Pko 25.02.2018

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°12/2018

Dimanche 25 février 2018 – 2ème Dimanche du temps de Carême – Année B

Lundi 19 février 2018 : Décès d’Emmanuel PORLIER

Servir sans attendre de récompense

Nous nous interrogeons parfois : « Comment vivre en chrétien dans un monde aussi dur ? »

En ce temps de Carême l’interpellation de l’Église est plus vive puisqu’il nous est demandé d’intensifier notre prière, de jeûner afin de servir davantage en pratiquant l’aumône. Les appels de nos frères et sœurs souffrants, malades ou indigents retentissent à nos portes. Comment rester sourds ?

 Manu PORLIER, qui vient de décéder brutalement dans le petit village corrézien de Peyrelevade, était de ceux qui ne se posaient pas trop de questions : « Un pauvre crie, le Seigneur entend », certes, mais Manu l’entendait aussi et agissait pour lui venir en aide. Face à une injustice, à une situation de détresse, que ce soit ici – au fenua – ou à l’autre bout du monde (Sahel, Biafra, Somalie, Soudan…) Manu rassemblait ses énergies et sollicitait ses amis, ne comptant ni son temps, ni sa peine, ni son argent. Il mobilisait sa verve, son enthousiasme hérités de ses ancêtres mais aussi de ses éducateurs : Sœurs de Cluny, Frères de Ploërmel…

Sa foi en un Christ serviteur par les mains des chrétiens explique ses engagements divers : Association de parents d’élèves, Secours Catholique, Comité Diocésain de l’Enseignement Catholique, Assemblée Territoriale, Rotary Club, Noël pour tous… Fidèle à l’Évangile, il se voulait bâtisseur d’un monde d’amour, de justice et de paix.

Certes il bousculait parfois les inerties administratives et politiques par des discours impétueux et percutants. Il ne s’embarrassait pas de langue de bois ! Il n’en demeurait pas moins respectueux des personnes et des institutions. S’il brillait par sa prestance et son verbe, il ne cherchait pas les honneurs. Il était aussi bon vivant et enjoué. Que ce soit en famille, lors d’une kermesse ou d’un dîner entre amis, il n’hésitait pas à pousser la chansonnette, à prendre guitare ou au ukulele. Il avait une belle voix.

À quelques jours de ses funérailles à Tahiti, nos pensées se tournent vers son épouse, ses enfants, sa famille éprouvée par un décès si soudain. Nous leur témoignons, ici, toute notre sympathie.

Manu a toujours voulu « servir sans compter, sans attendre d’autre récompense que celle de faire la volonté de Dieu ». Sans doute avait-il fait sienne cette prière de Saint Ignace de Loyola, reprise par les scouts ?

Dominique Soupé

Proposition à celles et ceux qui voudraient prier pour Manu PORLIER et sa famille : nous reproduisons les belles prières formulées lors de la cérémonie d’obsèques en l’église Saint-Pierre de Peyrelevade (Corrèze).

  1. Seigneur, nous te prions pour ton enfant Emmanuel que tu as rappelé à toi si soudainement ce lundi 19 Février. Accorde-lui la paix éternelle auprès de Toi, vois tout ce qu’il a cherché à faire durant sa vie pour construire un monde d’amour et de justice que ton Evangile lui a toujours inspiré. Ensemble prions.
  2. Seigneur, nous voulons te confier son épouse Marie- Paule, enfant de Peyrelevade, qui a tant besoin de ta protection, ainsi que leurs enfants : Atanua, Nathalie, Gilles et Teiki, leurs petits- enfants et arrière-petit-enfant qui tous vivent à Tahiti, pays d’origine d’Emmanuel, leur Papa U. Nous te demandons de les soutenir dans cette séparation, de les garder unis et de les aider à garder Foi en Toi et en ton Eglise. Ensemble prions
  3. Seigneur, parce qu’Emmanuel aimait ton Eglise de Polynésie et l’a servie sans compter son temps, nous te prions pour cette Eglise. Que ton Esprit guide et maintienne unis ses responsables et que nombreux soient les laïcs qui, à l’image d’Emmanuel, s’investissent pour que le message d’amour et de justice de ton Fils Jésus continue de se transmettre de génération en génération. Ensemble prions.
  4. Seigneur, nous te prions pour la Fraternité chrétienne des malades de Polynésie qu’Emmanuel a fait grandir à la suite de sa fondatrice Geneviève Dano. Aujourd’hui, Seigneur, tu vois cette centaine d’enfants, adolescents et jeunes adultes qui y sont accueillis quotidiennement. Tu continues à être bien présent au milieu d’eux et à ta source, ils se nourrissent chaque jour comme leurs familles et le personnel. Qu’il en soit toujours ainsi, Seigneur. Ensemble prions.

