Pko 24.09.2017
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°52/2017
Dimanche 24 septembre 2017 – 25ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A
Label « Église verte »
La Conférence des Évêques de France et la fédération protestante de France ont lancé le 16 septembre le label « Église verte » qui a pour objectif « la conversion écologique » des paroisses.
Un souci qui ne nous est pas étranger aussi bien au niveau pastoral paroissial qu’au niveau de nos actions caritatives.
Au niveau paroissial :
Ainsi dès 2011, le presbytère de la Cathédrale s’est équipé de panneaux solaires. (La Cathédrale elle-même n’étant pas notre propriété nous n’avons pas pu faire de même !)
Dans la cour du presbytère, nous avons sacrifié la moitié du parking pour en faire un petit espace vert… ou trois magnifiques oliviers s’y épanouissent désormais. Suite au branchement du presbytère sur le réseau d’assainissement communal, plutôt que de détruire les anciennes fosses septiques, elles sont transformées en bassin, alimenté par les eaux pluviales… La paroisse est aussi à l’initiative des trois oliviers plantés autour de la cathédrale.
Sous un autre angle, toujours dans le souci d’une « conversion écologique, dès le mois prochain, le verre de l’amitié sera servi dans des gobelets compostables…
Au niveau actions caritatives :
Les actions caritatives autour de l’Accueil Te Vai-ete et du truck de la Miséricorde ne sont pas en restent d’un point de vue écologique…
En 2013, la campagne « Éco-solidaire » participe au fonctionnement des actions caritatives. Le principe était de récolter les canettes en aluminium pour les recycler. Les recettes générées par cette collecte financent les frais médicaux des personnes à la rue pour moitié.
Depuis trois semaines les maraudes du mardi soir sont « écolos »… Remplacement du plastique… barquettes et gobelets compostables, sacs en papier et fourchette en bois issues de « forêts gérées »
Et nous comptons bien aller plus loin encore…
ensemble pour une « Église verte » !
Laissez-moi vous dire…
La rentrée sociale et politique Chaud… Chaud… Show !
En France métropolitaine le mois de septembre est toujours chargé politiquement et socialement. On nous avait promis une « Néo-démocratie », une nouvelle conception de la République « en mouvement » où l'on passerait de la démocratie abstraite, désincarnée à une démocratie plus concrète, plus humaine, plus proche des citoyens notamment des moins chanceux. Mais ... la grogne qui naît de la réforme du droit du travail nous interroge...
Il y a trois mois on annonçait à la fois un dialogue social et le passage en force de la « loi travail » par le biais des ordonnances ! De plus, il a fallu beaucoup de patience aux citoyens-salariés, patrons, entrepreneurs...- pour connaître les contenus précis de ce projet de loi. « Patience .... Patience ... »
N'est-ce pas une manière autocratique de gouverner, une certaine forme de monarchie républicaine ? Le désamour des Français ne s'est pas fait attendre... Dès juillet la marmite sociale a commencé à chauffer. De promesses en désillusions, le SHOW politique pourrait se révéler bouillon social... chaud... chaud... ! Il est vrai qu'historiquement les Français sont souvent plus à l'aise dans le combat que dans le débat.
L'Église, souvent décriée à cause de son mode de gouvernement incompris, n'aurait pas son mot à dire et d'aucuns contestent la pertinence de sa prise de parole. C'est méconnaitre la réflexion menée depuis 1891, année de la première encyclique sociale du pape Léon XIII [Rerum novarum], poursuivie notamment par Jean XXIII [Pacem in terris], le concile Vatican II [Gaudium et spes] et par les papes successifs : Paul VI [Populorum progressio], Jean-Paul II [Sollicitudo rei socialis], Benoît XVI [Caritas in veritate], François [Laudato si]. Cette « doctrine sociale » de l'Église, méconnue ou volontairement ignorée, loin d'être un catalogue de solutions à caractère social et politique, est à la fois un rappel des principes liés à une vision de la dignité de la personne humaine inspirée de l'Évangile et une réflexion pour affronter les questions sociales du temps présent.
Le pape François n'a de cesse d'interroger le monde et plus particulièrement les responsables et acteurs politiques, économiques... sur des questions qui touchent tous les peuples et tous les milieux : le travail, l'entreprise, le chômage, la mondialisation, les migrations, le développement, l'écologie, les droits humains, l'option pour les pauvres, la justice, la solidarité, les cultures, la famille, la propriété, le bien commun...
Notre Église locale pourrait sans doute contribuer davantage à cette réflexion sur les questions sociales, économiques et politiques qui préoccupent notre société.
D.S.
