Pko 13.01.2019

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°03/2019

Dimanche 13 janvier 2019 – Baptême du Seigneur – Année C

Humeurs…

Justice et réinsertion ?

C’est l’histoire d’un jeune homme de 22 ans aujourd’hui… En 2016, jeune adulte, il commet vol et dégradation… Il est jugé le 27 février 2017… jugement auquel il n’assistera pas malheureusement… en conséquence, il est condamné à un an de prison ferme… Jusque-là, rien à dire, une affaire somme toute banale où la justice fait son travail…

Le temps passe… notre jeune homme est papa… il se met en quête de travail… Début décembre 2018, il commence une formation rémunérée… la réinsertion de ce jeune homme, intelligent, vif, pas délinquant malgré ces erreurs de jeunesse peut enfin commencer !

2 janvier 2019 au petit matin, la Police vient le cueillir dans la rue, là où il dort pour l’envoyer à « Hollywood »1 pour qu’il purge sa peine !

Deux ans entre la condamnation et l’incarcération effective ! Deux ans avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête ! Et au moment même ou une ouverture s’offre à ce jeune homme, le couperet tombe… sans même que soit pris en compte l’évolution !

Quelle est cette société qui peut ainsi hypothéquer l’avenir d’un jeune homme ! Quelle est cette société qui nous parle de réinsertion à grand renfort de discours et de millions de francs et qui condamne sa jeunesse à la désespérance et à la révolte !

Justice… vous avez dit justice ! Quelle justice y-a-t-il lorsqu’après avoir condamner un jeune homme à un an de prison sans être capable de mettre cette peine en œuvre… on vient le cueillir au moment même où il s’engage vers une réinsertion dans la société ?

Que l’on soit condamné lorsque l’on commet un délit… que la peine soit amplifiée parce que l’on ne se présente pas à son jugement, soit ! Mais que l’on hypothèque l’avenir d’un jeune en mettant en œuvre une décision de justice deux ans après qu’elle ait été prononcée, non pas parce qu’il s’était caché au fin fond d’une vallée, mais parce que l’on avait pas les moyens de l’exécuter avant… est révoltant ! Il ne faut pas parler là de justice… mais d’injustice… pour ne pas dire d’abus de pouvoir d’une société déshumanisée qui applique une justice aveugle… de répression… oubliant par là-même que l’objectif d’une peine est d’aider le « fauteur » à retrouver le « droit chemin » !

Certain nous dirons : « Il y a possibilité de demander un aménagement de peine ! » Oui… mais combien de temps…

En attendant le mal est fait ! La formation est stoppée… et surtout l’élan qu’avait pris ce jeune pour se réinsérer a été brisé en plein vol !

Justice… vous avez dit justice ?

« Ne m'appelez plus jamais "Justice".
La Justice elle m'a laissé tomber.
Ne m'appelez plus jamais "Justice".
C'est ma dernière volonté
 ».

_________________

1. Hollywood… non donné au Centre pénitentiaire de Nuutania !

Laissez-moi vous dire…

13 janvier : Fête du Baptême du Seigneur

Les invisibles

Le baptême du Seigneur que nous fêtons aujourd’hui inaugure la mission du Christ. Au jour de notre baptême, nous aussi, nous avons reçu « l’Esprit Saint et le feu » de Dieu. Mais …avons-nous ouvert les portes de notre vie au Christ ?

Souvent reviennent en moi des paroles qui ont retenti il y a plus de 40 ans :

« Frères et sœurs, n’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir !

Aidez le Pape et tous ceux qui veulent servir le Christ et, avec la puissance du Christ servir l’homme et l’humanité entière ! N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait “ce qu’il y a dans l’homme“ ! Et Lui seul le sait ! (…)

Permettez donc — je vous prie, je vous implore avec humilité et confiance, — permettez au Christ de parler à l’homme… » Bien entendu il s’agit de l’appel lancé par Jean-Paul II au cours de la messe solennelle d’intronisation du 22 octobre 1978.

Le Christ parle de diverses façons aux hommes et femmes de toutes époques, de tous milieux, de toutes origines. Souvenons-nous de la fête des Rameaux : les pharisiens demandaient à Jésus de réprimander ses disciples ; et Jésus de rétorquer : « Si eux se taisent, les pierres crieront ! »

Un film particulièrement interpelant vient de sortir sur les écrans français : « Les Invisibles », une comédie dramatique réalisée par Louis-Julien Petit avec un bon nombre d’actrices qui ont vécu la galère de la rue (entre autres : Corinne Masiero). Ce film met en pleine lumière des femmes qu’on ne voit pas, et pourtant on passe à côté d’elles tous les jours. Elles sont trop pauvres, trop « honteuses » pour paraître au grand jour. Et puis, il y a celles qui les soutiennent, qui leur tendent la main, qui agissent dans la discrétion ; celles qui sont mal perçues par « les bien-pensants », les détracteurs de tous horizons. D’une certaine manière, certains « catho » [celles que Masiero appelle les « dames patronnesses »] en prennent pour leur grade… Bref un film qui parle pourvu qu’on sache ouvrir grands ses yeux et grandes ses oreilles… dans l’espérance que les esprits et les cœurs s’ouvrent pour enfin voir ces « Invisibles »…

Oui, Dieu parle et ne cessera jamais de parler à celles et ceux qui Lui ouvrent leurs portes !

