Pko 18.11.2018

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°57/2018

Dimanche 18 novembre 2018 – 33ème Dimanche du Temps ordinaire – Année B

Humeurs…

2ème Journée mondiale des Pauvres

Dans sa lettre apostolique clôturant le Jubilé de la miséricorde, le Pape François annonçait l’institution de la « Journée mondiale des Pauvres » comme fruit de cette année jubilaire : « À la lumière du “Jubilé des personnes socialement exclues”, alors que dans toutes les cathédrales et dans les sanctuaires du monde les Portes de la Miséricorde se fermaient, j’ai eu l’intuition que, comme dernier signe concret de cette Année Sainte extraordinaire, on devait célébrer dans toute l’Église, le XXXIIIème Dimanche du Temps ordinaire, la Journée mondiale des pauvres. Ce sera la meilleure préparation pour vivre la solennité de Notre Seigneur Jésus Christ, Roi de l’Univers, qui s’est identifié aux petits et aux pauvres et qui nous jugera sur les œuvres de miséricorde (cf. Mt 25,31-46). Ce sera une journée qui aidera les communautés et chaque baptisé à réfléchir sur la manière dont la pauvreté est au cœur de l’Évangile et sur le fait que, tant que Lazare git à la porte de notre maison (cf. Lc 16,19-21), il ne pourra y avoir de justice ni de paix sociale. Cette Journée constituera aussi une authentique forme de nouvelle évangélisation (cf. Mt 11,5) par laquelle se renouvellera le visage de l’Église dans son action continuelle de conversion pastorale pour être témoin de la miséricorde. »

C’est dans ce cadre que s’inscrit la « Kermesse solidaire » de cette fin de semaine… une rencontre concrète et incarnée entre les fidèles et les personnes en grande précarité de nos rues… Souvent nous nous croisons, sans jamais nous rencontrer…ayant peur les uns des autres… Cette « Kermesse solidaire » ce veut être un lieu d’apprivoisement mutuel de part et d’autre ! Apprendre à se regarder autrement… à découvrir le reflet de notre humanité dans les yeux de l’autre…

« Un pauvre crie, le Seigneur entend »… et toi ?

Hommage…

À Dieu Jeannot !

 Le départ de Jeannot vendredi dernier à l’hôpital du Taaone nous rappelle que la « Journée mondiale des Pauvres » n’est pas une coquetterie de gens de salon ! La misère conduit à la mort !

Qui n’a pas rencontré Jeannot dans les rues de Papeete ? Il errait dans les rues, parfois le regard un peu hagard… « Bonjour Jeannot, ça va ? tu as besoin de quelque chose ? » - « Non, rien !… »

Parfois il disparaissait plusieurs jours, semaines… puis réapparaissait…

Il faisait partis de ces personnes face aux quelles nous nous sentons démunis, impuissants… « Aider » est bien souvent dans notre esprit faire quelque chose… nous sommes fort dans le « faire »… mais le véritable Amour auquel Dieu nous appelle n’est pas dans le faire mais dans l’être !

Jeannot a été pour nous une école de l’Amour… être présent dans un sourire, dans une présence, une poignée de main… « Ta main, ton regard vaut plus que ton argent » !

À Dieu Jeannot… qu’en cette Journée mondiale des Pauvres… tu puisses partager le repas du Roi des Pauvres… Notre Seigneur !

Merci à la communauté paroissiale de Notre Dame de Grâce de Puurai, à Père Charles, à sa famille qui l’ont accompagné lundi à ses funérailles et au cimetière Saint Hilaire.

Laissez-moi vous dire…

18 novembre : 2ème Journée mondiale des pauvres

Le ministère du « Frère Serviteur »

Le 10 septembre, le Président Macron s’est rendu à Noisy-le-Grand au Centre de promotion familiale de l’association ATD-Quart Monde. Il a consacré cinq heures de son temps pour venir au plus près des plus démunis : c’est exceptionnel ! Dans un communiqué du 18 septembre, Claire Hédron, présidente du Mouvement ATD-Quart Monde souligne : « En partant de Noisy-le-Grand, Emmanuel Macron a dit “avoir beaucoup appris”. Tous ces échanges ont remué des choses en lui. (…) Dans son discours du 13 septembre [présentant le Plan Pauvreté] : il parle d'“éradiquer la grande pauvreté”, promeut la participation des plus pauvres ainsi qu’une démarche globale d’accès aux droits.(…) On sort ainsi de la gestion de la pauvreté et cela engage l’État. Cela va nous servir de levier : nous allons nous appuyer dessus pour rappeler son engagement au chef de l’État… » (Source : www.atd-quartmonde.fr)

