Pko 15.04.2018

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°22/2018

Dimanche 15 avril 2018 – 3ème Dimanche de Pâques – Année B

Humeurs…

Méditation sur le Mal

Au moment où le bruit de la guerre souffle sur le monde, voici quelques réflexions de Simone Weil sur le Mal et le malheur humain. Elle a exprimé ce mystère comme nul ne l’avait fait avant elle. Son œuvre entière est le poème de la foi en Dieu suscité par le malheur humain.

« Le mal est à l’amour ce qu’est le mystère à l’intelligence. Comme le mystère contraint la vertu de foi à être surnaturelle, de même le mal pour la vertu de charité » in La pesanteur et la grâce.

« Dire que le monde ne vaut rien, que cette vie ne vaut rien, et donner pour preuve le mal, est absurde, car si cela ne vaut rien, de quoi le mal me prive-t-il ? » in La pesanteur et la grâce.

« J’éprouve un déchirement qui s’aggrave sans cesse, à la fois dans l’intelligence et au centre du cœur, par l’incapacité où je suis de penser ensemble dans la vérité le malheur des hommes, la perfection de Dieu et le lien entre les deux. » in Lettre à Maurice Schumann dans Écrits de Londres.

« Si Dieu avant consenti à priver du Christ les hommes d’un pays et d’une époque déterminée, nous le reconnaîtrions à un signe certain, c’est que parmi eux il n’y aurait pas de malheur. Nous ne connaissons rien de pareil dans l’histoire. Partout où il y a le malheur, il y a le Croix, cachée, mais présente à quiconque choisit la vérité plutôt que le mensonge et l’amour plutôt que la haine. Le malheur sans la Croix, c’est l’enfer, et Dieu n’a pas mis l’enfer sur terre. » in Pensées sans ordre concernant l’amour de Dieu.

Laissez-moi vous dire…

Menace de guerre..... Qu’elle guerre ?

En janvier, lorsque le pape François était en route pour le Chili, il déclarait aux journalistes : « Je pense que nous sommes à la limite. J'ai vraiment peur. Il suffirait d'un accident pour tout précipiter ».

Il pensait évidemment au risque nucléaire avec la Corée du Nord. Il a d’ailleurs fait distribuer aux journalistes, présents dans l’avion, une photo prise en 1945 après l’explosion de la bombe à Nagasaki montrant un enfant japonais portant son petit frère mort. Au dos de la carte le Saint Père avait écrit : « Le fruit de la guerre ».

Le chrétien ne peut rester indifférent aux multiples formes du mal, il s’efforce - à des degrés divers - de lutter avec d’autres contre toutes les conséquences du mal, et si possible d’agir sur les causes de ce mal. C’est ainsi que dans toute l’histoire de la chrétienté de nombreux chrétiens se sont toujours impliqués dans la santé, la solidarité, l’éducation, l’économie, la recherche, la politique… Mettre ses compétences au service du bien commun, c’est répondre aux appels de la constitution conciliaire Gaudium et spes.

Face à l’ampleur de la tâche on peut être tenté par le découragement. C’est alors que nous nous référons au Christ qui met en nous sa force de résurrection. Comme dit Saint Paul : « Je peux tout en Celui qui me rend fort » (Philippiens 4, 13). Chacun à son niveau, selon le principe de subsidiarité, peut agir pour que le monde soit meilleur. Certes les gouvernants ont leur part de responsabilité dans la lutte contre le mal ; mais nous, les administrés, les citoyens, avons un devoir de contrôle sur les choix et les actions des gouvernants. « Celui qui fait le mal déteste la lumière… mais celui qui fait la vérité, vient à la lumière » (Jean 3,20.21). Le respect des traités et des accords internationaux, mis à mal par plusieurs dirigeants de grandes nations, peut justifier des actions de forte amplitude de la part de chrétiens responsables à différents niveaux. Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en est un exemple très actuel. C’est un long chemin…

Mais il est un mal parfois plus difficile à combattre : celui qui est en soi. Le Patriarche Athénagoras qui a beaucoup prié pour l’Unité des Chrétiens disait : « Il faut mener la guerre la plus dure qui est la guerre contre soi-même. Il faut arriver à se désarmer. J'ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible, mais je suis désarmé. (…) Je suis désarmé de la volonté d'avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres. Je ne suis plus sur mes gardes, jalousement crispé sur mes richesses. J'accueille et je partage. Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, à mes projets, si l'on m'en présente des meilleurs, ou plutôt non, pas meilleurs, mais bons, j'accepte sans regrets… » (Dialogues avec le patriarche Athénagoras par Olivier Clément ? Ed. Fayard, 1976).

