Pko 08.09.2019

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°44/2019

Dimanche 8 septembre 2019 – 23ème Dimanche du Temps ordinaire – Année C

Humeurs…

Marche contre la violence en Polynésie française

 Samedi 14 septembre le collectif « Stop à la violence en Polynésie française » s’associé au rassemblement des associations de France pour la lutte contre la violence « Putain de Guerrières » en organisant une marche contre la violence en Polynésie qui démarrera place de la Cathédrale à 9h.

Mardi 3 septembre à Paris a débuté le « Grenelle contre les violences conjugales » pour tenter de trouver des réponses face à l’augmentation de la violence faite aux femmes et aux enfants… La Polynésie française, selon l’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple (2018) tient le triste record des violences conjugales.

En Polynésie, chaque jour, plus de 3 femmes sont victimes d’un acte violent (1 200 faits relevés chaque année). En 2018, 3 sont mortes victimes de leurs conjoints. « Par rapport à la moyenne nationale du taux pour 100 000 habitants qui est de 0,2169, la collectivité d’outre-mer de la Polynésie Française, les départements de la Haute-Loire, du Gers, de la Savoie, de l’Aude, de la Guyane et de la Dordogne présentent les ratios les plus élevés. » (Rapport p.23)… La Polynésie a le ratio le plus élevé : 1,4201 !

Comme chrétien, nous ne pouvons rester indifférent à cette situation ? Non seulement nous ne pouvons pas nous taire mais nous avons le devoir d’agir ! Le Pape François nous le rappelle dans sa lettre à Filomena Lamberti, une italienne de 58 ans, défigurée à l’acide par son époux il y a six ans : « Très chère Filomena, je suis terrifié en pensant à la cruauté qui a défiguré votre visage en offensant votre dignité de femme et de mèreJe vous présente mes excuses et vous demande pardon, en prenant sur moi le poids d’une humanité qui ne sait pas demander pardon à qui est, dans l’indifférence générale, offensé, piétiné et marginalisé au quotidien » (juin 2018).

Face à cette terrifiante violence, certes les pouvoirs publics ont des actions à mener, des décisions à prendre… mais ouvrir davantage de centre d’accueil tel que le Pu o te Hau ne suffira pas si chacun d’entre nous ne s’engage pas résolument contre la violence !

Comment ?

En appliquant tout d’abord la règle que le Christ a mis en œuvre pour nous : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20.26-28).

En éduquant nos enfants à la « non-violence » aussi bien physique que verbale… en commençant par notre façon de vivre ensemble, de nous respecter les uns les autres…

En ne restant jamais indifférent lorsque nous sommes témoins de violence au sein de nos familles, de notre quartier… signaler les faits de violence, appeler la Police ou la Gendarmerie ne relève pas de la délation mais du respect de la dignité de la personne… créée à l’image de Dieu !

La violence est la force des lâches !!!

Rien ne la justifie !

Laissez-moi vous dire…

5 septembre 2019 : Journée internationale de la Charité

Tu disais : Tahiti le Paradis ?

Jeudi dernier (5 septembre) on lisait sur certains de nos calendriers : « journée internationale de la charité ». Bien que ce soit une journée instituée par l’O.N.U. en 2012, la charité ne semble pas avoir emballé les médias et encore moins nos gouvernants, ni même… les Églises ! Et pourtant, l’attention aux pauvres, aux maltraités et à toute personne en détresse est un ordre exprès du Seigneur. L’exemple des victimes de l’« Ice » nous incite à réfléchir sur l’aide que l’on peut apporter à tous ceux et celles qui tombent dans ce piège morbide.

Polynésie la 1ère nous propose, ce lundi 9 septembre à 19h25, dans le cadre de l’émission « Collision », un documentaire sur « l’ice, la nouvelle drogue » en Polynésie. Le reportage [qui sera rediffusé sur France Ô le mercredi 11 septembre à 20h55] sera suivi d’un débat d’actualité.

Taote Marie-Françoise Brugiroux, chef de service du Centre de Consultations Spécialisées en Alcoologie et Toxicomanie(1), forte de son expertise en toxicomanie se démène depuis des années pour lutter, alerter, former, soigner… Il est grand temps qu’une prise de conscience collective mesure l’ampleur du phénomène « Ice ». Mais dans une société de plus en plus individualiste chacun(e) ne voit que son intérêt personnel. Or, on estime à environ 10 000 le nombre de consommateurs d’« Ice » ! Soit 1 habitant sur 30 !

