Pko 30.11.2018

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°59/2018

Vendredi 30 novembre 2018 – Messe d’action de grâce et de réconciliation pour Pouvana’a a Oopa – Année B

 

Pouvana a

Invitation…

Action de grâce et Réconciliation

« Je n’ai ni haine, ni rancœur »

Humeurs du P.K.0 du Dimanche 22 janvier 2012

« L’élu du peuple – Pouvanaa, te Metua »

Nous avons assisté à la projection du film réalisé par Marie-Hélène Villierme sur la vie de Pouvanaa qu’elle nous a présenté, lundi dernier à l’ISEPP.

Ce documentaire plein d’émotions et de sérénité dresse un portrait vrai de cet homme qui a aimé son peuple sans calcul personnel !

Ce qui est frappant chez lui c’est la cohérence de sa démarche… celle d’un homme en harmonie avec sa conscience… habité par sa foi chrétienne et profondément choqué par les injustices commises à l’égard des siens.

Par amour de la justice, Pouvanaa fit de sa vie un don pour son peuple… il le paya de sa liberté et même de son honneur puisqu’il n’obtint jamais sa réhabilitation malgré les évidences !

Un documentaire qui ne peut pas laisser indifférent, et qui de plus nous interpelle sur aujourd’hui !

Tandis que tant d’hommes et de femmes, de nos jours, se réclament de lui ou font référence à lui… Comment ce peut-il que l’on ait pu oublier le cœur de son message et de son combat : la justice pour tous et le refus des privilèges… Comment a-t-on pu en arriver à cette Polynésie de castes où ce ne sont plus des expatriés qui exploitent et méprisent les autochtones mais des polynésiens qui « écrasent » d’autres polynésiens !

Pouvanaa, la Polynésie t’admire ! La Polynésie te reconnaît comme « son » Metua ! Mais la Polynésie semble avoir oublié ce qui a fait de toi un homme à part : un assoiffé de justice… au service du bien commun… qui a su s'oublier pour l’autre !

Un documentaire à voir absolument !

Éthique…

50ème anniversaire de l’encyclique Populorum Progressio de Saint Paul VI

Le développement intégral à la lumière du Christ

Chers frères et sœurs,

Merci pour votre invitation et votre accueil. Je vous remercie pour votre présence et pour votre activité de promotion humaine et du bien commun. Je remercie le cardinal Turkson pour ses paroles de salutations et pour avoir lancé, non sans difficultés, le nouveau dicastère pour le service du développement humain intégral. Cela a été un modèle de parcours, dans la paix, la créativité, les consultations, véritablement un modèle de construction ecclésiale : merci, Éminence.

Vous êtes réunis pour ce congrès international parce que la naissance du nouveau dicastère coïncide de façon significative avec le 50e anniversaire de l’encyclique Populorum progressio du bienheureux Paul VI. C’est lui qui a précisé en détails dans cette encyclique la signification du « développement intégral » (cf. n.21) et c’est lui qui a proposé cette heureuse formule synthétique : « développement de tout homme et de tout l’homme » (n.14).

Que veut dire, aujourd’hui et dans un avenir proche, le développement intégral, c’est-à-dire le développement de tout homme et de tout l’homme ? Dans la lignée de Paul VI, c’est peut-être précisément dans le verbe intégrer — que j’aime beaucoup — que nous pouvons distinguer une orientation fondamentale pour le nouveau dicastère. Voyons ensemble certains aspects.

Il s’agit d’intégrer les divers peuples de la terre. Le devoir de solidarité nous oblige à chercher de justes modalités de partage, afin qu’il n’y ait pas cette dramatique inégalité entre ceux qui ont trop et ceux qui n’ont rien, entre ceux qui jettent et ceux qui sont mis au rebut. Seule la voie de l’intégration entre les peuples permet à l’humanité un avenir de paix et d’espérance.

Il s’agit d’offrir des modèles viables d’intégration sociale. Tous peuvent apporter une contribution à l’ensemble de la société, tous ont une particularité qui peut servir pour vivre ensemble, personne n’est exclu en vue d’apporter quelque chose pour le bien de tous. C’est à la fois un droit et un devoir. C’est le principe de la subsidiarité qui garantit la nécessité de la contribution de tous, tant comme individus que comme groupes, si nous voulons créer une coexistence humaine ouverte à tous.

Il s’agit en outre d’intégrer dans le développement tous ces éléments qui le rendent véritablement tel. Les différents systèmes : l’économie, la finance, le travail, la culture, la vie familiale, la religion sont, chacun de façon spécifique, une étape incontournable de cette croissance. Aucun d’eux ne peut être érigé en absolu et aucun d’eux ne peut être exclu d’une conception de développement humain intégral, c’est-à-dire qui tienne compte du fait que la vie humaine est comme un orchestre qui joue bien si les différents instruments s’accordent entre eux et suivent une partition commune à tous.

