Pko 16.06.2019
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°31/2019
Dimanche 16 juin 2019 – Solennité de la Sainte Trinité – Année C
Humeurs…
Don d’organes : Tous concernés… tous donneurs… # Fier d’être donneur !
Du 17 au 23 juin une « Semaine de réflexion sur le don d’organes, la greffe et la reconnaissance aux donneurs » va essayer de sensibiliser la population au don d’organes. Challenge d’aviron « in door », projection de film, conférence et prière œcuménique sont au programme…
Le site polynésien récemment ouvert, « redonnervie.org » présente en quelques lignes : « Que pensent les religions ? Aucune confession religieuse représentée sur le territoire ne s’oppose au don d’organes, considéré comme un acte de générosité et de charité puisqu’il a pour but de promouvoir la vie. Chaque fidèle est libre d’avoir sa propre opinion sur le sujet. »
Nous ne parlerons ici, qu’au nom de l’Église catholique… le texte cité ci-dessus reste bien timoré si l’on considère les paroles du pape François, il y a tout juste deux mois à l’association italienne des donneurs d’organes. : « la signification du don pour le donateur, pour le receveur, pour la société, ne se limite pas à son “utilité”, puisqu’il s’agit d’expériences profondément humaines et chargées d’amour et d’altruisme. Le don signifie regarder et aller au-delà de soi-même, au-delà des besoins individuels, et s’ouvrir avec générosité à un bien plus grand ». Le Pape réaffirme en cela l’enseignement du Catéchisme catholique : « La donation d’organes après la mort est un acte noble et méritoire et doit être encouragée comme une manifestation de généreuse solidarité » (n°2296) et les propos de Saint Jean-Paul II dans son encyclique Evangelium vitæ : « Il faut particulièrement apprécier le don d'organes, accompli sous une forme éthiquement acceptable — il faut souligner cela —, qui permet à des malades parfois privés d'espoir de nouvelles perspectives de santé et même de vie » (n°86)
L’Église catholique, non seulement ne s’oppose pas au don d’organes gratuit et non rétribué mais elle en fait une œuvre de charité première : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Mt 25,40… Donner ses organes pour ses frères est un don fait au Seigneur souffrant… Avec le don d’organe, c’est une participation explicite au Mystère de la Croix… au sacrifice eucharistique de ce Dieu qui c’est donné totalement pour nous sauvé…
Alors : « JE DONNE ET J’EN SUIS FIÈR ! »… d’un simple clic tu peux en informer ta famille, le faire savoir autour de toi… avoir ta carte de donneur… Ce n’est pas juste une bonne action… c’est un acte de foi en l’Homme… en Dieu !
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Moi,
Père Christophe BARLIER-BRIGNOLI
Je suis pour le don d’organes
Je donne
et j’en suis fier.
Laissez-moi vous dire…
16 juin : Solennité de la Sainte Trinité
Dis-moi : il y a un Dieu ou trois ?
Un jour, au cours de la catéchèse, un enfant me demande : « On dit “Je crois en un seul Dieu” et puis on dit : “je crois en Dieu le Père, en Jésus, Fils de Dieu et en l’Esprit Saint qui procède du Père et du Fils…” Alors, dis-moi : ça fait trois dieux ?! » C’est parfois ce qu’on entend de la part de fidèles d’autres religions : « les chrétiens ne seraient-ils pas polythéistes ? »
Les Juifs se réfèrent à la Torah où, comme dans « notre » Ancien Testament, YHWH scelle son Alliance avec Israël en remettant à Moïse les dix commandements. Dieu se révèle comme l’UNIQUE [« Ecoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique » (Deutéronome 6,4)]. La Loi stipule en son premier article : JE SUIS LE SEIGNEUR TON DIEU… TU N’AURAS PAS D’AUTRES DIEUX QUE MOI…
Le Concile Vatican II a clairement rappelé que : « l’Église ne peut oublier qu’elle a reçu la révélation de l’Ancien Testament par ce peuple [Israël] avec lequel Dieu, dans sa miséricorde indicible, a daigné conclure l’antique Alliance, et qu’elle se nourrit de la racine de l’olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l’olivier sauvage que sont les Gentils [Romains 11, 17-24]. » [Concile Vatican II, Nostra Aetate n°4]
Pour les musulmans le cœur de la foi est exprimé dans la sourate 112 (« Essence de la religion ») : « Il est Dieu, il est Un, Dieu de plénitude, qui n’engendre ni ne fut engendré et pas un n’est son égal. » Pour Juifs et chrétiens la Révélation divine passe toujours par une médiation de l’intelligence humaine, Dieu parle par les prophètes… Pour un musulman il est impensable que Dieu soit perçu comme un Père, car ce serait porter atteinte à son inaccessibilité et à son autorité absolue.
