Pko 29.07.2018

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°38/2018

Dimanche 29 juillet 2018 – 17ème Dimanche du Temps ordinaire – Année B

Humeurs…

Solidaires, jusqu’au bout…

« Les petits gestes, répétés par des millions de personnes, peuvent changer le monde. » (Howard Zinn)

Le principe de « Armoire solidaire » s’inspire des librairies partagées. C’est une américaine, Jessica Maclard qui a eu l’idée de mettre en place un garde-manger 100% gratuit pour permettre de partager de la nourriture avec ceux qui sont dans le besoin. Une autre façon de lutter contre la précarité. La Terminale ESC du Lycée La Mennais s’est donné comme objectif de mettre en place une « armoire solidaire » à Papeete. Elle est au presbytère de la cathédrale et devrait prochainement être active… Voici en quelques lignes la présentation de ce projet par Frère Jean-Pierre Le Rest.

Jusqu’au bout de leur scolarité à La Mennais ! En ce matin du 24 juillet, des élèves de la terminale ESC sont venus au presbytère de la cathédrale pour remplir de victuailles une armoire solidaire dont le principe est présenté ci-dessous. Soit dit en passant, les élèves ont totalement financé ce projet, l’armoire et son contenu, par un marché aux puces qui eut lieu à Fari’imata le 12 mai dernier.

Leur but : contribuer à la lutte contre les pauvretés à Tahiti et entretenir des liens entre ceux qui ont ce qu’il faut pour vivre et ceux qui ont moins. Ils veulent, disent-ils, créer du lien social. Et pour ce faire, ils nous invitent à mettre en pratique ce que les Pères de l’Église affirmaient si souvent : « Le superflu des riches appartient aux pauvres. »

L’armoire se trouve au secrétariat du presbytère de la cathédrale. Elle contient de denrées non périssables mais on y trouve aussi ce qu’il faut pour l’hygiène et même des couches pour bébés.

Les personnes qui sont dans le besoin pourront venir se servir, avec l’accord des responsables bien sûr et en n’oubliant pas que beaucoup de gens ont besoin d’être aidés. Le partage !

Toutes les personnes qui désirent poser un geste de solidarité peuvent passer au presbytère de la cathédrale pour alimenter cette armoire. Vous pouvez y déposer : du punu, des pâtes alimentaires, des conserves diverses, du matériel d’hygiène…Il faut que ce soient des choses non périssables.

Les élèves de terminale ESC vous remercient d’avance de bien accueillir la proposition de solidarité qu’ils vous font et souhaitent, évidemment, que cette armoire ne soit jamais vide.

Réjouissons-nous de voir des jeunes aussi généreux. Ils nous appellent à les imiter. Qu’il soit aussi bien entendu que ces élèves comptent aussi sur leurs successeurs à La Mennais pour donner une suite efficace à la démarche dont ils (elles surtout !) ont eu l’initiative.

Il en est question sur Facebook ! La communication sera importante.

Frère Jean-Pierre Le Rest

© Cathédrale de Papeete - 2018

Laissez-moi vous dire…

Dimanche 29 juillet : Le Seigneur nourrit les foules, d’après les texte bibliques de ce jour (cf. 2R 4,43-45 ; Jn 6, 9-12)

Nourrir toute l’humanité… cela concerne chacun(e) !

Il nous arrive de rêver que le Seigneur descend, « ouvre les mains et rassasie tout ce qui vit », comme il est dit au verset 16 du Psaume 144. Combien de fois n’avons-nous imploré Dieu en disant : « Pitié, Seigneur, fais quelque chose, nous n’y arrivons plus ». En écho nous entendons le psalmiste chanter : « Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer » (Ps 22,1). Mais nous, que faisons-nous face au problème de la malnutrition ?