Dominique Soupé

© Cathédrale de Papeete - 2019

En marge de l’actualité…

Journée pour la Vie

Le Dimanche 20 Janvier aura lieu dans de nombreux diocèses la « Journée pour la vie » avec en perspective le processus de révision de la Loi sur la bioéthique qui devrait être débattue dans quelques mois au Parlement. Parmi les enjeux d’importance, le débat sur l’assistance médicale à la procréation (AMP). Dans un document publié en septembre 2018 et intitulé « La dignité de la procréation », les évêques de France et des Outre-mer (dont Papeete) rappellent les enjeux mais aussi les questions posées par la procréation médicalement assistée. Parmi ces enjeux, la place de l’enfant comme référence première, car il est par nature le plus faible et le plus vulnérable (« La qualité d’une société ou d’une civilisation se mesure au respect qu’elle manifeste envers les plus faibles de ses membres » - Document du St Siège – Documentation Catholique n°1807 du 3 Mai 1981). Évoquant cette place de l’enfant, le texte affirme : « Si la procréation est bien l’acte de mettre au monde un enfant en faveur de lui-même et non pour satisfaire seulement un besoin de réalisation personnelle, si l’enfant est un don et non un dû, s’il est de plus reconnu comme vulnérable, le bien de l’enfant ne devrait-il pas être un argument éthique fondamental pour réguler les pratiques d’assistance médicale à la procréation ? » (n°33)

Évoquant le désir de l’enfant, le texte des évêques précise : « Désirer un enfant, ce n’est pas l’enrôler dès sa conception à la satisfaction d’un besoin ou d’un projet parental, mais c’est être prêt à le mettre au monde dans un espace d’attentes qui ne l’enferment pas. Le désir d’accueillir diffère de la volonté d’avoir ou d’obtenir à toute force ou à tout prix. Le désir sait attendre et recevoir l’autre comme un don gratuit. Il ne se laisse pas prendre par la nécessité impérative du “maintenant”… » (n°21)

Tout enfant a droit à un père et une mère : « Institutionnaliser l’absence de père poserait un problème éthique lourd de conséquences… Cela atteindrait le juste bien de l’enfant et l’institution de la filiation en supprimant la double généalogie…En 1988, le Conseil d’État a qualifié cette suppression d’“amputation” et l’a fortement condamnée : “la procréation médicalement assistée à la demande d’une femme célibataire permettrait…à celle-ci de faire naître à sa guise, un orphelin de père, dont la parenté se réduit à une seule ligne… Il parait excessif de donner à une personne la puissance extrême d’imposer à une autre l’amputation de la moitié de son ascendance” » (n°38). La procréation humaine doit demeurer un acte personnel, corporel et relationnel et ne saurait être réduit à un simple processus de fécondation obtenu grâce à la manipulation de moyens techniques. « Naitre de et dans la relation aimante d’un homme et d’une femme n’est pas la survivance d’un modèle naturel d’autrefois exclusif et qui pourrait désormais cohabiter avec d’autres, mais une exigence foncière de la dignité de la personne » (n°19).

Allons-nous passer à côté de ces réflexions qui engagent le présent et l’avenir de nos familles et de notre société ? Allons-nous laisser disparaitre le projet de Dieu sur l’Homme et la Femme ? Comment allons-nous dans nos paroisses nous associer à cette journée pour la vie ? N’oublions pas, enfin, que le mouvement des AFC (Associations Familiales Catholiques) est tout disposé à apporter son aide pour une réflexion sur ces questions.

+ Monseigneur Jean-Pierre COTTANCEAU,

Archevêque de Papeete

© Archidiocèse de Papeete - 2019

Audience générale

Aucune prière ne restera sans réponse

« Le Père n’oublie jamais aucun de ses enfants qui souffrent ». Ce mercredi, lors de l’audience générale en salle Paul VI, le Pape a poursuivi sa catéchèse sur le Notre Père. François est revenu sur la figure du Christ priant, telle qu’elle est présentée par l’Évangile de Luc.

Chers frères et sœurs, bonjour !

La catéchèse d’aujourd’hui se réfère à l’Évangile de Luc. En effet, c’est surtout cet Évangile, depuis les récits de l’enfance, qui décrit la figure du Christ dans une atmosphère dense de prière. En lui sont contenus les trois hymnes qui rythment chaque jour la prière de l’Église : le Benedictus, le Magnificat et le Nunc dimittis.

