Pko 10.06.2018

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°31/2018

Dimanche 10 juin 2018 – 10ème Dimanche du Temps ordinaire – Année B

Humeurs…

Il nous faut consentir à partager

En guise d’humeur cette semaine nous vous proposons le discours d’investiture prononcé par Françis SANFORD le 22 juillet 1977 à l’Assemblée Territoriale. C’est un article dans Tahiti-Pacifique, de Jean-Marc REGNAUD citant un extrait de ce discours qui a éveillé notre curiosité et nous a conduit à rechercher l’intégralité du discours que nous reproduisons ici… tant il est d’actualité… tant il nous semble devoir être relu et mis en œuvre notamment la partie finale, ou Françis SANFORD parle de son ressenti personnel ! Bonne lecture

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Le discours que je vais prononcer concerne également le Haut-Commissaire de la République en Polynésie Française, Chef du Territoire.

Monsieur le Haut-Commissaire de la République,

Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs les Conseillers,

Ce n’est pas sans une émotion bien compréhensible que je me présente aujourd1hui, à cette tribune, devant l’Assemblée Territoriale réunie pour élire le premier Conseil de Gouvernement de la Polynésie Française autonome.

Car, ce faisant, nous allons inaugurer le nouveau statut de notre pays. Nous allons cueillir le premier fruit d'un long et dur labeur, d’une lutte soutenue sans défaillance pendant plus de trente ans.

Qu’il me soit donc permis de rendre, en ce jour historique, un solennel hommage à l’initiateur du mouvement autonomiste, à notre précurseur POUVANAA A OOPA, mort à la tâche, à la veille de sa victoire.

Et le premier engagement qu’au nom de mes co-listiers, je prends devant vous est celui de suivre l'exemple de notre Metua, en œuvrant, au service de la Polynésie, dans l'esprit de droiture et d’abnégation et de dévouement au bien public qui fut toujours le sien.

C’est dans cet esprit qu’avec l'Assemblée Territoriale, nous voulons construire la Polynésie nouvelle - une Polynésie assurant à chacun de ses habitants, la liberté, la dignité, la prospérité et la joie de vivre

Cela n'implique aucune rupture avec ce que le passé nous apportât de positif, à aucune discrimination à l'égard de qui que ce soit mais, au contraire, l’utilisation pleine et entière de toutes nos possibilités humaines, l’exploitation intelligente de toutes nos ressources naturelles.

Et ce, en vue d’atteindre un premier but : le développement optimal de l’économie du Territoire - développement qui, seul, peut nous permettre d'élever à un niveau satisfaisant - et dans tous les domaines- la qualité de vie de nos populations.

Mais, avant de vous exposer le programme d’action que nous nous sommes tracé pour atteindre ce but, il convient qu’ensemble, nous fassions un rapide inventaire de l’héritage que nous recueillons après 20 ans de stagnation - pour ne pas dire de « régression » - institutionnelle.

En supprimant, en décembre 1958, les attributions individuelles de nos conseillers de Gouvernement, le pouvoir central réduisit notre exécutif local au rôle de conseil consultatif.

Vingt ans après, nous pouvons constater les effets de cette recentralisation sur Paris de nos pouvoirs de décision.

Ce sont ceux d’une politique axée systématiquement sur l'utilisation de la Polynésie selon des besoins et des intérêts qui n’étaient pas ceux de ses populations.

Une politique qui, négligeant de promouvoir de nouvelles activités productrices en remplacement de nos ressources traditionnelles en voie de disparition ou de dévalorisation (phosphates, nacre, vanille, coprah, café...) s’efforça, au contraire, de donner la priorité des priorités au développement artificiel dont l’élément moteur fut la création, puis le fonctionnement du C.E.P.

Les fruits de cette politique sont connus :

  • Recrutement intensif de travailleurs pour la construction des sites et des bases du C.E.P., déracinant une grande partie des habitants des îles ;
  • Tendance à la prolétarisation de certains de ces salariés depuis la fin des grands travaux du C.E.P. ;
  • Déclin rapide de l’agriculture traditionnelle, privée de bras ;
  • Développement démesuré des activités commerciales d’importation et de distribution, ainsi que des activités de services ;
  • Inégalité - énorme pour une si faible population - des revenus entre les classes sociales ;
  • Prépondérance du secteur public sur le secteur privé ;
  • Déséquilibre extrême de notre balance commerciale.

Par ailleurs, et pour atténuer ce que ce bilan peut avoir de négatif, nous ne pouvons guère inscrire qu'un développement touristique que la récession américaine et mondiale ont freiné considérablement.

Dans le domaine de l’agriculture vivrière et de l'élevage, nous pouvons noter quelques réussites dues au courage et à la persévérance des travailleurs de la terre.