Enfin Seigneur, nous voulons te prier pour le Rotary international qui fut aussi une famille pour Emmanuel durant de si longues années. A cette organisation qui réunit tant de gens de bonne volonté à travers le monde il a apporté enthousiasme, ouverture et fidélité. Seigneur, dans notre monde si instable et divisé, bénis tous ceux qui veulent croire en un monde de bienveillance. Ensemble prions

© Cathédrale de Papeete - 2018

En marge de l’actualité…

« Pardonne-nous comme nous pardonnons » (2)

Que devient la miséricorde et le pardon face à la loi ? L’application stricte de la loi, lorsqu’elle débouche sur la « légitime violence », ne risque-t-elle pas de faire obstacle à la miséricorde et au pardon ? Tournons-nous vers Jésus et voyons comment il réagit dans l’épisode de la femme adultère (cf. Jn 8,2-11). Jésus est assis dans le temple, et donne son enseignement. Or voici qu’une femme est propulsée violemment devant tout le monde, juste à côté de lui. Et sans attendre que Jésus dise quelque chose, les scribes et les pharisiens l’interpellent : « Cette femme a commis l’adultère et, selon la loi de Moïse, elle doit mourir ». Que va faire Jésus ? S’il défend la femme, il reste l’ami du peuple, certes, mais se faisant, il s’oppose à la loi de Moïse, pourra être accusé de blasphème et risque la mort ; si, par contre, il donne raison aux scribes et aux pharisiens, c’en est fini de sa réputation d’ami des pauvres et des pécheurs, mais c’est la mort de la femme. Jésus sait que sur sa réponse se joue la vie ou la mort, pour lui et pour la femme.

Et là, silence total de Jésus ! Il se baisse et écrit sur le sol, en silence. Ce silence est tellement insupportable que les scribes et les pharisiens lui reposent la question. Jésus alors se relève et dit : « Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre ». Ainsi, au lieu de discuter pour savoir qui a tort ou raison, si la loi est bonne ou mauvaise, Jésus renvoie chacun à sa propre vie, à sa conscience… et à son propre péché. Alors, tous s’en vont, en commençant par les plus vieux. Jésus se met de nouveau accroupi pour écrire sur le sol, une façon de dire qu’il veut éviter d’entrer en discussion avec les scribes et les pharisiens pour savoir si la loi est bonne ou non. Il ne cherche pas à « avoir raison » contre ses opposants, il les respecte, mais les invite à réfléchir sur eux-mêmes : « puisque vous parlez de condamner une pécheresse, est-ce que vous allez vous mettre dans le camp des purs et des parfaits ? Si oui, jetez la première pierre. Si non, commencez par vous jeter sur vous-mêmes la première pierre ! » Jésus n’humilie pas ses adversaires, il ne leur fait aucun reproche, il se baise à nouveau pour ne pas voir ce qu’ils vont faire. Il leur permet de ne pas se sentir humiliés et respecte ainsi leur dignité. Puis, Jésus dit à la femme : « Moi non plus je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus ! ».

Dans ce conflit, il y a d’un côté les accusateurs et de l’autre côté la victime, et Jésus au milieu. On veut lui faire jouer le rôle du juge, c’est-à-dire celui qui dira qui a raison et qui a tort. Si Jésus avait été juge, il aurait dû humilier la femme en demandant les détails, en faisant rechercher l’amant. Il refuse aussi de prendre parti pour la femme comme le fait un avocat. Il ne prend le parti de personne, ni de la femme, ni des pharisiens. Il renvoie chaque partie à sa propre vie : il invite les pharisiens à réfléchir sur leur propre vie, il fait appel à leur conscience, et il fait aussi appel à la conscience de la femme en lui disant : « Va et ne pèche plus, je ne te condamne pas ». Il ne dit pas qu’elle est innocente, mais il lui ouvre un avenir en lui donnant la preuve de la miséricorde de Dieu. Finalement, Jésus au lieu de sauver la loi sauve la personne. (à suivre…)

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete - 2018

Méditation pour le clergé de Rome…

Attention aux tentations !

Le Pape François a rencontré le jeudi 15 février les curés de Rome dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale de Rome. Dans un échange tenu à huis clos, il a évoqué les différents âges du sacerdoce. Aux prêtres âgés d’une quarantaine ou d’une cinquantaine d’années, temps de l’épreuve, le Pape a adressé un encouragement et un avertissement. Ils sont comme un homme marié dont les émotions de jeunesses se sont fanées. C’est pourquoi un guide leur est encore plus nécessaire ainsi que la prière. D’autant que c’est aussi le temps des tentations. Sans oublier, pour certains, le temps des adieux. Il faut apprendre ainsi à s’en aller.