Et dans cette catéchèse sur le Notre Père, nous avançons, nous voyons Jésus priant. Jésus prie. Dans le récit de Luc, par exemple, l’épisode de la transfiguration jaillit d’un moment de prière. Il dit ceci : « Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante » (9,29). Mais chaque pas de la vie de Jésus est comme poussé par le souffle de l’Esprit qui le guide dans toutes ses actions. Jésus prie au baptême dans le Jourdain, il dialogue avec son Père avant de prendre ses décisions les plus importantes, il se retire souvent dans la solitude pour prier, il intercède pour Pierre qui bientôt le reniera. Il dit ceci : « Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas » (Lc 22,31-32). C’est consolant : savoir que Jésus prie pour nous, prie pour moi, pour chacun de nous pour que notre foi ne défaille pas. Et c’est vrai. « Mais Père, il le fait encore ? » Il le fait encore, devant son Père. Jésus prie pour moi. Chacun de nous peut dire cela. Et nous pouvons aussi dire à Jésus : « Tu pries pour moi, continue de prier parce que j’en ai besoin ». Comme cela : courageusement.

Même la mort du Messie est immergée dans un climat de prière, au point que les heures de la passion semblent marquées par un calme surprenant : Jésus console les femmes, il prie pour ceux qui le crucifient, il promet le paradis au bon larron et il expire en disant : « Père, en tes mains je remets mon esprit » (Lc 23,46). La prière de Jésus semble atténuer les émotions les plus violentes, les désirs de vengeance et de revanche, elle réconcilie l’homme avec son ennemi acharné, elle réconcilie l’homme avec cette ennemie qu’est la mort.

C’est toujours dans l’Évangile de Luc que nous trouvons la demande, exprimée par un des disciples, de pouvoir être éduqués à la prière par Jésus lui-même. Et il dit ceci : « Seigneur, apprends-nous à prier » (Lc 11,1). Ils le voyaient prier. « Apprends-nous – nous aussi nous pouvons le dire au Seigneur – Seigneur, tu pries pour moi, je le sais, mais apprends-moi à prier, pour que je puisse prier moi aussi ».

De cette demande – « Seigneur, apprends-nous à prier » – nait un enseignement assez étendu, à travers lequel Jésus explique à ses disciples avec quels mots et quels sentiments ils doivent s’adresser à Dieu.

La première partie de cet enseignement est précisément le Notre Père. Priez ainsi : « Père, qui es aux cieux ». « Père » : ce mot si beau à prononcer. Nous pouvons passer tout le temps de la prière avec ce mot uniquement : « Père ». Et sentir que nous avons un père : non pas un patron ni un beau-père. Non, un père. Le chrétien s’adresse à Dieu en l’appelant avant tout « Père ».

Dans cet enseignement que Jésus donne à ses disciples, il est intéressant de s’arrêter sur quelques instructions qui servent de couronne au texte de la prière. Pour nous donner confiance, Jésus explique certaines choses. Elles insistent sur les attitudes du croyant qui prie. Par exemple, il y a la parabole de l’ami importun, qui va déranger toute une famille qui dort parce qu’à l’improviste une personne est arrivée d’un voyage et qu’il n’a pas de pain à lui offrir. Que dit Jésus de celui qui frappe à la porte et qui réveille son ami : « Eh bien ! Je vous le dis : même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut » (Lc 11,9). Il veut ainsi nous apprendre à prier et à insister dans la prière. Et aussitôt après, il donne l’exemple d’un père qui a un fils affamé. Vous tous, pères et grands-pères, qui êtes ici, quand votre fils ou votre petit-fils demande quelque chose, a faim et demande, demande, et puis il pleure, il crie, il a faim : « Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? » (v.11). Et vous avez tous cette expérience, quand votre fils demande, vous lui donnez à manger ce qu’il demande, pour son bien.

Par ces paroles, Jésus fait comprendre que Dieu répond toujours, qu’aucune prière ne restera sans réponse, pourquoi ? Parce qu’il est Père et qu’il n’oublie pas ses enfants qui souffrent.

Certes, ces affirmations nous remettent en cause, parce qu’il semble que beaucoup de nos prières n’aient obtenu aucun résultat. Combien de fois avons-nous demandé sans obtenir – nous en avons tous l’expérience – combien de fois avons-nous frappé et trouvé une porte fermée ? Dans ces moments-là, Jésus nous recommande d’insister et de ne pas nous avouer vaincus. La prière transforme toujours la réalité, toujours. Si nous ne changeons pas les choses autour de nous, au moins nous changeons nous-mêmes, notre cœur change. Jésus a promis le don de l’Esprit-Saint à tous les hommes et à toutes les femmes qui prient.

Nous pouvons être certains que Dieu répondra. L’unique incertitude est due au temps, mais ne doutons pas qu’il répondra. Peut-être devrons-nous insister toute notre vie, mais il répondra. Il nous l’a promis : il n’est pas comme un père qui donne un serpent au lieu d’un poisson. Il n’y a rien de plus certain : le désir de bonheur que nous portons tous dans notre cœur s’accomplira un jour.

