Pko 16.12.2018

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°63/2018

Dimanche 16 décembre 2018 – 3ème Dimanche de l’Avent – Année C

Humeurs…

Condamner… à trouver un travail et un domicile fixe !

« Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer. » (Is 55,1)

TAHITI

Le 6 décembre, au Tribunal de Papeete, était jugé une affaire peu banale… aussi bien quant aux faits jugés qu’à la condamnation…

Les faits : « Dans la soirée du 18 novembre dernier, le prévenu avait cassé la porte d'un restaurant du front de mer. Après avoir pris une dizaine de bouteilles d'alcool derrière le bar de l'établissement, le sans-abri avait subtilisé 36 kilos d'entrecôtes, 10 kilos de blancs de poulet et 6 paquets de crevettes… Il avait ensuite partagé ces victuailles avec les habitants des squats installés près de la piscine de Papeete. » (Tahiti-infos du 6 décembre 2018)

La condamnation : « L'homme a été condamné à un an de prison avec sursis et 240 heures de TIG. Il a désormais l'obligation de trouver un travail et un domicile fixe. »

« Point de mépris pour un voleur si c’est la faim qui l’a poussé. » (Proverbe 6,30)

Deux réflexions :

La première est que pour éviter une telle situation, notre société ne devrait-elle pas s’ouvrir davantage au partage et lutter contre le contre le gaspillage ? Chacun pourrait ainsi manger à sa faim… sans avoir à voler !

« Le consumérisme nous a poussés à nous habituer au superflu et au gaspillage quotidien de nourriture, à laquelle parfois nous ne sommes plus capables de donner la juste valeur, qui va bien au-delà des simples paramètres économiques. Rappelons-nous bien, cependant, que lorsque l’on jette de la nourriture, c’est comme si l’on volait la nourriture à la table du pauvre, à celui qui a faim ! J’invite chacun à réfléchir sur le problème de la perte et du gaspillage de la nourriture, pour identifier des façons et des moyens qui, en affrontant sérieusement cette problématique, puissent être des instruments de solidarité et de partage avec les personnes le plus dans le besoin. » (Pape François – 5 juin 2013)

La deuxième réflexion est sur le cocasse de la condamnation telle que rapportée par le quotidien : Être condamner à trouver du travail et un domicile fixe !!! Cela doit partir du présupposé d’une frange de la population, déjà rapporté dans nos humeurs que les personnes en grande précarité et à la rue aiment cette situation et n’ont aucune envie de changer : La joie de la précarité, de se balader toute la journée avec son barda, d’être agressé ou volé au milieu de la nuit pendant son sommeil est si grande… On se demande d’ailleurs pourquoi il y a si peu de personnes à la rue… c’est un tel plaisir d’y vivre !!!

Alors, certes le vol ne peut être encouragé… mais une société qui crée une aussi grande disparité de richesse… [entre ceux qui n’ont rien, pas seulement ceux à la rue… mais ceux vivant dans des taudis au fin fond de nos vallées… et ceux qui ont tant qu’ils sont obligés d’investir hors Polynésie] n’est telle pas elle aussi coupable ! Ne devrait-elle pas être, elle aussi, condamnée à fournir les moyens d’un travail et d’un logement à ses exclus !!!

Le message de Noël à encore du chemin à faire !

ITALIE

Autre pays… autre mœurs… autre justice

L’Italie… plus proche du Vatican… moins laïciste… a elle plus d’audace en justice !!!…

« La cour d’appel la plus importante d’Italie vient de prendre une décision historique dans l’affaire d’un clochard condamné pour vol de nourriture. Peut-on condamner quelqu’un qui vole de la nourriture parce qu’elle est dans le besoin ? La cour d’appel Italienne a décidé que non. L’inculpé avait été condamné à 6 mois de prison et à une amende, pour avoir volé l’équivalent de 4 euros en saucisses et en fromages dans une supérette de Gênes. La cour d’appel a estimé que ce n’était pas un crime, mais “un état de nécessité”… les juges ont fait “prévaloir le droit à la survie sur le droit à la propriété”. Une décision d’autant plus justifiée lorsque “le besoin de nourriture est immédiat et indispensable”. » (www.konbini.com)

Attentat de Strasbourg…

Condoléances du Pape François après l’attentat de Strasbourg

« C’est avec tristesse et préoccupation que Sa Sainteté le Pape François a appris l’attentat perpétré hier soir au marché de Noël à Strasbourg et qui a fait plusieurs victimes. Le Pape François exprime, encore une fois, sa ferme condamnation contre de tels actes. Il manifeste sa compassion en particulier aux familles affectées et à toutes les personnes touchées par cet attentat, les assurant de sa prière. Alors qu’il confie les défunts à la miséricorde de Dieu, le Saint-Père a une pensée spéciale pour les professionnels et les volontaires qui prennent soin des personnes blessées. En gage de consolation, il implore l’abondance des bénédictions divines sur les victimes, sur ceux qui les assistent et sur tout le peuple français.

