Pko 24.06.2018

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°33/2018

Dimanche 24 juin 2018 – Solennité de la Nativité de Saint Jean Baptiste – Année B

A Dieu Gérard !

 

« C'est à ceux que notre société rejette, les cassés, les tordus, les handicapés, les anormaux, que je dois la vie. »

Plus fort que la haine - Tim Guénard

C’est en début de semaine seulement que nous avons appris que c’était toi que l’on avait retrouvé à l’intérieur de la maison incendiée à Faaa le dimanche 10 juin.

On ne t’entendra plus crier en pleine rue : « Père, c’est moi ! » Tu ne viendras plus à l’Accueil prendre ton petit déjeuner… bien souvent un peu excité… parlant toujours d’une voix trop forte… agaçant un peu tout le monde… mais si attachant avec ton grand cœur !

Tu arrivais, tu disparaissais, tu réapparaissais… parfois sortant d’une hospitalisation, d’Hollywood ou parfois fuguant d’une énième famille d’accueil !

Te voilà parti dans des conditions tragiques… tu ne méritais pas cela… ta vie fut une longue galère… toi qui n’avais besoin que d’attention, d’amour !

Qui en est responsable… tout le monde et personne… si ce n’est un monde inadapté aux personnes comme toi ! Un monde qui au nom de la liberté ne permet plus d’être hors norme… qui n’a pas de place pour celui qui n’est pas comme moi !

En cette semaine, forte en événement pour les hommes et les femmes de la rue… je veux te demander Gérard de veiller sur nous ! Le cœur de l’homme s’endurcit… tu en fus plus qu’à ton tour la victime ! Veille sur tes frères et sœurs de la rue !

Que Dieu donne aux hommes et aux femmes de notre temps de savoir regarder avec les yeux du cœur !

À Dieu Gérard… et à bientôt !

« Le monde se guérit par des pensées d 'amour, une pensée à la fois. Mère Téresa dit qu'il n’existait pas de grandes actions, juste des petites actions accomplies avec un grand amour. Ce n'est pas l'amour que nous n'avons pas reçu dans le passé qui nous handicape, mais bien l'amour que nous ne donnons pas dans le présent ».

Un retour à l’amour Marianne Williamson

Laissez-moi vous dire…

Mardi 26 juin : Journée internationale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture

Chrétiens… Oui, nous pouvons faire reculer la torture

Adoptée le 10 décembre 1984, la Convention contre la torture compte 157 États-parties sur les 193 pays membres de l’ONU, auxquels s'ajoutent deux États observateurs. Les États-parties s’engagent par leur signature à interdire la torture sur leur territoire, à inscrire le crime de torture dans leur droit pénal et ne pas renvoyer une personne vers un État dans lequel elle pourrait être torturée.

L’interdiction de la torture et des autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants est un droit humain absolu et valable sans la moindre exception. Et pourtant… 141 pays – 3 pays sur 4 ! - pratiquent la torture ou les mauvais traitements dans le monde, selon Amnesty International. [source : amnesty.fr]

Qu’est-ce que la torture ? Selon la Convention des Nations unies, le terme « torture » désigne tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées aux fins notamment d'obtenir des renseignements ou des aveux, de punir, d'intimider ou de faire pression, ou pour toute autre raison liée à la discrimination. Ces douleurs et ces souffrances doivent par ailleurs être infligées par un agent de la fonction publique ou par toute autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite.

La torture est toujours interdite car elle détruit mentalement et physiquement les personnes. En outre, la torture ne permet pas d’obtenir la vérité. En général, les personnes torturées disent n’importe quoi pour faire cesser la douleur. Les déclarations et les aveux obtenus sous la torture ne peuvent donc pas constituer une base fiable pour enquêter sur les crimes et prévenir des dangers.

Et pourtant… la torture et les mauvais traitements continuent à être pratiqués, et certains États les ont légitimés et justifiés au nom de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme. Pour ne citer qu’un exemple : les États-Unis, en utilisant la « simulation de la noyade » comme méthode de torture, ont largement contribué à légitimer torture et mauvais traitements.