Pour nous chrétiens, avec la venue de Jésus -c’est-à-dire « Dieu sauve » - s’accomplit la promesse faite à Israël d’un « Messie » consacré par Dieu le Père et oint par l’Esprit Saint pour sauver l’humanité entière du péché. A son baptême et à la transfiguration, la voix du Père désigne Jésus comme son « Fils bien-aimé ». Jésus l’affirme clairement : « Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. » (Matthieu 11, 27) C’est pour nous une grande marque d’amour : Dieu le Père, dans sa grande miséricorde, nous envoie son Fils qui prend chair et se fait l’un de nous dans le sein de la Vierge Marie. Il est à la fois « vrai Dieu et vrai Homme ». C’est le mystère de l’incarnation.
L’Esprit Saint est inséparable du Père et du Fils, Jésus : « Il procède du Père et du Fils ». C’est au jour de la Pentecôte que l’Esprit Saint se révèle pleinement ; Jésus Christ dans la gloire du Père répand à profusion l’Esprit Saint sur l’Église naissante. L’Église, dans le mystère de la communion trinitaire, prend le relais de la mission du Christ et de l’Esprit-Saint.
En ce dimanche où nous célébrons plus spécialement la Sainte Trinité, prenons conscience de cette mission apostolique qui nous est confiée : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ».
Dominique Soupé
© Cathédrale de Papeete – 2019
En marge de l’actualité…
Solennité de la Sainte Trinité
L’Église consacre ce dimanche à la célébration de la Sainte Trinité. Nous sommes toujours dans le mouvement de la Pâque et de la Pentecôte, dont le point culminant réside précisément dans la révélation d’un Dieu en trois personnes, Père, Fils et Esprit Saint. Révélation aussi inouïe qu’inattendue, nulle part ailleurs sans doute le mot « mystère » ne trouve plus grande application qu’au mystère de la Trinité.
Au Moyen âge, une légende attribuée à saint Augustin, l’un des plus grands Pères de l’Église à avoir médité et écrit sur la Trinité, met celui-ci en scène avec un enfant (un ange ?) qui s’appliquait à verser l’eau de la mer dans un trou creusé dans le sable. Quand Augustin interroge l’enfant sur ce qu’il fait exactement, celui-ci lui répond : « J’ai décidé de mettre toute l’eau de la mer dans ce trou. » Le saint lui fait alors remarquer la vanité de son action, ce à quoi l’ange lui réplique qu’il est tout autant dérisoire de chercher à expliquer le mystère de la Sainte Trinité !
Cette histoire peut nous apparaître pleine de vérité. De fait, comment donc enfermer la Trinité dans des formules explicatives avec toute la pauvreté de nos mots face à l’immensité divine ? Et pourtant, il n’y a pas de plus grand contresens sur la notion même du mystère chrétien, ni d’ailleurs de plus fausse lecture de la théologie de saint Augustin qui n’a jamais suggéré une telle impossibilité. La foi n’interdit en rien de pénétrer par la raison la compréhension de ce que nous croyons. Pour la raison, le mystère n’est pas un « tabu » mais au contraire une source inépuisable de vérités et de lumières.
Bien sûr, nos mots, ceux que la Bible ou la théologie utilisent notamment pour évoquer le Mystère de la Trinité conservent leur dénuement. Dieu est Père, Fils et Esprit Saint dans une mesure que nous ne pouvons pas mesurer. Le pape Paul VI, dans son credo, avait cette belle formule : « Dieu trois fois saint, infiniment au-delà de ce que nous pouvons concevoir à la mesure humaine ».
Si Dieu dépasse effectivement nos conceptions, il n’est pas pour autant en dehors de nos existences humaines. Les évangiles, les apôtres, leurs successeurs, jusqu’à chacun de nous à vrai dire en témoignent, le Dieu trois fois saint est le Dieu tout proche, accessible à tous : « Si quelqu’un m’aime, dit le Seigneur, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure » (Jn 14,23).
Sainte Élisabeth de la Trinité a rédigé une belle prière qui peut tous nous inspirer : « Ô mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement pour m’établir en Vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l’éternité ; que rien ne puisse troubler ma paix ni me faire sortir de Vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m’emporte plus loin dans la profondeur de votre mystère ! Pacifiez mon âme. Faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos. Que je ne Vous y laisse jamais seul, mais que je sois là, toute entière, toute éveillée en ma foi, toute adorante, toute livrée à votre action créatrice ».