Que disent les jeunes consommateurs : « Ça me fait du bien » ; « Ça me calme » ; « Ça décuple mes capacités sexuelles » ; « J’oublie mes soucis » ; « De toute façon même si je perds un peu le contrôle je ne suis jamais violent », « Si tu étais dans ma situation, tu comprendrais que je n’ai pas le choix »…

Je me souviens d’une maman d’élève qui me disait : « Moi, mon fils, j’ai toute confiance en lui. Je connais tou(te)s ces ami(e)s, ce sont des jeunes sérieux, de bonne famille. Jamais il ne prendra de la drogue. » 10 ans après son fils était addict, hyper-dépendant… La maman aurait dû méditer davantage ce proverbe : « Comme une ville éventrée, sans rempart, ainsi est l’homme qui ne maîtrise pas ses humeurs » (Proverbes 25,28).

Les autorités judiciaires, les services de police et des douanes, suite à des prises importantes de drogue, à l’arrestation de trafiquants, dealers, mules, jusqu’à la découverte de laboratoire clandestin, mesurent l’ampleur du trafic de cette drogue inventée au Japon et qui coûte jusqu’à six fois moins cher que l’héroïne ou la cocaïne. Des condamnations ont été prononcées mais cela suffira-t-il à endiguer l’hydride tentaculaire ?

Gober, sniffer, fumer, se shooter font partie du vocabulaire courant d’un bon nombre de jeunes et moins jeunes ! Le slogan : « Avec l’Ice … il suffit d’une fois. NE COMMENCE PAS » suffira-t-il à sensibiliser les ados ? C’est comme celui qu’on voit sur les paquets de cigarettes : « FUMER TUE »… Malgré cela l’intoxication continue…

Et nous, gentils chrétiens, que faisons-nous ?

Prenons conscience que « Tahiti le Paradis » est classé parmi « les Paradis Artificiels », n’attendons pas qu’il devienne « un Enfer »… Si l’éducation autorise la « prise de risque », la santé de notre jeunesse et de notre société nous force à admettre que « l’interdit est nécessaire » … Alors, retroussons nos manches !

Dominique Soupé

1 Ce centre dispose d’un site internet : www.drogue-polynesie.com qui devrait faire partie de la trousse à outils de tous les éducateurs mais aussi de tous les cartables électroniques des lycéens.

© Cathédrale de Papeete – 2019

En marge de l’actualité…

Ils sont partis… soutenons- les dans leurs choix

Ils sont partis : Martin, Timi, Tareva, Marcel et Ravaki, pour le séminaire interdiocésain d’Orléans, suivis quelques jours plus tard du P. Vetea qui les a rejoints. A également quitté le Fenua le Père David LEOU THAM pour la Communauté des Pères des Sacrés-Cœurs, rue de Picpus à Paris où il va se préparer pour son entrée au Noviciat.

Voici comment Mgr Jean Pierre présentait ce séminaire d’Orléans :

« Ce séminaire interdiocésain est sous la responsabilité collégiale des évêques de Blois, Bourges, Chartres, Nevers, Orléans, Sens Auxerre et Tours. Le recteur est un Père de la congrégation des Eudistes. Le séminaire se compose :

  • D’une équipe de six prêtres, à qui l’animation est collégialement confiée.
  • Des enseignants. Ils sont 29, dont un total de 15 prêtres. Les autres sont laïcs, hommes ou femmes, religieuses, célibataires ou mariés. Certains enseignent à l’institut catholique de Paris ou celui d’Angers. D’autres interviennent au séminaire d’Issy-les-Moulineaux ou de Nantes.
  •  Enfin, la communauté du séminaire : ce sont surtout les séminaristes. Cette année 2019/2020, ils seront 32 : 14 anciens dont deux Indiens, deux Vietnamiens et deux Haïtiens et 18 nouveaux dont 5 de Tahiti. Ils ont entre 20 et 44 ans. Certains ont fait des études allant jusqu’au doctorat. D’autres sont issus de filières professionnelles, certains n’ont pas le bac ! Mais dans sa pédagogie, le grand séminaire d’Orléans a appris à s’adapter à cette diversité de parcours. Le développement du tutorat permet une personnalisation du parcours académique et de l’accompagnement intellectuel de chaque séminariste.

