Pko 25.11.2018

Eglise cath papeete 1

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°58/2018

Dimanche 25 novembre 2018 – Notre Seigneur Jésus Christ, Roi de l’Univers – Année B

Journée mondiale des Pauvres – Kermesse solidaire

Mauruuru roa

 

Marche solidariteLa 1ère Kermesse solidaire organisée dans le cadre de la 2ème Journée mondiale des Pauvres a été un véritable succès grâce à vous !

Depuis plusieurs semaines, personnes en grande précarité et à la rue, animateurs d’ateliers s’activaient pour préparer, confitures (321 pots), biscuits alsaciens (91 paquets), sacs en tissu (115 sacs), boîtes customisées (174 boites), tableaux et masques en terre…

Bien que l’ouverture de la Kermesse ait été annoncée pour 10h, dès 9h, les « premiers clients » sont là. « L’affluence va grossir au fil des heures, l’excitation aussi. Accueillir, expliquer, rendre la monnaie, remercier, la joie s’installe. Certains laissent un gros billet et refusent la monnaie. Un paroissien a laissé deux gros gâteaux qui seront découpés, vendus, mangés ! »

Dès 11h30, il n’y a plus de biscuits alsaciens… le petit atelier « crêpes » compense ! La pluie qui tombe par intermittence ne nuit pas au succès… Les sourires sont sur tous les visages de nos « artisans-vendeurs » improvisés. Le soir, il n’y a plus grand chose à proposer… le peu qui reste trouveras acquéreur à la sortie de la messe du dimanche matin !

Le pari est gagné… une « Journée des Pauvres » prise en main et animées par les pauvres ! Tous sont heureux, fiers de leur réussite… prêts à remettre cela.

Pari gagné… parce qu’une vraie rencontre a eu lieu entre deux mondes qui bien souvent ne se rencontre pas, voir jamais !

Une expérience qui n’aurait pas vu le jour sans la détermination des animateurs-bénévoles des ateliers et les bénévoles venus donné un coup de main samedi et dimanche… Une journée qui n’aurait pas été ce qu’elle a été sans vous, sans votre soutien…

Un « Mauruuru roa » à chacun de vous de la part des acteurs de cette kermesse, nos frères et sœurs en grande précarité et à la rue !

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Bilan financier

Recettes

Confitures :.......................................................... 164 000 xfp ;

Biscuits alsaciens :................................................. 43 620 xfp ;

Sacs en tissu :......................................................... 54 000 xfp ;

Boîtes customisées :........................................... 102 250 xfp ;

Crêpes et gateaux :............................................... 24 000 xfp ;

Dons divers................................................................. 6 431 xfp

Total........................................................................ 394 301 xfp

Dépenses et rémunérations

Dépenses.................................................................. 22 530 xfp

Versements aux confiturier(e)s.......................... 153 340 xfp

Versements aux « acteurs » des autres ateliers 218 290 xfp

Total........................................................................ 394 160 xfp

Reste en caisse :............................................................. 141 xfp

Laissez-moi vous dire…

20 novembre : Journée mondiale des Droits de l’enfant

L’intérêt supérieur de l’enfant

Le 20 novembre est l’occasion de rappeler l’importance des « Droits de l’Enfant ». Depuis 1989 la Convention relative aux droits de l’Enfant reconnait « l’intérêt supérieur de l’enfant » faisant de celui-ci un « sujet de droit ». Cependant l’actualité nous porte à en douter…

La visite en France du prince héritier d'Abou Dhabi, régent de fait des Émirats Arabes Unis (EAU) et commandant suprême des forces armées émiraties, engagées aux côtés de Ryad dans la guerre au Yémen, a relancé l’interrogation sur les ventes d’armes réalisées par la France.

« Au Yémen, la coalition dirigée par l’Arabie saoudite a maintenu son blocus partiel des territoires sous contrôle houthi, entrainant une insécurité alimentaire aiguë pour au moins 17 millions de personnes (60 % de la population). » (Source : sipri.org(1)) « Cinq millions d’enfants sont menacés par la famine » (selon le rapport de « Save the children »)

« Depuis l'intervention en 2015 de la coalition sous commandement saoudien au Yémen, (…) le conflit a fait près de 10 000 morts et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", avec des millions de personnes au bord de la famine, selon l'ONU. En matière de commerce des armes, "les Émirats arabes unis, le Koweït, l'Arabie saoudite et l'Égypte, impliqués dans ce conflit, figurent parmi nos premiers clients. (…) une violation manifeste du Traité sur le Commerce des Armes (TCA) et de la Position commune de l'Union européenne qui interdisent les transferts vers des pays accusés de crimes de guerre ». (Source : rapport juillet 2018 d’Amnesty International, ACAT(2) et Obsarm(3))