Mais, dans son ensemble, notre pays est encore largement sous-développé, malgré la prospérité factice que lui ont valu les retombées financières des activités du C.E.P. - retombées qui vont, d’ailleurs, en diminuant de plus en plus -.

Cette situation nous amène à vous proposer, ainsi que je vous le disais eu début de ma déclaration, un programme donnant à notre développement économique la priorité absolue.

Pour cela., il nous faut produire, d’abord, pour satisfaire, au maximum, les besoins de notre propre consommation :

Premièrement nos besoins alimentaires, en permettant à nos agriculteurs, à nos éleveurs et à nos pécheurs de travailler selon des méthodes rationnelles, modernes et rentables.

Ceci impose un régime foncier mettant les terres de culture ou d’élevage à la disposition de ceux qui voudront et qui sauront les travailler.

Un statut du fermage et du métayage répondant à cette nécessité sera élaboré.

Le réforme foncière et agraire sera une œuvre délicate et longue, elle devra garantir aux Polynésiens leur patrimoine et le bénéfice des fruits de leur travail.

Nous mettrons en œuvre les moyens de rendre plus productive, plus rentable, moins aléatoire la pêche artisanale qui alimente la population en poisson frais.

Les Services de l'économie rurale et de la pêche seront appelés à fournir un effort accentué pour l’encadrement technique de ces actions.

Nous encouragerons le système coopératif dans tous les secteurs où l’union des producteurs se révèlera le plus utile, notamment., en ce qui concerne la commercialisation de leur production.

Ceci implique la formation d’un personnel qualifié en matière de coopération.

Toujours dans la perspective de la satisfaction prioritaire de nos besoins, nous favoriserons la renaissance de toute une gamme d’activités artisanales qui, naguère encore., étaient florissantes : habillement, chaussures, ameublement, etc…

Nous rechercherons également toutes possibilités de créer de petites unités de finition de fabrications travaillant sur des produits importés semi-finis.

Pour lancer et soutenir tous ces efforts de production locale, nous étudierons les modalités d’une politique de crédit à l'équipement de nature à encourager les initiatives.

De plus, une réforme fiscale - déjà à l'étude depuis quelques temps - vous sera proposée afin de réaliser une meilleure répartition des charges communes au sein de la population, assurant le fonctionnement des services territoriaux et alimentant les fonds de développement.

Le second volet de notre programme de développement portera sur les activités d’exportation :

  • Tourisme ;
  • Pêche industrielle ;
  • Conserveries alimentaires ;
  • Aquaculture, perliculture et exploitation de toutes les ressources de l’océan.

Les compétences étendues que le nouveau statut nous donne, notamment, en ce qui concerne les investissements et les charters, seront employées par nous au maximum pour promouvoir ce développement, dont l’effet viendra s’ajouter à celui de la satisfaction des besoins locaux pour rééquilibrer notre balance commerciale.

Enfin, conjointement avec le tourisme mais non pas comme annexe de celui-ci, nous entendons favoriser l'essor des activités artistiques et artisanales.

Il s’agit, en effet, d'un secteur de notre vie culturelle, sociale et économique auquel nous devons donner l’importance qu'il mérite.

C’est pourquoi nous vous proposerons toute une série de mesures propres à faire de la Polynésie Française un foyer de renaissance artistique et artisanale et, notamment, la création d'une école de métiers d’art.

Mais parler de développement économique, c’est parler, d'abord, de production d’énergie, c’est aussi, poser le problème de la pollution de notre milieu naturel.

Or, nous avons la chance d’habiter l'un des rares pays qui soient encore à peu près indemnes des pollutions industrielles dont sont victimes les peuples dit « développés ».

Conscients de la valeur d'un tel capital, nous choisirons soigneusement les voies de notre nécessaire industrialisation.

Priorité sera donnée aux industries et aux énergies non-polluantes.

Nous entendons associer très étroitement le développement économique du Territoire au problème de l'énergie.

En effet, il n'est pas raisonnable d’envisager d’accélérer l'essor économique de la Polynésie Française par l'urbanisation, par la création de lotissements à caractère social, par l’implantation d’industries nouvelles, par la mise en valeur des ressources de l’océan, par la construction de complexes immobiliers ou touristiques importante, voire par la réalisation d'infrastructures de toutes natures sans que soit clairement définie une politique territoriale à long terme de l'énergie.

En marquant notre volonté d’intervention dans ce secteur clé de l'économie, qui n'exclut le recours à aucune forme de contrôle ou d’appropriation, nous voulons remettre l’énergie produite dans le Territoire au service des usagers.