Cardinal Parolin »

Laissez-moi vous dire…

Dimanche 16 décembre : 3ème Dimanche de l’Avent

Bientôt Noël… Bingo !… On va gagner gros !

« Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche. » C’est l’antienne d’ouverture de ce dimanche, appelé Gaudete, dimanche de la joie.

C’est vrai nous approchons de Noël, fête de la joie et de l’espérance. Cela se voit dans les magasins avec la frénésie des achats – pour ceux qui en ont les moyens… ou ceux qui ouvrent des crédits ! - . Mais cela se remarque également dans certains quartiers où le Bingo bat son plein de joueurs et de joueuses « accro ». Le maire de Punaauia s’est inquiété de ce phénomène ; on pouvait penser qu’il craignait pour ses administrés qu’ils délaissent leurs enfants dans les rues pendant qu’ils jouent au Bingo, ou encore qu’ils dilapident leurs maigres revenus dans des mises hasardeuses. Hélas, l’édile réclamait qu’une « loi » vienne réguler cet état de fait… car -Ô drame ! - il y a des taxes potentielles perdues pour la commune !

Le démon du jeu à l’approche des fêtes n’est pas une nouveauté… Il suffit de regarder le marketing mis en place par la Pacifique des Jeux (PDJ) pour appâter les joueurs. Et pourtant, cette société se défend avec zèle d’appauvrir les populations en affichant ses 4 règles de jeux : ENGAGES pour divertir et protéger, INTEGRES pour garantir le respect de l’éthique, PIONNIERS pour faire bouger les lignes, SOLIDAIRES pour être utiles à tous (1). La PDJ se définit « comme une activité de loisir et de biens de consommation courante ». Sa politique est simple : « REVE pour tous ! PROCHE de vous ! PARTAGE des fruits ! PLAISIR de jouer ! ». [Sources : fdj.fr et pdj.pf]

Certains joueurs vont jusqu’à consulter voyantes, chiromanciens, mages, marabouts, médium… pour connaître les numéros gagnants du prochain tirage. Le but étant de gagner la grosse cagnotte ! Pour le Loto la probabilité de gagner le gros lot est de 1 chance sur 19 millions (exactement : 19 068 840), mais pour 2 bons numéros on a 1 chance sur 6 de gagner une « poignée de cacahuètes ». [Source : lotolabo.com] Certes depuis 1991 (27 ans déjà !) il y a eu quatre gagnants à plus de 1 milliard de F CFP, ce qui fait l’attrait des jeux de tirage et des jeux de grattage. Mais au global 134 054 joueurs polynésiens (de plus de 18 ans) [soit 69,7% de la population majeure !] misent chaque année 4,5 milliards F cfp [tous types de jeux confondus]. [Source : pdj.pf]

Le gouvernement de notre Pays en tire profit puisque la nouvelle convention entre la PDF et le Pays, entrée en vigueur le 1er janvier 2017, permet au gouvernement de tabler sur une rentrée fiscale annuelle d’au moins 750 millions F cfp (hors TVA). [Source : tahiti-infos.com]

Et la perspective n’est pas limitée puisque la PDJ envisage de développer une Offre Sport [en France « Parions Sport » est la 2ème marque de la Française des Jeux qui connait un grand dynamisme].

Pour nous chrétiens il est clair que le gain d’argent par la loterie ou le hasard est immoral. Pour nos frères et sœurs protestant(e)s, à la suite de Luther et de Calvin, le jeu disqualifie la valeur du travail et promeut la paresse. L’enrichissement n’est possible que par le travail. [cf. saint Paul : Ép 4, 28 ; 2 Th 3, 6-13 ; 1 Th 4, 11] Pour nous catholiques, le Catéchisme insiste sur le fait que « les jeux de hasard ou les paris deviennent moralement inacceptables lorsqu’ils privent la personne de ce qui lui est nécessaire pour subvenir à ses besoins et à ceux d’autrui. La passion du jeu risque de devenir un asservissement grave. Parier injustement ou tricher dans les jeux constitue une matière grave … » (CEC article 2413)

Il est heureux de constater que certains vendeurs du Loto attirent l’attention des parents pauvres : « Tu ne devrais pas jouer, ta famille a besoin de ton argent pour se nourrir ». (entendu dans plusieurs points de vente sur la côte Est]

 « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. » (Matthieu 6, 24)

Bonne préparation à Noël !