Note : Les chrétiens qui souhaiteraient un bon éclairage sur la « doctrine sociale » de l'Église peuvent consulter un site bien documenté : www.doctrine-sociale-catholique.fr, créé et géré par le CERAS (Centre de Recherche et d'Action Sociales).
© Cathédrale de Papeete - 2017
En marge de l’actualité…
« Et ne nous laisse pas succomber à la tentation »
À partir du 1er Dimanche de l’Avent, Dimanche 3 Décembre 2017 aura lieu un changement dans le texte de la prière du « Notre Père ». Ce changement concerne tous les pays où l’on prie en langue française. Il faudra remplacer « … et ne nous soumets pas à la tentation », par : « …et ne nous laisse pas entrer en tentation… »
Pour nous expliquer le pourquoi de ce changement, voici l’extrait d’un article du P. Colomban paru dans le bulletin « Eglise en Nouvelle Calédonie » de Juillet 2017 :
« Le terme “tentation” risque fort de prêter à confusion car il n’a pas le même sens dans le contexte de la Bible et dans le vocabulaire religieux moderne.
Dans notre langage actuel, la tentation désigne une sollicitation au péché ; dans le Nouveau Testament, le terme ne vise pas l’attrait intérieur que l’on éprouve pour quelque chose de mauvais ou de défendu, mais “l’épreuve dans laquelle Satan cherche à perdre celui qu’elle atteint” (TOB), donc une attaque du Tentateur qui vise à détruire la foi dans le cœur des croyants.
Dans le Nouveau Testament, une première remarque s’impose : il n’est jamais affirmé que Dieu éprouve ou tente quelqu’un. Ceci doit nous rendre vigilants en face du vocabulaire que nous employons parfois et de certains propos tels que : “C’est Dieu qui t’éprouve” ou bien “Dieu t’envoie cette épreuve pour…” Ces formules ne correspondent en rien à la théologie du Nouveau Testament. Les épreuves (souffrance, maladie, deuils etc…) que nous rencontrons peuvent certes être considérées comme des occasions pour grandir dans la foi, mais nulle part le Nouveau Testament n’en attribue l’origine à Dieu.
Dans cette requête, nous demandons à Dieu non pas de ne pas être tentés, mais qu’il nous évite des épreuves que nous risquons de ne pas pouvoir supporter. Devant le risque grave que constitue la tentation, nous prions donc de ne pas nous exposer à une telle épreuve (…) où nous serions tentés de l’abandonner parce que sa présence ne nous parait plus sensible (…) Cf l’expérience de Job, celle de Jésus sur la croix.
On peut aussi interpréter cette requête dans le sens suivant : “Préserve-nous d’entrer dans les vues du Tentateur”. Dans ce cas, nous demandons à Dieu (…) de nous aider à ne pas y consentir, et également à en sortir, donc de nous protéger dans ces moments d’épreuve (Lc 22, 31-32)
Ce dont nous demandons en définitive à Dieu de nous protéger, ce n’est pas d’abord de nos petites tentations quotidiennes – encore qu’elles ne soient sans doute pas exclues – mais bien plutôt de cette grande épreuve susceptible de provoquer l’apostasie : la défection de ceux qui ne sont pas “fermes dans la foi” (1 P 5, 9) ».
Dans la suite de cet article, le passage du livre de la Genèse 3, 1-5 rapportant le dialogue entre Eve et le serpent illustre clairement le sens de cette tentation. Le serpent (le plus rusé de tous les animaux) sème le doute dans l’esprit de Eve en lui faisant croire que Dieu est jaloux, qu’il ment, et au bout du compte, que son amour pour sa créature n’est qu’illusion. Cette tentation demeure aujourd’hui bien réelle, de croire que Dieu ne nous aime pas, qu’il nous ment, qu’il nous trompe, qu’il ne cherche qu’à nous « coincer » et à punir ! Alors oui, il est bon de lui demander de nous aider à croire en la puissance de son amour et « qu’il ne nous laisse pas entrer en tentation »
+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU
© Archidiocèse de Papeete - 2017
Message pour la Campagne du Denier du culte 2017
« Architecte, j’ai posé la pierre de fondation, un autre a bâti dessus » 1Co 3,10
Cette année encore, l’Archidiocèse a besoin de vous. Voici le message de Mgr Jean-Pierre pour cette nouvelle campagne. La communauté paroissiale de la Cathédrale, soucieuse du bien de l’Église saura, nous n’en doutons pas encore une fois répondre à cet appel. Soyez-en dès maintenant remercié.
Frères et Sœurs,
Le 23 Septembre 2017 commencera notre campagne annuelle du « Denier de Dieu », « Tenari a te Atua ». Pour remplir sa mission, l’Église a besoin du soutien de tous ses fidèles : par la prière, par l’engagement et par le soutien financier.
