Pko 20.08.2017
Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°45/2017
Dimanche 20 août 2017 – 20 ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A
Humeurs…
Au-revoir Marihau…
La chorale du samedi soir est en deuil ! L’un de ses fondateurs vient de rejoindre la Maison du père… Marihau
Michel Marihauri dit Marihau RUA était né le 30 décembre 1944 à Papeete au sein d’une famille mormone. C’est à l’occasion de son mariage avec Catherine TEHEI que le 18 décembre 1970, il reçut le baptême dans l’Église catholique. De leur union sont nés 10 enfants qu’ils ont accompagné dans la foi.
Le 17 octobre 1976, Marihau fonda le groupe de jeunes « Vahitu » et en fut le premier président. Ce groupe a commencé à animer les messes du samedi soir à la Cathédrale dans les années 1981 à la demande du Père Léon LEMOUZY, vicaire de la Cathédrale à cette époque-là.
Rapidement le groupe « Vahitu » développa des activités autant spirituelles que sportives. S’il y a bien longtemps que Marihau a quitté la responsabilité du groupe « Vahitu » et plus encore la chorale du samedi soir… Il n’en reste pas moins que nous nous devons de lui rendre hommage pour ce don précieux qu’il nous a fait : cette chorale si fidèle qui nous aide à prier chaque semaine depuis plus de 40 ans !
C’est la rentrée !
Manger pour réussir à l’école
L’autre jour un copain de CM1 m’a invité à son annif, je suis arrivé en avance, sa maman m’a dit : « en attendant que les autres arrivent regarde des B.D. ». Il y avait un journal, j’aime lire mais à la maison on n’a que la Bible, heureusement de temps en temps je trouve Tahiti Infos c’est gratuit. Quand notre maître pose des questions sur l’actualité je suis pas trop nul.
Dans ce journal, y avait un article sur « l’éducation alimentaire », cela m’a rappelé les posters qu’on a en classe et qui expliquent comment bien se nourrir : manger chaque jour un aliment du groupe « vert » « pour se protéger » ; un du groupe « jaune » pour « se tonifier » ; un du groupe « rouge » pour « grandir et se muscler ».
J’ai compris que les enfants qui mangent bien équilibré ont plus de chances de réussir à l’école. Mais comme dit mon papa : « ça c’est un peu de la science-fiction ! Quand tu vis dans un lotissement social, que t’as sept bouches à nourrir, pas de travail, pas de faapu … comment faire ? » C’est vrai, maman doit pratiquement tout acheter, et en plus il faut payer l’eau, l’électricité, le loyer, l’essence pour la vespa… Bien sûr il y a les allocations, la petite retraite RST de mon grand-père. Papa fait des petits boulots par ci par là mais ça rapporte pas beaucoup. Maman est très courageuse, la semaine elle fait des gâteaux qu’elle vend près du supermarché (quand les vigiles ne la chassent pas). Les mercredi et vendredi après-midi je monte avec elle dans les lotissements chics [elle a peur des chiens].
Alors quand on dit dans le journal : le matin il faut un bon petit-déjeuner, pain ou céréales, lait ou yaourt, fruit, pas évident. À part le pain tout est cher au magasin. Heureusement le midi, avec la bourse CPS, on mange à la cantine ; si non à la maison c’est souvent : riz, maïs avec mackerels ou pâté, chesedale ; de temps en temps, le dimanche : un peu de poulet et un demi-œuf, petits pois. Entre voisins on s’entraide, on partage de temps en temps le poisson qui arrive des îles. J’ai aussi de bons copains qui partagent leur goûter.
Avec tout ça je fais mon possible pour bien travailler en classe. Mon grand-père me dit toujours : « moi j’ai pas pu aller en classe après le CM2. Toi, travailles bien et tu pourras devenir fonctionnaire : mutoi ou douanier… »
Cette année j’ai de la chance le maire nous a offert un cartable avec toutes les fournitures scolaires. On est heureux de retourner à l’école !
D.S.
Note : toute ressemblance avec une situation réelle pourrait ne pas être fortuite.