Il s’agit encore d’intégrer la dimension individuelle et la dimension communautaire. Il est indéniable que nous sommes les enfants d’une culture, tout au moins dans le monde occidental, qui a exalté l’individu au point d’en faire une sorte d’île, comme si l’on pouvait être heureux seul. D’autre part, ne manquent pas les visions idéologiques et les pouvoirs politiques qui ont écrasé la personne, l’ont nivelée par le bas, et privée de la liberté sans laquelle l’homme ne se sent plus homme. Ce nivellement par le bas intéresse également les pouvoirs économiques, qui veulent exploiter la mondialisation, au lieu de favoriser un plus grand partage entre les hommes, simplement pour imposer un marché mondial dont eux-mêmes dictent les règles et en tirent profit. Le moi et la communauté ne sont pas en concurrence, mais le moi ne peut mûrir qu’en présence de relations interpersonnelles authentiques et la communauté devient génératrice quand toutes et chacune de ses composantes le sont. Cela vaut encore plus pour la famille qui est la première cellule de la société et où l’on apprend à vivre ensemble.

Il s’agit enfin d’intégrer entre eux le corps et l’âme. Déjà Paul VI écrivait que le développement ne se réduit pas à une simple croissance économique (cf. n.14) ; le développement ne consiste pas à avoir à disposition toujours plus de biens, en vue d’un bien-être uniquement matériel. Intégrer corps et âme signifie également qu’aucune œuvre de développement ne pourra atteindre véritablement son objectif si elle ne respecte pas le lieu où Dieu nous est présent et parle à notre cœur.

Dieu s’est fait pleinement connaître en Jésus Christ : en lui, Dieu et l’homme ne sont pas divisés et séparés entre eux. Dieu s’est fait homme pour faire de la vie humaine, tant personnelle que sociale, une voie concrète de salut. Ainsi, la manifestation de Dieu dans le Christ — y compris ses gestes de guérison, de libération, de réconciliation que nous sommes appelés aujourd’hui à re-proposer aux nombreux blessés sur le bord de la route — indique la route et la modalité du service que l’Église entend offrir au monde : à sa lumière, on peut comprendre ce que signifie un développement « intégral » qui ne fait de tort ni à Dieu, ni à l’homme, parce qu’il assume toute la consistance de l’un et de l’autre.

Dans ce sens, le concept même de personne, né et mûri dans le christianisme, aide à poursuivre un développement pleinement humain. Parce que qui dit personne dit toujours relation, et non individualisme, affirme l’inclusion et non l’exclusion, la dignité unique et inviolable et non l’exploitation, la liberté et non la contrainte.

L’Église ne se lasse pas d’offrir cette sagesse et son œuvre au monde, consciente que le développement intégral est la voie du bien que la famille humaine est appelée à parcourir. Je vous invite à poursuivre cette action avec patience et constance, certains que le Seigneur nous accompagne. Qu’il vous bénisse et que la Vierge Marie vous protège. Merci.

© Libreria Editrice Vaticana - 2017

Histoire…

Lettre de Mgr Michel COPPENRATH

ARCHEVÊCHÉ DE PAPEETE TAHITI

Polynésie française

Papeete, le 3 juin 1968

à

Monsieur le Président de la République française

Charles de Gaulle

Monsieur le Président de la République, mon Général,

Avant de vous écrire directement j'aurais préféré auparavant rencontrer, lors d'un voyage qu'il devait faire en Polynésie au début du mois de mai, Monsieur le Ministre Maurice Schumann.

Depuis, bien des événements se sont produits en France ; ressentis profondément ici, nous espérons qu'ils trouveront leur issue normale dans les solutions que vous proposez.

Vos préoccupations, nous le savons, portent en cet instant sur des problèmes immenses et, de leur solution, dépend une fois encore le sort de la France.

J'ose cependant vous faire parvenir une requête et vous acquerrez vite la conviction qu'elle est absolument désintéressée.

Depuis l'année 1959, Pouvanaa a Oopa, ancien député de la Polynésie française est en exil en France : ses peines ont été réduites à une simple interdiction de séjour ; je crois que toute la Polynésie française vous serait reconnaissante d'un geste de clémence de votre part qui ramènerait le « metua » dans son pays natal, la Polynésie.

Je n'ai aucun mandat spécial pour faire auprès de vous cette démarche ; je n'ai consulté personne, je n'ai parlé à personne de ma démarche. Je sais que d'autres personnalités du Territoire, politiques ou non, ont réclamé le retour de Pouvanaa. Peut-être a-t-on trop pris en considération l'aspect politique de leurs démarches.

Il me semble que pour le bien actuel et à venir de notre pays, une mesure libérale et clémente, dont vous avez usé si souvent avec compréhension et miséricorde à l'égard d'autres personnalités françaises, serait comprise de la population.

Encore une fois, Monsieur le Président de la République, ne voyez dans ma démarche aucune passion, aucune manœuvre, aucune légèreté, mais le simple désir d'un nouvel évêque de Papeete, consacré aujourd'hui même, d'alléger les souffrances d'un homme et d'aider à l'apaisement des esprits. C'est parce que mon devoir et mon cœur m'y poussent que je vous écris sans attendre plus l'occasion de vous rencontrer.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République et mon Général, l'expression de ma très haute vénération avec l'assurance de mes prières pour que vous trouviez force et lumière en ces heures si douloureuses pour vous et pour nous.

+ Mgr Michel COPPENRATH

Archevêque Coadjuteur et Administrateur de Papeete

© Archidiocèse de Papeete – 1968