Une étude systématique des « énergies nouvelles » (solaire, éolienne, marine) dressant un inventaire des richesses naturelles de la Polynésie dans ce domaine, le recensement du potentiel hydro-électrique du Territoire et la mise en chantier prioritaire du barrage de le Papenoo, le contrôle des exploitations thermiques existantes ou futures.

Telles sont les idées directrices qui guideront notre action dans le domaine énergétique.

Grâce à cette politique, nous sommes convaincus de pouvoir stabiliser à long terme le prix de l'énergie consommée et, qui plus est, de pouvoir satisfaire les aspirations sociales des usagers par une véritable politique de modulation des tarifs.

Tel est, en ses grandes lignes, le programme de gouvernement que je propose à l’Assemblée Territoriale.

Notre liste a été établie en tenant compte, non seulement des appartenances politiques, mais aussi des compétences de chacun.

Elle se compose de :

  • Françis Ariioehau SANFORD ;
  • Marc MAAMAATUAIHUATPU-TEVANE ;
  • Jean AMARU ;
  • Hans CARLSON ;
  • Émile LE CAILL ;
  • Jean JUVENTIN ;
  • Alexandre Moeava ATA.

Pour conclure mon exposé, je voudrais vous dire encore ma confiance en l’avenir de la Polynésie, maintenant qu'elle détient le pouvoir de gérer ses propres affaires.

Confiance d'autant plus justifiée qu’elle s’appuie sur la montée de nos jeunes générations, dont la vitalité permet tous les espoirs.

À tous nos jeunes, je veux, ici, donner l’assurance formelle que nous ferons tout ce qui sera en notre pouvoir afin que leurs aspirations, leur foi en la vie ne soient pas déçus, pour eux, nous avons dégagé le chemin d’un avenir libre, nous ferons en sorte qu’ils partent du bon pied sur ce chemin.

Par les mesures que nous prendrons dans le domaine pédagogique, comme par nos autres actions en vue de leur éducation, culturelle et sportive, de leur formation - pré-professionnelle et professionnelle - par toutes les branches d’activités que nous allons ouvrir à leurs compétences et qui assureront à chacun le plein emploi, comme par nos efforts en matière de santé publique, nous leur permettrons d’avoir, chez eux, une vie harmonieuse et bien remplie.

À nous de savoir utiliser à cette fin ce que le monde moderne peut nous apporter de bon et rejeter ce qu'il nous apporterait de nuisible.

Ceci est ma déclaration de foi, mais permettez-moi, chers conseillers, qu’aujourd’hui je vous parle en mon nom personnel, au nom de celui pendant quinze ans, a lutté aux côtés de Pouvanaa A OOPA, de tous ceux qui ont aspiré à cette autonomie interne. Ce que je dis aujourd'hui c’est un conseil de quelqu'un qui veut réussir l'autonomie interne ici et qui a besoin de votre appui.

Ce que je dirai s'adressera à nous, tous les élus présents et absents de cette enceinte, s'adressera également à tous les dirigeants de ce Territoire, aussi bien métropolitains que locaux car, quelle que soit la forme de société que nous nous donnerons, cette société ne pourra se bâtir ni se développer sans le changement de nos motivations et de nos comportements.

Il y a un choix plus fondamental encore que l'option entre la gauche et la droite. La vraie alternative est entre le bien et le mal, dont l’appréciation se forme au niveau de notre conscience. Ni la droite, ni la gauche n’ont le monopole du bien ou le monopole du mal. Dans le futur, les critères économiques doivent céder le pas à des critères moraux et spirituels. Sinon, quel que soit le régime de l’avenir, nous construirons une société irrémédiablement matérialiste, où l’individu perdra à jamais sa dignité et sa liberté.

Honnêteté, pureté, dévouement et amour sont les composantes nécessaires de toute communauté. Refuser aujourd’hui de mettre un terme à l’abus de nos droits et privilèges, à nos habitudes de fraude, à nos compromissions, à notre réflexe permanent de défense catégorielle rendrait vain demain tout changement de structures.

Les dirigeants politiques et les responsables des organisations économiques et sociales se doivent de montrer la voie en appliquant à eux-mêmes, dans leur action comme dans leurs déclarations, l'exigence de la vérité.

Si nous voulons être solidaires des plus défavorisés, nous ne pouvons prétendre, pour nous-mêmes et pour nos familles, à un niveau de vie toujours en hausse et un confort toujours accru ; il nous faut consentir à partager, donc choisir entre la satisfaction de nos appétits égoïstes et la solidarité à laquelle nous convient les immenses besoins de le communauté polynésienne.

C’est à cette œuvre, M. le Président, Mesdames, Messieurs les Conseillers, que nous vous proposons de travailler avec nous.