Ce séminaire propose en plus des cours « académiques » :

* une vie communautaire réunissant au quotidien formateurs et séminaristes comme socle de la formation dispensée, au service d’une articulation permanente, sans confusion, de ses différentes dimensions : humaine, spirituelle, intellectuelle, pastorale ;

* une insertion pastorale consistante, croissante au long de la formation ;

* une mise en responsabilité - dans leur vie quotidienne et dans les différentes dimensions de la formation - des séminaristes, désignés par l’exhortation apostolique “Pastores dabo vobis” comme les acteurs “nécessaires et irremplaçables” de leur formation (n°69) »

Comme le souhaite Jésus dans l’Évangile de ce 23ème dimanche du Temps Ordinaire, nos cinq frères « ont quitté père, mère, (…) frères et sœurs, (…) pour marcher à sa suite » (Luc 14,26-27). Et Jésus d’ajouter : « celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple » (Luc 14,27). C’est un choix radical qui nécessite un long parcours de réflexion, de discernement et de renoncements librement consentis… D’où l’importance de la formation dans le cadre d’un séminaire ou d’un noviciat.

Nous qui avons prié le Seigneur de nous donner des vocations de prêtres et de religieux, ne baissons pas la garde ; continuons à soutenir ces jeunes par nos prières en famille, en communauté. Car, nous le savons bien : « si le sel lui-même se dénature, avec quoi lui rendra-t-on sa saveur ? » (Luc 14,34). Prions également pour leurs formateurs et conseillers spirituels.

Dominique Soupé

© Archidiocèse de Papeete - 2019

Entretien

Violence faite aux femmes

« Je vous présente mes excuses et vous demande pardon » - Pape François

Le pape François a accordé un entretien à la journaliste Valentina Alazraki, correspondante au Vatican de la télévision mexicaine, Televisa. Ce long entretien, en espagnol, publié ce 28 mai 2019, s’ouvre et s’achève sur la question de la situation de la femme, des féminicides, avec en arrière-fond les femmes assassinées au Mexique. Le pape y cite notamment le livre de Nadia Murad, jeune femme yézidie, prix Nobel de la paix en 2018, qu’il a lu en italien « L’ultima ragazza » (en français : « Pour que je sois la dernière » (Fayard).

Valentina ALAZRAKI – En parlant de violence, il y a un sujet auquel je consacre beaucoup, à savoir celui de la violence à l’égard des femmes, des féminicides. Cette petite chaîne m’a été offerte par une femme dont le mari a été tué devant elle, alors qu’elle était enceinte. Voilà un T-shirt qu’elle m’a demandé de vous remettre : elle appartenait à une femme qui a été tuée devant son fils. Et ils m’ont demandé de vous le confier et de penser à toutes ces femmes victimes de violence, au Mexique et dans le monde. Elle s’appelait Rocio.

Pape François – Rocio, là, c’est une vie brisée, une histoire conclue par la violence, l’injustice, la douleur.

Valentina ALAZRAKI – Savez-vous ce qui se passe ? Nous parlons de statistiques, mais celle-ci s’appelle Rocío, une autre s’appelle Grecia, celle-là s’appelle Miroslava, en somme ce sont des noms. Ce sont des noms. Ce sont des noms de personnes en chair et en os. Et on ne voit pas pourquoi cette violence de genre est née contre les femmes, tous les jours, en Italie, en Espagne et dans le monde entier. Au Mexique. Ce ne sont pas des statistiques, ce sont des femmes. Selon vous, quelle est la raison de cette haine envers la femme qui conduit à tant de féminicides ?

