Pko 15.12.2019

Eglise cath papeete 1

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°61/2019

Dimanche 15 décembre 2019 – 3ème Dimanche de l’Avent – Année A

Humeurs…

De la lecture pour Noël

Pour les fêtes de Noël… deux livres… l’un déjà en vente au presbytère de la Cathédrale : « L’œuvre missionnaire de Oblats de Marie Immaculée à Tahiti – 1977-2004 »… C’est l’histoire des O.M.I en Polynésie française… et la fabuleuse histoire du Grand Séminaire…500 xfp

L’autre qui sortira le 20 décembre : « Sur les chemins de la vie » de Nathalie SALMON-HUDRY qui reprend les 3 années de la « Chronique de la roue qui tourne » publiée dans le P.K.0 de 2015 à 2016… Le livre sera dédicacé par l’auteure le samedi à la Librairie Klima à partir de 9h…1 500 xfp

Laissez-moi vous dire…

Noël ? C’est dans 10 jours !

Attention aux cadeaux empoisonnés

Noël, pour beaucoup, c’est avant tout la « fête des cadeaux ». Pour nous, chrétiens, évidemment le plus beau cadeau c’est le don de Jésus Sauveur à l’humanité… Pas vrai ?

Ce qui n’empêche pas de céder à la frénésie des cadeaux. La traditionnelle « lettre au Père Noël » permet aux enfants de rêver, et nos « temples de la consommation »* savent attiser l’appétit des enfants et adolescents. Papa, maman, papy, mamy vont parfois s’endetter pour acheter la toute dernière console de jeux vidéo ou le dernier smartphone sortis sur le marché !

L’époque où on offrait des livres, des contes de fées, des albums de coloriage… semble révolue.

Méfions-nous des cadeaux empoisonnés.

Les jeux vidéo exercent un fort attrait sur les jeunes (mais aussi les adultes), ils peuvent générer des addictions si on ne fixe pas des règles et des contrôles pour leur utilisation.

L’OMS, depuis le 18 juin 2018, classe parmi les maladies : l’addiction aux jeux vidéo qui impacte les activités quotidiennes, la santé physique et psychologique. Ce trouble toucherait 2,5 milliards de personnes !

La meilleure parade est de dialoguer avec le joueur pour l’aider à prendre conscience des risques encourus pour son équilibre aux plans personnel, familial et social.

Quant aux smartphone, tablettes, ordinateurs, les dangers viennent principalement de l’accès à Internet, aux réseaux sociaux et à des contenus inappropriés pour des enfants ;

81% des 13-19 ans possèdent un smartphone ; et plus de 30% une tablette.

L’UNICEF estime que, chaque jour, 170 000 enfants se connectent pour la première fois sur Internet. À 15 ans, 51% des adolescents ont déjà accédé à des sites pornographiques.

L’UNESCO évalue à 246 millions le nombre de mineurs concernés par le cyber-harcèlement qui porte atteinte à leur vie privée, à leur dignité et qui génère violences, haine, abus sexuels…

Selon des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) une fausse nouvelle [“Fake News”] a 70% de chances d’être mieux relayée qu’une nouvelle vérifiée exacte ; une « fake news » circule 6 fois plus vite qu’une information vérifiée !

Alors, faut-il avoir peur du numérique ?

La première règle est : VIGILANCE et DIALOGUE. Je dirais qu’un smartphone ou un ordinateur est un peu comme un revolver que l’on mettrait entre les mains d’un enfant sans avoir dialogué avec lui sur les risques liés à son utilisation inconsidérée.

La seconde règle : MAÎTRISE et ESPRIT CRITIQUE. Apprendre à l’enfant dès son plus jeune âge (3 ans) à se fixer des règles et à les respecter. L’aider à se poser des questions : « On m’a dit ceci : … est-ce vrai ? » Exemple : « Est-ce vrai que le Père Noël existe ? »… Que répondez-vous ?…

« Dans ma classe tout le monde a un portable… pourquoi pas moi ? » … Ma réponse : « Et alors ?… Comment l’utilisent-ils ?… Et toi comment t’en serviras-tu ? »

La difficulté principale est d’amener – par le dialogue- l’enfant à se fixer lui-même des limites (qu’on n’appellera pas « interdits »). D’un enfant à l’autre, selon son degré de maturité, il faudra moduler les interventions de l’adulte.

C’est surtout l’accès au WIFI qui pose problème. Plutôt que d’interdire systématiquement, cherchons à amener le jeune à s’auto-contrôler.

Peut-on se fier au « contrôle parental » ?

Il existe des dispositifs de « contrôle parental », des développeurs de logiciels prévoient des contrôles d’accès mais ceux-ci peuvent souvent être déjoués et alors le jeune accède aux contenus « réservés aux plus de 18 ans »…

Des chercheurs de la Société Super-Awesome, par le biais de l’Intelligence Artificielle (IA), sont entrain de tester un programme capable de détecter si une personne devant l’écran est majeure ou mineure.

