Pko 01.09.2019
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°43/2019
Dimanche 1er septembre 2019 – 22ème Dimanche du Temps ordinaire – Année C
Humeurs…
L’absentéisme !
Le rapport annuel du Président du Pays à l’Assemblée constate « un absentéisme en forte hausse au sein des différents services et établissements administratifs » : + 40%.
Constat qui ne peut que nous attrister puisque ce sont les usagers qui en pâtissent… Mais attention, un tel constat ne doit pas nous conduire à la conclusion que l’ensemble des personnes de la fonction publique sont des « tire-au-flanc ». « L’arbre ne doit pas cacher la forêt »…
De par nos missions auprès des personnes en grande précarité, nous sommes appelés à travailler avec les services administratifs ou assimilés (état-civil, services sociaux, SEFI, CPS, CCP…) de façon presque quotidienne. Et force, pour nous, est de constater que dans l’immense majorité des cas, nous nous trouvons face à des personnes disponibles, allant bien souvent au-delà de leurs prérogatives pour trouver des solutions à des problèmes souvent kafkaïens !
Alors, oui, dans chaque service il y a des « tire-au-flanc », des professionnels de l’arrêt maladie… mais il en va de même dans la plupart des strates de notre société : hommes politiques, curés,…
Pour notre part, ce qui nous semble plus affligeant c’est de constater la jalousie et parfois le harcèlement dont sont l’objet certaines personnes en raison de leur trop grandes disponibilités à servir ! On a vu des personnes se voire explicitement, même dans leur notation, reprocher de « travailler pour Père Christophe » !!!
Il semble essentiel que les « penseurs » de la fonction publique remettent au cœur de leur réflexion le « service »… et qu’ainsi par les orientations qu’ils impulsent la motivation des personnes sera revivifier !
Combien nous avons vu de personnes passer le concours pour entrer dans l’administration habitées par une profonde volonté de se mettre au service de la communauté humaine et découragés par un ou deux petits potentats !
Merci, merci à toutes ces personnes de l’administration qui prennent à cœur leur travail ou plutôt leur « service » !
Laissez-moi vous dire…
1er septembre 2019 : Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création
L’orgueil : un poison qui tue l’humanité
Le week-end passé nous avons assisté à un « triste » exercice politique : le sommet du G7 à Biarritz (France). Pourquoi « triste » ? Parce que chacun(e) a révélé aux yeux de la planète la dimension de « son ego ». Chacun(e) se félicitant « d’avoir réussi » ceci ou cela. Il suffit de parcourir les commentaires et déclarations faites à la presse pour mesurer qui a brillé davantage au cours de cette rencontre.
Nous constatons que beaucoup de chefs d’État ont un « ego surdimensionné » ; ce que, nous chrétiens, appelons : « orgueil ». Or l'orgueilleux souffre d'un « cancer de l'ego ». Il se vante d’être le meilleur ; il place sa personne au centre du monde, au centre de lui-même.
St Thomas d'Aquin définit l'orgueil comme une estime exagérée de soi-même, qui s'accompagne de mépris pour les autres. Dans la mesure où l'on s'élève au-dessus d'un autre, on tend à l'abaisser, du moins dans l'opinion qu'on en a.
L'orgueil est un péché capital, mais on peut dire qu’il est le péché capital par excellence. Celui par qui tout mal arrive. Il se surnomme : amour-propre, fatuité, gloriole, suffisance, vanité, dédain, arrogance, mégalomanie. Lorsqu’on a des responsabilités importantes, l’orgueil peut se révéler un véritable poison qui pourrit les relations humaines et peut donc tuer l’humanité.
Il peut exister un lien entre l’orgueil et la paranoïa. Le Larousse médical mentionne : « Les paranoïaques se distinguent par quatre caractères fondamentaux : la surestimation de soi, la méfiance, la psychorigidité et l'insociabilité. La surestimation de soi correspond à un orgueil qui va de la suffisance à la mégalomanie. »
À tous moments l’orgueil nous guette, soyons vigilants. Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus, qui prend un repas chez un chef des pharisiens, nous donne un avertissement : « qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé » (Luc 14,11). Cela n’interdit pas l’estime de soi. Nous savons bien qu’un enfant construit sa personnalité, son identité si on le valorise avec discernement.
Pour en revenir aux chefs d’État et de gouvernement, les enjeux qui les préoccupent - à savoir leur maintien au pouvoir, leur popularité… - semblent très loin des inquiétudes de leurs populations. Le Pape François, au risque de paraître leur donner des leçons, martèle sans cesse qu’il est urgent de prendre en compte l’avenir de l’humanité et plus particulièrement de sauvegarder notre bien commun : « notre maison, la Terre ».
En ce 1er septembre, journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, François nous invite à prier « pour que les politiques, scientifiques et économistes travaillent ensemble pour la protection des mers et des océans ».
Avec une superficie de 361 millions de km2 les mers et océans recouvrent 71% de notre planète [l’Océan Pacifique occupant 180 millions de km2 !]
En tant que chrétiens nous avons notre part à apporter. Regardons combien nos lagons et nos rivages souffrent de nos incivismes, de nos choix contre nature (plastiques, décharges sauvages, terrassements non contrôlés, rejets de pesticides ou d’huiles de vidange…) L’humilité [antidote de l’orgueil !] souhaitée par le Christ nous commande de reconnaître nos erreurs et de réagir tous ensemble pour le bien de tous. Préserver notre Océan Pacifique, c’est assurer un avenir heureux aux générations futures.
Dominique Soupé
© Cathédrale de Papeete – 2019
En marge de l’actualité…
Aux armes, bons chrétiens ! Sauvons la création !