Question : Pour un prêtre, l’âge qui va des 40 aux 50 ans environ est décisif. Les perfectionnismes moraux tombent, on est conscient, expérimentalement, que l’on est pécheur – et c’est très bon, à cet âge-là. Beaucoup d’idéaux apostoliques sont ramenés à leur juste dimension, le soutien de la famille d’origine s’affaiblit, les parents tombent malades, souvent aussi la santé commence à donner quelques problèmes. Ce serait un temps propice pour choisir le Seigneur mais souvent nous n’avons pas les instruments pour réorienter la crise du milieu de la vie – telle qu’on l’appelle – vers une élection joyeuse et définitive. Le super-travail – parfois suicidaire – le super-travail dispersif nous a déshabitué à prendre soin de nous précisément au moment où ce serait le plus nécessaire. Père, pouvez-vous nous donner quelques indications à ce sujet ? Comment se préparer à cette étape de la vie. Quelles sont les aides indispensables ?

Eh le démon de midi ! (en français dans le texte, ndlr) Le démon de midi… Nous, en Argentine, nous l’appelons « el cuarentazo ». À quarante, entre quarante et cinquante, cela t’arrive… C’est une réalité. J’ai entendu dire que certains l’appellent « maintenant ou jamais plus ». On repense à tout et [on dit] : « ou maintenant ou jamais plus ». Il y a deux écrits que je connais – il y en a beaucoup de beaux, des Pères du désert, dans la Philocalie, vous trouverez beaucoup de choses à ce sujet – il y a un livre moderne, plus proche de nous, en particulier dans le dialogue avec la psychologie, de ce moine psychologue autrichien, Anselm Grün : « La crise du milieu de vie », il peut aider. C’est un dialogue psychologico-spirituel sur cette période. Et il y a un autre écrit que, celui-là oui, je voudrais que vous lisiez tous : « Le second appel », du père René Voillaume. Ce serait beau de l’offrir, d’une manière ou d’une autre, aux prêtres. Il fait une belle exégèse de la vocation de Pierre, la dernière, à Tibériade : le Pierre du second appel. De même que le Seigneur nous a appelés la première fois, il nous appelle continuellement, mais fortement la première fois ; puis il nous accompagne en nous appelant tous les jours, mais à un certain moment de la vie, cela devient un second appel fort. C’est le temps de nombreuses tentations ; c’est un moment où il faut une nécessaire transformation. On ne peut pas continuer sans cette nécessaire transformation, parce que si tu continues ainsi, sans mûrir, à faire un pas en avant dans cette crise, tu finiras mal. Tu finiras dans une double vie, peut-être, ou en quittant tout. Il faut cette nécessaire transformation. Il n’y a plus ces premiers sentiments : « ils sont loin, je ne les sens pas comme ceux que j’avais quand j’étais jeune, de suivre le Seigneur, l’enthousiasme… » ; ils ne sont plus là, il y a d’autres sentiments. Il y a aussi d’autres motivations, pas les mêmes. Et il arrive – parce que c’est un problème humain – il arrive comme dans le mariage : il n’y a plus le sentiment amoureux, le début de l’amour, dans l’émotion de la jeunesse… Les choses se sont calmées, c’est différent. Mais il reste, cela oui, quelque chose que nous devons chercher à l’intérieur : le goût de l’appartenance. Cela demeure. Le plaisir d’être avec un corps, de partager, de cheminer, de lutter ensemble : dans le mariage, et aussi pour nous. L’appartenance. Où en est mon appartenance à mon diocèse, à mon presbyterium ?