Pko 17.06.2018

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°32/2018

Dimanche 17 juin 2018 – 11ème Dimanche du Temps ordinaire – Année B

Humeurs…

Cathédrale - WC

Samedi 10 juin 4h15… le sacristain m’interpelle : « Père, il faut que je te montre quelque chose… Ils exagèrent avec tout ce que nous faisons pour eux » (sous-entendu les « SDF »). Il me conduit à l’entrée de la sacristie intérieure… et là devant la porte des excréments humains !

Aussitôt j’envoie un courriel à notre technicien bénévole : « Peux-tu passer pour visionner la camera n°2… quelqu’un a c… ! dans la Cathédrale ! »

Il aura fallu un peu de patience et de temps… et la scène est trouvée… 1h16 du matin ! Un jeune homme… pas un SDF… mais l'un de ceux qui boivent impunément dans la rue, alternant boite de nuit et alcoolisation dans la rue ! Ignorants les SDF qui essayent de dormir juste à côté…

Si nous ne pouvons que nous féliciter du sérieux de l’Helios dans l’organisation de ses soirées… on ne peut en dire autant de l’autre boite de nuit de la place, peu scrupuleuse du respect du voisinage et probablement de l’âge de ses clients lorsque l’on voit la jeunesse des personnes qui circulent autour de la Cathédrale !

Qu’est devenu l’arrêté municipal n°2015/214 DPM du 16 avril 2015 prescrivant la fermeture de la voie de la place Notre Dame les soirs de week-end et les veillées de jours fériés ?

On reproche aux SDF autour de la Cathédrale d'y dormir… voir d'uriner le long des murs… alors qu'ils utilisent et entretiennent les toilettes misent à leur disposition au presbytère…

Mais là, personnes pour veiller ! Personne pour rappeler la loi ! Toutes les fins de semaine, le passage le long du Collège Anne-Marie Javouhey est maculé de flaques d'urine au petit matin !

En voyant une telle attitude, un tel irrespect d'un lieu non seulement de culte mais symbole de notre capitale, notre Cathédrale, par ce jeune nous conduit effectivement au même constat que le rapport publié ce jour sur l'état physique et mental de la jeunesse polynésienne !

On ne peut en vouloir à une jeunesse laissée pour compte par des adultes trop préoccupé par leur ego !

Laissez-moi vous dire…

Jeudi 21 juin 2018 : Visite du Pape François au Conseil Œcuménique des Églises

Une visite papale qui suscite une grande espérance chez nos frères et sœurs protestants

Le pape François se rendra à Genève pour les 70 ans du Conseil œcuménique des Églises (COE) le 21 juin 2018. Au programme de la journée notamment : rencontre avec le président de la Confédération Helvétique Alain Berset, la conseillère fédérale Doris Leuthard et le conseiller fédéral Ignazio Cassis, puis visite du siège du COE, une messe célébrée au Palais des Expositions (Palexpo) à laquelle participeront 42 000 fidèles.

Le COE regroupe quelque 348 Églises, protestantes (*), luthérienne, anglicane, orthodoxes et vieille catholique (…), dans plus de 110 pays, ce qui représente 560 millions de chrétiens. L’Église catholique n’est pas membre du COE, mais plusieurs théologiens catholiques y travaillent, en tant que membres de plein-droit, et notamment dans d’importantes commissions. [Source Radio Télévision Suisse Infos (rts.ch)]

Il s’agit d’une visite historique considérée comme un « cadeau du pape aux Églises » selon une déclaration du Dr Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE, lors d’une conférence de presse : « La visite de Sa Sainteté le Pape François au Conseil œcuménique des Églises pour notre 70e anniversaire est une étape historique dans la recherche de l’unité des chrétiens et de la coopération entre les Églises pour un monde de paix et de justice ».

Depuis sa création, le COE encourage les Églises à lutter pour la paix, la justice et la sauvegarde de la création. Parmi ses nombreuses activités, il œuvre pour la réunification de la Corée, la défense des droits de l’homme en Amérique latine ou encore le dialogue israélo-palestinien. L’organisation a également combattu l’apartheid en Afrique du Sud, grâce à un programme contre le racisme.

Le thème de la visite papale au COE est : « Marcher – Prier – Travailler ensemble » (Walking – Praying – Working together). Ce sera un « pèlerinage œcuménique », a indiqué le cardinal suisse Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, lors d’une conférence de presse au Vatican. Le pape François sera le troisième pape à se rendre à Genève après Jean-Paul II (1982) et Paul VI (juin 1969) venus au siège de l’ONU. Mais il sera le premier pape à visiter le COE.