Par ailleurs, certains de nos députés et sénateurs réfléchissent à une loi susceptible de protéger les mineurs contre la pornographie. Ainsi, la députée Agnès Thill propose à la conférence des Présidents de l’Assemblée nationale, qui aura lieu mardi 17 décembre, de « faire de la protection des enfants contre la pornographie la Grande Cause nationale de l’année 2020 ». Elle propose, notamment, « d’imposer par la loi des sanctions financières aux fournisseurs d’accès internet qui ne mettront pas en place des systèmes de contrôle d’âge ».

En attendant, veillons à ne pas offrir de cadeaux de Noël “toxiques” à nos enfants et petits-enfants !

Dominique Soupé

(*) Traduisez : « hyper marchés »

© Cathédrale de Papeete – 2019

En marge de l’actualité…

« La crêche »

À l’approche de Noël, nos rues et les devantures de nos magasins se parent de guirlandes et autres décorations lumineuses, donnant cet air de fête qui illumine les yeux des enfants. Mais pour nous Chrétiens, ce qui motive notre joie et cette ambiance festive est bien la naissance de Jésus à Bethleem. Pour nous aider à vivre plus intensément cet événement de l’Histoire des Hommes, nous avons besoin de signes visibles, et le signe par excellence de Noël, c’est la crèche.

Lors d’une visite à l’endroit où, en l’année 1223, St François d’Assise entreprit la création de la première crèche, le Pape François voulut rappeler l’histoire et la signification de cette figuration de la nativité du Seigneur Jésus. Dans une lettre écrite à cette occasion, le Saint Père nous invite à rejoindre St François, alors qu’il était de passage à Greccio en Italie. Les grottes de cette région lui rappelaient les grottes de Bethleem qu’il avait visitées lors de son voyage en Terre Sainte. Le Pape écrit : « Quinze jours avant Noël, François appela un homme du lieu, nommé Jean, et le supplia de l'aider à réaliser un vœu : « Je voudrais représenter l'Enfant né à Bethléem, et voir avec les yeux du corps, les souffrances dans lesquelles il s’est trouvé par manque du nécessaire pour un nouveau-né, lorsqu'il était couché dans un berceau sur la paille entre le bœuf et l'âne ». Dès qu'il l'eut écouté, l'ami fidèle alla immédiatement préparer, à l'endroit indiqué, tout le nécessaire selon la volonté du Saint. Le 25 décembre, de nombreux frères de divers endroits vinrent à Greccio accompagnés d’hommes et de femmes provenant des fermes de la région, apportant fleurs et torches pour illuminer cette sainte nuit. Quand François arriva, il trouva la mangeoire avec la paille, le bœuf et l'âne. Les gens qui étaient accourus manifestèrent une joie indicible jamais éprouvée auparavant devant la scène de Noël. Puis le prêtre, sur la mangeoire, célébra solennellement l'Eucharistie, montrant le lien entre l'Incarnation du Fils de Dieu et l'Eucharistie. À cette occasion, à Greccio, il n'y a pas eu de santons : la crèche a été réalisée et vécue par les personnes présentes. C'est ainsi qu'est née notre tradition : tous autour de la grotte et pleins de joie, sans aucune distance entre l'événement qui se déroule et ceux qui participent au mystère ».

Puis, le Pape nous invite à poursuivre cette tradition de la crèche en nous expliquant le sens qu’elle peut revêtir à nos yeux et pour notre foi : « Par cette lettre je voudrais soutenir la belle tradition de nos familles qui, dans les jours qui précèdent Noël, préparent la crèche… Faire une crèche dans nos maisons nous aide à revivre l'histoire vécue à Bethléem. Bien sûr, les Évangiles restent toujours la source qui nous permet de connaître et de méditer sur cet Événement, cependant la représentation de ce dernier par la crèche nous aide à imaginer les scènes, stimule notre affection et nous invite à nous sentir impliqués dans l'histoire du salut, contemporains de l'événement qui est vivant et actuel dans les contextes historiques et culturels les plus variés. D'une manière particulière, depuis ses origines franciscaines, la crèche est une invitation à "sentir" et à "toucher" la pauvreté que le Fils de Dieu a choisie pour lui-même dans son incarnation. Elle est donc, implicitement, un appel à le suivre sur le chemin de l'humilité, de la pauvreté, du dépouillement, qui, de la mangeoire de Bethléem conduit à la croix. C'est un appel à le rencontrer et à le servir avec miséricorde dans les frères et sœurs les plus nécessiteux (cf. Mt 25, 31-46) … Le cœur de la crèche commence à battre quand, à Noël, nous y déposons le santon de l'Enfant Jésus. Dieu se présente ainsi, dans un enfant, pour être accueilli dans nos bras. Dans la faiblesse et la fragilité, se cache son pouvoir qui crée et transforme tout. Cela semble impossible, mais c'est pourtant ainsi : en Jésus, Dieu a été un enfant et c’est dans cette condition qu’il a voulu révéler la grandeur de son amour qui se manifeste dans un sourire et dans l'extension de ses mains tendues vers tous ».