Dominique Soupé

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1 Ne voyons-nous pas partout dans les points de vente de la PDJ :

© Cathédrale de Papeete - 2018

En marge de l’actualité…

Regard sur l’Église

« Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique », disons-nous dans le « credo ». Mais que représente pour chacun cette Église appelée à proclamer et à célébrer bientôt la naissance du Sauveur ? Comment la comprenons-nous ? Voici quelques approches pour nous aider à trouver notre réponse.

L’Église servante : comment l’Église peut être servante, qu’est-ce que l’Église peut et doit apporter au monde ? L’Église peut-elle être elle-même si elle n’est pas dans une posture de dialogue, voire de service ? Cette idée a été largement développée par le Pape Paul VI : « Le rapport de l’Église avec le monde… peut mieux s’exprimer sous la forme d’un dialogue… adapté au caractère de l’interlocuteur et aux circonstances de fait… » (Paul VI – Ecclesiam suam 80) La mission de l’Église est alors d’aider les hommes à vivre, où qu’ils soient sur leur chemin. Pour cela, l’Église doit être capable de lire les « signes des temps », c’est-à-dire ce qu’il y a de positif dans les recherches du monde actuel, de participer à tous les débats et, bien entendu, de servir les pauvres. Les besoins de l’homme et de la femme aujourd’hui ne s’expriment pas toujours de manière spirituelle… Il s’agit de savoir comment être humain dans un monde à plusieurs cultures, rapide, injuste pour certains, qui exalte le corps, la sexualité, vide d’espérance, marqué par la migration, assoiffé d’être valorisé, cherchant la place de la femme. L’Église est un peuple qui se laisse interpeller par le cri des pauvres ; elle est appelée à être avocate de la justice et défenseur des pauvres.

Une autre manière de voir l’Église est de la considérer comme une famille, c’est-à-dire une communauté assez restreinte de personnes qui se connaissent, qui partagent assez longtemps dans la durée, qui ont des relations simples dans tous les domaines de la vie. Évidemment, cette description correspond à la communauté locale. L’Église universelle est alors une communion de communautés. Le ciment de cette communauté est l’Esprit Saint. Cette manière de voir n’ouvre pas facilement à la compréhension ni à la nécessité d’une profession de foi, d’une discipline de la vie communautaire. En utilisant une expression courante, on est tenté de dire : « … du moment qu’ils s’aiment ! » L’important est de s’aimer. Pour l’Église « famille », la mission se fonde sur la contemplation de la communion en Dieu, communion qui s’est ouverte aux hommes et qui est donc missionnaire. Mais si l’on pense la mission comme la construction d’un réseau d’amitié, il n’est pas sûr que la chaleur de l’amitié puisse, à elle seule, convertir au Christ !

Une autre manière de considérer l’Église est de mettre en première place son lien à la Parole de Dieu. Cette manière de voir l’Église s’inscrit dans la ligne prophétique que les Protestants ont toujours su faire vivre. Pour ceux qui considèrent l’Église ainsi, l’Être et la mission de l’Église se confondent. Elle est née du Christ parole. Elle est rassemblée par la Parole, elle n’a pas d’autre mission que d’annoncer cette Parole du salut. Dieu nous a parlé par son Fils (He 1,1-2). Connaître le Christ, c’est le connaître par toute sa présence, par tout ce qu’il montre de lui-même, par ses paroles et par ses œuvres. Ce qui importe à ceux qui mettent l’accent sur la Parole, c’est de faire entendre le message. Peu importe si la manière de faire entendre entraîne la conversion. La conversion vient de la force de la Parole, et non de la conviction des messagers : accepter l’Évangile, c’est être sauvé ! Mais suffit-il d’accepter l’Évangile, tel que chacun le comprend, seul, à sa manière ? « Dans la relation entre Écriture et Église, selon la foi catholique, le magistère authentique occupe une place particulière pour l’explication et la proclamation de la Parole de Dieu écrite » (Vatican II - Unitatis redintegratio 21)

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete – 2018

Audience générale

La prière est un cri lancé vers Dieu

Dans le cadre de l’audience générale de ce matin, tenue en Salle Paul VI, le Pape François a poursuivi son cycle de catéchèses sur le Notre Père, en centrant sa méditation sur le thème : « Une prière qui demande avec confiance ».

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous poursuivons notre chemin de catéchèses sur le « Notre Père », commencé la semaine dernière. Jésus met sur les lèvres de ses disciples une prière brève, audacieuse, faite de sept demandes – un nombre qui n’est pas fortuit dans la Bible, qui indique la plénitude. Je dis audacieuse parce que, si le Christ ne l’avait pas suggérée, personne de nous – ou plutôt aucun des théologiens les plus connus – n’oserait probablement prier Dieu de cette manière.