Jésus dit : « Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? » (Lc 18,7). Si, il fera justice, il nous écoutera. Quel jour de gloire et de résurrection ce sera ! La prière est dès maintenant la victoire sur la solitude et sur le désespoir. Prier. La prière change la réalité, ne l’oublions pas. Ou elle change les choses, ou elle change notre cœur, mais elle change toujours. La prière est dès maintenant la victoire sur la solitude et sur le désespoir. C’est comme de voir chaque fragment de la création qui grouille dans la torpeur d’une histoire dont souvent nous ne saisissons pas le pourquoi. Mais elle est en mouvement, elle est en chemin et au bout de toute route, qu’y a-t-il au bout de notre route ? À la fin de la prière, à la fin d’un temps où nous prions, à la fin de la vie, qu’y a-t-il ? Il y a un Père qui attend tout et qui attend tout le monde les bras grands-ouverts. Regardons ce Père.

© Libreria Editrice Vaticana – 2019

Éthique

La recherche de l’Unité des chrétiens

La recherche de l'unité des chrétiens a été l'un des principaux objectifs du Deuxième Concile du Vatican. Le Directoire œcuménique, demandé pendant le Concile et publié en deux parties, l'une en 1967 et l'autre en 1970, « a rendu de précieux services pour orienter, coordonner et développer l'effort œcuménique ». À l’occasion de la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens, voici un extrait du « directoire pour l'application des principes et des normes sur l'œcuménisme » publié en 1993 par le Conseil pour l’Unité des chrétiens.

9. Le mouvement œcuménique veut être une réponse au don de la grâce de Dieu, appelant tous les chrétiens à la foi au mystère de l'Église, dans le dessein de Dieu qui désire mener l'humanité au salut et à l'unité dans le Christ par l'Esprit Saint. Ce mouvement les appelle à l'espérance que se réalise pleinement la prière de Jésus pour « qu'ils soient un ». Il les appelle à cette charité qui est le commandement nouveau du Christ et le don par lequel l'Esprit Saint unit tous les fidèles. Le deuxième Concile du Vatican a clairement demandé aux catholiques d'étendre leur amour à tous les chrétiens avec une charité qui désire surmonter dans la vérité ce qui les divise et qui s'emploie activement à le faire; ils doivent agir avec espérance et dans la prière pour la promotion de l'unité des chrétiens, et leur foi dans le mystère de l'Église les stimule et les éclaire de telle façon que leur action œcuménique puisse être inspirée et guidée par une vraie compréhension de l'Église qui est « le sacrement, c'est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain ».

10. L'enseignement de l'Église sur l'œcuménisme, tout autant que l'encouragement à espérer et l'invitation à aimer, trouvent une expression officielle dans les documents du deuxième Concile du Vatican et spécialement dans Lumen Gentium et Unitatis Redintegratio. Les documents postérieurs concernant l'activité œcuménique dans l'Église, y compris le Directoire œcuménique (1967 et 1970), sont basés sur les principes doctrinaux, spirituels et pastoraux énoncés dans les documents conciliaires. Ils ont approfondi quelques sujets suggérés dans les documents conciliaires, développé une terminologie théologique et fourni des normes d'action plus détaillées, toutes cependant basées sur l'enseignement du Concile lui-même. Tout cela fournit un ensemble d'enseignements dont les grandes lignes seront présentées dans ce chapitre. Ces enseignements constituent le fondement de ce Directoire.

L'Église et son unité dans le plan de Dieu

11. Le Concile situe le mystère de l'Église dans le mystère de la sagesse et de la bonté de Dieu qui attire toute la famille humaine et même la création tout entière à l'unité en lui-même. À cette fin, Dieu a envoyé dans le monde son Fils unique qui, élevé sur la croix, puis entré dans la gloire, répandit l'Esprit Saint, par lequel il appelle et réunit dans l'unité de la foi, de l'espérance et de la charité, le peuple de la Nouvelle Alliance qui est l'Église. Pour établir en tout lieu cette Église sainte jusqu'à la consommation des siècles, le Christ confia au collège des Douze, auquel il a donné Pierre comme chef, l'office d'enseigner, de régir et de sanctifier. Jésus Christ, au moyen de la fidèle prédication de l'Évangile, par l'administration des sacrements et par le gouvernement dans l'amour, exercé par les Apôtres et par leurs successeurs, sous l'action du Saint-Esprit, veut que ce peuple s'accroisse et que sa communion soit rendue toujours plus parfaite. Le Concile présente l'Église comme le nouveau Peuple de Dieu, unissant en lui, avec toutes les richesses de leur diversité, hommes et femmes de toutes les nations et de toutes les cultures, dotés des dons variés de la nature et de la grâce, mis au service les uns des autres et conscients d'être envoyés dans le monde pour son salut. Ils acceptent dans la foi la Parole de Dieu, sont baptisés dans le Christ, confirmés dans l'Esprit de la Pentecôte, et célèbrent ensemble le sacrement de son corps et de son sang dans l'eucharistie :

« L'Esprit Saint qui habite dans les croyants, qui remplit et régit toute l'Église, réalise cette admirable communion des fidèles et les unit tous si intimement dans le Christ, qu'il est le principe de l'unité de l'Église. C'est lui qui réalise la diversité des grâces et des ministères, enrichissant de fonctions diverses l'Église de Jésus Christ, "organisant ainsi les saints pour l'œuvre du ministère, en vue de la construction du Corps du Christ" ».