En ce dimanche 1er septembre, journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, le Pape François renouvelle son appel « urgent » à tous ceux qui ont des responsabilités sociales et économiques aussi bien que politiques et culturelles afin qu’ils répondent à la demande de millions de personnes et appuient le consensus du monde entier pour guérir notre création blessée.
Cette année, François demande à tous les chrétiens de bonne volonté de prier spécialement pendant le mois de septembre pour que tous les responsables de la planète « travaillent ensemble pour la protection des mers et des océans ».
Dans l’Encyclique Laudato Si, sur la sauvegarde de la maison commune, on lit [au n.41] :« Qui a transformé le merveilleux monde marin en cimetières sous-marins dépourvus de vie et de couleurs ? Ce phénomène est dû en grande partie à la pollution qui atteint la mer, (…) Il s’aggrave à cause de l’élévation de la température des océans. Tout cela nous aide à réaliser comment n’importe quelle action sur la nature peut avoir des conséquences que nous ne soupçonnons pas à première vue… »
En tant que chrétiens nous sommes invités non seulement à prier mais aussi à agir. En effet, comme dit Saint Jacques : « la foi sans les œuvres est morte » (Jacques 2, 18). En famille, en communauté, en paroisse, prions pour la sauvegarde des océans et réfléchissons aux actions concrètes que nous pouvons mener pour réduire la pollution de nos beaux lagons et de notre Océan, sources de vie. A plusieurs les idées ne s’additionnent pas, elles se multiplient. Armons-nous pour sauvegarder -ensemble- ce don précieux de notre Créateur.
Aux armes, bons chrétiens ! Sauvons la création !
Dominique Soupé
© Archidiocèse de Papeete - 2019
Audience générale
Comme Pierre, témoigner de Jésus Christ auprès des malades
Au cours de cette dernière audience du mois d’août, le Pape François a centré sa catéchèse sur un extrait des Actes des Apôtres dans lequel saint Pierre guérit les malades, au nom du Seigneur. Son action permet de manifester la proximité du Ressuscité et offre au chrétien d’aujourd’hui un exemple de service et d’alliance avec Dieu.
Chers frères et sœurs
La communauté ecclésiale décrite dans le livre des Actes des apôtres vit de toute la richesse que le Seigneur met à sa disposition – le Seigneur est généreux ! –, elle grandit en nombre et connaît une grande ferveur, malgré les attaques extérieures. Pour nous montrer cette vitalité, Luc, dans le livre des Actes des apôtres, indique aussi des lieux significatifs, par exemple le portique de Salomon (cf. Ac 5,12), point de rencontre pour les croyants. Le portique (stoà) est une galerie ouverte qui sert d’abri mais aussi de lieu de rencontre et de témoignage. En effet, Luc insiste sur les signes et les prodiges qui accompagnent la parole des apôtres ainsi que sur le soin particulier qu’ils accordaient aux malades.
Au chapitre 5 des Actes, l’Église naissante apparaît comme une « hôpital de campagne » qui accueille les personnes les plus faibles, c’est-à-dire les malades. Leur souffrance attire les apôtres, qui ne possèdent « ni argent ni or » (Ac 3,6) – c’est ce que dit Pierre au boiteux – mais leur force est dans le nom de Jésus. À leurs yeux, comme aux yeux des chrétiens de tous les temps, les malades sont les destinataires privilégiés de la joyeuse annonce du Royaume, ce sont des frères en qui le Christ est particulièrement présent pour se laisser chercher et trouver par chacun de nous (cf. Mt 25,36-40). Les malades sont des privilégiés pour l’Église, pour le cœur sacerdotal, pour tous les fidèles. Il ne faut pas les écarter, au contraire, il faut les soigner, prendre soin d’eux : ils font l’objet de la préoccupation chrétienne.
Parmi les apôtres émerge Pierre, qui a la prééminence dans le groupe apostolique en raison de la primauté (cf. Mt 16,18) et de la mission reçues du Ressuscité (cf. Jn 21,15-17). C’est lui qui initie la prédication du kérygme le jour de la Pentecôte (cf. Ac 2,14-41) et qui portera la responsabilité de diriger le concile de Jérusalem (cf. Ac 15 et Ga 2,1-10).
Pierre s’approche des brancards et passe parmi les malades, comme l’avait fait Jésus, prenant sur lui les infirmités et les maladies (cf. Mt 8,17 ; Is 53,4). Et Pierre, le pêcheur de Galilée, passe, mais il laisse un Autre se manifester : il laisse le Christ vivant et agissant ! En effet, le témoin est celui qui manifeste le Christ, par ses paroles et par sa présence physique, qui lui permet d’entrer en relation et d’être le prolongement du Verbe fait chair dans l’histoire. Pierre est celui qui accomplit les œuvres de son Maître (cf. Jn 14,12) ; si on le regarde avec foi, on voit le Christ lui-même.
Rempli de l’Esprit de son Seigneur, Pierre passe et, sans qu’il ne fasse rien, son ombre devient une « caresse » qui guérit, qui communique la santé, c’est l’effusion de la tendresse du Ressuscité qui se penche sur les malades et rend la vie, le salut et la dignité. Ainsi Dieu manifeste sa proximité et fait des plaies de ses enfants « le lieu théologique de sa tendresse » (Méditation du matin, Sainte-Marthe, 14.12.2017). Dans les plaies des malades, dans les maladies qui empêchent d’aller de l’avant dans la vie, il y a toujours la présence de Jésus, la plaie de Jésus. Il y a Jésus qui appelle chacun de nous à prendre soin d’eux, à les soutenir, à les guérir. L’action guérissante de Pierre suscite la haine et l’envie des Saducéens qui emprisonnent les apôtres et, bouleversés par leur mystérieuse libération, leur interdisent d’enseigner. Ces gens voient les miracles que font les apôtres, non par magie mais au nom de Jésus ; mais ils ne veulent pas le reconnaître et ils les jettent en prison et les font fouetter. Ensuite ils sont miraculeusement libérés, mais le cœur des Saducéens était si dur qu’ils ne voulaient pas croire à ce qu’ils voyaient. Alors Pierre répond en donnant une clé de la vie chrétienne : « Obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5,29) parce que les Saducéens disent : « Vous ne devez pas continuer, vous ne devez pas guérir les gens » – « J’obéis à Dieu avant d’obéir aux hommes » : c’est la grande réponse chrétienne. Cela signifie écouter Dieu sans réserve, sans report, sans calcul ; adhérer à lui pour devenir capable de faire alliance avec lui et avec ceux que nous croisons sur notre chemin.