Mme Florence Parly, Ministre des armées, interpelée par quelques députés, tient toujours le même discours que lors de son audition à la Commission de la Défense. Elle se dit « “préoccupée par la situation humanitaire catastrophique du Yemen”. (…) Nous en parlons avec nos partenaires, notamment avec l’Arabie saoudite. (…) La coalition arabe s’est engagée à abonder un plan humanitaire d’1,5 milliard de dollars au bénéfice du Yémen. Nous devons nous assurer collectivement que cette aide parvienne bien à ces destinataires. (…)

Un autre élément à prendre en considération concerne “la protection de nos intérêts directs de sécurité”, dont les 30 000 ressortissants français qui vivent dans cette zone. D’où l’importance des accords de défense passés avec Émirats arabes unis, le Qatar et le Koweït. (…)

L’un des enjeux est aussi la libre circulation maritime dans cette partie du monde, par laquelle transite une bonne partie des hydrocarbures. » (Source : assemblee-nationale.fr)

La préoccupation est on ne peut plus claire…

Alors, que faut-il faire ? Nous sommes loin… serions-nous démunis ? Non. En tant que citoyens, a fortiori chrétiens, on ne peut fermer les yeux, d’autant que notre Pays a été marqué par la mise au point d’armes de destruction massive : les armes nucléaires. Nos députés et sénateurs ont le devoir d’exiger la transparence sur le commerce des armes effectué par la France. N’hésitons pas à les interpeler directement ou par le biais de nos associations.

Dominique SOUPÉ

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1   SIPRI = STOCKHOLM INTERNATIONAL PEACE RESEARCH INSTITUTE. Le SIPRI est un institut international indépendant spécialisé dans la recherche sur les conflits, les armements, leur contrôle, et le désarmement. Fondé en 1966, il fournit données, analyses et recommandations sur la base de sources ouvertes, aux décideurs, chercheurs et médias ainsi qu’à tout public intéressé.

2   ACAT = Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture, une ONG œcuménique de défense des droits de l’homme qui a pour but de combattre partout dans le monde les peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, la torture, les exécutions capitales judiciaires ou extra-judiciaires, les disparitions, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les génocides.

3   Obsarm = Observatoire des armements créé en 1984 à Lyon, sous le nom de Centre de Documentation et de Recherche sur la Paix et les Conflits (CDRPC). Il travaille sur deux axes prioritaires : les transferts et l’industrie d’armement ; les armes nucléaires et leurs conséquences.

Les propos tenus dans la présente rubrique n’engagent que leur auteur.

© Cathédrale de Papeete - 2018

En marge de l’actualité…

Christ Roi

L’Église nous invite à célébrer ce dimanche le Christ, Roi de l’Univers. Pour comprendre ce titre, nous devons chercher d’abord ce que nous dit l’Ancien Testament sur le roi et sa mission. En Israël, le roi est le « lieutenant de Dieu sur terre », chargé de prendre soin du peuple qui lui est confié. Il reçoit son titre non par élection populaire, mais par l’onction que lui donne le prophète et qui fait de lui un Messie, du mot hébreu « Massiah », celui qui a reçu l’onction. Il est donc roi par élection divine. La mission qu’il reçoit peut se résumer en quatre points :

  • Il est intermédiaire entre Dieu et son peuple. À ce titre, il a un rôle capital dans la liturgie du temple lorsque celui-ci sera bâti. C’est le roi David qui introduit l’arche à Jérusalem. Le roi offre les sacrifices, bâtit le temple (Salomon), intercède pour le peuple et fait monter vers Dieu les prières de son peuple.
  • Il est garant de la justice qu’il exerce au nom même de Dieu, pour que chaque Israélite puisse vivre en paix et en harmonie avec ses frères. Il reçoit de Dieu sagesse et discernement. (1R 3, 9…)
  • Il a mission particulière de s’occuper du petit, du pauvre, des humbles de son peuple, de ceux qui n’ont ni pouvoir, ni richesse pour pouvoir se défendre tout seuls. Il porte une attention particulière au pauvre, à la veuve, à l’orphelin. Ps 72, 2-4.12 - 13
  • Il prend la tête de l’armée pour défendre le pays contre les dangers venant des pays voisins, il mène le combat, il est chef militaire pour combattre l’ennemi lorsque la sécurité de son peuple est en jeu (Ps 2,7-8 ; Ps 18,38-43)

Jésus Christ accomplira parfaitement ces fonctions, mais Il réalisera la royauté de façon inattendue, non à travers la puissance et la gloire, mais par l’humiliation et la mort. Pourtant Jésus réalise parfaitement les fonctions royales que Dieu avait confiées à David :

  • Il fait le lien entre Dieu et les Hommes (« Je suis le chemin…Nul ne va au Père sans passer par moi… ») ;
  • Il révèle et met en œuvre la justice de Dieu (« On vous a dit… moi je vous dis… ») ;
  • Il est proche des pauvres, des petits, des humbles, des pécheurs, des malades, des exclus ;
  • Il prend la tête du grand combat, non plus contre tel ou tel pays, mais contre Satan et le mal.

