Pko 09.12.2018

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°62/2018

Dimanche 9 décembre 2018 – 2ème Dimanche de l’Avent – Année C

À Dieu…

À Dieu Mami…

Mami 1

 Il y a 25 ans, tu entreprenais, avec maman et d’autre, ton plus grand voyage parmi nous… tu venais à Tahiti pour partager ma joie d’être ordonné prêtre !

Aujourd’hui, tu viens d’entreprendre un autre grand voyage… non plus pour la « Nouvelle Cythère » mais pour la « Cythère éternelle »…

Mon cœur pleure mais n’est pas triste… il pleure parce que tu as été pour moi une vraie « maman faa’amu ». C’est avec toi et papi que j’ai grandi… que j’ai appris l’accueil, le don de soi, la générosité… la fidélité !

Avec maman, tu as été mon plus cadeau d’ordination… Si ton départ aujourd’hui, me fait monter les larmes… la date « choisie » me renvoie à ce moment si intense et joyeux de ma vie, il y a 25 ans : l’imposition des mains par Mgr Michel, mon « Père-Évêque » qui faisait de moi le prêtre que je suis aujourd’hui ! Mon cœur pleure… mais mon âme est dans la joie… car je veux voir en cette concordance des dates un signe du Ciel… que tu rejoins aujourd’hui celui qui fut ton époux, Papi… et qui te manquait tant, comme tu me le rappelais à chacun de nos appels téléphoniques. Tu es aujourd’hui, auprès de lui… embrasse-le pour moi… mais aussi de maman, qui était-là avec toi à mon ordination, et aussi avec Mgr Michel, qui nous manque lui aussi…

Nos cœurs pleurent… Tu nous laisses seule aujourd’hui, André, ton fils, tes petits enfants, Claudine qui a pris soin de toi ces dernières années avec tant d’attention… Mais ne regarde pas nos pleurs… Réjouis-toi de ce bonheur d’être auprès de ton Sauveur et de revoir tout ceux que tu as aimés et qui t’ont précédé…

Veille sur nous, Mami, veille sur moi… J’espère ne pas te décevoir… Intercède auprès du Père, avec Marie, pour que je devienne un prêtre selon le cœur de Jésus !

Je t’aime, Mami… nous t’aimons…

À Dieu !

Humeurs…

Il y a 25 ans

« Celui qui renouvelle le sacrifice de Jésus à la messe doit offrir lui-même sa vie »

Chers frères et sœurs, cher Christophe,

Ton ordination à la prêtrise, est et sera toujours marquée par la fête de l’Immaculée Conception que nous fêtons ce soir.

L’Évangile du jour termine par ces mots de Marie : « Que tout se passe pour moi selon ta parole… »

Marie peut inspirer ta vie par ses vertus : la joie, l’humilité, le service, la virginité et la chasteté, la prière, le sens du salut. Mais comme tu deviens prêtre aujourd’hui, c’est surtout son offrande d’elle-même qui doit t’inspirer. Marie au moment de l’Annonciation savait déjà qu’elle appartenait à Dieu, comme fille d’Israël : mais le jour de l’Annonciation elle a accepté la volonté particulière de Dieu sur elle : elle n’a pas choisi ce que Dieu voulait pour elle. Ainsi en est-il du prêtre.

Mgr Marcus, évêque de Nantes, dans une homélie à l’occasion des obsèques de Gérard Lefumeux, prêtre de la région parisienne qui a fait son service militaire à Tahiti, disait que ce prêtre fut habité par la paix et la joie du Christ parce qu’il était calé « sur la volonté du Père, comme le fut de manière unique et primordiale le Christ lui-même, unique prêtre du monde de tous les temps, le Fils Bien Aimé ».

Dans cette recherche et acceptation de la volonté du Père, je voudrais Christophe attiré ton attention sur trois points.

1- Tout à l’heure tu vas exprimer clairement ton engagement : tu répondras que tu veux être collaborateur des évêques dans le sacerdoce pour servir et guider le peuple de Dieu, - que tu veux annoncer l’Évangile et exposer la Foi catholique – que tu veux célébrer les mystères, en particulier les sacrements pour la louange de Dieu et la sanctification du peuple chrétien – et enfin que tu veux t’unir davantage au souverain prêtre Jésus-Christ et te « consacrer » à dieu pour le salut des hommes.

Puis dans la préface consécratoire je demanderai que ce soit la grâce de la prêtrise qui te consacre vraiment à ton ministère de prêtre : ne t’appuie pas seulement sur ta générosité, mais sur une nouvelle force qui te sera donnée, - ne compte pas seulement sur ta bonne volonté à vivre ton ministère comme tu l’imagines, mais sur le désir de rejoindre, au jour le jour et pour toujours ce que te demanderont le Seigneur et l’Église. Marie a eu toute sa vie des étonnements, notamment au jour de l’Annonciation. Tu auras parfois des doutes, des peurs, tu demanderas pourquoi ? pourquoi ? Avec la même sagesse que Marie laisses-toi guider par la lumière du moment pour vivre pleinement dans l’offrande de toi-même ce « que tout se passe pour moi selon ta parole ».