Nous savons tous que la Terre devient un immense dépotoir, et que tous nous gaspillons et sommes acteurs de la « surconsommation » et de la pollution. Comme certains démographes et techniciens de l’économie, il est facile de proposer des solutions qui n’impactent pas notre propre mode de vie. Le Pape François l’a bien décrit dans son Encyclique sur l’Écologie : « Accuser l’augmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains est une façon de ne pas affronter les problèmes. On prétend légitimer ainsi le modèle de distribution actuel où une minorité se croit le droit de consommer dans une proportion qu’il serait impossible de généraliser, parce que la planète ne pourrait même pas contenir les déchets d’une telle consommation. En outre, nous savons qu’on gaspille approximativement un tiers des aliments qui sont produits, et “que lorsque l’on jette de la nourriture, c’est comme si l’on volait la nourriture à la table du pauvre” ». [Laudato Si, n°50]

En octobre 2011 une équipe de 21 chercheurs publiaient une étude très intéressante dans la revue scientifique Nature : « Solutions for a cultivated planet ». [source : nature.com/articles/Nature 10452] Cette équipe a tenté, par une analyse rigoureuse et pragmatique, de répondre à cette problématique : comment concilier population grandissante et préservation de l’environnement et du climat ? Ceci dans la perspective où nous serons 9 milliards d’habitants en 2050 ! Un plan en cinq points est proposé pour nourrir la planète sans la détruire.

Certains points de ce plan peuvent nous concerner individuellement ainsi que nos responsables politiques et économiques :

  1. Améliorer les rendements agricoles. (…) en choisissant mieux les variétés de cultures, résistantes et adaptées à l’écosystème local, en formant les agriculteurs, en adoptant une meilleure gestion et en investissant dans des équipements plus performants, la production alimentaire actuelle pourrait être augmentée de 60 %.
  2. Optimiser les apports aux cultures. (…) utilisation de l’eau, de nutriments et de produits chimiques en fonction des différents écosystèmes de la planète.
  3. Privilégier la consommation humaine directe. (…) Selon la FAO… un tiers des terres arables est consacré à l’alimentation du bétail et 60 % des céréales produites dans le monde sont consommées par les animaux.
  4. Consacrer la majorité des terres arables à la production de nourriture directe pour l’être humain (céréales, fruits et légumes, légumineuses) augmenterait la quantité de calories produites par personne de 50 % ! Ce qui implique de réduire considérablement notre consommation de viande.
  5. Réduire le gaspillage. Selon la FAO, entre 30 et 60 % de la nourriture produite par l’agriculture finit jetée, décomposée ou mangée par les parasites, quand elle n’est pas perdue lors du transport ou du stockage. L’élimination des pertes au cours des différentes étapes de la ferme à l’assiette permettrait d’augmenter d’en moyenne 50 % la nourriture disponible à la consommation, sans accroître la surface de cultures.
  6. Enrayer l’expansion des terres agricoles aux dépens des forêts, en particulier tropicales.

Cela rejoint ce que le Pape François écrivait en mai 2015, notamment : « Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder et de garantir la continuité de sa fertilité pour les générations futures ; car, en définitive, “au Seigneur la terre” (Ps 24,1), à lui appartiennent “la terre et tout ce qui s’y trouve” (Dt 10,14). » [Laudato Si, n°67]

Finalement le grand défi auquel nous sommes tous confrontés est celui de modifier nos façons de penser notre consommation. Voici un exercice pratique à faire pendant une semaine :

  • Qu’est-ce que nous avons jeté dans la poubelle grise et dans la poubelle verte ?
  • Aurions pu réduire la quantité de tels ou tels déchets ?
  • Qu’avons-nous acheté cette semaine ? était-ce utile ?
  • Avons-nous un réel souci de la sauvegarde de la planète, de notre environnement ?

Il faudrait encourager et développer certaines initiatives. Refuser d’utiliser les sacs plastiques au profit de sacs en papier ou boîtes en carton biodégradable ; refuser d’utiliser des pailles, des gobelets jetables pour boire ; privilégier les produits vendus en emballages biodégradables. On peut également mettre en œuvre des « micro fa’apu » en cultivant sur son balcon des plantes comestibles (oignons verts, persil, aromates, petites tomates, aubergines, citrons-quenettes…), en faisant du vermi-compost dans une petite caisse aérée (cela ne sent absolument rien ; on recycle toutes les épluchures de légumes, on récupère le « jus » et le compost pour les plantes)… etc… etc…

Au final, nous prenons conscience que nous n’avons pas été formés à une culture de la consommation raisonnée et au respect de l’environnement. Comme l’affirme le Pape François : « “l’homme moderne n’a pas reçu l’éducation nécessaire pour faire un bon usage de son pouvoir”, parce que l’immense progrès technologique n’a pas été accompagné d’un développement de l’être humain en responsabilité, en valeurs, en conscience ». [Laudato Si, n°105) « Un changement dans les styles de vie pourrait réussir à exercer une pression saine sur ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique et social. (…) Cela nous rappelle la responsabilité sociale des consommateurs : “Acheter est non seulement un acte économique mais toujours aussi un acte moral” (Caritas in Veritate n°66). C’est pourquoi, aujourd’hui “le thème de la dégradation environnementale met en cause les comportements de chacun de nous” ». [Laudato Si n°206]

Il n’est jamais trop tard pour mieux faire !