À la même période les associations et fondations à but caritatif tiraient la sonnette d’alarme sur une forte baisse des dons. La baisse serait de 50% entre 2017 et 2018. Selon France-Générosités1 : « le contexte fiscal reste complexe pour les organismes sans but lucratif avec 1 contribuable sur 5 ne sachant pas encore ce qu’il fera concernant ses dons début 2019 ». (Source : www.francegenerosites.org / Tribune accordée par Pierre Siquier, Président du Conseil Syndical, au magazine Le Point le 04 octobre 2018) En fait la réduction d’impôt au titre des dons est maintenue pour les contribuables, mais du fait du “prélèvement à la source” le crédit d’impôt ne sera accordé que l’année suivante. Par contre la réforme fiscale qui a transformé l’ISF (Impôt Sur la Fortune) en IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière), permet aux contribuables de déduire 75% de leurs dons dans la limite de 50 000 €, mais fait passer le nombre de contribuables assujettis à cet impôt de 350 000 à 150 000 ! Ainsi, ceux qui donnaient pour des raisons fiscales risquent de ne plus donner. L’augmentation de la CSG (Contribution Sociale Généralisée) affecte également les dons des particuliers.

Au fenua la population est globalement généreuse. Chaque fois qu’une campagne de dons est lancée (pour des sinistrés, des victimes de catastrophes…) la solidarité se déploie très vite. Il reste à s’interroger - en tant que chrétien – sur le sens que nous accordons à nos gestes de solidarité. Sommes-nous des donateurs réguliers ? des bienfaiteurs animés par la pitié ? Faisons-nous l’aumône pour faire du bien ou pour enrichir notre réputation ?

Il nous faut revenir aux fondamentaux de la charité : « un pauvre crie, le Seigneur entend » et je lui viens en aideJ’exerce un véritable ministère du frère qui me fait passer du statut de « bon serviteur » à celui de « serviteur inutile » ! En cette journée des pauvres je vous propose un beau texte de Michel Quoist2 qui va dans ce sens :

Frères pour nos frères

Seigneur, nous avons pris l’habitude

de nous dévouer sans cesse.

Nous sommes les saint-bernards

de tous ceux que nous côtoyons.

Nous savons les paroles qu’il faut prononcer,

les sourires qu’il faut offrir,

les gestes qu’il faut faire.

Nous sommes de bons serviteurs,

mais nous ne serons jamais des « serviteurs inutiles ».

car sans nous en rendre compte,

à cause de nous, les autres demeurent des petits

pendant que nous restons grands.

Ils demeurent indigents

pendant que nous sommes riches

et nous serions perdus s’ils n’avaient plus besoin de nous.

Aide-nous, Seigneur, à moins nous dévouer,

mais non à moins aimer,

Aide-nous à faire grandir les autres

tandis que nous diminuerons,

à moins leur donner et leur demander plus,

à les rendre sauveurs au lieu de les sauver.

Alors nous serons, Seigneur,

non des bienfaiteurs, non des pères,

mais des frères pour nos frères.

Michel Quoist3

Dominique Soupé

__________________

1  France générosités – créé en 1998 - est le syndicat professionnel des associations et fondations faisant appel aux générosités. Ses 91 membres sont des organisations qui œuvrent pour des causes d’intérêt général et participent directement à l’utilité sociale.

2  Père Michel Quoist (1921-1997), Prêtre ordonné en 1947, Curé au Havre, Aumônier de la Jeunesse Etudiante Chrétienne, et Auteur en 1954 d’un best-seller « Prières » vendu à 2 500 000 exemplaires.

3  in Prières, Les Editions de l’Atelier/Editions Ouvrières, Paris 2003, réédition.

© Cathédrale de Papeete - 2018

En marge de l’actualité…

« Pourquoi suis-je catholique ? »

À l’heure où notre Église fait parler d’elle dans les médias à cause des scandales qui touchent certains membres de son clergé, certains fidèles décident de « quitter le navire » car ils ne lui font plus confiance. D’autres fidèles disparaissent de nos communautés suite à des désaccords profonds avec leur curé ou tel ou tel diacre, ou parce qu’ils ne se sont pas sentis soutenus dans telle ou telle épreuve qu’ils traversaient. D’autres s’en vont car ils n’acceptent pas les positions de l’Église sur tel ou tel point de morale.

Nous pourrions, face à ce constat, nous poser la question : « Et moi, pourquoi je reste dans l’Église ? » Pour nous aider à éclairer notre réflexion et à trouver un début de réponse, voici le témoignage de Sr Véronique Magron, théologienne, présidente de la CORREF (Conférence des religieux et religieux de France), dans son édito de la matinale de RCF, le 4 septembre 2018. Expliquant les raisons de sa foi en l’Église, elle dit ceci :

« Je ne suis pas catholique à cause des prêtres, y compris les meilleurs. Et ils sont nombreux.

Je ne suis pas catholique à cause des évêques, y compris tous les pasteurs authentiques, proches et serviteurs de leur communauté.

Je ne suis pas catholique à cause du pape, pas même le plus engagé auprès des déshérités de notre temps.