Pape François – Je ne pourrais pas donner d’explication sociologique aujourd’hui. Mais j’ose dire que la femme est toujours au second plan. Lors d’un voyage en avion, je vous ai raconté comment les bijoux pour femmes ont commencé. Te souviens-tu ? Eh bien, à partir de cet âge préhistorique, que ce soit vrai ou non, nous le verrons, la femme est là. Et cela dans l’imaginaire collectif. Si peut-être la femme occupe une place importante, de grande influence, nous en venons à connaître le cas de femmes brillantes. Mais dans l’imaginaire collectif, il est dit : regardez, une femme a réussi ! Elle a réussi à obtenir un prix Nobel ! Incroyable. Regardez comment le génie littéraire s’exprime dans ces choses. C’est la femme en second plan. Et du second plan à être un objet d’esclavage, il y a peu. Il suffit d’aller à la gare de Termini, dans les rues de Rome. Et ce sont des femmes en Europe, dans la Rome cultivée. Il y a des femmes esclaves. Parce que c’est cela. Eh bien, d’ici à les tuer… Lorsque j’ai visité un centre d’intégration pour jeunes filles pendant l’Année de la Miséricorde, une d’entre elles avait l’oreille tranchée, car elle n’avait pas rapporté assez d’argent. Ils ont un contrôle spécial des clients, donc si la fille ne fait pas son « devoir », ils la battent ou la punissent comme c’est arrivé à celle-là. Femmes esclaves.

Je viens de lire le livre de Nadia Murad : quand elle est venue ici, elle me l’a donné en italien. Si vous ne l’avez pas lu, je vous le recommande. Tout ce que le monde pense des femmes y est concentré, même dans une culture particulière. Le monde sans femmes ne fonctionne pas. Non pas parce que c’est la femme qui porte les enfants, mettons la procréation de côté. Une maison sans femme ne fonctionne pas. Il y a un mot qui est sur le point de sortir du vocabulaire, car il fait peur à tout le monde : la tendresse. C’est le patrimoine de la femme. Maintenant, d’ici au féminicide, à l’esclavage, il n’y a qu’un pas. Ce qu’est la haine, je ne saurais pas l’expliquer. Peut-être qu’un anthropologue pourrait le faire mieux. Et comment cette haine se crée, tuer des femmes serait-elle une aventure ? Je ne peux pas l’expliquer. Mais il est clair que la femme reste au second plan et l’expression de surprise quand une femme a du succès le montre bien.

Valentina ALAZRAKI – Vous avez également vécu tout cela en Amérique latine. Je suis en train d’écrire un livre qui aura pour titre : « Grecia y las otras » (« Grecia et les autres »), qui parle des femmes victimes, d’une façon ou d’une autre, de la violence. J’ai été frappée par le courage des femmes mexicaines et latino-américaines. Elles font tout. Elles font les mères, et très souvent ce sont des mères grand-mères, qui prennent soin de leurs enfants, font tout marcher, parce que les maris ou ont été tués ou sont alcooliques ou ont des problèmes. Ce sont des héroïnes. Je le vois comme ça.

Pape François – Écoute, la femme a toujours tendance à cacher sa faiblesse, à sauver la vie. Il y a une image qui m’a particulièrement impressionné : la file de mères ou des épouses que je vois toujours quand j’arrive dans une prison, à attendre pour voir leurs fils ou leurs maris prisonniers. Et toutes les humiliations qu’elles doivent endurer pour pouvoir le faire. Elles sont dans la rue. Les bus passent, les gens les voient. Mais elles ne s’en occupent pas. « Mon amour est à l’intérieur », pensent-elles. Elles ont beaucoup de courage.

Valentina ALAZRAKI – Fantastiques. Fantastiques et des lutteuses. Je me souviens toujours du cas de l’Uruguay. Elles ont été les femmes les plus glorieuses de l’Amérique, car elles sont restées à 8 contre 1 après une guerre injuste : elles ont défendu leur patrie, leur culture, leur foi et leur langue. Sans se prostituer et en continuant à avoir des enfants. Fantastique !

À la fin de l’entretien, le pape revient spontanément à la question de la femme, de Rocio.

Pape François – Merci, merci beaucoup. Je voudrais terminer en parlant de Rocio. Cette femme n’a pas pu voir ses enfants, elle ne les a pas vus grandir, et voici son T-shirt. Je voudrais dire à ceux qui nous suivent que plus qu’un T-shirt, c’est un drapeau, un drapeau de la souffrance de tant de femmes qui donnent la vie, et qui passent sans un nom. Nous connaissons le nom de Rocio, et aussi de Grecia, mais beaucoup d’autres, non. Elles passent sans laisser de nom mais laissent une semence. Le sang de Rocio et de tant de femmes tuées, utilisées, vendues, exploitées, je pense que cela doit être la semence d’une prise de conscience de tout cela. Je voudrais demander à ceux qui nous voient de faire un instant silence dans leur cœur en pensant à Rocio, pour lui donner un visage, pour penser aux femmes comme elle. Et si vous priez, priez, si vous avez des désirs, exprimez-les et que le Seigneur vous donne la grâce de pleurer. Pleurez contre toute cette injustice, contre tout ce monde sauvage et cruel, où la culture semble être juste une question d’encyclopédie. Je voudrais conclure avec ce souvenir et avec le nom de Rocio.