L’invitation du Saint Père est lancée. À chacun et chacune d’entre nous de voir comment nous allons la recevoir !

Mgr Jean-Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete - 2019

Audience générale

Saint Paul est le témoin souffrant du Ressuscité

Dans le cadre de l’audience générale de ce mercredi, tenue en Salle Paul VI, le Pape François a poursuivi sa série de catéchèses sur les Actes des Apôtres. Il s’est arrêté sur la situation difficile de saint Paul lors de son arrivée à Jérusalem, alors qu’il avait une très mauvaise réputation. Mais ce sont justement ces difficultés qui ont fait de l’apôtre Paul un véritable chrétien.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans la lecture des Actes des apôtres, le voyage de l’Évangile dans le monde se poursuit et le témoignage de saint Paul est de plus en plus marqué du sceau de la souffrance. Mais c’est quelque chose qui grandit avec le temps dans la vie de Paul.  Paul n’est pas seulement l’évangélisateur plein d’ardeur, le missionnaire intrépide parmi les païens, qui donne vie à de nouvelles communautés chrétiennes, mais il est aussi le témoin souffrant du Ressuscité (cf. Ac 9,15-16).

L’arrivée de l’apôtre à Jérusalem, décrite au chapitre 21 des Actes, déchaîne une haine féroce à son égard, accompagnée de reproches : « Mais c’était un persécuteur ! Ne lui faites pas confiance ! ». Comme pour Jésus, pour lui aussi Jérusalem est la ville hostile. S’étant rendu dans le temple, il est reconnu, conduit à l’extérieur pour être lynché et sauvé in extremis par les soldats romains. Accusé d’enseigner contre la Loi et le Temple, il est arrêté et il commence son long voyage de prisonnier, d’abord devant le Sanhédrin, puis devant le procureur romain à Césarée, et enfin devant le roi Agrippa. Luc souligne la ressemblance entre Paul et Jésus, tous deux haïs par leurs adversaires, accusés publiquement et reconnus innocents par les autorités impériales ; et ainsi Paul est associé à la passion de son Maître et sa passion devient un Évangile vivant.

Je viens de la Basilique Saint-Pierre et j’ai eu là-bas une première audience, ce matin, avec les pèlerins ukrainiens, d’un diocèse d’Ukraine. Comme ces gens ont été persécutés ! Comme ils ont souffert pour l’Évangile ! Mais ils n’ont pas négocié leur foi. Ils sont un exemple. Aujourd’hui, dans le monde, en Europe, tant de chrétiens sont persécutés et donnent leur vie pour leur foi, ou sont persécutés avec des gants blancs, c’est-à-dire laissés de côté, marginalisés… Le martyre est l’air de la vie d’un chrétien, d’une communauté chrétienne. Il y aura toujours des martyrs parmi nous : c’est le signe que nous sommes sur la voie de Jésus. C’est une bénédiction du Seigneur, qu’il y ait dans le peuple de Dieu quelqu’un ou quelqu’une qui donne ce témoignage du martyre.

Paul est appelé à se défendre des accusations et, à la fin, en présence du roi Agrippa II, son apologie se transforme en un efficace témoignage de foi (cf. Ac 26,1-23).

Puis Paul raconte sa conversion : Le Christ ressuscité a fait de lui un chrétien et lui a confié la mission parmi les nations, « pour leur ouvrir les yeux, pour les ramener des ténèbres vers la lumière et du pouvoir de Satan vers Dieu, afin qu’ils reçoivent, par la foi [dans le Christ], le pardon des péchés et une part d’héritage avec ceux qui ont été sanctifiés » (v.18). Paul a obéi à cette charge et n’a pas fait autre chose que de montrer comment les prophètes et Moïse ont pré-annoncé ce qu’il annonce maintenant : que « le Christ, exposé à la souffrance et premier ressuscité d’entre les morts, devait annoncer la lumière à notre peuple et aux nations » (v.23). Le témoignage passionné de Paul touche le cœur du roi Agrippa à qui ne manque que le pas décisif. Et le roi dit ceci : « Encore un peu et tu me persuades de me faire chrétien ! » (v.28). Paul est déclaré innocent, mais on ne peut le relâcher parce qu’il a fait appel à César. C’est ainsi que se poursuit le voyage, auquel rien ne peut faire obstacle, de la Parole de Dieu vers Rome. Paul, enchaîné, finira ici, à Rome.

À partir de ce moment, le portrait de Paul est celui du prisonnier dont les chaînes sont le signe de sa fidélité à l’Évangile et du témoignage qu’il rend au Ressuscité.

Les chaînes sont certes une épreuve humiliante pour l’apôtre, qui apparaît aux yeux du monde comme un « malfaiteur » (2Tm 2,9). Mais son amour pour le Christ est si fort que même ces chaînes sont lues avec les yeux de la foi ; une foi qui, pour Paul, n’est pas « une théorie, une opinion sur Dieu et sur le monde », mais « l’impact de l’amour de Dieu sur son cœur, […] c’est son amour pour Jésus-Christ » (Benoît XVI, Homélie à l’occasion de l’Année paulinienne, 28 juin 2008).