© Cathédrale de Papeete - 2017
« J’étais un étranger et vous m’avez accueilli »
En marge de l’actualité du mercredi 16 août 2017
St Joseph de Tubuaï, ce Mardi 15 Août : la célébration de la fête de l’Assomption de la Vierge Marie fut pour la communauté paroissiale l’occasion d’inviter les autorités locales et les responsables des différentes confessions religieuses présentes sur l’île. Belle occasion de bâtir des ponts, d’ouvrir des fenêtres sur ce petit monde local où nous vivons… Mais ce fut aussi l’occasion d’accueillir de nouveaux professeurs et enseignants du collège et du SMA qui, fraichement arrivés commencent en ces lieux une nouvelle page de leur carrière. Belle façon également de redire l’importance pour chacune de nos communautés chrétiennes d’être attentifs à ceux et celles qui viennent rejoindre leur communauté humaine. Le Christ nous rappelle en Mt 25, 35 : « J'étais un étranger et vous m'avez accueilli ». Pas besoin de préciser que ces « étrangers » sont d’abord des frères et des sœurs et qu’il est de notre devoir de leur faire bon accueil. Une façon de faire serait d’attendre qu’ils viennent jusqu’à nous, mais une meilleure façon serait d’aller vers eux grâce aux contacts personnels, grâce à l’information qui pourrait leur être fournie sur la vie de la paroisse, grâce à des invitations formelles pour une rencontre avec la communauté lors d’une célébration ou d’un repas partagé… J’ai vu combien certains de ces « nouveaux venus » étaient heureux d’avoir été invités, accueillis, combien certains étaient prêts à participer à la vie de la paroisse selon leurs possibilités. J’ai vu combien des paroissiens avaient à cœur de bien accueillir ces personnes, donnant ainsi un beau témoignage de vie Chrétienne en action !
Que chaque communauté paroissiale garde donc ce souci de l’ouverture et de l’accueil de ces personnes que le Seigneur nous envoie. En leur ouvrant les bras, c’est le Christ que nous accueillons. En cette période de début d’année scolaire, mais aussi durant toute l’année, que le Seigneur nous donne un regard attentif et une imagination créative pour trouver le moyen d’aider ces « nouveaux venus », nouvellement installés, à trouver le chemin de nos communautés chrétiennes pour célébrer ensemble, pour partager ensemble, pour nous enrichir mutuellement. N’est-ce pas là une belle façon de construire l’Église et de nous redire que dans cette Église voulue par le Christ, chacun a sa place. N’en sommes-nous pas les pierres vivantes ?
+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU
© Archidiocèse de Papeete - 2017
Une « Laverie du pape François » pour les sans-abris
Concrétiser l’expérience du jubile de la Miséricorde
Après les douches et le barbier, c’est une laverie que l’Aumônerie apostolique met à disposition des plus pauvres.
Aidez-nous à concrétiser notre projet… nous recherchons un lieu du côté de l'Ancien Cercle des Marins… le Territoire ne pouvant mettre à notre disposition ce lieu… déjà loué parait-il !!! - pour répondre à l'invitation du pape François
La « Laverie du pape François » est entrée en fonction le lundi 10 avril 2017, dans le quartier romain du Transtévère.
« Il s’agit d’un service offert gratuitement aux personnes plus pauvres, en particulier à celles qui sont sans demeure fixe, qui pourront ainsi laver, sécher et repasser leurs vêtements et couvertures », indique un communiqué de l’Aumônerie apostolique que nous traduisons intégralement.
« L’initiative est née de l’invitation du pape François à rendre « concrète » l’expérience de grâce de l’Année jubilaire de la miséricorde. C’est ce qu’il a écrit dans la lettre apostolique Misericordia et misera, en conclusion du Jubilé : « Vouloir être proche du Christ exige de se faire proche des frères, car rien ne plait davantage au Père qu’un geste concret de miséricorde. Par sa nature même, la miséricorde se fait visible et tangible à travers une action concrète et dynamique » (n.16), par conséquent « le moment est venu de donner libre cours à l’imagination de la miséricorde pour faire naître de nombreuses œuvres nouvelles, fruits de la grâce » (n.18).
« Voici donc un signe concret voulu par l’aumônerie apostolique : un lieu et un service pour donner une forme concrète à la charité et aux œuvres de miséricorde pour rendre leur dignité à tant de personnes qui sont nos frères et sœurs, appelés avec nous à construire une “ville fiable” » (cf. n.18)
La laverie est située à l’intérieur du « Centre Genti di Pace » de la Communauté Sant’Egidio, dans l’ancien immeuble hospitalier de San Gallicano, 25 rue San Gallicano. C’est cette association de bénévolat qui gèrera la Laverie du Pape, ainsi que d’autres services – déjà actifs depuis plus de dix ans – d’accueil et d’assistance aux personnes plus pauvres et auxquelles s’ajouteront dans les prochains mois ceux des douches, du coiffeur, d’un vestiaire, d’ambulances médicalisées et de la distribution de produits de première nécessité.
Dans les locaux attribués à ce service, se trouvent six machines à laver et six sèche-linges de la dernière génération, ainsi que des fers à repasser : tout ceci a été donné par la multinationale Whirlpool Corporation. Le groupe Procter & Gamble partage et coordonne ce projet. Depuis déjà deux ans, il donne rasoirs et mousse à raser Gillette au « Coiffeur pour les pauvres » de la colonnade Saint-Pierre et a assuré la fourniture complète et gratuite de détergents Dash et Lénor pour le linge.