© Zenit.org - 2019

Bible

Que dit la Bible de la violence conjugales ?

La violence conjugale se définit comme toute forme de violence ou de menace de violence dans le cadre d’une relation intime actuelle ou passée. Ce terme évoque l’image de la « femme battue » ou du couple marié dont les disputes verbales dégénèrent en agressions physiques. Elle est aussi souvent liée à l’abus d’enfants. Même si les enfants ne sont pas blessés physiquement, le fait d’être témoin de l’abus d’un parent peut provoquer des séquelles psychologiques graves.

La violence conjugale est liée au désir de puissance et de contrôle. Le terme violence a une connotation physique, mais la violence conjugale et l’abus peuvent aussi prendre d’autres formes, comme le chantage affectif, le chantage à l’argent, la violence verbale ou l’abus sexuel. Les victimes de violence conjugale sont des personnes de tout âge, sexe, classe socio-économique, niveau d’éducation ou religion.

La violence conjugale se caractérise par un « cycle de violence » : les tensions augmentent, la victime tente d’apaiser son bureau, mais un incident finit par se produire. Alors, le coupable demande pardon et cherche à se justifier aux yeux de la victime, en promettant peut-être que cela n’arrivera plus ou en la comblant de cadeaux. S’ensuit une période de calme avant la recrudescence des tensions. Ce cycle peut durer quelques minutes ou plusieurs années. Sans intervention extérieure, les périodes de « justification » et de « calme » aboutiront toujours au même résultat.

La violence conjugale est en contradiction totale avec le plan de Dieu pour la famille. Genèse 1-2 décrivent le mariage comme une union destinée à l’élévation mutuelle. Éphésiens 5.21 parle de soumission mutuelle. Éphésiens 5.22-24 décrit la soumission de la femme à son mari, tandis que les versets 25-33 décrivent l’amour sacrificiel de l’homme pour sa femme. 1 Pierre 3.1-7 donne un enseignement semblable. 1 Corinthiens 7.4 dit : « Ce n’est pas la femme qui est maîtresse de son corps, mais son mari. De même, ce n’est pas le mari qui est maître de son corps, mais sa femme. » Les deux conjoints s’appartiennent l’un à l’autre et sont appelés à s’aimer l’un l’autre comme Christ nous a aimés. Le mariage est une image de Christ et de l’Église. La violence conjugale ne pourrait être plus éloignée du caractère de Jésus.

Dieu condamne aussi la violence envers les enfants. Le Psaume 127.3 dit : « L’héritage que l’Éternel donne, ce sont des fils ; les enfants sont une récompense. » Dieu confie des enfants aux parents pour qu’ils prennent soin d’eux et les élèvent avec amour. Éphésiens 6.4 dit : « Quant à vous, pères, n’irritez pas vos enfants mais élevez-les en leur donnant une éducation et des avertissements qui viennent du Seigneur. » (voir aussi Colossiens 3.21) Les enfants doivent obéir à leurs parents (Éphésiens 6.1-3) et la discipline est importante, mais elle n’a rien à voir avec la violence et l’abus.

Suivre Dieu implique de servir les autres sans les manipuler ni les contrôler. Jésus a dit à ses disciples : « si quelqu’un veut être grand parmi vous, il sera votre serviteur ; et si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Matthieu 20.26-28). Il nous demande de « [nous aimer] les uns les autres » (Jean 13.34). Éphésiens 5.1-2 dit : « Soyez donc les imitateurs de Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés, et vivez dans l’amour en suivant l’exemple de Christ, qui nous a aimés et qui s’est donné lui-même pour nous comme une offrande et un sacrifice dont l’odeur est agréable à Dieu. » Les chrétiens sont appelés à aimer les autres, surtout leur propre famille, dans un esprit de sacrifice.