© Assemblée de Polynésie française - 1977

Catéchèse…

Première communion à la Cathédrale

Dimanche 3 juin, la solennité de Saint Sacrement fut l’occasion pour une jeune fille de recevoir le sacrement du baptême, deux jeunes de faire leur Entrée en Église qui avec 17 autres ont reçu pour la première fois l’Eucharistie !

Grand moment de ferveur et l’occasion pour la communauté paroissiale de la Cathédrale de remercier chaleureusement les catéchistes et leurs conjoints qui consacre chaque dimanche matin après la messe dominicale 1h30 à ces enfants.

En août 2017, trois jeunes mamans ayant suivi l’école de catéchèse du mois de juillet sont venues pour proposer leur service pour remettre en place une catéchèse pour les enfants à la Cathédrale. Vous connaissez le vicaire, la réponse fut : « Pas de souci… si vous assurer et que vous ne comptez pas sur moi ! » Accompagné de leurs époux, elles ont relevé le défi avec courage et persévérance…

Une véritable grâce pour notre communauté paroissiale, de voir ainsi l’aboutissement d’une œuvre voulue et mise en œuvre par des fidèles… On souhaite longue vie à cette nouvelle pastorale au cœur de la ville. Merci aux parents qui non seulement ont fait confiance à nos catéchistes, mais qui ont pris le temps d’emmener et de rechercher chaque dimanche leurs enfants.

Voici un témoignage d’une des catéchistes :

Après la recollection vécue au Monastère Sainte Claire, le jour tant attendu par nos enfants de la catéchèse est arrivé pour recevoir « Jésus » (comme ils aiment à me dire) ! Mais comment être certaine qu’un enfant est prêt à recevoir ce sacrement de l’Eucharistie ? Il aurait fallut suivre l’avis des parents, des proches ou encore évaluer comme à l’école en attribuant des notes, s’appuyer sur nos impressions basées sur les compétences, sur leurs apparences (discipliné, sage, docile, dispersé…) ! Par ailleurs, un manque de confiance ou plutôt un doute s’installe quelques mois auparavant sur la préparation de nos enfants ! Il aura fallut rencontrer notre vicaire pour retrouver cette confiance en nous et en la mission confiée par notre Seigneur ! Ce doute rappelle la nécessité de toujours s’unir à Jésus pour rencontrer l’autre « systole-diastole » nous dit le Pape François ! Qu’il est difficile de voir au-delà des apparences et pourtant ces enfants manifestent la maturité en sagesse avec une ouverture du cœur qui me laisse toujours sans voix. Ceci fait prendre conscience qu’il nous faut redevenir cet enfant pour retrouver cette ouverture du coeur et non le comportement.

Astrid MARE

© Cathédrale de Papeete – 2018

Laissez-moi vous dire…

Mois de juin : Dédié au Sacré-Cœur de Jésus

Des images pieuses pour élever notre âme vers Dieu

Nous vivons une époque où l’on recherche le confort, le bien-être et le plaisir immédiat ; la souffrance est intolérable. On recourt à des guérisseurs, à des voyantes, à la magie… On s’adonne à des pratiques illicites.

Nous sommes bien loin du conseil donné par Edith Stein (Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix) [gazée par les nazis à Auschwitz] : « Le monde est en flammes. Élève ton regard vers la Croix. Du cœur ouvert jaillit le sang du Rédempteur, le sang qui éteint les flammes de l’enfer. Ton amour compatissant, l’amour qui vient du Cœur divin, te portera partout, et partout répandra son sang précieux qui apaise, qui guérit, qui sauve. »

La dévotion au Cœur de Jésus a commencé vers la fin du XIIIème siècle avec Ste Mechtilde et Ste Gertrude. C’est Saint Jean Eudes qui fera célébrer une fête liturgique du Cœur de Jésus, le 20 octobre 1672. Mais, suites aux apparitions de Jésus (1672-1675) montrant son cœur à Sainte Marguerite-Marie se développe la dévotion au Sacré-Cœur. C’est l’époque où sévit le jansénisme, mouvement complexe à la fois religieux, philosophique et politique, qui professe la peur de Dieu. Dans cette France qui a souffert à cause des guerres de religion, apparaît le Sacré-Cœur de Jésus : Dieu souffrant qui demande réparation pour l’ingratitude de l’humanité.

Le Pape Clément XIII approuve la fête du Sacré-Cœur en 1765, et la fixe au vendredi suivant la « Fête-Dieu ».

Depuis, apparaissent les images pieuses représentant Jésus montrant son Cœur. On pense bien sûr à Paray-le-Monial, au Sacré-Cœur de Montmartre à Paris, mais aussi à un certain nombre de Congrégations religieuses dont celle présente chez nous : les Pères des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie (ss.cc.).