Dominique Soupé

Suggestion : En ce temps de vacances il serait intéressant de relire l’Encyclique Laudato Si [à voir, par exemple, sur le site du Vatican : vatican.va]

© Cathédrale de Papeete - 2018

En marge de l’actualité…

États généraux

Du jeudi 26 au samedi 28 Juillet se déroulent dans les locaux de l’ISEPP les « États Généraux des Katekita ». Qu’est-ce à dire ? Cette rencontre va regrouper près de 120 Katekita, nom donné aux laïcs engagés au service la vie de leur communauté chrétienne locale, qui ont été formés et officiellement investis par l’évêque pour servir ces communautés. Si l’on regarde du côté des statistiques, ils sont actuellement 162 répartis sur tout le diocèse : 100 pour les Iles du Vent, 10 pour les Iles sous le Vent, 48 pour les Tuamotu-Gambier et 4 pour les Australes. Si leur mission à Tahiti et Moorea est de seconder les prêtres et les diacres dans la vie de la paroisse, elle revêt dans les communautés sans prêtre résident (ISLV, Tuamotu, Gambier, Australes) une importance particulière, car ils ont mission entre autre d’animer temps de prière et offices du dimanche, d’assurer le bon fonctionnement des équipes de catéchèse enfants et adultes, de gérer les difficultés que peut rencontrer leur communauté, de veiller à l’entretien des locaux, d’accompagner les malades et les familles frappées par un deuil, tout cela en lien avec le prêtre qui a la charge canonique de leur paroisse mais n’est présent sur place que quelques jours dans l’année.

C’est à Mgr Michel COPPENRATH que revient le mérite d’avoir pris conscience, dès 1970, de l’importance d’organiser ce ministère de Katekita. Il lui était alors impossible, et c’est toujours vrai, de nommer un prêtre à demeure dans chaque île. Pour que ne disparaisse pas la semence de l’Évangile semée par les premiers missionnaires, et que les fidèles puissent se rassembler pour prier et célébrer, il fallait donc former des laïcs habitant et travaillant sur place afin qu’ils deviennent capables d’accompagner ces communautés et d’assurer leur fonctionnement jour après jour. Pour cette formation furent donc créées les premières « Écoles de Juillet ». Depuis 48 ans, ces écoles ont formé plus de 200 Katekita qui ont exercé ou exercent leur mission de façon bénévole. Ainsi prit forme cette institution des Katekita que beaucoup de diocèses nous envient et qui donne aux laïcs une place particulière dans la vie de notre Diocèse. Qu’il soit ici permis de les remercier pour leur dévouement, leur fidélité, leur esprit de service pour le bien et la croissance des communautés où ils exercent.

Mais en 48 ans, le monde bouge, la société se transforme partout, l’Église fait face à de nouvelles situations, à de nouveaux défis et cherche sans cesse comment trouver un langage renouvelé pour cette « nouvelle évangélisation » dont parlait St Jean Paul II. Tout cela a un impact et des répercussions sur la mission des Katekita. C’est pourquoi le moment semble venu de faire le point, de voir comment est vécu ce service de Katekita aujourd’hui et de réfléchir aux moyens permettant un meilleur service de l’Évangile : Katekita et vie de famille, Katekita et vie de prière, Katekita et réalités sociales, Katekita, pouvoir et service, Katekita et catéchèse, autant d’aspects qui seront débattus pendant ces trois jours de rencontre grâce à des temps d’atelier et d’assemblées.

Sans préjuger des fruits de ce temps fort de notre diocèse, réjouissons-nous déjà de l’espérance qu’il suscite chez nos Katekita. Que par la grâce et la puissance de l’Esprit Saint, soit ainsi renouvelé l’élan missionnaire qui rend notre Église vivante et capable de poursuivre sa route pour le service des hommes et des femmes de notre temps !