Chers frères et sœurs, Paul nous enseigne la persévérance dans l’épreuve et la capacité à tout lire avec les yeux de la foi. Demandons aujourd’hui au Seigneur, par l’intercession de l’apôtre, de raviver notre foi et de nous aider à être fidèles jusqu’au bout à notre vocation de chrétiens, de disciples du Seigneur, de missionnaires.

© Libreria Editrice Vaticana - 2019

Doctrine sociale

Reconnaître l’Esprit à l’œuvre dans la société

« L’Esprit est mystérieusement à l’œuvre dans les dynamiques de la société », et c’est pourquoi « sur le chemin de la société, nous avons besoin d’apprendre à reconnaître la voix de l’Esprit, d’en interpréter les signes et de choisir de suivre cette voix et non les autres » : le pape François invite une fois encore à pratiquer l’art du discernement, non seulement « au niveau personnel, mais aussi en tant que communauté civile et ecclésiale ».

Chers frères et sœurs,

Je vous souhaite la bienvenue et je remercie le directeur, le p. Giacomo Costa, pour sa présentation. Je salue aussi le p. Bartolomeo Sorge qui a été pendant des années, et qui est encore u point de référence de la revue et, plus généralement de l’engagement pour le bien commun.

Aider les lecteurs à « s’orienter dans le monde qui change » : c’est la devise que vous avez choisie. Vous rendez un service précieux, surtout en un temps de changements accélérés, qui en laissent beaucoup perdus et confus. Je vous remercie de le poursuivre avec fidélité et constance depuis au moins 70 ans. Cela demande de l’énergie et de l’engagement, et c’est certainement fatigant. Mais cela apporte aussi la satisfaction du travail accompli. Ces remerciements s’étendent à toutes les personnes, jésuites et laïcs, qui ne sont pas ici, mais qui ont apporté leur pierre pendant ces décennies.

Discerner dans la société

S’orienter veut dire comprendre où nous nous trouvons, quels sont les points de référence et ensuite décider dans quelle direction s’engager : c’est une fatigue inutile de s’orienter pour ensuite rester immobile. Cela a ainsi une signification très proche du discernement : en effet, même sur le chemin de la société, nous avons besoin d’apprendre à reconnaître la voix de l’Esprit, d’en interpréter les signes et de choisir de suivre cette voix et non les autres (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, 51).

Cela nous interpelle au niveau personnel, mais aussi en tant que communauté civile et ecclésiale, parce que l’Esprit est mystérieusement à l’œuvre dans les dynamiques de la société. Ici, le discernement est tout sauf simple. Il ne suffit pas d’entraîner sa sensibilité spirituelle, qui reste indispensable : il faut des compétences et des analyses spécifiques, celles auxquelles vous donner une place dans vos pages, grâce à la contribution de nombreux experts. Vous vous occupez de questions complexes et controversées : de l’impact de l’intelligence artificielle sur la société et sur le travail aux frontières de la bioéthique ; des migrations aux problèmes de l’inégalité et de l’iniquité ; d’une vision de l’économie attentive à la durabilité et au soin de l’environnement à la construction du bien commun dans le concret de la scène politique actuelle. Dans ces domaines, Aggiornamenti Sociali a la tâche non seulement de fournir des informations fiables, mais aussi d’accompagner les lecteurs à apprendre à formuler des jugements et à agir avec davantage de sens de la responsabilité et pas seulement par ouï-dire, peut-être sur la base de « fake news ».

Par rapport à l’analyse scientifique des phénomènes sociaux, vous continuez de cultiver le bon équilibre : il faut redire son importance, mais sans tomber dans la tentation d’un regard aseptisé sur la réalité, qui est impossible. La vision de la réalité dépend toujours du regard de celui qui l’observe et de la position dans laquelle on se situe. Ainsi, cela fait partie des tâches d’une revue comme la vôtre d’aider à « accueillir les résultats de la recherche scientifique avec le regard du disciple, en assumant la compassion que Jésus, le Maître éprouve et montre pour les personnes souffrantes, pour les pauvres qui crient vers lui et, avec eux, pour notre terre opprimée et dévastée » (cf. Lett. enc. Laudato si’, 2).

Pour les chrétiens, le discernement des phénomènes sociaux ne peut se passer de l’option préférentielle pour les pauvres. Avant de courir à leur aide, cette option nous demande de nous tenir de leur côté, même lorsque nous regardons les dynamiques de la société. Et sur elle, ses valeurs et ses contradictions, les pauvres ont beaucoup à nous enseigner ! (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, 197-201). Parmi les points forts de Aggiornamenti Sociali, il y a aussi le fait de faire une place à la perspective de ceux qui sont « rejetés ». Continuer à être avec eux, écoutez-les, accompagnez-les pour que ce soit leur voix qui s’exprime. Ceux qui font de la recherche et réfléchissent sur ces questions sociales sont aussi appelés à avoir un cœur de pasteur qui à l’odeur des brebis.

