Pko 20 et 21.04.2019

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°22/2019

Samedi 20 avril et Dimanche 21 avril 2019 – Dimanche de la résurrection – Année C

Humeurs…

Un signe de Dieu

La Résurrection… enfin pourrions-nous dire après un Carême particulièrement éprouvant pour l’Église aussi bien locale qu’universelle ! (mœurs, gestion obscure des biens matériels…) Il nous faut ressusciter avec le Christ… mais il n’y a pas de résurrection sans le passage par la croix…

L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, aussi douloureux soit-il nous invite à une profonde réflexion… « Notre-Dame en feu, quel choc ! Pour moi, un désastre culturel, mais quel symbole que ces flammes… Elles me ramènent à l’autre incendie, tellement plus grave, qui ébranle les structures de l’Église, en ces temps d’abus, de grandes souffrances et de doutes. La métaphore est forte. La flèche qui tombe, c’est l’orgueil de l’Église mis à mal. La charpente est partie en fumée, les murs tiennent encore, mais instables, fragilisés. Comme nos communautés. Je le vois comme un signe de Dieu. Il nous purifie et nous tient auprès de la seule chose qui reste : la croix. » (Isabelle CHARPENTIER – théologienne.

Ensemble, réveillons-nous ! Debout chrétien ! Il nous faut reconstruite l’Église… cela commence par notre propre conversion !

Christ est ressuscité !

Et nous ???

Laissez-moi vous dire…

Dimanche 21 avril : Pâques / passage de la mort à la Vie

Détruisez ce Temple… et trois jours après je le relèverai…

Le Temple de Jérusalem était un « lieu » sacré pour les Juifs, un lieu rempli de la présence de Dieu. Ce « lieu » désigné comme centre de la foi d’Israël fait de Jérusalem une « ville sainte ». Au Xème siècle avant JC, quand le roi Salomon décida la construction du Temple, il faudra 46 ans pour le construire selon les instructions que le Seigneur avait données à Moïse (cf. Exode 26). Mais l’idolâtrie et le formalisme d’Israël attirèrent le courroux et les reproches des prophètes (cf. Isaïe 1,11-17 ; Amos 5,21-27 ; Jérémie 7,1-11). Michée, Ezéchiel, Jérémie annoncent la destruction du Temple, en punition. C’est ce que les Babyloniens réalisent en 586 avant JC.

Au retour de l’exil, avec les encouragements des prophètes, le Temple sera reconstruit de 536 à 515 avant JC (cf. Ezéchiel 40 à 48).

Jésus fréquente le Temple (qui a été agrandi par Hérode le Grand), mais Il n’apprécie pas le formalisme du culte qu’on y célèbre. D’ailleurs il chassera avec colère les vendeurs du temple (Jean 2,14-16) et prédira la ruine de Jérusalem et du Temple (ce que fera Titus en 70 après JC).

En fait Jésus annonce une réalité nouvelle : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai » (Jean 2,19). JÉSUS est la demeure de Dieu parmi les hommes. Ses disciples ne le comprendront qu’après la résurrection du Christ. Le corps du Christ ressuscité est le Temple nouveau où « l’on adore le Père en esprit et vérité » (Jean 4,23).

Dans sa grande miséricorde, Dieu notre Père nous a donné en son Fils Jésus un Temple indestructible… L’Église, corps mystique du Christ, peut adorer Dieu en Jésus ressuscité à tout moment, en tous lieux, en toutes circonstances. Le Christ est vainqueur de toute destruction, de toutes formes de mal…

Certes la destruction d’une église, d’une cathédrale comme Notre-Dame de Paris est un drame pour une nation comme la France. Et il est heureux que l’émotion ait touché le monde entier, car au-delà des pierres c’est un symbole religieux, un édifice rayonnant notre culture chrétienne millénaire.