La compassion à l’égard de soi-même invite à la compassion à l’égard des personnes qui nous irritent, nous agressent ou nous désespèrent. C’est alors que le désir de paix peut l’emporter sur la lutte des « égo ».

Dominique Soupé

© Cathédrale de Papeete - 2018

 

En marge de l’actualité…

Pour une sainteté pragmatique

L’actualité de l’Église est marquée cette semaine par la publication d’une nouvelle exhortation apostolique du pape François « sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel ». Alors que nous entamons le cinquantenaire de Pâques qui mène à Pentecôte, ce texte insuffle un vent de dynamisme à une période qui est particulièrement le temps du témoignage.

Nous sommes invités à prendre connaissance d’un document qui n’est pas très long, qui plus est de lecture facile à la mesure du style simple et direct du pape François. Les médias catholiques proposent des articles de présentation sur le net, le texte étant lui-même disponible sur le site du Saint-Siège (http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations).

En proposant le thème de la sainteté, notre pape est-il réaliste ? De prime abord, le sujet n’est pas très attractif. Nous nous demandons si la sainteté est bien à notre portée. Il suffit de se regarder ou de voir ce qui se passe autour de nous. La sainteté appartient au genre d’aspiration à l’apparence inaccessible ou même farfelue.

De fait, nous supposons plusieurs choses derrière le mot : la quête d’une perfection morale, la maîtrise de connaissances intellectuelles au sujet de Dieu et en matière de théologie, une vie bien rangée à force de volonté, l’observance stricte des règles de l’Église, une vie liturgique complète, les bons sentiments de ferveur et de consolation dans les prières d’adoration.

En réalité, tout cela ne fait que repousser les frontières de la sainteté bien au-delà de ce que nous pouvons raisonnablement espérer de la vie. Tout le génie du pape François est de proposer une sainteté ouverte, non réservée à une élite, proche de notre quotidien, simple, joyeuse, pragmatique, et non un traité doctrinal ni une liste de préceptes à suivre.

Le passage où le pape François relie la sainteté au sens de l’humour est éclairant. Ordinairement, nous n’avons pas des saints l’image de personnes joyeuses, capables de quelques bons mots suscitant le rire. Mais la sainteté n’engendre pas « un esprit inhibé, triste, aigri, mélancolique ou un profil bas amorphe ». Sans pour autant perdre pied avec la réalité, le saint « éclaire les autres avec un esprit positif et rempli d’espérance ».

Bonne lecture !

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete - 2018

Audience générale…

Le jour de notre baptême est celui de notre renaissance

La vie chrétienne sera au cœur des audiences générales hebdomadaires, et ce, durant tout le temps pascal. Le Souverain Pontife a inauguré ce nouveau cycle, en évoquant le sacrement fondateur de toute la vie chrétienne : le baptême.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Les cinquante jours du temps liturgique pascal sont propices pour réfléchir sur la vie chrétienne qui, par sa nature, est la vie qui provient du Christ lui-même. Nous sommes en effet des chrétiens dans la mesure où nous laissons vivre Jésus-Christ en nous. D’où partir alors pour raviver cette conscience, sinon du principe, du Sacrement qui a allumé en nous la vie chrétienne ? Et c’est le baptême. La Pâque du Christ, avec son poids de nouveauté, nous rejoint à travers le baptême pour nous transformer à son image : les baptisés appartiennent à Jésus-Christ, c’est lui le Seigneur de leur existence. Le baptême est le « fondement de toute la vie chrétienne » (Catéchisme de l’Église catholique, 1213). C’est le premier des sacrements, dans la mesure où il est la porte qui permet au Christ Seigneur de faire sa demeure en notre personne et à nous de nous immerger dans son mystère.