Je suis catholique à cause de l’amour de Dieu pour les plus vulnérables.

Je suis catholique à cause de Jésus, vrai homme, mortel, comme chacun.

Je suis catholique à cause de Jésus, le Christ, homme totalement vrai, accomplissant ce qu’il dit, donnant toute la vie pour ceux qu’il aime : notre humanité précaire, bouleversée et malmenée par le tragique de la vie. Notre humanité parfois fracassée par des prédateurs, au sein même de la maison qui devrait être la plus sûre : l’Église du Christ.

Je suis catholique à cause de l'Eucharistie, où nous devenons le corps que nous recevons. Où nous sommes convoqués à vivre de la vie du Christ, du creux de nos simples existences ordinaires. Sans banderole et sans publicité.

Je suis catholique parce que je crois la parole de Dieu, celle qui me raconte que mon Dieu a pris la décision de faire alliance avec l’humanité, de la sauver de l’esclavage et du désespoir. La Parole de Dieu qui me raconte un Dieu qui décide, gratuitement, par pur amour, de venir s’asseoir à la table de mon existence. De toute existence, pour la partager.

Je suis catholique, et du cœur de l’hiver de l’Église, où nous sommes de par la monstruosité des abus et des crimes et la façon dont ils ont été impunément dérobés à la vue de la justice et de la vérité, je tente décidément de devenir disciple du Christ jour après jour.

Je crois de toute mon âme, de tout mon cœur, de toutes ma volonté et ma pauvre intelligence, que le mal et le mensonge ne l’emporteront pas.

Là est mon engagement de tous les jours et mon espérance. Je supplie qu’ils soient toujours plus forts que ma colère, mon accablement et mon immense chagrin. Une colère, un accablement et un chagrin qui sont peu de choses à côté de ceux des victimes ».

Et moi, quelle serait ma réponse ?

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete – 2018

Audience générale

Le chrétien doit témoigner de la vérité de ses actes

Les chrétiens sont appelés à témoigner de la vérité par leur manière de vivre : le Pape François l’a affirmé ce mercredi matin lors de l’audience générale qu’il a tenue Place Saint Pierre devant des milliers de fidèles. Le Souverain Pontife a mis le 8e commandement, - « Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain », au centre de sa catéchèse.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans la catéchèse d’aujourd’hui, nous aborderons la huitième Parole du Décalogue : « Tu ne feras pas de faux témoignage ».

Ce commandement, dit le Catéchisme, « interdit de travestir la vérité dans les relations avec autrui » (n. 2464). Vivre de communications non authentiques est grave parce que cela empêche les relations et cela empêche par conséquent l’amour. Là où il y a le mensonge, il n’y a pas d’amour, il ne peut y avoir d’amour. Et quand nous parlons de communication entre les personnes, nous entendons non seulement les paroles, mais aussi les gestes, les attitudes, et même les silences et les absences. Une personne parle avec tout ce qu’elle est et ce qu’elle fait. Nous sommes tous en communication, toujours. Nous vivons tous en communiquant et nous sommes continuellement tiraillés entre la vérité et le mensonge.

Mais que signifie dire la vérité ? Cela signifie-t-il être sincère ? Ou être exact ? En réalité, cela ne suffit pas, parce qu’on peut être sincèrement dans l’erreur, ou on peut être précis dans le détail mais sans saisir le sens de l’ensemble. Parfois, nous nous justifions en disant : « Mais j’ai dit ce que je sentais ! » Oui, mais tu as absolutisé ton point de vue. Ou encore : « J’ai seulement dit la vérité ! » Peut-être, mais tu as révélé des faits personnels ou confidentiels. Combien de ragots détruisent la communion parce qu’ils sont inopportuns ou qu’ils manquent de délicatesse ! Et même, les ragots tuent, et cela, c’est l’apôtre Jacques qui le dit dans sa Lettre. Celui ou celle qui fait des commérages, ce sont des personnes qui tuent : elles tuent les autres, parce que la langue tue comme un couteau. Faites attention ! Celui ou celle qui fait des commérages est un terroriste parce qu’avec sa langue, il lance la bombe et s’en va tranquillement, mais ce qu’il dit, la bombe qu’il a lancée, détruit la réputation d’autrui. N’oubliez pas : les ragots tuent.

Mais alors, qu’est-ce que la vérité ? C’est la question posée par Pilate, justement au moment où Jésus, devant lui, réalisait le huitième commandement (cf. Jn 18,38). En effet, les mots « Tu ne prononceras pas de faux témoignage » appartiennent au langage juridique. Les Évangiles culminent dans le récit de la Passion, la mort et la résurrection de Jésus ; et c’est le récit d’un procès, de l’exécution de la sentence et d’une conséquence inédite.