+ Père Vetea BESSERT
© Archidiocèse de Papeete - 2019
Audience générale
L’amour les uns pour les autres, nous rend disciples du Christ
Lors de l’audience générale de ce mercredi 12 juin 2019, tenue sur la Place Saint-Pierre, le Pape a développé un enseignement sur les Actes des Apôtres, en expliquant que ce livre du Nouveau Testament permet de comprendre comment s’est effectué «le voyage de l’Évangile» aux débuts du christianisme.
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous avons initié un parcours de catéchèses qui suivra le « voyage » : le voyage de l’Évangile raconté par le livre des Actes des apôtres, parce que ce livre fait certainement voir le voyage de l’Évangile, comment l’Évangile est allé au-delà, au-delà, au-delà… tout part de la résurrection du Christ. En effet, ce n’est pas un événement parmi tant d’autres, mais c’est la source de la vie nouvelle. Les disciples le savent et, obéissant au commandement de Jésus, ils restent unis, unanimes et persévérants dans la prière. Ils se serrent contre Marie, leur Mère, et se préparent à recevoir la puissance de Dieu non pas passivement, mais en consolidant la communion entre eux.
Cette première communauté était formée de plus ou moins 120 frères et sœurs : un nombre qui comporte le chiffre 12, emblématique pour Israël, parce qu’il représente les 12 tribus, et emblématique pour l’Église en raison des douze apôtres choisis par Jésus. Mais maintenant, après les événements douloureux de la Passion, les apôtres du Seigneur ne sont plus douze mais onze. L’un d’eux, Judas, n’est plus là : écrasé par le remords, il s’est ôté la vie.
Il avait déjà commencé auparavant à se séparer de la communion avec le Seigneur et avec les autres, à agir tout seul, à s’isoler, à s’attacher à l’argent au point d’instrumentaliser les pauvres, à perdre de vue l’horizon de la gratuité et du don de soi, jusqu’à permettre au virus de l’orgueil de lui infecter l’esprit et le cœur en le transformant d’« ami » (Mt 26,50) en ennemi et jusqu’à « à servir de guide aux gens qui ont arrêté Jésus » (Actes 1,16). Judas avait reçu la grande grâce de faire partie du groupe des intimes de Jésus et de participer à son ministère même, mais à un certain point, il a eu la prétention de « sauver » sa vie tout seul, ce qui a eu pour effet de la perdre (cf. Lc 9,24). Il a cessé d’appartenir de cœur à Jésus et s’est mis en dehors de la communion avec lui et avec les siens. Il a cessé d’être disciple et s’est mis au-dessus du Maître. Il l’a vendu et avec le « prix de son délit », il a acquis un terrain qui n’a pas produit de fruit mais qui a été imprégné de son propre sang (cf. Actes 1,18-19).
Oui, Judas a préféré la mort à la vie (cf. Dt 30,19 ; Sir 15,17) et a suivi l’exemple des impies dont le chemin est comme l’obscurité et va à sa ruine (cf. Pr 4,19 ; Ps 1,6) ; les Onze, eux, choisissent la vie et la bénédiction, deviennent responsables en la faisant à leur tour circuler dans l’histoire, de génération en génération, du peuple d’Israël à l’Église.
L’évangéliste Luc nous montre que, devant l’abandon de l’un des Douze, qui a créé une blessure dans le corps communautaire, il est nécessaire que sa charge passe à un autre. Et qui pourrait l’assumer ? Pierre indique les conditions : le nouveau membre doit avoir été un disciple de Jésus depuis le début, c’est-à-dire depuis le baptême dans le Jourdain, jusqu’à la fin, c’est-à-dire à l’ascension au ciel (cf. Actes 1,21-22). Il faut reconstituer le groupe des Douze. C’est à ce moment qu’est inaugurée la pratique du discernement communautaire, qui consiste à voir la réalité avec les yeux de Dieu, dans une optique d’unité et de communion.
Il y a deux candidats : Joseph Barsabbas et Matthias. Alors toute la communauté prie ainsi : « Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel des deux tu as choisi pour qu’il prenne (…) la place que Judas a désertée » (Actes 1,24-25). Et à travers le sort, le Seigneur indique Matthias, qui est associé aux Onze. Ainsi se reconstitue le corps des Douze, signe de communion, et la communion surmonte les divisions, l’isolement, la mentalité qui absolutise l’espace du privé, signe que la communion est le premier témoignage offert par les apôtres. Jésus l’avait dit : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35).