Il est intéressant de s’arrêter quelques instants sur l’usage des images pieuses, de nos statues, médailles et chapelets. Je me souviens quand j’étais enfant, on offrait des médailles ou des images pieuses lors des baptêmes, premières communions ou professions de foi. « Surtout ne la perds pas, elle te protège », « mets-la sous ton oreiller et tu ne feras pas de mauvais rêves »…

Dans certains lieux de pèlerinage il faut absolument aller toucher telle statue pour que ton vœu soit exaucé. Interrogeons-nous sur le sens que nous donnons au chapelet que nous portons ou que nous arborons dans notre voiture ; aux images exposées dans nos maisons… Ce ne sont ni des « gris-gris », ni des « amulettes ». Soyons vigilants, il existe des pratiques proches de l’ésotérisme, comme « l’accueil des cinq archanges dans les familles », qui devraient nous inciter à la prudence et à la réflexion.

La vénération des icônes chez nos frères et sœurs des Églises orientales peut nous aider à purifier nos agissements et nos regards. Dès le début de l’Église primitive, les chrétiens ayant vu Jésus – vrai Dieu et vrai homme - se sont dits : puisque le Christ est l’image visible de Dieu, l’homme peut tenter de représenter l’image du Christ mais dans un authentique geste de foi et d’amour. D’où la spiritualité de l’icône : l’artiste - priant et jeûnant - se laisse pénétrer par la lumière du Christ, et grâce à cette lumière, il fait progresser le regard intérieur jusqu’aux réalités divines invisibles. « L’icône est un témoignage visible tant de l’abaissement de Dieu vers l’homme que de l’élan de l’homme vers Dieu » (Léonide Ouspensky, iconographe et théologien orthodoxe russe).

Puissent ces représentations pieuses contribuer à élever notre âme vers Dieu.

Dominique Soupé

© Cathédrale de Papeete - 2018

En marge de l’actualité…

Sacré-Cœur

Ce vendredi est célébrée dans l’Église la fête du Sacré Cœur de Jésus. Cette célébration devrait revêtir dans notre diocèse de Papeete et dans celui de Taiohae une importance particulière si l’on se souvient que ce sont des religieux des Sacrés Cœurs qui ont apporté la foi catholique dans nos îles, dans une de ses plus belles expressions, la dévotion au cœur Sacré de Jésus et au Cœur Immaculé de Marie. Les paroisses du Sacré Cœur de Hitiaa, de Arue, de Napuka, l’ancienne église du Sacré Cœur d’Otepipi (Anaa), l’école maternelle et primaire, le collège et le lycée du Sacré Cœur de Taravao, et aux Marquises, la paroisse des Sacrés Cœurs de Hatiheu, les paroisses du Sacré Cœur de Haakuti, de Puamau et la paroisse Notre Dame du Sacré Cœur de Taaoa témoignent de la place que prenait la dévotion au cœur de Jésus dans le cœur de ces premiers missionnaires.

Que nous révèle donc le cœur du Christ ? Que si Jésus est Dieu, il est aussi homme, un homme qui a aimé et continue d’aimer comme Dieu nous aime, car l’amour du Christ est amour de Dieu. Les Écritures nous révèlent ce que Jésus éprouvait dans son cœur : amour, pitié, compassion. Jésus pleura devant la tombe de son ami Lazare, et les Juifs dirent : « Voyez comme il l’aimait » ; il fut saisi de compassion devant les foules harassées, comme des brebis sans berger ; il tressaillit de joie sous l'action de l'Esprit Saint en écoutant les apôtres à leur retour de mission ; il fut en colère, navré de l’endurcissement du cœur des Pharisiens lorsqu’il guérit l’homme à la main desséchée, et à Gethsémani, il dit à ses disciples que son âme était triste à en mourir. Même une fois mort, Jésus, de son côté transpercé laissa s’ouvrir son cœur d’où jaillirent le sang et l’eau, source de vie et d’Esprit, réalisant ainsi ce qu’il avait proclamé à haute voix quelques jours plus tôt : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive… celui qui croit en moi ! » selon le mot de l'Écriture : « De son sein couleront des fleuves d'eau vive ».

Parler du cœur du Christ, c’est donc nous tourner vers ce qu’il y a de plus profond, de plus intime en lui, et c’est reconnaître que ce cœur est rempli du mystère d’amour de Dieu, que ce cœur de Jésus est le cœur de Dieu lui-même. Ce cœur transpercé continue de déborder d’amour pour nous, malgré l’obscurité de notre manque d’espérance, de nos infidélités et de nos aveuglements. Lorsque nous cherchons à savoir qui est Dieu, qu’il nous suffise de contempler le cœur transpercé du Christ pour y découvrir l’amour don, car Dieu se fait connaître grâce à son amour manifesté en son Fils Jésus Christ. Toute l’histoire du salut, tout l’Évangile nous parle de cet amour. St Paul ne dit pas autre chose lorsqu’il écrit aux Galates : « Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi ».