12. Le Peuple de Dieu, en sa commune vie de foi et de sacrements, est servi par les ministres ordonnés : évêques, prêtres et diacres. Ainsi uni par le triple lien de la foi, de la vie sacramentelle et du ministère hiérarchique, tout le Peuple de Dieu réalise ce que la tradition de foi depuis le Nouveau Testament a toujours appelé la koinonia communion. C'est ce concept clé qui a inspiré l'ecclésiologie du deuxième Concile du Vatican et auquel l'enseignement magistériel récent a donné une grande importance.

L'Église en tant que communion

13. La communion en laquelle les chrétiens croient et espèrent est, en sa réalité la plus profonde, leur unité avec le Père par le Christ et dans le Saint-Esprit. Depuis la Pentecôte, elle est donnée et reçue dans l'Église, communion des saints. Elle s'accomplit pleinement dans la gloire du ciel, mais elle se réalise déjà dans l'Église sur terre tandis qu'elle chemine vers cette plénitude. Ceux qui vivent unis dans la foi, l'espérance et la charité, dans le service mutuel, dans l'enseignement commun et les sacrements, sous la conduite de leurs Pasteurs, ont part à la communion qui constitue l'Église de Dieu. Cette communion se réalise concrètement dans des Églises particulières, dont chacune est rassemblée autour de son Évêque. En chacune d'elles « l'Église du Christ, une, sainte, catholique et apostolique est vraiment présente et agissante ». Cette communion, de par sa nature même, est donc universelle.

14. La communion entre les Églises se maintient et se manifeste de façon spéciale dans la communion entre leurs Évêques. Ensemble ils forment un collège qui succède au collège apostolique. Ce collège a à sa tête l'Évêque de Rome, comme successeur de Pierre. Ainsi les Évêques garantissent que les Églises dont ils sont les ministres continuent l'unique Église du Christ fondée sur la foi et le ministère des apôtres. Ils coordonnent les énergies spirituelles et les dons des fidèles et de leurs associations en vue de la construction de l'Église et du plein exercice de sa mission.

15. Chaque Église particulière, unie en elle-même et dans la communion de l'Église une, sainte, catholique et apostolique, est envoyée au nom du Christ et par la puissance de l'Esprit pour porter l'Évangile du Royaume à de plus en plus de personnes, leur offrant cette communion avec Dieu. En l'acceptant, ces personnes entrent aussi en communion avec tous ceux qui l'ont déjà reçue et sont constituées, avec eux, en une authentique famille de Dieu. Par son unité, cette famille témoigne de cette communion avec Dieu. C'est dans cette mission de l'Église que se réalise la prière de Jésus, car il a prié « pour que tous soient un, Père, qu'ils soient un en nous, comme tu es en moi et que je suis en toi, afin que le monde croie que tu m'as envoyé ».

16. La communion à l'intérieur des Églises particulières et entre elles est un don de Dieu. Il faut la recevoir avec joie et reconnaissance et la cultiver avec soin. Elle est entretenue de façon spéciale par ceux qui sont appelés à exercer dans l'Église le ministère de pasteur. L'unité de l'Église se réalise au milieu d'une riche diversité. La diversité dans l'Église est une dimension de sa catholicité. Toutefois la richesse même de cette diversité peut engendrer des tensions dans la communion. Mais, en dépit de ces tensions, l'Esprit continue à opérer dans l'Église en appelant les chrétiens, dans leur diversité, à une unité toujours plus profonde.

17. Les catholiques gardent la ferme conviction que l'unique Église du Christ subsiste en l'Église catholique qui est « gouvernée par le successeur de Pierre et par les Évêques qui sont en communion avec lui ». Ils confessent que la totalité de la vérité révélée, des sacrements et du ministère, que le Christ a donnée pour la construction de son Église et pour l'accomplissement de sa mission, se trouve dans la communion catholique de l'Église. Certes, les catholiques savent qu'ils n'ont pas personnellement vécu ni ne vivent pleinement des moyens de grâce dont l'Église est dotée. Malgré tout, ils ne perdent jamais confiance en l'Église. Leur foi les assure qu'elle demeure « la digne épouse du Seigneur » et « se renouvelle sans cesse elle-même sous l'action de l'Esprit Saint, jusqu'à ce que, par la croix, elle parvienne à la lumière qui n'a pas de déclin ». Quand donc les catholiques utilisent les mots « Églises», « autres Églises », « autres Églises et Communautés ecclésiales », etc., pour désigner ceux qui ne sont pas en pleine communion avec l'Église catholique, on doit toujours tenir compte de cette ferme conviction et confession de foi.