Dans les Actes des apôtres, les Douze manifestent le style du Seigneur. Ce sont les témoins accrédités de l’œuvre de salut du Christ et ils ne manifestent pas au monde leur perfection présumée mais, à travers la grâce de l’unité, ils font émerger un Autre qui vit désormais d’une manière nouvelle au milieu de son peuple. Et qui est-il ? C’est le Seigneur Jésus. Les apôtres choisissent de vivre sous la seigneurie du Ressuscité dans l’unité entre les frères, qui devient l’unique atmosphère possible d’un don de soi authentique.
Nous avons besoin nous aussi de redécouvrir la beauté de témoigner du Ressuscité, en sortant de nos attitudes autoréférentielles, en renonçant à garder les dons de Dieu et en ne cédant pas à la médiocrité. La recomposition du collège apostolique montre combien, dans le ADN de la communauté chrétienne, se trouve l’unité et la liberté par rapport à soi, qui permettent de ne pas craindre la diversité, de ne pas s’attacher aux choses et aux dons et de devenir ‘martyres’, c’est-à-dire témoins lumineux du Dieu vivant et agissant dans l’histoire.
© Libreria Editrice Vaticana – 2019
Éthique – Don d’organes
Discours du pape François à l’association italienne pour le don d’organe, de tissus et de cellules – 13 avril 2019
« Oui au don d’organe gratuit et non rétribué »
Dans un discours prononcé devant les volontaires de l’Association italienne des donneurs d’organes, le Pape a rappelé les positions éthiques de l’Église catholique, favorable à ces nouvelles possibilités médicales, à condition qu’elles ne fassent l’objet d’aucune exploitation lucrative.
Chers frères et sœurs, bonjour !
Je suis heureux de vous accueillir tous, bénévoles de l’Association italienne des donneurs d’organes (AIDO), rassemblés ici pour représenter des milliers de personnes qui ont choisi de témoigner et de diffuser les valeurs du partage et du don, sans rien demander en échange. Je vous salue tous cordialement et je remercie votre présidente, Flavia Petrin, pour les paroles avec lesquelles elle a introduit cette rencontre.
Les développements de la médecine des greffes ont rendu possible le don d’organes après la mort, et dans certains cas, également durant la vie (comme dans le cas du rein par exemple), pour sauver d’autres vies humaines ; pour conserver, retrouver et améliorer l’état de santé de nombreuses personnes malades qui n’ont pas d’autre alternative. Le don d’organes répond à une nécessité sociale car, malgré le développement de nombreux traitements médicaux, le besoin d’organes reste encore important. Cependant, la signification du don pour le donateur, pour le receveur, pour la société, ne se limite pas à son « utilité », puisqu’il s’agit d’expériences profondément humaines et chargées d’amour et d’altruisme. Le don signifie regarder et aller au-delà de soi-même, au-delà des besoins individuels, et s’ouvrir avec générosité à un bien plus grand. Dans cette perspective, le don d’organes se présente non seulement comme un acte de responsabilité sociale, mais aussi comme une expression de la fraternité universelle qui lie entre eux tous les hommes et les femmes.
À ce propos, le Catéchisme de l’Église catholique enseigne que « La donation d’organes après la mort est un acte noble et méritoire et doit être encouragée comme une manifestation de généreuse solidarité » (n.2296). En vertu de la dimension relationnelle intrinsèque de l’être humain, chacun de nous se réalise lui-même également à travers la participation à la réalisation du bien d’autrui. Chaque sujet représente un bien non seulement pour soi, mais pour toute la société ; d’où la valeur de l’engagement pour la poursuite du bien du prochain.
Dans sa lettre encyclique Evangelium vitae, saint Jean-Paul II nous a rappelé que, parmi les gestes qui contribuent à alimenter une culture authentique de la vie, « il faut particulièrement apprécier le don d'organes, accompli sous une forme éthiquement acceptable — il faut souligner cela —, qui permet à des malades parfois privés d'espoir de nouvelles perspectives de santé et même de vie » (n.86). C’est pourquoi il est important de garder le don d’organe comme don gratuit et non rétribué. En effet, toute forme de marchandisation du corps ou de l’une de ses parties est contraire à la dignité humaine. En donnant le sang ou un organe du corps, il est nécessaire de respecter la perspective éthique et religieuse.
