Pko 26.11.2017

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°62/2017

Dimanche 26 novembre 2017 – Solennité de Notre Seigneur Jésus Christ, Roi de l’Univers – Année A

La solidarité continue !

Dimanche 19 novembre, 1ère Journée mondiale des pauvres, vous avez été nombreux à répondre à l’invitation du pape François : « N’aimons pas en parole mais en acte » !

Les « confiturières » de l’Accueil Te Vai-ete vous remercie chaleureusement pour l’accueille que vous avez fait à leur production… Les 200 pots qu’elles avaient confectionnés n’auront pas suffis à répondre à la demande…

La vente de ces 200 pots a rapporté un total de 110 600 xfp desquels 20 200 xfp ont été retirer pour les frais de sucre, vanille… Il leur restait ainsi en bénéfice net 90 400 xfp… Dès lundi, elles avaient chacune sur le compte postal 30 100 xfp.

Roland, l’artiste de la rue a vendu un tableau pour 30 000 xfp… Il va pouvoir réaliser son projet… l’achat d’une toile pour réaliser une œuvre spirituelle…

Soyez bénis pour votre accueil et votre soutien à nos frères et sœurs de la rue !

Depuis lundi, nos « confiturières » se sont remises au travail pour être prêtes pour le marché des Artiz’ de l’Espoir du 4 au 9 décembre dans les anciens locaux de Tahiti Nui Travel au centre Vaima. Vos fruits sont les bienvenus… Plus de 100 pots sont déjà prêts…

Merci, Merci Merci

« Si vous voulez honorer le corps du Christ, ne le méprisez pas lorsqu’il est nu ; n’honorez pas le Christ eucharistique avec des ornements de soie, tandis qu’à l’extérieur du temple vous négligez cet autre Christ qui souffre du froid et de la nudité » (St Jean Chrysostome – Homélie sur St Matthieu)

Laissez-moi vous dire…

26 novembre : Journée sans achat

Le secret de la sainteté

Noël approche et déjà les magasins invitent à la fête : jouets, vêtements, décorations, nourritures diverses, nouvelles voitures… Certaines facilités sont consenties : « Achetez aujourd’hui, payez demain » !

Le 26 novembre est proposée une « Journée sans achats ». Hasard du calendrier, cette année elle tombe un dimanche et coïncide -pour les chrétiens- avec la fête du Christ, Roi de l’Univers, celui qui est né pauvre, sans lieu où reposer sa tête, et qui, paradoxalement, a tout donné … gratuitement, y compris l’accès au royaume d’éternité.

Selon Dieu tout est gratuit à qui sait vivre la « pauvreté du cœur ». C’est d’ailleurs la première béatitude enseignée par Jésus dans son discours inaugural : « Bienheureux les pauvres de cœur, le royaume des Cieux est à eux » (Matthieu 5, 3). Jésus n’exalte pas, ici, la pauvreté matérielle mais il nous appelle à être conscients de notre réalité de créatures divines ayant reçu gratuitement la vie.

Et si ce dimanche 26 novembre nous faisions de cette « journée sans achats » un temps de partage de ce que nous avons, sans rien acheter. Pourquoi pas un repas simple avec les voisins du quartier ou bien avec les membres de notre groupe paroissial ? Un temps de convivialité où il fait bon se rencontrer dans la simplicité du partage.

Être conscient de cette simplicité gratuite, de cette « pauvreté de cœur », ne serait-ce pas le secret de la sainteté à laquelle nous sommes appelés ?