Le verbe grec « baptiser » signifie « immerger » (cf. CEC, 1214). Le bain avec l’eau est un rite commun à différentes croyances pour exprimer le passage d’une condition à une autre, signe de purification pour un nouveau commencement. Mais pour nous, chrétiens, il ne doit pas nous échapper que, si c’est le corps qui est immergé dans l’eau, c’est l’âme qui est immergée dans le Christ pour recevoir le pardon du péché et resplendir de la lumière divine (cf. Tertullien, Sur la résurrection des morts, VIII, 3: CCL 2, 931; PL 2, 806). Grâce au Saint Esprit, le baptême nous immerge dans la mort et la résurrection du Seigneur, plongeant dans la source baptismale l’homme ancien, dominé par le péché qui sépare de Dieu, et faisant naître l’homme nouveau, recréé en Jésus. En lui, tous les fils d’Adam sont appelés à une vie nouvelle. Le baptême, en effet, est une renaissance. Je suis certain, tout à fait certain que nous nous souvenons tous de la date de notre naissance : certain. Mais je me demande, un peu dubitatif, et je vous demande : chacun de vous se souvient-il de la date de son baptême ? Certains disent oui – très bien. Mais c’est un oui un peu faible, parce que beaucoup ne s’en souviennent peut-être pas. Mais si nous fêtons le jour de notre naissance, comment ne pas fêter – au moins se souvenir – du jour de notre renaissance ? Je vous donnerai un devoir pour la maison, un devoir à faire aujourd’hui à la maison. Que ceux d’entre vous qui ne se souviennent pas de la date de leur baptême le demandent à leur maman, aux oncles, aux grands-parents, qu’ils demandent : « Sais-tu la date de mon baptême ? » et qu’ils ne l’oublient jamais. Et ce jour-là, remercier le Seigneur, parce que c’est justement le jour où Jésus est entré en moi, l’Esprit Saint est entré en moi. Vous avez bien compris le devoir à la maison ? Nous devons tous savoir la date de notre baptême. C’est un autre anniversaire : l’anniversaire de la renaissance. N’oubliez pas de faire cela, s’il vous plaît.

 Souvenons-nous des dernières paroles du Ressuscité aux apôtres ; c’est un mandat précis : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Mt 28,19). À travers le bain baptismal, celui qui croit dans le Christ est immergé dans la vie même de la Trinité.

L’eau du baptême, en effet, n’est pas n’importe quelle eau, mais l’eau sur laquelle est invoqué l’Esprit qui « donne la vie » (Je crois en Dieu). Pensons à ce que Jésus a dit à Nicodème pour lui expliquer la naissance à la vie divine : « personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit » (Jn 3,5-6). C’est pourquoi le baptême est appelé aussi « régénération » : nous croyons que Dieu nous a sauvés « par sa miséricorde. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint » (Tt 3,5).

Le baptême est par conséquent le signe efficace de la renaissance, pour que nous menions une vie nouvelle. Saint Paul le rappelle aux chrétiens de Rome : « Ne le savez-vous pas ? Nous tous qui, par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. » (Rm 6,3-4).

Nous immergeant dans le Christ, le baptême fait aussi de nous les membres de son Corps qu’est l’Église, et nous rend participants à sa mission dans le monde (cf. CEC, 1213). Nous qui sommes baptisés, nous ne sommes pas isolés : nous sommes membres du Corps du Christ. La vitalité qui jaillit de la source baptismale est illustrée par ces paroles de Jésus : « Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit » (Jn 15,5). Une même vie, celle de l’Esprit Saint, coule du Christ aux baptisés, les unissant en un seul Corps (cf. 1 Co 12,13), qui a reçu la sainte onction et se nourrit à la table eucharistique.

Le baptême permet au Christ de vivre en nous et à nous de vivre unis à lui, pour collaborer dans l’Église, chacun selon sa condition, à la transformation du monde. Reçu une seule fois, le bain baptismal éclaire toute notre vie, guidant nos pas jusqu’à la Jérusalem du Ciel. Il y a un avant et un après le baptême. Le sacrement suppose un chemin de foi, que nous appelons catéchuménat, évident quand c’est un adulte qui demande le baptême. Mais aussi les enfants, depuis l’antiquité, sont baptisés dans la foi de leurs parents (cf. Rite du baptême des enfants, Introduction, 2). Et sur cela je voudrais vous dire quelque chose. Certains pensent : « mais pourquoi baptiser un enfant qui ne comprend pas ? Nous espérons qu’il grandira, qu’il comprendra et qu’il demandera lui-même le baptême. » Mais cela signifie que l’on n’a pas confiance dans l’Esprit Saint, parce que quand nous baptisons un enfant, l’Esprit Saint entre dans cet enfant et l’Esprit Saint fait grandir en cet enfant, en tant qu’enfant, des vertus chrétiennes qui fleuriront ensuite. Il faut toujours donner cette occasion à tout le monde, à tous les enfants, d’avoir en eux l’Esprit Saint qui les guidera pendant leur vie. N’oubliez pas de faire baptiser les enfants ! Personne ne mérite le baptême, qui est toujours un don gratuit pour tous, adultes et nouveau-nés.

Mais comme cela se produit pour une semence pleine de vie, ce don s’enracine et porte du fruit dans un terrain alimenté par la foi. Les promesses du baptême que nous renouvelons pendant la Vigile pascale doivent être ravivées tous les jours afin que le baptême « christifie » : nous ne devons pas avoir peur de ce mot ; le baptême nous « christifie », celui qui a reçu le baptême et qui est « christifié » ressemble au Christ, est transformé dans le Christ qui fait vraiment de lui un autre Christ.