Cette initiative fait suite à d’autres de l’Aumônerie apostolique en faveur des sans-abris de Rome : douches, coiffeurs et barbiers, sacs de couchage, parapluies, visites médicales, visites culturelles, cinéma…
© Zenit - 2017
Un certain métier
Message du Secours Catholique – Jean Rodhain – février 1967
Chaque métier possède ses difficultés, et les plus humbles labeurs détiennent des responsabilités insoupçonnées. Une petite erreur de la laborantine transforme un remède en danger public. Un coup de lime en trop par l'ajusteur, et voilà un avion en péril. Et cependant, j'en connais qui aimeraient être liés par ces responsabilités précises. Le ministre, avant la décision à prendre, envie les balances rigoureuses de la pharmacie. Et le médecin, devant un cas à trancher, regarde le gabarit bien calibré de l'ajusteur : pour ce dernier, travail ajusté égale travail terminé.
Il y a tant de métiers où cela n'est jamais terminé
Ainsi Laurent avec son insolite métier diaconal.
Ce diacre du IIIe siècle gère les stocks de blé que les galères pontificales ont débarqué au port du Tibre. Il garde ce blé en réserve dans les greniers des diaconies, tout autour de l'église Sainte-Marie-en-Cosmedin[1]. Et Laurent le Diacre doit juger, peser et mesurer les rations pour toute cette Rome qui meurt de faim. Doit-il, lui Laurent, affamer les adultes pour que survivent les enfants ? C'est plus difficile à décider que le coup de lime sur le boulon d'acier.
Tout un peuple l'observe et l’examine. Comment distribue-t-il ? Comment répartit-il ? Fait-il des erreurs ? Sait-il, pour éviter certains trafics d'huile d'olives, contrôler jour et nuit les caves remplies d'amphores ? Pourquoi réserve-t-il tant de farine pour ces Grecs, ces Mèdes, ces Élamites aux cheveux crépus, ces Scythes au teint olivâtre, ces étrangers en un mot qui envahissent de plus en plus les faubourgs du Transtevere ? On suspecte aussi Laurent de n'avoir pas prévu assez d'onguents pour les pestiférés qui affluent maintenant vers l'hôpital de l'Isola Tiberina.
Mais surtout, la charité de Laurent inquiète les plus anciens par une audace qui sent par trop le vin nouveau. Si les uns l'estiment inintelligent parce que son activité apparaît fort épicière, la plupart craignent, au contraire, que cette charité excessive ébranle les structures de l'Empire romain et favorise demain une justice sociale dont les promoteurs se sont mis en marge de l'ordre établi. Laurent le Diacre n'a pas seulement engrangé du blé : on murmure qu'il a favorisé l'assèchement des Marais Pontins, et que, sous prétexte de travailler à la paix des nations, il aurait fourni aux lointains Galates un coûteux outillage agricole pour développer leur production de grains. Est-ce que la charité d'un diacre doit se permettre des audaces qui dépassent les programmes d'un proconsul ?
Laurent le Diacre exerce donc une profession inquiétante pour l'État. Cet homme quête, donc il est riche. Il distribue, donc il devient influent. Le pouvoir s'inquiète. La police enquête. Et voilà Laurent conduit à choisir entre l'État et les Pauvres. C'est plus difficile que de vendre du tissu au mètre. Laurent a beau avoir la tête sur les épaules et savoir cuire son pain sans trembler à chaque coup de vent, il n'en reste pas moins lucide et sait mesurer tout l'écart entre le peu qu'il est, le peu qu'il donne et l'attente de tout ce peuple. Ça devient une vie sur le gril en attendant une mort sur le gril.
Mais il est une difficulté plus secrète pour Laurent le Diacre. Il avait pendant longtemps servi méticuleusement et consciencieusement, comme un intendant intègre, exact, ponctuel, inattaquable. Et un jour, au Latran, réunissant, comme chaque samedi, son presbyterium, le bon Pape Sixte avait eu, on ne sait pourquoi ce soir-là, un mot plus personnel, plus affectueux pour chacun des siens. Et avec cet air de vieux bonhomme qu'il avait et qu'il aimait à accentuer, le bon pape, arrivé devant son diacre Laurent, ne l'avait pas interpellé comme les autres, mais sur un ton plus grave lui avait seulement murmuré en le regardant : « Vous, c'est la Charité »[2].
Et chez Laurent, ça lui était resté au fond du cœur comme un poids et comme un glaive.
