804.
Tout remonte à la question du droit naturel. Pour Rousseau, la famille conjugale est « la première des sociétés et la seule naturelle ». La petite famille conjugale, vue comme le point de passage entre l’animal et l’homme, la nature et la culture, est l’atome originel de toute socialité humaine depuis plus de deux siècles. Cette nature très singulière conférée à la famille conjugale repose sur l’idée qu’entre mâles et femelles humains, adultes et petits, parents et enfants – sexes, âges, générations –, les relations n’auraient pas besoin d’être médiatisées par des règles, des conventions ou des significations instituées parce qu’elles se forgeraient spontanément à partir de la simple complémentarité entre les dispositions et capacités respectives d’êtres différents et « incomplets » ayant besoin les uns des autres, et dont les positions respectives sont naturellement hiérarchisées. Cette représentation donna au mariage un statut tout à fait unique : la seule institution « naturelle », car ancrée dans la nature humaine elle-même. Portalis, le principal rédacteur du Code Napoléon de 1804, premier Code civil des Français, ne manque pas de le rappeler en tête de l’un des passages du Discours préliminaire au projet de Code civil : « Nous nous sommes convaincus que le mariage, qui existait avant l’établissement du christianisme, qui a précédé toute loi positive, et qui dérive de la constitution même de notre être, n’est ni un acte civil ni un acte religieux, mais un acte naturel qui a fixé l’attention des législateurs et que la religion a sanctifié. »
L'égalité de sexe : la fin de la paternité par présomption
C'est parce que l’égalité de sexe est devenue une valeur cardinale de la démocratie que peu à peu a été remis en question l’ancien « ordre matrimonial » du couple, de la famille et de la sexualité. Le mariage n’est plus ce qui fait « alliance » entre un monde masculin et un monde féminin. C'est cette remise en question de la hiérarchie au sein du couple qui est remise en cause. Le mariage n’est plus ce qui sépare la sexualité permise de la sexualité disqualifiée ou prohibée. Le mariage, enfin, n’est plus ce qui fonde la seule vraie famille, car la paternité et la transmission sont désormais assurées et instituées indépendamment du fait que l’homme soit marié ou que le couple reste uni. Là est le cœur, souvent inaperçu, à partir duquel l’idée d’un mariage de même sexe – autrefois considérée comme « impossible » ou « absurde » y compris par les homosexuels eux-mêmes – a pu se développer.
En 2005 a lieu l'effacement pur et simple, dans notre droit civil, de la distinction terminologique qui organisait tout l’univers de la famille du Code Napoléon : la distinction entre filiation légitime et filiation naturelle. Désormais, la filiation ne repose plus sur le socle du mariage. Elle a été refondée sur son propre socle, elle est commune à tous et indépendante du fait que les parents soient mariés ou non mariés, unis ou séparés.
C'est dans cette logique historique des événements que s'inscrit la proposition de loi sur la « PMA » pour toutes les femmes. C'est aussi autour de la question de l'égalité que se cristallisent les polémiques. Égalité qui se confondrait, selon Bertrand Vingely, avec identité, faisant ainsi référence à la critique de Tocqueville dans La Démocratie en Amérique (1835) :
« Il faut reconnaître que l’égalité, qui introduit de grands biens dans le monde, suggère cependant aux hommes, ainsi qu’il sera montré ci-après, des instincts fort dangereux ; elle tend à les isoler les uns des autres, pour porter chacun d’eux à ne s’occuper que de lui seul. »
Maryse EMEL – 26 juin 2019
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Commentaire des lectures du dimanche
Chers frères et sœurs, bonjour !
L’Évangile du jour nous exhorte à méditer sur le thème du salut. L’évangéliste Luc raconte que Jésus est en voyage vers Jérusalem et le long du chemin, quelqu’un s’approche de lui et lui demande : « Seigneur, Seigneur, est-ce le petit nombre qui sera sauvé ? » (Lc 13,23). Jésus ne donne pas une réponse directe, mais déplace le débat sur un autre niveau, à travers un langage suggestif, qu’au début les disciples ne comprennent peut-être pas : « Luttez pour entrer par la porte étroite, car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne pourront pas » (v.24). À travers l’image de la porte, Il veut faire comprendre à ses interlocuteurs qu’il ne s’agit pas de nombre — combien seront sauvés —, il n’importe pas de savoir combien, mais il est important que tous sachent quel est le chemin qui conduit au salut.