Une ONG contre la Torture et la peine de mort qui affiche ses convictions chrétiennes a été créée le 16 juin 1974 par deux protestantes à la suite de l’appel d’un pasteur revenu du Vietnam et décrivant les tortures qu’on y pratiquait, y compris sur des enfants. Son appel était : « Pendant combien de temps laisserons-nous défigurer le visage du Christ ? » Cette association est l’ACAT, Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture. Selon les fondatrices il est du devoir des chrétiens, plus encore que les autres, de lutter contre le scandale de la torture. Ainsi, est née la vocation œcuménique de l’ACAT.

L’ACAT, par le biais de la FIACAT (Fédération Internationale des ACAT) créée en 1987, obtient le statut d’observateur auprès du Conseil de l’Europe et de la Commission des Droits de l’Homme des Nations-Unies. Elle a pour but de combattre partout dans le monde les peines ou traitements portant atteinte à la dignité de l’être humain ou à son intégrité physique ou mentale. Elle assiste juridiquement les victimes de ces crimes, et concourt à leur protection. Ces actions s’effectuent pour toute victime, sans distinction de religion, d’origine ou d’opinion politique ou philosophique

ACA- France compte 39 000 adhérents actifs. À l’occasion de la Journée internationale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture, les chrétiens sont appelés par l’ACAT, en partenariat avec les journaux La Croix et Réforme, à veiller lors d’évènements organisés près de chez eux : nuits de prière, veillées autour d’un feu, célébrations œcuméniques, concerts, processions, marches aux lanternes. Plusieurs diocèses participent activement à ces veillées. L’appel est clair : « Ce n'est pas de votre faute si la torture existe, mais si elle recule, c'est grâce à vous ! » [source : acatfrance.fr]

Dominique SOUPÉ

Question : le refus d’accueillir des migrants ou leur regroupement dans des camps « immondes » ou leur renvoi dans leur pays d’origine ou la séparation des enfants de leurs parents migrants : ne seraient-ils pas des formes de « mauvais traitements » ?

© Cathédrale de Papeete - 2018

En marge de l’actualité…

Fête des pères

Dimanche dernier, les papas étaient à l’honneur à l’occasion de la fête des pères. « Petit Papa, c’est aujourd’hui ta fête… » nous dit la chanson reprise autrefois par les enfants. Mais une fois passé ce jour, il faut bien admettre que l’image du père dans la vie quotidienne se trouve souvent malmenée par des difficultés. Dans la réalité, l’image du père est menacée sur plusieurs aspects :

  • Constat de la défaillance de la fonction paternelle, liée à l’affaiblissement de la structure familiale. Aujourd’hui, de plus en plus d’enfants grandissent sans père.
  • Constat de la contestation de l’autorité paternelle.
  • Constat d’une dégradation de l’image du père lorsque celui-ci se révèle indigne dans son comportement vis-à-vis de ses enfants (violence, alcool, inceste…).
  • Apparition de modes de filiation grâce à la science et aux manipulations génétiques où l’image du père « géniteur » est mise à mal.

Lorsque nous évoquons « Dieu notre Père », il convient d’être conscient des problèmes de compréhension que cela peut engendrer :

  • Nommer Dieu « père tout puissant » peut laisser penser qu’il s’agit d’un dictateur aux décisions arbitraires et sans appel, d’un gendarme prêt à punir ceux qui ne lui obéissent pas !
  • Nommer Dieu « créateur » fait surgir tout le problème de la création telle que la science peut nous le présenter aujourd’hui et provoquer ainsi un conflit entre foi et science.
  • Nommer Dieu « père » enferme celui-ci dans une masculinité que certains jugent préjudiciable à la dignité qu’il convient d’accorder à l’Homme et à la Femme. Dieu n’est-il pas Père et Mère ?