+ Monseigneur Jean-Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete - 2018

Histoire

Les Katekita dans l’Archidiocèse de Papeete
Bref historique

L’Archidiocèse de Papeete vient de vivre les États généraux des Katekita… une occasion de relire l’histoire de ce ministère au cœur de notre Église.

 

Extrait du compte-rendu du Conseil du Vicariat apostolique du 31 janvier 1882

 

1° Mgr Rouchouze

Mgr Rouchouze arrive aux Gambier le 9 mai 1835, il est accompagné entre autres du Père Maigret et de Mr Urbain Florit de Latour de Clamouze. L'évêque accorde tout de suite une grande importance à l'éducation religieuse.

Le P. Maigret juste avant de quitter les Gambier pour les Hawaii, fondera le collège de Rehe en 1839, on y enseignera même le latin. Ce fut à Urbain de Latour que l'on confia la formation des élèves en espérant que quelques-uns deviendraient prêtres, d'autres instituteurs ou catéchistes. De Latour mourra impotent à Mangareva en 1868. Avant Henry Mayne, un professeur d'université, le remplacera. Il était arrivé aux Gambier en 1850. À cette date la mission avait acquis la terre d'Anaotiki sur laquelle furent construits les bâtiments du collège dans leur forme définitive.

Que l'on songe au labeur qu'il fallut fournir pour apprendre à lire, à écrire, à compter, puis à étudier à des enfants d'un peuple d'une autre langue et d'une langue seulement parlée. Au-delà de 1850 tous les espoirs étaient permis mais la maladie s'empara des jeunes, comme des anciens, et tous les élèves furent décimés.

En 1864, c'est le P. Nicolas Blanc qui vint prendre la relève du collège de Rehe. En 1868, il y avait encore une quarantaine d'élèves. En 1867-68, 3 élèves furent déjà dignes d'être orientés vers la prêtrise. On les envoya à Papeete, un seul fut tonsuré puis ramené à Mangareva, P. Tryphon Mama Taira Putairi, enfant d'une famille royale.

Entre temps, le P. Nicolas Blanc estima qu'en raison de la situation économique - et de la lassitude des parents, du peu d'aide que l'on pouvait trouver sur place - il valait mieux émigrer à Tahiti. Ce fut accepté par le Vicariat Apostolique (lettre du 30-06-1870 P. Blanc). Le P. Nicolas avait déjà 6 ans d'expérience, de Latour était mort en 1868, Mayne mourra en 1877 et avec une quinzaine d'élèves il partit sur Tahiti, malgré une petite aide qu'il avait reçue en la personne du frère Quirin.

Le 24 décembre 1873 Tryphon fut ordonné prêtre dans la chapelle de l'évêché, et nommé à Faaone. Après quelques années il fut envoyé au Chili où il mourra le 27 décembre 1881.

Le P. Nicolas Blanc établit son Séminaire (petit) d'abord dans la vallée de la Mission puis à Pamatai. Il sera fermé à la suite de gros déboires le 30 mai 1874. Mgr Tepano ne renouvellera plus l'expérience.

Il faut joindre aux efforts faits par Mgr Rouchouze pour avoir des prêtres, l'envoi de 6 élèves mangaréviens et hawaïens en France. Tous moururent sauf un qui put rejoindre son île natale.

Voici ce qu'écrit Mgr Tepano Jaussen dans le manuscrit (MS 84-1) pour résumer toute l'action du Vicariat : « ... puis ce fut Florit de Latour qui forma un noyau puis Henry Mayne qui en tira un bon parti. Mais la mort est venue qui emporta presque tout... » le loup s'introduisit aussi dans la bergerie. On essaya de nouveaux sujets, mais la santé de Mayne déclinait. Le P. Nicolas le seconda puis prit en mains l'œuvre : les élèves étudiaient, travaillaient, et recevaient une part des bénéfices de leur travail ; la pauvreté de l'œuvre fut un bon administrateur.

D'où vient ce peu de succès ?

  1. pas assez de formateurs, libres de tout autre souci
  2. la maladie et la mort
  3. le découragement des familles qui préféraient finalement marier leurs enfants après les études
  4. une extrême pauvreté matérielle

Il fut très difficile à la Mission d'ajuster une formation, dans un milieu culturel encore inconnu dans ses profondeurs.

Il reste cependant que ces premières tentatives malgré les insuffisances des moyens - un système éducatif difficile à adapter rapidement à des milieux restreints et fragiles - et des épreuves de toute sorte - sont un témoignage extraordinaire de foi dans la prêtrise.