Demandons-nous aussi à l’Esprit Saint la force de ne pas nous laisser effrayer par ceux qui nous ordonnent de nous taire, qui nous calomnient ou qui attentent carrément à notre vie. Demandons-lui de nous fortifier intérieurement pour que nous soyons certains de la présence pleine d’amour et consolatrice du Seigneur à nos côtés.
© Libreria Editice Vaticana - 2019
Écologie
Une saison de la création : créer un avenir pour la terre et tous ses habitants
Les évêques de Belgique ont publié un message intitulé « Une saison de la création : créer un avenir pour la terre et tous ses habitants » à l’occasion de la « Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création et (du) mois de septembre (…) qui s’étend jusqu’à la fête de saint François, le 4 octobre ». Le texte se réfère abondamment à la lettre encyclique du pape François Laudato Si’ dans la première partie. Le deuxième point, « Urgences actuelles », cite les constats du rapport de l’ONU sur la biodiversité, du Groupe d’experts intergouvernementaux sur le climat et appelle « avec insistance à élaborer des plans climatiques courageux et ambitieux (...) pour sauver la vie des générations actuelles et futures ». Le troisième point, « Perspectives d’avenir » souligne combien « Les organisations de lutte contre la pauvreté demandent des politiques climatiques qui n’engendrent pas de nouvelles pauvretés ou inégalités, mais incluent les groupes vulnérables dans la transition vers un avenir climatique durable ». La dernière partie se veut mobilisatrice avec les conseils du pape François, les encouragements à « progresser dans la conversion écologique et à vivre selon la sobriété heureuse », à inciter « les paroisses, associations, organisations et institutions à intensifier leurs efforts en établissant un plan climat » et « aux chrétiens de travailler ces sujets en groupe ».
Chers Frères et Sœurs,
Le pape François a recommandé que le 1er septembre soit reconnu comme Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création et que le mois de septembre soit considéré comme une Saison de la création, qui s’étend jusqu’à la fête de saint François, le 4 octobre. Dès lors, en union avec toutes les Églises chrétiennes, nous voudrions affirmer, approfondir et traduire en actes concrets notre « vocation de gardiens de la Création de Dieu ».
1. L’appel de Laudato si’
Plus que jamais, le contexte actuel nous presse à prendre au sérieux l’appel de l’encyclique Laudato si’ à « unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral »1. « La culture écologique devrait être un regard différent, une pensée, une politique, un programme éducatif, un style de vie et une spiritualité »2. La question écologique est une question sociale : ce ne sont pas deux questions parallèles, mais imbriquées3 car, comme dit le pape, « tout est lié ».
La question écologique concerne notre foi chrétienne : le pape parle de « conversion écologique, qui implique de laisser jaillir toutes les conséquences de notre rencontre avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui nous entoure »4.
Laudato si’ dénonce les « attitudes qui font obstacle aux voies de solutions, comme la négation du problème, l’indifférence, la résignation facile ou la foi aveugle dans les solutions techniques »5. L’expérience de ces derniers mois nous dévoile combien la peur peut être un obstacle : que ce soit la peur liée aux incertitudes d’un changement si important, ou la peur d’une diminution du niveau de vie de notre société aisée que nous tenons pour acquis, malgré notre empreinte sur les écosystèmes et la vie des populations du Sud.
2. Des urgences actuelles
En mai 2019, le rapport de l’ONU sur la biodiversité a dévoilé qu’au niveau mondial, environ un huitième des espèces animales et végétales est menacé d’extinction. Seul un changement radical, dans tous les secteurs de la société, peut encore inverser ce processus.
Fin 2018, le Groupe d’experts intergouvernementaux sur le climat a examiné, en vue du sommet en Pologne, les mesures nécessaires pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C tel que prévu par l’accord de Paris. Cela implique de « réduire de moitié les émissions mondiales de CO2 d'ici à 2030 pour atteindre des émissions nettes nulles vers 2050 ».
Nos gouvernants en charge de la politique pour les cinq prochaines années détiennent une responsabilité majeure. Cinq ans, c’est la moitié du temps imparti pour réduire de 50 % les émissions mondiales de CO2. Le 23 septembre 2019, les dirigeants du monde entier sont attendus à New York pour un sommet climatique extraordinaire où l’accroissement des ambitions en matière climatique est prioritaire dans l’agenda. Nous appelons avec insistance à élaborer des plans climatiques courageux et ambitieux, tant dans notre pays qu’au sein de l’Union européenne, pour sauver la vie des générations actuelles et futures.
3. Des perspectives d’avenir
Les enfants et les jeunes appréhendent à juste titre cette menace qui plombe leur avenir. Depuis plusieurs mois, ils ont mis sur pied le mouvement pour le climat, afin que les recommandations insistantes des scientifiques soient prises au sérieux et traduites en politiques climatiques efficaces et socialement équitables. Les organisations de lutte contre la pauvreté demandent des politiques climatiques qui n’engendrent pas de nouvelles pauvretés ou inégalités, mais incluent les groupes vulnérables dans la transition vers un avenir climatique durable.