Rappelons quelques éléments permettant de préciser ce qui fait d’un homme un père : un père n’existe que parce qu’il a un enfant. Et c’est le jour où l’enfant l’appelle « papa » que cet homme devient véritablement père ! Il est celui qui, avec la mère, transmet la vie. Mais il transmet plus que la vie, il transmet l’amour ! Il ne suffit pas de donner sa semence pour être père. Il faut être prêt à tout donner à son enfant : la vie, l’amour, le nom, la confiance, l’éducation aux valeurs humaines et spirituelles, la croissance, la protection, en un mot, tout ce dont un enfant a besoin pour grandir. Il transmet sa Foi lorsqu’il est croyant. Le père est le modèle que l’enfant a sous les yeux, il est celui qui sauve son enfant lorsque celui-ci est menacé et n’a pas la force de faire face tout seul ! Le père est celui qui relève son enfant lorsqu’il est tombé, qui l’aide et l’accompagne pour lui apprendre à voler un jour de ses propres ailes et à vivre sa vie d’adulte…

Voilà un carnet de route bien exigeant pour celui qui veut être père, mais l’amour est exigeant lorsqu’il est don. Alors, que notre Père du ciel donne à tous les pères de la terre d’être ou devenir des pères selon son cœur !

+ Monseigneur Jean-Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete - 2018

Audience générale…

La loi de Dieu ne doit pas oppresser mais libérer

Le Pape François a poursuivi ce mercredi matin sa série d’enseignements sur les commandements de Dieu, en invitant à comprendre ce qu’ils impliquent dans la relation entre les hommes et leur Créateur.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Cette audience se déroule à deux endroits : ici, sur la place, et dans la salle Paul VI, il y a plus de 200 malades qui suivent l’audience sur grand écran. Ensemble, nous formons une communauté. Saluons ceux qui sont dans la Salle par des applaudissements.

Mercredi dernier nous avons commencé un nouveau cycle de catéchèse, sur les commandements. Nous avons vu que le Seigneur Jésus n’est pas venu abolir la Loi mais l’accomplir. Mais nous devons mieux comprendre cette perspective.

Dans la Bible, les commandements ne vivent pas pour eux-mêmes, mais ils font partie d’un rapport, d’une relation. Le Seigneur Jésus n’est pas venu pour abolir la Loi, mais pour l’accomplir. Et il y a cette relation de l’Alliance1 entre Dieu et son peuple. Au début du chapitre 20 du livre de l’Exode, nous lisons – et ceci est important – « Dieu prononça tous ces paroles » (v. 1).

Cela semble être une ouverture comme les autres, mais rien n’est banal dans la Bible. Le texte ne dit pas : « Dieu a prononcé ces commandements », mais « ces paroles ». La tradition juive appellera toujours le décalogue « les dix paroles ». Et le terme « décalogue » signifie précisément cela2. Cependant, ils ont la forme de lois, objectivement ce sont des commandements. Pourquoi, alors, l’auteur sacré utilise-t-il le terme « dix paroles » ici ? Pourquoi ? Et ne dit-il pas « dix commandements » ?

Quelle est la différence entre un ordre et une parole ? L’ordre c’est une communication qui ne nécessite pas de dialogue. La parole, au contraire, c’est le moyen essentiel de la relation en tant que dialogue. Dieu le Père crée par sa parole, et son Fils est la Parole faite chair. L’amour se nourrit de paroles, de même que l’éducation ou la collaboration. Deux personnes qui ne s’aiment pas n’arrivent pas à communiquer. Quand quelqu’un parle à notre cœur, notre solitude finit. Il reçoit une parole, la communication est donnée, et les commandements sont des paroles de Dieu : Dieu se communique dans ces dix Paroles et il attend notre réponse.

C’est une chose que de recevoir un ordre, une autre de percevoir que quelqu’un cherche à parler avec nous. Un dialogue c’est beaucoup plus que la communication d’une vérité. Je peux vous dire : « Aujourd’hui c’est le dernier jour du printemps, un printemps chaud, mais aujourd’hui c’est le dernier jour ». C’est une vérité, ce n’est pas un dialogue. Mais si je vous dis : « Que pensez-vous de ce printemps ? », je commence un dialogue. Les commandements sont un dialogue. La communication se réalise pour le plaisir de parler et pour le bien concret qui se communique entre ceux qui s’aiment grâce à des paroles. C’est un bien qui ne consiste pas dans des choses, mais dans les personnes mêmes qui se donnent réciproquement dans le dialogue (Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 142).