2° Mgr Verdier Joseph (1884-1922)

Mgr Verdier, successeur de Mgr Jaussen, donna suite peu à peu aux décisions du Conseil épiscopal de son prédécesseur. Le 1er février 1882 il avait été en effet décidé la création de deux écoles de katekita :

  1. l'une était maintenue à Anaa
  2. et une autre était créée à Moorea (Haapiti) [et enfin aux Gambier où l'école était toujours ouverte à la formation de cadres].

Une fois encore l'évêque fera appel au Père Nicolas Blanc pour créer à Moorea un Petit Séminaire ; mais le Père seul ne pouvait mener à bien ce projet ; en 1877, l'École Apostolique et le Petit Séminaire furent fermés, du reste Nicolas Blanc mourut en 1883.

3° Mgr Paul Mazé (1938-1968)

Une de ses premières préoccupations a été « les vocations ». Il crée un petit Séminaire à la Mission (emplacement de Pureora) en 1940 qu'il confie au P. Joseph Chesnau et c'est le P. Jean-Louis Ledoux qui le remplacera et en 1952 le Petit Séminaire se déplace à Miti-Rapa.

Quelques élèves sortis de ce Petit Séminaire iront au Séminaire de Païta transporté plus tard à Nouméa : 2 seront ordonnés dont le Père Norbert Holozet.

Le P. Lucien Law fera également ses études à Païta qui servait en quelque sorte de Grand Séminaire Régional.

4° Mgr Michel (1968-2008)

Petit Séminaire

Maintint le Petit Séminaire et le transporta à Taravao dans l'ancien Noviciat des Filles de Jésus-Sauveur (1972) afin que les séminaristes bénéficient de la proximité du Collège du Sacré-Cœur fondé pour la circonstance.

Foyer

Puis le P. Cochard (fidei donum) du diocèse d'Angers créa le « Foyer Jean XXIII » à l'Annexe II de l'évêché en 1971 qui fut ensuite transporté à Punaauia en 1979 et dont le premier directeur fut le P. Daniel Nassaney.

Grand Séminaire

Le 19 octobre 1983 le R.P. Jetté, Supérieur général des Oblats de Marie Immaculée, bénissait le Grand Séminaire de N.D des Apôtres construit sur le terrain Auffray, comme le Foyer Jean XXIII car Melle Auffray en signe de réparation disait-elle de son opposition à Mgr Paul Mazé, avait donné ce terrain au diocèse « pour les Vocations ». Son intention fut amplement exaucée...

Avant que le Grand Séminaire de N.D des Apôtres n'ouvre, les grands séminaristes après avoir fini leur temps au Foyer Jean XXIII étaient envoyés au Grand Séminaire Régional de Suva, décidé par la CEPAC en 1970, et dont Mgr Michel est ainsi un co-fondateur. Ce Grand Séminaire Régional est ouvert à tous les diocèses de la CEPAC bien que certains diocèses envoient aussi quelques-uns de leurs élèves à Bomana (PNG), à San Francisco (Guam), en d'autres coins des USA ou d'Italie (Samoa).

Grand Séminaire Régional de Suva fournit donc 3 prêtres : Gérald Mahai (25-03-1983), Joël Auméran (25-01-1985), Dominiko Rehua (9-09-1988).

Et le Grand Séminaire N.D de la Pentecôte en 1992 fournira 3 prêtres.

Le livre des lois de l'Église (D.C.) dit au canon 237 : « Dans chaque diocèse il y aura un Grand Séminaire là où c'est possible et opportun ». L'Église préfère donc à toute autre formule le Séminaire diocésain... mais le Grand Séminaire de N.D de la Pentecôte a aussi un caractère régional car on y accueille des élèves d'autres diocèses francophones.

Le Presbyterium local

Le 24 avril prochain ce sont donc 13 prêtres qui auront été ordonnés au titre du diocèse depuis le début de la Mission. Il en subsiste actuellement 11 si l'on compte les deux qui ne sont pas nés ici mais appartiennent à l'archidiocèse.

Pour la première fois, et encore plus si l'on compte les 11 diacres permanents, membres eux aussi du clergé, il y a un « clergé local ».

Comment cela a-t-il été possible et comment et par qui Dieu a-t-il fait passer ses grâces ?