Mais il faut aller plus loin, car c’est sous le titre de roi « de l’univers » que nous célébrons le Christ, en ce dimanche qui clôture l’année liturgique. L’Église, s’écartant du sens politique lié à la monarchie, nous enseigne à travers cette fête que le monde est transformé par la mort, la résurrection et l'Ascension de Jésus-Christ, et qu’il est le commencement et la fin de toute chose. Par la puissance de sa résurrection, Jésus transformera tout l’univers : saint Paul, saint Jean le disent chacun à leur façon. La fête du Christ-Roi est donc liée au retour du Christ, elle est porteuse d'une immense espérance : le Christ est victorieux du mal, il est triomphant, il restaurera à la fin des temps, lors de sa manifestation glorieuse, toute l'œuvre de Dieu.

Cette victoire, il l’obtient par l’abaissement, l’humiliation de la passion qu’il accepte par amour de nous. Il est roi, mais un roi d’amour. Sa couronne ? Une couronne d’épines. Son sceptre ? Un roseau. L’hommage qu’il reçoit ? Les insultes et les crachats des soldats. Son trône ? Une croix et ses ministres deux larrons crucifiés à ses côtés. « Lui, qui était de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur… Il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté… » (Phil 2, 6-9)

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete – 2018

Audience générale

Les mauvais désirs, racine de tous les péchés

Le Pape François a poursuivi ce mercredi place Saint-Pierre son cycle de catéchèses sur les dix commandements. Il a abordé le dernier : « Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain ». C’est « l’achèvement du voyage à travers le Décalogue ».

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nos rencontres sur le Décalogue nous mènent aujourd’hui au dernier commandement. Nous l’avons entendu à l’ouverture. Ce ne sont pas seulement les dernières paroles du texte, mais beaucoup plus : c’est l’accomplissement du voyage à travers le Décalogue, touchant le cœur de tout ce qui, en lui, nous est remis. En effet, à bien y regarder, elles n’ajoutent pas de nouveau contenu : les indications « tu ne convoiteras pas la femme (…) rien de ce qui lui appartient » sont au moins latentes dans les commandements sur l’adultère et sur le vol ; quelle est alors la fonction de ces paroles ? Est-ce un résumé ? Est-ce quelque chose de plus ?

Gardons bien à l’esprit que tous les commandements ont pour tâche d’indiquer la limite de la vie, la limite au-delà de laquelle l’homme se détruit lui-même et détruit son prochain, gâchant sa relation avec Dieu. Si tu vas au-delà, tu te détruis, tu détruis aussi ta relation avec Dieu et ta relation avec les autres. C’est ce que signalent les commandements. Cette dernière parole met en avant le fait que toutes les transgressions naissent d’une commune racine intérieure : les désirs mauvais. Tous les péchés naissent d’un désir mauvais. Tous. C’est là que le cœur commence à pencher, et on entre dans cette vague et cela se termine par une transgression. Mais pas une transgression formelle, légale : dans une transgression qui blesse soi-même et les autres.

Dans l’Évangile, le Seigneur Jésus le dit simplement : « Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur » (Mc 7,21-23).

Nous comprenons par conséquent que tout le parcours effectué par le Décalogue n’aurait aucune utilité s’il n’arrivait pas à toucher ce niveau, le cœur de l’homme. D’où naissent toutes ces choses mauvaises ? Le Décalogue se montre lucide et profond sur cet aspect : le point d’arrivée – le dernier commandement – de ce voyage est le cœur et soi-même, si le cœur n’est pas libéré, le reste ne sert pas à grand-chose. Voilà le défi : libérer le cœur de toutes ces choses mauvaises. Les préceptes de Dieu peuvent se réduire à n’être que la belle façade d’une vie qui reste quoi qu’il en soit une existence d’esclave et non de fils. Souvent, derrière le masque pharisaïque du « comme il faut » asphyxiant, se cache quelque chose qui n’est pas bon et qui n’est pas résolu.