Il est probable que le Pape François va de nouveau surprendre par son ouverture à l’œcuménisme et à l’unité des chrétiens. Rappelons-nous sa démarche (1er novembre 2016) auprès de l’Église luthérienne de Suède pour le 500ème anniversaire de la Réforme.

Dominique Soupé

Une question : sommes-nous soucieux - en tant que chrétiens - de participer à la construction de l’unité des chrétiens ?

__________________

(*) = l’Église Protestante Maohi est membre du COE depuis 1963.

© Cathédrale de Papeete - 2018

En marge de l’actualité…

Esope

Esope, vous connaissez ? C’est un esclave qui vivait en Grèce plus de 500 ans avant Jésus Christ. C’était aussi un sage. Un jour, son maître lui demanda de préparer à manger la meilleure chose qui soit, et Esope lui cuisina de la langue… Le lendemain, son maître lui demanda de préparer la pire chose qui soit, et Esope cuisina de nouveau de la langue ! La langue, capable de produire dans les relations humaines le meilleur comme le pire… Dans la Bible, le livre du Siracide parlant du bavardage causé par la langue met en garde : « Celui qui maitrise sa langue vivra sans conflit… Ne répète jamais les on-dit… Ne colporte de racontars ni devant ton ami ni devant ton ennemi… Qui parle trop se rend insupportable, qui se croit tout permis devient odieux… » (Sir, chapitre 19 et 20) Plusieurs siècles après Esope et le livre du Siracide, ne faut-il pas reprendre leur enseignement pour l’appliquer à ce qu’on pourrait appeler une extension de la langue, les « réseaux sociaux » ? Ils sont ce que nous en faisons : un instrument qui rapproche les personnes, qui entretient les relations, qui informe, qui donne de partager les expériences, qui rejoint ceux et celles qui sont seuls ou isolés, malades… un instrument qui permet de faire part de projets, de rêves… Ce peut être le lieu de débats d’idées enrichissants etc… Mais il arrive aussi que cet instrument soit utilisé pour déverser la méchanceté, la rancune, pour régler ses comptes, pour salir autrui, laisser libre cours à ce qu’il y a de pire en l’être humain, clouer au pilori, non par souci de vérité mais pour anéantir… Entendons-nous bien. Il est inévitable qu’il y ait des conflits, des désaccords, des litiges… entre personnes. Les conflits et les oppositions peuvent donner lieu à des débats d’idées, dans le respect des personnes, mais souvent, ils donnent lieu à des « lynchages » par réseau social interposé, sans aucun respect de son opposant. Faut-il que nous ayons si peu confiance en l’autre pour tout de suite porter l’affaire sur la place publique, au risque d’envenimer les choses, au lieu de chercher des voies de réconciliation ou tout au moins de dialogue, sans pour cela ameuter le ban et l’arrière ban ? Qui est le plus courageux ? Celui qui se cache derrière une opinion publique qu’il cherche à mettre de son côté en se présentant comme victime ou celui qui ose rencontrer son opposant pour essayer de trouver une issue ? Si nous voulons être de vrais disciples de Jésus Christ, rappelons-nous le commandement de l’amour et de la charité, il n’est pas à option. Allons plus loin : qui aujourd’hui se confesse d’avoir utilisé tel réseau social pour avoir médit ou calomnié son prochain ? Cela vaut pour tous les baptisés, quelle que soit leur place et leur responsabilité dans l’Église. Il est temps de réveiller notre conscience et de bien réfléchir à l’usage que nous faisons de ces réseaux sociaux, et de notre langue ! Il n’est jamais trop tard. Ces réseaux peuvent être de magnifiques moyens de témoigner de l’Amour que nous devons porter à notre prochain. N’en faisons pas des instruments de division et de démolition. Nous courrons alors le risque de donner parfois une bien piètre image de l’amour et de la charité fraternelle qui doivent régner dans nos communautés Chrétiennes !

+ Monseigneur Jean-Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete - 2018

Audience générale…

Suivre la loi de Dieu pour une vie en plénitude

Lors de l’audience générale de ce mercredi matin, le Pape François a commencé un nouveau parcours de catéchèses sur les « commandements de la loi de Dieu ». Le Saint-Père a expliqué que l’existence humaine doit s’appuyer sur le désir d’une vie pleine et infinie, et non pas sur des « choses éphémères » qui finissent par détruire la dignité humaine.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, c’est la fête de saint Antoine de Padoue. Qui parmi vous s’appelle Antoine ? On applaudit tous les Antoine ! Nous commençons aujourd’hui un nouvel itinéraire de catéchèses sur le thème des commandements. Les commandements de la loi de Dieu. Pour l’introduire, nous partons du passage que nous venons d’écouter : la rencontre entre Jésus et un homme – c’est un jeune – qui, à genoux, lui demande comment pouvoir hériter de la vie éternelle (cf. Mc 10,17-21). Et dans cette question, se trouve le défi de toute existence, et donc la nôtre : le désir d’une vie pleine, infinie. Mais comment faire pour y arriver ? Quel sentier parcourir ? Vivre pour de vrai, vivre une existence noble… Combien de jeunes cherchent à « vivre » et puis se détruisent en allant derrière des choses éphémères !