… Cela demeure. Et nous devons être forts à ce moment pour faire un pas en avant. Comme pour les époux : ils ont perdu tout ce qui appartenait à la jeunesse mais le goût de l’appartenance conjugale, cela demeure. Et là, que fait-on ? Chercher de l’aide, tout de suite. Si tu n’as pas un homme prudent, un homme de discernement, un sage pour t’accompagner, cherche-le, parce qu’il est dangereux d’avancer tout seul, à cet âge. Beaucoup ont mal fini. Cherche tout de suite de l’aide. Et puis, avec le Seigneur : dire la vérité, que tu es un peu déçu parce que cet enthousiasme a disparu… Mais il y a la prière de don de soi : se donner au Seigneur, une manière différente de prier, le don de soi. C’est un moment rude, un moment rude, mais c’est un moment libérateur : ce qui est passé est passé ; maintenant il y a un autre âge, un autre moment de ma vie sacerdotale. Et avec mon guide spirituel, je dois avancer. Le temps qui reste, de vie, doit être mieux vécu, pour un meilleur don de soi. C’est le temps des enfants – j’aime bien le dire de cette façon – de voir grandir les enfants. Le temps d’aider la paroisse, l’Église, à grandir, c’est le temps de la croissance, des enfants. Il est temps que je commence à diminuer. Le temps de la fécondité, la vraie fécondité, non la fécondité feinte. C’est le temps de l’élagage : ils grandissent, j’aide et je reste en arrière. En aidant à grandir, mais ce sont eux qui grandissent. Et il y a de mauvaises tentations pendant cette période. Des tentations que l’on n’aurait jamais pensé avoir auparavant. Il ne faut pas en avoir honte. Mais il faut tout de suite les démasquer. Et c’est le temps des incartades : quand le prêtre commence à faire des incartades. C’est le germe de la double vie. Il faut tout de suite les prendre, y compris avec un certain sens de l’humour : « Regarde, moi qui avais cru que j’avais totalement donné ma vie au Seigneur mais regarde, à quoi je ressemble ! »  J’ai dit que c’est le temps de la fécondité. Quelle est la figure qui me vient à l’esprit ? Incartades, double vie… Mais ce qui me vient davantage à l’esprit, en la prenant dans la famille, pour décrire le prêtre qui ne parvient pas à dépasser cela, à mûrir pendant cette période, c’est la figure de « l’oncle vieux garçon ». Ils sont gentils, les oncles vieux garçons parce que – je m’en souviens – j’en avais deux, ils nous enseignaient des gros mots, ils nous donnaient des cigarettes en cachette, toujours… Mais ils n’étaient pas pères ! Ils n’étaient pas pères. C’est le temps de la fécondité : avec le sacrifice, avec l’amour, c’est une belle période, celle-ci. C’est une période… c’est le second acte de la vie. Le premier acte est celui de la jeunesse, mais il te conduit vers la fin. Ne perdez pas cette opportunité de mûrir pendant ce temps d’élagage, d’épreuves, de tentations diverses… Le temps de la fécondité. Il se peut aussi que viennent, en cette période – parce que le diable est malin – des tentations de la première jeunesse, mais elles viennent isolées. Ne pas s’en effrayer. « Mais regarde, à mon âge, Père… – Eh oui, mon fils. Avance ! ». On a honte, mais c’est propre à cette période, remercions le Seigneur qui nous donne d’avoir un peu honte. Mais ne pas en rester là ! Non, c’est une circonstance, le fil qui va de l’autre côté : l’élagage, la fécondité et le temps de conserver le bon vin, pour qu’il vieillisse bien. Et je dirais aussi que c’est le temps du premier adieu, le temps où le prêtre se rend compte qu’un jour il dira définitivement adieu. Et c’est le temps du premier adieu. Pendant cette période, on doit dire beaucoup d’« adieu » : « Au revoir, je ne te verrai plus ». Cela ne se reproduira plus, cette situation, cette façon de sentir les choses, je ne les aurai plus. Adieu à cette partie de la vie, pour en commencer une autre. Et ainsi nous apprenons à prendre congé. Il me vient à l’esprit, et cela fait rire, parce que j’ai fait un Motu proprio ces jours-ci qui commence par ces mots : « Apprendre à partir ». C’est pour ceux qui, à 75 ans, doivent donner leur démission. Mais c’est le temps pour apprendre à prendre congé, parce qu’un jour nous devrons le faire. C’est une science, une sagesse qu’il fait apprendre avec le temps, qui ne s’improvise pas.