Nous devons au contraire nous laisser démasquer par ces commandements sur le désir, parce qu’ils nous montrent notre pauvreté pour nous conduire à une sainte humiliation. Chacun de nous peut s’interroger : mais quels mauvais désirs me viennent souvent ? L’envie, la cupidité, les cancans ? Toutes ces choses qui me viennent de l’intérieur. Chacun peut se poser cette question et cela lui fera du bien. L’homme a besoin de cette humiliation bénie, celle par laquelle il découvre qu’il ne peut pas se libérer tout seul, celle par laquelle il crie vers Dieu pour être sauvé. Saint Paul l’explique d’une manière incomparable, en se référant précisément au commandement « tu ne convoiteras pas » (cf. Rm 7,7-24).

Il est vain de penser pouvoir se corriger sans le don de l’Esprit Saint. Il est vain de penser purifier notre cœur dans un effort titanique de notre seule volonté : ce n’est pas possible. Il faut s’ouvrir à la relation avec Dieu dans la vérité et dans la liberté : c’est seulement ainsi que nos efforts peuvent porter du fruit, parce qu’il y a l’Esprit Saint qui nous pousse en avant.

La tâche de la Loi biblique n’est pas de faire croire à l’homme qu’une obéissance littérale le porte à un salut artificiel et d’ailleurs inaccessible. La tâche de la Loi est de conduire l’homme à sa vérité, c’est-à-dire à sa pauvreté, qui devient une ouverture authentique et une ouverture personnelle à la miséricorde de Dieu, qui nous transforme et nous renouvelle. Dieu est le seul capable de renouveler notre cœur, à condition que nous lui ouvrions notre cœur : c’est la seule condition ; c’est lui qui fait tout, mais nous devons lui ouvrir notre cœur.

Les dernières paroles du Décalogue éduquent chacun à se reconnaître mendiant ; elles aident à se mettre devant le désordre de notre cœur, pour cesser de vivre égoïstement et devenir pauvres d’esprit, authentique en présence du Père, se laissant racheter par le Fils et conduire par l’Esprit Saint. L’Esprit Saint est le maître qui nous guide : laissons-nous aider. Soyons des mendiants, demandons cette grâce.

« Heureux les pauvres de cœur car le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5,3). Oui, heureux ceux qui cessent de s’illusionner en croyant pouvoir se sauver de leur faiblesse sans la miséricorde de Dieu qui, seule, peut guérir. Seule la miséricorde de Dieu guérit le cœur. Heureux ceux qui reconnaissent leurs désirs mauvais et qui, d’un cœur repenti et humilié, ne se tiennent pas devant Dieu et devant les autres hommes comme des justes, mais comme des pécheurs. C’est beau, ce que dit Pierre au Seigneur : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur ». C’est une belle prière : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur ».

Ce sont ceux-là qui savent avoir de la compassion, qui savent avoir de la miséricorde envers les autres, parce qu’ils en font l’expérience pour eux-mêmes.

© Libreria Editrice Vaticana – 2018

Journée mondiale des pauvres

Tendre la main à celui qui n’a rien…

Le Pape François a présidé une messe pour les pauvres en la basilique Saint-Pierre, dimanche 18 novembre 2018, à l’occasion de la deuxième Journée mondiale des pauvres, instituée à l’issue du Jubilé de la Miséricorde en 2016. Voici son homélie.

Regardons trois actions que Jésus accomplit dans l’Évangile. 

La première. En plein jour, il laisse : il laisse la foule au moment du succès, quand il est acclamé pour avoir multiplié les pains. Et tandis que les disciples voulaient se réjouir de la gloire, il les oblige immédiatement à s’en aller et il renvoie la foule (cf. Mt 14,22-23). Recherché par les gens, il s’en va seul : lorsque tout était « en descente », il monte sur la montagne pour prier. Puis, au cœur de la nuit, il descend de la montagne et rejoint les siens en marchant sur les eaux agitées par le vent. En tout, Jésus va à contre-courant : d’abord, il laisse le succès, puis la tranquillité. Il nous enseigne le courage de laisser : laisser le succès qui enfle le cœur et la tranquillité qui endort l’âme.