© Libreria Editrice Vaticana – 2018

Nouvelle exhortation apostolique du Pape François…

Gaudete et exultate

Après Evangelii gaudium parue en 2013 et Amoris laetitia en 2016, le Saint Siège a rendu public la troisième exhortation apostolique du Pape François intitulée « Gaudete et Exsultate » sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel. Voici le résumé de l’exhortation proposé par la salle de presse du Saint Siège.

1. « Soyez dans la joie et l’allégresse » (Mt 5,12), dit Jésus à ceux qui sont persécutés ou humiliés à cause de lui. Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. En réalité, dès les premières pages de la Bible, il y a, sous diverses formes, l’appel à la sainteté. Voici comment le Seigneur le proposait à Abraham : « Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17,1).

2. Il ne faut pas s’attendre, ici, à un traité sur la sainteté, avec de nombreuses définitions et distinctions qui pourraient enrichir cet important thème, ou avec des analyses qu’on pourrait faire concernant les moyens de sanctification. Mon humble objectif, c’est de faire résonner une fois de plus l’appel à la sainteté, en essayant de l’insérer dans le contexte actuel, avec ses risques, ses défis et ses opportunités. En effet, le Seigneur a élu chacun d’entre nous pour que nous soyons « saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (Ep 1,4).

PREMIER CHAPITRE : L’APPEL À LA SAINTETÉ

LES SAINTS QUI NOUS ENCOURAGENT

ET NOUS ACCOMPAGNENT

4. Les saints qui sont déjà parvenus en la présence de Dieu gardent avec nous des liens d’amour et de communion.

LES SAINTS DE LA PORTE D’À COTE

6. Ne pensons pas uniquement à ceux qui sont déjà béatifiés ou canonisés. Dieu a voulu entrer dans une dynamique populaire, dans la dynamique d’un peuple.

7. J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. La sainteté de la porte d’à côté ; la classe moyenne de la sainteté.

LE SEIGNEUR APPELLE

11. Il ne faut donc pas se décourager quand on contemple des modèles de sainteté qui semblent inaccessibles.

POUR TOI AUSSI

14. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels.

15. Dans l’Église, sainte et composée de pécheurs, tu trouveras tout ce dont tu as besoin pour progresser vers la sainteté.

TA MISSION DANS LE CHRIST

19. Chaque saint est une mission ; il est un projet du Père pour refléter et incarner, à un moment déterminé de l’histoire, un aspect de l’Évangile.

21. « La sainteté n’est rien d’autre que la charité pleinement vécue » (Benoit XVI).

L’ACTIVITÉ QUI SANCTIFIE

26. Il n’est pas sain d’aimer le silence et de fuir la rencontre avec l’autre, de souhaiter le repos et d’éviter l’activité, de chercher la prière et de mépriser le service.

29. Cela n’implique pas de déprécier les moments de quiétude, de solitude et de silence devant Dieu. Bien au contraire !

PLUS VIVANTS, PLUS FRÈRES

32. N’aie pas peur de la sainteté. Elle ne t’enlèvera pas les forces, ni la vie ni la joie. C’est tout le contraire, car tu arriveras à être ce que le Père a pensé quand il t’a créé.

34. N’aie pas peur de viser plus haut. N’aie pas peur de te laisser guider par l’Esprit Saint. Dans la vie « il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints » (Léon Bloy).

DEUXIÈME CHAPITRE :

DEUX ENNEMIS SUBTILS DE LA SAINTETÉ

LE GNOSTICISME ACTUEL

Un esprit sans Dieu et sans chair.

38. En définitive, il s’agit d’une superficialité vaniteuse : beaucoup de mouvement à la surface de l’esprit, mais la profondeur de la pensée ne se meut ni ne s’émeut.

39. Cela peut se produire dans l’Église : prétendre réduire l’enseignement de Jésus à une logique froide et dure qui cherche à tout dominer.

Une doctrine sans mystère

42. Même quand l’existence d’une personne a été un désastre, même quand nous la voyons détruite par les vices et les addictions, Dieu est dans sa vie.

Les limites de la raison

45. Saint Jean-Paul II mettait en garde ceux qui dans l’Église ont la chance d’une formation plus poussée contre la tentation de nourrir « un certain sentiment de supériorité par rapport aux autres fidèles ».

LE PELAGIANISME ACTUEL

Une volonté sans humilité

49. Quand certains d’entre eux s’adressent aux faibles en leur disant que tout est possible avec la grâce de Dieu, au fond ils font d’habitude passer l’idée que tout est possible par la volonté humaine ; Dieu t’invite à faire ce que tu peux et à demander ce que tu ne peux pas : « Donne ce que tu commandes et commande ce que tu veux » (Saint Augustin).