En effet, Jésus invite ses disciples à s’approcher de Dieu et à lui adresser avec confiance certaines demandes : qui le concernent, lui, avant tout, et ensuite qui nous concernent. Il n’y a pas de préambules dans le « Notre Père ». Jésus n’enseigne pas des formules pour « s’attirer les bonnes grâces » du Seigneur, au contraire, il invite à le prier en faisant tomber les barrières de la suggestion et de la peur. Il ne dit pas de s’adresser à Dieu en l’appelant « Tout-puissant », « Très-haut », « Toi, qui es tellement loin de nous, moi, je suis misérable » : non, il ne dit pas cela, mais simplement « Père », en toute simplicité, comme les enfants s’adressent à leur papa. Et ce mot « Père » exprime la confiance filiale.

La prière du « Notre Père » plonge ses racines dans la réalité concrète de l’homme. Par exemple, elle nous fait demander le pain, le pain quotidien : une demande simple mais essentielle, qui dit que la foi n’est pas une question « de décor », détachée de la vie, qui intervient quand tous les autres besoins ont été satisfaits. Au contraire, la prière commence avec la vie même. La prière, nous enseigne Jésus, ne commence pas dans l’existence humaine une fois que l’estomac est plein : elle se niche plutôt partout où il y a un homme, n’importe quel homme qui a faim, qui pleure, qui lutte, qui souffre et se demande « pourquoi ». Notre première prière, en un certain sens, a été le vagissement qui a accompagné notre première respiration. Dans ces pleurs du nouveau-né c’est le destin de toute notre vie qui s’annonçait : notre faim continuelle, notre soif continuelle, notre recherche de bonheur.

Dans la prière, Jésus ne veut pas éteindre l’humain, il ne veut pas l’anesthésier. Il ne veut pas que nous atténuions nos demandes et nos requêtes en apprenant à tout supporter. Il veut au contraire que toute souffrance, toute inquiétude, s’élance vers le ciel et devienne un dialogue.

Avoir foi, disait quelqu’un, c’est avoir l’habitude de crier.

Nous devrions tous être comme Bartimée dans l’Évangile (cf. Mc 10,46-52) – souvenons-nous de ce passage de l’Évangile, Bartimée, le fils de Timée – cet homme aveugle qui mendiait aux portes de Jéricho. Autour de lui il avait beaucoup de braves gens qui lui intimaient l’ordre de se taire : « Mais tais-toi ! Le Seigneur passe. Tais-toi. Ne dérange pas. Le maître a tant à faire ; ne le dérange pas. Tu es ennuyeux avec tes cris. Ne dérange pas ! » Mais lui, il n’écoutait pas ces conseils : avec une sainte insistance, il voulait que sa misérable condition puisse enfin rencontrer Jésus. Et il criait plus fort ! Et les gens bien élevés : « Mais non, c’est le Maître, s’il te plaît ! Tu as l’air malin ! ». Et lui il criait parce qu’il voulait voir, il voulait être guéri : « Jésus, aie pitié de moi ! » (v.47). Jésus lui rend la vue et lui dit : « Ta foi t’a sauvé » (v.52), comme s’il expliquait que ce qui avait été décisif pour sa guérison, c’était cette prière, cette invocation criée avec foi, plus forte que le « bon sens » de tant de gens qui voulaient le faire taire. La prière, non seulement précède le salut, mais d’une certaine façon le contient déjà, parce qu’elle libère du désespoir de celui qui ne croit pas à une issue à tant de situations insupportables.

Certes, ensuite, les croyants ressentent aussi le besoin de louer Dieu. Les Évangiles nous rapportent l’exclamation de jubilation qui éclate du cœur de Jésus, plein d’étonnement reconnaissant envers le Père (cf. Mt 11,25-27). Les premiers chrétiens ont même senti l’exigence d’ajouter une doxologie au texte du « Notre Père » : « Car c’est à toi qu’appartiennent la puissance et la gloire pour les siècles des siècles » (Didaché, 8,2).

Mais personne d’entre nous n’est tenu d’embrasser la théorie que quelqu’un a proposé dans le passé, à savoir que la prière de demande est une forme de faiblesse de la foi, tandis que la prière plus authentique serait la pure louange, celle qui cherche Dieu sans le poids d’aucune requête. Non, ce n’est pas vrai. La prière de demande est authentique, spontanée, c’est un acte de foi en Dieu qui est le Père, qui est bon, qui est tout-puissant. C’est un acte de foi en moi, qui suis petit, pécheur et indigent. Et c’est pourquoi la prière pour demander quelque chose est très noble. Dieu est notre Père qui a une immense compassion pour nous, et qui veut que ses enfants lui parlent sans peur, en l’appelant directement « Père » ; ou dans les difficultés en disant : « Mais Seigneur, que m’as-tu fait ? » C’est pourquoi nous pouvons tout lui raconter, même les choses de notre vie qui restent tordues et incompréhensibles. Et il nous a promis qu’il serait toujours avec nous, jusqu’au dernier des jours que nous passerons sur cette terre. Prions le « Notre Père » en commençant ainsi, simplement : « Père » ou « Papa ». Et lui, il nous comprend et nous aime beaucoup.