Si ces trois formes d’aide sont nécessaires pour la vitalité de l’Église, c’est surtout l’aide financière qui est en jeu dans cette campagne du « Tenari a te Atua ». Pour mener à bien les dépenses liées entre autres à la vie des prêtres (CPS), à la formation des séminaristes (ils sont 5 cette année), à l’entretien des bâtiments, au fonctionnement des moyens de communication sociale du Diocèse, je fais appel à votre générosité. Je sais qu’en ces temps difficiles économiquement pour un certain nombre d’entre vous, cela représente un effort supplémentaire. Mais quel que soit le montant de votre contribution, ce qui compte d’abord est le désir de participer selon vos moyens. Pourtant, sans vouloir minimiser l’aide apportée les années précédentes, je constate qu’en 2016, il n’y eut pour tout le diocèse que 2 180 dons effectués dans le cadre du « Tenari a te Atua » ! Certaines paroisses n’affichent que 1 à 5 dons… Manque de motivations ? Manque d’information ? Difficultés économiques ? Oubli ? Qu’importe. Je suis convaincu que nous pouvons faire mieux si davantage de familles se sentent concernées par cet appel et décident d’apporter leur contribution, si modeste soit-elle. Ne dit-on pas que « les petits ruisseaux font les grandes rivières ! ». Cette campagne est pour tous une occasion de manifester votre attachement à notre Église en lui donnant les moyens d’accomplir sa mission.
Concrètement, il est demandé à chaque fidèle ayant une activité professionnelle de verser pendant le temps de la campagne l’équivalent d’UNE journée de salaire ou de revenu. Ceci est un ordre de grandeur. Ceux et celles qui n’ont pas de salaire peuvent participer selon ce que leur conscience leur dictera.
Des enveloppes seront distribuées à la sortie des messes, enveloppes dans lesquelles vous pourrez glisser votre contribution en espèces ou en chèque. Vous n’aurez plus alors qu’à glisser votre enveloppe la semaine suivante dans le tronc destiné à recevoir vos dons et placé à la porte de votre église. Ces troncs seront à votre disposition jusqu’à la fin de la campagne qui aura lieu le 10 Décembre 2017.
« Tel un bon architecte, j’ai posé la pierre de fondation. Un autre a bâti dessus », nous dit l’apôtre Paul en 1Co 3,10. Soyez déjà remerciés d’accueillir dans la Foi cette campagne du « Tenari a te Atua » avec le désir de contribuer à la construction de votre Église en apportant votre pierre. Confiant en votre générosité, je vous remets à la miséricorde et à la bienveillance de notre Seigneur.
Papeete le 23 Septembre 2017
+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU
Archevêque de Papeete
Audience générale du Pape Francois du mercredi 20 septembre 2017…
Vie, aime, rêve et crois !
« Dieu ne déçoit pas : s’il a mis l’espérance dans nos cœurs, il ne veut pas la briser par de continuelles frustrations ». Le Pape François a repris le cours de son cycle de catéchèses consacré à l’espérance chrétienne. Ce mercredi 20 septembre 2017, place Saint-Pierre, il a voulu s’adresser à la foule des fidèles « comme un éducateur, comme un père » pour parler du thème : « éduquer à l’espérance ». Il a ainsi dressé une liste de recommandations aux jeunes et à toute personne prête à apprendre, tutoyant son auditoire comme pour mieux le toucher.
Chers frères et sœurs, bonjour !
La catéchèse d’aujourd’hui a pour thème : « éduquer à l’espérance ». Et c’est pour cette raison que je l’adresserai directement, avec le « tu », m’imaginant que je parle comme un éducateur ou un père à un jeune ou à toute personne ouverte pour apprendre.
Pense, là où Dieu t’a semé, espère ! Espère toujours !
Ne capitule pas devant la nuit : souviens-toi que le premier ennemi à soumettre n’est pas en dehors de toi : il est à l’intérieur. C’est pourquoi, ne laisse pas de place aux pensées amères, obscures. Ce monde est le premier miracle que Dieu ait fait, et Dieu a mis entre nos mains la grâce de nouveaux prodiges. Foi et espérance vont de pair. Crois à l’existence des vérités les plus élevées et les plus belles. Aie confiance en Dieu Créateur, dans l’Esprit Saint qui conduit toute chose vers le bien, dans l’étreinte du Christ qui attend tous les hommes à la fin de leur existence ; crois, il t’attend. Le monde avance grâce au regard de tous les hommes qui ont ouvert des brèches, qui ont construit des ponts, qui ont rêvé et cru ; même lorsqu’autour d’eux ils entendaient des paroles de dérision.