2- Demande aussi à Marie, si aimée dans notre diocèse, d’être le prêtre qu’il faut à ce diocèse et à nos îles. Pur toi qui nous viens d’Alsace par l’Océan et les Tuamotu, il importe que tu rejoignes les fidèles dans leur culture et leur histoire personnelle. Tu t’y emploies déjà en consacrant beaucoup de temps, d’attention aux jeunes déshérités et à tous les handicaps de la vie et de la société. Certes notre Grand Séminaire cherche à dépasser une image conventionnelle du prêtre mais on n’est pas prêtre tout seul. Il y a un presbytérium et il y autres. Que Marie t’éclaire toujours dans ton ouverture à la réalité polynésienne.

3- Demande enfin à Marie d’aimer ton ministère, d’aimer le ministère de prêtre, le tien, celui des autres, celui de ton évêque, celui des prêtres de Polynésie ou d’ailleurs, celui des religieux ou celui des diocésains. Les gens cherchent toujours en nous s’il y a une concordance entre ce que nous prêchons et ce que nous vivons, entre nos activités et notre état de vie.

- Le peuple de Polynésie a besoin de retrouver ou de redécouvrir la prière… l’Eucharistie est la source de toute vie de prière et d’union à Dieu. Un prêtre qui n’aurait fait aucun sermon ni aucune retraite sur la prière pendant toute sa vie ( en admettant qu’une telle hypothèse soit possible), mais qui se serait appliqué à célébrer la messe le mieux possible pour les participants d’abord et pour lui ensuite serait un bon éducateur de la prière.

- Le peuple de Polynésie a besoin de miséricorde : la misère, les misères de toutes sorte que nous cotoyons appellent la Miséricorde… tu seras le ministre du sacrement du pardon. Jésus est sauveur au moment où il nous délivre du Mal et du Péché. C’est dans le sacrement que le prêtre acquiert le sens du Salut.

- Le peuple de Polynésie a besoin d’une Bible Vivante : pas seulement de la Bible que l’on lit et que l’on étudie, mais de la Bible Vivante d’aujourd’hui, faite de témoignages… d’hommes et de femmes qui vivent l’amour au sein de foyers unis et harmonieux… de témoignage de conversion, de service, de solidarité, d’honnêteté professionnelle. Sois un bon guide pour tous ceux et celles-là.

- Enfin que Marie qui était si jeune lorsqu’elle dit à l’ange « que tout se passe pour moi selon ta parole », t’inspire dans ton apostolat auprès des jeunes. Ose avec Marie proposer aux jeunes un modèle de vie à l’opposé de ce que la sécularisation actuelle propage partout.

Nous avons avec toi la joie de voir présent à ton ordination ta chère maman, tes parents faaamu, tes amis de ton village de Fréland, et ton curé ; nous n’aurions pas pu souhaiter meilleure délégation.

À Lourdes dernièrement, Mgr Brand, évêque de Strasbourg me demandant : « Alors que devient Christophe ? » Quel bonheur pour moi de lui annoncer : « Il va être ordonné prêtre le 8 décembre ». Raison de plus de joindre à notre action de grâces, des prières pour ton diocèses d’origine qui t’a accompagné dans tes premiers pas vers la prêtrise. Jusqu’au Cardinal Gantin, qui célébrant la messe de l’Immaculée Conception à Rome dans la chapelle des Missionnaires d’Afrique ou se trouve Patrick Caire, a pensé à toi… « Tahiti les fruits… Tahiti les semences », et ils ont prié pour toi.

Mgr François Favreau, évêque de Nanterre, diocèse auquel appartenait justement Gérard dont je parlais au début, a dit aussi qu’il avait un très grand amour l’Église et qu’il avait ainsi réconforté souvent son évêque et il ajoutait : « Il y a mille raisons pour prendre ses distances avec l’Église. Il en suffit d’une pour être là, fidèle : l’Église est le Corps de Jésus… l’Église c’est nous (vous tous) en jésus, Christ et Seigneur ».

Que ton offrande soit à la ressemblance de celle de Marie, une consécration à l’Amour de Dieu dans la confiance, pour le Salut des hommes.

+ Mgr Michel Coppenrath

© Semeur tahitien - 1993

Laissez-moi vous dire…

Lundi 12 décembre : Remise du prix Nobel de la Paix à Oslo

Une Foi, une Espérance à déplacer les montagnes !