Mais cette différence n’est pas quelque chose d’artificiel. Regardons ce qui s’est passé au début. Le tentateur, le diable, veut tromper l’homme et la femme sur ce point : il veut les convaincre que Dieu leur a interdit de manger de l’arbre du bien et du mal à les garder soumis. Le défi est le précisément suivant : la première règle que Dieu a donnée à l’homme est l’imposition d’un despote qui interdit et contraint, ou est-ce la sollicitude d’un père qui prend soin de ses enfants et les protège de l’autodestruction ? Est-ce une parole ou est-ce un ordre ? Le plus tragique, parmi les différents mensonges que le serpent dit à Eve, c’est la suggestion d’une divinité jalouse – « Mais non, Dieu est jaloux de vous » – d’une divinité, et possessive-  « Dieu ne veut pas que vous ayez la liberté ». Les faits démontrent de façon dramatique que le serpent a menti (Gn 2, 16-17, 3.4-5) : il a fait croire qu’une parole d’amour était un ordre.

L’homme se trouve face à ce carrefour : Dieu m’impose-t-il les choses ou prend-il soin de moi ? Ses commandements sont-ils simplement une loi ou contiennent-ils une parole pour prendre soin de moi ? Dieu est-il maître ou père ? Dieu est Père : n’oubliez jamais cela. Même dans les pires situations, pensez que nous avons un Père qui nous aime tous. Sommes-nous des sujets ou des enfants ? Ce combat, à l’intérieur et à l’extérieur de nous, se produit continuellement : mille fois nous devons choisir entre une mentalité d’esclaves et une mentalité d’enfants. Le commandement vient du maître, la parole vient du Père.

L’Esprit Saint est un Esprit d’enfants, il est l’Esprit de Jésus. Un esprit d’esclaves ne peut qu’accueillir la loi oppressive, et peut produire deux résultats opposés : soit une vie faite de devoirs et d’obligations, ou une réaction violente de refus. Tout le christianisme c’est le passage de la lettre de la Loi à l’Esprit qui donne la vie (2 Co 3, 5-17). Jésus est la Parole du Père, ce n’est pas la condamnation du Père. Jésus est venu sauver, par sa Parole, pas pour nous condamner.

On le voit, si un homme ou une femme a vécu ce passage ou pas. Les gens se rendent compte si un chrétien raisonne en fils ou en esclave. Et nous-mêmes, nous nous souvenons si nos éducateurs ont pris soin de nous comme des pères et des mères, ou s’ils n’ont fait que nous imposer des règles. Les commandements sont le chemin de la liberté, parce qu’ils sont la parole du Père qui nous rend libres sur ce chemin.

Le monde n’a pas besoin de légalisme, mais de sollicitude. Il a besoin de chrétiens qui ont un cœur d’enfants3. Il a besoin de chrétiens un cœur de fils : ne l’oubliez pas.

***

  1. Le ch. 20 du livre de l’Exode est précédé par l’offre de l’Alliance au ch. 19, dans lequel il y a cette déclaration centrale : « Maintenant, si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, vous serez pour moi une propriété particulière parmi tous les peuples; en effet la terre entière est mienne! Tu seras pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte » (Ex 19,5-6). Cette terminologie trouve une synthèse emblématique en Lv 26,12 : « Je marcherai au milieu de vous, je serai votre Dieu et vous serez mon peuple » et cela arrivera jusqu’au nom du Messie annoncé, dans Isaïe 7,14, à savoir Emmanuel, qui se retrouve dans l’évangile de Matthieu : « Voici que la vierge concevra et enfantera un fils : il lui sera donné le nom d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous » (Mt 1,23). Tout cela indique la nature essentiellement relationnelle de la foi juive et, au plus haut degré, de la foi chrétienne.
  2. Cf. aussi Exode 34, 28b : « Il écrivit sur les tables les paroles de l’alliance, les dix paroles. ».
  3. Cf. Jean Paul II, Lett. Veritatis splendor, 12 : « Le don du Décalogue est une promesse et le signe de la Nouvelle Alliance, quand la loi sera écrite de nouveau et définitivement dans le cœur de l’homme (cf. Jr 31, 31-34), en se substituant à la loi du péché, que ce cœur avait défiguré (cf. Jr 17: 1). Alors un “nouveau cœur” sera donné parce qu’un “esprit nouveau”, l’Esprit de Dieu y habitera (Ez36, 24-28) ».