On souligne trop peu combien serait positive et porteuse d’espérance une transition menant à une prospérité nouvelle, différente et favorisant le bien-être pour tous les peuples de la terre. Cela se passera si nous bannissons la pauvreté, partageons le monde, transformons l’économie, protégeons la nature et si nous vivons tous dans les limites écologiques d’une planète saine. Cette perspective porteuse est confirmée par les scientifiques qui peuvent nous indiquer les moyens d’y parvenir.
Les rapports des scientifiques confirment qu’il n’est pas naïf de penser que nous pouvons sauver l’avenir de la planète. Même si le temps presse, nous pouvons encore sortir de la spirale de mort qui aspire notre monde. Le temps pour la création est une chance qui nous est offerte de soutenir cette perspective exigeante et de créer un avenir pour la terre et tous ses habitants.
4. Des actions concrètes
Le pape François conclut son encyclique Laudato si’ en disant : « Au cœur de ce monde, le Seigneur de la vie qui nous aime tant, continue d’être présent. Il ne nous abandonne pas, il ne nous laisse pas seuls, parce qu’il s’est définitivement uni à notre terre, et son amour nous porte toujours à trouver des chemins nouveaux »6. Aussi encourageons-nous chacun à progresser dans la conversion écologique et à vivre selon la sobriété heureuse (l’« éthique du suffisant »). Nous invitons les paroisses, associations, organisations et institutions à intensifier leurs efforts en établissant un plan climat pour faire de leurs immeubles des bâtiments passifs et à faible teneur en carbone, et à inclure le souci du soin de la création dans toute la vie de la communauté : « Il y a tant de choses que l’on peut faire »7.
Nous suggérons aux chrétiens de travailler ces sujets en groupe, en utilisant le canevas d’animation préparé sur ce thème. Comme Jésus le demande, nous devons reconnaître les signes de notre temps (Lc 12,54-56) : « Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites qu’il fera très chaud, et cela arrive. Esprits faux ! L’aspect de la terre et du ciel, vous savez le juger ; mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le juger ? »
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1 Pape François, Lettre encyclique Laudato Si, n. 13 ; DC 2015, p. 9.
2 Ibid. n. 111 ; p. 35.
3 Ibid. n. 49 ; p. 17-18.
4 Ibid. n. 217 ; p. 62.
5 Ibid. n. 14 ; p. 9.
6 Ibid. n. 245 ; p. 69.
7 Ibid. n. 180 ; p. 52-53.
© Urbi et orbi - 2019
Théologie sacramentelle
Le caractère absolu du secret de la confession
La Pénitencerie apostolique a publié le 1er juillet 2019 une note approuvée par le pape rappelant le caractère absolu du secret de la confession. Pour la Pénitencerie apostolique, ce secret relève de « l’essence même du christianisme et de l’Église », de par la volonté du Christ de sauver les hommes et d’utiliser, pour ce faire, des prêtres par lesquels il agit in persona Christi capitis. Tout en rappelant que la « validité » du sacrement de réconciliation passe par « un repentir sincère, ainsi que la ferme intention de s’amender et de ne pas réitérer le mal commis », le texte souligne que le secret s’impose aussi au confesseur même si la confession est invalide ou si l’absolution n’est pas donnée, et qu’en « en présence de péchés qui constituent des infractions, il n’est jamais permis d’imposer au pénitent, comme condition pour l’absolution, l’obligation de se dénoncer à la justice civile ».La note s’intéresse également aux relations des prêtres dans le cadre de la direction spirituelle qui, même sans confession, relève, pour les prêtres accompagnateurs, de « la mission de représenter le Christ, conférée par le sacrement de l’Ordre ». En conséquence, les secrets révélés dans ce cadre sont aussi absolus que s’il s’agissait d’une confession.
« Avec l’incarnation, le Fils de Dieu s’est uni d’une certaine façon à chaque homme » ; par ses gestes et ses paroles, il en a éclairé la très haute et inviolable dignité ; en lui-même, mort et ressuscité, il a restauré l’humanité déchue, vainqueur des ténèbres du péché et de la mort ; à tous ceux qui croient en lui, il a entrouvert la relation avec son Père ; avec l’effusion de l’Esprit Saint, il a consacré l’Église, communauté des croyants comme son véritable corps et lui a conféré sa propre puissance prophétique, royale et sacerdotale, afin qu’elle soit dans le monde comme le prolongement de sa présence et mission propre, en annonçant aux hommes de tous les temps sa vérité, en les conduisant vers la splendeur de sa lumière, en permettant que leur vie en soit touchée et transfigurée.
En ce temps de l’histoire humaine si tourmenté, où un développement éthique et social adéquat ne semble pas correspondre au progrès croissant technoscientifique, mais bien au contraire à une véritable “involution” culturelle et morale qui, oublie Dieu – voire qui lui est même hostile – devient incapable de reconnaître et de respecter, dans chaque domaine et à tous les niveaux, les données essentielles de l’existence humaine et, avec elles, de la vie même de l’Église.
« Si au progrès technique ne correspond pas un progrès dans la formation éthique de l’homme, dans la croissance de l’homme intérieur (…), alors ce n’est pas un progrès, mais une menace pour l’homme et pour le monde ». Dans le domaine des communications privées et des mass media également, grandissent de façon démesurée les “possibilités techniques”, mais pas l’amour de la vérité, l’engagement dans sa recherche ni le sens de responsabilité devant Dieu et les hommes ; il se dessine une disproportion préoccupante entre les moyens et l’éthique. L’hypertrophie de la communication semble se retourner contre la vérité et, par conséquent, contre Dieu et contre l’homme, contre Jésus-Christ, Dieu fait homme, et contre l’Église, sa présence historique et réelle.