Ne pense jamais que la lutte qui conduit là-haut soit totalement inutile. À la fin de l’existence, ce n’est pas le naufrage qui nous attend : en nous palpite une semence d’absolu. Dieu ne déçoit pas : s’il a mis une espérance dans nos cœurs, il ne veut pas l’étouffer par des frustrations continuelles. Tout naît pour fleurir dans un printemps éternel. Dieu aussi nous a faits pour fleurir. Je me souviens de ce dialogue, lorsque le chêne a demandé à l’amandier : « Parle-moi de Dieu ». Alors l’amandier a fleuri.
Partout où tu es, construis ! Si tu es par terre, lève-toi ! Ne reste jamais tombé par terre, lève-toi, laisse-toi aider pour te mettre debout. Si tu es assis, mets-toi en chemin ! Si l’ennuie te paralyse, chasse-le par des œuvres bonnes ! Si tu te sens vide ou démoralisé, demande que l’Esprit-Saint puisse à nouveau remplir ton néant.
Fais la paix au milieu des hommes, et n’écoute pas la voix de celui qui répand la haine et les divisions. N’écoute pas ces voix ! Les êtres humains, tout en étant différents les uns des autres, ont été créés pour vivre ensemble. Dans les conflits, patiente : un jour tu découvriras que chacun est dépositaire d’un fragment de vérité.
Aime les personnes. Aime-les une par une. Respecte le chemin de chacun, qu’il soit linéaire ou tourmenté, parce que chacun a son histoire à raconter. Chacun de nous a aussi sa propre histoire à raconter. Tout enfant qui naît est la promesse d’une vie qui, une fois encore, se montre plus forte que la mort. Tout amour qui jaillit est une puissance de transformation qui aspire au bonheur.
Jésus nous a remis une lumière qui brille dans les ténèbres : défends-la, protège-la. Cette unique lumière est la plus grande richesse confiée à ta vie.
Et surtout, rêve ! N’aie pas peur de rêver. Rêve ! Rêve un monde qui ne se voit pas encore mais qui arrivera certainement. L’espérance nous pousse à croire à l’existence d’une création qui s’étend jusqu’à son accomplissement définitif, quand Dieu sera tout en tous. Les hommes capables d’imagination ont offert à l’homme des découvertes scientifiques et technologiques. Ils ont sillonné les océans, ils ont foulé des terres sur lesquelles personne n’avait jamais marché. Les hommes qui ont cultivé des espérances sont aussi ceux qui ont vaincu l’esclavage et apporté de meilleures conditions de vie sur cette terre. Pensez à ces hommes.
Sois responsable de ce monde et de la vie de tous les hommes. Pense que chaque injustice contre un pauvre est une blessure ouverte et diminue ta propre dignité. La vie ne s’arrête pas avec ton existence et, dans ce monde, viendront d’autres générations qui succèderont à la nôtre et beaucoup d’autres encore. Et chaque jour, demande à Dieu le don du courage. Souviens-toi que Jésus a vaincu pour nous la peur. Il a vaincu la peur ! Notre ennemie la plus sournoise ne peut rien contre la foi. Et quand tu te trouveras effrayé par les difficultés de la vie, souviens-toi que tu ne vis pas pour toi-même. Dans le baptême, ta vie a déjà été immergée dans le mystère de la Trinité et tu appartiens à Jésus. Et si, un jour, tu étais pris par la peur, ou si tu pensais que le mal est trop grand pour être défié, pense simplement que Jésus vit en toi. Et c’est lui qui, à travers toi, veut par sa douceur soumettre tous les ennemis de l’homme : le péché, la haine, le crime, la violence : tous nos ennemis.
Aie toujours le courage de la vérité, mais souviens-toi : tu n’es supérieur à personne. Souviens-toi de cela : tu n’es supérieur à personne. Si tu étais même le dernier à croire en la vérité, ne te réfugie pas pour autant loin de la compagnie des hommes. Même si tu vivais dans le silence d’un ermitage, porte dans ton cœur les souffrances de toutes les créatures. Tu es chrétien ; et dans la prière, remets tout à Dieu.
Et cultive des idéaux. Vis pour quelque chose qui dépasse l’homme. Et si un jour ces idéaux devaient te demande de payer une note salée, ne cesse jamais de les porter dans ton cœur. La fidélité obtient tout.
Si tu te trompes, relève-toi : rien n’est plus humain que de commettre des erreurs. Et ces mêmes erreurs ne doivent pas devenir pour toi une prison. Ne sois pas enfermé dans tes erreurs. Le Fils de Dieu est venu non pas pour les bien-portants mais pour les malades : par conséquent il est venu aussi pour toi. Et si tu fais encore des erreurs à l’avenir, ne crains pas, relève-toi ! Sais-tu pourquoi ? Parce que Dieu est ton ami.