Une personne victime de violence conjugale doit faire tout son possible pour se mettre en sécurité. Le moment le plus dangereux pour une victime de violence conjugale est souvent celui de son départ. Elle doit contacter la police et d’autres organisations d’aide locales. En France, le Numéro vert SOS Femme Violence conjugale propose de l’aide et de plus amples informations. Leur numéro est le 39-19. Le site http://www.solidaritefemmes.org/ propose également de l’aide en ligne. (NB : votre connexion peut être surveillée, il est donc important de ne visiter ce site que si votre agresseur n’y a pas accès). En cas de violence conjugale, la sécurité est la première priorité.

Même une fois que les victimes sont en sécurité et que leurs blessures physiques ont eu le temps de guérir, les blessures émotionnelles et psychologiques demeurent. La violence conjugale a également de profondes implications spirituelles. Les victimes peuvent douter de Dieu : pourquoi a-t-il permis cela ? est-il digne de confiance ? l’aime-t-il vraiment ? où était-il pendant que cela leur arrivait ? Le processus de guérison peut prendre du temps. Une réaction émotionnelle est nécessaire. Exprimer sa colère est tout à fait légitime. Tant que nous refoulerons notre colère, notre confusion, notre douleur, notre honte, etc., nous ne pourrons pas guérir. Il arrive trop souvent qu’on pousse les victimes à pardonner trop vite. En définitive, le pardon seul peut la libérer, mais il n’est possible qu’une fois les blessures engendrées par l’abus reconnues et guéries. Dans leur processus de guérison, les victimes de violence conjugale auront certainement besoin de l’aide d’un conseiller chrétien compétent.

Ne pensons pas que les personnes abusives n’ont pas d’autre besoin que celui de changer : leur comportement est certainement causé par des problèmes personnels non résolus. Il y a de l’espoir si une telle personne est prête à reconnaître sa culpabilité et à demander de l’aide. Là encore, un accompagnement chrétien peut s’avérer très utile.

Chaque cas de violence conjugale est différent. Les situations et personnes impliquées sont si diverses qu’un seul article ne suffit pas à aborder le sujet de manière exhaustive. D’une manière générale cependant, le conseil conjugal n’est pas une solution appropriée, en tout cas pas avant que toute forme d’abus ait cessé et que les deux parties aient bénéficié d’un accompagnement personnel et aspirent à la réconciliation. Il en est de même pour la thérapie familiale : il ne faut surtout pas mettre les enfants dans un cadre abusif ou leur demander d’accompagner un parent abusif dans son processus de changement.

La violence conjugale blesse le cœur de Dieu. Il n’est pas insensible au sort de ses victimes et ne les a pas abandonnées. Son plan pour les relations humaines, surtout pour la famille, est une très belle image de sa personne. La famille doit refléter son amour. Il est attristé de voir nos foyers devenir des lieux de souffrance. Il veut la guérison et la restauration des victimes comme de ceux qui se rendent coupables de violence conjugale.

© Got Question – 2019

Doctrine sociale de l’Église

Violence conjugales que dit l’Église

En présence de familles de victimes, Matignon a ouvert, mardi 3 septembre, un Grenelle des violences conjugales. Alors que ces dérives découlent, pour beaucoup, de la perpétuation du modèle patriarcal, l’institution catholique est plusieurs fois montée au créneau, ces dernières décennies, pour condamner le phénomène.

Que dit l’Église sur les violences conjugales ?

Ces dernières décennies, le Vatican a largement condamné le fléau. « À la veille du troisième millénaire, nous ne pouvons rester impassibles face à ce phénomène, ni nous y résigner. Il est temps de condamner avec force, en suscitant des instruments législatifs appropriés de défense, les formes de violence sexuelle qui ont bien souvent les femmes pour objet », déplorait ainsi saint Jean-Paul II, en juin 1995 dans sa Lettre aux femmes devant l’ONU, avant d’appeler « les États et les institutions internationales [à faire] ce qu’il faut pour redonner aux femmes le plein respect de leur dignité et de leur rôle ».