© Libreria Editrice Vaticana – 2018

Attentat de Strasbourg

Après la consternation et la tristesse, il faut être ensemble

Pour l’archevêque de Strasbourg, Mgr Luc Ravel, l’attentat perpétré dans la capitale alsacienne à l’approche de Noël, vient redire la nécessité de l’arrivée d’un « Sauveur », face aux « racines de la violence » qui se trouvent en chacun.

Communiqué de Mgr Ravel

Une fois de plus, une fois de trop encore, la violence terroriste a frappé chez nous. Et elle s’est attaquée à notre capitale de Noël, Strasbourg, capitale européenne.

A travers notre belle Cité, c’est l’Alsace qui est blessée, la France qui est touchée, l’Europe qui est meurtrie et toute l’humanité qui est percutée.

Au moment des faits, confiné dans ma résidence, à quelques pas des lieux où se sont déroulés ces crimes, où nous aurions pu être, les uns et les autres, je ressentais le même vertige qu’en 2015 à Paris.

Vertige devant la souffrance des victimes, de leurs familles, de tous ceux qui ont été percutés par ces scènes infernales et qui mettront des années à s’en remettre, s’ils s’en remettent un jour.

Vertige devant la peine de tous ceux qui vont subir les conséquences de cette attaque : nos commerçants en particulier et tous nos habitants devenus inquiets, pénétrés à nouveaux par l’angoisse.

Vertige devant la folie lucide de l’assassin qui ne doit laisser croire à personne que son geste est rationnel ou religieux. Il est absolument nécessaire que toutes les autorités religieuses dénoncent rigoureusement ce rapprochement crapuleux entre Dieu et le terrorisme.

En communion avec toutes les victimes et le peuple alsacien, ce mercredi 12 décembre à midi toutes les cloches de Strasbourg sonneront le grand glas durant dix minutes.

Jeudi soir 13 décembre, nous invitons toutes nos communautés à célébrer un temps de prière pour les victimes, pour les forces de sécurité et pour la Paix dans toutes nos nations.

Je présiderai moi-même une veillée à la cathédrale de Strasbourg à 18h00 à laquelle j’inviterai personnellement toutes les autorités religieuses présentes à Strasbourg.

Cette célébration sera retransmise en direct par KTO.

Unis devant Celui qui est Source de la Paix.

Que Dieu bénisse l’Alsace.

+ Luc Ravel

La Croix : Quelle signification faut-il donner à une telle attaque ?

Mgr Luc Ravel : Depuis le début de la vague d’attentats qui frappe la France, nous avons observé que ces gestes sont certes fous, mais lucides. On s’attaque à des symboles : Charlie Hebdo, le Bataclan, Saint-Etienne-du-Rouvray… Cette fois, c’est Strasbourg, la capitale de Noël mais aussi la capitale de l’Europe. Les parlementaires sont d’ailleurs en session cette semaine. Rien n’est innocent, le geste vise clairement à déstabiliser un pays. Depuis trois ans, le centre de Strasbourg est fortement sécurisé, notamment à cette période de l’année. Mais il n’a jamais cessé d’être vivant, et c’est tant mieux.

La Croix : Comment réagir face à une telle situation de violence ?

Mgr Luc Ravel : Seul, c’est très difficile. Peu de temps avant l’attaque, je me promenais moi-même dans les rues du centre-ville de Strasbourg, pour effectuer quelques achats sur le marché de Noël. Mon domicile se trouve à 150 mètres de la rue des Orfèvres, là où le tireur est passé. Mardi 11 décembre, le soir, c’était la stupeur. Je me suis enfermé en me demandant ce qui était en train de se passer, pendant que j’entendais les hélicoptères, les camions des pompiers. On se demande avant tout comment se protéger et comment protéger ses proches. Cela m’a rappelé les situations dures auxquelles j’ai dû faire face en tant qu’évêque aux armées, lors des événements douloureux que la France a traversés ces dernières années. Seul, on ne peut pas s’en sortir, car c’est une spirale intenable.