© Libreria Editrice Vaticana – 2018

Toujours actuel

Solidarité

Une réflexion de Robert SCHUMAN, alsacien et père de l’Europe au sujet de la Solidarité, toujours actuelle… à lire et à relire surtout par nos élus !

Le Français sait lancer de grandes idées, parfois des idées révolutionnaires ; mais il n'aime pas rompre avec ses habitudes. Celles-ci sont, pour lui, comme une garantie de la liberté et de l'indépendance. Il aime à dire : « Charbonnier est maître chez soi. » Ce dicton était valable tant qu'il y avait dans nos forêts des charbonniers. Mais l'ère de ces honorables spécialistes est dépassée, irrévocablement révolue. Être jaloux de son indépendance est naturel et légitime. Mais on n'est réellement indépendant que dans la mesure où l'on n'a pas besoin d'autrui, et si, comprise dans ce sens, l'indépendance devient une cause de faiblesse, notre propre intérêt veut que nous nous résignions à l'abandonner. Le « splendide isolement » est devenu une erreur, une prétention insoutenable (...).

La loi de la solidarité des peuples s'impose à la conscience contemporaine. Nous nous sentons solidaires-les uns des autres dans la préservation de la paix, dans la défense contre l'agression, dans la lutte contre la misère, dans le respect des traités, dans la ·sauvegarde de la justice et de la dignité humaine. Nous avons acquis la conviction, par la démonstration des faits, que les nations, loin de pouvoir se suffire à elles­mêmes, sont solidaires les unes des autres ; que la meilleure manière de servir son propre pays est de lui assurer le concours des autres par la réciprocité des efforts et par la mise en commun des ressources.

Les continents et les peuples dépendent plus que Jamais les uns des autres, tant pour la production des biens que pour leur débit, tant pour l'échange des résultats de la recherche scientifique que pour celui de main-d'œuvre indispensable et des moyens de production. L'économie politique devient inévitablement une économie mondiale. Cette interdépendance a pour conséquence que le sort heureux ou malheureux d'un peuple ne peut laisser les autres indifférents. Pour un Européen qui réfléchit, il n'est plus possible de se réjouir avec une malice machiavélique de l'infortune du voisin ; tous sont unis pour le meilleur et pour le pire dans une com­mune destinée.

Robert Schuman

[dans « Pour l'Europe ». 1963 Edition NAGEL]

© Ami-hebdo – 2018

Œcuménisme

L’Œcuménisme permet de marcher sous la conduite de l’Esprit Saint

Pour cette première étape de sa visite à Genève, vécue dans une ambiance à la fois joyeuse et recueillie, mêlant les mélodies des différentes traditions ecclésiales, de l’Afrique à l’Orient, en passant par l’hymne du Jubilé de la Miséricorde, le Pape a délivré une homélie basée sur les paroles de saint Paul dans sa Lettre aux Galates, dans laquelle l’apôtre invite à «marcher sous la conduite de l’Esprit Saint».

Chers frères et sœurs,

Nous avons écouté la parole de l’Apôtre Paul aux Galates, qui traversaient des difficultés et des luttes internes. Il y avait en effet des groupes qui s’affrontaient et s’accusaient mutuellement. C’est dans ce contexte que l’Apôtre, par deux fois en peu de versets, invite à marcher « sous la conduite de l’Esprit Saint » (Ga 5, 16.25).

Marcher. L’homme est un être en chemin. Toute sa vie durant, il est appelé à se mettre en route, pour une sortie continue à partir de là où il se trouve : du moment où il sort du sein maternel jusqu’au moment où il passe d’un âge de la vie à un autre ; du moment où il laisse la maison de ses parents jusqu’au moment où il sort de cette existence terrestre. Le chemin est une métaphore qui révèle le sens de la vie humaine, d’une vie qui ne se suffit pas à elle-même, mais qui est toujours à la recherche de quelque chose de plus. Le cœur nous invite à marcher, à atteindre un but.