Si l’amertume te frappe, crois fermement en toutes les personnes qui agissent encore pour le bien : dans leur humilité, il y a la semence d’un monde nouveau. Fréquente les personnes qui ont gardé leur cœur comme celui d’un enfant. Apprends de la merveille, cultive l’étonnement.
Vis, aime, rêve et crois. Et, avec la grâce de Dieu, ne désespère jamais.
© Libreria Editrice Vatican - 2017
Tourisme durable : un instrument au service du développement
« Tourisme global : un instrument au service du développement » : c’est le thème de la Journée Mondiale du Tourisme instituée par les Nations unies et qui aura lieu le 27 septembre prochain. À l’occasion de cette journée, le cardinal Peter Turkson a publié un message, dans lequel il souligne combien le tourisme peut être « instrument pour la croissance et pour la lutte contre la pauvreté ». Mais le préfet du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral insiste également sur le fait que « le développement véritable ne se réduit pas à la simple croissance économique » ; « pour être authentique, il doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme », affirme-t-il, citant l’Encyclique du Bienheureux Paul VI Populorum Progressio.
1. À l’occasion de la Journée Mondiale du Tourisme, qui comme d’habitude sera célébrée le 27 septembre prochain, l’Église s’unit à la société civile pour s’intéresser à ce phénomène, convaincue que toute activité authentiquement humaine doit trouver une place dans le cœur des disciples du Christ.
Pour la première fois, ce message est publié par le nouveau Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral, étant donné que cela fait partie de sa mission.
L’Assemblée générale des Nations-Unies a proclamé l’année 2017 « Année internationale du tourisme durable pour le développement ». À juste titre, l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) a fait sienne cette décision en choisissant comme titre pour la Journée de 2017 : « Tourisme durable : un instrument au service du développement ».
2. Quand nous parlons de tourisme, nous faisons référence à un phénomène d’une grande importance, tant par le nombre de personnes concernées (voyageurs et travailleurs) que par les nombreux bienfaits et bénéfices qu’il peut offrir (aussi bien économiques que culturels et sociaux), mais aussi à cause des risques et des dangers qu’il peut représenter dans de nombreux domaines. Selon le dernier baromètre de l’Organisation Mondiale du Tourisme, se rapportant à l’année 2016, le nombre d’arrivées touristiques internationales s’élève à environ 1 milliard 235 millions. Au niveau mondial, le secteur représente 10% du PIB et 7% du total des exportations, compte tenu qu’un emploi sur 11 se situe dans le secteur du tourisme. Celui-ci occupe donc une place importante dans les économies des différents États et dans les politiques qui tendent au développement inclusif et à la durabilité environnementale au niveau global.
3. Le tourisme peut être un important instrument pour la croissance et pour la lutte contre la pauvreté. Cependant, selon la doctrine sociale de l’Église, le développement véritable « ne se réduit pas à la simple croissance économique ». De fait, pour être authentique il « doit être intégral », c’est-à-dire « promouvoir tout homme et tout l’homme », comme le relève la Lettre encyclique Populorum progressio. Dans cette même ligne, Paul VI soulignait, par conséquent, la nécessité de promouvoir un « humanisme plénier », comprenant les exigences matérielles et spirituelles pour la maturation de chaque personne dans sa propre dignité. Vingt ans plus tard, en 1987, l’ONU introduisait le concept de développement durable comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Pour l’Église, le concept d’intégralité, conjugué à l’expression « développement humain », permet d’inclure aussi la durabilité dont parlent les Nations Unies, en englobant tous les aspects de la vie: social, économique, politique, culturel, spirituel, en les intégrant en une synthèse unique, la personne humaine.
L’OMT a appliqué ces idées pour promouvoir le « tourisme durable ». Cela signifie qu’il doit être responsable, ni destructeur ni nuisible à l’environnement et, pour le contexte socioculturel sur lequel il exerce une incidence, en particulier vis-à-vis des populations et de leur patrimoine, il se doit de tendre à la sauvegarde de la dignité personnelle et des droits du travail et, enfin, d’être attentif aux personnes les plus défavorisées et vulnérables. De fait, le temps des vacances ne peut être un prétexte ni à l’irresponsabilité, ni à l’exploitation : au contraire, ce doit être un temps noble, dans lequel chacun peut ajouter de la valeur à sa propre vie et à celle des autres. Le tourisme durable est aussi un instrument de développement pour les économies en difficulté s’il devient le véhicule de nouvelles opportunités et non une source de problèmes.