Dans ces moments, il faut être ensemble. Après la consternation et la tristesse, il faut réagir. Pour montrer notre proximité, nous sommes en lien avec les aumôniers des hôpitaux, afin de nous assurer de la possibilité d’une prise en charge des victimes qui puisse être aussi spirituelle. Nous nous unissons à leur souffrance et à celle de leurs familles.

Mercredi 12 décembre, à midi, le glas a sonné pendant dix minutes dans toutes les églises de Strasbourg. Et une veillée de prière aura lieu à la cathédrale jeudi 13 décembre pour dire « non » à la violence et demander la paix. Nous comptons inviter les protestants à se joindre à nous, afin de prier en tant que chrétiens. Je compatis aussi avec tous ceux qui auront à souffrir des conséquences de cet acte. Je pense notamment aux commerçants. Même si cela peut sembler matérialiste, ils les subiront de plein fouet et cela leur sera fortement préjudiciable.

La Croix : Quel message comptez-vous porter dans ce climat tendu ?

Mgr Luc Ravel : Je veux rappeler que les chrétiens sont appelés à l’espérance, certes, mais à l’espérance lucide. Je suis fermement opposé au discours qui soutient que « la vie reprend », comme si de rien n’était, après un tel événement. Je comprends les angoisses. Bien sûr, il y a aura un processus collectif de résilience. Mais nous ne serons jamais plus tout à fait comme avant.

Nous sommes dans le temps de l’Avent, dans l’attente de Noël, fête de la joie par excellence. Mais la joie du chrétien est toujours mêlée de douleur. Cette attaque vient nous confirmer la nécessité que nous avons d’un Sauveur. Il vient pour nous sauver de notre violence intérieure, qui se traduit par la violence physique et aveugle, par la violence sociale, dans le contexte tendu des manifestations des « gilets jaunes », mais aussi par la violence de nos sentiments en réaction, comme la peur ou même la haine. Les racines de la violence sont en nous. Et Dieu vient nous rejoindre au cœur même de cette violence.

Je veux redire aussi que cet acte, dont la nature n’est pas pour l’heure déterminée, n’a pour moi aucune justification religieuse. C’est un schéma simpliste et rigoureusement faux que de l’affirmer.

Recueilli par Marie Malzac

© La Croix - 2018

Attentat de Strasbourg

Il n’y a pas de bien qui ne soit serré de mal

Voici l’intégralité du texte de l’homélie de Mgr Luc Ravel, lors de la veillée de prière du 13 décembre 2018, deux jours après la fusillade qui a coûté la vie à trois personnes et fait douze blessés dans le centre de Strasbourg, là où se tient le marché de Noël.

« Toute l’Europe vous regarde », me disait, hier soir, une journaliste italienne.

Oui, toute l’Europe a les yeux sur Strasbourg, pour pleurer, avec nous, nos morts, nos blessés et nos familles bouleversées. Toute l’Europe est sidérée par cet acte terroriste qui vise à tuer des hommes de chair pour s’attaquer à des symboles de l’esprit. Et Strasbourg, personne ne s’y trompe, cristallise une double valeur symbolique. Capitale européenne, Strasbourg est aussi capitale de Noël. Des millions de personnes se pressent ici, dans nos quartiers et sur nos marchés, et retrouvent l’éclat et la joie enfantine de Noël. Ils glanent, ici, le rayonnement d’un grand mystère, celui de la naissance de Jésus-Christ, il y a vingt siècles.

Beaucoup m’ont interpellé sur ce choc inimaginable entre la douceur de Noël et la violence de l’attentat. Que répondre ? Sinon que cette percussion infernale ne doit pas nous décourager dans notre quête inlassée du bien et du beau.

D’abord, parce que cette percussion n’est pas neuve. Seule notre insouciance nous aura fait oublié qu’à l’innocence de la naissance est aussi liée la férocité des mauvais instincts. Dans la Bible, nous est rapportée la cruauté du roi Hérode le Grand qui fait assassiner tous les petits enfants de la région de Bethléem. Nous appelons cette tuerie, le massacre des Innocents. En ce monde où nous aspirons à un bonheur pur et simple, il n’y a pas loin de la vie à la mort. Il n’y a pas de bien qui ne soit serré de mal. Rien qui ne soit imprégné de risque. Affrontons en face cette vérité intemporelle pour ne pas nous laisser surprendre par le mal.

Ensuite, parce que cette percussion terrible ne donne pas raison au mal. Là encore, la Bible nous montre la fuite en Égypte du petit enfant avec ses parents, Joseph et Marie. Pour le dire autrement, la source du bien échappe à l’écrasement du mal.

Au final, elle fait son retour quand le mal disparaît car les mauvais – je prends le langage de la Bible – et leur idéologie finissent aussi par mourir. Notre défi actuel est de protéger ces petites graines de beauté et de bonté qui sont déjà là, admirablement présentes, souvent discrètes. Je pense à ces gestes de solidarité, ces restaurants et ces commerces qui ont accueilli des centaines de personnes pour les protéger.