Le Protonotaire notait les actes des martyrs ; c'était son métier. Le Grand Pénitencier distribuait les indulgences ; on le savait bien. Le Sacriste gardait les reliques ; c'était connu. Mais ce que Laurent n'avait jamais réalisé, c'est que tous, depuis le Sacriste jusqu'au Pénitencier, depuis le Pape Sixte jusqu'au récent fidèle baptisé la dernière nuit Pascale, lorsqu'ils le regardaient passer, lui, Laurent, pensaient à la Charité de toute l'Église. Cette Charité que l'Église proclame comme plus précieuse que l'or, comme plus brûlante que le feu, comme aussi durable que l'éternité, Laurent était donc censé la personnifier lui-même. Comme un enfant timide auquel on aurait subitement imposé de porter lui-même l'Eucharistie, Laurent était paralysé d'émotion. Comme Zachée quand sa maison fut choisie par le Fils de Dieu, Laurent était bouleversé de ce choix. Et comme le disciple après Emmaüs, il tremblait de n'avoir pas compris plus tôt ce trésor secret à lui confié.
On sait que Laurent expira brûlé sur son gril.
Ce que l'on ne sait pas, c'est que depuis le jour où le Pape Sixte le désigna de cette manière-là, Laurent commença à brûler par le dedans.
Il y a ainsi des accidents de travail qui n'ont pas de plaie ouverte. Parce que, voyez-vous, la Charité, c'est un métier dangereux. Et que, même de nos jours, on n’a pas encore trouvé de remède à ses brûlures ; des brûlures du dedans.
Jean RODHAIN
© Fondation Jean Rodhain – 1967
Face à la pédophilie, le secret de la confession en question
En Australie, une commission royale a publié, lundi 14 août, un rapport proposant notamment de pénaliser la non-dénonciation des actes pédophiles, même quand l’information a été révélée pendant la confession. L’Église catholique australienne a réagi dès le lendemain, estimant que les prêtres ne doivent pas être forcés à rompre ce secret sacramentel, protégé par le droit canonique et reconnu par la loi civile de nombreux pays.
L’Église catholique australienne a réagi, estimant que les prêtres ne doivent pas être forcés à rompre ce secret sacramentel.
Voyant le secret de la confession comme une composante fondamentale de la liberté religieuse, l’archevêque de Melbourne Mgr Denis Hart a déclaré, mardi 15 août, qu’il irait en prison plutôt que de rompre ce sceau sacramentel.
Il réagissait au rapport d’une commission royale australienne qui, après quatre ans d’enquête nationale sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels pédophiles, nombreux sur l’île-continent, propose entre autres de pénaliser leur non-dénonciation.
Or pour l’Église catholique, le secret de la confession est absolu et inviolable. Le Code de droit canonique est très clair à ce sujet : « Le secret sacramentel est inviolable ; c’est pourquoi il est absolument interdit au confesseur de trahir en quoi que ce soit un pénitent, par des paroles ou d’une autre manière, et pour quelque cause que ce soit. » (canon 983). Le canon 1388 prévoit même l’excommunication latae sententiae pour tout confesseur qui l’enfreindrait.
Alors que le droit civil reconnaît, dans certains cas, la nécessité de lever le secret professionnel (notamment pour des atteintes portées à un mineur de moins de 15 ans), de telles exceptions n’existent pas canoniquement.
L’absolution sous conditions
« Outre la question de la rupture de confiance avec les fidèles, il existe une raison théologique à cette inviolabilité du secret de la confession : ce qui se passe dans le confessionnal est une affaire entre Dieu et le pénitent, personne d’autre », explique le Père Jean-Luc Leverrier, curé de la paroisse Notre-Dame des Buttes Chaumont à Paris. Ainsi, comme dans les six autres sacrements, le prêtre agit au nom de Dieu et s’efface pour se faire trait d’union entre Dieu et le fidèle.
Mais alors, un confesseur serait-il tout à fait impuissant face à l’aveu d’un péché grave dans le secret de son confessionnal ? « Ce n’est pas parce que le prêtre est tenu au secret absolu qu’il est obligé de donner l’absolution à chaque fois », précise le Père Leverrier. Ce curé parisien ajoute que dans une telle situation, il refuserait pour sa part de donner l’absolution au pénitent tant que celui-ci n’aurait pas manifesté devant lui une « intention ferme d’aller se dénoncer ».
Inciter un pénitent à se dénoncer à la justice quand il a commis un crime est même une obligation pour les confesseurs, comme l’ont rappelé les évêques français face aux scandales d’abus sexuels dans l’Église en 2016.
Un secret en crise
Alors que des affaires de pédophilie secouent régulièrement l’Église, le secret de la confession fait l’objet d’un débat récurrent, où il se voit remis en cause au nom de l’évolution du droit. En Irlande, par exemple, la loi oblige depuis 2012 tous les Irlandais, même les prêtres, à dénoncer les actes de violence envers les mineurs dont ils auraient connaissance. Les personnes négligeant de dénoncer ces abus peuvent encourir jusqu’à cinq ans de prison.