Dominique SOUPÉ

© Cathédrale de Papeete - 2017

En marge de l’actualité…

Assemblée des Évêques

Début septembre avait lieu près de Suva (Iles Fidji) l’assemblée de la conférence des évêques du Pacifique dont fait partie le diocèse de Papeete. Et début novembre se tenait à Lourdes l’assemblée des évêques de France métropolitaine à laquelle sont invités les évêques de la France d’Outre-mer. Ces assemblées sont l’occasion pour les évêques d’exercer leur collégialité épiscopale. En effet, l’évangélisation est l’horizon de l’Église, et les évêques sont appelés à porter ensemble cette mission. Chaque évêque a charge de son diocèse, mais il est aussi coresponsable de l’Église universelle en lien avec le Saint Père. Les conférences épiscopales sont donc un moyen pour permettre aux Évêques d’une même nation ou d’un même espace géographique de se concerter et de se donner les moyens nécessaires pour le bon exercice de la charge de chacun. Rappelons que les défis de la mission ne sont pas limités aux frontières de chaque diocèse. Ils les débordent de toutes parts. Ainsi, chaque conférence s’inscrit dans des réalités culturelles, sociétales et ecclésiales communes et permet de se donner les moyens d’expertise et les moyens pastoraux que chacun ne peut trouver localement. Cette réflexion et ce travail en commun permettent à chaque évêque de prendre sa part dans la vie de l’Église, une Église qui dépasse son propre diocèse. A la racine de ce travail en commun se trouvent l’humilité, l’ouverture aux autres, la collaboration, la complémentarité, l’écoute commune de ce que l’Esprit dit aux Églises.

Parmi les thèmes concrets abordés, et en rapport avec l’actualité, la douloureuse question de la pédophilie qui fut l’objet principal de la réflexion des évêques du Pacifique. Quelle façon de former les futurs prêtres dans l’Église pour leur apprendre à se situer eux-mêmes face à leur sexualité et à faire face aux situations douloureuses qu’ils peuvent rencontrer ? Comment accompagner les victimes, et signaler les auteurs ? Comment mettre en œuvre les procédures juridiques dans le respect des personnes… Autre point abordé, la formation des futurs prêtres dans les séminaires. Le Vatican a publié cette année de nouvelles lignes directrices pour la formation des futurs prêtres, et a demandé à chaque conférence épiscopale de s’approprier ces nouvelles orientations. À l’ordre du jour également la préparation du futur synode sur « Les jeunes, la Foi et le discernement vocationnel » qui débutera en octobre 2018. Des jeunes divers, entre 16 et 29 ans… une opportunité pour nos églises diocésaines de se mettre à leur écoute, de chercher comment faciliter leur participation à la vie des communautés chrétiennes, de les accompagner dans leur recherche spirituelle et dans la construction d’une vie affective stable.

Lors de l’assemblée des évêques de France, l’intervention de Mgr MIRKIS, archevêque de Kirkouk (Irak) et celle des évêques de rite oriental (Arménie, Liban, Ukraine) a permis d’aborder le sort des populations obligées de fuir leur pays, et des chrétiens persécutés, mais aussi des minorités religieuses non chrétiennes également persécutées. Le témoignage de Foi de ces frères chrétiens, les choix crucifiants qu’ils doivent faire témoignent de la profondeur de leur attachement au Christ et au message de l’Évangile. Ils interpellent nos communautés sur la défense de la vie, sur la qualité de notre lien de famille, sur les tentations de replis identitaire et sur les choix que nous avons à faire…

Oui, ces assemblées d’évêques témoignent du souci que l’Église doit porter en tout lieu d’annoncer l’Évangile pour que les hommes aient la vie. Elles ouvrent les horizons et font éclater les frontières, elles unissent tous les pasteurs dans une même mission et dans le respect des différences qui donnent à notre humanité sa si grande richesse.

+ Monseigneur Jean Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete - 2017

Audience générale du Pape Francois …

La messe est le mémorial du calvaire du Christ

Lors de l’audience générale de ce mercredi 22 novembre 2017, le Pape François a poursuivi sa nouvelle série de catéchèses sur la messe. Pour cette 3e étape, le Saint-Père a livré une réflexion sur la messe en tant que « mémorial du mystère pascal », nous faisant participer « au calvaire du Christ ». Le Saint-Père a d’abord justifié l’emploi du terme de « mémorial », et notamment son sens biblique.

Chers frères et sœurs, bonjour !

En poursuivant les catéchèses sur la messe, nous pouvons nous interroger : qu’est-ce que la messe essentiellement ? La messe est le mémorial du mystère pascal du Christ. Elle nous rend participants de sa victoire sur le péché et la mort et donne sa pleine signification à notre vie.