Pour ceux qui n’ont pas de foi religieuse, le geste envers leurs frères nécessiteux exige d’être accompli sur la base d’un idéal de solidarité humaine désintéressée. Les croyants sont appelés à le vivre comme une offrande au Seigneur, qui s’est identifié avec ceux qui souffrent à cause de la maladie, d’accidents de la route ou du travail. Il est beau, pour les disciples de Jésus, d’offrir ses organes, dans les termes consentis par la loi et par la morale, parce qu’il s’agit d’un don fait au Seigneur souffrant, qui a dit que tout ce que nous avons fait à un frère dans le besoin, c’est à Lui que nous l’avons fait (cf. Mt 25,40).
Il est donc important de promouvoir une culture du don qui, à travers l’information, la sensibilisation et votre engagement constant et apprécié, favorise cette offrande d’une partie de son corps, sans risque ni conséquences disproportionnées dans le don de son vivant, et de tous les organes après sa mort. De notre mort et de notre don peuvent jaillir la vie et la santé d’autres personnes, malades et souffrantes, en contribuant à renforcer une culture de l’aide, du don, de l’espérance et de la vie. Face aux menaces contre la vie, auxquelles nous devons malheureusement assister presque quotidiennement, comme dans le cas de l’avortement et de l’euthanasie — pour ne mentionner que le commencement et la fin de la vie —, la société a besoin de ces gestes concrets de solidarité et d’amour généreux, pour faire comprendre que la vie est sacrée.
Je vous encourage à poursuivre vos efforts pour défendre et promouvoir la vie, à travers les moyens magnifiques du don d’organes. J’aime rappeler ces paroles de Jésus : « Donnez, et l’on vous donnera ; c’est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante — ici, le Seigneur n’économise pas les adjectifs —, qu’on versera dans votre sein qui sera versée dans le pan de votre vêtement » (Lc 6, 38). Nous recevrons notre récompense de Dieu selon l’amour sincère et concret que nous avons montré envers notre prochain.
Que le Seigneur vous soutienne dans vos intentions de bien. De mon côté, je vous accompagne par mon humanité et ma bénédiction. Merci.
© Libreria Editrice Vaticana - 2019
Éthique – Don d’organes
Dons d’organes
Voici quelques éléments de réflexion proposés par la Conférence des Évêques de France au sujet des dons d’organes…
Éléments scientifiques et juridiques
Les pratiques de greffes d’organes se sont beaucoup développées depuis les années 1950, grâce aux découvertes permettant de remédier au phénomène de rejet du greffon. Selon l’Agence de biomédecine, 5 891 greffes d’organes ont été pratiquées en 2016, dont 4 937 sont des greffes rénales ou hépatiques (foie). De 2012 à 2016, le nombre de greffes a augmenté de 17%. La très grande majorité des greffes est pratiquée post mortem[1].
La loi régule la pratique de prélèvement d’organes. Du côté de la personne greffée, l’opération doit avoir de sérieuses chances de réussir, ne pas comporter des risques disproportionnés et représenter une prolongation réelle de la vie pour le bénéficiaire[2]. Du côté de la personne qui « donne », celle-ci peut être vivante ou décédée.
En matière de don d’organe entre personnes vivantes, les lois de bioéthique ont constamment étendu le cercle des donneurs potentiels qui, dans tous les cas, doivent avoir la capacité juridique de consentir, notamment être majeurs. En 1994, le cercle était limité à la famille nucléaire : parents, enfants, frères et sœurs, éventuellement conjoint. En 2004, les cousins et alliés ont rejoint ce cercle, ainsi que « toute personne apportant la preuve d’une vie commune d’au moins deux ans avec le receveur ». La loi du 7 juillet 2011 est allée encore plus loin en incluant « toute personne pouvant apporter la preuve d’un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans avec le receveur ». Elle a par ailleurs autorisé le « don croisé » d’organes entre deux paires donneur/receveur répondant chacune aux conditions relationnelles du don et de la greffe d’organe mais non compatibles.
Pour le prélèvement à partir d’une personne décédée, la première exigence est de s’assurer que la personne est bien morte. Le Code de la Santé Publique demande en général trois vérifications pour établir qu’une personne présentant « un arrêt cardiaque et respiratoire persistant » soit bien morte : absence totale de conscience et de mouvement spontané ; abolition de tous les réflexes du tronc cérébral ; absence totale de respiration spontanée[3]. Si la personne est sous assistance respiratoire et qu’une circulation sanguine continue à un certain degré, il faut d’autres examens pour s’assurer du caractère irréversible de la destruction de la totalité du cerveau[4]. Cependant, depuis un décret du 2 août 2005 (n°2005-949), le prélèvement d’un rein ou d’un foie peut être effectué sur des personnes reconnues mortes simplement à la suite d’« un arrêt cardiaque et respiratoire persistant »[5]. Depuis 2014, certains établissements hospitaliers s’appuyant sur la loi de 2005 pratiquent un prélèvement d’organes sur une personne décédée par suite d’une décision de limitation ou d’arrêt de traitements.