Ces dernières décennies, une certaine “soif” d’informations s’est diffusée, presque au détriment de leur véritable fiabilité et opportunité, à tel point que le “monde de la communication” semble vouloir se “substituer” à la réalité, soit en en influençant la perception, soit en en manipulant la compréhension.
De cette tendance, qui peut assumer les traits inquiétants de la morbidité, n’échappe malheureusement pas la communauté ecclésiale même, qui vit dans le monde et qui, quelquefois, en assume les critères.
Parmi les croyants aussi, fréquemment, de précieuses énergies sont utilisées dans la recherche de “rumeurs” – ou de véritables “scandales” – adaptés à la sensibilité d’une certaine opinion publique, dont les objectifs n’appartiennent certainement pas à la nature théandrique de l’Église. Tout cela au grave détriment de l’annonce de l’Évangile à toute créature et des exigences de la mission. Il faut reconnaître humblement que quelquefois, même les rangs du clergé, jusqu’aux plus hautes hiérarchies, ne sont pas exempts de cette tendance.
En invoquant de fait, en tant qu’ultime tribunal, le jugement de l’opinion publique, ce dernier se base trop souvent sur des informations de tout genre, concernant même la vie privée et réservée, qui touchent inévitablement la vie ecclésiale, et conduisent – ou tout au moins favorisent – des jugements téméraires, qui lèsent de façon illégitime et irréparable la bonne réputation d’autrui mais aussi le droit de toute personne à défendre sa propre intimité. (cf. can. 220 CIC). Dans ce contexte, les paroles de saint Paul aux Galates sont particulièrement d’actualité : « Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme (…). Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres. » (Gal 5,13-15).
Dans ce contexte, s’est installé un certain “préjugé négatif” quelque peu préoccupant à l’égard de l’Église catholique, dont l’existence est culturellement présentée et socialement comprise, d’une part, à la lumière de tensions à l’intérieur de la même hiérarchie, et d’autre part, partant des récents scandales d’abus, horriblement perpétrés par certains membres du clergé. Ce préjugé, oublieux de la vraie nature de l’Église, de son authentique histoire et de la réalité, de l’influence bénéfique qu’elle a toujours eue et a dans la vie des hommes, se traduit parfois par l’“exigence” injustifiable que l’Église même, dans certains domaines, arrive à conformer sa propre organisation juridique sur l’ordre civil des États où elle se trouve, comme seule et unique “garantie d’exactitude et de droiture”.
Face à tout cela, la Pénitencerie apostolique a jugé opportun d’intervenir, avec cette présente Note, pour réaffirmer l’importance et favoriser une compréhension majeure de ces concepts, propres à la communication ecclésiale et sociale, qui semblent être devenus aujourd’hui plus étrangers à l’opinion publique et quelquefois aussi aux ordres juridiques et civils : le sceau sacramentel, la confidentialité inhérente au for interne extra-sacramentel, le secret professionnel, les critères et les limites propres de toute autre communication.
1. Sceau sacramentel
Récemment, en parlant du sacrement de la réconciliation, le Saint-Père François a tenu à réaffirmer le caractère indispensable et indisponible du sceau sacramentel : « La réconciliation elle-même est un bien que la sagesse de l’Église a toujours gardé de toute sa force morale et juridique par le sceau sacramentel. Même s’il n’est pas toujours compris par la mentalité moderne, celui-ci est indispensable pour la sainteté du sacrement et pour la liberté de conscience du pénitent ; ce dernier devant être certain, à chaque moment, que l’entretien sacramentel restera dans le secret du confessionnal, entre sa conscience qui s’ouvre à la grâce de Dieu, et la médiation nécessaire du prêtre. Le sceau sacramentel est indispensable et aucun pouvoir humain n’a juridiction sur lui, ni ne peut la revendiquer sur lui ».
La confidentialité inviolable de la confession provient directement du droit divin révélé et plonge ses racines dans la nature même du sacrement, au point de n’admettre aucune exception dans le domaine ecclésial, ni, encore moins, dans le domaine civil. Dans la célébration du sacrement de la réconciliation est contenue en effet l’essence même du christianisme et de l’Église : le Fils de Dieu s’est fait homme pour nous sauver et a décidé d’inclure, en tant qu’“instrument nécessaire” dans cette œuvre de salut, l’Église et, en elle, ceux qu’il a choisis, appelés et constitués comme ses ministres.
Pour exprimer cette vérité, l’Église a toujours enseigné que les prêtres, dans la célébration des sacrements, agissent “in persona Christi capitis”, c’est-à-dire au nom du Christ : « Le Christ nous permet d’utiliser son “moi”, nous parlons avec le “moi” du Christ, le Christ nous “attire en lui” et nous permet de nous unir, il nous unit avec son “moi”. (…) C’est cette union avec son “moi” qui se réalise dans les paroles de la consécration. De même dans le “moi je t’absous” – parce qu’aucun de nous ne pourrait absoudre des péchés – c’est le “moi” du Christ, de Dieu, qui seul peut absoudre ».
Tout pénitent qui humblement se rend auprès du prêtre pour confesser ses propres péchés, témoigne ainsi du grand mystère de l’Incarnation et de l’essence surnaturelle de l’Église et du sacerdoce ministériel, par l’intermédiaire duquel le Christ ressuscité vient à l’encontre des hommes, touche sacramentellement – c’est-à-dire réellement – leur vie et les sauve. Pour cette raison, la défense du sceau sacramentel de la part du confesseur, s’il le fallait usque ad sanguinis effusionem, représente non seulement un acte de “loyauté” nécessaire à l’égard du pénitent, mais davantage encore : un témoignage essentiel – un “martyre” – rendu directement à la singularité et à l’université salvifique du Christ et de l’Église.