Ce n’est pas le cas en France. Là, si les arrêts successifs de la Cour de cassation ont mis des limites au caractère absolu du secret professionnel depuis les années 2000, le secret de la confession n’a pas été remis en cause, comme l’explique le dominicain Joël-Marie Boudaroua dans un article documenté (« Le secret de la confession existe-t-il ? »). Ce type particulier de secret reste garanti par l’article 226-13 du Code pénal français.
Vers plus de transparence ?
Certains théologiens plaident toutefois pour un assouplissement du « sceau sacramentel », préconisant par exemple qu’il soit partagé avec un autre ministre tenu au même secret. Un confesseur pourrait ainsi référer à son évêque d’informations entendues en confession.
En Australie, où se joue à nouveau ce débat ces jours-ci, l’Église anglicane a pour sa part tranché en juillet 2014 : les 250 membres de son Synode général avaient alors voté à l’unanimité un amendement au canon sur la confession, autorisant les prêtres à révéler des informations sur les crimes graves tels la pédophilie ou la pornographie infantile.
Mélinée Le Priol
© La Croix - 2017
Le figuier nous appelle à la responsabilité
Premier arbre cité dans la Bible, le figuier est « facile à vivre », son fruit est nutritif et digeste, excellent tonifiant. Il est aussi le point de départ d'une rencontre entre Jésus et Nathanël. Mais il fut aussi l'objet de reproches de Jésus, n'y trouvant pas le fruit attendu. Bref, de quoi nourrir une méditation estivale !
Il remonte aux origines. C’est le premier arbre cité dans la Bible. Il est inscrit dans la vie des hommes au tout début de leur existence : après leur prévarication, nos premiers parents connurent qu’ils étaient nus ; ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes[3].
Dans l’Antiquité, en Égypte comme en Grèce, la figue, nutritive et digeste, est une ressource alimentaire de base. Elle fait partie des repas avec le pain d’orge et le fromage de chèvre[4]. Elle sert aussi à engraisser le bétail et est à l’origine sémantique du « foie gras »[5].
Sèche, on la consomme toute l’année durant : riche d’oligo-éléments et de nombreuses vitamines, constituée de sucre pour moitié de sa masse, c’est un excellent tonifiant pour les enfants, adolescents, les personnes âgées, les femmes enceintes, les sportifs, les convalescents.
S’il peut pousser sous des latitudes septentrionales, c’est tout autour de la Méditerranée que le figuier fructifie le mieux : son aire de répartition géographique s’étend de l’Afrique du Nord aux pieds du Caucase. C’est un arbre du quotidien, synonyme de subsistance, d’autant qu’il est « facile à vivre », n’exigeant pas de greffage. Il est indissociable de la vie paysanne : dans les campagnes, on plantait un figuier dans le verger à la naissance d’un enfant, pour que ses fruits participent activement à l’économie de la famille agrandie. Plutarque raconte comment Caton parvint à convaincre les sénateurs de mener une expédition punitive contre Carthage, rivale de Rome pour la suprématie en mare nostrum : il leur montra une figue, et les stupéfia en leur révélant qu’elle avait été cueillie trois jours plus tôt chez leur ennemi héréditaire. C’était assez illustrer la proximité du danger[6].
« À l’ombre bleue du figuier passent, passent les étés »
L’intuition du poète[7] nous renvoie, dans l’évangile, aux premiers échanges entre Jésus, et Nathanaël que lui présente son ami : Avant que Philippe t’appelât, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu[8]. Le figuier était un arbre commun en Palestine. C’est là, sans doute, que Philippe vint le chercher. Le Christ le savait déjà, en raison de sa puissance divine — car Les yeux du Seigneur sont infiniment plus lumineux que le soleil (…) et pénètrent dans les recoins les plus secrets[9]. Approfondissons le sens de ce passage :
1. Pour saint Thomas d’Aquin[10] : quand tu étais sous le figuier, c’est-à-dire « à l’ombre du péché »[11], avant d’avoir été appelé à la grâce, je t’ai vu des yeux de la miséricorde ; car la prédestination de Dieu à l’égard des hommes demeure, même quand ils sont dans le péché[12]. Je t’ai vu : autrement dit, je t’ai prédestiné de toute éternité. Voilà une scène semblable à celle de la vocation de saint Matthieu : sous le figuier, je t’ai vu / il vit un homme assis au bureau de douane. Qu’est-ce à dire ? « Il le vit, non pas tant avec les yeux du corps qu’avec le regard intérieur de la miséricorde »[13] et, dans sa miséricorde, il le choisit pour être son apôtre. Le pape François a reproduit ce commentaire dans sa devise : miserando atque eligendo ! En effet, « le programme de Jésus est “un cœur qui voit”. Ce cœur voit où l’amour est nécessaire et il agit en conséquence » Alors, « revêtu de la miséricorde, même si la condition de faiblesse du péché demeure, le pécheur est comme recouvert par l’amour qui permet de regarder plus loin et de vivre autrement »[14].