Depuis la loi santé du 26 janvier 2016, il suffit que la personne décédée ne se soit pas inscrite sur le Registre national des refus pour y indiquer son opposition à un prélèvement d’organes, ou qu’elle n’ait pas exprimé explicitement son refus sous une autre forme, pour que le prélèvement soit possible (on parle de « consentement présumé »). Le médecin doit simplement « informer » les proches de la nature et de la finalité du prélèvement envisagé.
Malgré la hausse des greffes, toutes les demandes ne sont pas satisfaites. D’où la question d’assouplir les règles régulant la pratique des prélèvements et des transplantations d’organes, notamment les principes d’anonymat, de gratuité, de consentement au don[6].
Questions anthropologiques et éthiques
Le don d’organes implique toujours des situations humaines douloureuses. Face à ces situations de souffrances, il convient de favoriser dans notre société une culture du don. Il convient également d’inciter les citoyens majeurs à déclarer explicitement leur éventuel consentement à un don et à y préparer leurs familles. Cependant, un raisonnement uniquement quantitatif sur les besoins d’organes pour justifier l’extension des possibilités de greffes est un point de vue trop réducteur par rapport aux questions personnelles et familiales impliquées.
Le régime actuel du « consentement présumé », qui régit le don d’organes à partir d’une personne décédée, est atypique en droit. Il est contraire à la Charte du patient hospitalisé, qui, pour les actes thérapeutiques, réclame un consentement a priori « libre et éclairé » sur la base d’une information « accessible et loyale ». Le 26 juin 2014, l’Arrêt de la Cour Européenne des Droits de l’Homme « Petrova contre Lettonie » indiquait : « Une législation nationale qui par manque de clarté rend possible un prélèvement d’organe dans un hôpital public sans le consentement de la famille porte atteinte à l’article 8 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme sur le respect de la vie privée et familiale. »
Une règle aussi atypique demande des garanties renforcées pour que de « présumé », le consentement ne devienne pas « imposé ». Dans ce cadre, le recueil d’informations auprès des familles devrait être une règle, la cellule familiale étant le premier cercle de la solidarité. La loi donnant le droit à la médecine publique de prélever des organes à partir d’un consentement seulement présumé, sans consultation de la famille, tend à une nationalisation du corps, en flagrante contradiction avec la liberté du patient, et sans qu’il y ait véritable expression de solidarité. Il convient plutôt d’encourager une véritable éthique du don[7].
Par ailleurs, le prélèvement d’organes sur une personne décédée peut être faite non seulement à des fins thérapeutiques mais aussi scientifiques (recherche)[8]. Il n’est pas respectueux du citoyen que ces fins distinctes et spécifiques fassent l’objet de la même procédure. Si une solidarité spéciale est exigible du citoyen pour aider d’autres personnes, chaque citoyen est libre de refuser telle ou telle recherche (comme le prévoit la Charte du patient hospitalisé pour les recherches sur patient vivant).
Faut-il alors se poser la question de revenir au régime du consentement explicite ? Au minimum, dans le régime du « consentement présumé », l’avis de la famille est indispensable pour garantir le consentement. Même si les équipes médicales s’efforcent encore de recueillir cet avis, il est regrettable que la loi de 2016 ne leur en donne plus l’obligation.
Enfin, entre vivants, l’élargissement successif des donneurs potentiels pourrait favoriser une certaine forme de trafic d’organes. En effet, d’une part la notion de « lien affectif étroit et stable » est vague et difficilement arbitrable par les tribunaux, passage demandé par la loi pour l’autorisation de greffe d’organe. D’autre part, la possibilité d’intégrer dans le circuit des « dons croisés » des individus risque d’encourager la motivation financière[9]. Le risque d’une telle dérive augmenterait si le principe de gratuité du don était remis en cause.
Est-ce que la non-expression d’un refus suffit à caractériser un « don » ? Pour favoriser les dons d’organes, il conviendrait de promouvoir des campagnes d’information qui valorisent l’inscription sur un registre où chacun pourrait clairement exprimer son consentement ou son opposition au prélèvement de certains de ses organes en cas de décès, dans l’esprit des « directives anticipées » (voir fiche sur la fin de vie).