La matière du sceau est actuellement exposée et réglementée par les can. 983-984 et 1388, § 1 du CIC et par le can. 1456 du CCEO, mais aussi par le n. 1467 du Catéchisme de l’Église catholique, là où de façon significative on peut lire non que l’Église “établit”, en vertu de son autorité propre, mais plutôt “déclare” – c’est-à-dire qu’elle reconnaît comme une donnée irréductible, qui dérive précisément de la sainteté du sacrement établi par le Christ – « que tout prêtre qui entend des confessions est obligé de garder un secret absolu au sujet des péchés que ses pénitents lui ont confessés, sous des peines très sévères. »
Il est absolument interdit au confesseur de « trahir en quoi que ce soit un pénitent, par des paroles ou d’une autre manière » (can. 983, § 1 CIC), de même que « l’utilisation des connaissances acquises en confession qui porte préjudice au pénitent, est absolument défendue au confesseur, même si tout risque d’indiscrétion est exclu » (can. 984, § 1 CIC). La doctrine a contribué par ailleurs à préciser ultérieurement la teneur du sceau sacramentel, qui comprend « tous les péchés aussi bien du pénitent que d’autres personnes à connaissance de la confession du pénitent, mortels comme véniels, cachés comme publics, en cela qu’ils ont été manifestés en vue de l’absolution et par conséquent connus du confesseur en vertu de la science sacramentelle ». C’est pourquoi le sceau sacramentel concerne tout ce que le pénitent a accusé, même dans le cas où le confesseur n’aurait pas donné l’absolution, dans la mesure où la confession ne serait pas valable ou si pour une raison quelconque elle n’était pas donnée, le sceau doit de toute façon être maintenu.
Le prêtre prend en effet connaissance des péchés du pénitent “non ut homo, sed ut Deus – pas en tant qu’homme, mais comme Dieu”, à tel point qu’il “ne sait” tout simplement pas ce qui lui a été dit dans le cadre de la confession, puisqu’il ne l’a pas écouté en tant qu’homme mais précisément au nom de Dieu. Ainsi, le confesseur pourrait même “jurer”, sans aucun préjudice en toute conscience de “ne pas savoir” ce qu’il sait seulement en tant que ministre de Dieu. En raison de sa nature particulière, le sceau sacramentel arrive à lier le confesseur même “intérieurement”, si bien qu’il lui est interdit de se rappeler volontairement la confession et qu’il est tenu d’en effacer tout souvenir involontaire. Toute personne qui, de quelque manière que ce soit, a eu connaissance des péchés de la confession, est également liée par le secret résultant du sceau : « À l’obligation de garder le secret sont également tenus l’interprète, s’il y en a un, et aussi tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, ont eu, par la confession, connaissance des péchés » (can. 983, § 2 CIC).
L’interdiction absolue imposée par le sceau sacramentel doit empêcher le prêtre de mentionner le contenu de la confession avec le pénitent lui-même, en dehors du sacrement, « sauf consentement explicite, encore mieux s’il n’est pas exigé, de la part du pénitent ». Par conséquent, le sceau va même au-delà de la disponibilité du pénitent qui, après la célébration du sacrement, n’a pas le pouvoir de délivrer le confesseur de l’obligation du secret car ce devoir vient directement de Dieu.
La défense du sceau sacramentel et la sainteté de la confession ne pourront jamais constituer une forme quelconque de connivence avec le mal, mais représentent en revanche le seul et unique antidote contre le mal qui menace l’homme et le monde entier. Il s’agit de la possibilité réelle de s’abandonner à l’amour de Dieu, de se laisser convertir et transformer par cet amour, en apprenant à y correspondre concrètement dans sa vie. En présence des péchés qui incluent les cas de délits, il n’est jamais permis d’imposer au pénitent, comme condition pour l’absolution, l’obligation de se constituer à la justice civile, conformément au principe, reçu à tout ordre juridique, selon lequel “nemo tenetur se detegere”. En même temps, appartiennent par ailleurs à la “structure” même du sacrement de la réconciliation, comme condition pour sa validité, le repentir sincère et le ferme engagement de s’amender et de ne pas réitérer le mal commis. Dans le cas où se présenterait un pénitent, qui a été victime du mal d’autrui, le confesseur aura soin de l’instruire sur ses droits propres, ainsi que des moyens juridiques à suivre pour dénoncer le fait devant les instances civiles et/ou ecclésiastiques et de demander justice.
Toute action politique ou initiative législative destinée à “forcer” l’inviolabilité du sceau sacramentel constituerait une offense inacceptable envers la libertas Ecclesiae, qui ne reçoit pas sa propre légitimation des États, mais de Dieu. Elle constituerait, en revanche, une violation de la liberté religieuse, qui fonde juridiquement toute autre liberté, y compris la liberté de conscience des citoyens, qu’ils soient pénitents ou confesseurs. Porter atteinte au sceau reviendrait à porter atteinte au pauvre qui est dans le pécheur.
2. For interne extra-sacramentel et direction spirituelle
Au domaine juridique et moral du for interne appartient également le soi-disant “for interne extra-sacramentel”, toujours occulte, mais externe au sacrement de la pénitence. À travers lui aussi, l’Église exerce sa propre mission et puissance salvifique : pas en pardonnant les péchés, mais plutôt en concédant la grâce, en brisant les liens juridiques (comme par exemple les censures) et en s’occupant de tout ce qui concerne la sanctification des âmes et, par conséquent, la sphère intime et personnelle de tout fidèle.