Un enseignement de l’Église souvent oublié

52. L’Église catholique a maintes fois enseigné que nous ne sommes pas justifiés par nos œuvres ni par nos efforts mais par la grâce du Seigneur qui prend l’initiative.

Les nouveaux pélagiens

58. Souvent, contre l’impulsion de l’Esprit, la vie de l’Église se transforme en pièce de musée ou devient la propriété d’un petit nombre. C’est peut-être une forme subtile de pélagianisme.

Le résumé de la Loi

60. « Car une seule formule contient toute la Loi en sa plénitude : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” » (Ga 5,14).

TROISIÈME CHAPITRE : À LA LUMIÈRE DU MAÎTRE

63. « Comment fait-on pour parvenir à être un bon chrétien ? », la réponse est simple : il faut mettre en œuvre, chacun à sa manière, ce que Jésus déclare dans le sermon des béatitudes.

À CONTRECOURANT

« Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux ».

69. Cette pauvreté d’esprit est étroitement liée à la « sainte indifférence » que saint Ignace de Loyola proposait, et par laquelle nous atteignons une merveilleuse liberté intérieure.

Être pauvre de cœur, c’est cela la sainteté !

« Heureux les doux, car ils possèderont la terre ».

72. « La charité parfaite consiste à supporter les défauts des autres, à ne point s’étonner de leurs faiblesses » (Sainte Thérèse de Lisieux).

74. Réagir avec une humble douceur, c’est cela la sainteté !

« Heureux les affligés, car ils seront consolés »

75. Le monde nous propose le contraire : Il s’ingénie à fuir les situations où il y a de la souffrance.

76. Savoir pleurer avec les autres, c’est cela la sainteté !

« Heureux les affamés et les assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés »

79. Le mot « justice » peut être synonyme de fidélité à la volonté de Dieu par toute notre vie, mais si nous lui donnons un sens très général, nous oublions qu’elle se révèle en particulier dans la justice envers les désemparés. Rechercher la justice avec faim et soif, c’est cela la sainteté !

« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ».

80. Le Catéchisme nous rappelle que cette loi doit être appliquée « dans tous les cas », spécialement quand quelqu’un « est quelquefois affronté à des situations qui rendent le jugement moral moins assuré et la décision difficile ».

82. Regarder et agir avec miséricorde, c’est cela la sainteté !

« Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ».

85. Les désirs et les décisions les plus profonds, qui nous guident réellement, trouvent leur origine dans les intentions du cœur.

86. Garder le cœur pur de tout ce qui souille l’amour, c’est cela la sainteté !

« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu ».

89. Il n’est pas facile de bâtir cette paix évangélique qui n’exclut personne mais qui inclut également ceux qui sont un peu étranges, les personnes difficiles et compliquées.

Semer la paix autour de nous, c’est cela la sainteté !

« Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux ».

94. Les persécutions ne sont pas une réalité du passé, parce qu’aujourd’hui également, nous en subissons, que ce soit d’une manière sanglante, comme tant de martyrs contemporains, ou d’une façon plus subtile, à travers des calomnies et des mensonges.

Accepter chaque jour le chemin de l’Évangile même s’il nous crée des problèmes, c’est cela la sainteté !

LE GRAND CRITÈRE

95. « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir » (Matthieu 25,35-36).

Par fidélité au Maître

98. Quand je rencontre une personne dormant exposée aux intempéries, dans une nuit froide, je peux considérer que ce fagot est un imprévu qui m’arrête, un délinquant désœuvré, un obstacle sur mon chemin, un aiguillon gênant pour ma conscience, un problème que doivent résoudre les hommes politiques, et peut-être même un déchet qui pollue l’espace public. Ou bien je peux réagir à partir de la foi et de la charité, et reconnaître en elle un être humain doté de la même dignité que moi, une créature infiniment aimée par le Père. C’est cela être chrétien !

Les idéologies qui mutilent le cœur de l’Évangile

100. Je regrette que parfois les idéologies nous conduisent à deux erreurs nuisibles. D’une part, celle des chrétiens qui séparent ces exigences de l’Évangile de leur relation personnelle avec le Seigneur, de l’union intérieure avec lui, de la grâce.

101. Est également préjudiciable et idéologique l’erreur de ceux qui vivent en suspectant l’engagement social des autres, le considérant comme quelque chose de superficiel, de mondain, de laïcisant, d’immanentisme, de communiste, de populiste. La défense de l’innocent qui n’est pas encore né, par exemple, doit être sans équivoque, ferme et passionnée. Mais est également sacrée la vie des pauvres qui sont déjà nés, de ceux qui se débattent dans la misère.