1er février 2018
[1] https://www.agence-biomedecine.fr/IMG/pdf/cp_activite-greffes-organes-2016_agence-biomedecine.pdf
[2] cf. Code de la Santé Publique (CSP), article L1211-6.
[3] CSP, article R. 1232-1.
[4] CSP, article R. 1232-2.
[5] Cf. CSP, article R. 1232-4-1.
[6] Cf. CCNE, Dossier de presse, « Les thèmes des États généraux », fiche n°2, 18 janvier 2018.
[7] Cf. discours de Benoit XVI sur le don d’organes du 7 novembre 2008.
[8] CSP, L1232-1.
[9] Cf. J.-R. BINET, La réforme de la loi bioéthique. Commentaire et analyse de la loi du 7 juillet 2011, LexisNexis « Actualité », 2012. Voir aussi J.-R. BINET, Droit de la bioéthique, LGDJ, 2017, pp. 212-235.
© Conférence des Évêques de France - 2019
Éthique – Don d’organes
Campagne de sensibilisation et d’information sur le don d’organes…
Tous concernés… tous donneurs…
Voici en quelques lignes, la « Législation sur le don d’organes » applicable en Polynésie française depuis le 29 juillet 2017
LE CONSENTEMENT PRESUME
Selon la loi, nous sommes tous donneurs présumés d’organes à moins d’avoir exprimé de son vivant le refus d’être prélevé. En adoptant ce principe, le législateur a eu foi en la solidarité nationale et a choisi de privilégier l’intérêt pour tous.
Il n’existe pas de registre du « oui ». Ainsi, la personne qui consent au don de ses organes (reins) en vue de greffes n’a aucune démarche à faire. Ce n’est qu’en cas d’opposition qu’il convient de faire connaitre son refus de prélèvement.
POUR EXPRIMER SON REFUS, PLUSIEURS POSSIBILITES :
- S’INSCRIRE SUR LE REGISTRE NATIONAL DES REFUS
En ligne sur le site registrenationaldesrefus.fr ou par l’envoi postal d’un formulaire disponible sur ce même site ou d’une demande sur papier libre : Agence de la biomédecine, Registre national des refus, 1 avenue du Stade de France, 93212 Saint Denis La plaine Cedex).
- CONFIER SON OPPOSITION À UN PROCHE, PAR ÉCRIT OU DE VIVE VOIX
En cas de décès, la personne que vous avez choisie (époux, épouse, conjoint(e), parents, enfant, ami…) pourra soit transmettre votre volonté écrite et signée, ou témoigner de ce refus oralement (il pourra lui être demandé les circonstances précises de l’expression de ce refus et de signer la retranscription).
Quel que soit le mode d’opposition, il est révisable et révocable à tout moment par la personne concernée.
ABORD DES PROCHES DANS LE CADRE D’UN POTENTIEL PRÉLÈVEMENT
En cas de décès permettant d’envisager un prélèvement en vue de greffes rénales, les équipes médicales cherchent à savoir si le défunt était opposé au don de ses organes et tissus.
Pour cela, elles consultent en premier lieu l’Agence de la biomédecine pour savoir si le défunt s’était inscrit ou non sur le registre national des refus.
S’il y est inscrit, aucun prélèvement ne se fera. S’il n’y est pas inscrit, le personnel médical s’entretient avec les proches pour recueillir une éventuelle opposition exprimée par le défunt. Ce n’est pas l’accord de la famille qui est recherché mais la volonté de la personne décédée. Il ne revient pas aux proches de prendre une décision à la place du défunt, mais de témoigner d’une éventuelle opposition exprimée du vivant de la personne.
Les proches sont donc dans une situation difficile si le défunt ne leur a pas dit s’il était pour ou contre le don de ses organes et tissus. Toute position est respectable et respectée par les équipes médicales, encore faut-il qu’elle soit connue des proches.
Donner ou pas ses reins est une décision personnelle qui ne répond qu’au choix de chacun, à son rapport à son corps, au don, à ses convictions en tant que personne humaine… C’est parce que personne ne peut et ne doit décider à votre place que vous devez en parler et dire votre choix.
C’est le seul moyen de respecter votre volonté et celle de vos proches.
Lors du sondage réalisé lors de la journée du don le 22 juin dernier, 42 % de la population dit être donneur mais seulement 48 % a transmis sa volonté.