Les divisions entre chrétiens et le rétablissement de l'unité

18. La déraison et le péché humains, cependant, ont de temps à autre fait opposition à la volonté unifiante de l'Esprit Saint et affaibli cette puissance de l'amour qui surmonte les tensions inhérentes à la vie ecclésiale. Dès le début de l'Église des scissions se sont produites. Par la suite, des dissensions plus graves apparurent et des Églises en Orient ne se trouvèrent plus en pleine communion avec le Siège de Rome ni avec l'Église d'Occident. Plus tard, en Occident, des divisions plus profondes firent naître d'autres Communautés ecclésiales. Ces ruptures portaient sur des questions doctrinales ou disciplinaires et même sur la nature de l'Église. Le Décret du deuxième Concile du Vatican sur l'œcuménisme reconnaît que des dissensions sont survenues « parfois par la faute de personnes de l'une et de l'autre partie ». Toutefois, si gravement que la culpabilité humaine ait pu nuire à la communion, celle-ci ne fut jamais anéantie. En effet, la plénitude de l'unité de l'Église du Christ s'est maintenue dans l'Église catholique, tandis que d'autres Églises et Communautés ecclésiales, tout en n'étant pas en pleine communion avec l'Église catholique, conservent en réalité une certaine communion avec elle. Le Concile affirme ceci : « Nous croyons qu'elle [cette unité] subsiste de façon inamissible dans l'Église catholique et nous espérons qu'elle s'accroîtra de jour en jour jusqu'à la consommation des siècles ». Des textes conciliaires indiquent les éléments qui sont partagés par l'Église catholique et les Églises orientales d'une part, et par l'Église catholique et les autres Églises et Communautés ecclésiales d'autre part. « L'Esprit du Christ ne refuse pas de se servir d'elles comme de moyens de salut ».

19. Aucun chrétien ou chrétienne, cependant, ne peut se satisfaire de ces formes imparfaites de communion. Elles ne correspondent pas à la volonté du Christ et affaiblissent son Église dans l'exercice de sa mission. La grâce de Dieu a poussé des membres de beaucoup d'Églises et Communautés ecclésiales, tout spécialement en notre siècle, à s'efforcer de surmonter les divisions héritées du passé et de bâtir à nouveau une communion d'amour par la prière, par le repentir et par la demande réciproque de pardon pour les péchés de désunion du passé et du présent, par des rencontres pour des actions de coopération et de dialogue théologique. Tels sont les objectifs et les activités de ce que l'on en est venu à appeler le mouvement œcuménique.

20. Au deuxième Concile du Vatican, l'Église catholique s'est solennellement engagée à œuvrer pour l'unité des chrétiens. Le Décret Unitatis Redintegratio spécifie que l'unité voulue par le Christ pour son Église se réalise « au moyen de la fidèle prédication de l'Évangile par les Apôtres et par leurs successeurs — les Évêques avec leur chef qui est le successeur de Pierre —, par l'administration des sacrements et par le gouvernement dans l'amour ». Le Décret définit cette unité comme consistant « dans la profession d'une seule foi [...], dans la célébration commune du culte divin [...], dans la concorde fraternelle de la famille de Dieu » ; cette unité qui, de par sa nature même, exige une pleine communion visible de tous les chrétiens est le but ultime du mouvement œcuménique. Le Concile affirme que cette unité ne requiert nullement le sacrifice de la riche diversité de spiritualité, de discipline, de rites liturgiques et d'élaboration de la vérité révélée qui se sont développés parmi les chrétiens, dans la mesure où cette diversité reste fidèle à la Tradition apostolique.

21. Depuis le deuxième Concile du Vatican, l'activité œcuménique a été inspirée et guidée, dans toute l'Église catholique, par divers documents et initiatives du Saint-Siège et, dans les Églises particulières, par des documents et initiatives des Évêques, des Synodes des Églises orientales catholiques et des Conférences épiscopales. Il faut aussi mentionner les progrès réalisés en des formes variées de dialogue œcuménique et en diverses sortes de collaboration œcuménique. Selon l'expression même du Synode des Évêques de 1985, l'œcuménisme « s'est profondément et irrévocablement gravé dans la conscience de l'Église ».

L'œcuménisme dans la vie des chrétiens

22. Le mouvement œcuménique est une grâce de Dieu, donnée par le Père en réponse à la prière de Jésus et aux supplications de l'Église inspirée par le Saint-Esprit. Tout en étant mené dans le cadre de la mission générale de l'Église, qui est d'unir l'humanité dans le Christ, son domaine spécifique est le rétablissement de l'unité entre les chrétiens. Ceux qui sont baptisés au nom du Christ sont, par ce fait même, appelés à s'engager dans la recherche de l'unité La communion dans le baptême est ordonnée à la pleine communion ecclésiale. Vivre son baptême, c'est être entraîné dans la mission du Christ qui est de tout rassembler dans l'unité.