102. On entend fréquemment que, face au relativisme et aux défaillances du monde actuel, la situation des migrants, par exemple, serait un problème mineur. Certains catholiques affirment que c’est un sujet secondaire à côté des questions « sérieuses » de la bioéthique.

103. Il ne s’agit pas d’une invention d’un Pape ou d’un délire passager.

Le culte qui lui plaît le plus.

107. Celui qui veut vraiment rendre gloire à Dieu par sa vie, celui qui désire réellement se sanctifier pour que son existence glorifie le Saint, est appelé à se consacrer, à s’employer, et à s’évertuer à essayer de vivre les œuvres de miséricorde.

108. Le consumérisme hédoniste peut nous jouer un mauvais tour. La consommation de l’information superficielle et les formes de communication rapide et virtuelle peuvent également être un facteur d’abrutissement qui nous enlève tout notre temps et nous éloigne de la chair souffrante des frères.

* * *

109. La force du témoignage des saints, c’est d’observer les béatitudes et le critère du jugement dernier. Je recommande de nouveau de relire fréquemment ces grands textes bibliques, de se les rappeler, de prier en s’en servant, d’essayer de les faire chair. Ils nous feront du bien, ils nous rendront vraiment heureux.

QUATRIÈME CHAPITRE :

QUELQUES CARACTÉRISTIQUES DE LA SAINTETÉ

DANS LE MONDE ACTUEL

110. Je ne vais pas m’attarder à expliquer les moyens de sanctification que nous connaissons déjà : les différentes méthodes de prière, les précieux sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation, l’offrande de sacrifices, les diverses formes de dévotion, la direction spirituelle, et tant d’autres. Je me référerai uniquement à quelques aspects de l’appel à la sainteté dont j’espère qu’ils résonneront de manière spéciale.

111. Elles sont au nombre de cinq, les grandes manifestations de l’amour envers Dieu et le prochain que je considère d’une importance particulière, vu certains risques et certaines limites de la culture d’aujourd’hui. Dans cette culture se manifestent : l’anxiété nerveuse et violente qui nous disperse et nous affaiblit ; la négativité et la tristesse ; l’acédie commode, consumériste et égoïste ; l’individualisme et de nombreuses formes de fausse spiritualité sans rencontre avec Dieu qui règnent dans le marché religieux actuel.

112. ENDURANCE, PATIENCE ET DOUCEUR

122. JOIE ET SENS DE L’HUMOUR

129. AUDACE ET FERVEUR

140. EN COMMUNAUTÉ

147. EN PRIÈRE CONSTANTE

CINQUIÈME CHAPITRE :

COMBAT, VIGILANCE ET DISCERNEMENT

158. La vie chrétienne est un combat permanent. Il faut de la force et du courage pour résister aux tentations du diable et annoncer l’Évangile. Cette lutte est très belle, car elle nous permet de célébrer chaque fois le Seigneur vainqueur dans notre vie.

LE COMBAT ET LA VIGILANCE

159. Il ne s’agit pas seulement d’un combat contre le monde et la mentalité mondaine qui nous trompe, nous abrutit et fait de nous des médiocres dépourvus d’engagement et sans joie. Il ne se réduit pas non plus à une lutte contre sa propre fragilité et contre ses propres inclinations. C’est aussi une lutte permanente contre le diable. Jésus lui-même fête nos victoires.

Plus qu’un mythe

161. Ne pensons donc pas que c’est un mythe, une représentation, un symbole, une figure ou une idée. Cette erreur nous conduit à baisser les bras, à relâcher l’attention et à être plus exposés. Il n’a pas besoin de nous posséder. Il nous empoisonne par la haine, par la tristesse, par l’envie, par les vices. Et ainsi, alors que nous baissons la garde, il en profite pour détruire notre vie, nos familles et nos communautés.

Éveillés et confiants

162. Notre chemin vers la sainteté est aussi une lutte constante. Celui qui ne veut pas le reconnaître se trouvera exposé à l’échec ou à la médiocrité. Nous avons pour le combat les armes puissantes que le Seigneur nous donne : la foi qui s’exprime dans la prière, la méditation de la parole de Dieu, la célébration de la Messe, l’adoration eucharistique, la réconciliation sacramentelle, les œuvres de charité, la vie communautaire et l’engagement missionnaire.

La corruption spirituelle

164. « Ne nous endormons pas ». Car ceux qui ont le sentiment qu’ils ne commettent pas de fautes graves contre la Loi de Dieu peuvent tomber dans une sorte d’étourdissement ou de torpeur.