Prixnobelpaix 2018Denis Mukwege et Nadia Murad - Prix Nobel de la Paix 2018

Aujourd’hui, deuxième dimanche du temps de l’Avent, nous lisons ceci : « …Dieu se souvient. Tu les avais vus partir à pied, emmenés par les ennemis, et Dieu te les ramène, portés en triomphe, comme sur un trône royal. Car Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées… » (Baruch 5,6-7)

Des hommes et des femmes, la foi en Dieu chevillée en eux, ont une espérance telle qu’ils parviennent à déplacer des montagnes et à sensibiliser le monde aux détresses les plus innommables. C’est le cas de Nadia Murad et de Denis Mukwege qui vont recevoir le Prix de Nobel de la Paix à Oslo en ce lundi 12 décembre. Ils sont récompensés « pour leurs efforts pour mettre fin à l'emploi des violences sexuelles en tant qu'arme de guerre », a déclaré la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen.

« Denis Mukwege est quelqu'un qui a dédié toute sa vie à la défense des victimes des violences sexuelles perpétrées en temps de guerre. Sa co-lauréate Nadia Murad est le témoin qui relate les abus perpétrés à son encontre et d'autres », a souligné Mme Reiss-Andersen.

Nadia Murad Basee Taha est une jeune femme âgée de 25 ans d’origine kurde et issue de la communauté yézidie.

C’est en tant qu’« Ambassadrice de bonne volonté de l’ONU pour la dignité des victimes du trafic d’êtres humains » que Nadia Murad a pu s’exprimer, le 20 décembre 2016, devant le Conseil de Sécurité de l’ONU et relater le calvaire qu’elle, et de nombreuses femmes et filles, ont subi en Irak de la part des membres de l’organisation État Islamique. Le Secrétaire Général de l’ONU témoigne : « Son puissant plaidoyer a touché des personnes à travers le monde et a aidé à mettre en place une enquête vitale des Nations Unies sur les crimes déchirants qu'elle a subis, ainsi que de nombreux autres ».

« On ne s'habitue jamais à raconter son histoire. On la revit chaque fois. (…) Pour que ce soit la dernière. (…) Mais mon histoire, relatée honnêtement et prosaïquement, est l'arme la plus efficace dont je dispose pour lutter contre le terrorisme, et j'ai bien l'intention de m'en servir jusqu'à ce que ces criminels soient traduits en justice », déclare Nadia Murad avec force.

« Sur la route, les combattants nous ont humiliées, a décrit la jeune femme à l’ONU. Ils nous ont touchées et violées. Ils nous ont emmenées à Mossoul, dans un bâtiment où des milliers de femmes yézidies et d’enfants étaient vendus comme esclaves»

Sa vie bascule en août 2014, quand des jihadistes du groupe État Islamique, armés jusqu'aux dents, envahissent son village à bord de pick-up. Elle a alors 21 ans. Conduite à Mossoul, Nadia Murad subit l'insupportable. Elle est battue, torturée, violée, mariée, de force, obligée de renier sa religion au bénéfice de l’Islam, achetée par des jihadistes, vendue et revendue (elle a eu jusqu’à 13 « propriétaires » !), traitée comme du bétail sur les marchés aux esclaves. Autant d'horreurs et de douleurs indicibles, gravées dans sa chair à jamais. « Incapable d’endurer tant de viols et de violence », elle réussit à s'enfuir et à gagner le Kurdistan irakien sous une fausse identité. Elle connaît alors les camps de réfugiés, apprend qu'elle a perdu sa mère et six de ses frères. Puis parvient à rejoindre l'Allemagne, où elle retrouve sa sœur grâce à l'aide d'une association. C'est dans ce pays qu’elle vit et milite aujourd'hui.

Debout, plus vivante que jamais, Nadia Murad clame haut et fort que « les barbares ont voulu prendre notre honneur mais ils ont perdu leur honneur ».

Le Dr Denis Mukwege est un gynécologue congolais âgé de 63 ans, marié, père de cinq enfants. Fils d'un pasteur pentecôtiste, il est né en 1955 à Bukavu dans le Kivu (Congo belge). Après des études à la faculté polytechnique de Kinshasa, il s’oriente vers la médecine à la faculté de médecine du Burundi. Médecin diplômé en 1983, il exerce à l’hôpital de Lemera au sud de Bukavu.

En 1984, il obtient une bourse de la Mission Pentecôtiste Suédoise pour suivre une spécialisation en gynécologie à l'université d'Angers (France). Il fonde, avec un angevin, l'association « Esther Solidarité France-Kivu » pour aider sa région d'origine.

En 1989, malgré un travail bien rémunéré en France, il choisit de retourner au Congo pour s'occuper de l'hôpital de Lemera, dont il devient médecin directeur.

En 1996, lors de la première guerre du Congo, son hôpital est brutalement détruit. Denis Mukwege échappe à la mort alors que plusieurs malades et infirmiers sont assassinés. Il se réfugie à Nairobi, puis décide de retourner au Congo. Avec l'aide d’un organisme caritatif suédois et la Communauté des Églises de Pentecôte en Afrique centrale, il fonde l'hôpital Panzi à Bukavu  (RDC) où il exerce encore actuellement.