Ce parcours prévoit que l’on franchisse une porte. Mais où est la porte ? Comment est la porte ? Qui est la porte ? Jésus lui-même est la porte. C’est Lui qui le dit, dans l’Évangile de Jean : « Je suis la porte » (cf. Jn 10,9). Il nous conduit dans la communion avec le Père, où nous trouvons amour, compréhension et protection. Mais, peut-on se demander, pourquoi cette porte est-elle étroite ? Pourquoi dit-il qu’elle est étroite ? C’est une porte étroite, pas parce qu’elle est oppressive, non, mais parce qu’elle nous demande de restreindre et de contenir notre orgueil et notre peur, pour nous ouvrir à Lui avec un cœur humble et confiant, en nous reconnaissant pécheurs, ayant besoin de son pardon. C’est pour cela qu’elle est étroite : pour contenir notre orgueil qui nous fait enfler. La porte de la miséricorde de Dieu est étroite, mais elle est toujours grande ouverte pour tous ! Dieu ne fait pas de préférences, mais il accueille toujours tout le monde, sans distinctions. Une porte étroite pour limiter notre orgueil et notre peur ; une porte grande ouverte parce que Dieu nous accueille sans distinction. Et le salut qu’Il nous donne est un flux incessant de miséricorde qui abat toutes les barrières et ouvre des perspectives surprenantes de lumière et de paix. La porte étroite, mais toujours grande ouverte : n’oubliez pas cela.
Aujourd’hui, Jésus nous adresse, encore une fois, une invitation pressante à aller à Lui, à franchir la porte de la vie pleine, réconciliée et heureuse. Il attend chacun de nous, quel que soit le péché que nous avons commis pour nous embrasser, pour nous offrir son pardon. Lui seul peut transformer notre cœur, Lui seul peut donner un sens plénier à notre existence, en nous donnant la vraie joie. En entrant par la porte de Jésus, la porte de la foi et de l’Évangile, nous pourrons sortir des attitudes mondaines, des mauvaises habitudes, des égoïsmes et des fermetures. Quand il y a un contact avec l’amour et la miséricorde de Dieu, il y a un changement authentique. Et notre vie est illuminée par la lumière de l’Esprit Saint : une lumière inextinguible !
Je voudrais vous faire une proposition. Pensons à présent, en silence, quelques instants, aux choses que nous avons en nous et qui nous empêchent de franchir la porte : mon orgueil, mon arrogance, mes péchés. Et puis, pensons à l’autre porte, celle grande ouverte de la miséricorde de Dieu qui nous attend de l’autre côté pour nous donner le pardon.
Le Seigneur nous offre de nombreuses occasions de nous sauver et d’entrer à travers la porte du salut. Cette porte est l’occasion qui ne doit pas être gâchée : nous ne devons pas faire de discours académiques sur le salut, comme celui qui s’est adressé à Jésus, mais nous devons saisir les occasions de salut. Parce qu’à un certain moment, « le maître de maison se sera levé et aura fermé la porte » (v.25), comme nous l’a rappelé l’Évangile. Mais si Dieu est bon et nous aime, pourquoi fermera-t-il la porte à un certain moment ? Parce que notre vie n’est pas un jeu vidéo ni un feuilleton télévisé ; notre vie est sérieuse et l’objectif à atteindre est important : le salut éternel.
A la Vierge Marie, Porte du Ciel, demandons de nous aider à saisir les occasions que le Seigneur nous offre de franchir la porte de la foi et d’entrer ainsi sur une route large : c’est la route du salut capable d’accueillir tous ceux qui se laissent toucher par l’amour. C’est l’amour qui sauve, l’amour qui, déjà sur terre, est source de béatitude pour tous ceux qui, dans la douceur, dans la patience et dans la justice, s’oublient eux-mêmes et se donnent aux autres, en particulier aux plus faibles.
© Libreria Editice Vaticana – 2016