Certains pensent qu’il vaut mieux éteindre cette impulsion – l’impulsion pour vivre – parce que c’est dangereux. Je voudrais dire, surtout aux jeunes : notre pire ennemi, ce ne sont pas les problèmes concrets, aussi sérieux et dramatiques soient-ils : le plus grand danger de notre vie est un mauvais esprit d’adaptation qui n’est ni douceur ni humilité, mais médiocrité, pusillanimité.[1] Un jeune médiocre est-il un jeune avec un avenir ou non ? Non ! Il reste là, il ne grandit pas, il n’aura pas de succès. La médiocrité ou la pusillanimité. Ces jeunes qui ont peur de tout : « Non, je suis comme cela… » Ces jeunes n’avanceront pas. Douceur, force et pas de pusillanimité, pas de médiocrité. Le bienheureux Pier Giorgio Frassati – qui était un jeune – disait qu’il faut vivre et ne pas vivoter.[2] Les médiocres vivotent. Vivre avec la force de la vie. Il faut demander à notre Père céleste pour les jeunes d’aujourd’hui le don d’une saine inquiétude. Mais à la maison, dans vos maisons, dans chaque famille, quand on voit un jeune qui reste assis toute la journée, parfois maman et papa pensent : « Mais il est malade, il a quelque chose » et ils l’emmènent chez le médecin. La vie du jeune consiste à avancer, à être inquiet, la saine inquiétude, la capacité de ne pas se contenter d’une vie sans beauté, sans couleur. Si les jeunes ne sont pas affamés d’une vie authentique, je m’interroge, où ira l’humanité ? Où ira l’humanité avec des jeunes tranquilles au lieu d’être inquiets ?

La question de l’homme de l’Évangile, que nous avons entendue, est à l’intérieur de chacun de nous : comment se trouve la vie, la vie en abondance, le bonheur ? Jésus répond : « Tu connais les commandements » (v.19) et il cite une partie du Décalogue. C’est un processus pédagogique, par lequel Jésus veut guider vers un lieu précis ; en effet, il est déjà clair, à partir de sa question, que cet homme n’a pas une vie pleine, il cherche davantage, il est inquiet. Que doit-il donc comprendre ? Il dit : « Maître, tout cela, je l’ai observé dès ma jeunesse » (v.20).

Comment passe-t-on de la jeunesse à la maturité ? Quand on commence à accepter ses limites. On devient adulte quand on relativise et que l’on prend conscience de « ce qui manque » (cf. v.21). Cet homme est contraint à reconnaître que tout ce qu’il peut « faire » ne dépasse pas le plafond, ne pas pas au-delà d’une certaine limite.

Comme il est beau d’être des hommes et des femmes ! Comme notre existence est précieuse. Et pourtant, il y a une vérité que l’homme a souvent refusée, dans l’histoire de ces derniers siècles, avec des conséquences tragiques : la vérité de ses limites.

Dans l’Évangile, Jésus dit quelque chose qui peut nous aider : « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir » (Mt 5,17). Le Seigneur Jésus offre l’accomplissement, il est venu pour cela. Cet homme devait arriver au seuil d’un saut, où s’ouvre la possibilité d’arrêter de vivre de soi, de ses œuvres, de ses biens et – justement parce qu’il manque une vie pleine – de laisser tout pour suivre le Seigneur.[3] À bien regarder, dans l’invitation finale de Jésus – immense, merveilleuse – il n’y a pas la proposition de la pauvreté, mais de la richesse, la vraie : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » (v.21).