  1. La continuité et l'acharnement dans la pastorale des vocations depuis Mgr Paul Mazé qui en quelque sorte a repris des efforts interrompus après 1893.
  2. Une certaine unanimité dans le peuple de Dieu se dégage peu à peu : les parents osent proposer à leurs enfants le choix exclusif de Dieu - les échecs ne sont plus perçus comme une justification pour le découragement. On prie dans les groupes de prière et en famille. Les paroisses et les écoles tentent de se mettre à l'unisson.
  3. L'œuvre des vocations est structurée : foyer-Séminaire - Foyer Jean XXIII et Grand Séminaire. Le Grand Séminaire est une force indicative et attractive... un foyer d'évangélisation.
  4. Les laïcs et les prêtres se donnent la main pour la formation : les professeurs au Grand Séminaire sont une image réduite mais de grande qualité de ce qu'est l'ensemble de notre personnel missionnaire. Même chose pour les foyers.
  5. Une imprégnation religieuse d'autant plus apparente qu'on ne craint pas de créer des noviciats, des foyers.
  6. Le dynamisme du laïcat engagé dans les ministères, les mouvements et l'impact du Renouveau dans l'Esprit.

Tous ces éléments se retrouvent en même temps : l'Église communion est plus accentuée. Les vocations sont donc plus soutenues.

« Le prêtre est toujours aimé, même si la prêtrise n'est pas encore comprise et admise dans la culture polynésienne ».

La foi, l'attachement à Dieu, à l'Église finissent par avoir raison d'une difficulté culturelle doublée d'une indifférence voire parfois d'une hostilité religieuse des milieux non catholiques.

Le peuple de Dieu se prépare-t-il maintenant à soutenir ses enfants devenus prêtres, à vivre en prêtre selon les appels de l'Évangile et la discipline de l'Église ?

© Archidiocèse de Papeete  – 2006

Hommage

À Dieu, Jean Mercier

Le journaliste Jean Mercier, responsable des informations religieuses de l’hebdomadaire « La Vie », s’est éteint jeudi à l’âge de 54 ans, après une longue lutte contre la maladie. Jean Mercier a donc succombé à la maladie contre laquelle il avait mené une courageuse lutte depuis trois ans et demi. Théologiquement formé dans le protestantisme libéral, puis passé d’une attitude méfiante vis-à-vis de l’Église catholique à une « exégèse » passionnée et bienveillante du pontificat de Benoît XVI, Jean Mercier était une personnalité de référence dans le monde de la presse chrétienne, et presque un « père spirituel » pour toute une génération de jeunes journalistes.

« Comment va l’homme au chapeau ? » C’est la question qu’aimait poser, chaque fois qu’on le croisait, l’une de nos plus éminentes éminences. L’homme au chapeau, Jean Mercier, s’en est allé le jeudi 19 juillet, soulevant une dernière fois son couvre-chef comme il le faisait toujours, avec cet humour, cette élégance et cette originalité un rien british qui lui permettait aussi bien et si bien de vaquer en chaussettes dans les couloirs de la rédaction et de porter chic sous les fresques du Vatican.

Devant son Créateur qu’il a aimé et cherché, n’en doutons pas, Jean s’avance avec une simplicité digne d’Elizabeth II, reine que dans sa fantaisie il admirait tant. Son visage érodé par trois ans et demi de lutte contre un cancer d’une éprouvante cruauté et d’une particulière sournoiserie sourit déjà, les yeux éblouis par la lumière divine. « Parlez-vous à Dieu ? », avait-il abruptement demandé au candidat Macron, venu rencontrer notre rédaction. La question, posée alors que Jean était déjà très malade, avait frappé le futur Président comme la foudre, fendant l’armure de la « com ».

Parler à Dieu. À 54 ans, le journaliste chrétien réalise à l’heure actuelle son plus beau reportage, ayant acquis son billet au prix d’un vrai chemin de croix. Pour interroger les saints, Jean parlera toutes les langues. Celles qu’il possédait déjà, l’hébreu biblique, le grec ancien, l’allemand, l’anglais, l’italien, l’espagnol… et les autres, qu’il apprendra si nécessaire. Ou peut-être a-t-il déjà intégré la chorale des anges, que l’on dit de très haut niveau ? Si Stainer, Tallis, et bien sûr Haendel sont au programme de la saison divine, pas besoin de lui faire passer une audition, il les connaît par cœur, comme il connaît les airs d’Offenbach, très appréciés au paradis. Il ne chante plus avec Chantal, son épouse, mais, n’en doutons pas, il chante désormais pour elle et pour leur fils Mehdi.