Contempler le cœur du Christ, c’est entrer plus profondément dans le mystère du Christ, dans tout son être, sa personne en ce qu’elle a de plus intime et de plus essentiel : fils de Dieu, sagesse éternelle, principe de salut et de sanctification pour tous. Le cœur de Jésus est le siège de la miséricorde du Père qui a ouvert les trésors infinis de son amour et de son indulgence vis-à-vis des hommes, alors qu’ils étaient encore pécheurs !

Célébrer le cœur de Jésus nous invite donc à accepter l’invitation à le suivre et à aimer comme lui, à faire nôtres, les attitudes, les choix, et les œuvres qui l’ont conduit jusqu’à l’extrême, avoir son cœur transpercé sur la croix. Quelle attitude aurai-je face aux difficultés et aux blessures qui me font souffrir en contemplant le cœur de Jésus transpercé par la lance du soldat ? De quel amour puis-je aimer les autres, quand je réalise que l’amour de Dieu s’incarne et prend au sérieux la réalité souffrante des personnes ? Jusqu’où ira le don de ma vie et ma générosité, lorsque je vois mes semblables rejetés, méprisés ? Quel réconfort et quelle consolation apporterai-je aux affligés en voyant la blessure du côté du Christ ? A quelles tâches de réconciliation et de justice m’entrainera cette croix plantée dans le cœur de Jésus ?

+ Monseigneur Jean-Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete - 2018

Audience générale…

Partager les dons reçus lors de la confirmation

Lors de l’audience générale de ce mercredi matin, tenue sur la Place Saint-Pierre, le Pape François a poursuivi sa série de catéchèses sur les sacrements, en s’arrêtant sur les dons que l’Esprit Saint offre à travers le sacrement de la confirmation, des dons qui ne doivent pas être conservés pour soi-même mais transmis aux autres.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous poursuivons notre réflexion sur le sacrement de la Confirmation, en considérant les effets que le don de l’Esprit Saint fait mûrir chez les confirmés, les conduisant à devenir à leur tour un don pour les autres. L’Esprit-Saint est un don. Souvenons-nous que, quand l’évêque nous donne l’onction avec l’huile, il dit : « Reçois la marque de l’Esprit Saint qui t’est donné ». Ce don de l’Esprit Saint entre en nous et fait porter du fruit, pour que nous puissions ensuite le donner aux autres. Toujours recevoir pour donner : ne jamais recevoir et garder les choses à l’intérieur, comme si l’âme était un magasin. Non : toujours recevoir pour donner. Les grâces de Dieu se reçoivent pour être données aux autres. C’est la vie du chrétien. C’est donc le propre de l’Esprit-Saint de nous décentrer de notre moi pour nous ouvrir au « nous » de la communauté : recevoir pour donner. Nous ne sommes pas au centre : nous sommes un instrument de ce don pour les autres. Complétant dans les baptisés la ressemblance avec le Christ, la Confirmation les unit plus fortement comme membres vivants au corps mystique de l’Église (cf. Rite de la Confirmation, n.25).

La mission de l’Église dans le monde procède à travers l’apport de tous ceux qui en font partie. Certains pensent que, dans l’Église, il y a des patrons : le pape, les évêques, les prêtres, et ensuite il y a les autres. Non : l’Église, c’est nous tous ! Et nous avons tous la responsabilité de nous sanctifier mutuellement, de prendre soin des autres. L’Église, c’est nous tous. Chacun a son travail dans l’Église, mais c’est nous tous.

En effet, nous devons penser à l’Église comme à un organisme vivant, composé de personnes que nous connaissons et avec lesquelles nous cheminons, et non comme à une réalité abstraite et lointaine. L’Église, c’est nous qui marchons, l’Église, c’est nous qui, aujourd’hui, sommes sur cette place. Nous : voilà l’Église. La Confirmation lie à l’Église universelle, dispersée sur toute la terre, mais en impliquant activement les confirmés dans la vie de l’Église particulière à laquelle ils appartiennent, avec à sa tête l’évêque qui est le successeur des apôtres. Et c’est pour cela que l’évêque est le ministre originaire de la Confirmation (cf. Lumen gentium, 26), parce que c’est lui qui insère le confirmé dans l’Église. Le fait que, dans l’Église latine, ce sacrement soit d’ordinaire conféré par l’évêque souligne son « effet d’unir plus étroitement à l’Église, à ses origines apostoliques et à sa mission de témoigner du Christ ceux qui le reçoivent » (Catéchisme de l’Église catholique, 1313).