C’est pourquoi, pour comprendre la valeur de la messe, nous devons avant tout comprendre la signification biblique du « mémorial ». Ce « n’est pas seulement le souvenir des événements du passé mais, d’une certaine manière, elle les rend présents et actuels. C’est exactement comme cela qu’Israël comprend sa libération de l’Égypte : chaque fois que la Pâque est célébrée, les événements de l’Exode sont rendus présents à la mémoire des croyants afin qu’ils conforment leur vie à ceux-ci » (Catéchisme de l’Église catholique, 1363). Jésus-Christ, par sa passion, sa mort, sa résurrection et son ascension dans le ciel, a accompli la Pâque. Et la messe est le mémorial de sa Pâque, de son « exode », qu’il a accompli pour nous, pour nous faire sortir de l’esclavage et nous introduire dans la terre promise de la vie éternelle. Ce n’est pas seulement un souvenir, non, c’est davantage : c’est rendre présent ce qui s’est produit il y a vingt siècles.

L’Eucharistie nous conduit toujours au sommet de l’action du salut de Dieu : le Seigneur Jésus, se faisant pain rompu pour nous, reverse sur nous toute sa miséricorde et son amour, comme il l’a fait sur la croix, afin de renouveler notre cœur, notre existence et notre manière d’être en relation avec lui et avec nos frères. Le Concile Vatican II affirme : « Chaque fois que le sacrifice de la croix, par lequel le Christ, notre agneau pascal, a été immolé, est célébré sur l’autel, l’œuvre de notre rédemption s’effectue » (Const. dogm. Lumen gentium, 3).

Chaque célébration de l’Eucharistie est un rayon de ce soleil sans couchant qu’est Jésus ressuscité. Participer à la messe, en particulier le dimanche, signifie entrer dans la victoire du Ressuscité, être éclairés par sa lumière, réchauffés par sa chaleur. À travers la célébration eucharistique, l’Esprit Saint nous rends participants de la vie divine qui est capable de transfigurer tout notre être mortel. Et dans son passage de la mort à la vie, du temps à l’éternité, le Seigneur Jésus nous entraîne nous aussi avec lui pour faire la Pâque. Pendant la messe, on fait la Pâque. À la messe, nous sommes avec Jésus, mort et ressuscité, et il nous entraîne vers la vie éternelle. À la messe, nous nous unissons à lui. Ou plutôt, le Christ vit en nous et nous vivons en lui. « Avec le Christ, je suis crucifié. Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. » (Ga 2,19-20). C’est ce que pensait Paul.

Son sang, en effet, nous libère de la mort et de la peur de la mort. Il nous libère non seulement de la domination de la mort physique, mais de la mort spirituelle qu’est le mal, le péché qui nous prend chaque fois que nous tombons, victimes de notre péché ou de celui des autres. Alors notre vie est polluée, elle perd sa beauté, elle perd sa signification, elle se fane.

Le Christ, lui, nous redonne la vie ; le Christ est la plénitude de la vie et quand il a affronté la mort, il l’annihile pour toujours : « Par sa résurrection, il a détruit la mort et a renouvelé la vie » (Prière eucharistique IV). La Pâque du Christ est la victoire définitive sur la mort, parce qu’il a transformé sa mort en un suprême acte d’amour. Il est mort par amour ! Et dans l’Eucharistie, il veut nous communiquer son amour pascal, victorieux. Si nous le recevons avec foi, nous aussi nous pouvons vraiment aimer Dieu et notre prochain, nous pouvons aimer comme il nous a aimés, en donnant sa vie.

Si l’amour du Christ est en moi, je peux me donner pleinement à l’autre, dans la certitude intérieure que, même si l’autre devait me blesser, je ne mourrais pas ; sinon, je devrais me défendre. Les martyrs ont donné leur vie justement en raison de cette certitude de la victoire du Christ sur la mort. C’est seulement si nous faisons l’expérience de ce pouvoir du Christ, le pouvoir de son amour, que nous sommes vraiment libres de nous donner sans peur. La messe, c’est cela : entrer dans cette passion, cette mort, cette résurrection et cette ascension de Jésus ; quand nous allons à la messe, c’est comme si nous allions au calvaire, la même chose. Mais réfléchissez : si, au moment de la messe, nous allons au calvaire – réfléchissons avec notre imagination – et si nous savons que cet homme, là, est Jésus. Mais est-ce que nous nous permettrions de bavarder, de faire des photos, de faire un peu de spectacle ? Non ! Parce que c’est Jésus ! Nous resterions certainement en silence, en pleurs et aussi dans la joie d’être sauvés. Quand nous entrons dans une église pour célébrer la messe, pensons à cela : j’entre au calvaire, où Jésus donne sa vie pour moi. Et ainsi, le spectacle disparaît, les bavardages disparaissent, les commentaires et ce genre de choses qui nous éloignent de cette chose si belle qu’est la messe, le triomphe de Jésus.