Instantanément, en voyant les images de Notre-Dame en feu, j’ai ressenti la douleur des Rémois lorsque le 19 septembre 1914 les Allemands ont bombardé la cathédrale de Reims. Là il s’agissait d’un acte de guerre ! On voyait le brasier à plus de 20 km autour de Reims. Les Rémois ont subi 1051 jours de bombardements qui ont fait plus de 1 000 morts (dont 600 civils). Le Cardinal Luçon, archevêque de Reims et le maire de la ville sillonnaient les rues pour encourager et réconforter les habitants. On célébrait la messe dans les caves des Maisons de Champagne ; 2 600 enfants y ont été scolarisés durant deux ans ! Quel courage ! Grâce au dévouement et au dynamisme de l’architecte rémois Henri Deneux, ainsi qu’aux nombreux mécènes, entrepreneurs, artisans, artistes… la cathédrale a été restaurée et inaugurée en juillet 1938. La cathédrale de Reims, est un symbole de la France chrétienne : on y célébra le baptême de Clovis et les sacres des rois de France. Et, on s’en souvient, le 8 juillet 1962, De Gaulle et Adenauer y scellaient la réconciliation franco-allemande…

En paraphrasant le discours du Général De Gaulle, lors de la libération de Paris, on pourrait dire ceci : Notre-Dame, Notre-Dame outragée, Notre-Dame brisée, Notre-Dame martyrisée, mais Notre-Dame toujours debout !

La leçon divine a été claire, en ce lundi Saint, début de semaine Sainte. Nos yeux se sont tournés vers l’agonie d’une cathédrale, « temple du Seigneur » et toutes les bonnes volontés se sont ancrées dans l’espérance d’une « résurrection » !

La question qui me vient : avons-nous les mêmes sentiments face à la crucifixion de Jésus ? Sommes-nous aussi catastrophés FACE À LA MORT DU CHRIST DONT NOUS SOMMES LA CAUSE ? Et la « restauration » du Christ, celle de sa RESURRECTION, nous donne-t-elle cette joie intense de savoir que finalement le « Temple de Dieu » est à jamais vivant ?

Heureux temps de Pâques à chacune et chacun.

Dominique Soupé

Suggestion pour prolonger la réflexion et la prière, voici la prière que Saint Jean-Paul II fit dans la cathédrale au pied de Notre-Dame de Paris (30 mai 1980) :

Vierge Marie, au cœur de la Cité

Nous vous prions pour cette ville capitale.

Vous, l’Intacte, gardez-lui la pureté de la foi !

Vierge Marie, depuis ce bord de Seine

Nous vous prions pour le pays de France.

Vous, Mère, enseignez-lui l’espérance !

Vierge Marie, en ce haut lieu de chrétienté,

Nous vous prions pour tous les peuples de la terre.

Vous, pleine de grâce, obtenez qu’ils soient un dans l’Amour.

Dominique Soupé

© Cathédrale de Papeete - 2018

En marge de l’actualité…

Il est ressuscité !

La résurrection du Christ célébrée en ce Dimanche de Pâques nous conduit au cœur, au fondement de notre Foi chrétienne. Survenue au matin du premier jour de la semaine, au lever du soleil, elle se présente aux femmes venues au tombeau et à nous comme l’avènement d’une nouvelle création, une aube nouvelle, un monde nouveau. « Qui nous roulera la pierre ? » se demandaient ces femmes… Qui nous libèrera de cette mort qui nous obsède et vient briser ces liens d’amour et d’affection qui comptaient tant dans notre bonheur ? Qui nous ouvrira à l’espérance de vivre à jamais, délivrés de la peur de mourir ? Qui ôtera de nos yeux les larmes et la souffrance qu’engendre le départ de ceux et celles que nous aimons ? Oui, depuis le matin de Pâques, la mort n’est plus devant nous comme un obstacle insurmontable. La mort a été engloutie par la vie, et l’amour qui unissait Jésus à son Père et à ses frères et sœurs est désormais vainqueur. « O Mort, où est ta victoire ? » écrit Saint Paul. Ainsi est manifestée la force de Dieu, une force intérieure. Elle permet à Jésus de prendre sur lui la violence, le péché, leurs souffrances et leurs peurs, leurs angoisses. Elle permet à Jésus de descendre dans l’enfer des Hommes jusque dans leur mort, et c’est de là qu’il les rend à la vie. Nous savons par expérience que c’est aussi un amour qui peut être refusé, même s’il reste toujours offert. Jésus se remet entre les mains de l’Homme, comme un amour livré. Si cet amour peut être rejeté, rien pourtant, ni personne ne peut l’éteindre ou l’empêcher d’exister. Dieu se manifeste en Jésus comme puissance d’amour qui demeure intact, même si elle est refusée par les hommes. On ne peut l’enchaîner ni la détruire. Pourtant, c’est une puissance d’amour qui est sans puissance à la manière dont les hommes sont puissants, car c’est un amour « désarmé ». Et si la force des puissants de ce monde peut s’y opposer un moment, elle ne parvient en fait qu’à la mettre davantage en évidence et ne peut en rien l’altérer ou la dégrader. C’est aussi un amour désarmant car il va jusqu’à l’amour des ennemis et au pardon.