Et cette incorporation ecclésiale est bien signifiée par le signe de la paix qui conclut le rite de la Confirmation. En effet, l’évêque dit à chaque confirmé : « La paix soit avec toi ». Rappelant le salut du Christ à ses disciples le soir de Pâques, rempli de l’Esprit Saint (cf. Jn 20,19-23) – nous l’avons entendu – ces paroles éclairent un geste qui « exprime la communion ecclésiale avec l’évêque et avec tous les fidèles » (cf. CEC,1301). À la Confirmation, nous recevons l’Esprit Saint et la paix : cette paix que nous devons donner aux autres. Mais réfléchissons : que chacun pense à sa communauté paroissiale, par exemple. Il y a la cérémonie de la confirmation, et ensuite nous nous donnons la paix : l’évêque la donne au confirmé et ensuite, pendant la messe, nous l’échangeons entre nous. Cela signifie l’harmonie, cela signifie la charité pour nous, cela signifie la paix. Mais que se passe-t-il ensuite ? Nous sortons et nous commençons à dire du mal des autres, à « écorcher » les autres. Nous commençons les commérages. Et les commérages, c’est la guerre. Cela ne va pas ! Si nous avons reçu le signe de la paix avec la force de l’Esprit Saint, nous devons être des hommes et des femmes de paix et ne pas détruire, avec la langue, la paix qu’a faite l’Esprit. Pauvre Esprit Saint, le travail qu’il a avec nous, avec cette habitude du commérage ! Réfléchissez bien : le commérage n’est pas l’œuvre de l’Esprit Saint, ce n’est pas une œuvre de l’unité de l’Église. Le commérage détruit ce que fait Dieu. Mais s’il vous plaît : arrêtons de faire des commérages !

La Confirmation se reçoit une seule fois, mais le dynamisme spirituel suscité par la sainte onction est persévérant dans le temps. Nous ne finirons jamais de réaliser le mandat de répandre partout la bonne odeur d’une vie sainte, inspirée par la fascinante simplicité de l’Évangile. Personne ne reçoit la Confirmation que pour soi, mais pour coopérer à la croissance spirituelle des autres. C’est seulement ainsi, en nous ouvrant et en sortant de nous-mêmes pour rencontrer les frères, que nous pouvons vraiment grandir et ne pas simplement nous leurrer. Ce que nous recevons comme don de la part de Dieu doit être effectivement donné – le don doit être donné – afin d’être fécond, et non pas enseveli sous le prétexte de peurs égoïstes, comme l’enseigne la parabole des talents (cf. Mt 25,14-30).

La graine aussi, quand nous avons la graine dans la main, mais ce n’est pas pour la mettre là, dans l’armoire, la laisser là : c’est pour la semer. Le don de l’Esprit Saint, nous devons le donner à la communauté. J’exhorte les confirmés à ne pas mettre l’Esprit Saint « en cage », à ne pas opposer de résistance au vent qui souffle pour les pousser à marcher dans la liberté, à ne pas suffoquer le feu ardent de la charité qui pousse à consumer sa vie pour Dieu et pour ses frères. Que l’Esprit Saint nous accorde à tous le courage apostolique de communiquer l’Évangile, par les œuvres et par les paroles, à ceux que nous rencontrons sur notre route. Par les œuvres et par les paroles, mais les bonnes paroles : celles qui édifient. Pas les paroles des commérages qui détruisent. S’il vous plaît, quand vous sortez de l’église, pensez que la paix que vous avez reçue, c’est pour la donner aux autres : pas pour la détruire par les ragots. N’oubliez pas cela.

© Libreria Editrice Vaticana – 2018

Commentaire des lectures du dimanche

La liturgie de ce dimanche nous annonce une bonne nouvelle. Elle vient affermir notre espérance. Nous vivons dans un monde accablé par toutes sortes de souffrances : le deuil, les catastrophes, les violences, les guerres. Et nous supplions le Seigneur : « Réponds sans te lasser à notre appel. » Cette prière n’est pas seulement la nôtre ; c’est celle de toute l’Église.

La première lecture et l’Évangile nous montrent deux veuves qui viennent de voir mourir leur enfant. La mort de leur mari les a mises dans une extrême précarité économique et sociale. Elles se retrouvent privées de toute ressource et de tout soutien. Mais voilà que ces deux femmes vont vivre une rencontre qui va bouleverser leur vie. Pour celle de Sarepta (1ère lecture), c’est le prophète Elie. Pour celle de l’Évangile, c’est Jésus. La suite, nous la connaissons : les deux enfants sont rendus à leur mère. Pour ces deux femmes, c’est la joie retrouvée. Dieu a vu leur détresse. Jésus est saisi de pitié jusqu’au plus profond de lui-même. Il est celui qui se fait proche de toute cette souffrance et qui agit.