23. Les catholiques sont invités à répondre, selon les indications de leurs pasteurs, avec solidarité et gratitude aux efforts qui sont faits, en beaucoup d'Églises et Communautés ecclésiales et dans les organisations variées auxquelles ils coopèrent, pour rétablir l'unité des chrétiens. Là où ne se fait aucun travail œcuménique, du moins pratiquement, les catholiques chercheront à le promouvoir. Là où ce travail rencontre des oppositions ou des empêchements en raison d'attitudes sectaires ou d'activités qui mènent à des divisions encore plus grandes parmi ceux qui confessent le nom du Christ, que les catholiques soient patients et persévérants. Les Ordinaires du lieu, les Synodes des Églises orientales catholiques et les Conférences épiscopales trouveront parfois nécessaire de prendre des mesures spéciales pour surmonter le danger d'indifférentisme ou de prosélytisme. Ceci pourrait concerner particulièrement les jeunes Églises. Dans tous leurs rapports avec des membres d'autres Églises et Communautés ecclésiales, les catholiques agiront avec honnêteté, prudence et connaissance des choses. Cette disposition à procéder graduellement et avec précaution, sans éluder les difficultés, est aussi une garantie pour ne pas succomber à la tentation de l'indifférentisme ou du prosélytisme, qui serait la ruine du véritable esprit œcuménique.

24. Quelle que soit la situation locale, pour être capables d'assumer leurs responsabilités œcuméniques, les catholiques ont à agir ensemble et en accord avec leurs Évêques. Ils devraient avant tout bien connaître ce qu'est l'Église catholique et être capables de rendre compte de son enseignement, de sa discipline et de ses principes d'œcuménisme. Mieux ils connaissent tout cela et mieux ils peuvent l'exposer dans des discussions avec les autres chrétiens et en rendre raison convenablement. Ils devraient aussi avoir une connaissance correcte des autres Églises et Communautés ecclésiales avec lesquelles ils sont en rapport. Il faut prendre soigneusement en considération les diverses conditions préalables à l'engagement œcuménique qui sont exposées dans le Décret du deuxième Concile du Vatican sur l'œcuménisme.

25. L'œcuménisme, avec toutes ses exigences humaines et morales, est tellement enraciné dans l'action mystérieuse de la Providence du Père, par le Fils et dans l'Esprit, qu'il touche aux profondeurs de la spiritualité chrétienne. Il requiert cette « conversion du cœur et cette sainteté de vie, unies aux prières publiques et privées pour l'unité des chrétiens » que le Décret du deuxième Concile du Vatican sur l'œcuménisme appelle « l'œcuménisme spirituel » et qu'il considère comme « l'âme de tout œcuménisme ». Ceux qui s'identifient profondément au Christ doivent se conformer à sa prière, notamment à sa prière pour l'unité; ceux qui vivent en l'Esprit doivent se laisser transformer par l'amour qui, pour la cause de l'unité, « supporte tout, croit tout, espère tout, endure tout » ; ceux qui vivent en esprit de repentir seront particulièrement sensibles au péché des divisions et prieront pour le pardon et la conversion. Ceux qui recherchent la sainteté seront capables de reconnaître ses fruits aussi en dehors des limites visibles de leur Église. Ils seront amenés à connaître vraiment Dieu comme celui qui seul est capable de les rassembler tous dans l'unité, parce qu'il est le Père de tous.

© Libreria Editrice Vaticana - 1993

Commentaire des lectures du dimanche

Nous achevons aujourd’hui les séries de fêtes de Noël avec la célébration du Baptême du Seigneur, fête importante pour tout chrétien dans la mesure où notre baptême en tant que chrétiens, trouve son fondement dans celui du Christ. S’il est vrai que le baptême de tout chrétien est un acte qui revêt un mystère immense, celui du Christ peut de prime abord choquer notre intelligence et nous paraître comme un scandale. Comment comprendre que l’auteur du baptême demande lui-même le baptême ? Un baptême était-il nécessaire pour lui en tant que Fils de Dieu ?

En général, les questions complexes ont des réponses simples. Car dans la simplicité réside aussi la vérité. Disons donc tout simplement que Dieu n’est soumis à aucune obligation. Quand il pose un acte, il le pose non par conditionnement ni par imitation, mais il le pose tout simplement par communication de son être, c’est-à-dire de son amour (K. Rahner). Le baptême de Jésus se révèle en ce sens à nous comme l’expression de l’amour d’un Dieu qui, dans son acte d’offrande, veut assumer l’homme et tout l’homme. S’il y a une première leçon à tirer du baptême de Jésus, c’est d’abord ici qu’il faut la situer : le baptême comme révélation de l’amour. En acceptant de se faire baptiser, Jésus nous ouvre à l’intelligence du mystère de l’amour de Dieu. Un amour divin capable de s’humaniser et même de se mettre à genoux devant l’homme.