Je pense que c’est maintenant plus clair que la Pâque se rend présente et opérante chaque fois que nous célébrons la messe, c’est-à-dire le sens du mémorial. La participation à l’Eucharistie nous fait entrer dans le mystère pascal du Christ, nous donnant de passer avec lui de la mort à la vie, c’est-à-dire là, sur le calvaire. La messe, c’est revivre le calvaire, ce n’est pas un spectacle.

© Libreria Editrice Vatican - 2017

Discours du Pape Francois aux Chefs d’État du forum du pacifique…

Qui a transformé le merveilleux monde marin en cimetière…

Samedi 11 novembre, le Pape François a reçu au Vatican un groupe de leaders politiques des États et territoires du Pacifique affectés par le réchauffement climatique, parmi lesquels notamment le président de la Polynésie française.

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie tous, Leaders du Pacific Islands Forum, qui par votre présence manifestez les différentes réalités existant dans une région comme celle de l’Océan pacifique, si riche de beautés culturelles et naturelles.

Cette région malheureusement suscite aussi de vives préoccupations pour nous tous et en particulier pour les populations qui y habitent, plutôt vulnérables aux phénomènes environnementaux et climatiques extrêmes toujours plus fréquents et intenses. Mais je pense aussi aux impacts du grave problème de l’élévation des niveaux des mers ainsi qu’au douloureux et continu déclin qu’est en train de subir la barrière de corail, écosystème marin de grande importance. À ce sujet, je rappelle la question alarmante posée il y a près de trente ans par les évêques des Philippines : « Qui a transformé le merveilleux monde marin en cimetières sous-marins dépourvus de vie et de couleurs ? »[1]. Elles sont nombreuses les causes qui ont conduit à cette dégradation environnementale et malheureusement beaucoup d’entre elles sont à imputer à une conduite humaine imprévoyante, liée à des formes d’exploitation des ressources naturelles et humaines dont l’impact va jusqu’au fond des océans.[2]

Quand nous parlons ensuite de l’élévation du niveau de la mer, qui « affecte principalement les populations côtières appauvries qui n’ont pas où se déplacer »[3], nous pensons au problème du réchauffement global qui est amplement discuté dans de nombreux forums et débats internationaux. Ces jours-ci se déroule à Bonn la COP23, la vingt-troisième session de la Conférence des Etats Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui cette année se place sous la présidence de l’un des pays que vous représentez, les Iles Fidji. Je forme le souhait que les travaux de la COP-23, comme aussi ceux qui la suivront, soient en mesure d’avoir toujours présent à l’esprit cette « Terre sans frontières, où l’atmosphère est extrêmement fine et fragile » comme la décrivait un des astronautes actuellement en orbite dans la Station spatiale internationale, avec lesquels j’ai récemment eu un dialogue intéressant.

Vous venez de pays qui, par rapport à Rome, se trouvent aux antipodes ; mais cette vision d’une « Terre sans frontières » annule les distances géographiques, rappelant la nécessité d’une prise de conscience mondiale, d’une collaboration et d’une solidarité internationales, d’une stratégie partagée, qui ne permettent pas de rester indifférent devant les problèmes graves comme la dégradation de l’environnement naturel et de la santé des océans, connexe à la dégradation humaine et sociale que vit l’humanité d’aujourd’hui.

D’ailleurs, non seulement les distances géographiques et territoriales mais aussi les distances temporelles sont annulées, par la conscience que dans le monde tout est intimement lié[4] : près de trente années ont passé depuis l’appel des évêques philippins et on ne peut pas dire que la situation des océans et de l’écosystème marin se soit certes améliorée, face aux nombreux problèmes qui remettent en cause par exemple la gestion des ressources piscicoles, les activités en surface ou dans les grands fonds, la situation des communautés côtières et des familles de pécheurs, la pollution par l’accumulation de plastique et de micro-plastique. « Quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui nous succèdent, aux enfants qui grandissent ? Cette question ne concerne pas seulement l’environnement de manière isolée (…). Quand nous nous interrogeons sur le monde que nous voulons laisser, nous parlons surtout de son orientation générale, de son sens, de ses valeurs ».[5] Je vous remercie pour cette visite appréciée et je vous bénis de grand cœur ainsi que vos Nations.