Mais en écoutant ces textes bibliques, nous pensons aux nombreux enfants qui ne sont pas rendus à leur mère : beaucoup meurent sous les bombes ; d’autres sont victimes de la famine ou des maladies. Alors, comme le prophète Élie, nous crions vers le Seigneur : « Pourquoi n’agis-tu pas ? Pourquoi tant de haine et de violence ? Où es-tu, Seigneur ? » Ce cri est une prière que Dieu entend. Il voit la misère de son peuple. II voit les dérives de la société actuelle, les violences, la course à l’argent, les familles qui se désagrègent. Tout cela, il le voit et il est saisi de pitié jusqu’au plus profond de lui-même. Il ne supporte pas de nous voir courir à notre perte. Tout l’Évangile nous dit qu’il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus.

Notre Dieu n’est donc pas indifférent. Mais pour sauver ce monde, il compte sur nous. Ce monde, il nous l’a confié. Nous en sommes responsables. L’Évangile nous apprend à nous arrêter devant celui ou celle qui souffre. Cette mission, beaucoup la remplissent avec un grand dévouement : pensons aux équipes qui s’engagent pour accompagner les familles en deuil, celles qui vont visiter les malades ou les prisonniers. D’autres trouvent leur place dans une association pour aider les plus démunis à sortir de leur misère. Dans ce monde qui en a bien besoin, ils sont porteurs de la présence et de l’amour du Christ. 

Notre mission de chrétiens baptisés et confirmés c’est d’être l’amour du Christ auprès de tous, enfants, jeunes et adultes, malades et bien portants. A travers nous c’est lui qui veut aller vers les autres, en particulier vers les exclus. Avec lui, le mal ne peut avoir le dernier mot. C’est la vie qui triomphe. II veut nous associer tous à sa victoire sur les forces du mal.

Cet Évangile nous révèle donc le pouvoir de résurrection de Jésus qui peut redonner vie à tous. Il peut redonner vie à ce jeune de vingt ans qui a mal tourné parce qu’il s’est laissé entraîner par une bande. Il peut ressusciter l’époux ou l’épouse qui s’est détourné de son conjoint. Il peut ressusciter le foyer où l’on fait semblant de s’aimer. De nombreuses personnes sont sorties de la délinquance, du fanatisme ou de la drogue parce qu’elles ont rencontré Jésus Christ. Leur vie en a été totalement changée. Là où le péché a abondé, l’amour a surabondé. C’est de cela que témoignent les nouveaux convertis.

Ces deux lectures nous ont montré des enfants qui ont été rendus à leur mère. Au jour de notre baptême, c’est à l’Église que nous avons été confiés. Elle est notre mère à tous. Sa grande souffrance, c’est de voir ses enfants courir vers leur perdition. Pour elle, c’est intolérable. Mais le Seigneur lui a donné une mission de guérison et de salut. Comme autrefois à Naïm, Jésus est là sur notre route. Il veut nous relever et nous rendre à notre mère l’Église. C’est ce qui se passe quand nous recevons le sacrement du pardon. Le passé pèse lourd parfois dans nos vies… Et pourtant, il s’efface devant le pardon sans limite dont Dieu nous comble. Quand nous revenons vers Dieu, c’est la joie retrouvée, c’est la fête. Nous pouvons reprendre notre route avec un cœur libéré. Et surtout nous pouvons témoigner des merveilles de Dieu dans notre vie et notre monde.

La seconde lecture n’est pas en rapport direct avec les deux autres dans la mesure où il n’est pas question de la guérison d’un enfant. Elle insiste sur la foi de Paul en la puissance et en la bonté de Jésus. C’est lui, Jésus, qui fait le premier pas vers le persécuteur qu’il était. Cette rencontre avec lui sur le chemin de Damas a été pour Paul un véritable bouleversement. Elle a fait de lui un apôtre de l’Évangile.

Ces trois lectures bibliques sont un appel à la foi. Elles nous disent la puissance et la bonté du Seigneur. Lorsque nous rencontrons des obstacles, il est capable de nous aider à les dépasser dans la foi, dans l’espérance et dans l’amour. C’est avec Jésus tout-puissant et miséricordieux que notre vie pourra devenir belle et féconde. En ce jour nous te prions, Seigneur. Chaque dimanche, tu rejoins les communautés rassemblées en ton nom. Tu nous envoies vers les blessés de la vie. Donne-nous ton Esprit pour être dans notre monde les témoins de ton amour. Amen

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