Pour aller où ? Vers Dieu, en priant, et vers celui qui a besoin, en aimant. Ce sont les vrais trésors de la vie : Dieu et le prochain. Monter vers Dieu et descendre vers les frères, voilà la route indiquée par Jésus. Il nous détourne de pâturer, sans être dérangés dans les plaines faciles de la vie, de vivoter oisivement au milieu des petites satisfactions quotidiennes. Les disciples de Jésus ne sont pas faits pour la tranquillité banale d’une vie normale. Comme le Seigneur Jésus, ils vivent leur chemin, légers, prêts à laisser les gloires du moment, attentifs à ne pas s’attacher aux biens qui passent. Le chrétien sait que sa patrie est ailleurs, il sait qu’il y est déjà – comme le rappelle l’apôtre Paul dans la seconde lecture – « concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu » (cf. Ep 2,19). Il est un voyageur agile de l’existence. Nous ne vivons pas, nous, pour accumuler, notre gloire se trouve dans le fait de laisser ce qui passe pour retenir ce qui demeure. Demandons à Dieu de ressembler à l’Église décrite dans la première Lecture : toujours en mouvement, experte dans le détachement et fidèle dans le service (cf. Ac 28,11-14). Réveille-nous, Seigneur de l’oisiveté tranquille, du calme paisible de nos ports sûrs où nous sommes en sécurité. Détache-nous des amarres de l’autoréférentialité qui leste la vie, libère-nous de la recherche de nos succès. Enseigne-nous, Seigneur, à savoir laisser pour fonder la route de notre vie sur la tienne : vers Dieu et vers le prochain. 

La seconde action : en pleine nuit, Jésus encourage. Il va vers les siens, plongés dans l’obscurité, en marchant « sur la mer » (v.25). En réalité, il s’agissait d’un lac, mais la mer, avec la profondeur de ses obscurités souterraines, évoquait à cette époque les forces du mal. Jésus, en d’autres paroles, va à la rencontre des siens en piétinant les ennemis mauvais de l’homme. Voilà la signification de ce signe : ce n’est pas une manifestation célébrant la puissance, mais la révélation pour nous de la rassurante certitude que Jésus, seulement Lui, Jésus, vainc nos grands ennemis : le diable, le péché, la mort, la peur, la mondanité. À nous aussi aujourd’hui, il dit : « Confiance ! c’est moi, n’ayez plus peur » (v.27).

La barque de notre vie est souvent ballottée par les flots et secouée par les vents, et lorsque les eaux sont calmes elles recommencent vite à s’agiter. Alors nous nous en prenons aux tempêtes du moment, qui semblent nos uniques problèmes. Mais le problème n’est pas la tempête du moment, c’est la manière de naviguer dans la vie. Le secret pour bien naviguer est d’inviter Jésus à bord. Le gouvernail de la vie lui est donné, afin que ce soit Lui qui conduise la route. Lui seul en effet donne vie dans la mort et espérance dans la douleur ; Lui seul guérit le cœur par le pardon et libère de la peur par la confiance. Aujourd’hui, invitons Jésus dans la barque de notre vie. Comme les disciples, nous ferons l’expérience qu’avec Lui à bord, les vents se calment (cf. v.31) et on ne fait jamais naufrage. Avec Lui à bord, on ne fait jamais naufrage ! Et c’est seulement avec Jésus que nous devenons capables nous aussi d’encourager. Il y a un grand besoin de gens qui sachent consoler, non pas avec des paroles vides, mais bien avec des paroles de vie, avec des gestes de vie. Au nom de Jésus on donne une consolation véritable. Ce ne sont pas des encouragements formels et limités, mais c’est la présence de Jésus qui redonne des forces. Encourage-nous, Seigneur : consolés par toi, nous serons de vrais consolateurs pour les autres. 

Et troisième action de Jésus : au milieu de la tempête, il tend la main (cf. v.31). Il saisit Pierre qui, apeuré, doutait et, en s’enfonçant, criait : « Seigneur, sauve-moi ! ». Nous pouvons nous mettre à la place de Pierre : nous sommes des gens de peu de foi et nous sommes ici pour mendier le salut. Nous sommes des pauvres de vraie vie et nous avons besoin de la main tendue du Seigneur, qui nous tire hors du mal. C’est le début de la foi : se vider de l’orgueilleuse conviction de nous croire en ordre, capables, autonomes, et reconnaître que nous avons besoin de salut. La foi croît dans ce climat, un climat auquel on s’habitue en se tenant avec tous ceux qui ne se mettent pas sur un piédestal, mais qui ont besoin et demandent de l’aide. Pour cela, vivre la foi au contact de ceux qui ont besoin est important pour nous tous. Ce n’est pas une option sociologique, ce n’est pas la mode d’un pontificat, c’est une exigence théologique. C’est nous reconnaître mendiants de salut, frères et sœurs de tous, mais spécialement des pauvres, les préférés du Seigneur. Ainsi nous atteignons l’esprit de l’Évangile : « l’esprit de pauvreté et de charité – dit le Concile – est, en effet, la gloire et le témoignage de l’Église du Christ » (Const. Gaudium et spesn.88).