Puisque l’amour est avant tout communion et relation, le baptême devient pour lui le lieu de la manifestation de l’amour trinitaire aux yeux du monde. Ainsi pouvons-nous entendre la voix du Père le manifester aux yeux du monde : « C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui je t’ai engendré ». Cette manifestation sera renforcée par la présence de l’Esprit Saint, communion du Père et du Fils. De par ce fait même, le baptême de conversion qu’administrait Jean, devient dans la personne de Jésus, le lieu de la manifestation de l’amour trinitaire aux yeux du monde. Et puisque pour Jésus amour et engagement vont de pair, son baptême est le signe d’un engagement pour et avec le monde. C’est dans cette optique que les trois premiers évangiles, inaugurent le début de son ministère juste après son baptême.

Saint Paul dans la deuxième lecture nous invitent à voir dans notre baptême une actualisation du baptême du Christ dans notre vie personnelle. Si par son baptême Jésus manifeste sa divinité, notre baptême devient pour nous le lieu d’une participation réelle à la divinité du Christ. C’est à cet effet qu’il affirme que le baptême fait de nous des justes et nous fait posséder dans l’espérance, l’héritage de la vie éternelle. Toutefois, poursuit l’apôtre, nous avons la responsabilité de manifester aux yeux du monde ce que nous sommes devenus par le baptême. Cela passe par notre engagement dans notre famille, notre Église et notre société.

Mais comment s’engager dans un monde aux visages multiples, marqué en même temps par une pluralité de religions que par l’athéisme, assoiffé de douceur, mais en même temps marqué par des répressions sanglantes ? Schématisé sous cet angle, notre monde n’est pas forcément différent de celui d’Isaïe ou encore de celui de Jésus. En réalité, toutes les époques ont été aussi bien marquées par des forces que par des faiblesses. Il n’y en a pas une qui vaut mieux que l’autre. Toutefois ce qui fait la spécificité d’une époque donnée réside dans la capacité des personnes à des moments cruciaux, de révéler parfois au prix de leur vie le visage de la vérité et de l’amour.

Le monde de ce temps a aussi besoin de baptisés qui comme le prophète Isaïe dans la première lecture, se présentent comme des consolateurs, des baptisés qui comme saint Paul dans la deuxième lecture, se présentent comme des témoins de la vérité, et des baptisés qui comme le Christ après son baptême, sont des hommes de prière. « Consolez, consolez mon peuple », telle est la première mission du baptisé en cette année de la miséricorde. Il s’agira pour lui de se faire solidaire de toutes les réalités qui caractérisent l’humain et par ricochet notre monde. Cette consolation s’exprimera certainement par un don de soi dans une attention à l’autre dans le respect de ce qu’il est. Une consolation dans laquelle le facteur fondamental qui nous pousse vers l’autre n’est ni sa religion, ni sa race, mais tout simplement l’humanité sanctifiée et rendue universelle par Dieu dans l’acte de l’incarnation et dans celui de son baptême.

Baptisés d’aujourd’hui à la suite de Paul, notre mission de consolation ira forcement de pair avec notre souci de refléter le visage de la vérité. Il n’y a pas une meilleure manière de vivre aujourd’hui dans la vérité que de nous efforcer d’être comme le dit Saint Paul, avec la grâce de Dieu des hommes raisonnables, justes et religieux. Il s’agira à cet effet pour le baptisé d’ici et d’ailleurs de fuir la duplicité et de faire de la vérité non pas une idéologie, mais une manière d’être. S’il est vrai que la vie de l’autre me questionne, la vie du baptisé assumée dans la profondeur de son mystère ne laisse jamais les autres indifférents. Elle provoque des démangeaisons et invite toujours à une profonde réflexion.

À ce titre le baptisé de notre temps ne doit plus se laisser gagner par la honte de ce qu’il est devenu par la puissance du baptême, c’est-à-dire un chrétien. L’un des grands défis du baptisé d’aujourd’hui, c’est d’assumer sa foi dans la sérénité en dépassant la tentation de la mettre sous le boisseau par peur des regards de son entourage. Il ne s’agit pas pour lui de clamer sur tous les toits qu’il est chrétien, mais de vivre sa foi dans toutes ses implications. Car une foi vécue dans la vérité parle par elle-même ; elle n’a pas besoin d’avocat. L’identité chrétienne même privée de la parole, se dévoile toujours par la vie du baptisé.

Vivre cette identité demande de nous d’être des hommes et des femmes de prière. Comme le dit Luc dans son évangile, après son baptême, Jésus se mit en prière. Le baptisé d’aujourd’hui ne peut véritablement être un homme de vérité que s’il est un homme de prière. C’est de notre dialogue avec Dieu que jaillissent les fondamentaux de notre dialogue avec l’homme : « Sans moi, nous dit Jésus, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5). Puisse Dieu au cours de cette Eucharistie nous donner la grâce d’assumer les exigences de notre vie chrétienne. Amen !

F. Elisé Alloko, ocd

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