Époux épris, père aimant et dévoué, journaliste respecté et influent, mentor de nombreux jeunes confrères de la presse catholique, chef du service religion puis rédacteur en chef adjoint à La Vie, vaticaniste pointu, essayiste brillant et caustique, intellectuel polyglotte, conteur à succès, collègue généreux, exigeant et joyeux, ami fidèle, personnalité aussi forte que sensible, Jean était tout cela et tellement d'autres choses… Passé par une grande école de commerce, il en riait encore, lui, le théologien accompli. Mais après tout, c’est ainsi qu’il avait fait ses premiers pas dans le métier, modestement, en vendant à l’étranger des droits de traduction pour Bayard Presse. Il avait officiellement rejoint notre rédaction en janvier 1999, après avoir mis son talent au service de différents titres de notre entreprise, Malesherbes Publications : la revue Écritures, L’Actualité religieuse dans le monde (aujourd’hui Le Monde des religions), et bien sûr La Vie.

En quête de vérité, en quête d’unité, Jean avait cheminé du catholicisme reçu au protestantisme libéral. Puis il était retourné vers le catholicisme, l’embrassant corps et âme sans rien nier ou oublier. Il n’est pas donné à tout le monde d’être à la fois l’un des spécialistes de l’anglicanisme, un expert de toutes les écoles du protestantisme et un connaisseur si pointu des secrets du catholicisme. Mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est la rigueur intellectuelle, une rigueur sans concession même vis-à-vis de soi-même, cette rigueur qui fait les meilleurs journalistes, ceux qui osent déplaire parfois même à leurs collègues, à leurs chefs ou à leurs lecteurs. L’auteur de ces lignes, qui dut parfois tempérer ou temporiser, en sait quelque chose. Jean était à la fois engagé et entier. Mais il était aussi très humble, au point de pouvoir réécrire entièrement un texte en ravalant son amour-propre ou ses états d’âme, pour répondre à la critique. C’est ainsi qu’entré à reculons dans le pontificat de Benoît XVI, Jean a pu le comprendre mieux que beaucoup d’autres et en est resté l’un des meilleurs interprètes quand les opportunistes prirent leurs distances.

L’autre fil, c’est le sacerdoce, l’une des grandes questions de sa vie. Jean avait poursuivi jusqu’à un niveau très avancé des études pour devenir pasteur. Dès 1994, il publiait Des femmes pour le royaume de Dieu (Albin Michel), alors que l’Église anglicane venait tout juste d’accepter l’ordination féminine. Le premier, il s’était intéressé pour La Vie aux prêtres anglicans mariés, intégrés dans l’Église catholique par la volonté du cardinal Ratzinger. Son Célibat des prêtres. La discipline de l’Église doit-elle changer ? (DDB, 2014) a dérangé parfois par sa rigueur implacable, mais sa minutieuse enquête s’est imposée comme la référence sur le sujet. Le succès public viendra, amplement mérité, quand l’auteur passera de l’étude universitaire au conte philosophique et au petit bijou de drôlerie et de spiritualité, alors même que la maladie le tenaille. Depuis la parution de Monsieur le curé fait sa crise, (Quasar, 2016), Jean Mercier était considéré par beaucoup de prêtres et d’évêques en France, à Rome ou ailleurs comme celui qui les comprenait le mieux, lui qui les connaissait si bien, pour ne pas dire tous.

Jean était, on l’a compris, un grand catholique, nourri par les sacrements. C’est en chrétien qu’il a traversé la maladie qui le dépouillait, puis la fin de vie, puis la mort. Que nos prières, si nous le pouvons, l'accompagnent à la mesure des siennes qui, à coup sûr, veillent désormais sur nous, peut-être sous la forme de cantiques joyeusement chantés. Soyons certains qu'il emporte dans son cœur les lectures de son dernier jour terrestre. D'abord celle d'Isaïe : « Tes morts revivront, car ta rosée, Seigneur, est rosée de lumière. » Et plus encore l'Évangile de Matthieu, et ce passage qu'il aimait tout particulièrement : « Venez vers moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. »

Jean-Pierre DENIS – Directeur de la rédaction

© La Vie – 2018

Commentaire des lectures du dimanche

 