Au for interne extra-sacramentel appartient tout particulièrement la direction spirituelle, dans laquelle le fidèle confie son propre chemin de conversion et de sanctification à un certain prêtre, consacré(e) ou laïque.
Le prêtre exerce un certain ministère en vertu de la mission qu’il a de représenter le Christ, qui lui est conférée par le sacrement de l’ordre et qu’il doit exercer dans la communion hiérarchique de l’Église, à travers ce que l’on appelle les tria munera : la tâche d’enseigner, de sanctifier et de gouverner. Les laïcs en vertu du sacerdoce baptismal et du don de l’Esprit Saint.
Dans la direction spirituelle, le fidèle ouvre librement au directeur ou à l’accompagnateur spirituel, le secret de sa propre conscience, afin d’être orienté et soutenu dans l’écoute et l’accomplissement de la volonté de Dieu.
Même ce domaine particulier exige par conséquent une certaine confidentialité ad extra, inhérente à la teneur des entretiens spirituels et qui résulte du droit de toute personne au respect de son intimité (cf. can. 220 CIC). Quoique de manière “analogue” à ce qui se passe dans le sacrement de la confession, le directeur spirituel est mis à l’écart de la conscience du fidèle en vertu de son rapport “spécial” avec le Christ, qui lui vient de la sainteté de vie et – si c’est un séminariste – de l’Ordre sacré qu’il a reçu.
En témoignage du caractère confidentiel tout particulier reconnu à la direction spirituelle, on considère l’interdiction, garantie par le droit, de demander non seulement l’opinion du confesseur, mais aussi celle du directeur spirituel, lors de l’admission aux ordres sacrés ou, vice versa, pour le renvoi du séminaire des candidats au sacerdoce (cf. can. 240, § 2 CIC ; can. 339, § 2 CCEO). De la même manière, l’instruction Sanctorum Mater de 2007, relative au déroulement des enquêtes diocésaines ou éparchiales regardant les causes des Saints, interdit d’admettre le témoignage non seulement des confesseurs, afin de protéger le sceau sacramentel, mais aussi des directeurs spirituels du Serviteur de Dieu, pour ce qui concerne aussi tout ce qu’ils ont appris du for interne, en dehors de la confession sacramentelle.
Cette réserve nécessaire sera d’autant plus “naturelle” pour le directeur spirituel qu’il apprendra à reconnaître et à “s’émouvoir” devant le mystère de la liberté du fidèle qui, à travers lui, s’adresse au Christ ; le directeur spirituel devra concevoir sa mission et sa propre vie exclusivement devant Dieu, au service de sa gloire, pour le bien de la personne, de l’Église et pour le salut du monde entier.
3. Secrets et autres limites propres de la communication
D’une autre nature par rapport au domaine du for interne, sacramentel et extra-sacramentel, sont les confidences faites sous le sceau du secret, ainsi que les soi-disant “secrets professionnels”, que détiennent certains types de personnes, dans la société civile comme dans le milieu ecclésial, en raison d’un bureau spécial fait pour les particuliers ou pour la collectivité.
De tels secrets, en vertu du droit naturel, doivent être gardés, « sauf – affirme le Catéchisme de l’Église catholique au n. 2491 – dans les cas exceptionnels où la rétention du secret devrait causer à celui qui les confie, à celui qui les reçoit ou à un tiers des dommages très graves et seulement évitables par la divulgation de la vérité ».
Un cas particulier de secret est celui du “secret pontifical”, qui lie des personnes en vertu du serment qu’elles ont prêté inhérent à l’exercice de certains bureaux au service du Siège Apostolique. Si le serment du secret lie toujours les personnes qui l’ont émis coram Deo, celui inhérent au “secret pontifical” a comme ratio ultima le bien public de l’Église et le salus animarum. Cela suppose qu’un tel bien ainsi que les exigences mêmes du salus animarum, y compris aussi l’utilisation des informations qui ne sont pas sous le sceau, puissent et doivent être correctement interprétées par le seul et unique Siège Apostolique, en la personne du Souverain Pontife, que le Christ notre Seigneur a constitué et placé comme principe visible et fondement de l’unité de la foi et de la communion de toute l’Église.
En ce qui concerne les autres domaines de la communication, publics comme privés, dans toutes ses formes et expressions, la sagesse de l’Église a toujours indiqué comme critère fondamental la “règle d’or” prononcée par le Seigneur et indiqué dans l’Évangile de Luc : « Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux » (Lc 6,31). De cette façon, dans la communication de la vérité comme dans le silence à son égard, à qui n’a pas le droit de la connaître, il faut toujours conformer sa vie au précepte de l’amour fraternel, en ayant devant soi le bien et la sécurité d’autrui, le respect de la vie privée et le bien commun.
Comme devoir particulier de communication de la vérité, dicté par la charité fraternelle, on ne peut pas ne pas citer la “correction fraternelle”, dans ses différents degrés, que le Seigneur nous a enseignée. Elle demeure l’horizon de référence si cela est nécessaire et dans la mesure où les circonstances concrètes le permettent et l’exigent : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain » (Mt 18,15-17).
À une époque de communication de masse, où toute information est “brûlée” et avec elle malheureusement souvent aussi une partie de la vie des personnes, il est nécessaire de réapprendre la force de la parole, son pouvoir constructif, mais aussi son potentiel destructif. Nous devons veiller afin que jamais personne ne porte atteinte au sceau sacramentel et que la réserve nécessaire inhérente à l’exercice du ministère ecclésial soit toujours jalousement gardée, avec pour seul horizon la vérité et le bien intégral des personnes.