Un chemin à parcourir ensemble

On ne peut pas, seul, faire le discernement des phénomènes sociaux. Personne, pas même le pape ni l’Église – ne réussit à embrasser toutes les perspectives pertinentes : il faut une confrontation sérieuse et honnête, qui implique toutes les parties en cause.

Saint Paul VI enseignait que l’analyse de la situation sociale et l’identification des engagements à assumer pour la transformer sont une tâche qui incombe aux communautés dans leur ensemble et dans leurs articulations, sous la conduite de l’Esprit (cf. Lett. ap. Octogesima adveniens, 4). Aujourd’hui, nous pouvons ajouter qu’elles requièrent une méthode synodale : il s’agit de construire une relation, faite de paroles et de gestes, de se donner un objectif commun et de chercher à l’atteindre. C’est une dynamique où chacun parle avec liberté, mais aussi écoute en étant disponible pour apprendre et changer. Dialoguer, c’est construire une route sur laquelle cheminer ensemble et, si nécessaire, des ponts sur lesquels se rencontrer et se tendre la main. Les divergences et les conflits ne doivent pas être niés ni dissimulés, comme nous sommes souvent tentés de le faire, y compris dans l’Église. Il faut les assumer, non pas pour rester bloqué à l’intérieur – le conflit ne peut jamais être le dernier mot – mais pour ouvrir de nouveaux processus (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, 226-227).

Cette façon synodale de procéder interpelle aussi une revue, qui peut exploiter ses propres pages pour faire dialoguer des positions et des points de vue ; mais elle doit se garder de la tentation de l’abstraction, de se limiter au niveau des idées, oubliant le concret de l’action et du chemin à faire ensemble. Elle évite ce risque lorsqu’elle publie des paroles enracinées dans des expériences et des pratiques sociales, nourries par cette dimension concrète. La recherche intellectuelle sérieuse est aussi un chemin parcouru ensemble, surtout lorsque s’affrontent des questions de frontière, faisant interagir des perspectives et des disciplines différentes et promouvant des relations de respect et d’amitié entre les personnes impliquées, qui découvrent combien la rencontre enrichit tout le monde. À plus forte raison, cela vaut dans les initiatives qui requièrent de créer des réseaux, de participer à des événements, d’activer des groupes de recherche. Je sais que vous êtes impliqués dans de nombreuses expériences de ce genre, dont certaines ici même, au Vatican, et je vous encourage à continuer.

Trois domaines me semblent particulièrement importants. Le premier est l’intégration de ces portions de la société qui, pour diverses raisons, sont situées aux marges, et où se trouvent plus facilement les victimes de la culture du rejet. Elles sont porteuses d’une contribution originale indispensable pour la construction d’une société plus juste : elles perçoivent des choses que les autres ne réussissent pas à voir.

Un second domaine concerne la rencontre entre les générations, dont nous avons reconnu l’urgence au Synode des jeunes. L’accélération du changement social risque d’arracher les jeunes à leur passé, les projetant dans un avenir sans racines et les rendant plus faciles à manipuler, tandis qu’elle expose les plus âgés à la tentation du « jeunisme ». Contre ces risques, nous avons besoin de raffermir des pactes de confiance et de solidarité entre les générations.

Enfin, le troisième domaine est la promotion d’occasions de rencontre et d’action commune entre chrétiens et croyants d’autres religions, mais aussi avec toutes les personnes de bonne volonté. Le faire requiert de se mesurer à des peurs ataviques et des tensions très enracinées : certaines concernent les rapports interreligieux, d’autres renvoient aux oppositions entre « laïcs » et « catholiques » qui parcourent l’histoire italienne, d’autres – et nous ne devons pas les oublier, ou plutôt elles exigent une attention particulière – sont internes au corps ecclésial. Mais si nous ne réussissons pas à unir toute la famille humaine, il sera impossible d’avancer dans la recherche d’un développement durable et intégral (cf. Lett. enc. Laudato si’ », 13).

La joie de l’engagement social

Pour conclure, je vous exhorte à ne pas vous décourager : à l’engagement pour la justice et pour le soin de la maison commune, est associée une promesse de joie et de plénitude. Beaucoup peuvent en témoigner et vous avez certainement vous aussi l’occasion d’en faire l’expérience dans votre travail : se mettre du côté des pauvres est une rencontre avec des souffrances et des injustices, mais aussi avec une joie sincère et contagieuse. L’engagement pour la justice nous fait entrer dans la dynamique des Béatitudes : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés » (Mt 5,6). Continuez de cultiver cette faim et de contaminer les autres ; ensemble nous ferons l’expérience du don d’être rassasiés.

Je vous remercie encore pour votre travail. Je demande à Dieu notre Père de vous accompagner et de vous bénir, de vous remplir de son amour et de la force de l’espérance. Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci.