Jésus a entendu le cri de Pierre. Demandons la grâce d’entendre le cri de celui qui vit dans des eaux tumultueuses. Le cri des pauvres : c’est le cri étranglé des enfants qui ne peuvent naître, des petits qui souffrent de la faim, des enfants habitués au fracas des bombes au lieu des cris joyeux des jeux. C’est le cri des personnes âgées mises de côté et laissées seules. C’est le cri de celui qui se trouve à affronter les tempêtes de la vie sans une présence amie. C’est le cri de celui qui doit fuir, laissant sa maison et sa terre sans la certitude d’un but. C’est le cri de populations entières, privées même des ressources naturelles considérables dont ils disposent. C’est le cri des nombreux Lazare qui pleurent, tandis qu’une poignée de riches fait des banquets avec ce qui, en justice, revient à tous. L’injustice est la racine perverse de la pauvreté. Le cri des pauvres devient chaque jour plus fort, mais chaque jour moins écouté. Chaque jour ce cri est plus fort, mais chaque jour moins écouté, dominé par le vacarme de quelques riches, qui sont toujours moins nombreux et toujours plus riches.

Devant la dignité humaine piétinée, souvent on reste les bras croisés ou on ouvre les bras, impuissants face à la force obscure du mal. Mais le chrétien ne peut rester les bras croisés, indifférent, ou les bras ouverts, fataliste, non. Le croyant tend la main, comme fait Jésus avec lui. Auprès de Dieu le cri des pauvres trouve une écoute. Je demande : et en nous ? Avons-nous des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, des mains tendues pour aider, ou bien répétons-nous ce « reviens demain » ? « Le Christ lui-même, dans la personne des pauvres, en appelle comme à haute voix à la charité de ses disciples » (ibid.). Il nous demande de le reconnaître dans celui qui a faim et soif, qui est étranger et dépouillé de sa dignité, malade et en prison (cf. Mt 25,35-36). 

Le Seigneur tend la main : c’est un geste gratuit, ce n’est pas un dû. C’est ainsi qu’on fait. Nous ne sommes pas appelés à faire le bien seulement à celui qui nous aime. Echanger est normal, mais Jésus nous demande d’aller au-delà (cf. Mt 5,46) : de donner à celui qui ne peut pas rendre, c’est-à-dire d’aimer gratuitement  (cf. Lc 6,32-36). Regardons nos journées : parmi les nombreuses choses, faisons-nous quelque chose de gratuit, quelque chose pour celui qui n’a rien à donner en échange ? Ce sera notre main tendue, notre véritable richesse au ciel.

Tends-nous la main, Seigneur, saisis-nous. Aide-nous à aimer comme tu aimes, toi. Enseigne-nous à laisser ce qui passe, à encourager celui qui se trouve à côté de nous, à donner gratuitement à celui qui est dans le besoin. Amen.

© Libreria Editrice Vaticana - 2018

Religion

Dieu est-il mort ou ressuscité ?

En 2000, Dieu figure dans la rubrique nécrologique du magazine libéral anglo-saxon « The Economist ». En 2009, deux journalistes de cet hebdomadaire relèvent au contraire, dans un best-seller outre-Atlantique, un regain de la foi religieuse dans le monde. Les religions sont-elles en train de mourir ou de renaître ?

La thèse de la sécularisation ou du déclin des religions procède d’une vision européenne. Elle s’est développée au XIXe siècle, avec le fondateur de la sociologie moderne, Max Weber, pour théoricien, et les fameux « maîtres du soupçon », Karl Marx, Friedrich Nietzsche et Sigmund Freud.

Ce phénomène qu’ils interprétaient comme une avancée de la modernité a pourtant commencé bien avant le siècle des Lumières et la révolution industrielle. Il s’est poursuivi au XXe siècle et s’est même accéléré dans des pays de tradition chrétienne.

En Espagne et en Italie, les crucifix dans les écoles font débat. En Pologne, le magistère moral de l’Église catholique peine à contenir la libéralisation des mœurs. En France, le catholicisme jouit encore d’un grand poids dans la première partie du XXe siècle, mais sa perte d’audience s’accentue à partir des années 1970. De 87 % de la population française se déclarant catholique en 1972, on passe en une vingtaine d’années à 65 %, et le nombre des pratiquants tombe de 20 % à 4,5 %.

La séparation entre les pouvoirs civil et religieux a tendu à se renforcer durant tout le XXe siècle. Malgré la « nouvelle évangélisation » lancée par Jean-Paul II en 1978, la chute du nombre des fidèles et des séminaristes n’a pu être enrayée.

Enfin, la déconnexion entre religieux et culture s’est accrue. Ainsi, de plus en plus de parents prénomment leurs enfants sans se référer aux saints du calendrier.

Rôle politique de la religion

La sécularisation gagne toutes les régions urbanisées de la planète. Mais, en dehors de l’Europe, la modernisation ne réduit pas la religion. Bien au contraire, elle favorise sa croissance. Cette thèse, développée dans les pays anglo-saxons, s’appuie sur un constat historique : les sociétés américaines, asiatiques, africaines sont plus religieuses que les sociétés européennes.