Interrogé par Pilate, Jésus dit : « Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité » (Jn 18,37). Et ce « témoignage », Jésus le donne par sa Passion, par sa mort. L’évangéliste Marc raconte que le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, déclara : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! » (Mc 15,39). Oui, parce qu’il était cohérent, il a été cohérent : par sa façon de mourir, Jésus manifeste le Père, son amour miséricordieux et fidèle.

La vérité trouve sa pleine réalisation dans la personne même de Jésus (cf. Jn 14,6), dans sa manière de vivre et de mourir, fruit de sa relation avec le Père. Cette existence comme Fils de Dieu, il nous la donne, ressuscité, à nous aussi, en envoyant l’Esprit Saint qui est l’Esprit de vérité, qui atteste à notre cœur que Dieu est notre Père (cf. Rm 8,16).

Dans tous ses actes, l’homme, les personnes affirment ou nient cette vérité. À partir des plus petites situations quotidiennes jusqu’aux choix les plus engageants. Mais c’est la même logique, toujours : celle que les parents et les grands-parents nous enseignent quand ils nous disent de ne pas dire de mensonges.

Demandons-nous : quelle vérité attestent nos œuvres à nous, chrétiens, nos paroles, nos choix ? Chacun peut s’interroger : suis-je un témoin de la vérité ou suis-je plus ou moins un menteur déguisé en vrai ? Que chacun s’interroge. Nous, les chrétiens, nous ne sommes pas des hommes et des femmes exceptionnels. Mais nous sommes enfants du Père céleste, qui est bon et qui ne nous déçoit pas, et qui met dans notre cœur l’amour de nos frères. Cette vérité ne se dit pas tellement par des discours, c’est une manière d’exister, une manière de vivre et cela se voit dans chacun de nos actes (cf. Jc 2,18). Cet homme est un homme vrai, cette femme est une femme vraie : cela se voit. Mais pourquoi, s’il n’ouvre pas la bouche ? Mais il se comporte comme une personne vraie. Il dit la vérité, il agit avec la vérité. Une belle manière de vivre pour nous.

La vérité est la révélation merveilleuse de Dieu, de son visage de Père, c’est son amour sans limites. Cette vérité correspond à la raison humaine mais elle la dépasse infiniment, parce que c’est un don descendu sur la terre et incarné dans le Christ crucifié et ressuscité ; elle est rendue visible par celui qui lui appartient et qui montre les mêmes attitudes.

Tu ne diras pas de faux témoignage veut dire vivre en enfant de Dieu qui jamais, jamais ne se contredit, ne dit jamais de mensonges ; vivre en enfant de Dieu, en laissant émerger dans tous nos actes la grande vérité : que Dieu est Père et qu’on peut lui faire confiance. J’ai confiance en Dieu : voilà la grande vérité. De notre confiance en Dieu, qui est Père et qui m’aime, qui nous aime, nait ma vérité et le fait d’être vrai et non menteur.

© Libreria Editrice Vaticana – 2018

2ème Journée mondiale des pauvres

Un pauvre crie, le Seigneur entend

Le message du Pape François pour la deuxième Journée mondiale des pauvres, qui se tiendra le dimanche 18 novembre, a été rendu public. Cette initiative organisée à la fin de l’année liturgique vise à inviter tous les acteurs de la vie de l’Église à « se laisser évangéliser » par les pauvres.

1. « Un pauvre crie ; le Seigneur entend. » (Ps 33, 7). Les paroles du psalmiste deviennent les nôtres lorsque nous rencontrons des situations de souffrance et de marginalisation, dans lesquelles vivent tant de frères et de sœurs que nous avons coutume de désigner par l’appellation générique de « pauvres ». Celui qui écrit ces mots n’est pas étranger à cette condition, bien au contraire. Il fait l’expérience directe de la pauvreté et la transforme cependant en un chant de louange et d’action de grâce au Seigneur. À nous qui sommes concernés par tant de formes de pauvretés, ce Psaume nous donne aujourd’hui de comprendre qui sont les véritables pauvres, vers qui nous sommes invités à tourner le regard pour entendre leur cri et reconnaître leurs besoins.

Il nous a d’abord été dit que le Seigneur entend les pauvres qui crient vers Lui, et qu’Il est bon avec ceux qui cherchent refuge en Lui, le cœur brisé par la tristesse, la solitude et l’exclusion. Il écoute ceux dont la dignité est bafouée, et qui ont cependant la force d’élever leur regard vers le haut pour recevoir lumière et réconfort. Il écoute ceux qui sont persécutés par une justice inique, opprimés par des politiques indignes de ce nom et dans la peur de la violence, tout en considérant Dieu comme leur Sauveur. Ce qui jaillit de cette prière est d’abord un sentiment d’abandon confiant en un Père qui écoute et accueille. C’est sur la même longueur d’onde que nous pouvons comprendre ce que Jésus a proclamé à travers cette béatitude : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. » (Mt 5, 3).