Mais marcher est une discipline, un effort ; il faut de la patience quotidienne et un entraînement constant. Il faut renoncer à beaucoup de chemins pour choisir celui qui conduit au but et vivifier la mémoire pour ne pas la perdre. But et mémoire. Marcher demande l’humilité de retourner sur ses propres pas, quand c’est nécessaire, et le souci des compagnons de voyage, car ce n’est qu’ensemble qu’on marche bien. Marcher, en somme, exige une conversion de soi continue. C’est pourquoi beaucoup y renoncent, en préférant la quiétude de la maison, où ils s’occupent commodément de leurs propres affaires sans s’exposer aux risques du voyage. Mais ainsi, on s’accroche à des sécurités éphémères, qui ne donnent pas cette paix et cette joie auxquelles le cœur aspire, et qui ne se trouvent qu’en sortant de soi-même.

Dieu nous appelle à cela, depuis les débuts. Déjà, à Abraham il a été demandé de quitter sa terre, de se mettre en chemin, armé seulement de la confiance en Dieu (cf. Gn 12,1). C’est ainsi que Moïse, Pierre et Paul, et tous les amis du Seigneur, ont vécu en cheminant. Mais surtout Jésus nous en a donné l’exemple. Pour nous, il est sorti de sa condition divine (cf. Ph 2,6-7) et il est descendu parmi nous pour marcher, lui qui est le Chemin (cf. Jn 14,6). Lui, le Seigneur et le Maître, s’est fait pèlerin et hôte au milieu de nous. Retourné au Père, il nous a fait don de son Esprit même, de manière que nous ayons la force de marcher dans sa direction, d’accomplir ce que Paul demande : marcher selon l’Esprit.

Selon l’Esprit : si chaque homme est un être en chemin, et qu’en se repliant sur lui-même il renie sa vocation, à plus forte raison le chrétien. En effet, souligne Paul, la vie chrétienne porte en soi une alternative inconciliable : d’une part marcher selon l’Esprit, en suivant le chemin inauguré par le Baptême ; d’autre part « satisfaire les convoitises de la chair » (Ga 5,16). Que veut dire cette expression ? Elle signifie essayer de se réaliser en suivant la voie de la possession, la logique de l’égoïsme, selon lesquelles l’homme cherche à accaparer ici et maintenant tout ce qui lui plaît. Il ne se laisse pas accompagner docilement là où Dieu indique, mais poursuit sa propre route. Nous avons sous les yeux les conséquences de ce parcours tragique : vorace des choses, l’homme perd de vue ses compagnons de voyage ; alors sur les routes du monde règne une grande indifférence. Poussé par ses propres instincts, il devient esclave d’un consumérisme effréné : alors la voix de Dieu est étouffée; alors les autres, surtout ceux qui sont incapables de marcher sur leurs jambes, comme les enfants et les personnes âgées, deviennent des déchets dérangeants; alors la création n’a plus d’autre sens que de servir à la production en fonction des besoins.

Chers frères et sœurs, aujourd’hui plus que jamais ces paroles de l’Apôtre Paul nous interpellent : marcher selon l’Esprit, c’est rejeter la mondanité. C’est choisir la logique du service et progresser dans le pardon. C’est s’inscrire dans l’histoire au pas de Dieu : non au pas tonitruant de la prévarication, mais au pas cadencé d’un seul précepte: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (v.14). La voie de l’Esprit est en effet marquée par des jalons dont Paul dresse la liste : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (vv. 22-23).

Nous sommes appelés, ensemble, à marcher ainsi : la route passe par une conversion continue, par le renouvellement de notre mentalité afin qu’elle soit conforme à celle de l’Esprit Saint. Au cours de l’histoire, les divisions entre chrétiens sont souvent advenues parce qu’à la racine, dans la vie des communautés, s’est infiltrée une mentalité mondaine : on défendait d’abord ses intérêts propres, puis ceux de Jésus Christ. Dans ces situations, l’ennemi de Dieu et de l’homme a eu la tâche facile en nous séparant, car la direction que nous suivions était celle de la chair, non celle de l’Esprit. Même certaines tentatives du passé pour mettre fin à ces divisions ont misérablement échoué, parce qu’elles étaient principalement inspirées par des logiques mondaines. Mais le mouvement œcuménique, auquel le Conseil Œcuménique a tant contribué, a surgi par la grâce de l’Esprit Saint (cf. Conc. Oecum. Vat. II, Unitatis redintegratio, n.1). L’œcuménisme nous a mis en route selon la volonté de Jésus et pourra progresser à condition qu’en marchant sous la conduite de l’Esprit, il rejette tout repli autoréférentiel.