© Libreria Editrice Vaticana - 2019

Témoignage

Pape François : 50 ans au service de Dieu et de son peuple

Jorge Mario Bergoglio a été ordonné prêtre dans la Compagnie de Jésus le 13 décembre 1969, par l’archevêque argentin Ramón José Castellano. Une vocation née de l'expérience du pardon de Dieu qui s'est transformée en une vie donnée avec joie et simplicité. Le prêtre, souligne souvent le Pape, vit parmi son peuple avec le cœur miséricordieux de Jésus. Retour sur les traits marquants évoqués et vécus par le Saint-Père à propos du sacerdoce.

50 années sont passées. C'était le 13 décembre 1969 : Jorge Mario Bergoglio, quatre jours seulement avant son 33e anniversaire, était ordonné prêtre. Sa vocation remonte au 21 septembre 1953, mémoire de saint Matthieu, le publicain converti par Jésus : lors d'une confession, le jeune Bergoglio fait une profonde expérience de la miséricorde de Dieu. C'est une joie immense qui l'a conduit à prendre une décision « pour toujours » : être prêtre.

C'est le temps de la miséricorde

C'est précisément la miséricorde divine qui caractérise toute sa vie sacerdotale. Les prêtres, affirme-t-il, sans faire de bruit, laissent tout pour s'engager dans la vie quotidienne des communautés, donnant aux autres leur propre vie, « ils sont émus devant les brebis, comme Jésus, quand il voit les gens fatigués et épuisés comme des brebis sans berger ». Ainsi, « à l'image du Bon Pasteur, le prêtre est un homme de miséricorde et de compassion, proche de son peuple et serviteur de tous... Quiconque est blessé dans sa vie, de quelque manière que ce soit, peut trouver en lui attention et écoute... Il faut soigner les blessures, tant de blessures ! Tant de blessures ! Il y a tant de blessés, de problèmes matériels, de scandales, même dans l'Église... Des gens blessés par les illusions du monde... Nous, prêtres, nous devons être là, près de ces gens. La miséricorde, c'est d'abord la guérison des blessures ». Ceci, rappelle-t-il souvent, est le temps de la miséricorde (Discours aux prêtres du diocèse de Rome, 6 mars 2014).

L'homme de l'Eucharistie : Jésus au centre

Le prêtre, explique François, est un homme décentré, car au centre de sa vie il n'y a pas lui mais le Christ. Il remercie donc les prêtres pour la célébration quotidienne de l'Eucharistie : « Dans la célébration eucharistique, nous trouvons chaque jour cette identité qui est la nôtre en tant que pasteurs. Chaque fois, nous pouvons vraiment faire nôtres ses paroles : “Ceci est mon corps offert en sacrifice pour vous”. C'est le sens de notre vie, les mots avec lesquels nous pouvons renouveler quotidiennement les promesses de notre ordination. Je vous remercie pour votre “oui”, et pour tous les “oui” cachés de chaque jour, que seul le Seigneur connaît. Je vous remercie pour votre “oui” à donner votre vie avec Jésus : telle est la source pure de notre joie » (Homélie pour le Jubilé des prêtres, 3 juin 2016). Et il invite les prêtres à être prudents et audacieux à la fois, parce que l'Eucharistie « n'est pas une récompense pour le parfait mais un remède généreux et une nourriture pour les faibles » (Evangelii gaudium, 47).

La vie sacerdotale dans le confessionnal

Au service de Dieu et de son peuple, le prêtre remplit une part importante de sa mission dans le confessionnal, où il peut dispenser l'excès de la miséricorde de Dieu. Il exhorte les prêtres à ne pas être rigoureux ou laxistes : « Il est normal qu'il y ait des différences de style entre les confesseurs, mais ces différences ne peuvent pas concerner la substance, c'est-à-dire la saine doctrine morale et la miséricorde. Ni le laxiste ni le rigoriste ne témoignent de Jésus-Christ, car ni l'un ni l'autre ne prennent en charge la personne qu'ils rencontrent. Le rigoriste se lave les mains : en fait il la cloue à la loi comprise de manière froide et rigide ». Le laxiste lui aussi « se lave les mains : ce n'est qu'apparemment qu'il est miséricordieux, mais en réalité il ne prend pas au sérieux le problème de cette conscience, en minimisant le péché. La vraie miséricorde prend soin de la personne, l'écoute attentivement, aborde sa situation avec respect et vérité et l'accompagne sur le chemin de la réconciliation. Et c'est fatigant, oui, certainement. Le prêtre vraiment miséricordieux se comporte comme le Bon Samaritain... mais pourquoi le fait-il ? Parce que son cœur est capable de compassion, c'est le cœur du Christ ! » (Discours aux prêtres du diocèse de Rome, 6 mars 2014).

La prière, Marie et la lutte contre le diable

Le prêtre, souligne le Pape, est avant tout un homme de prière. C'est de l'intimité avec Jésus que jaillit la vraie charité. C'est l'union avec Dieu qui permet de vaincre les innombrables tentations du mal. Le diable existe, il n'est pas un mythe - le Pape le rappelle souvent - il est rusé, menteur, trompeur. François nous invite à regarder Marie, à prier le chapelet tous les jours, c'est sa prière du cœur, surtout en cette période, pour protéger l'Église des attaques du démon qui veut apporter la division. « Regarder Marie, c'est croire à nouveau en la puissance révolutionnaire de la tendresse et de l'affection ». Marie est « l'amie toujours attentive pour qu'il ne manque pas de vin dans notre vie » et comme « une vraie mère, elle marche avec nous, se bat avec nous et répand sans cesse la proximité de l'amour de Dieu » (Lettre aux prêtres pour le 160e anniversaire de la mort du Curé d'Ars).