C’est en raison de cette expérience unique, et par bien des aspects imméritée et impossible à exprimer entièrement, qu’on ressent le désir de la partager, et d’abord à ceux qui, comme le Psalmiste, sont pauvres, exclus et marginalisés. De fait, nul ne doit se considérer comme exclu de l’amour du Père, tout particulièrement dans un monde pour qui la richesse, est souvent élevée au rang d’objectif premier et enferme sur soi.

2. Le Psaume exprime l’attitude du pauvre et sa relation à Dieu avec trois verbes. D’abord « crier ». Le fait d’être pauvre ne peut se résumer en un seul mot : c’est un cri qui traverse les cieux et rejoint Dieu. Qu’exprime le cri du pauvre, sinon la souffrance et la solitude, sa déception et son espérance ? Nous pouvons nous demander : comment se fait-il que ce cri qui monte jusqu’à Dieu ne parvient pas à nos oreilles et nous laisse indifférents et impassibles ? Au cours d’une telle Journée, nous sommes appelés à un sérieux examen de conscience pour saisir si nous sommes réellement capables d’écouter les pauvres.

Pour reconnaître leur voix, nous avons besoin du silence de l’écoute. Plus nous parlons, plus nous aurons du mal à les entendre. J’ai souvent peur que beaucoup d’initiatives, cependant nécessaires et méritoires, servent davantage à nous satisfaire nous-mêmes qu’à entendre réellement le cri du pauvre. Dans cette situation, lorsque les pauvres font entendre leur cri, notre réaction manque de cohérence et est incapable de rejoindre réellement leur condition. Nous sommes à ce point prisonniers d’une culture qui nous fait nous regarder dans la glace et ne s’occuper que de soi, qu’on ne peut imaginer qu’un geste altruiste puisse suffire à satisfaire pleinement, sans se laisser compromettre directement. 

3. « Répondre » est un deuxième verbe. Le Seigneur, dit le Psalmiste, non seulement entend le cri du pauvre, mais il répond. Sa réponse, ainsi que l’atteste toute l’histoire du salut, est un partage plein d’amour, de la condition du pauvre. Ce fut ainsi lorsqu’Abraham exprima à Dieu son désir d’une descendance, alors que lui et son épouse Sara, désormais âgés, n’avaient pas d’enfant (cf. Gn 15, 1-6). C’est ce qui s’est produit lorsque Moïse, à travers le feu du buisson ardent, a reçu la révélation du nom divin et la mission de faire sortir son peuple de l’Égypte (cf Ex 3, 1-15). Cette réponse fut confirmée tout au long de la marche du peuple à travers le désert : quand il ressentait la morsure de la faim et de la soif (cf. Ex 16, 1-16 ; 17, 1-7), et quand il tombait dans une misère pire encore, l’infidélité à l’alliance et l’idolâtrie (cf. Ex 32, 1-14).

La réponse de Dieu au pauvre est toujours une intervention de salut pour soigner les blessures de l’âme et du corps, pour rétablir la justice et pour aider à reprendre une vie digne. La réponse de Dieu est aussi un appel pour que quiconque croit en lui puisse faire de même dans les limites de la condition humaine. La Journée Mondiale des Pauvres se veut une modeste réponse de toute l’Église, dispersée de par le monde, adressée aux pauvres de toutes sortes et de tous lieux, afin que nul ne croit que son cri c’est perdu dans le vide. Il s’agit sans doute d’une goutte d’eau dans l’océan de la pauvreté. Elle peut être cependant comme un signe partagé par tous ceux qui sont dans le besoin, afin qu’ils ressentent la présence active d’un frère et d’une sœur. On ne répond pas aux besoins des pauvres par procuration, mais en écoutant leur cri et en s’engageant personnellement. La sollicitude des croyants ne peut pas se résumer à une assistance - même si elle est nécessaire et providentielle dans un premier temps - mais appelle cette « attention aimante » (Exhortation Apostolique Evangelii gaudium, 199) qui honore l’autre en tant que personne et recherche son bien.