LE DISCERNEMENT

166. Comment savoir si une chose vient de l’Esprit Saint ou si elle a son origine dans l’esprit du monde ou dans l’esprit du diable ? Le seul moyen, c’est le discernement qui ne requiert pas seulement une bonne capacité à raisonner ou le sens commun. C’est aussi un don qu’il faut demander. Si nous le demandons avec confiance au Saint Esprit, et que nous nous efforçons en même temps de le développer par la prière, la réflexion, la lecture et le bon conseil, nous pourrons sûrement grandir dans cette capacité spirituelle.

Une nécessité impérieuse

167. Tout le monde, mais spécialement les jeunes, est exposé à un zapping constant. Sans la sagesse du discernement, nous pouvons devenir facilement des marionnettes à la merci des tendances du moment.

Toujours à la lumière du Seigneur

169. Le discernement n’est pas seulement nécessaire pour les moments extraordinaires, ou quand il faut résoudre de graves problèmes. Nous en avons toujours besoin pour être disposés à reconnaître les temps de Dieu et de sa grâce. Souvent cela se joue dans les petites choses.

Un don surnaturel

171. Même si le Seigneur nous parle de manières variées, dans notre travail, à travers les autres et à tout moment, il n’est pas possible de se passer du silence de la prière attentive pour mieux percevoir ce langage, pour interpréter la signification réelle des inspirations.

Parle, Seigneur

172. Seul celui qui est disposé à écouter possède la liberté pour renoncer à son propre point de vue partiel ou insuffisant, à ses habitudes, à ses schémas.

173. Il ne s’agit pas d’appliquer des recettes ni de répéter le passé

La logique du don et de la croix

175. Mais il faut demander à l’Esprit Saint de nous délivrer et d’expulser cette peur qui nous porte à lui interdire d’entrer dans certains domaines de notre vie. Cela nous fait voir que le discernement n’est pas une autoanalyse intimiste, une introspection égoïste, mais une véritable sortie de nous-mêmes.

* * *

176. Je voudrais que la Vierge Marie couronne ces réflexions, car elle a vécu comme personne les béatitudes de Jésus. Elle est celle qui tressaillait de joie en la présence de Dieu, celle qui gardait tout dans son cœur et qui s’est laissée traverser par le glaive. Elle est la sainte parmi les saints, la plus bénie, celle qui nous montre le chemin de la sainteté et qui nous accompagne. Elle n’accepte pas que nous restions à terre et parfois elle nous porte dans ses bras sans nous juger. Parler avec elle nous console, nous libère et nous sanctifie. La Mère n’a pas besoin de beaucoup de paroles, elle n’a pas besoin que nous fassions trop d’efforts pour lui expliquer ce qui nous arrive. Il suffit de chuchoter encore et encore : « Je vous salue Marie… ».

177. J’espère que ces pages seront utiles pour que toute l’Église se consacre à promouvoir le désir de la sainteté. Demandons à l’Esprit Saint d’infuser en nous un intense désir d’être saint pour la plus grande gloire de Dieu et aidons-nous les uns les autres dans cet effort. Ainsi, nous partagerons un bonheur que le monde ne pourra nous enlever.

© Conférence des Évêques de France – 2018

Commentaire des lectures du dimanche

La finale de ce passage de l’évangile de Luc nous livre la raison fondamentale de cette nouvelle apparition de Jésus à ses disciples : il s’agit pour lui comme nous dit l’évangéliste d’ouvrir l’esprit des disciples à l’intelligence des Écritures. Cette intelligence des Écritures telle que nous la présente Jésus est caractérisée par trois mystères : le mystère de la souffrance du messie, le mystère de la résurrection et le mystère du témoignage. Jésus lui-même n’emploie pas le mot mystère pour qualifier ces trois réalités. J’utilise ici un terme cher à Paul pour exprimer la grandeur inouïe de notre foi et la nécessité d’invoquer toujours la grâce afin que nous en ayons une connaissance toutes les fois que nous cherchions à les comprendre.

La souffrance du Messie est un mystère parce qu’il est en général inadmissible pour l’intelligence humaine d’imaginer Dieu pâtir. Notre intelligence est plus apte à concevoir un Dieu dont la toute-puissance le situe au-delà de toute passion qu’un Dieu dont la force de l’amour l’invite au cœur de la passion de l’homme. On comprend pourquoi les disciples étaient terrifiés et bouleversés pendant les jours qui précédaient pâques. Comme tout homme normal, ils ont enfoui dans leurs inconscients les passages de l’Écriture qui annonçaient la souffrance du Messie. Ils n’ont retenu que les références scripturaires qui proclament le messie glorifié tout en oubliant que cette glorification n’écartait pas la possibilité d’un abaissement et d’un anéantissement capable de transformer la malédiction de la croix en salut éternel.