Il importe de bien comprendre ce que signifie cette résurrection du Christ. Il est d’usage de parler de la résurrection de Lazare (Jn 11,1 …), de la résurrection du fils de la veuve de Naïn (Lc 7,11…) ou de la fille de Jaïre (Lc 8,40 …). Mais le terme de « résurrection » est inapproprié dans ces cas-là, car Lazare, le fils de la veuve de Naïn ou la fille de Jaïre devront mourir un jour. Il ne leur est accordé qu’un prolongement de vie sur terre, et ce prolongement accordé à ces personnes qui avaient affronté la mort signifie que déjà le pouvoir de la mort est ébranlé, que la mort n’a pas toujours le dernier mot, qu’il est possible de la mettre en échec ! Le Christ, lui, une fois ressuscité ne meurt plus, il est entré dans sa gloire et échappe désormais aux conditions de vie qui sont les nôtres sur terre. Il est bien le « Premier né d’entre les morts », et de ce fait, nous ouvre les portes de l’espérance par la puissance de son amour. Désormais, plus rien ne peut nous séparer de l’amour qui vient de Dieu… Pas même la mort ne peut séparer ceux qui s’aiment.

Notre foi ne s’appuie pas sur les miracles, ni sur des signes extraordinaires, elle s’appuie sur la mort résurrection du Christ qui nous dit l’amour de Dieu pour chacun et chacune d’entre nous : « Voici le sang de l’alliance nouvelle et éternelle, versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés ». Jésus nous aime, il a donné sa vie pour nous ; son Père l’a ressuscité et nous voici désormais invités à accueillir sa vie… Que ces célébrations de Pâques nous donnent de lui chanter notre merci, notre Alleluia !

+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete - 2018

Audience générale…

Comme Jésus, prier le Père dans les moments d’humiliation

Lors de l’audience générale de ce Mercredi Saint, le Pape est revenu sur la notion paradoxale de la Gloire de Dieu, dans ce contexte pascal dans lequel le Fils de Dieu est passé par l’épreuve de l’humiliation de la mort sur la Croix.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Pendant ces semaines, nous réfléchissons sur la prière du Notre Père. Maintenant, à la veille du Triduum pascal, arrêtons-nous sur quelques paroles avec lesquelles Jésus a prié son Père au cours de sa Passion.

La première invocation vient après le dernier repas lorsque le Seigneur « leva les yeux au ciel et dit : “Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils – et ensuite – glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe” » (Jn 17,1.5). Jésus demande la gloire, une requête qui semble paradoxale alors que la Passion est imminente. De quelle gloire s’agit-il ? Dans la Bible, la gloire indique la révélation de Dieu, c’est le signe distinctif de sa présence salvatrice parmi les hommes. Maintenant, Jésus est Celui qui manifeste définitivement la présence et le salut de Dieu. Et il le fait à Pâques : élevé sur la croix, il est glorifié (cf. Jn 12,23-33). C’est là que Dieu révèle enfin sa gloire : il ôte le dernier voile et nous surprend comme jamais auparavant. Nous découvrons en effet que la gloire de Dieu est tout amour : amour pur, fou et impensable, au-delà de toute limite et de toute mesure.

Frères et sœurs, faisons nôtre la prière de Jésus : demandons au Père d’ôter les voiles de nos yeux pour qu’au cours de ces journées, en regardant le Crucifix, nous puissions accueillir le fait que Dieu est amour. Si souvent nous l’imaginons comme un patron et non un Père, si souvent nous pensons qu’il est un juge sévère plutôt qu’un Sauveur miséricordieux ! Mais à Pâques, Dieu annule les distances, en se montrant dans l’humilité d’un amour qui demande notre amour. Par conséquent, nous lui rendons gloire quand nous vivons tout ce que nous faisons avec amour, quand nous faisons tout avec le cœur, comme si c’était pour lui (cf. Col 3,17). La véritable gloire est la gloire de l’amour, parce que c’est la seule qui donne la vie au monde. Certes, cette gloire est le contraire de la gloire mondaine, qui vient lorsqu’on est admiré, loué, acclamé : quand je suis au centre de l’attention. En revanche, la gloire de Dieu est paradoxale : pas d’applaudissements, pas d’audience. Au centre, il n’y a pas le « moi » mais l’autre : à Pâques, en effet, nous voyons que le Père glorifie le Fils tandis que le Fils glorifie le Père. Personne ne se glorifie soi-même. Nous pouvons nous demander, aujourd’hui, à nous-mêmes : « Quelle est la gloire pour laquelle je vis ? La mienne ou celle de Dieu ? Est-ce que je désire seulement recevoir des autres ou aussi donner aux autres ? »