4. « Libérer » est un troisième verbe. Le pauvre de la Bible vit dans la certitude que Dieu intervient en sa faveur pour lui redonner sa dignité. La pauvreté n’est pas recherchée mais elle est le fruit de l’égoïsme, de l’orgueil, de l’avidité et de l’injustice. Des maux aussi vieux que l’humanité, qui sont toujours des péchés qui blessent tant d’innocents, ont des conséquences sociales dramatiques. L’agir du Seigneur qui libère est une œuvre de salut à l’égard de ceux qui Lui manifestent leur tristesse et leur angoisse. La prison de la pauvreté est détruite par la puissance de l’intervention de Dieu. De nombreux Psaumes racontent et célèbrent l’histoire du salut qui trouve écho dans la vie personnelle du pauvre : « Il n'a pas rejeté, il n'a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s'est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte. » (Ps 21, 25). Pouvoir contempler le visage de Dieu est signe de son amitié, de sa proximité, de son salut. « Tu vois ma misère et tu sais ma détresse ; devant moi, tu as ouvert un passage. »  (Ps 30, 8-9). Ouvrir au pauvre « un passage », c’est le libérer des « filets du chasseur » (cf. Ps 90, 3), lui éviter le piège tendu sous ses pas, pour qu’il puisse ainsi avancer d’un pas léger et voir la vie avec un regard serein. Le salut de Dieu prend la forme d’une main tendue vers le pauvre, une main qui accueille, protège, et donne de percevoir l’amitié dont on a besoin. C’est à partir de cette proximité concrète et tangible que peut être entrepris un authentique chemin de libération : « Chaque chrétien et chaque communauté sont appelés à être instruments de Dieu pour la libération et la promotion des pauvres, de manière à ce qu’ils puissent s’intégrer pleinement dans la société ; ceci suppose que nous soyons dociles et attentifs à écouter le cri du pauvre et à le secourir. » (Exhortation Apostolique Evangelii gaudium, 187).

5. Je suis ému par le fait de savoir que beaucoup de pauvres se sont identifiés à Bartimée, dont parle l’évangéliste Marc (cf. 10, 46-52). Bartimée « un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin ». (v. 46), et ayant entendu Jésus passer « se mit à crier » et à invoquer le « Fils de David » pour qu’il ait pitié de lui (cf. v. 47). « Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle » (v. 48). Le Fils de Dieu entendit son cri : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ». Et l’aveugle lui répondit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » (v. 51). Ce passage d’évangile donne à voir ce que le Psaume annonçait comme une promesse. Bartimée est un pauvre privé de ses capacités fondamentales : voir et travailler. Combien de situations aujourd’hui encore produisent des états de précarité. Le manque des moyens de base de subsistance, la marginalisation quand on n’a plus la capacité de travailler normalement, les différentes formes d’esclavage social, malgré les avancées accomplies par l’humanité… Comme Bartimée, beaucoup de pauvres sont aujourd’hui au bord de la route et cherchent un sens à leur condition. Combien s’interrogent sur les raisons de leur descente dans un tel abîme, et sur la manière d’en sortir ! Ils attendent que quelqu’un s’approche d’eux et leur dise : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. » (v. 49).

Au contraire, on constate pourtant souvent que les voix qui s’entendent sont celles des reproches et de l’invitation à se taire et à subir. Ce sont des voix qui sonnent faux, dictées souvent par la peur des pauvres, considérés non seulement comme indigents, mais aussi porteurs d’insécurité, d’instabilité, de changement des habitudes, et qu’il faut pour cela repousser et tenir à distance. On tend à créer une distance entre eux et nous, sans se rendre compte qu’on s’éloigne ainsi du Seigneur Jésus, qui ne les repousse pas, mais les appelle à lui et les console. Comme elles résonnent de manière juste, ici, les paroles du prophète sur le mode de vie des croyants : « faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs […] partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement » (Is 58, 6-7). Cette façon d’agir fait que les péchés sont pardonnés (cf. 1 P 4, 8), que la justice poursuit son chemin et lorsque nous crierons vers le Seigneur, qu’Il nous réponde : Me voici ! (cf. Is 58, 9).

6. Les pauvres sont les premiers capables de reconnaître la présence de Dieu et de témoigner de sa proximité dans leur vie. Dieu demeure fidèle à sa promesse, et jusque dans l’obscurité de la nuit, la chaleur de son amour et de sa consolation ne fait jamais défaut. Pour que les pauvres sortent de leur condition dégradante, il leur faut cependant percevoir la présence de frères et de sœurs qui se préoccupent d’eux, et ouvrant la porte de leur cœur et de leur vie, les considèrent comme des amis et des familiers. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons découvrir « la force salvifique de leurs existences » et « les mettre au centre du cheminement de l’Église » (Exhortation Apostolique Evangelii gaudium, 198).

En cette Journée Mondiale, nous sommes invités à donner corps aux paroles du Psaume : « Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés » (Ps 21, 27). Dans le Temple de Jérusalem, nous savons qu’après le rite du sacrifice, un banquet avait lieu. C’est une expérience que de nombreux diocèses ont faite l’année dernière, qui a enrichi la célébration de la première Journée Mondiale des Pauvres. Beaucoup ont trouvé la chaleur d’une maison, la joie d’un repas festif et la solidarité auprès de ceux qui ont voulu partager la table d’une façon simple et fraternelle. Je voudrais que cette année encore, et à l’avenir, cette Journée soit placée sous le signe de la joie et d’une capacité renouvelée à se retrouver. Prier ensemble en communauté et partager le repas du dimanche. C’est une expérience qui nous ramène à la première communauté chrétienne, dont l’évangéliste Luc décrivait l’originalité et la simplicité : « Ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. […] Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun » (Ac 2, 42.44-45).