Mais – pourrait-on rétorquer – marcher de cette manière, c’est travailler en vain, car on ne défend pas, comme il se doit, les intérêts des communautés respectives, souvent solidement liées à des appartenances ethniques ou à des orientations affermies, qu’elles soient principalement ‘‘conservatrices’’ ou « progressistes ». Oui, choisir d’appartenir à Jésus avant d’appartenir à Apollos ou à Pierre (cf. 1 Co 1,12), d’appartenir au Christ avant d’être « Juifs ou Grecs » (cf. Ga 3,28), d’appartenir au Seigneur avant d’être de droite ou de gauche, choisir au nom de l’Évangile le frère au lieu de soi-même signifie souvent, aux yeux du monde, travailler en pure perte. N’ayons pas peur de travailler en pure perte ! L’œcuménisme est « une grande entreprise en pure perte ». Mais il s’agit d’une perte évangélique, selon la voie tracée par Jésus : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera » (Lc 9,24). Sauver ce qui nous est propre, c’est marcher selon la chair ; se perdre en suivant Jésus, c’est marcher selon l’Esprit. Ce n’est qu’ainsi qu’on porte du fruit dans la vigne du Seigneur. Comme Jésus l’enseigne lui-même, ce ne sont pas ceux qui accaparent qui portent du fruit dans la vigne du Seigneur, mais ceux qui, en servant, suivent la logique de Dieu qui continue de donner et de se donner (cf. Mt 21,33-42). C’est la logique de la Pâque, l’unique qui porte du fruit.

En regardant notre cheminement, nous pouvons nous retrouver dans quelques situations des communautés des Galates d’alors : comme il est difficile de calmer les animosités et de cultiver la communion, comme il est difficile de sortir des contrastes et des refus réciproques alimentés par des siècles ! Il est encore plus difficile de résister à la tentation trompeuse : être ensemble avec les autres, marcher ensemble, mais avec l’intention de satisfaire quelque intérêt partisan. Ce n’est pas la logique de l’Apôtre, c’est celle de Judas, qui marchait avec Jésus mais pour ses propres affaires. La réponse à nos pas vacillants est toujours la même : marcher selon l’Esprit, en purifiant le cœur du mal, en choisissant avec une sainte obstination la voie de l’Évangile et en refusant les faux-fuyants du monde.

Après tant d’années d’engagement œcuménique, à l’occasion de ce soixante-dixième anniversaire du Conseil, demandons à l’Esprit de revigorer notre pas. Trop facilement, il s’arrête devant les divergences qui persistent ; trop souvent, il est bloqué au départ, miné par le pessimisme. Que les distances ne soient pas des excuses ! Il est déjà possible de marcher dès maintenant selon l’Esprit : prier, évangéliser, servir ensemble, c’est possible et cela plaît à Dieu! Marcher ensemble, prier ensemble, travailler ensemble : voilà notre route principale d’aujourd’hui !

Cette route a un but précis : l’unité. Le chemin opposé, celui de la division, conduit à des guerres et à des destructions. Il suffit de lire l’histoire. Le Seigneur nous demande d’emprunter continuellement la voie de la communion, qui conduit à la paix. La division, en effet, « s’oppose ouvertement à la volonté du Christ. Elle est pour le monde un objet de scandale et elle fait obstacle à la plus sainte des causes : la prédication de l’Évangile à toute créature » (Unitatis redintegratio, n.1). Le Seigneur nous demande l’unité, le monde, marqué par trop de divisions qui affectent surtout les plus faibles, implore l’unité.

Chers frères et sœurs, j’ai voulu venir ici en pèlerin à la recherche de l’unité et de la paix. Je remercie Dieu, parce qu’ici je vous ai trouvés, vous, frères et sœurs déjà en chemin. Marcher ensemble pour nous chrétiens n’est pas une stratégie pour faire davantage valoir notre poids, mais c’est un acte d’obéissance envers le Seigneur et d’amour envers le monde. Obéissance à Dieu et amour pour le monde, le véritable amour qui sauve. Demandons au Père de marcher ensemble avec plus de vigueur sur les routes de l’Esprit. Que la Croix oriente notre chemin, parce que là, en Jésus, ont déjà été abattus les murs de séparation et toute inimitié a été vaincue (cf. Ep 2,14) : là, nous comprenons que, malgré toutes nos faiblesses, rien ne nous séparera jamais de son amour (cf. Rm 8,35-39).Merci.