Dans une résolution de 2017, les Nations Unies reconnaissent que le tourisme durable joue un rôle important « pour éliminer la pauvreté, protéger l’environnement, améliorer la qualité de vie et faciliter l’émancipation économique des femmes et des jeunes, ainsi que de sa contribution à la réalisation du développement durable dans ses trois dimensions, surtout dans les pays en développement ». En ce sens, sont encouragées la durabilité «écologique» qui fait en sorte de ne pas modifier les écosystèmes, la durabilité «sociale» qui se développe en harmonie avec la communauté qui accueille et la durabilité « économique » qui constitue une impulsion pour une croissance inclusive. Aussi, dans le contexte de l’Agenda 2030, l’Année internationale actuelle se présente comme une opportunité pour favoriser des politiques adéquates de la part des gouvernements et de bonnes pratiques de la part des entreprises du secteur, et pour sensibiliser les consommateurs et les populations locales, en mettant en évidence qu’une conception intégrale du tourisme contribue à un véritable développement durable.
4. Conscients que « dans tout son être et par tout son agir, l’Église est appelée à promouvoir le développement intégral de l’homme à la lumière de l’Évangile », nous, les chrétiens, nous voulons offrir notre contribution afin que le tourisme puisse favoriser le développement des peuples, en particulier de ceux qui sont les plus défavorisés. C’est pourquoi nous proposons notre réflexion. Nous reconnaissons Dieu comme Créateur et Père de tous les hommes, qui nous rend frères les uns des autres. Nous accordons la place centrale à la personne humaine ; nous reconnaissons la dignité de chacun et l’interaction relationnelle entre les hommes ; nous partageons le principe du destin commun de la famille humaine et la destination universelle des biens de la terre. Ainsi, l’être humain n’agit pas comme un maître, mais comme un « administrateur responsable ». En nous reconnaissant frères, nous comprendrons « le principe de gratuité et la logique du don » et nos devoirs de solidarité, de justice et de charité universelle.
Or, nous nous demandons : de quelle façon ces principes peuvent-ils conférer un aspect concret au développement du tourisme ? Quelles conséquences en dérivent pour les touristes, pour les entrepreneurs, pour les travailleurs, les gouvernants et les communautés locales ? Cette réflexion demeure ouverte. Nous invitons toutes les personnes concernées à s’engager dans un discernement sérieux et à encourager des pratiques allant dans cette voie, en accompagnant des comportements et des changements au niveau des styles de vie pour adopter une nouvelle manière de se situer dans la relation à l’autre.
L’Église offre sa contribution, en lançant des initiatives qui placent réellement le tourisme au service du développement intégral de la personne. Voilà pourquoi on parle de « tourisme à visage humain », qui se réalise en projets de « tourisme de communauté », « de coopération », « de solidarité », ainsi que dans la mise en valeur du grand patrimoine artistique qui est une véritable « voie de la beauté ».
Dans son discours aux Nations Unies, le Pape François affirmait : « La maison commune de tous les hommes doit continuer à s’élever sur une juste compréhension de la fraternité universelle et sur le respect de la sacralité de chaque vie humaine, de chaque homme et de chaque femme […]. La maison commune de tous les hommes doit aussi s’édifier sur la compréhension d’une certaine sacralité de la nature créée ». Que nos efforts puissent être vécus à la lumière de ces paroles et de ces intentions !
Cité du Vatican, 29 juin 2017
Cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson
Préfet
© Lbreria Editrice Vaticana – 2017
La fable des arbres
Nouvel article de la série « Les arbres de la Bible ». Nous découvrons une parabole, reprise plus tard par les fables, sur le pouvoir humain : une façon de servir ou de s'imposer ?
La Sainte Écriture mentionne toutes sortes d’arbres, pratiquement tous ceux qui poussent dans le Bassin méditerranéen : le figuier, l’olivier, le chêne, le peuplier le grenadier, le térébinthe, le palmier, l’amandier, le cyprès, le cèdre, le pistachier… Chacun a son histoire. Cependant, une parabole de l’Ancien Testament en réunit plusieurs, ensemble. Elle figure au livre des Juges[1].
C’est l’un des livres historiques de la Bible. Il narre les heurs et malheurs du Peuple élu, une fois installé en Terre promise, bien souvent de façon précaire en raison de ses infidélités à Dieu. Dans sa miséricorde, celui-ci lui envoie, de temps à autre, ici ou là, un Juge, à la fois chef politique et religieux, pour le tirer de ses mauvais pas. Les plus connus sont Samson, Débora, et aussi Gédéon dont la mort est l’occasion d’énoncer la Parabole.