Qui, pouvant choisir entre un original et une copie, choisirait la copie ? Voilà le défi : trouver l’original de la vie, pas la copie. Jésus n’offre pas de succédané, mais la vraie vie, le vrai amour, la vraie richesse ! Comment les jeunes pourront-ils nous suivre dans la foi s’ils ne nous voient pas choisir l’original, s’ils nous voient habitués aux demi-mesures ? C’est triste de trouver des chrétiens de la demi-mesure, des chrétiens – je me permets la parole – « nains » ; ils grandissent jusqu’à une certaine stature et puis non ; des chrétiens au cœur rabougri, fermé. C’est triste quand on trouve cela. Il faut l’exemple de quelqu’un qui m’invite à un « au-delà », à un « plus », à grandir un peu. Saint Ignace l’appelait le « magis », « le feu, la ferveur de l’action, qui secoue ceux qui sont endormis ».[4]

La voie de ce qui manque passe par ce qu’il y a. Jésus n’est pas venu abolir la loi ou les prophètes mais pour les accomplir. Nous devons partir de la réalité pour faire le saut dans « ce qui manque ». Nous devons scruter l’ordinaire pour nous ouvrir à l’extraordinaire.

Dans ces catéchèses, nous prendrons les deux tables de Moïse en chrétiens, en nous tenant à Jésus par la main, pour passer des illusions de la jeunesse au trésor qui est au ciel, en marchant derrière lui. Nous découvrirons, dans chacune de ces lois, anciennes et sages, la porte ouverte du Père qui est dans les cieux pour que le Seigneur Jésus, qui l’a franchie, nous conduise à la vraie vie. Sa vie. La vie des enfants de Dieu.

© Libreria Editrice Vaticana – 2018

Économie paroissiale

2010-2018 – Installation photovoltaïque du presbytère de la Cathédrale

En 2010, la communauté paroissiale de la Cathédrale s’est mise en quête d’installer des panneaux solaires pour le presbytère. Plusieurs entreprises spécialisées dans le photovoltaïque ont été consultées. C’est l’entreprise Mahana ora qui a été retenue.

Bénéficiant de la loi de défiscalisation, un contrat d’installation de 1 985 342 xfp a été signé pour un total de 27 panneaux solaires et 3 transformateurs de la marque Shüco.

Le marché du photovoltaïque mondial étant en pleine expansion, il aura fallu pas moins de 9 mois pour que le matériel arrive à Tahiti et soit installé sur le toit du presbytère de la Cathédrale. Temps long mais qui au final s’est avéré bénéfique puisque c’est durant cette même période que la loi du Pays fut modifiée. En effet jusque-là, lorsqu’on installait du photovoltaïque, deux choix s’offraient au « producteur » : 1° consommer l’énergie produite et renvoyer le surplus vers EDT sans contrepartie financière ou 2° revendre l’intégralité de la production à EDT. La nouvelle loi permit un mixte… consommation de la production et revente du surplus. De plus durant un temps bref, les contrats signés établissaient le rachat du Kwh à 45 xfp.

En novembre 2010, les panneaux solaires étaient installés et en décembre de la même année, « cadeau de Noël », l’installation était connectée au réseau EDT pour la somme de 80 570 xfp.

En novembre 2017, la période de défiscalisation etant arrivée à son terme… restait à la communauté paroissiale de choisir de rendre l’installation ou de la racheté à la société Mahana ora pour 9 000 xfp. C’est la seconde option qui fut retenue. Désormais la communauté paroissiale de la Cathédrale est propriétaire de son installation et a passé un contrat annuel d’entretien avec la société Mahana ora.

À ce jour et ce depuis son installation et le raccordement au réseau EDT à ce jour, l’installation a rapporté nette à la communauté paroissiale la somme nette de 2 077 351 xfp, versé par EDT. Ceci sans compter la diminution du montant des factures EDT… qui équivaut en moyenne à 150 000 xfp par an… soit un total d’environ 1 000 000 xfp. À ce jour l’installation est donc bénéficiaire … et se porte très bien ! Voici le tableau récapitulatif des dépenses et recettes occasionnées par l’installation photovoltaïque.

Tableau récapitulatif des dépenses et recettes

   

Bénéfices

   

2439

   

Dépenses

Recettes

Date

Opérations

2074912

2077351

10/02/2010

Mahana Ora

180000

 

16/11/2010

Installation solaire

1805342

 

07/12/2010

Compteur EDT réinjection

40285

 

22/12/2010

Compteur EDT réinjection 2

40285

 

31/12/2010

Vente à EDT

 

136215

31/12/2011

Vente à EDT

 

229941

31/12/2012

Vente à EDT

 

259354

31/12/2013

Vente à EDT

 

338783

31/12/2014

Vente à EDT

 

300391

31/12/2015

Vente à EDT

 

266420

31/12/2016

Vente à EDT

 

194625

18/12/2017

Mahanaora - achat installation

9000

 

31/12/2017

Vente à EDT

 

167408

31/05/2018

Vente à EDT

 

184214

© Cathédrale – 2018

Toujours actuel

Civilisation

Une réflexion de Robert SCHUMAN, alsacien et père de l’Europe au sujet de la Civilisation, toujours actuelle… à lire et à relire surtout par nos élus !