Douze ans plus tard, son successeur Benoît XVI avait également regretté, lors de la Ve Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et caraïbe (2007), « la persistance d’une mentalité machiste » au sein du christianisme. « Il existe des lieux et des cultures où la femme fait l’objet de discrimination ou est sous-estimée par le seul fait d’être une femme, (…), où sont commis des actes de violence à l’égard de la femme en la rendant objet de mauvais traitements », condamnait-il encore, appelant les chrétiens à devenir des « promoteurs d’une culture qui reconnaisse à la femme (…) la dignité qui lui revient ».

Dans son exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia (chapitre 2, n.54), le pape François fut toutefois le premier, en mars 2016, à dénoncer de violents dysfonctionnements au sein de certains couples : « on n’a pas fini d’éradiquer des coutumes inacceptables. Je souligne la violence honteuse qui parfois s’exerce sur les femmes, les abus dans le cercle familial et diverses formes d’esclavage, qui ne constituent pas une démonstration de force masculine, mais une lâche dégradation. La violence verbale, physique et sexuelle qui s’exerce sur les femmes dans certaines familles contredit la nature même de l’union conjugale ».

« Les pontificats récents ont ainsi porté un intérêt plus important à la question. Dans les discours des magistères, on retrouve généralement une apologie de la femme épouse, une autre de la femme mère, et enfin un chapitre ou paragraphe sur la défense des femmes en cas de violences conjugales », rappelle la bibliste et théologienne Anne Soupa, présidente du Comité de la jupe, qui promeut l’égalité homme-femme au sein de l’Église.

? Comment lutte-t-elle concrètement contre le phénomène ?

Malgré les campagnes de sensibilisation et les innombrables mouvements de mobilisation citoyenne, le compteur continue vertigineusement de tourner. L’an dernier, en France, 121 femmes sont décédées – soit une tous les trois jours – sous les coups de leur conjoint, ou ex-compagnon. Et cette année s’annonce pire : samedi 31 août, la barre des 100 mortes a déjà été dépassée.

Au-delà de ses grandes déclarations, l’Église agit-elle concrètement auprès des victimes ? Soutien de la cause des femmes par l’Action catholique des femmes (ACF), travail de sensibilisation du CLER Amour et Famille, aide de nombreuses autres organisations internationales… « Même si l’institution dit des choses là-dessus, ce n’est pas son rôle d’agir, mais davantage celui des associations », estime Rose Marie Mailler, présidente d’ACF.

Dès sa tradition antique, l’Église a cependant socialement contribué à prévenir ces violences. Alors que la femme n’existait qu’à travers son statut d’épouse ou de mère dans la culture gréco-romaine, « dès les premiers siècles, est apparue dans le christianisme une forme “d’exaltation” de la virginité pour le Seigneur : cela a notamment ouvert la possibilité, pour les femmes, de ne pas se marier », note Anne Soupa, qui y voit là un premier geste d’émancipation de la culture patriarcale. « Au Moyen Âge, le mariage catholique a également été institué pour protéger davantage les femmes », appuie Rose Marie Mailler.

? La Bible parle-t-elle des violences conjugales ?

Dans les textes, plusieurs récits évoquent la violence faite aux femmes. « L’Ancien Testament s’inscrit dans un contexte où les femmes n’ont pas d’existence juridique, elles sont comme des instruments aux mains des hommes. En témoigne ce passage du premier Livre des Rois (chap I), lorsqu’une jeune concubine doit partager le lit de David alors que celui-ci a froid » rappelle Anne Soupa. Selon la spécialiste, un autre exemple criant repose sur le cas de la concubine du Lévite (Juges, 19-20), violée jusqu’à la mort par de jeunes Benjamites. « Voyant cela, le Lévite, au comble de la douleur, coupe sa femme en morceaux, et pose ceux-ci devant les portes des maisons des Benjamites. Mais la Bible dément et condamne cette violence », poursuit-elle.

Dans le Nouveau Testament, la violence faite aux femmes apparaît plus explicitement encore en contradiction avec les desseins de Dieu pour la famille. « Il n’y a pas de lutte contre les violences conjugales proprement dites, car Jésus ne s’attarde pas beaucoup sur la condition des femmes mariées, sauf lorsqu’il refuse la répudiation d’une femme (Mt, 19) », conclut-elle. « Il s’attarde davantage sur la condition des femmes en souffrance, sans les limiter à la seule sphère conjugale ».