Voilà ce que je dirais, ainsi, de manière un peu désordonnée, sur cette seconde question du « démon de midi ». Mais cherchez à lire le père Voillaume : « Le second appel » ; l’autre aussi, de Grün, est bon, mais Voillaume est un classique. C’est curieux, Voillaume est un auteur spirituel qui est devenu un classique pendant sa vie, un des rares qui était un classique, il est mort très âgé, mais c’était un classique quand il était encore en vie.

© Libreria Editrice Vaticana – 2018

Bioéthique…

Faut-il parler d’eugénisme ?

Dans l’histoire des idées, il en est une particulièrement dérangeante. Et à l’occasion d’un colloque sur le Dépistage Prénatal Non Invasif[1], une des intervenantes l’a clairement exprimé : « Comme je voudrais que ce mot, l’eugénisme, disparaisse d’un coup de baguette magique ». Pour autant, l’absence du mot ne supprimera pas les faits. L’eugénisme honni, tant ce mot renvoie aux pratiques révoltantes de la période nazie, est cependant florissant. Prenant des formes toujours nouvelles, il fait désormais son lit d’un individualisme galopant et d’une société de marché qui, à défaut de servir l’homme, a choisi de l’augmenter peut-être pour le meilleur, mais plus probablement pour le pire.

C’est Francis Galton qui, en 1883, crée le terme « eugénisme »[2] pour définir un mouvement d’idées en faveur de l’amélioration de l’espèce humaine. En arrière fond, il exploite une inquiétude sur la « qualité » de l’être humain et les risques, avérés ou non, de sa dégénérescence. Avec deux nuances, celle de l’eugénisme négatif qui cherche à éliminer les tares transmises par l’hérédité. Dans son aspect le plus simple, c’est la stérilisation des personnes. Dans sa phase la plus élaborée et la plus radicale, elle consiste en l’élimination d’une population, d’enfants ou encore de fœtus et d’embryons. L’autre forme est celle d’un eugénisme positif, qui vise au développement des caractéristiques désirables des individus. Il va conduire à des politiques visant à favoriser la reproduction de sujets d’élite. C’est le sens de la cité-jardin Ungemach au Wacken de Strasbourg, dont le projet initié au milieu des années 1930, perdurera en France jusque dans les années 1980. L’expérience montrera que les deux formes d’eugénisme sont indissociables et qu’il est impossible de valoriser une race supérieure sans restreindre le nombre de personnes « de qualité inférieure ».

Eugénisme et déterminisme génétique

Si Platon est le premier à « penser l’eugénisme », c’est Charles Darwin en 1859, qui lui donnera son impulsion moderne. Dans De l’origine des espèces, il explique que les individus porteurs de variations avantageuses survivent mieux que les autres parce qu’ils sont plus aptes aux changements. Et si la sélection naturelle[3] fonctionne par compétition, il imagine de la transposer non seulement à l’homme mais à l’économie, la formation,… pour donner aux meilleurs des chances de triompher. Ce que Darwin ignore c’est que la sélection naturelle, efficace sur un plan animal, l’est beaucoup moins appliquée aux humains.

Son cousin, Francis Galton, va donner une assise scientifique à ces thèses. Mais convaincu que l’intelligence, la qualité du travail… sont des particularités transmises par l’hérédité, il va complètement occulter les critères culturels. Pour lui, tout se résume en un déterminisme génétique qui va marquer au fer l’eugénisme. Avec Galton, l’eugénisme est une science de l’amélioration de la lignée qui ne se limite pas à des arrangements en vue d’unions judicieuses. La question d’une hiérarchie des races se pose très rapidement, et avec elle, la nécessité de donner à certaines de prévaloir sur les autres. Galton veut ainsi restaurer la sélection naturelle en empêchant les unfits, les incapables ou les moins doués de se reproduire, tout en favorisant la reproduction des intelligents, des fits. Mais la pensée d’un eugénisme négatif taraude cependant un reste de croyances qui l’empêchera d’aller au bout de ses idées. À l’aube du XXe siècle, l’orateur sait convaincre son public et ses thèses vont être reprises, enrichies et se diffuser.

Avec la redécouverte des lois de Mendel en 1900 et l’apparition de la théorie chromosomique de l’hérédité de Thomas Hunt Morgan en 1908, le mouvement eugénique va se développer rapidement en Europe et aux États Unis. La création d’Instituts scientifiques va donner à l’eugénisme ses lettres de noblesse et en faire la matière d’un enseignement dont la valeur scientifique laisse à désirer : méthodologie pauvre, préjugés, données scientifiques erronées. Les théoriciens du mouvement estiment, par exemple, que l’alcoolisme, la criminalité, la pédophilie, l’homosexualité… ont des causes héréditaires et ils pensent résoudre les problèmes sociaux par l’eugénisme. Dans cette mouvance, Charles Davenport, convaincu de la transmission héréditaire de toutes les maladies mentales, est le premier à cibler prioritairement les handicapés et les malades mentaux. Mu par un eugénisme négatif, il estime leur élimination nécessaire.

Une société des maîtres et des plus forts

Après le premier congrès international d’eugénique en 1912 à Londres et la diffusion de revues eugéniques, la discipline s’enseigne dans les universités dès la fin de la première guerre mondiale, notamment en Allemagne. À ce moment, émerge une nouvelle forme de l’eugénisme, celle du darwinisme sociétal. Elle remet en cause la dignité universelle de chaque être humain : le droit à la vie n’est pas équivalent pour tous. La rupture éthique est consommée, elle conduira à une société des maîtres et des plus forts.

En 1895, et avec nettement plus d’écho en 1929, en Allemagne, on soutient un droit à la mort, estimant que la vie de certains individus n’a de valeur que négative, qui pèsent lourdement sur la collectivité et que le personnel en charge de tâches stériles est privé d’un travail utile. L’utilitarisme caractéristique de ces thèses refuse d’accorder le terme de dignité à certaines catégories d’enfants, considérés comme des parasites.