Lui aussi a connu les horreurs de la guerre notamment à l’égard des femmes. Il se voit alors confronté aux mutilations génitales pratiquées sur les femmes. Profondément marqué par ces violences, il décide de faire connaître au monde la barbarie sexuelle dont sont victimes les femmes à l'Est de la République Démocratique du Congo, et d'agir pour leur venir en aide. Dans une région où le viol collectif est utilisé comme arme de guerre, il se spécialise dans la prise en charge des femmes victimes de ces agressions sexuelles, leur apportant une aide médicale mais aussi psychique, économique et juridique.

Le docteur, que l’on surnomme « l’homme qui répare les femmes », est reconnu comme l'un des spécialistes mondiaux du traitement des fistules traumatiques uro-génitales ; ce qui lui vaut plusieurs distinctions. « Malgré des menaces régulières de mort, il a fait de l’hôpital Panzi en République Démocratique du Congo un refuge contre les mauvais traitements ». L'hôpital initialement construit pour 120 lits, en compte 350, dont 200 sont consacrés aux victimes de violences sexuelles. En moyenne, l'hôpital Panzi, recueille 410 patients par mois.

« Les armes chimiques, biologiques, nucléaires ont des effets à long terme. Eh bien le viol, c'est pareil ! Les personnes restent apparemment en vie. En réalité, les familles, les villages, les sociétés sont détruits sur des générations. »

Ce Prix Nobel de la Paix 2018 jette un coup de projecteur sur les violences faites aux femmes, notamment en temps de guerre. Avec foi, espérance, force et courage, le Docteur Mukwege et Nadia Murad n’hésitent pas à braver les menaces de mort pour les dénoncer, et surtout, obtenir de la Communauté Internationale que ces violences soient reconnues comme « crimes de guerre ».

Dominique Soupé

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[Sources principales : Norvege-fr.com ; webtv.un.org et hopitaldepanzi.com]

© Cathédrale de Papeete - 2018

En marge de l’actualité…

Le temps du dialogue

La prochaine fête de Noël que nous allons célébrer dans quelques semaines pourrait être pour nous l’occasion de redécouvrir Dieu comme celui qui cherche à converser, à dialoguer avec nous par son Fils Jésus, Parole vivante du Père. Le début de la lettre aux Hébreux est explicite à ce sujet : « Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils » (He 1,1) Oui, notre Dieu vient à nous pour porter à son plus haut degré d’intimité ce dialogue, cette conversation qu’il désire vivre avec nous… Une conversation qui ne soit pas faite de mondanités, ni de préjugés, ni de contraintes liées à la peur… Une conversation qui ne soit pas « langue de bois » où l’on ne fait que répéter machinalement des formules ou des propos appris artificiellement. Dieu cherche une rencontre, une conversation « authentique » qui reflète ce que nous portons dans notre cœur et que nous sommes prêts à partager en toute liberté, sans peur, comme le fait Dieu lui-même par son Fils.

Mais est-il possible de converser de cette façon avec Dieu qu’on ne voit pas si nous ne sommes pas capables de converser avec notre prochain, nos amis, nos voisins, les membres de nos familles que l’on voit ? Qu’en est-il de notre capacité à converser, à dialoguer avec l’autre qui est face à nous, de partager avec lui ou elle, opinions, idées, rêves, peurs, sans tout de suite chercher à avoir raison en criant plus fort, sans chercher à imposer notre point de vue ? Une conversation, un dialogue peuvent nous aider à la rencontre, à la connaissance et à la reconnaissance de l’autre… Ils nous apprennent sur l’autre, ils nous transforment de l’intérieur, nous interrogent, nous bousculent parfois. Apprendre de celui qui nous fait face, confronter nos points de vue non pour détruire mais pour avancer ensemble, et laisser de côté SMS, Facebook, les textos rageurs et les mails ravageurs, ces instruments d’un monde où règnent en maîtres souverains le virtuel et la vitesse et les condamnations sans appel ! Pour converser, il faut savoir écouter d’abord… Pas seulement entendre, mais écouter, pour éviter de répondre à côté de la question comme cela arrive dans les discussions des politiciens… Laisser de côté les rapports de force pour faire place à de réels échanges pleins de bienveillance entre personnes qui se respectent, où sont exclus mensonges et mauvaise foi. C’est là que nous pouvons alors nous montrer tels que nous sommes dans le respect de l’autre.

Si nous profitions de ce temps de l’Avent pour mettre davantage à l’honneur dans nos vies de famille, de voisinage, de travail, cette conversation, ce dialogue, ces moments privilégiés où la présence et la voix de nos vis-à-vis pourraient être signe de la présence du Christ à nos côtés ? Gageons que nos oreilles et nos cœurs seraient alors mieux disposés à vivre ce dialogue avec Dieu lui-même !

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete – 2018

Audience générale

Apprenons de Jésus comment prier

Nouveau cycle de catéchèse initié par le Pape lors de l’audience générale de ce mercredi : le Souverain Pontife aborde cette fois la prière de Jésus, le « Notre Père », s’attardant plus particulièrement sur la demande des disciples à Jésus, « Seigneur, apprends-nous à prier ».