Aux États-Unis, mais aussi au Brésil et en Corée, les constructions de « mégatemples » connaissent un essor spectaculaire. Dans tous les pays émergents, de Sao Paulo à Shanghaï, les Églises évangéliques et les sectes prolifèrent.

Autre explication de ce foisonnement religieux, l’individualisation de l’acte de croire, qui caractérise le pluralisme contemporain, tire bénéfice de la révolution technologique. La mise en réseau des religions sur Internet aide celles-ci à développer leur « marché ». Par exemple, des juifs de la diaspora peuvent envoyer leurs prières par fax au Mur des lamentations, à Jérusalem. Les religions offrent des repères stables dans un contexte de mondialisation qui a fait éclater les notions de temps et d’espace.

Liberté de croyance, selon les États-Unis

Il faut, néanmoins, nuancer. La vision « européenne » du déclin des religions s’appuie sur l’affaiblissement numérique des pratiquants et sur la perte d’influence des institutions religieuses. Elle explique la montée des fondamentalismes par un refus de la marginalisation. Ses partisans se crispent sur le comportement identitaire d’une minorité de musulmans, alors que leur majorité est sécularisée comme les autres croyants.

Pour contrer ce « retour du religieux » sont préconisées, en France notamment, une réhabilitation des valeurs républicaines et une réaction salutaire de l’État laïque. Mais, particulièrement en ce qui concerne la société française, la croyance en l’idée de nation, de république, semble également s’être estompée dans les esprits dans le dernier quart du XXe siècle.

Regain de foi

L’autre thèse, plutôt anglo-saxonne, concernant ce regain de la foi l’attribue aux besoins de sens et de relations sociales qu’éprouve l’individu moderne. En Occident, les tentatives pour promouvoir le dialogue entre les religions sont nombreuses, et le Royaume-Uni se situe au premier rang. Cependant, à l’aube du XXIe siècle, les formes de religion les plus prospères sont aussi, quelles que soient les confessions, les plus irrationnelles et les moins tolérantes. En découlent une multitude de tensions et de conflits ethno-religieux menaçant la paix dans plusieurs régions du monde.

Cette politisation de la foi indique combien sont fragiles à notre époque les instances civiles et religieuses, traditionnellement pourvoyeuses de sens et de régulation. C’est le versant le plus inquiétant de la nouvelle visibilité acquise par les religions dans l’espace public.

Michel Cool

Journaliste, ancien directeur

de l’hebdomadaire Témoignage chrétien, Paris.

© Monde diplomatique - 2010

Commentaire des lectures du dimanche

 

Pour couronner l’année liturgique, l’Église fête le mystère de la royauté du Christ. Le symbole royal occupe une place centrale dans l’histoire de la Révélation comme nous le livre l’Ancien Testament. Mais il nous faut le libérer de la charge que le passé fait peser sur ces mots : royauté, monarchie, absolutisme, pouvoir arbitraire aux mains d’un seul, etc. Il est indispensable de le situer dans son sens premier : « regere », assurer une direction, une rectitude, une règle de vie de l’être et de l’agir.

La fête du Christ Roi a été instituée relativement récemment, en 1925, par le pape Pie XI. Il s’agissait pour le pape d’affermir la foi des fidèles faces aux idéologies conquérantes de l’époque, nationale-socialiste, fasciste et communiste. Ces idéologies n’avaient pas pour but seulement de gouverner la cité terrestre dans une légitime autonomie du pouvoir politique par rapport au religieux. Elles avaient pour but de modeler un homme nouveau, de régenter toute la vie des personnes, et d’imposer par la force leur manière de voir, elles étaient totalitaires. Ces extrêmismes avaient notamment en commun de proférer la fonction totalitaire de l’État sur le citoyen. Pour les tenants de ces idéologies et leurs dirigeants, leur victoire amenait à exclure la foi chrétienne de la société. La popularité de ces idéologies à partir des années 20 mettait en péril la liberté religieuse et la foi des chrétiens. Il fallait redire une dimension essentielle de la Révélation : la foi au Christ n’est pas une vérité subordonnée au politique, ni une affaire purement privée. Cette fête a donc un caractère pédagogique. Elle vise à nous rappeler qu’il nous faut toujours nous garder des idoles c’est-à-dire des idéologies, des manières de penser, qui veulent régenter toute notre vie personnelle, et exclure la liberté religieuse de la société. La communauté politique et l’Église, tout en étant « indépendantes et autonomes, chacune dans son domaine », sont toutes les deux « au service de la vocation personnelle et sociale des personnes humaines » (Vatican II, Gaudium et spes).