Après la dernière Cène, Jésus entre dans le jardin de Gethsémani ; et là aussi, il prie son Père. Alors que ses disciples ne parviennent pas à rester éveillés et que Judas arrive avec les soldats, Jésus commence à ressentir « peur et angoisse ». Il éprouve toute l’angoisse de ce qui l’attend : trahison, mépris, souffrance, échec. Il est « triste » et là, dans cet abîme, dans cette désolation, il adresse à son Père la parole la plus tendre et la plus douce : « Abba », c’est-à-dire Papa (cf. Mc 14,33-36). Dans l’épreuve, Jésus nous enseigne à embrasser le Père, parce qu’en le priant, nous trouvons la force d’avancer dans la souffrance. Dans la fatigue, la prière est soulagement, confiance, réconfort.

Abandonné de tous, dans la désolation intérieure, Jésus n’est pas seul, il est avec le Père. Nous, en revanche, dans nos Gethsémani, nous choisissons souvent de rester seuls au lieu de dire « Père » et de nous confier à lui, comme Jésus, de nous abandonner à sa volonté qui est notre véritable bien. Mais quand, dans l’épreuve, nous restons refermés sur nous-mêmes, nous creusons un tunnel en nous, un douloureux parcours d’introversion qui n’a qu’une direction : toujours plus au fond de nous-mêmes. Le plus grand problème n’est pas la souffrance, mais la manière dont nous l’affrontons. La solitude n’offre pas d’issue ; la prière, si, parce qu’elle est relation, confiance. Jésus confie tout et se confie tout entier à son Père, lui apportant ce qu’il ressent, s’appuyant sur lui dans le combat. Quand nous entrons dans nos Gethsémani – nous avons tous nos Gethsémani ou nous les avons eus ou nous les aurons – souvenons-nous de ceci : quand nous entrons, quand nous entrerons dans notre Gethsémani, souvenons-nous de prier ainsi : « Père ».

Enfin, Jésus adresse à son Père une troisième prière pour nous : « Père, pardonne-leur ; ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). Jésus prie pour ceux qui ont été méchants envers lui, pour ses assassins. L’Évangile précise que cette prière s’élève au moment de la crucifixion. C’était probablement le moment de la douleur la plus aiguë, quand on a enfoncé les clous dans ses poignets et dans ses pieds. C’est là, au sommet de la souffrance, que l’amour culmine : vient le pardon, c’est-à-dire le don au plus haut degré, qui brise le cercle du mal. En priant ces jours-ci le Notre Père, puissions-nous demander une de ces grâces : vivre nos journées pour la gloire de Dieu, c’est-à-dire vivre avec amour ; savoir nous confier au Père dans les épreuves et dire « Papa » au Père et trouver dans la rencontre avec le Père le pardon et le courage de pardonner. Cela va ensemble. Le Père nous pardonne, mais il nous donne le courage de pouvoir pardonner.

© Libreria Editrice Vaticana – 2019

Commentaire des lectures de la Vigile pascale

 

Nous avons commencé cette célébration à l’extérieur, immergés dans l’obscurité de la nuit et dans le froid qui l’accompagne. Nous sentons le poids du silence devant la mort du Seigneur, un silence dans lequel chacun de nous peut se reconnaître et qui descend profondément dans les replis du cœur du disciple qui, devant la croix, reste sans parole.

Ce sont les heures du disciple, sans voix devant la douleur engendrée par la mort de Jésus : que dire devant une telle réalité ? Le disciple qui reste sans voix prenant conscience de ses propres réactions durant les heures cruciales de la vie du Seigneur : devant l’injustice qui a condamné le Maître, les disciples ont fait silence ; devant les calomnies et le faux témoignage subi par le Maître, les disciples se sont tus. Durant les heures difficiles et douloureuses de la Passion, les disciples ont fait l’expérience de manière dramatique de leur incapacité à prendre un risque et à parler en faveur du Maître ; de plus, ils l’ont renié, ils se sont cachés, ils ont fui, ils sont restés muets (cf. Jn 18,25-27).