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, nous commençons un cycle de catéchèses sur le « Notre Père ».

Les Évangiles nous ont rapporté des portraits très vivants de Jésus comme homme de prière : Jésus priait. Malgré l’urgence de sa mission et toutes les personnes qui le réclament avec insistance, Jésus sent le besoin de se mettre à part dans la solitude et de prier. L’Évangile de Marc nous raconte ce détail dès la première page du ministère public de Jésus (cf. 1,35). La journée inaugurale de Jésus à Capharnaüm s’était terminée de manière triomphale. Après le coucher du soleil, des multitudes de malades arrivent à la porte où demeure Jésus : le Messie prêche et guérit. Les anciennes prophéties et les attentes de beaucoup de personnes qui souffrent se réalisent : Jésus est le Dieu proche, le Dieu qui nous libère. Mais cette foule est encore petite si on la compare à tant d’autres foules qui se rassembleront autour du prophète de Nazareth ; à certains moments, il s’agit d’assemblées océaniques et Jésus est au centre de tout, celui qui est attendu par les peuples, l’aboutissement de l’espérance d’Israël.

Et pourtant, il s’en libère ; il n’est pas l’otage des attentes de ceux qui l’ont désormais élu comme leur « leader ». Ce qui est un danger des « leaders » : trop s’attacher aux gens, ne pas prendre ses distances. Jésus s’en aperçoit et ne finit pas otage des gens. Dès la première nuit de Capharnaüm, il montre qu’il est un Messie original. Pendant la dernière partie de la nuit, quand l’aube s’annonce désormais, les disciples le cherchent encore, mais ne parviennent pas à le trouver. Où est-il ? Jusqu’à ce que Pierre le retrouve enfin dans un lieu isolé, complètement absorbé dans la prière. Et il lui dit : « Tout le monde te cherche ! » (Mc 1,37). Cette exclamation semble être la condition appropriée pour un succès plébiscitaire, la preuve de la bonne réussite d’une mission.

Mais Jésus dit aux siens qu’il doit aller ailleurs ; que ce ne sont pas les gens qui le cherchent mais que c’est d’abord lui qui cherche les autres. C’est pourquoi il ne doit pas prendre racine, mais rester continuellement pèlerin sur les routes de Galilée (vv. 38-39). Et aussi pèlerin vers son Père, c’est-à-dire en priant. Sur un chemin de prière. Jésus prie.

Et tout cela se produit pendant une nuit de prière.

Dans certaines pages de l’Écriture, il semble que ce soit avant tout la prière de Jésus, son intimité avec le Père, qui gouverne tout. Ce sera le cas, par exemple, surtout pendant la nuit de Gethsémani. Le dernier bout de chemin de Jésus (dans l’absolu le plus difficile de ceux qu’il a effectués jusque-là) semble trouver son sens dans l’écoute continuelle que Jésus accorde au Père. Une prière certainement pas facile, ou plutôt, une véritable « agonie » dans le sens de l’« agonisme » des athlètes, et pourtant une prière capable de soutenir le chemin de la croix.

Voilà le point essentiel : là, Jésus priait.

Jésus priait avec intensité dans les moments publics, partageant la liturgie de son peuple, mais il cherchait aussi des lieux recueillis, séparés du tourbillon du monde, des lieux qui permettaient de descendre dans le secret de son âme : il est le prophète qui connaît les pierres du désert et qui monte au sommet des montagnes. Les dernières paroles de Jésus, avant d’expirer sur la croix, sont des paroles des psaumes, c’est-à-dire de la prière, de la prière des juifs : il priait avec les prières que sa maman lui avait enseignées.

Jésus priait comme prient tous les hommes dans le monde. Et pourtant, dans sa manière de prier, il y avait aussi un mystère renfermé, quelque chose qui n’avait certainement pas échappé aux yeux de ses disciples si nous trouvons dans les Évangiles cette supplication si simple et immédiate : « Seigneur, apprends-nous à prier » (Lc 11,1). Ils voyaient Jésus prier et ils avaient envie d’apprendre à prier : « Seigneur, apprends-nous à prier ». Et Jésus ne refuse pas, il n’est pas jaloux de son intimité avec le Père mais il est justement venu pour nous introduire dans cette relation avec le Père. Et il devient ainsi maître de prière de ses disciples, comme il veut certainement l’être pour nous tous. Nous aussi, nous devrions dire : « Seigneur, apprends-moi à prier. Apprends-moi. »