En 1924, de l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis instaurent l’Immigration restriction act pour limiter l’entrée du pays aux populations du sud et de l’est de l’Europe considérées comme ayant une infériorité biologique. Quatre ans plus tard, 376 cours d’eugénisme sont répertoriés dans les collèges. C’est à cette époque que Margaret Sanger, eugéniste convaincue, fonde le Planned Parenthood avec les fonds du mouvement eugéniste. Elle considère qu’il faut empêcher les unfits : les pauvres, les épileptiques, les alcooliques, les criminels, les handicapés physiques ou psychiques de se reproduire. Si besoin par la force. Elle veut prévenir la naissance de personnes qui ont des défauts, ou de ceux qui pourraient devenir des fous. Dans Birth control review, elle écrit : « Le problème le plus urgent aujourd’hui est de limiter et de décourager la surfécondité des gens qui sont mentalement et physiquement défectifs ». Ces thèses conduiront notamment à la diffusion de la pilule, conçue pour réduire la démographie dans les pays sous-développés, et qui verra en Amérique son meilleur développement…

Dans l’entre-deux guerres, la médecine allemande est la première médecine du monde, exceptionnellement en avance, notamment en épidémiologie et en médecine préventive. C’est elle qui imagine l’inform consent, le consentement informé, et invente le microscope électronique. C’est dans ce milieu que les médecins ont radicalement distingué des vies à protéger, pour lesquelles aucun effort ne devait être négligé, des non-vies, des parasites mangeurs de ressources qu’il fallait éliminer. Ce sont eux qui étaient chargés de la sélection : dans leurs consultations, quand ils décelaient un handicap, une anomalie psychiatrique, un problème dans une famille, ils les dénonçaient.

Pour rétablir la pureté de la race, on passe par un eugénisme d’Etat où « l’Etat est tout et où l’individu n’est rien »[4]. Il va prendre deux formes : une immigration sélectionnée et la stérilisation forcée, particulièrement celle des femmes des classes inférieures, des malades psychiatriques, des épileptiques… Ces stérilisations ont été beaucoup pratiquées aux États-Unis. À partir de 1907, l’Indiana est le premier état à voter une loi prescrivant la stérilisation d’office d’une certaine catégorie de personnes : les idiots, les criminels, les malades psychiatriques, les violeurs, on pense que le crime est héréditaire. En 1931, 30 États ont voté ces mêmes lois. Pourtant, dès cette date, les généticiens sonnent l’alarme : « C’est idiot ça sert à rien ! ». En 1985, ces lois existaient encore dans 19 États ! Entre 1907 et 1949, 50 000 stérilisations ont été pratiquées aux États Unis, dans 33 États, la moitié sur les faibles d’esprit, un syndrome fictif et surtout fourre-tout. Des lois identiques ont été votées en Suède, en Suisse, en Finlande. Le triste record des stérilisations revient à l’Allemagne : les lois raciales votées en 1935 à Nuremberg auraient conduit à la stérilisation de 300 000 à 400 000 personnes. De 1939 à 1941, l’opération Aktion T4 a conduit à l’euthanasie de 70 000 personnes, et probablement davantage : des malades psychiatriques, des malades chroniques de longue durée, et ce malgré les réactions de généticiens qui dénonçaient les bases pseudoscientifiques à l’origine de ces égarements.

Aujourd’hui, l’eugénisme d’État a quasiment disparu, perpétué cependant sous la forme de politiques des populations. À titre d’exemple, dans les accords de Maputo qui ont été établis par l’ONU entre les pays africains, l’aide économique aux pays africains est conditionnée par l’installation du Planning familial et des programmes d’avortement. Les États-Unis ont dépensé des millions de dollars pour des campagnes contre les populations qui ont conduit à des scandales répétés comme celui au Pérou, dans les années 1997, où en 3 ans, 200 000 femmes indiennes qui ne savaient pas parler espagnol, qui ne comprenaient rien, ont été stérilisées : sous couvert de vaccinations, on leur ligaturait les trompes.

Individualisme et eugénisme mou

La nouvelle eugénique, négative ou positive, n’est plus une eugénique d’État mais une eugénique individuelle. Le séquençage du génome humain, le développement des marqueurs génétiques, les tests génétiques de dépistage et le développement des techniques d’édition du génome, toutes ces évolutions combinées ont transformé la notion d’eugénisme. Elle est passée du stade de l’« horreur du troisième Reich » au stade individuel. Mais c’est la même idée. L’eugénique négative veut éliminer les unfits, les handicapés, et on va utiliser la génétique pour déceler, dès l’utérus féminin, la menace à éliminer. C’est ce qui se passe avec le dépistage de la trisomie 21. Et quand les parents choisissent de garder l’enfant, ils sont culpabilisés, il leur est reproché de faire porter à la société le poids du handicap de leur enfant. Le dépistage ne se limite déjà plus à la trisomie 21, il est permis pour au moins trois autres maladies génétiques, parmi lesquelles les trisomies 13 et 18, et pourrait s’étendre à d’autres.

L’eugénisme positif veut, quant à lui, améliorer l’espèce humaine en passant d’une thérapie génique qui veut corriger les défauts génétiques à l’idée qu’il faut améliorer la race humaine. Amélioration des caractères et pourquoi pas de l’être humain lui-même. Il y a de la folie dans ces objectifs, la manifestation d’un hubris[5]de la science qui croit qu’en manipulant notre ADN on pourrait changer l’homme, oubliant l’épigénétique[6]qui est si importante et les marges d’ignorance énormes qui devraient imposer plus de mesure.