Je pense à ces forces de sécurité et de santé, nos policiers et nos gendarmes, nos soldats et nos pompiers et nous pourrions rajouter les médecins, etc. qui ont agi avec une générosité et une compétence admirables, bien au-delà du service minimum. Et tant d’autres gestes de vie dont on gardera la mémoire longtemps après que le souvenir des crimes se soit évanoui.

Le mal n’a pas raison. Ainsi, ce message de Noël n’a pas été contredit mais confirmé par cette nuit dramatique de mardi soir : le lien et le mal sont présents mais au bout, c’est le bien qui aura le dernier mot.

Le bien gagne si nous ne nous laissons pas piéger par nos vieux démons. Nos vieux démons. Ne nous laissons pas prendre à la tactique des vieux démons toujours présents chez nous en ce début de XXIème siècle !

Je pense à ces faits récents d’antisémitisme à Herrlisheim commis au nom d’une « foi » nazie qui tague des tombes pour bafouer les morts et les vivants. Voilà un vieux démon.

Je pense à l’instrumentalisation politicienne qui va, par cet attentat, empoisonner à nouveau la vraie, véritable question des migrants. Voilà encore un vieux démon.

Je pense à la simplification réductrice de ceux qui voient les religions comme des sources inévitables de divisions. Ils ne manqueront pas de relever le profil du tueur. Voilà encore un vieux démon.

Je pense à la manipulation de la colère sociale qui se fait jour chez nous. Le terrorisme frappe aujourd’hui une France épuisée de luttes sociales. Il peut réveiller l’esprit de division. Voilà encore un vieux démon.

Nos forces humaines ne suffisent pas en face de ces vieux démons. Il nous faut l’aide de Dieu. Ces vieux démons seront chassés par la prière et par l’unité.

Par la prière. Chacun selon nos traditions religieuses, prions inlassablement. La paix et la sécurité sont du lait sur le feu : elles réclament une vigilance de tous les instants.

Une idée. Entre nous, tissons et retissons des liens de personne à personne, de communauté à communauté. Nos différences ne nous séparent pas si la bienveillance nous unit.

Voilà ce que je voulais confier à notre prière et à notre unité.

Aujourd’hui, dans l’Église catholique, nous fêtons sainte Odile, c’est la patronne de l’Alsace et de tous les Alsaciens, quelque confession, quelque religion auxquelles ils appartiennent. Croyez bien que ce matin au Mont-Saint-Odile, je l’ai instamment priée pour Strasbourg, pour l’Alsace et pour l’Europe.

Mgr Luc Ravel

© La Croix - 2018

Commentaire des lectures du dimanche

Avez-vous perçu comme un décalage ? Un décalage entre l’attente des foules auprès du Jourdain et les réponses de Jean-Baptiste. Ce décalage est d’ailleurs double : il concerne à la fois l’identité de Jean et son message. « Tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ » précise l’évangéliste saint Luc. À cette époque de forte attente messianique, il n’était pas idiot de penser que Jean pouvait être le Messie de Dieu, le Christ. Mais, non, Jean met fin au suspense : il n’est pas celui qu’ils croient … mais il est là pour annoncer celui qu’ils attendent. 1er décalage donc : erreur de casting ! Le 2e décalage qui vient avant dans le texte porte sur le message de Jean. « Que devons-nous faire ? » demandent par trois fois les foules puis les publicains et les soldats. Et Jean de répondre par des consignes de partage, de justice et d’honnêteté : partager ses biens avec ceux dans le besoin, ne pas abuser de son pouvoir, ne pas spolier les autres. Honnêtement, il y a de quoi être déçu. Aucun scoop ! Jean ne semble redire que le message des prophètes qui le précèdent. Et en plus, il n’est même pas le Messie. Les amateurs de nouveautés ont dû tomber de haut : est-ce cela une bonne nouvelle ? où est donc la nouveauté préfigurée par ce geste étrange du baptême ?

Décalage entre les attentes des foules et les réponses de Jean, entre l’imagination humaine et ce que Dieu propose. Et ce décalage provoque la déception : nous sommes bien loin de la promesse de joie annoncée par Sophonie ! D’où jaillit donc la joie de la Bonne Nouvelle, de l’Évangile ? En fait, Jean en montre clairement le chemin : la joie de l’Évangile passe par une conversion du cœur. Les foules imaginaient certainement devoir faire des choses grandioses, des exploits incroyables face au supposé Messie : mais « que devons-nous faire ? » Et Jean les renvoie à leur devoir d’état. Ainsi il démasque ce que leur attente pouvait avoir d’égocentrique : nous allons faire des choses pour Dieu pour montrer que nous sommes des gens bien et que nous méritons sa venue. Comme si l’accueil du Seigneur supposait quelque action héroïque pendant un temps court au lieu de l’humble conversion du quotidien ?