Son décès est à l’origine d’un conflit qui couva un temps pour éclater plus tard[2], lors de la prévarication des fils du prophète Samuel, le dernier des Juges. Le peuple, alors, réclamera un roi, comme chez les autres nations. Ce faisant, il oubliera qu’il n’est pas un peuple comme les autres. Il se profanera en suivant leur exemple et en rejetant Yahvé, son véritable souverain qui le guide depuis la libération de l’esclavage d’Égypte et suscite en leur temps les chefs que les circonstances exigent. Dieu cédera à sa supplique mais l’avertira solennellement par son « voyant » du droit du roi qui régnerait sur eux : il prendra vos fils et les affectera à sa charrerie…, il prendra vos filles comme parfumeuses, cuisinières et boulangères. Il prendra vos champs, vos vignes et vos oliveraies… sur vos cultures, il prélèvera la dîme… Les meilleurs de vos serviteurs, de vos servantes, de vos bœufs et de vos ânes, il les fera travailler pour lui…, et vous-mêmes vous deviendrez ses esclaves[3].
La Parabole émane sans doute des cercles prophétiques, hostiles au régime monarchique. Elle se réfère aux turpitudes d’un des fils de Gédéon, Abimélek qui, pour conquérir le pouvoir, n’hésita pas à faire massacrer ses soixante-dix frères sur une même pierre[4]. Elle affiche un réel mépris pour la monarchie, inutile et dangereuse. Elle constitue l’un des premiers exemples de poésie gnomique en Israël[5] : un jour, les arbres décident de choisir un roi.
Ils disent à l’olivier : - Sois notre roi ! – Sûrement pas ! Tout le monde aime mes olives et mon huile. Vais-je les laisser pour m’agiter au-dessus des autres arbres ? Non.
Puis ils demandent au figuier : - Viens donc, toi. Sois notre roi ! – Sûrement pas ! Est-ce que je vais laisser mes belles figues et mes fruits sucrés pour aller me balancer au-dessus des autres arbres ? Non.
Les arbres disent à la vigne : - Toi, sois notre reine ! – Sûrement pas ! Mes raisins et mon vin réjouissent les dieux et les hommes. Faudra-t-il que j’y renonce pour aller m’agiter au-dessus des arbres ? Non.
Alors, les arbres présentent leur requête au buisson d’épines. Il leur répond : - Si vraiment vous voulez m’oindre pour régner sur vous, venez vous mettre sous mon ombre. Sinon, un feu sortira du buisson d’épines et vous brûlera tous !
Ésope et La Fontaine ont imaginé une fable analogue – Les grenouilles qui demandent un roi –. Ils en ont tiré une leçon morale semblable : la gouverne du peuple ne peut relever du caprice ; l’agencement d’un avenir heureux se nourrit de réflexion et de prudence. Mais ici, la parabole doit être comprise dans son contexte religieux : le seul souverain légitime d’Israël est le Seigneur ; à défaut, celui qui possède son esprit et qu’il a oint. Lorsque quelqu’un, comme Abimélek, mû par un désir ravageur de domination, ourdit des complots pour prendre le pouvoir, il n’apporte ni le salut ni la paix. N’œuvrant que pour lui-même, il ne peut engendrer que la destruction, le feu et la mort.
« Où l’homme voit finir son pouvoir, Dieu commence ». Cet aphorisme[6] exprime un changement radical de perspective : être chrétien, en effet, c’est agir sans se focaliser sur des objectifs de prestige et d’ambition, c’est apporter « un service continuel, rendu de manière très différente selon les conditions de chacun, mais toujours par amour de Dieu et du prochain »[7], c’est s’efforcer joyeusement, avec esprit de sacrifice, de rendre aisé et plus aimable à autrui le chemin de la vie.
Bertrand Cauvin, expert forestier
Abbé Patrick Pégourier
© Opus Dei – 2017
[1] 9, 7-15.
[2] Cf. 1 Sam 8. Dans la liste des Juges de la Bible, Gédéon figure bien avant Samuel. Il défait avec brio les pillards Madianites. Populaire, on lui offre le pouvoir sur Sichem et quelques clans (8, 22). Il en refuse le titre : Ce n’est pas moi qui règnerai sur vous (…) car c’est Yahvé qui doit être votre souverain (8, 23). Néanmoins, il en accepte l’exercice, et ses fils après lui (9, 2). De nos jours, on voit dans cet âge des Juges davantage une construction théologique qu’une réalité historique : le refus de Gédéon de régner proviendrait d'une époque plus tardive, qui considère la royauté en Israël comme une infidélité à Dieu.
[3] 1 Sam 8, 11-17.
[4] Jg 9, 5.