Dans ce contexte, comment situer le problème éthique ? À l’origine, l’eugénisme désigne celui qui n’a pas le droit de vivre. Il s’arroge le droit de qualifier l’autre. À certaines catégories de personnes, il accorde la dignité de vivre, uniquement évaluée sous le prisme de la qualité de vie, tandis que d’autres en sont privées. Or l’humanité d’une société se mesure à sa capacité à prendre soin des plus faibles, des personnes âgées, des handicapés.

L’eugénisme dur, militant, que la fin du nazisme devait enterrer, a fait place à un eugénisme mou, démocratique, servi par le trans-humanisme qui se targue d’améliorer l’homme, d’éliminer certains défauts, de s’affranchir de la souffrance, qu’elle soit réelle ou supposée. Il ne peut conduire qu’à l’affaiblissement généralisé d’une humanité devenue incapable de faire face aux risques et aux changements, privée de surcroit de ce qui fait sa richesse : les indicibles valeurs d’empathie, d’altruisme, de bonté qui empêche l’homme de devenir un monstre.

Jacques SUAUDEAU

© Généthique.org – 2018

 


[1] Pourquoi les femmes en France ont-elles plus systématiquement recours au dépistage de la T21 ? Analyse comparative.

[2] À partir de racines grecques : « Eu » : bien, et « genein » : engendré.

[3] Survivance des espèces animales ou végétales les mieux adaptées.

[4] Charles Richet : « L’individu n’est rien, l’espèce est tout ».

[5] Démesure.

[6] « Alors que la génétique correspond à l’étude des gènes, l’épigénétique s’intéresse à une "couche" d’informations complémentaires qui définit comment ces gènes vont être utilisés par une cellule… ou ne pas l’être. En d’autres termes, l’épigénétique correspond à l’étude des changements dans l’activité des gènes, n’impliquant pas de modification de la séquence d’ADN et pouvant être transmis lors des divisions cellulaires. Contrairement aux mutations qui affectent la séquence d’ADN, les modifications épigénétiques sont réversibles. Les modifications épigénétiques sont induites par l’environnement au sens large : la cellule reçoit en permanence toutes sortes de signaux l’informant sur son environnement, de manière à ce qu’elle se spécialise au cours du développement, ou ajuste son activité à la situation. Ces signaux, y compris ceux liés à nos comportements (alimentation, tabagisme, stress…), peuvent conduire à des modifications dans l’expression de nos gènes, sans affecter leur séquence ». Source INSERM : https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/epigenet...

Commentaire des lectures du dimanche

« Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jean et Jacques » (Mc 9, 2). La traduction liturgique nous prive de ce « six jours après », car inévitablement nous nous poserions la question « six jours après quoi ? ». En fait, il s’agit là d’une expression biblique. Six jours, c’est le temps requis pour se purifier avant d’approcher Dieu (Ex 24,6). Quatre expressions de l’évangile de ce jour évoquent cette approche, cette rencontre avec Dieu : « six jours », « Moïse », « la nuée » et « la montagne ». Jésus n’emmène pas avec lui tous les disciples, mais uniquement Pierre, Jean et Jacques. Il en choisit trois, comme lors de la résurrection de la fille de Jaïre (Mc 5,37), ou lors de la prière au jardin de Gethsémani (Mc 14,33). Par ce choix de quelques disciples, Jésus attire notre attention et nous prévient que quelque chose d’important va se passer.

Après les avoir choisi, Jésus monte avec eux sur la montagne. Et voilà que sous leurs yeux : « il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants » (Mc 9,3). C’est bien Jésus qu’il contemple, mais en cet instant unique transparaît dans son humanité tout l’éclat de sa divinité. La théophanie qui s’accomplit sur le mont Thabor manifeste aux yeux des disciples, ce que le Concile de Calcédoine affirmera solennellement : « Jésus est vrai Dieu et vrai Homme » ! Il est l’unique Médiateur entre Dieu et l’humanité.

« Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus » (Mc 9,4). Moïse et Élie, deux hommes célèbres dans la Première Alliance. Moïse est celui qui a fait sortir le Peuple Élu de l’esclavage d’Égypte. C’est à lui qui Dieu a donné les tables de la Loi. Il est vénéré comme l’auteur de la Torah, de la Loi que Dieu donne à son Peuple pour qu’il vive. Élie est le prophète qui « se tient devant le Dieu vivant » (cf. I R 17,1). Sur le mont Carmel, il fait sortir le Peuple Élu de l’esclavage des idoles et des faux dieux. Il est le symbole de ceux qui sont saisis par l’Esprit de Dieu et qui parlent en son nom. Moïse est mort et enterré. Élie est emporté sur un char de feu. Le Seigneur Jésus n’est-il pas le Seigneur des vivants et des morts ?