Si nous trouvons des traces profondes de l'idée chrétienne dans la vie politique contemporaine, le christianisme n'est pas et ne doit pas être inféodé à un régime politique, être identifié avec une forme quelconque de gouvernement, fût-elle démocratique. Sur ce point, comme sur d'autres, il faut distinguer le domaine de César et celui de Dieu. Ces deux pouvoirs ont chacun des responsabilités propres. L'Église doit veiller au respect de la loi naturelle et des vérités révélées ; son rôle, par-contre, n'est pas de se faire juge des choix concrets qui devront se faire selon des points de vue pratiques d'opportunité et selon les possibilités de fait qui découlent de l'évolution psychologique et historique. La tâche de l'homme politique responsable consiste à concilier, dans une synthèse parfois délicate mais nécessaire, ces deux ordres de considération, le spirituel et le profane. Notre vie est souvent obscurcie dans le dédale des problèmes et des options à faire et dans la passion des controverses. Mais il n'y a aucun conflit insoluble entre les deux impératifs, celui d'une doctrine immuable en ce qui concerne les principes et celui d'une sage application des contingences changeantes dont il faut tenir compte dans la vie des peuples comme dans celle des individus.

La théocratie méconnaît le principe de la séparation des deux domaines. Elle fait endosser à l'idée religieuse des responsabilités qui ne sont pas les siennes. Sous un tel régime les divergences d'ordre politique risquent de dégénérer en fanatisme religieux ; la guerre sainte est l'expression la plus redoutable d'une exploitation sanglante du sentiment religieux.

Dès l'origine, le Christ était à l'opposé du fanatisme, puisqu'il a accepté d'en être la victime la plus auguste. Son royaume n'était pas de ce monde. Cela signifie aussi que la civilisation chrétienne ne devait pas être le produit d'une révolution violente et immédiate, mais d'une transformation progressive, d'une éducation patiente, sous l'action des grands principes de charité, de sacrifice et d'humilité qui sont à la base de la société nouvelle. Ce n'est qu'au cours de longs siècles de luttes intérieures et d'épurations successives, qu'une telle civilisation pouvait évoluer vers le grand idéal proposé, se dégager des scories de l'humanité païenne, au prix de convulsions douloureuses et de recherches multiples.

Robert Schuman

[dans « Pour l'Europe ». 1963 Edition NAGEL]

© Ami-hebdo – 2018

Éthique

PMA : « La question de la filiation est essentielle pour notre civilisation »

Le nouvel archevêque de Paris, Monseigneur Aupetit, alerte le gouvernement sur les bouleversements engendrés par une révision des lois de bioéthique. Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) a remis mardi 5 juin son rapport de synthèse à la suite des états généraux de la bioéthique. Un appel à la participation citoyenne lancé en janvier dernier, auquel les catholiques ont largement répondu. Le nouvel archevêque de Paris et ancien médecin, monseigneur Aupetit, a été consulté, notamment lors d'un dîner à l'Élysée sur la question de la fin de vie. Il rappelle que sur tous ces sujets l'Église doit s'exprimer avec des arguments « fondés en raison ». Et non pas sur le seule base de la foi.

Le Point.fr : Alors que le CCNE vient de remettre sa synthèse des états généraux de la bioéthique, quelles conclusions tirez-vous de cette phase de consultation nationale ? 

Mgr Aupetit : La dernière loi de bioéthique de 2011 prévoyait une réévaluation au bout de sept ans sans qu'il s'agisse nécessairement d'une révision. Le gouvernement a voulu une large consultation de l'ensemble des Français par des états généraux. La question posée m'apparaît très importante, car elle situe exactement les enjeux : « Quelle société voulons-nous » ? Il me semble très heureux que tout le monde ait pu s'exprimer, car les décisions qui seront prises vont avoir des conséquences durables sur nos façons de vivre et les valeurs qui les sous-tendent. Nous sommes, en effet, à la croisée des chemins entre deux visions sociétales. D'un côté, une société basée sur la fraternité où la personne est qualifiée par les relations qu'elle entretient avec autrui. Dans cette situation, la loi protège les plus vulnérables. D'un autre côté, une société individualiste où chacun revendique une autonomie. Dans ce cas, la loi s'ajuste au désir individuel avec le risque de revenir au droit du plus fort, du plus riche ou du plus puissant. Bien sûr, nous défendons une société fraternelle qui constitue encore l'humus de notre civilisation. Les débats ont été très ardents même si l'on peut regretter que l'ensemble de nos concitoyens n'ait pas mesuré l'importance des enjeux.