LA GRATUITÉ
Le don d’organes est un acte de générosité et de solidarité entièrement gratuit. La loi interdit toute rémunération en contrepartie de ce don. Cette règle constitue par ailleurs une garantie contre le trafic d’organes.
L’ANONYMAT
Le nom du donneur ne peut pas être communiqué au receveur, et réciproquement. Les proches du donneur peuvent cependant être informés du résultat des greffes, s’ils le demandent. La règle de l’anonymat entre donneur et receveur a été prévue par la loi pour préserver les proches en deuil mais également pour aider les personnes greffées à s’approprier leur greffon, même si beaucoup d’entre elles pensent régulièrement au donneur.
QUELQUES CHIFFRES
Depuis 4 ans, ce sont 73 greffes qui ont été réalisées, soit une vingtaine de greffes par an. Actuellement 148 patients sont inscrits en attente d’une greffe rénale. Mais pour faire des greffes il faut des dons.
Une personne sur deux n’a pas parlé de son choix avec son entourage.
LES MESSAGES
Et vous, avez-vous fait votre choix ?
N’hésitez pas à contacter l’équipe de la coordination hospitalière des prélèvements d’organes :
Centre Hospitalier de Polynésie Française
40 48 63 63 / 87 733 880
Infondon@cht.pf
www.cht.pf
Facebook : un don de vie
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Commentaire des lectures du dimanche
Chers frères et sœurs, bonjour !
Aujourd’hui, dimanche après la Pentecôte, nous célébrons la fête de la Très Sainte Trinité. Une fête pour contempler et louer le mystère du Dieu de Jésus Christ, qui est Un dans la communion de trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Pour célébrer avec un étonnement toujours nouveau le Dieu-Amour, qui nous offre sa vie gratuitement et qui nous demande de la diffuser dans le monde.
Les lectures bibliques d’aujourd’hui nous font comprendre que Dieu ne veut pas tant nous révéler qu’Il existe, mais plutôt qu’il est le « Dieu avec nous », proche de nous, qui nous aime, qui marche avec nous, s’intéresse à notre histoire personnelle et prend soin de chacun, à commencer par les plus petits et les plus démunis. Il « est Dieu là-haut, dans les cieux » mais aussi « ici-bas sur la terre » (cf. Dt 4,39). Par conséquent, nous ne croyons pas en une entité lointaine, non ! Dans une entité indifférente, non ! Mais, au contraire, dans l’Amour qui a créé l’univers et qui a engendré un peuple, qui s’est fait chair, qui est mort et ressuscité pour nous, et qui en tant qu’Esprit Saint transforme tout et conduit tout à sa plénitude.
Saint Paul (cf. Rm 8,14-17), qui a fait personnellement l’expérience de cette transformation opérée par le Dieu-Amour, nous communique son désir d’être appelé Père, ou plutôt « Papa » — Dieu est « notre Papa » —, avec la confiance totale d’un enfant qui s’abandonne dans les bras de celui qui lui a donné la vie. En agissant en nous, l’Esprit Saint — rappelle encore l’apôtre — fait en sorte que Jésus Christ ne se réduise pas à un personnage du passé, non, mais que nous le sentions proche, notre contemporain, et que nous fassions l’expérience de la joie d’être des enfants aimés par Dieu. Enfin, dans l’Évangile, le Seigneur ressuscité promet de rester avec nous pour toujours. Et c’est justement grâce à sa présence et à la force de son Esprit, que nous pouvons accomplir sereinement la mission qu’il nous confie. Quelle est cette mission ? Annoncer et témoigner son Évangile auprès de tous et ainsi élargir la communion avec Lui et la joie qui en découle. En marchant avec nous, Dieu nous remplit de joie et la joie est un peu le premier langage du chrétien.
Par conséquent, la fête de la Très Sainte Trinité nous fait contempler le mystère d’un Dieu qui crée, rachète et sanctifie sans cesse, toujours avec amour et par amour, et qui donne à chaque créature qui l’accueille de refléter un rayon de sa beauté, de sa bonté et de sa vérité. Il a depuis toujours choisi de marcher avec l’humanité et il forme un peuple qui est une bénédiction pour toutes les nations et pour toute personne, sans exclusion. Le chrétien n’est pas une personne isolée, il appartient à un peuple : ce peuple que Dieu forme. On ne peut pas être chrétien sans cette appartenance et cette communion. Nous sommes un peuple : le peuple de Dieu.
Que la Vierge Marie nous aide à accomplir avec joie la mission de témoigner au monde, assoiffé d’amour, que le sens de la vie est précisément l’amour infini et concret du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
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