Tous deux, comme Jésus, ont vécu un jeûne de quarante jours (cf. Ex 24,18 ; I R 19,8 ; Mc 1,12). Moïse et Élie sont les deux seuls personnages de la Première Alliance qui ont vu Dieu. Moïse l’a vu de dos (cf. Ex 33,18-23) ; Élie le rencontre dans une brise légère et se couvre le visage sur le mont Horeb (cf. I R 19,12-13). À la Transfiguration, Moïse et Élie parlent avec Jésus, ils contemplent le Fils de Dieu qui unit en son humanité leurs deux figures. Matthieu nous présente Jésus comme le nouveau Moïse ; d’autres textes du Nouveau Testament le présente comme le nouvel Élie. Il unit en son être la Loi et les Prophètes, lui qui est la Parole faite chair. Jésus unit la dimension institutionnelle représentée par Moïse et la dimension charismatique symbolisée par le prophète Élie. Tous deux s’entretiennent avec Jésus de sa mission salvatrice qui allait s’accomplir à Jérusalem.

Dans la Première Alliance, le témoignage de deux personnes suffit pour qu’une chose soit attestée. Mais ici, à la Transfiguration, au témoignage de Moïse et d’Élie va s’ajouter le témoignage du Père. « De la nuée, une voix se fit entendre : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le” » (Mc 9,7). Au baptême, la voix du Père s’était déjà fait entendre, mais ici, la voix ajoute une parole : « écoutez-le ». Notre Père saint Jean de la Croix a médité sur ce passage d’évangile et il nous donne cet avis spirituel : « Le Père dit une parole, qui est son Fils, et il la dit toujours dans un éternel silence, et c’est dans le silence que l’âme l’entend. » (Parole de Lumière et d’Amour, 98) Il écrit dans un autre traité : « Puisque j’ai dit toutes choses dans ma Parole qui est mon Fils, il ne reste plus rien à te répondre ni à te révéler. » (Montée du Mont Carmel, livre II, chapitre 22, § 4).

Dans sa très belle prière à la Trinité, Élisabeth de la Trinité écrit : « O Verbe éternel, Parole de mon Dieu, je vous passer ma vie à vous écouter, je veux me faire tout enseignable afin d’apprendre tout de vous » (NI 15). Alors ce matin, frères et sœurs, interrogeons-nous : Sommes-nous de ceux et de celles qui écoute la voix de Jésus ? Avant de prendre des décisions, prenons-nous le temps de l’écouter vraiment ? Quelle place concrète tient l’écoute de la Parole de Dieu dans notre quotidien ?

« Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux » (Mc 9,8). Face au chemin qu’il doit prendre vers Jérusalem, face à sa mission, face à sa Passion, Jésus est seulLa solitude qui fait si peur à nos contemporains est pourtant une condition nécessaire de notre accomplissement humain. Quelqu’un qui ne sait pas être seul, ne saura pas non plus être en société. Car les autres seront là pour combler ses manques, pour répondre à ses besoins et à ses désirs. La solitude – qu’il ne faut pas confondre avec l’isolement – est nécessaire à l’être humain pour qu’il puisse vivre ensuite dans une véritable communion avec les autres qui évite le double écueil de la fusion et de l’indifférence.

Cet épisode évangélique de la Transfiguration est porteur d’une révélation sur l’être de Jésus, vrai Dieu et vrai homme qui vient accomplir toutes les Écritures. Mais ce texte est aussi porteur de révélation pour nous. Sur la montagne, lieu de la rencontre avec Dieu, Jésus est transfiguré. Ce qui s’accomplit pour lui, s’accomplit aussi pour nous. Lorsque nous « montons sur la montagne », lorsque prions, nous sommes – d’une certaine manière – transfigurés, car nous advenons alors à notre véritable identité ; celle que nous a conféré le baptême : fils et fille de Dieu. Et le Père nous redit : « tu es mon enfant bien-aimé ! » Trop souvent, nous nous définissons par ce que nous faisons, par nos actions diverses et variées. Lorsque nous prions, nous débrayons du faire pour “être” ; plus exactement nous nous mettons sous le regard de notre Dieu pour qu’il œuvre en nous, pour qu’il nous modèle à son image et à sa ressemblance. La prière est le lieu où advient notre véritable identité et le lieu où nous recevons nous aussi notre mission pour collaborer à la mission unique du Fils.

Que le Seigneur nous fasse la grâce, en ce temps de carême de poser notre regard sur le visage du Christ Jésus, de le contempler. Qu’il nous donne de savoir nous tenir en solitude et en silence pour pouvoir l’écouter vraiment. Alors il pourra nous envoyer près de nos frères en humanité et « par son nom dans notre regard, il se fera connaître ». Amen.

Fr. Didier-Marie de la Trinité, oc

© Carmel.asso – 2015