2. Pour saint Grégoire le Grand : quand tu étais sous le figuier, signifie lorsque tu vivais « à l’ombre de la Loi » car la Loi n’a que l’ombre des biens à venir[15].
Le symbolisme de l’image est éclairant : la figue, en effet, est une drôle d’espèce végétale qui semble dénuée de fleurs. Pourtant, elles existent bien, mais elles se cachent au sein de ce renflement que l’on appelle la figue. Elles tapissent l’intérieur de cet appendice en forme de poire. On peut en constater la présence lorsqu’on coupe en deux une figue non mûre. Plus tard, ces fleurs donneront naissance aux véritables fruits : les petits grains croquants contenus à foison dans la figue qui n’est en définitive, qu’un gros sac rempli de petits fruits. Par sa rondeur et sa douceur qui s’ouvrent sur cette multitude de graines, la figue ne représente-t-elle pas l’espoir de vies nouvelles en germe en elle ?
2.1. par son Incarnation, Jésus-Christ est venu instaurer la loi de la charité, une loi nouvelle qui met au centre de la rencontre avec le Sauveur, non « la justice de la loi, mais l’amour de Dieu qui sait lire dans le cœur de chacun, pour en saisir le désir le plus caché »[16]. Si donc il nous appelle à porter du fruit, un fruit qui demeure[17], c’est que possumus[18] nous le pouvons car nous sommes assurés, comme les fils de Zébédée, de son affection, et il y en nous une richesse non encore révélée : notre personnalité abrite des talents encore prisonniers de conventions mondaines ou d’habitus de commodité. Saint Jean-Paul II l’indiquait en commentant les paroles d’une chanson à succès : si può dare di più : « on peut donner davantage parce qu’il est à l’intérieur de nous. C’est très important car cela signifie que, lorsque nous nous rendons capables de donner, nous trouvons di più en nous. Et donner signifie s’enrichir. Nous nous enrichissons en donnant, en offrant (…) Il est possible d’exiger davantage de soi »[19]. L’Esprit Saint, en effet, a rempli notre timbale de baptême de charismes variés, de dons spirituels en bourgeons que nous avons la responsabilité de développer au service de Dieu, pour construire l’Église.
2.2. Saint Josémaria parlait de « s’ouvrir en éventail », le pape François « d’aller aux périphéries » : des expressions analogues qui nous demandent de lutter contre la chair[20], à savoir l’être charnel en proie à son propre égoïsme qui, idolâtriquement, considère tout par rapport à lui-même : « l’esprit de l’homme, avec le péché, est comme un miroir renversé qui, au lieu de refléter Dieu, reflète en lui-même l’image de la matière informe »[21]. Mais l’Esprit Saint est en mesure de nous libérer de cette force négative radicale pour orienter notre existence selon de nouveaux critères. Car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous fut donné[22]. Et si l’Esprit vous anime, vous n’êtes pas sous la loi[23].
2.3. Les fruits de l’Esprit Saint sont les perfections que forme en nous le Paraclet comme prémices de la gloire éternelle. Ils sont le produit extérieur de son inhabitation. Chez ceux qui se laissent conduire par son action, ils sont l’expression d’un chemin qui évoque l’idée de maturation. À la suite de saint Paul, la Tradition de l’Église en énumère douze : charité, joie, paix, patience, longanimité, bonté, bénignité, douceur, mansuétude, fidélité, modestie, continence, chasteté[24]. Le Magistère précise qu’à cette liste, on peut ajouter un fruit de l’Esprit « qui jaillit directement de la charité et du fait d’être fils dans le Fils »[25]. De quoi s’agit-il ? De la liberté. Pourquoi ? Parce que le Saint Esprit en est le principe actif ; il lui communique un dynamisme nouveau : poussée à suivre la loi de l’Esprit[26], celle-ci devient capable de se détourner du mal par amour, non par crainte, et d’épouser les desseins du Seigneur[27].