Même si nous prions peut-être depuis de nombreuses années, nous devons toujours apprendre ! L’oraison de l’homme, ce désir qui naît de manière si naturelle dans son âme, est peut-être un des mystères les plus denses de l’univers. Et nous ne savons même pas si les prières que nous adressons à Dieu sont effectivement celles qu’il veut que nous lui adressions. La Bible nous donne aussi le témoignage de prières inopportunes, qui finissent par être repoussées par Dieu : il suffit de se souvenir de la parabole du pharisien et du publicain. Seul ce dernier, le publicain, rendre du temple chez lui justifié, parce que le pharisien était orgueilleux et qu’il aimait que les gens le voient prier et il faisait semblant de prier : son cœur était froid. Et Jésus dit : celui-ci n’est pas justifié « parce qui s’exalte sera humilié, et qui s’humilie sera exalté » (Lc 18,14). Le premier pas pour prier, c’est d’être humble, aller au Père et dire : « Regarde-moi, je suis pécheur, je suis faible, je suis mauvais », tout le monde sait quoi dire. Mais cela commence toujours par l’humilité et le Seigneur écoute. La prière humble est écoutée par le Seigneur.

C’est pourquoi, en commençant ce cycle de catéchèses sur la prière de Jésus, la chose la plus belle et la plus juste que nous devions tous faire est de répéter l’invocation des disciples : « Maître, apprends-nous à prier ! » Ce sera beau, pendant ce temps d’Avent, de le répéter : « Seigneur, apprends-moi à prier ». Nous pouvons tous aller un peu au-delà et mieux prier ; mais le demander au Seigneur : « Seigneur, apprends-moi à prier ». Faisons cela pendant ce temps d’Avent et il ne laissera sûrement pas notre invocation tomber dans le vide.

© Libreria Editrice Vaticana – 2018

Éthique

Drogue : semer l’espérance au milieu des nouvelles générations

« Nous sommes invités par le Seigneur à utiliser notre intelligence et nos énergies pour améliorer ce service de guérison, pour semer l’espérance au milieu des nouvelles générations, afin de les aider à ne pas tomber dans le piège des dépendances et les aider à sortir quand, malheureusement, ils y sont tombés », a exhorté le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin devant les participants à une conférence internationale. Célébrant la messe avec eux, le 30 novembre 2018, en la basilique Saint-Pierre, le « numéro 2 » du Vatican a souligné : « Malheur si je ne sers pas mes frères, par l’annonce de la parole et le service de la charité ! » La Conférence organisée par le Dicastère pour le service du développement humain intégral avait pour thème Drogue et dépendances : un obstacle au développement humain intégral.

En la fête de l’apôtre saint André, l’Évangile de Matthieu nous présente son appel par Jésus, le Maître. Selon l’évangéliste, un tel appel sera le paradigme de tout autre appel que Jésus adresse à ses disciples, et qui, pour cela, concerne aussi notre présent.

Il est avant tout est important de souligner le lieu de l’appel, le lac de Galilée. Il constitue la frontière maritime entre Israël et les peuples païens. Une telle situation est porteuse d’une grande signification : le message que la Parole de Dieu nous confie est celle d’aller vers tous, de « pêcher », juifs ou païens.

Dans la page de la lettre aux Romains, qu’on vient de lire, ce concept de la destination universelle de l’Évangile est clarifié et répété avec force : « Quiconque met en lui sa foi ne connaîtra pas la honte. Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent » (Rm 10,11-12). Dans la langue de saint Paul, l’élimination de la distinction entre juif et grec signifie que tous les hommes ont la même vocation de fils et la même destination à la gloire, sous la conduite du Fils unique.

Le texte de l’Évangile insiste ensuite sur l’appel de deux paires de frères : André et Pierre, Jacques et Jean. On souligne ainsi particulièrement le lien de fraternité ; lien nécessaire pour entrer dans le Royaume de Dieu et pour rendre crédible l’action missionnaire de l’Église. Déjà, rien que pour ce don de la fraternité nous devons louer le Seigneur. En effet, nous vivons en un temps de grâce, dans lequel le lien fraternel qui nous unit à nos frères chrétiens et, en particulier aux frères de l’Église orthodoxe, dont nous célébrons aujourd’hui le saint patron principal, grandit et se consolide continuellement.

L’Évangile nous montre que Jésus associe ceux qu’il est en train d’appeler à son œuvre de révélation de l’amour du Père. Ceux qui sont appelés devront suivre Jésus, adhérer à sa Personne et collaborer à sa mission. Tout cela comporte un changement radical par rapport à leur vie précédente pour qu’ils se dédient pleinement et sans aucun obstacle à annoncer à leur prochain la nouveauté salvatrice de l’Évangile.

L’appel que Jésus adresse à saint André et à ses autres compagnons pêcheurs se traduit par un appel permanent que le Seigneur adresse tout homme, comme saint Paul nous le rappelle dans la première lecture : « Comment entendre si personne ne proclame ? Comment proclamer sans être envoyé ? Il est écrit : Comme ils sont beaux, les pas des messagers qui annoncent les bonnes nouvelles ! » (Rm 10,14-15).