[5] Jg 9, 7-15. La poésie gnomique consiste à mettre en vers des sentences, maximes ou préceptes moraux, dans le but de faciliter leur mémorisation. Leurs énoncés sont valables pour toutes les époques et revêtent un caractère universel. L’attrait esthétique que suscite leur style élégant et naturel contribue à leur propagation.
[6] Théodore de Banville, Les Cariatides.
[7] Josémaria Escriva, Quand le Christ passe, 98.
Commentaire des lectures du dimanche
Les ouvriers de la onzième heure
Si nous nous étions trouvés dans la file des journaliers qui ce soir-là, attendaient leur salaire, nous aurions sûrement grogné – et moi tout le premier : « Regardez-moi ces resquilleurs ! Ils sont arrivés les derniers à la vigne, et ils sont payés les premiers ! »
Nous aurions probablement été blessés dans nos convictions égalitaires : « Ces derniers venus n’ont travaillé qu’une heure, et tu les traites comme nous, qui avons porté le poids du jour et la chaleur ! »
Remarquons cependant que le maître de la vigne n’entend pas le moins du monde donner une prime à la paresse. Relisons la parabole : « Vers la onzième heure (cinq heures de l’après midi) il sortit encore, en trouva d’autres qui se tenaient là, et leur dit :’Pourquoi êtes-vous restés là tout le jour sans travailler’ ? » Le ton est sévère, mais le maître de la vigne se radoucit aussitôt quand il entend la réponse de ces hommes : « C’est que personne ne nous a embauchés » …« Nous sommes des chômeurs »… Tout est là ; et dès lors on comprend le réflexe du maître de la vigne. Il s’est dit : « Dans une heure, ces hommes-là vont retourner chez eux. Comment feront-ils pour nourrir femme et enfants ? Ils sont chômeurs, et ce n’est pas de leur faute. Puisque je peux compenser leur malheur, je vais le faire ! »
Voilà pourquoi les ouvriers de la onzième heure reçoivent un denier comme tous les autres. Là où l’on serait tenté de voir une injustice, il n’y a donc qu’une charité courageuse, qui brave les critiques et l’incompréhension.
À vrai dire, la parabole souligne exprès l’apparente injustice. Il est évident que beaucoup d’employeurs, dans les mêmes circonstances, auraient agi avec le maximum de discrétion, et qu’ils auraient payé les ouvriers de la onzième heure après avoir réglé tous les autres.
Si Jésus, volontairement, glisse dans sa parabole une pointe d’exagération, c’est parce qu’il veut ébranler nos habitudes de tout peser, de tout compter, de tout ramener à une question de quantité. C’est comme si Jésus, une fois de plus, venait nous dire : « Dieu n’est pas comme cela ! Dieu ne réagit pas comme vous l’imaginez ! » Dieu est celui qui donne sans calcul, simplement parce qu’il est l’Amour.
Comme ce réflexe du cœur de Dieu pourrait assainir notre vie de foyer, notre vie familiale ou notre attitude en communauté ! Même dans les meilleures fraternités, il reste entre les sœurs du non-dit, du non-exprimé. On pardonne beaucoup de choses aux autres sœurs, beaucoup de jugements hâtifs ou de paroles trop vives ; mais on leur pardonne plus difficilement de ne pas porter « toute leur part » du poids du jour et de la chaleur, de ne pas être sur la brèche autant que les autres sœurs. C’est le réflexe de Marthe, accaparée par les soins du service, et qui en ajoute sans se rendre compte :« Seigneur, cela ne te fait vraiment rien que ma sœur me laisse travailler toute seule ? »
Jésus nous répond, dans sa parabole : « Ne compare pas, sinon tu seras paralysée dans ton effort. Ne regarde pas ce que fait ta sœur, mais l’amour que tu veux me donner. Dis-toi que c’est une chance et une grâce, et une joie déjà totale, que de pouvoir servir jusqu’au bout de tes forces et au-delà. Si tu es triste en songeant au peu que fait ta sœur, c’est que tu ne me sers pas encore en pure gratuité. »
Dieu, le Maître, notre Père, qui parle dans la parabole, nous ramène devant nos propres limites : Sais-tu vraiment ce que ta sœur doit porter ? Connais-tu son histoire ? ses richesses ? son désarroi ? Ou alors ton œil est-il mauvais parce que je suis bon ? parce que je veux lui assurer, à elle aussi, le denier de la vie éternelle ?
Tu travailles pour moi, que veux-tu de plus ? Tant que tu en seras encore à compter, tu resteras frustré, et souvent malheureux. Du jour où tu ne compteras plus, tes mains seront toujours pleines, pleines de richesses à partager.
Fr. Jean-Christian Lévêque, o.c.d.
© Carmel asso - 2008