Ne pas laisser l’été passer sans plus
« Ô lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tes fidèles »
Selon le calendrier liturgique de la forme extraordinaire, l’été coïncide en grande part avec le « temps après la Pentecôte », comme pour rappeler qu’après la célébration des solennités qui suivent le Temps pascal ? Sainte Trinité, Fête-Dieu, Sacré Cœur ?, l’été aussi peut être une période de croissance spirituelle, de maturation intérieure, sous l’impulsion du Paraclet. Aussi le prions-nous : « Envoie du haut du ciel un rai de ta lumière »[28]. Là encore, le figuier nous donne une leçon de choses : Voyant un figuier près du chemin, Jésus s’en approcha mais ne trouva rien que des feuilles. Il lui dit alors : jamais plus tu ne porteras de fruit ! Et, à l’instant même le figuier devint sec[29].
- Jésus et ses apôtres sont sortis tôt de Béthanie pour se rendre à la Cité Sainte[30]. Dans la lumière claire du matin, le vert feuillage de l’arbre présente tant d’attraits et de fraîcheur. Ses branches se balancent doucement au vent… sans offrir cependant les fruits espérés. La réaction du Sauveur semble brutale : frappé dans ses parties vives, l’arbre commença à se dessécher.
- Les disciples en furent saisis. D’autant que ce n’était pas la saison des figues[31]. Le Fils de Dieu n’est qu’Amour. Il est incapable de caprice. Dans tout l’évangile, c’est son seul miracle de destruction. C’est donc une parabole en action, un acte symbolique qui, par sa signification cachée, dépasse ses propres apparences : dans un arbre fruitier, les feuilles sont destinées à garantir le fruit. Par cet exemple de sa Toute-Puissance, Jésus nous met en garde contre une piété percluse de formalisme et de superficialité, sans fécondité réelle. « Le Seigneur s’approche de toi car il a faim ; et il ne trouvera en toi que des feuilles si tu ne t’es donné à Lui que de manière officielle et sèche, avec une foi sans vibration ; si chez toi, il n’y a ni humilité, ni œuvres, ni sens du sacrifice ; si tu n’es que façade sans t’investir dans les détails de chaque instant (…) Il nous faut être des arbres qui donnent du fruit. Nous avons pour cela les moyens surnaturels et la doctrine adéquate. Et nous pouvons, avec la grâce de Dieu et malgré notre misère, abriter en nous la vie même du Christ, une vie capable d’illuminer les autres et de les entraîner à sa suite »[32].
L’été, souvent, est un temps de démobilisation où on en vient à mettre Dieu par parenthèse. Prions le divin Paraclet de nous garder de l’abus de la liberté qui conduit à construire sa propre image dans le refus de sa condition de créature : « Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tes fidèles » car, « sans ta force, il n’est rien dans l’homme qui soit sans faute »[33].
Bertrand Cauvin, expert forestier
Abbé Patrick Pégourier
© Opus Dei – 2017
[1] Cette rêverie, évidemment, est fort loin de l'histoire et de l'archéologie.
[2] C'est avec cette formule, "Vous c'est la charité" que le pape Jean XXIII avait un jour salué Jean Rodhain. (note de l'éditeur).
[3] Gn 3, 12.
[4] Homère décrit l’abondance que connaissent les Phéaciens et prétend que les figuiers produisent, chez ce peuple merveilleux, leurs fruits toute l’année : Odyssée, chant 7, vers 121. Hérodote raconte comment les Égyptiens farcissent leur bœuf sacrifié à Isis de figues : Enquêtes, 2, 40.
[5] Hêpar sukôton, foie engraissé aux figues, est devenu ficatum en latin, et « foie » en français.
[6] Tel est le point de départ de la 3ème guerre punique en 146 avant notre ère. Cf. Vie de Caton l’Ancien, 27.
[7] Chanson de Jean Ferrat, 1972.
[8] Jn 1, 48.
[9] Si 23, 19.
[10] Commentaire de l’évangile de st Jean, Cerf 2006.
[11] Cf. Gn 3, 12 et la parabole du figuier stérile qui tarde à donner des fruits : Lc.13, 6-9.
[12] Dieu le Père (...) nous a élus [dans le Christ] avant la fondation du monde, (...) nous ayant prédestinés à être pour Lui des fils adoptifs par Jésus-Christ : Ep 1, 4.
[13] St Bède le vénérable sur Mt 9, 9, hom. 21; ccl 122, 149-151.
[14] Lettre enc. de Benoît XVI, Deus caritas est, (2005) n° 31 b) et LA Misericordia et misera (2018) du pape François, n° 1.
[15] Moralium lib., 18, eh. PL 76, col. 70 C-D.
[16] LA op. cit. n° 1.
[17] Jn 15, 16.
[18] Mt 20, 22.
[19] Discours à des étudiants, dimanche de Pâques 19/04/1987. Chanson victorieuse au festival de San Remo 1987 : Come fare, non so non lo sai neanche tu, ma di certo si può...dare di più.
[20] Cf. Gal 5, 13. 16-18.