Avec l’appel des Apôtres, le Seigneur a fait à l’Église le don de la succession apostolique. André, le pêcheur de Galilée deviendra un des douze Apôtres choisis par Jésus et il rendra témoignage jusqu’au martyre à l’amour du Maître et des peuples auxquels il l’a fait connaître. Aujourd’hui aussi, c’est justement la succession apostolique qui permet à l’Église de montrer au monde le vrai visage du Christ, nécessaire à tous les hommes pour leur salut et pour leur joie.

Un élément qui ne cesse jamais de nous surprendre, dans l’appel que le Seigneur nous adresse aujourd’hui encore, c’est la confiance qu’Il place sur nous, en tant que communauté, comme individuellement. Dieu nous veut comme ses collaborateurs et il continue de nous prendre à son service. La vérité la plus profonde de chacun d’entre nous est donc celle d’être pris à son service dans la vigne du Seigneur. Cet appel au service concerne tous les chrétiens : quelques-uns d’entre nous ont été appelés dans le ministère ordonné comme diacres, prêtres et évêques, pour l’annonce de la parole de Dieu et le soin pastoral de la communauté, d’autres ont été appelés au service dans la vie consacrée, d’autres ont été appelé au service dans la vocation matrimoniale et chacun contribue par son propre engagement à la croissance de l’unique bien commun.

Notre fragilité, celle de l’Apôtre Pierre, de son frère André et de tous les autres, ne sont pas un motif suffisant pour que Jésus les écarte, mais le lieu privilégié pour que ce soit justement là que se révèlent sa miséricorde et son pouvoir bienveillant qui guérit. C’est sa confiance et sa fidélité qui nous soutiennent tous, comme elles ont autrefois soutenu saint André, jusqu’au martyre.

Le fait d’avoir été appelés au service du projet de Dieu, nous invite tous à la reconnaissance et à l’humilité, et en même temps, à la conscience d’être débiteurs vis-à-vis de nos frères. L’expression que saint Paul a utilisée à propos de son service d’apôtre des nations : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile pas ! » (1 Co 9,16) peut être paraphrasée avec celle que nous devons tous entendre résonner dans notre âme : malheur si je ne sers pas mes frères, par l’annonce de la parole et le service de la charité !

Cet aspect de la dette envers nos frères nous conduit à réfléchir sur un autre élément qui est celui de la responsabilité.

André, après sa première rencontre avec Jésus – raconte l’Évangile de Jean – a ressenti immédiatement la responsabilité d’impliquer son frère Pierre. Le don de la rencontre s’est tout de suite transformée en un désir de partager la joie expérimentée. Par la suite, André et tous les Apôtres ont ainsi intensément ressenti cette responsabilité, qu’ils mettront en jeu toute leur vie. Cela constitue même pour nous une invitation à renouveler notre responsabilité personnelle de personnes qui veulent vivre une proximité responsable, selon l’heureuse expression du Pape François. Une telle proximité responsable se décline dans le soin d’annoncer la Parole de salut et dans le soin de ceux qui sont affligés de toutes sortes de pauvretés, y compris la pauvreté de ceux qui vivent aujourd’hui l’expérience de l’asservissement de la drogue et des autres dépendances.

La Conférence internationale que nous vivons est certainement une expression du service que l’Église veut rendre à l’humanité, qui parmi les nombreuses blessures qui l’affligent doit inclure aussi la plaie de la drogue et de ce qu’on appelle les nouvelles dépendances. Tous les participants à cette Conférence partagent cet esprit de dévouement. Nous sommes invités par le Seigneur à utiliser notre intelligence et nos énergies pour améliorer ce service de guérison, pour semer l’espérance au milieu des nouvelles générations, afin de les aider à ne pas tomber dans le piège des dépendances et les aider à sortir quand, malheureusement, ils y sont tombés. Ce type de service est parmi les plus difficiles, tant à cause d’une certaine culture qui ne favorise pas la prévention, que par les fréquentes rechutes de ceux qui sont affligés par les dépendances, qui font désespérer d’une récupération effective. Certains opérateurs sont tentés de perdre l’espérance et éprouvent un sentiment de solitude, également en raison d’une certaine indifférence et de l’affaiblissement qui en découle des politiques actives de prévention, soin et réhabilitation.

Le travail de cette Conférence qui a lieu à l’initiative du Dicastère pour le service du développement humain intégral, est nécessaire et précieux. L’homme blessé sur la route qui va de Jérusalem à Jéricho ne doit jamais être abandonné, même quand les difficultés sont innombrables. L’Église désire qu’en soignant la blessure provoquée par la drogue on améliore les projets de récupération, qu’on mette en œuvre des politiques et des législations toujours plus attentives, qu’on renouvelle les motivations et les énergies des opérateurs. Je vous remercie donc tous pour votre engagement généreux dans votre secteur spécifique et pour la collaboration que vous offrez à l’engagement de l’Église pour la promotion de chaque homme et de tout l’homme, c’est-à-dire celui du développement humain intégral (Paul VI).