Dire que le Christ est Roi, c’est affirmer que, dans son humanité glorifiée, le Christ a autorité comme Dieu non seulement sur la terre, mais sur le cosmos tout entier, sur tous ces mondes dont nous connaissons l’existence et sur tous ceux que notre science n’a pas encore découverts. Dire que le Christ est Roi, c’est proclamer aussi qu’il est le maître de l’histoire pour tous les peuples et dans tous les temps, et qu’il mène souverainement le destin de chaque homme, de chaque communauté, en faisant concourir tous les événements au bien de ceux qui l’aiment. Dire que le Christ est Roi, c’est reconnaître que l’amour du Christ lui donne autorité sur nous ; c’est reconnaître que le Christ a le droit de nous aimer comme il veut, autant qu’il veut et que notre premier devoir est d’accueillir, d’écouter. C’est aussi reprendre avec courage et bonheur, le chemin que librement nous avons choisi pour l’aimer et le suivre.

La fête du Christ Roi de l’univers en concluant l’année liturgique en donne aussi l’orientation définitive. Au cours de cette année liturgique, nous avons successivement célébré l’attente de la venue du Sauveur, sa naissance parmi nous, nous avons entendu et accueilli sa prédication, nous avons vécu sa passion et sa résurrection, et enfin nous avons reçu l’Esprit du Seigneur pour vivre de la vie même du Christ. L’ensemble de ces célébrations trouve un enracinement historique dans la vie sur terre de Jésus et les commencements de l’église. Aujourd’hui, cette solennité à un caractère particulier, car elle n’a pas d’enracinement historique dans les évangiles, nous célébrons un événement avenir à savoir l’avènement en gloire du Christ Jésus que nous proclamons après la consécration eucharistique.

À la fin des temps, le Christ viendra achever toute l’œuvre de son Père. Il viendra remettre toute la création entre les mains du Père, et Jésus sera établi Seigneur sur toute la création, et ainsi tout sera définitivement accompli. En célébrant cette fête, nous voulons signifier que notre vie à un sens qui s’inscrit dans l’histoire de l’humanité et qui concernent tous les peuples. Notre vie à un sens, c’est-à-dire qu’elle a qu’une orientation, elle s’inscrit dans un déroulement voulu, nous avons un but qui nous est désigné par Dieu lui-même. Notre vie personnelle, comme la terre, n’est pas ballottée par des forces contradictoires, produits du hasard et de la nécessité, vers un avenir indéterminé. Notre vie personnelle et la création tout entière tirent leur origine de Dieu et elles trouvent leur fin en Dieu. Notre vie à un sens car elle a un point de départ et un point d’arrivée ainsi qu’une force directrice qui sont l’œuvre de Dieu en nous.

Le Verbe s’est fait chair, il a demeuré parmi nous, partageant en tout notre condition d’homme excepté le péché ; il nous a révélé sa gloire sur la Croix, lorsqu’il nous a « aimés jusqu’à la fin » (Jn 13, 1). Exalté à la droite du Père, il règne déjà sur l’univers, même si nous sommes encore dans le temps de la patience, qui précède sa venue définitive. Tout au long de l’année, l’Église a médité sur ces saints mystères dont elle a nourri sa prière, son action de grâce, son adoration. Dans la célébration de ce jour, elle ravive son espérance en relisant quelques extraits des Écritures empreints d’une majesté toute particulière. Nous sommes invités, seuls dans notre prière personnelle, ou en Église avec toute la communauté croyante, à « regarder », comme Daniel, « au cours des visions de la nuit » de notre foi, c’est-à-dire à la lumière de la Révélation, en direction de l’Orient d’où viendra le Seigneur « comme un Fils d’homme » couvert de « gloire et de royauté » (1re lect.). Car il est fidèle le Dieu qui nous appelle, et il ne saurait faillir à sa Parole : « Voici qu’il vient parmi les nuées, et tous les hommes le verront » (2nde lect.).

À la charnière de deux années liturgiques, la fête du Christ Roi donne déjà l’orientation de la première partie de l’Avent, qui nous invite à ranimer notre espérance en la venue prochaine de Notre Seigneur Jésus-Christ. L’Église nous rappelle ainsi que toute la vie du chrétien se déroule dans cet entre-deux : nous vivons, certes, au cœur de ce monde, mais notre désir nous garde tendus vers le Royaume qui vient. C’est cet entre-deux qui donne du sens à notre vie et nous invite à accueillir Jésus comme notre maître intérieur pour qu’il mène notre vie à son accomplissement.

Fr Antoine-Marie, o.c.d.

Carmel-asso – 2015