La première lecture et l’Évangile nous plongent dans des situations difficiles, dramatiques ou à la limite du drame : la famine à l’époque du prophète Élisée ; le rassemblement d’une foule dans un endroit isolé, sans ravitaillement possible ! Quelque chose se passe qui transforme la famine ou le risque de famine en son contraire, l’abondance de nourriture ! « On mangera, et il en restera » (1re lecture) - « Quand ils eurent mangé à leur faim (…) ils remplirent douze paniers avec les morceaux … restés en surplus … » (Évangile) Dans l’événement de la multiplication des pains de l’Évangile et la première lecture observons qu’il n’y a pas de création « ex nihilo », pas de création à partir de rien.

Dans 2 R : un homme vint de Baal-Shalisha et, prenant sur la récolte nouvelle, il apporta à Élisée, l’homme de Dieu, vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac. Dans l’Évangile, André dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons… » Il y a quelque chose… certes pauvre, faible, notoirement insuffisant, mais il y a quelque chose ! Deux personnes anonymes interviennent : un homme offrit à Elisée/un jeune garçon ayant cinq pains d’orge, permettent avec le peu qu’ils apportent de nourrir finalement beaucoup de gens ! Apporter ce que l’on a, même si c’est modeste, pauvre, pas à la hauteur des besoins, n’est pas inutile. Au contraire c’est indispensable ! Le miracle ne consiste pas en un passage du rien au tout. Mais dans le développement, la fécondité de ce qui est petit, modeste, pauvre. Le miracle suppose une collaboration de l’homme à l’œuvre de Dieu !

Nous sommes appelés à travailler avec Dieu, à vivre de cette collaboration. Et à ne pas croire que Dieu fait tout ! Tout, dans le sens qu’Il nous dispenserait de faire ce qui relève de notre capacité et responsabilité Croire que Dieu fait tout, peut favoriser l’incrédulité, et conduire à croire que Dieu ne fait rien, qu’il n’existe pas ! Il y a une disproportion entre Dieu et nous, c’est vrai, mais le reconnaître ne doit pas provoquer l’incrédulité ou le découragement.

Le découragement ou l’incrédulité nous les connaissons bien, ils nous menacent sans cesse et dans nos textes, ils sont bien présents. Entendez le serviteur d’Élisée dire : « Comment donner cela à cent personnes ? » ou André : « mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Ne nous laissons pas paralyser par l’impressionnante disproportion entre ce que nous apportons ou ce que nous pouvons faire et ce qui relève de Dieu seul ! Les hommes de foi osent faire confiance en Dieu même dans des situations où du point de vue humain il semble qu’il n’y ait plus rien à faire ! Mon acte de foi est aussi de considérer qu’il y a toujours quelque chose à faire, si modeste que cela soit ! Croire est déjà une œuvre. Élisée dit à son serviteur : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent, car ainsi parle le Seigneur : On mangera, et il en restera ». « Jésus dit à ses disciples : “Faites asseoir les gens”… Alors Jésus prit les pains et (…) il les distribua aux convives. »

Le texte de l’Évangile ajoute quelque chose de capital : « après avoir rendu grâce ». Rendre grâce, en vérité ! Avec tout son cœur et toute sa pensée ! Ce ne sont pas des mots en l’air. C’est une façon de s’engager avec Dieu, de travailler avec Lui, de donner la vie de Dieu, le don de Dieu, d’entrer dans un mouvement, une dynamique, une ouverture… Les dons que nous recevons ne seront pleinement féconds que si nous les transmettons à d’autres et suscitons ainsi l’action de grâce ! L’action de grâce qui unifie, qui simplifie, qui fait entrer en communion. Une Église vivante et féconde est une Église qui prie et agit selon le cœur de Dieu, une Église qui rend grâce et invite à l’action de grâce, qui entre dans cette dynamique de l’unité de foi et d’action. Cette unité lui seul en est capable, comme dans cette Eucharistie, il vient nourrir à la fois chacun et tous.

Notre Seigneur Jésus Christ a nourri des foules par la multiplication des pains, il a nourri à la fois chacun et l’ensemble. Paul le dit dans la deuxième lecture : « il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous. » On peut dire : Père de chacun et de tous, une paternité débordante, qui ne compte pas, qui se donne largement, qui produit la communion, qui appelle à l’action de grâce. Amen

Fr Robert Arcas, ocd

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