Ceci peut nous interpeller aujourd’hui : nous vivons dans une époque qui fonctionne de plus en plus à court terme et avec de l’évènementiel. Il faut donc réagir en permanence aux sollicitations et évènements en inventant des pratiques ou des propositions originales qui ne le seront que pour un temps. Car après bien sûr, on se lassera. Mais Dieu serait-il dupe de nos élans de générosité s’ils ne conduisent pas à un engagement durable de prière et de vie chrétienne ? Si nous cherchons en permanence le spectaculaire, ce qui fait le ‘buzz’, comment allons-nous accueillir le Seigneur qui ne vient pas sur les plateaux Télé ou sur Facebook ? Il vient dans la pauvreté de la crèche de Bethléem !

« Le Seigneur ton Dieu est en toi » dit le prophète Sophonie à Jérusalem. Inutile de le chercher où il n’est pas. « Le Seigneur est proche » parce qu’au fond il est déjà-là, tout proche de nous, au centre de nous-mêmes. Et c’est bien de là que va jaillir la joie. C’est bien ici que nous allons puiser les eaux du salut. La déception des foules qui peut être la nôtre est certainement le passage nécessaire pour corriger notre attente. Ce décalage ouvre nos yeux à la présence cachée du Messie parmi nous, lui qui vient sans faste ni majesté, humble et discret. La joie qui nous est proposée par le Seigneur en ce dimanche est celle des pauvres. Les riches seront déçus car le Roi des Rois ne leur ressemble pas. Il ne viendra pas dans les palais d’Hérode mais sa cour sera formée de pauvres bergers marginaux ; et c’est là qu’il fera éclater la joie, joie de la terre et joie du ciel ensemble.

Heureux décalage donc qui nous conduit aux sources de la joie véritable. Le Pape François nous fait une invitation en ce sens au début de la Joie de l’Évangile (§3) : « J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui, parce que « personne n’est exclu de la joie que nous apporte le Seigneur ». Celui qui risque, le Seigneur ne le déçoit pas, et quand quelqu’un fait un petit pas vers Jésus, il découvre que celui-ci attendait déjà sa venue à bras ouverts. C’est le moment pour dire à Jésus Christ : “Seigneur, je me suis laissé tromper, de mille manières j’ai fui ton amour, cependant je suis ici une fois encore pour renouveler mon alliance avec toi. J’ai besoin de toi. Rachète-moi de nouveau Seigneur, accepte-moi encore une fois entre tes bras rédempteurs”. Cela nous fait tant de bien de revenir à lui quand nous nous sommes perdus ! J’insiste encore une fois : Dieu ne se fatigue jamais de pardonner, c’est nous qui nous fatiguons de demander sa miséricorde. »

Voilà une parole forte pour quitter nos déceptions et laisser tomber nos fausses images sur Dieu. Le Seigneur nous demande de venir simplement à Lui tels que nous sommes, sans jouer un personnage. Et c’est particulièrement vrai en ce jour où à Paris, s’ouvre l’année de la miséricorde. « Éprouver fortement en nous la joie d’avoir été retrouvés par Jésus, qui comme Bon Pasteur est venu nous chercher parce que nous nous étions perdus : tel est l’objectif que se donne l’Église en cette Année sainte. » a précisé le Pape mercredi dernier lors de sa catéchèse.

« Que devons-nous faire ? » : simplement passer la porte pourrait-on répondre. Passer une des 8 portes jubilaires de Paris pour exprimer notre désir de conversion et notre volonté de vivre l’Evangile au jour le jour. Rien de révolutionnaire vu de l’extérieur mais un moyen donné par l’Eglise pour opérer la révolution des cœurs ! Voilà la révolution utile et voilà ce que le Seigneur attend ! Car si nous avons des attentes, nous pouvons aussi réfléchir aux attentes de Dieu : qu’est-ce que le Seigneur attend de notre monde ? qu’attend-il de moi en ce temps d’Avent ? Nul doute que le Père miséricordieux n’attend qu’une chose : nous faire goûter sa joie divine, celle qui ne trompe pas.

Frères et sœurs, si nous sommes décalés dans nos attentes imaginaires, décidons-nous à nous remettre en route et ne décevons pas l’attente de Dieu : passons la porte de la maison du Père et courrons nous blottir dans ses bras miséricordieux. Amen

Frère Jean-Alexandre de l’Agneau, ocd

Carmel.asso – 2015


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