© La Croix - 2019

Commentaire des lectures du dimanche

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus insiste sur les conditions pour être ses disciples : ne rien préférer à l’amour pour Lui, porter sa croix et le suivre. En effet, beaucoup de gens s’approchaient de Jésus, voulaient faire partie de ses disciples, et cela arrivait en particulier après un signe prodigieux qui l’accréditait comme le Messie, le Roi d’Israël. Mais Jésus ne veut tromper personne. Il sait bien ce qui l’attend à Jérusalem, quel est le chemin que le Père lui demande de prendre : c’est le chemin de la croix, du sacrifice de soi pour le pardon de nos péchés. Suivre Jésus ne signifie pas participer à un cortège triomphal ! Cela signifie partager son amour miséricordieux, entrer dans sa grande œuvre de miséricorde pour chaque homme et pour tous les hommes. L’œuvre de Jésus est précisément une œuvre de miséricorde, de pardon, d’amour ! Jésus est tellement miséricordieux ! Et ce pardon universel, cette miséricorde, passe par la croix. Mais Jésus ne veut pas accomplir cette œuvre tout seul : il veut nous faire participer nous aussi à la mission que le Père lui a confiée. Après sa résurrection, il dira à ses disciples : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie… Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis » (Jn 20,21.22). Le disciple de Jésus renonce à tous les biens parce qu’il a trouvé en Lui le Bien plus grand, dans lequel tout autre bien reçoit sa valeur et sa signification plénières : les liens familiaux, les autres relations, le travail, les biens culturels et économiques et ainsi de suite… Le chrétien se détache de tout et retrouve tout, dans la logique de l’Évangile, la logique de l’amour et du service.

Pour expliquer cette exigence, Jésus utilise deux paraboles : celle de la tour à construire et celle du roi qui part à la guerre. Cette seconde parabole dit : « Quel est le roi qui, partant faire la guerre à un autre roi, ne commencera pas par s’asseoir pour examiner s’il est capable, avec dix mille hommes, de se porter à la rencontre de celui qui marche contre lui avec vingt mille ? Sinon, alors que l’autre est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix » (Lc 14,31-32). Ici, Jésus n’a pas l’intention d’affronter le thème de la guerre, ce n’est qu’une parabole. Mais, en ce moment où nous prions fortement pour la paix, cette Parole du Seigneur nous touche vivement et elle nous dit en substance : il y a une guerre plus profonde que nous devons combattre, tous ! C’est la décision forte et courageuse de renoncer au mal et à ses séductions et de choisir le bien, prêts à payer de notre personne : voilà ce que signifie suivre le Christ, précisément prendre sa croix ! Cette guerre profonde contre le mal ! À quoi cela sert-il de livrer des guerres, tant de guerres, si tu n’es pas capable de livrer cette guerre profonde contre le mal ? Cela ne sert à rien ! Cela ne va pas... Cela comporte, entre autres, cette guerre contre le mal comporte de dire non à la haine fratricide et aux mensonges dont elle se sert, de dire non à la violence sous toutes ses formes, de dire non à la prolifération des armes et à leur commerce illégal. Il y en a tant ! Il y en a tant ! Et il reste toujours un doute : cette guerre par ici, cette autre par là — car il y a partout des guerres — est vraiment une guerre à cause de problèmes, ou est-ce une guerre commerciale pour vendre ces armes à travers le commerce illégal ? Voilà les ennemis à combattre, ensemble et avec cohérence, en ne suivant pas d’autres intérêts que ceux de la paix et du bien commun.

Chers frères, aujourd’hui, nous rappelons aussi la Nativité de la Vierge Marie, une fête particulièrement chère aux Églises orientales. Et nous pouvons tous, à présent, envoyer un beau salut à tous nos frères et sœurs, évêques, moines, moniales des Églises orientales, orthodoxes et catholiques : un beau salut ! Jésus est le soleil, Marie est l’aurore qui annonce son lever. Hier soir, nous avons veillé en confiant à son intercession notre prière pour la paix dans le monde, spécialement en Syrie et dans tout le Moyen-Orient. Nous l’invoquons à présent comme la Reine de la Paix. Reine de la paix prie pour nous ! Reine de la paix prie pour nous !

© Libreria Editice Vaticana – 2013