Les pauvres et le jugement dernier

La spiritualité du prêtre s'incarne dans la réalité de la vie quotidienne, observe François, et devient une voix prophétique face à l'oppression qui piétine les pauvres et les faibles : l'Église « ne peut et ne doit pas rester en marge de la lutte pour la justice », reléguant la religion, comme certains le voudraient, « à l'intimité secrète des personnes, sans aucune influence dans la vie sociale et nationale » (Evangelii gaudium, 183), car le Royaume de Dieu commence ici sur terre et c'est déjà ici que nous rencontrons Jésus : le jugement dernier sera précisément axé sur ce que nous avons fait au Christ dans les pauvres, les malades, les étrangers et les prisonniers (Mt, 25). Nous serons jugés sur l'amour : mais il ne peut y avoir d'amour sans justice, comme le disait saint Jean Paul II.

Des prêtres qui donnent leur vie et le scandale des abus

Le Pape ne reste pas silencieux face à la « monstruosité » des abus commis par les prêtres, il répète toujours sa proximité avec les victimes, mais il pense aussi aux nombreux prêtres qui portent le fardeau de crimes qu'ils n'ont pas commis : il serait « injuste de ne pas reconnaître tant de prêtres qui offrent de manière constante et intègre tout ce qu'ils sont et ce qu'ils possèdent pour le bien des autres ». Ces prêtres qui « font de leur vie une œuvre de miséricorde dans des régions ou des situations souvent inhospitalières, éloignées ou abandonnées, même au péril de leur vie ». Le Pape les remercie « pour leur exemple courageux et constant » et les invite à ne pas se décourager, car « le Seigneur purifie son Épouse et nous convertit tous à lui. Il nous fait expérimenter l'épreuve parce que nous comprenons que sans Lui nous sommes poussière » (Lettre aux prêtres à l'occasion du 160e anniversaire de la mort du curé d'Ars).

Dans les épreuves, se rappeler la première rencontre avec Jésus

Le Pape pense aux moments de difficulté que les prêtres peuvent vivre, les invitant à revenir à leur première rencontre avec Jésus, à ces moments lumineux où l'appel du Seigneur à consacrer toute leur vie à son service a été vécu : nous devons retourner « à ce point incandescent où la grâce de Dieu m'a touché au début du chemin. C'est de cette étincelle que je peux allumer le feu pour aujourd'hui, pour chaque jour, et apporter chaleur et lumière à mes frères et sœurs. De cette étincelle s'allume une joie humble, une joie qui n'offense pas la douleur et le désespoir, une joie bonne et douce » (Homélie de la Veillée pascale, 19 avril 2014).

La bonne fatigue des prêtres

« Vous savez, confesse le Pape, combien de fois je pense à ceci : à la fatigue de vous tous ? J'y pense beaucoup et je prie souvent, surtout quand je suis fatigué. Je prie pour vous qui travaillez parmi le peuple fidèle de Dieu qui vous a été confié, et pour beaucoup dans des lieux très abandonnés et dangereux. Et notre fatigue, chers prêtres, est comme l'encens qui monte silencieusement au ciel. Notre fatigue va droit au cœur du Père... Il y a ce que nous pouvons appeler “la fatigue du peuple, la fatigue de la foule” : Pour le Seigneur, comme pour nous, c'était épuisant, comme le dit l'Évangile, mais c'est une bonne fatigue, une fatigue pleine de fruits et de joie... C'est la fatigue du prêtre avec l'odeur des brebis » et « avec le sourire du papa qui contemple ses enfants ou ses petits-enfants... seul l'amour donne le repos » (Homélie de la messe chrismale, 2 avril 2015).

De courtes homélies qui brûlent les cœurs

L'importance de l'homélie a été soulignée à maintes reprises par François, qui exhorte fortement les prêtres à bien la préparer dans un temps prolongé d'étude, de prière et de réflexion. Il invite à faire de brèves homélies qui ne sont ni un spectacle, ni une conférence, ni une leçon purement moraliste et qui endoctrine : il faut savoir dire des « paroles qui brûlent les cœurs » avec un langage positif, en disant non pas tant ce que nous devons pas faire, mais plutôt ce que l'on peut faire mieux : « Une prédication positive offre toujours l'espérance, oriente vers le futur, ne nous laisse pas prisonniers de la négativité » (Evangelii Gaudium, 159) en exprimant la « proximité, l'ouverture au dialogue, la patience et l'accueil cordial sans condamnation » (Evangelii Gaudium, 165). Le Pape souligne le rôle fondamental du kérygme dans la première annonce : « Jésus-Christ t'aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour, pour t'éclairer, pour te fortifier, pour te libérer » (164).