Le Point.fr : Si la synthèse du CCNE laisse apparaître que la PMA ne fait pas l'unanimité, plusieurs indices peuvent laisser présager l'intention du gouvernement de l'ouvrir à toutes les femmes, conformément au programme du président de la République. Quelles conclusions cela vous inspire-t-il ? 

Mgr Aupetit : Il n'y a aucun consensus et d'importantes réserves ont été émises. Nombreux sont ceux qui se sont exprimés et il serait dommage de réduire la parole d'un si grand nombre à une simple mobilisation de « militants ». Lorsqu'il n'y a aucun consensus, ne faut-il pas adopter un principe de précaution ? Le président de la République a dit ne pas vouloir avancer en force, j'espère que le gouvernement et le Parlement sauront entendre les vives réserves qui se sont exprimées. Nous continuerons de faire entendre notre voix pour que notre société ne soit pas fondée sur la somme de désirs individuels, mais sur le bien commun. Et la question de la filiation est essentielle pour l'avenir de notre civilisation.

Le Point.fr : Vous étiez présent lors du dîner organisé en février dernier à l'Élysée, au sujet de la fin de vie. Dans quel climat celui-ci s'est-il déroulé ? Ces échanges ont-ils été fructueux ?

Mgr Aupetit : Le climat était tout à fait cordial entre les personnes présentes, pourtant d'opinions diamétralement opposées. Le président de la République a interrogé successivement chacun des convives, qui ont eu largement le temps de s'exprimer. Tout d'abord, les médecins et les personnels soignants en charge des malades en fin de vie. Puis, la parole fut donnée aux philosophes pour terminer par les représentants des religions. Il est difficile d'évaluer le fruit de cette consultation et l'impact les différents arguments sur nos gouvernants.

Le Point.fr : Lors de ce dîner, vous êtes-vous exprimé davantage en tant que médecin ou en tant qu'archevêque de Paris, représentant de l'institution religieuse catholique ?

Mgr Aupetit : Je me suis exprimé avec des arguments fondés en raison, seule façon de toucher l'intelligence et le cœur. J'ai insisté sur l'extraordinaire amélioration des fins de vie en France. Dans les années 1970, lorsque j'étais étudiant dans les hôpitaux, les patients qui ne pouvaient plus être accessibles à la thérapie étaient souvent abandonnés avec des antalgiques mineurs et des soins minimums. La formidable extension des soins palliatifs a permis une véritable réponse à la douleur de ces patients et une réelle prise en charge de la fin de vie. Contrairement à ce que l'on entend, on meurt beaucoup mieux en France aujourd'hui qu'il y a 40 ans. Ensuite, je me suis exprimé sur le plan philosophique en montrant que la dignité humaine tient à sa nature propre, comme l'affirme la Déclaration universelle des droits de l'homme. Elle ne dépend pas de son état de dépendance ou de fragilité. On meurt toujours dans la dignité quand la société est capable de vous accompagner parce que vous êtes précieux à ses yeux. À tout cela, l'archevêque de Paris ajouterait seulement que la dignité tient aussi à la transcendance qui habite la conscience de l'humanité depuis toujours.

Le Point.fr : Le président de la République vous semble-t-il à l'écoute de l'Église ? Et de ses arguments concernant les questions bioéthiques ?

Mgr Aupetit : Le président écoute chacun de nos arguments avec sérieux. Cela est vrai aussi de ceux qui ne pensent pas comme nous. Son discours au collège des Bernardins a montré qu'il ne considérait pas l'Église comme une quantité négligeable et qu'il reconnaissait son œuvre civilisatrice pour la France au cours des siècles.

Le Point.fr : Sur les questions de PMA et fin de vie, qui préoccupent particulièrement les Français, son avis vous paraît-il tranché ?

Mgr Aupetit : Je n'ai pas la faculté de lire dans les consciences, aussi je ne pourrais pas dire s'il a un avis tranché. Dans son programme présidentiel, il avait bien programmé le vote de la PMA qui ne serait pas seulement destinée aux personnes atteintes d'infertilité, mais qui répondrait également un « désir sociétal d'enfant ». La question qui se pose alors est celle-ci : « le désir d'enfant est-il plus important que le droit de l'enfant » ? La Déclaration des droits de l'enfant à l'ONU a déjà répondu non à cette question. Sur la fin de vie, qui ne faisait pas partie du programme des états généraux, le président m'a paru très prudent.

Le Point.fr : Vous avez rencontré le Premier ministre Édouard Philippe, le 18 avril dernier. Que retirez-vous de cet échange ? 