En effet comme le dit le serviteur souffrant du livre d’Isaïe, par ses souffrances, nous sommes guéris. Cela voudrait certainement signifier que la passion du Christ est éducatrice et source de salut. Elle nous initie à la connaissance d’un Dieu dont l’amour le presse à s’identifier à l’homme en tout sauf au péché de telle sorte qu’il soit capable dans sa transcendance, de faire l’expérience de l’abaissement, dans sa toute-puissance de faire l’expérience de la faiblesse, dans son impassibilité de faire l’expérience de la passion, jusqu’à s’écrier du haut de sa croix, ’j’ai soif’. Ne soyons donc plus bouleversés à l’idée de voir notre Dieu pâtir, mais demandons à l’Esprit d’éclairer notre intelligence sur ce mystère qui pour certains demeure une folie, mais qui pour nous est en même temps signe de puissance et d’amour.

Quant à la résurrection elle apparaît aux apôtres comme un mystère non pas parce qu’ils ne croyaient pas à la résurrection, mais parce que la résurrection du Christ se révèle à eux comme un renouvellement de leur intelligence. En effet, on ne saurait dire avec certitude que les apôtres croyaient ou non à la résurrection. Dans tous les cas la croyance en la résurrection existait déjà à leur époque. Ce qui frappe dans ce récit, c’est leur réaction face au Ressuscité. Comme nous dit l’évangéliste Luc, ils étaient bouleversés car ils croyaient voir un esprit. Après qu’ils aient été convaincus qu’il s’agit de Jésus, ils étaient dans la joie, mais leur joie demeure entremêlée d’étonnement. Cet étonnement traduit aussi bien leur admiration que leur incompréhension vis-à-vis du mystère de la résurrection. Admiration de voir le Christ leur apparaitre comme un esprit, incompréhension de voir qui est le même tout en étant transfiguré ; qu’il peut toucher et se laisser toucher.

Admirable mystère ! Ils se rendent compte que le mystère de la résurrection ne peut pas se réduire à une simple séparation du matériel et de l’immatériel. Car le ressuscité est bien plus qu’un esprit qui traverse notre histoire comme le ferait un fantôme. La présence de la marque des clous montre bien que la résurrection annoncée par les prophètes est une transformation de l’homme et de tout l’homme. Il s’agit d’une réalité nouvelle qui défie notre raison mais qui ne demeure pas impossible à Dieu. C’est cela même une des expressions de la résurrection, se rendre compte que rien est impossible à Dieu, qu’il y a toujours une raison d’espérer quelle que soit la situation. Alors que tout semblait finir, que l’obscurité semblait l’emporter sur la lumière, la résurrection apparait comme un rétablissement de l’espérance qui fait revivre les apôtres dans leur corps et dans leur âme. Alors que la peur semblait prendre le dessus sur la sérénité, la résurrection apparait comme la paix qui les restaure. « La paix soit avec vous » nous dit Jésus. Oui, La paix soit avec nous qui sommes tétanisés par la peur du vide, du néant et de la mort car notre vie présente sera transfigurée dans la résurrection du Christ.

Terminons avec le troisième mystère qui est celui du témoignage. Il est un mystère parce que nous sommes appelés à annoncer aux yeux du monde une réalité qui nous dépasse. Comme le dit Saint Paul, nous portons dans un vase fragile un trésor. Ce trésor c’est l’immensité de l’amour de Dieu qui guérit les blessures et transforme les collines de désespoir en pierre d’espérance. C’est cette espérance que nous sommes appelés à faire rayonner autour de nous malgré nos fragilités, nos craintes et même nos contradictions intérieures. S’il est vrai que le monde voudrait que les porteurs d’une telle espérance soit des hommes forts, « des messagers plus éclatants, des hérauts plus convaincants (K. Rahner) », il n’est pas moins vrai que Dieu sait collaborer avec des personnes faibles et simples qui savent faire l’expérience de leurs limites. Oui c’est en cela que réside l’admirable mystère du témoignage : être convaincu qu’avec nos qualités, mais aussi malgré nos misères, nous pouvons par la grâce de l’Esprit être le levain pour un monde nouveau, la consolation dans les épreuves et l’étincelle timide qui porte l’espérance de la vie éternelle. Afin que cela ne soit pas seulement des paroles vides demandons à Dieu en ce dimanche de soutenir nos efforts par le don de l’Esprit Saint.

Fr. Elisé Alloko, ocd

© Carmel-asso. 2015