© Libreria Editrice Vatican - 2017

[1] Cf. Conférence des évêques catholiques des Philippines, Lettre pastorale What is Happening to our Beautiful Land? (29 janvier 1988) cité dans la Lett. enc. Laudato si’, n. 41.

[2] Cf. Lett. enc. Laudato si’, n.41.

[3] Cf. ibid, n. 48.

[4] Cf. ibid, n. 16.

[5] Ibid, n. 160.

Homélie du pape François pour la 1ère Journée mondiale pour les Pauvres

Les pauvres, passeport du paradis

L’indignation sans action ne suffit pas, il s’agit de faire le bien pour les pauvres. C’est le message du Pape François lors de la messe célébrée pour la première journée mondiale des pauvres en la Basilique Saint-Pierre le dimanche 19 novembre 2017. Devant des milliers de fidèles dont 4 000 hommes et femmes défavorisés, le Saint-Père qui a instauré cette rencontre en novembre 2016, à la fin du Jubilé de la miséricorde, a appelé à partager le pain avec les pauvres et à rejeter l’omission de faire le bien envers eux, c’est-à-dire l’indifférence, alors que ce sont eux « nos passeports pour le paradis ».

Nous avons la joie de rompre le pain de la Parole, et d’ici peu de rompre et de recevoir le Pain eucharistique, nourritures pour le chemin de la vie. Nous en avons tous besoin, personne n’est exclu, parce que nous sommes tous des mendiants de l’essentiel, de l’amour de Dieu, qui nous donne le sens de la vie et une vie sans fin. Donc aujourd’hui aussi tendons la main vers Lui pour recevoir ses dons. 

La parabole de l’évangile parle justement de dons. Elle nous dit que nous sommes destinataires des talents de Dieu, « à chacun selon ses capacités » (Mt 25,15). Avant tout reconnaissons ceci : nous avons des talents, nous sommes « talentueux » aux yeux de Dieu. Par conséquent personne ne peut penser être inutile, personne ne peut se dire si pauvre au point de ne pas pouvoir donner quelque chose aux autres. Nous sommes choisis et bénis par Dieu, qui désire nous combler de ses dons, plus qu’un papa et une maman désirent donner à leurs enfants. Et Dieu, aux yeux de qui aucun enfant ne peut être écarté, confie à chacun une mission. 

En effet, comme un Père aimant et exigeant qu’il est, il nous responsabilise. Nous voyons que, dans la parabole, des talents à multiplier sont donnés à chaque serviteur. Mais, tandis que les deux premiers réalisent la mission, le troisième serviteur ne fait pas fructifier les talents ; il restitue seulement ce qu’il avait reçu : « J’ai eu peur – dit-il - et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient » (v.25). Ce serviteur reçoit en échange des paroles dures : « mauvais et paresseux » (v. 26). Qu’est-ce qui en lui n’a pas plu au Seigneur ? En un mot, peut-être tombé un peu en désuétude mais très actuel, je dirais : l’omission. Son mal a été de ne pas faire le bien. Nous aussi souvent nous sommes dans l’idée de n’avoir rien fait de mal et pour cela nous nous contentons, présumant être bons et justes. Ainsi, cependant, nous risquons de nous comporter comme le serviteur mauvais : lui aussi n’a rien fait de mal, il n’a pas abimé le talent, au contraire, il l’a bien conservé sous la terre. Mais ne rien faire de mal ne suffit pas. Parce que Dieu n’est pas un contrôleur à la recherche de billets non compostés, il est un Père à la recherche d’enfants à qui confier ses biens et ses projets (cf. v. 14). Et c’est triste quand le Père de l’amour ne reçoit pas une réponse généreuse d’amour de ses enfants qui se limitent à respecter les règles, à s’acquitter des commandements, comme des salariés dans la maison du Père (cf. Lc 15, 17). 