7. On ne compte plus les initiatives que la communauté chrétienne prend quotidiennement pour manifester sa proximité et soulager tant de formes de pauvreté que nous avons sous les yeux. La collaboration avec d’autres instances, qui ne sont pas animées par la foi mais par la solidarité humaine, permet d’apporter une aide que nous ne pourrions pas réaliser seuls. Dans ce monde immense de la pauvreté, reconnaître les limites, la faiblesse, et l’insuffisance de nos moyens, invite à une collaboration réciproque qui nous permet ainsi d’être davantage efficaces. C’est la foi et l’impératif de la charité qui nous animent, mais nous savons reconnaître d’autres formes d’aide et de solidarité qui partagent en partie les mêmes objectifs, pourvu que nous ne mettions pas de côté ce qui nous est propre : conduire chacun à Dieu et à la sainteté. Le dialogue entre des expériences différentes ainsi que la collaboration que nous offrons avec humilité, hors de toute prétention, est la réponse ajustée et pleinement évangélique que nous pouvons donner.

Il ne s’agit pas de vouloir jouer les premiers rôles face aux pauvres, mais il nous faut reconnaître humblement que c’est l’Esprit qui suscite des gestes qui expriment la réponse et la proximité de Dieu. Lorsqu’il nous est donné de nous faire proche des pauvres, sachons reconnaître que c’est Lui, le premier, qui a ouvert nos yeux et notre cœur à la conversion. Les pauvres n’ont pas besoin de compétiteurs, mais d’un amour qui sache demeurer discret et oublier le bien accompli. Les véritables acteurs sont le Seigneur et les pauvres. Celui qui se met au service est l’instrument entre les mains de Dieu pour faire reconnaître sa présence et son salut. C’est ce que nous rappelle saint Paul lorsqu’il écrit aux chrétiens de Corinthe qui rivalisaient entre eux au sujet des charismes les plus grands : « L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi » ; la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous » (1 Co 12, 21). L’Apôtre fait une observation importante lorsqu’il remarque que les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont les plus nécessaires (cf v. 22) ; et que les parties du corps « qui passent pour moins honorables, ce sont elles que nous traitons avec plus d’honneur ; celles qui sont moins décentes, nous les traitons plus décemment ; pour celles qui sont décentes, ce n’est pas nécessaire. » (vv. 23-24). En livrant un enseignement fondamental sur les charismes, Paul apprend aussi à la communauté l’attitude évangélique à adopter à l’égard de ses membres les plus faibles et dans le besoin. Les disciples du Christ sont loin d’avoir à les mépriser ou à s’apitoyer sur eux. Ils sont bien au contraire appelés à les honorer, leur donner la première place, convaincus d’être réellement avec eux, en présence de Jésus. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». (Mt 25, 40). 

8. On comprend ainsi quelle distance il y a entre notre mode de vie et celui du monde qui fait la louange, suite et imite ceux qui ont le pouvoir et la richesse, et qui marginalise les pauvres, les considère comme des déchets qui font honte. Les mots de l’Apôtre nous invitent à donner toute sa plénitude évangélique à la solidarité à l’égard des membres les plus faibles et moins bien pourvus du Corps du Christ : « Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie. » (1 Co 12, 26). De la même manière, dans la Lettre aux Romains, il exhorte : « Soyez joyeux avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent. Soyez bien d’accord les uns avec les autres ; n’ayez pas le goût des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble » (12,15-16). C’est la vocation du disciple du Christ, l’idéal vers lequel tendre constamment, pour adopter toujours plus en nous les « dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 5).

9. C’est une parole d’espérance que la foi nous indique comme épilogue naturel. Souvent les pauvres mettent en cause notre indifférence, fruit d’une vision de la vie trop immanente et liée au présent. Le cri du pauvre est aussi un cri d’espérance par lequel il manifeste la certitude d’être libéré. C’est l’espérance fondée sur l’amour de Dieu qui n’abandonne pas celui qui se confie en Lui (cf. Rm 8, 31-39). Sainte Thérèse d’Avila écrivait dans son Chemin de la perfection : « La pauvreté d'esprit est un bien qui renferme en soi tous les biens du monde. Elle confère une souveraineté suprême, car c'est être le souverain de tous les biens du monde que de les mépriser » (2, 5). C’est dans la mesure où nous sommes capables de discerner le bien véritable que nous devenons riches devant Dieu et sages devant nous-mêmes et les autres. C’est précisément dans la mesure où l’on parvient à donner à la richesse son sens véritable et juste que l’on grandit en humanité et que l’on devient capable de partager.