Je confie votre travail à l’intercession de l’Apôtre André et de la Bienheureuse Vierge Marie, afin qu’il produise de bons fruits et suscite des énergies vitales pour le bien de tous.

© Libreria Editrice Vaticana - 2018

Commentaire des lectures du dimanche

Dieu peut-il parler pour ne rien dire ? Voici des siècles que la Parole prophétique n’avait pas retenti en Israël. Voici des siècles que les Israélites revenus d’exil n’avait plus entendu la formule consacrée des prophètes « Ainsi parle le Seigneur… ! » À présent, l’évangéliste Luc déclare que « la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie. » La mise en scène de l’irruption de cette Parole est véritablement grandiose. Elle surgit dans le désert au milieu de nulle part, mais dans un contexte historique extrêmement précis du point de vue chronologique. La complexité du pouvoir politique est située dans le vaste cadre de l’empire romain, tandis que la mention des grands prêtres, et donc du pouvoir religieux, nous renvoie au Temple de Jérusalem, centre de la vie d’Israël. Les futurs acteurs de la Passion de Jésus sont déjà présents en la personne de Pilate, le Procurateur romain, et des grands prêtres Anne et Caïphe. La Parole de Dieu s’inscrit dans cette histoire politique et religieuse où se jouera le drame de la Passion de Jésus, mais c’est dans le désert. Dieu parle soudainement à un homme seul, vivant en marge de toute institution et éloigné de tout lieu du pouvoir.

Dieu peut-il parler pour ne rien dire ? Voici qu’après un tel déploiement rhétorique pour situer l’intervention de Dieu et l’annonce de sa Parole, celle-ci ne communique rien. Ou plus exactement, rien ne nous est dit de ce que Jean entend ou comprend de cette Parole. Nous le voyons seulement changer de comportement. Il se met à parcourir en tous sens la région du Jourdain et institue un baptême de repentance pour la rémission des péchés. Il agit en électron libre par rapport aux institutions établies. Aucune référence n’est faite au culte, aux sacrifices du Temple ou à une quelconque autorité religieuse. Pour légitimer son action, l’évangéliste recourt alors à une parole d’un Prophète d’autrefois appelant à la conversion et annonçant la venue du Messie. Non seulement rien ne nous est dit au sujet de la Parole que Dieu a adressée à Jean, mais il faut aller rechercher une parole vieille de six siècles pour rendre compte de ce qui se passe. Cette citation est en outre sans lien avec le baptême proclamé par Jean, puisque celui-ci est une nouveauté jusque-là inconnue de la tradition prophétique et cultuelle.

Dieu peut-il parler pour ne rien dire ? Dieu s’est manifesté à Jean, puisque la vie de celui-ci en a été bouleversée et qu’il s’engage dans une forme d’action prophétique novatrice. Pourtant Dieu n’a concrètement rien dit, au sens où Dieu ne parle jamais pour dire quelque chose comme nous le faisons. Sa Parole est manifestation de sa présence, relation vive, don de lui-même. La véritable parole de Dieu qui nous est transmise dans l’Evangile est une parole relationnelle : « Tu es mon Fils Bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour. » ou encore « Celui-ci est mon Fils Bien-aimé. Ecoutez-le ! ». Dieu est Père, Fils et Esprit, relation au-delà de toute parole. Sa Parole est présence, vie et amour. Telle est l’expérience faite par Jean-Baptiste.

Comme en toute expérience de Dieu, les mots viennent après pour balbutier cette communion qui entraîne la personne dans le mouvement d’une vie nouvelle. Jean tente de rendre témoignage au silence abyssal qui a transformé sa vie, mais ce qu’il trouvera à dire, ce sera le message de justice sociale le plus traditionnel. Son annonce du Royaume s’en tiendra au registre des prophètes de l’Ancien Testament. Il invente en revanche le baptême de repentance pour dire la présence inédite de Dieu. Dieu vient. Jean nous appelle à prendre conscience de cette présence inouïe de Dieu dans nos vies. Cela exige l’accueil de son pardon, car tout homme est pécheur devant Dieu : la présence de Dieu est toujours pure miséricorde.

Dieu nous parle lorsque nous sommes à l’écoute de cet Amour qui nous habite infiniment. Nous allons entrer dans l’année jubilaire de la Miséricorde pour contempler ainsi le visage de l’amour au-delà de tout mot, du pardon au-delà de tout péché. Puissions-nous recevoir le don que Dieu nous fait de lui-même dans la foi en sa venue et l’abandon confiant à sa miséricorde. Dans le silence du cœur, préparons-nous à adorer Dieu donné dans l’enfant de la Crèche. Il n’a pas d’autre parole que sa vie livrée et sa pauvreté offerte en notre indigence. Puissions-nous aussi l’accueillir à Noël avec l’espérance vive de voir s’accomplir la promesse : « Tout être vivant verra le salut de Dieu. »

Fr Olivier Rousseau, ocd

Carmel.asso – 2015