Le serviteur mauvais, malgré le talent reçu du Seigneur, qui aime partager et multiplier ses dons, l’a jalousement conservé, il s’est contenté de le préserver. Mais celui qui se préoccupe seulement de conserver, de garder les trésors du passé n’est pas fidèle à Dieu. Au contraire, dit la parabole, celui qui ajoute des talents nouveaux est vraiment « fidèle » (vv.21.23), parce qu’il a la même mentalité que Dieu et ne reste pas immobile : il risque par amour, il met en jeu sa vie pour les autres, il n’accepte pas de tout laisser comme c’est. Il omet seulement une chose : ce qui lui est utile à lui. Voilà l’unique omission juste. 

L’omission est aussi le grand péché par rapport aux pauvres. Ici, elle prend un nom précis : indifférence. C’est dire : « Cela ne me regarde pas, ce n’est pas mon affaire, c’est la faute de la société ». C’est se tourner de l’autre côté quand le frère est dans le besoin, c’est changer de chaîne dès qu’une question sérieuse nous gêne, c’est aussi s’indigner devant le mal sans rien faire. Dieu, cependant ne nous demandera pas si nous avons eu une juste indignation, mais si nous avons fait du bien. 

Comment, concrètement, pouvons-nous alors plaire à Dieu ? Quand on veut faire plaisir à une personne chère, par exemple en lui faisant un cadeau, il faut d’abord connaître ses goûts, pour éviter que le cadeau soit plus agréable à celui qui le fait qu’à celui qui le reçoit. Quand nous voulons offrir quelque chose au Seigneur, nous trouvons ses goûts dans l’Evangile. Tout de suite après le passage que nous avons écouté aujourd’hui, il dit : « Chaque fois que vous l’avez fait à un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40). Ces frères plus petits, préférés par Lui, sont l’affamé et le malade, l’étranger et le prisonnier, le pauvre et l’abandonné, celui qui souffre sans aide et celui qui est dans le besoin et exclu. Sur leur visage nous pouvons imaginer imprimer son visage ; sur leurs lèvres, même si elles sont fermées par la douleur, ses paroles : « Ceci est mon corps » (Mt 26,26). Dans le pauvre, Jésus frappe à la porte de notre cœur et, assoiffé, nous demande de l’amour. Lorsque nous vainquons l’indifférence et qu’au nom de Jésus nous nous dépensons pour ses frères plus petits, nous sommes ses amis bons et fidèles, avec lesquels il aime s’entretenir. Dieu l’apprécie beaucoup, il apprécie l’attitude que nous avons entendue dans la première Lecture, celle de la « femme parfaite » dont « les doigts s’ouvrent en faveur du pauvre », qui « tend la main au malheureux » (Pr 31,10.20). Voilà la véritable force : non des poings fermés et des bras croisés, mais des mains actives et tendues vers les pauvres, vers la chair blessée du Seigneur. 

Là dans les pauvres, se manifeste la présence de Jésus, qui de riche s’est fait pauvre (cf. 2 Co 8, 9). Pour cela, en eux, dans leur faiblesse, il y a une « force salvatrice ». Et si aux yeux du monde, ils ont peu de valeur, ce sont eux qui nous ouvrent le chemin du ciel, ils sont nos « passeports pour le paradis ». Pour nous c’est un devoir évangélique de prendre soin d’eux, qui sont notre véritable richesse, et de le faire non seulement en donnant du pain, mais aussi en rompant avec eux le pain de la Parole, dont ils sont les destinataires les plus naturels. Aimer le pauvre signifie lutter contre toutes les pauvretés, spirituelles et matérielles. 

Et cela nous fera du bien : s’approcher de celui qui est plus pauvre que nous touchera notre vie. Cela nous rappellera ce qui compte vraiment : aimer Dieu et le prochain. Cela seulement dure toujours, tout le reste passe ; donc ce que nous investissons dans l’amour demeure, le reste s’évanouit. Aujourd’hui, nous pouvons nous demander : « Qu’est-ce qui compte pour moi dans la vie, où est-ce que je m’engage ? » Dans la richesse qui passe, dont le monde n’est jamais rassasié, ou dans la richesse de Dieu, qui donne la vie éternelle ? Ce choix est devant nous : vivre pour avoir sur terre ou donner pour gagner le ciel. Parce que pour le ciel, ne vaut pas ce que l’on a, mais ce que l’on donne, et celui qui amasse des trésors pour lui-même ne s’enrichit pas auprès de Dieu (cf. Lc 12, 21). Alors ne cherchons pas le superflu pour nous, mais le bien pour les autres, et rien de précieux ne nous manquera. Que le Seigneur, qui a compassion pour nos pauvretés et nous revêt de ses talents, nous donne la sagesse de chercher ce qui compte et le courage d’aimer, non en paroles mais avec des faits.