10. J’invite mes frères évêques, les prêtres et les diacres en particulier, à qui on a imposé les mains pour le service des pauvres, (cf. Ac 6, 1-7), avec les personnes consacrées et tant de laïcs qui donnent corps à la réponse de l’Église au cri des pauvres, dans les paroisses, les associations et les mouvements, à vivre cette Journée Mondiale comme un moment privilégié de nouvelle évangélisation. Les pauvres nous évangélisent, en nous aidant à découvrir chaque jour la beauté de l’Évangile. Ne passons pas à côté de cette occasion de grâce. En ce jour, considérons-nous tous comme leurs débiteurs afin qu’en nous tendant la main les uns et les autres, se réalise la rencontre de salut qui soutient la foi, rend effective la charité et donne l’espérance pour progresser avec sûreté sur le chemin où le Seigneur vient à notre rencontre. 

Du Vatican, 13 juin 2018

Mémoire liturgique de saint Antoine de Padoue.

François

© Libreria Editrice Vaticana - 2018

Commentaire des lectures du dimanche

Beaucoup de gens, même parmi les chrétiens, essaient d’imaginer la fin du monde. On en fait des romans, on en fait des films, comme si l’important était de faire peur. Mais est-ce vraiment ainsi que Jésus voyait les choses ?

Une chose est sûre, et Jésus l’a dit formellement, c’est que sa venue en gloire marquera la fin de l’histoire ; et cette fin, il nous faut à la fois l’attendre, l’espérer et la préparer. Comme le dit notre Credo :« J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir ».

Jésus n’a présenté aucun scénario des derniers temps : il se contente de les évoquer en reprenant les images traditionnelles des prophètes, spécialement Daniel, qu’il cite très souvent.

Néanmoins Jésus, dans ce passage de Marc 13, distingue trois moments :

  1. Le commencement des douleurs : Jésus décrit là tout ce que les générations de chrétiens depuis lors ont connu : les guerres, les tremblements de terre, les faux messies et les persécutions. Le temps des douleurs est-il uniquement un temps de catastrophe ? Non, car c’est aussi le temps où l’Évangile est proclamé à toutes les nations et où l’Esprit Saint parle lui-même pour la défense des disciples de Jésus. D’ailleurs les douleurs sont des douleurs d’enfantement : l’humanité selon Dieu, l’Église de Jésus, est enfantée tout au long de ce commencement.
  2. Viennent ensuite, dans l’Évangile de Marc, « les jours de détresse », qui visent probablement une épreuve plus précise, comme les combats qui ont marqué la prise de Jérusalem.
  3. Mais la fin du monde est encore autre chose. Elle aura lieu « en ces jours-là, après cette détresse ». L’histoire des hommes s’arrêtera ; le soleil et la lune cesseront de marquer les jours et les nuits. Alors on verra le Fils de l’Homme (Jésus Fils de Dieu), venir, entouré de nuées, dans la plénitude de la puissance et dans la gloire.

La fin du monde sera surtout l’irruption du monde nouveau, la manifestation de la gloire du Christ, et l’immense rassemblement de tous les amis de Jésus, tous ses fidèles, les élus de tous les pays et de tous les temps.

Est-ce là une catastrophe ? Non : c’est la réussite du plan de Dieu, c’est le moment, connu de Dieu seul, où Il déclarera : « C’est fait ; mon amour a réussi l’homme », c’est le moment de l’enfantement après les douleurs, c’est le premier cri de l’humanité nouvelle, qui ouvrira les yeux à la gloire du Christ.

La fin du monde, c’est l’été de Dieu, et Jésus y insiste. Qu’est-ce qui rend si tendres les jeunes pousses du figuier ? Qu’est-ce qui fait apparaître les feuilles ? – La sève, tout simplement. Et quand la sève monte, les fruits viennent, sûrement ; l’été arrive, immanquablement ; de même que, lorsque les douleurs surviennent, c’est que l’enfant demande à naître et à vivre. Voilà ce qu’est la fin du monde, aux yeux de Jésus : c’est la poussée victorieuse de la sève ; c’est la naissance de l’homme nouveau selon Dieu.

Les hommes guettent partout la catastrophe ; or la fin du monde sera un moment de maturité, le moment de la maturité. Déjà le prophète Daniel l’annonçait de la part de Dieu :« En ce temps-là viendra le salut de tous les peuples, de tous ceux dont le nom se trouvera dans le livre de Dieu ».

Oui, c’est parfois dans la douleur que nous nous préparons à cette victoire de Dieu. Oui, il y a et il y aura des jours de détresse, et c’est pourquoi nous devons rester éveillés, « tout éveillés dans notre foi » et dans l’amour fraternel, serrant dans le creux de notre main la perle du Royaume, c’est-à-dire la promesse que Jésus nous a faite et la promesse que nous avons faite à Jésus. Mais Jésus nous a sauvés une fois pour toutes : il n’aura pas besoin de se lever à nouveau pour souffrir et mourir. Il s’est assis, pour toujours, à la droite de Dieu.

Fr. Jean-Christian Lévêque, o.c.d.

Carmel-asso – 2015

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