Le sens de l'humour des prêtres

« Le saint est capable de vivre avec joie et sens de l'humour », rappelle le Pape aux prêtres, en citant saint Philippe Neri ou la prière de la bonne humeur de saint Thomas More. C'est une joie qui vient de l'union avec Jésus et de la fraternité. « Le sens de l'humour est une grâce que je demande tous les jours », disait François en novembre 2016 dans une interview donnée à TV2000 et Radio InBlu : « le sens de l'humour vous élève, vous fait voir le côté temporaire de la vie et prendre les choses avec l'esprit d'une âme rachetée. C'est une attitude humaine, mais c'est la plus proche de la grâce de Dieu ». C'est le signe d'une grande maturité spirituelle qui naît de l'Esprit Saint.

L'appel du Pape aux fidèles : soutenez les prêtres

Le Pape François demande aux prêtres d'être toujours proches des personnes, mais en même temps il demande aux fidèles de soutenir les prêtres : « Chers fidèles, soyez proches de vos prêtres par l'affection et la prière, afin qu'ils soient toujours pasteurs avec le cœur de Dieu » (Homélie pour la messe chrismale, 28 mars 2013).

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Commentaire des lectures du dimanche

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous célébrons aujourd’hui le troisième dimanche de l’Avent, caractérisé par l’invitation de saint Paul : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous. Le Seigneur est proche » (Ph 4,4-5). Ce n’est pas une joie superficielle ou purement émotive que celle à laquelle nous exhorte l’apôtre, ni mondaine ou bien cette joie du consumérisme. Non, ce n’est pas celle-là, mais il s’agit d’une joie plus authentique, dont nous sommes appelés à redécouvrir la saveur. La saveur de la vraie joie. Une joie qui touche le plus profond de notre être, tandis que nous attendons Jésus qui est déjà venu apporter le salut au monde, le Messie promis, né à Bethléem de la Vierge Marie. La liturgie de la Parole nous offre le contexte adapté pour comprendre et vivre cette joie. Isaïe parle de désert, de terre aride, de steppe (cf. 35,1) ; le prophète a devant lui les mains faibles, les genoux vacillants, les cœurs égarés, les aveugles, les sourds et les muets (cf. vv.3-6). Voilà le cadre d’une situation de désolation, d’un destin sans Dieu inéxorable.

Mais finalement, le salut est annoncé : « Soyez forts, ne craignez pas ! — dit le prophète — […] Voici votre Dieu. […] C'est lui qui vient vous sauver » (cf. Is 35,4). Et immédiatement, tout se transforme : le désert fleurit, la consolation et la joie envahissent les cœurs (cf. vv.5-6). Ces signes annoncés par Isaïe comme révélateurs du salut déjà présent, se réalisent en Jésus. Il l’affirme lui-même en répondant aux messagers envoyés par Jean-Baptiste. Que dit Jésus à ces messagers ? « Les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent » (Mt 11,5). Ce ne sont pas des mots, ce sont des faits qui démontrent comment le salut, apporté par Jésus, saisit tout l’être humain et le régénère. Dieu est entré dans l’histoire pour nous libérer de l’esclavage du péché ; il a planté sa tente parmi nous pour partager notre existence, guérir nos plaies, panser nos blessures et nous donner la vie nouvelle. La joie est le fruit de cette intervention de salut et d’amour de Dieu.

Nous sommes appelés à nous laisser saisir par ce sentiment d’exultation. Cette exultation, cette joie… Mais si un chrétien n’est pas joyeux, il manque quelque chose à ce chrétien, ou alors il n’est pas chrétien ! La joie du cœur, la joie intérieure qui nous fait avancer, et nous donne du courage. Le Seigneur vient, dans notre vie comme le libérateur, il vient nous libérer de tous les esclavages intérieurs et extérieurs. C’est lui qui nous indique la voie de la fidélité, de la patience, et de la persévérance, parce qu’à son retour, notre joie sera complète. Noël est proche, les signes de sa proximité sont évidents dans nos rues et dans nos maisons ; ici aussi, place Saint-Pierre, on a installé la crèche et l’arbre à côté. Ces signes extérieurs nous invitent à accueillir le Seigneur qui vient toujours et frappe à notre porte, frappe à notre cœur, pour venir près de nous ; ils nous invitent à reconnaître ses pas dans ceux de nos frères qui passent à côté de nous, spécialement les plus faibles et les plus démunis.

Aujourd’hui, nous sommes invités à nous réjouir de la venue imminente de notre Rédempteur ; et nous sommes appelés à partager cette joie avec les autres en apportant du réconfort et de l’espérance aux pauvres, aux malades, aux personnes seules et malheureuses. Que la Vierge Marie, la « servante du Seigneur », nous aide à écouter la voix de Dieu dans la prière et à le servir avec compassion dans nos frères, pour arriver prêts au rendez-vous de Noël, en préparant notre cœur à accueillir Jésus.

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