© Libreria Editrice Vatican - 2017

Les racines du Notre père chrétien dans les prières juives

Dans les Évangiles, Jésus donne à ses disciples la prière du Notre Père pour s’adresser à Dieu. Elle est devenue celle de tous les chrétiens. Quelle est l’influence de la liturgie juive sur cette prière ?

« Notre Père qui est dans les cieux »

Notre Père qui est dans les cieux.

Mishnah Yoma, invocation habituelle – 5° et 6° bénédictions, 2° prière avant le Shema: »Ahavah rabbah, Qaddish.

« Sanctifié soit ton Nom »

Que soit sanctifié ton Nom très haut dans le monde que tu as créé selon ta volonté.

Qaddish, Qedushah et Shemoné Esré de la prière quotidienne ; cf aussi Ez 38,23.

« Vienne ton Règne »

Que vienne bientôt et que soit reconnu du monde entier ton Règne et ta Seigneurie afin que soit loué ton Nom pour l’éternité.

Qaddish.

« Que soit faite ta volonté sur terre comme au ciel »

Que soit faite ta volonté dans le ciel et sur la terre, donne la tranquillité de l’esprit à ceux qui te craignent, et, pour le reste, agis selon ton bon plaisir.

Tosephta Berakhoth 3,7. Talmud Berakhoth 29b ; cf aussi 1 S 3,18 ; 1 Mc 3,60

« Notre pain quotidien

Donne-le-nous aujourd’hui »

Fais-nous jouir du pain que tu nous accordes chaque jour.

Mekhilta sur Ex 16,4 ; Beza 16a

« Et remets nous nos dettes

Comme nous avons remis à nos débiteurs »

Remets-nous, notre Père, nos péchés comme nous les remettons à tous ceux qui nous ont fait souffrir.

Shemoné Esré ; Mishnah Yoma à la fin ; Tosephtah Taannith 1,8 ; Talmud Taanith 16a.

« Et ne nous laisse pas entrer en tentation »

Ne nous livre pas au pouvoir du péché, de la transgression, de la faute, de la tentation ni de la honte. Ne laisse pas dominer en nous le penchant du mal .

Prière du matin ; Berakhoth 16b, 17a, 60b ; Sanhedrin 107a.

« Mais délivre nous du Mauvais »

Vois notre misère et mène notre combat. Délivre-nous sans tarder à cause de ton Nom, car tu es le Libérateur puissant. Béni es-tu, Seigneur, Libérateur d’Israël.

7°bénédiction.

« Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles. »

Car la grandeur et la gloire, la victoire et la majesté sont tiennes ainsi que toutes les choses au ciel et sur la terre. ÀToi est le règne et Tu es le Seigneurde tout êtrevivant dans les siècles

© Conférence des Évêques de France - 2017

Commentaire des lectures du dimanche

La liturgie d’aujourd’hui nous invite à fixer le regard sur Jésus comme Roi de l’Univers. La belle prière de la Préface nous rappelle que son royaume est « royaume de vérité et de vie, royaume de sainteté et de grâce, royaume de justice, d’amour et de paix ». Les lectures que nous avons entendues nous montrent comment Jésus a réalisé son royaume, comment il le réalise au long de l’histoire, et ce qu’il attend de nous.

Avant tout, comment Jésus a réalisé son royaume : il l’a fait par la proximité et la tendresse envers nous. Il est le Pasteur, dont nous a parlé le prophète Ezéchiel dans la première lecture (cf. 34, 11-12.15-17). Tout ce passage est tissé de verbes qui indiquent l’attention et l’amour du Pasteur envers son troupeau : chercher, passer en revue, rassembler de la dispersion, conduire au pâturage, faire reposer, chercher la brebis perdue, reconduire celle qui est égarée, panser celle qui est blessée, soigner celle qui est malade, prendre soin, paître. Toutes ces attitudes sont devenues réalités en Jésus Christ : Il est vraiment le « grand Pasteur des brebis et le gardien de nos âmes » (cf. He 13, 20 ; 1 P 2, 25).