Demandons à l’Esprit Saint, pour toute l’Église, un amour ardent pour la vérité dans chaque domaine et circonstance de la vie, la capacité de la garder intégralement dans l’annonce de l’Évangile à chaque créature, la disponibilité au martyre pour défendre l’inviolabilité du sceau sacramentel, ainsi que la prudence et la sagesse nécessaires pour éviter tout instrumentation ou usage erroné d’informations liées à la vie privée, sociale et ecclésiale, qui peuvent se retourner contre la dignité de la personne et de la vérité même, qui demeure toujours le Christ, Seigneur et chef de l’Église.
En gardant jalousement le sceau sacramentel et la discrétion nécessaire liée au for interne extra-sacramentel ainsi qu’aux autres actes de ministère, il resplendit une synthèse particulière entre la dimension pétrinienne et mariale dans l’Église.
Avec Pierre, l’épouse du Christ garde, jusqu’à la fin des temps, le ministère institutionnel du “pouvoir des clés” ; comme la Très Sainte Vierge Marie, l’Église garde « dans son cœur tous ces événements » (Lc 2,51b), en sachant que se reflète en elles cette lumière qui éclaire chaque homme et que, dans l’espace sacré entre la conscience personnelle et Dieu, elle doit être préservée, défendue et gardée.
Le Souverain Pontife François, en date du 21 juin 2019, a approuvé la présente Note, et en a ordonné la publication.
Donné à Rome, près le Siège de la Pénitencerie apostolique, le 29 juin, année du Seigneur 2019, Solennité des Saints Pierre et Paul, Apôtres.
Mauro Card. Piacenza, Grand Pénitencier,
Mons. Krzysztof Nykiel, Régent
Commentaire des lectures du dimanche
Chers frères et sœurs, bonjour !
L’épisode de l’Évangile d’aujourd’hui nous montre Jésus dans la maison d’un des chefs des pharisiens, observant la façon dont les invités au déjeuner se donnent du mal pour choisir les premières places. C’est une scène que nous avons vue tant de fois : chercher la meilleure place, même « en jouant des coudes ». En voyant cette scène, il raconte deux brèves paraboles avec lesquelles il offre deux indications : l’une concerne la place, l’autre concerne la récompense.
La première similitude se déroule lors d’un banquet nuptial. Jésus dit : « Lorsque quelqu’un t’invite à un repas de noces, ne va pas t’étendre sur le premier divan, de peur qu’un plus digne que toi n’ait été invité par ton hôte, et que celui qui vous a invités, toi et lui, ne vienne te dire : “Cède-lui la place”... Au contraire, lorsque tu es invité, va te mettre à la dernière place » (Lc 14,8-9). Avec cette recommandation, Jésus n’entend pas donner des règles de comportement social, mais une leçon sur la valeur de l’humilité. L’histoire enseigne que l’orgueil, l’arrivisme, la vanité, l’ostentation sont la cause de nombreux maux. Et Jésus nous fait comprendre la nécessité de choisir la dernière place, c’est-à-dire de chercher à rester petit et caché : l’humilité. Quand nous nous plaçons devant Dieu dans cette dimension d’humilité, alors Dieu nous exalte, se penche vers nous pour nous élever à lui ; « Car quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé » (v.11).
Les paroles de Jésus soulignent des attitudes totalement différentes et opposées : l’attitude de celui qui choisit la première place et l’attitude de celui qui se la laisse attribuer par Dieu et attend de Lui la récompense. N’oublions pas : Dieu paie beaucoup plus que les hommes ! Il nous donne une place beaucoup plus belle que celle que nous donnent les hommes ! La place que nous donne Dieu est proche de son cœur et sa récompense est la vie éternelle. « Heureux seras-tu — dit Jésus —... cela te sera rendu lors de la résurrection des justes » (v.14).
C’est ce qui est décrit dans la deuxième parabole, dans laquelle Jésus indique l’attitude de désintéressement qui doit caractériser l’hospitalité et dit ceci : « Lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; heureux seras-tu alors de ce qu’ils n’ont pas de quoi te le rendre ! » (vv.13-14). Il s’agit de choisir la gratuité au lieu du calcul opportuniste qui cherche à obtenir une récompense, qui cherche l’intérêt et qui cherche à s’enrichir davantage. En effet, les pauvres, les simples, ceux qui ne comptent pas, ne pourront jamais rendre une invitation à manger. Ainsi, Jésus montre sa préférence pour les pauvres et les exclus, qui sont les privilégiés du Royaume de Dieu, et lance le message fondamental de l’Évangile qui est de servir son prochain par amour pour Dieu. Aujourd’hui, Jésus se fait la voix de celui qui n’a pas de voix et adresse à chacun de nous un appel implorant à ouvrir notre cœur et à faire nôtres les souffrances et les angoisses des pauvres, de ceux qui ont faim, des exclus, des réfugiés, des vaincus par la vie, de ceux qui sont écartés par la société et par les abus des plus forts. Et ces personnes rejetées représentent en réalité la très grande majorité de la population.
En ce moment, je pense avec gratitude aux cantines des pauvres, où tant de volontaires offrent leur service, en donnant à manger à des personnes seules, défavorisées, sans travail ou sans domicile fixe. Ces cantines et d’autres œuvres de miséricorde — comme visiter les malades, les prisonniers... — sont des ateliers de charité qui diffusent la culture de la gratuité, parce que ceux qui y prêtent service sont animés par l’amour de Dieu et éclairés par la sagesse de l’Évangile. Ainsi, le service à leurs frères devient un témoignage d’amour, qui rend l’amour du Christ crédible et visible.
Demandons à la Vierge Marie de nous conduire chaque jour sur le chemin de l’humilité, Elle qui a été humble toute sa vie, et de nous rendre capables de gestes gratuits d’accueil et de solidarité envers les exclus, pour devenir dignes de la récompense divine.
© Libreria Editice Vaticana – 2016