Mgr Aupetit : Nous n'avons pas parlé que de bioéthique. Sur ce sujet, le Premier ministre m'a semblé en retrait sur la question de la fin de vie, malgré la pression de certains députés de sa majorité. Pour les autres questions, il m'a écouté avec bienveillance, mais je ne suis pas sûr de l'avoir convaincu.

Le Point.fr : L'engagement de l'Église dans le cadre de la révision des lois de bioéthique s'est-il arrêté en même temps que la phase de consultation générale menée par le CCNE ? Sinon, comment se poursuivra-t-il ?

Mgr Aupetit : Les chrétiens en général et les catholiques en particulier n'ont pas attendu les états généraux pour s'exprimer sur ce sujet crucial. À l'occasion de ces états généraux, nous avons voulu participer largement au débat et donner un argumentaire sérieux aux fidèles et à toutes les personnes de bonne volonté. La diffusion de plus de 100 000 petits livrets sur le diocèse de Paris et le travail fait par la Conférence des évêques qui publiera un livre en juin participent de ce dialogue. À Paris, nous continuons les soirées d'information où nous faisons intervenir des personnes spécialisées dans ce domaine. Ce travail, bien sûr, ne s'arrêtera pas avec la fin de la consultation. Il continuera même après le vote des lois, car, si nous obéissons aux lois de notre pays, nous devons toujours continuer d'éclairer les consciences de nos concitoyens.

© Le Point – 2018

 

[1] Les Pères parlent de pusillanimité (oligopsychìa). Saint Jean Damascène la définit comme « la peur d’accomplir une action » (Exposition exacte de la foi orthodoxe, II,15) et saint Jean Climaque ajoute « que la pusillanimité est une disposition puérile dans une âme qui n’est plus jeune » (L’échelle, XX, 1,2).

[2] Cf. Lettera à Isidoro Bonini, 27 février 1925.

[3] « L’œil a été créé pour la lumière, l’oreille pour les sons, chaque chose pour sa fin et le désir de l’âme pour s’élancer vers le Christ » (Nicola Cabasilas, La vie dans le Christ, II, 90).

[4] Discours à la XXXVI Congrégation générale de la Compagnie de Jésus, 24 octobre 2016 : « Il s’agit de ‘magis’, de ce ‘plus’ qui pousse Ignace à initier des processus, à les accompagner et à évaluer leur réelle incidence dans la vie des personnes, en matière de foi, ou de justice, ou de miséricorde et de charité ».

Commentaire des lectures du dimanche

« Du temps ordinaire », « per annum » ou « après la Pentecôte », ainsi la liturgie qualifie-t-elle, dans la diversité de ses mots et de ses formes, les dimanches que nous vivons, les numérotant, qui plus est, soigneusement, de semaine en semaine. L’éloge de l’ordinaire qui en est fait contraste avec notre temps – et nous en sommes – qui en promouvant l’événement, s’intéresse à ce qui est extraordinaire ou tout au moins nouveau. Notre foi, elle, sait la valeur du quotidien, fut-il monotone, puisque Dieu « avec nous jusqu’à la fin du monde » a rempli toute chose, tout lieu et toute heure de sa présence. Tel est l’émerveillement et l’expérience de notre vie chrétienne, de la vie contemplative en particulier dont la liturgie de la Parole de ce dimanche donne comme une feuille de route que nous pourrions baliser par une spiritualité de l’action, une spiritualité du temps et une spiritualité de l’arbre.

 

Parler de spiritualité de l’action en parlant de la vie contemplative ne surprendra pas les amis du Carmel ! Sainte Thérèse montre qu’aux septièmes demeures, horizon de son cheminement spirituel, Marthe et Marie sont pleinement unies et d’exhorter : « Des œuvres, des œuvres, des œuvres » ! Être contemplatif, ce n’est pas ne rien faire, fut-ce pour prier ou admirer l’œuvre de Dieu mais, selon sainte Thérèse toujours, « c’est être esclave de l’amour » autrement c’est se laisser transformer par Dieu pour qu’il fasse son œuvre en nous. Cela demande liberté, détachement, humilité et correspond, dans l’œuvre thérésienne, au passage vers les cinquièmes demeures. Faire selon Dieu et non plus faire pour Dieu, voilà l’enjeu de ce passage. La parabole de la semence « automatique » (qui grandit toute seule) ou l’exhortation de saint Paul à choisir selon le seul critère de « plaire au Seigneur » l’illustrent bien. Le grain est semé et il pousse de lui-même. « Abandonner au Seigneur le souci de la croissance » : il y a là un chemin de « démaîtrise » et de réorientation de ce que nous faisons.