Et nous qui dans l’Église sommes appelés à être pasteurs, nous ne pouvons pas nous éloigner de ce modèle, si nous ne voulons pas devenir des mercenaires. À cet égard, le peuple de Dieu possède un flair infaillible pour reconnaître les bons pasteurs et les distinguer des mercenaires.

Après sa victoire, c’est-à-dire après sa Résurrection, comment Jésus accomplit-il son royaume ? L’apôtre Paul, dans la Première Lettre aux Corinthiens, dit : « C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis » (15, 25). C’est le Père qui peu à peu soumet tout au Fils, et en même temps le Fils soumet tout au Père. Jésus n’est pas un roi à la manière de ce monde : pour Lui régner n’est pas commander, mais obéir au Père, s’en remettre à Lui, pour que s’accomplisse son dessein d’amour et de salut. Ainsi, il y a pleine réciprocité entre le Père et le Fils. Le temps du royaume du Christ est ce long temps où tout est soumis au Fils et où tout est remis au Père. « Le dernier ennemi détruit, c’est la Mort » (1 Co 15, 26). Et à la fin, quand tout aura été remis sous la royauté de Jésus, et quand tout, y compris Jésus lui- même, aura été soumis au Père, Dieu sera tout en tous (cf. 1 Cor 15, 28).

L’Évangile nous dit ce que le royaume de Jésus attend de nous : il nous rappelle que la proximité et la tendresse doivent être aussi notre règle de vie, et que c’est sur cela que nous serons jugés. Cela sera le protocole de notre jugement. C’est la grande parabole du Jugement dernier de Matthieu 25. Le Roi dit : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir » (25, 34-36). Alors les justes lui répondront : « Seigneur, quand est-ce que nous avons fait tout cela ? » Et il répondra : « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).

Le salut ne commence pas par la confession de la royauté du Christ, mais par l’imitation des œuvres de miséricorde par lesquelles il a réalisé son Royaume. Celui qui les accomplit montre qu’il a accueilli la royauté de Jésus, car il a fait place dans son cœur à la charité de Dieu. Au soir de la vie nous serons jugés sur l’amour, sur la proximité et sur la tendresse envers nos frères. De cela dépendra notre entrée ou non dans le royaume de Dieu, notre position d’un côté ou de l’autre. Jésus, par sa victoire, nous a ouvert son royaume, mais il revient à chacun de nous d’y entrer, déjà à partir de cette vie, en nous faisant concrètement proches du frère qui demande du pain, un vêtement, un accueil, de la solidarité…. Et si vraiment nous aimons ce frère ou cette sœur, nous serons poussés à partager avec lui ou avec elle ce que nous avons de plus précieux, c’est-à-dire Jésus lui-même et son Évangile !

Aujourd’hui, l’Église nous donne pour modèle les nouveaux saints qui, par leurs œuvres de dévouement généreux à Dieu et à nos frères, ont servi le royaume de Dieu chacun dans leur domaine, et en sont devenus héritiers. Chacun d’eux a répondu avec une créativité extraordinaire au commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Ils se sont dédiés sans compter au service des derniers, en assistant les indigents, les malades, les personnes âgées, les pèlerins. Leur prédilection pour les petits et les pauvres était le reflet et la mesure de leur amour inconditionnel pour Dieu. En effet, ils ont cherché et découvert la charité dans la relation forte et personnelle avec Dieu, de laquelle se dégage le véritable amour pour le prochain. C’est pourquoi, à l’heure du jugement, ils ont entendu cette douce invitation : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde » (Mt 25, 34).

Par le rite de canonisation, nous avons encore une fois confessé le mystère du royaume de Dieu et honoré le Christ Roi, Pasteur plein d’amour pour son troupeau. Que les nouveaux saints, par leur exemple et leur intercession, fassent grandir en nous la joie de cheminer sur la voie de l’Évangile, la décision de le prendre comme la boussole de notre vie. Marchons sur leurs traces, imitons leur foi et leur charité, pour que notre espérance aussi se revête d’immortalité. Ne nous laissons pas distraire par d’autres intérêts terrestres et passagers. Et que notre Mère, Marie, Reine de tous les Saints, nous guide vers le royaume des Cieux.

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