© Libreria Editrice Vaticana – 2018

Commentaire des lectures du dimanche

 

En cette fête de la nativité de Jean-Baptiste, nous sommes invités à nous mettre à son école. Naturellement, il ne s’agit pas d’imiter sa vie ; nous sommes à une autre époque ! Il s’agit bien plutôt d’imiter sa manière d’annoncer le Seigneur.

Mais commençons par le début. Dans le ventre d’Élisabeth, il a fait une première expérience du Seigneur. Lorsque Marie, enceinte de huit jours, vient aider sa cousine, c’est bien plutôt la rencontre entre Jésus et Jean dans le ventre de leurs mères. Jésus confirme le choix du Père : Jean sera le plus grand des prophètes. Isaïe fait un portrait du prophète qui annonce Jean. « J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé. » L’élection divine nous dépasse ; elle est gratuite. Le Seigneur lui met sa parole dans sa bouche ; cette parole est une épée tranchante, une flèche. La parole du prophète est là pour convertir les cœurs ; c’est pour cela qu’il faut que la Parole blesse le cœur.

« En toi, je manifesterai ma splendeur ». Tout prophète est transfiguré. Il est le serviteur de son Seigneur. Jean est le modèle de l’humilité. Il est venu en ce monde pour annoncer le baptême de conversion et désigner l’Agneau de Dieu.

Que de merveilles dans le sein d’une Mère ! Combien il est important de parler, de prier avec l’enfant que l’on porte en son sein ; et dès le début de la conception !

La naissance souligne que l’obéissance à Dieu redonne la parole. Zacharie n’avait pas pu achever la liturgie car il était devenu muet par manque de foi ! En ce jour, il la retrouve et bénit son Seigneur.

L’obéissance de la foi nous donne l’audace apostolique. Nous savons que c’est le Seigneur qui parle à travers nous.

« La main du Seigneur était avec lui. »

Frères et Sœurs, je vous rappelle que par la grâce du baptême, vous participez à la fonction prophétique du Christ. Nous sommes un peuple de prophètes.

Il nous faut nous rappeler sans cesse notre vocation.

Être prophète dans sa famille ; ce n’est pas simple, le Christ nous l’a dit ! Être prophète dans son milieu professionnel ; ce n’est pas simple dans notre société obsédée par la laïcité !

Mais si le prophète annonce la Parole, il ne l’impose pas ! Souvent on nous fait peur avec le prosélytisme, la tolérance. Voilà ce qui paralyse ! Mais n’ayons pas peur et osons dire que le Christ est l’unique Sauveur et qu’il n’y en a pas d’autre.

Tout homme est appelé au Salut grâce au Christ mort pour nous et ressuscité par le Père.

Quelles sont les qualités du prophète ? À L’école du Baptiste, l’humilité ; le prophète ne s’annonce pas et ne cherche pas à faire la une des médias.

Ensuite le prophète se nourrit de la Parole de Dieu qu’il doit annoncer. Il nous faut demeurer dans sa Parole. Il ne s’agit pas de l’adapter à notre époque ; il faut que notre monde s’adapte à l’Évangile. Sinon nous enlevons la saveur de la Parole.

Notre vie doit être conforme à ce que nous prophétisons, sinon nous serons comme les pharisiens qui disent, mais ne font pas.

Le prophète est pécheur, mais il annonce la miséricorde dont il profite.

Le prophète par sa vie, montre que la Bonne Nouvelle du Salut l’a rendu libre et c’est cette liberté créatrice qui lui donne son zèle.

Enfin le prophète annonce le Salut jusqu’au bout. Il peut connaître le martyre. Nous pensons à nos frères qui dans le monde sont martyrisés parce qu’ils refusent de renier le Seigneur !

En cette fête, rappelons-nous notre mission prophétique ; ravivons notre grâce baptismale.

Qui enverrai-je ? À nous de répondre avec humilité.

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