Dormir et se lever (ou veiller), l’évangile nous invite à ces deux attitudes tout en nous mettant en garde contre elles ! En effet, il y a un véritable appel à dormir, c’est-à-dire à tout remettre à Dieu, en l’action secrète duquel nous croyons. Il y a de même un appel à veiller pour discerner (« voyez l’herbe qui pousse déjà… ») et déjà rendre grâce. Mais dormir n’est pas démissionner - il y a un mauvais sommeil, celui de Jonas qui fuit, celui des disciples au Jardin des Oliviers - et veiller n’est pas de l’activisme : notre agitation ressemble parfois à celle de Marthe. La parabole est donc très libératrice des fardeaux que nous nous imposons et de nos peurs : nous ne sommes pas sauveurs du monde, ne nous trompons donc pas d’action ni de combat ! Le vrai travail spirituel consiste à consentir au grain qui pousse et à se contenter de semer, parfois à récolter selon ce qu’il plait au Seigneur, pour reprendre saint Paul : croire en la grâce et collaborer avec elle. Là est l’enjeu, le jeu et la saveur du Temps Ordinaire, d’une spiritualité de l’action.

Une spiritualité du temps intègre la patience, non celle de la résignation mais celle de la croissance et du discernement : discernement des moments de Dieu (« kairos »), départ entre les vrais soucis (« le monde en feu ») et les affaires de peu d’importance, attente eschatologique qui sait qu’il n’y a d’accomplissement qu’en Dieu et accueil, dans son intensité, du moment présent. La foi invite ainsi à changer de regard et d’appréciation de ce que nous vivons et voyons. La graine de moutarde est la plus petite des semences et elle devient un grand arbre. C’est un appel à être attentif à tout ce qui est de l’ordre de la croissance (crois en ce qui croît !) et de la vie - de toute vie, même celle qui est cachée fragile, silencieuse, invisible. C’est un appel à changer nos critères d’évaluation souvent fascinés par la performance, l’immédiateté ou le nombre. Ne voyons pas là une belle naïveté ! Croire à la semence, c’est repérer, se souvenir et croire à tous les dons de Dieu fait en nous et autour de nous, en premier lieu à notre grâce baptismale. Ce que Dieu a semé ne pourra que produire du bon et du bien : appel à laisser grandir en nous ce qui est parfois oublié ou négligé mais qui seul éclora en la vraie vie et percevra le vrai sens de la vie. Ce regard neuf sur la préparation secrète de Dieu dans le cœur de chacun est un appel à espérer l’autre sans désespérer de nous-mêmes, dans la patience. Une compréhension plus profonde de notre évangile est de dire que Dieu lui-même est la semence. Une spiritualité du temps consiste, dans la simplicité des jours, à l’accueillir dans tous ses affleurements. Enjeu de cet ordinaire des jours…

Avant d’évoquer une spiritualité de l’arbre pour finir, étonnons-nous un peu que Jésus explique les paraboles. Expliquer le symbole, expliquer la poésie, nous le savons, tue le symbole, tue la poésie ! Dans notre tradition carmélitaine, lire saint Jean de la Croix ce n’est pas se contenter de lire ses traités mais bien ses poèmes dans un va-et-vient, incessant et inépuisé, avec les quelques commentaires qu’ils ont suscités. De même, notre vie de foi se nourrit d’un va-et-vient, entre la lecture des Écritures, du livre de la Création et des récits de nos vies et leur explication ou explicitation que nous donnent la prière, la relecture de vie, le témoignage, « selon ce que nous sommes capables d’en comprendre », là où nous en sommes. Tel est un troisième enjeu pour l’ordinaire du temps, ces jours de chaque jour : être poète de Dieu, non pas, en général, au sens littéraire mais au sens de cette ouverture à l’au-delà des mots, au sens des choses et de la foi. Tout priant est en ce sens un poète. Le symbole de l’arbre employé par Jésus en est un exemple formidable. De leur existence, expérimentée et relue par les paraboles de Jésus, soulignons leur profond enracinement dans la terre et leur haute aspiration vers le ciel, la solitude de leur tronc et l’entrelacs de leurs feuilles, l’hospitalité de leurs branches et de leur ombre qui permet le chant des oiseaux. La spiritualité de l’arbre est donc bien celle de la vie contemplative avec sa vie fraternelle, mystère de solitude et d’entrelacs, intrinsèque, purifiante et merveilleuse, signe et test à la fois de toute vie chrétienne authentique.

Puisse cet éloge du temps ordinaire avec la déclinaison de certains de ses enjeux nous rendre toujours plus attentifs à la grâce, hôte, scansion et orient de nos jours ! Amen

Fr Guillaume Dehorter, ocd

© Carmel-asso - 2015