[21] Saint Grégoire de Nysse, La création de l’homme, XII.
[22] Rm 5, 5.
[23] Gal 5, 18.
[24] Ga 5, 22-23.
[25] Cf. Conseil de présidence du grand jubilé de l’an 2000, L’Esprit Saint remplit l’univers, chap 8 p. 114.
[26] Cf. Rm 8, 2.
[27] Cf. saint Thomas d’Aquin in 2 Co 3, 17, lect. 3.
[28] Séquence de la Pentecôte.
[29] Mt 21, 19.
[30] Cette scène a lieu le lundi saint.
[31] Mc 11, 14.
[32] Saint Josémaria Escriva, Méditation 12/10/1947 et 9/01/1956.
[33] Séquence de la Pentecôte.
Commentaire des lectures du dimanche
Jésus n’avait pas souvent la chance d’admirer, mais par deux fois au moins l’occasion lui a été fournie par des étrangers, le centurion de Capharnaüm et cette femme du Liban. « Femme, grande est ta foi » lui dit Jésus. Comment donc s’y est prise cette libanaise pour frapper à ce point Jésus ?
Tout d’abord elle est décidée à ne pas manquer son heure, à ne pas manquer le passage du Messie dans son pays et dans sa vie. Avant même d’avoir pu s’approcher, elle crie ; « elle nous poursuit de ses cris », disent même les disciples. « Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David ». Elle ne connaît pas Jésus, mais elle sait au moins ce qu’on dit de lui dans son pays, et, arrivée aux pieds de Jésus, elle continue à prier sans se lasser : « Seigneur, viens à mon secours ! »
Or, dans un premier temps, Jésus semble écarter sa demande, comme pour Marie à Cana. Il s’en explique à ses disciples :« Je n’ai été envoyé que pour les brebis perdues de la maison d’Israël » ; et pour la femme il trouve une autre explication très imagée, tirée de la vie de tous les jours : « Il ne sied pas de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens ». Notons bien que Jésus ne dit pas : « pour le donner aux chiens », mais « aux petits chiens », et la nuance est grande.
La femme saisit l’image au bond, et grâce aux petits chiens, elle va révéler toute l’audace de sa foi. Elle va insister, discuter, faire pression respectueusement sur le cœur du Messie d’Israël : « Certes, moi, l’étrangère, je ne fais pas partie de la famille ; mais pour les petits chiens il y a au moins les miettes ! »
Et d’ailleurs, le propre des petits chiens, c’est de ne pas se laisser oublier lorsque les maîtres sont à table. Ils circulent, ils s’arrêtent, ils quémandent en remuant les oreilles, et il y a toujours l’un des convives à se laisser attendrir.
Jésus semble opposer les enfants et les petits chiens. Pas du tout, rétorque la femme, les enfants sont de connivence avec leurs compagnons de jeu, et si les enfants sont à table, les petits chiens sont à table aussi … enfin sous la table, mais ils n’y perdent rien. Oui, le Messie est venu d’abord pour Israël, mais Israël doit partager son Messie avec les nations.
« Femme, grande est ta foi, dit Jésus, qu’il t’advienne selon ton désir ». Tout est donc dans la force du désir, de notre désir. Ce n’est pas l’amour du Seigneur qui a des limites, c’est notre désir qui se limite et qui se lasse, c’est notre prière qui s’arrête trop tôt, comme si nous n’avions pas droit à la miséricorde.
Et effectivement nous n’y avons pas droit, effectivement nos misères auraient de quoi nous rendre étrangers à la famille de Dieu. Ce que Jésus attend de nous, c’est l’audace de cette étrangère, qui nous fera dire : « Seigneur, je sais que je n’ai droit à rien, mais tu me feras bien l’aumône de quelques miettes, et cela suffira à mon bonheur ! »
Repartir heureux avec les miettes du Seigneur, ces miettes qui guérissent et qui nourrissent, ces miettes qui suffisent pour transformer toute une vie, voilà ce qui est en notre pouvoir.
D’ailleurs jamais Jésus n’a donné de miettes ; il a même rassasié des foules, et il restait des corbeilles lorsqu’il donnait le pain ; il est venu pour que nous ayons la vie en abondance. À partir du moment où le Messie est mort et ressuscité pour le monde entier, il n’a plus ni juif ni grec, il n’y a plus de petits chiens sous la table. À partir du moment où le Fils de Dieu est venu s’asseoir à notre table, il n’y a plus qu’un seul peuple, il n’y a plus d’étrangers.
Autour de sa table, il n’y a plus que des enfants de Dieu, rassasiés à part entière, à la mesure de leur désir.
Fr. Jean-Christian Lévêque, o.c.d.
© Carmel.asso- 2008