C’est la nuit du silence du disciple qui se trouve transi et paralysé, sans savoir où aller face à tant de situations douloureuses qui l’oppriment et l’entourent. C’est le disciple d’aujourd’hui, sans voix devant une réalité qui s’impose à lui, lui faisant sentir et, ce qui est pire, croire qu’on ne peut rien faire pour vaincre tant d’injustices que nombre de nos frères vivent dans leur chair.

C’est le disciple étourdi parce qu’immergé dans une routine accablante qui le prive de la mémoire, qui fait taire l’espérance et l’habitue au « on a toujours fait ainsi ». C’est le disciple sans voix et enténébré qui finit par s’habituer et par considérer normale l’expression de Caïphe : « Vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas » (Jn 11,50)

Et au milieu de nos silences, quand nous nous taisons de manière si accablante, alors les pierres commencent à crier (cf. Lc 19, 40) et à laisser la place à la plus grande annonce que l’histoire ait jamais pu contenir dans son sein : « Il n’est pas ici, car il est ressuscité » (Mt 28, 6). La pierre du tombeau a crié et par son cri, elle a annoncé à tous un nouveau chemin. Ce fut la création la première à se faire l’écho du triomphe de la Vie sur toutes les réalités qui chercheront à faire taire et à museler la joie de l’Évangile. Ce fut la pierre du tombeau la première à sauter et, à sa manière, à entonner un chant de louange et d’enthousiasme, de joie et d’espérance auquel nous sommes tous invités à prendre part.

Et si hier, avec les femmes, nous avons contemplé « celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19,37 ; cf. Za 12,10), aujourd’hui avec elles nous sommes appelés à contempler la tombe vide et à écouter les paroles de l’ange : « Vous, soyez sans crainte ! […] Il est ressuscité » (Mt 28,5-6). Paroles qui veulent atteindre nos convictions et nos certitudes les plus profondes, nos manières de juger et d’affronter les événements quotidiens ; spécialement notre manière d’entrer en relation avec les autres. Le tombeau vide veut défier, secouer, interroger, mais surtout il veut nous encourager à croire et à avoir confiance que Dieu “vient” dans toute situation, dans toute personne, et que sa lumière peut arriver dans les coins les plus imprévisibles et les plus fermés de l’existence. Il est ressuscité de la mort, il est ressuscité du lieu dont personne n’attendait rien et il nous attend – comme il attendait les femmes – pour nous rendre participants de son œuvre de salut. Voilà le fondement et la force que nous avons comme chrétiens pour répandre notre vie et notre énergie, notre intelligence, nos affections et notre volonté dans la recherche et spécialement dans le fait de produire des chemins de dignité. Il n’est pas ici… Il est ressuscité ! C’est l’annonce qui soutient notre espérance et la transforme en gestes concrets de charité. Comme nous avons besoin de faire en sorte que notre fragilité soit marquée de cette expérience ! Comme nous avons besoin que notre foi soit renouvelée, que nos horizons myopes soient remis en question et renouvelés par cette annonce ! Il est ressuscité et avec Lui ressuscite notre espérance créative pour affronter les problèmes actuels, parce que nous savons que nous ne sommes pas seuls.

Célébrer Pâques signifie croire de nouveau que Dieu fait irruption et ne cesse de faire irruption dans nos histoires, défiant nos déterminismes uniformisants et paralysants. Célébrer Pâques signifie faire en sorte que Jésus soit vainqueur de cette attitude lâche qui tant de fois, nous assiège et cherche à ensevelir tout type d’espérance.

La pierre du tombeau a fait sa part, les femmes ont fait leur part, maintenant l’invitation est adressée encore une fois à vous et à moi : invitation à rompre avec les habitudes répétitives, à renouveler notre vie, nos choix et notre existence. Une invitation qui nous est adressée là où nous nous trouvons, dans ce que nous faisons et ce que nous sommes ; avec la “part de pouvoir” que nous avons. Voulons-nous participer à cette annonce de vie ou resterons-nous muets devant les événements ?

Il n’est pas ici, il est ressuscité ! Et il t’attend en Galilée, il t’invite à retourner au temps et au lieu du premier amour pour te dire : “N’aies pas peur, suis-moi”.

Pape François - Homélie du 31 mars 2018

© Libreria Editrice Vaticana - 2018