Pko 19.11.2017

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°61/2017

Dimanche 19 novembre 2017 – 33ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A

Humeurs…

1ère Journée mondiale des Pauvres

« N’aimons pas en parole mais en acte »

À la fin de l’Année de la Miséricorde, le pape François a voulu instituer comme signe concret une Journée mondiale des pauvres. C’est ainsi qu’en ce XXXIIIème Dimanche du Temps ordinaire, nous célébrons la 1ère Journée mondiale des pauvres.

À Rome, ce sont près de 6 000 personnes en marge de la société qui sont rassemblées au tour du Saint Père, place Saint Pierre.

En France, les diocèses se sont mobilisés pour qu’en chaque paroisse, une place particulière soit faite pour les exclus de toutes catégories : S.D.F., migrants…

Dans l’Archidiocèse de Papeete, les communiqués diocésains se suivent et se ressemblent… pas un mot pour cette Journée mondiale des Pauvres… Elle ne semble pas exister pour nous !

La cerise sur le gâteau : l’information essentielle mise en exergue… dans le communiqué diocésain de cette semaine : le « Tenari a te Atua » avec comme point d’orgue : « À la date du 15 novembre, la récolte est de 16, 9 millions (soit 52 % de l’an passé) ».

À la sortie de la rencontre avec le Pape François la semaine dernière, Mr Edouard Fritch disait : « Le dernier message de cet homme a été de demander à tout le monde de prier pour lui et son combat contre l'injustice, la pauvreté. Nous qui étions venu pour lui demander de prier pour nous, c'est le Saint Père qui nous demande de prier pour lui. Le message est passé. » Apparemment pas pour notre Église en Polynésie !!!

Colère… non… profonde tristesse… oui !

Nous ne baisserons pas les bras !!!

Les pauvres sont notre véritable richesse…

Bien au-delà du Tenari a te Atua !!!

Laissez-moi vous dire…

20 novembre : Journée mondiale des droits de l’enfant

Si tous les enfants du monde…

Entendu ici ou là : « Dis bébé, qu’est-ce que tu voudrais comme goûter pour aller à l’école ? Des biscuits au chocolat, de la compote pomme-mangue ou des bonbons-coco ? Quelle robe tu veux mettre aujourd’hui ? C’est papa ou maman qui vient te chercher ce soir ? Qui tu préfères ? »

À l’occasion de la Journée Mondiale de défense et de promotion des droits de l'enfant porter un regard sur la situation des enfants nous ramène à des réalités moins riantes…

En France, on estime à 30 000 le nombre d’enfants vivant dans la rue (des SDF !) ; 1 enfant sur 5 vit sous le seuil de pauvreté ; 150 000 filles et garçons quittent chaque année le système scolaire sans aucune perspective [sources : INSEE et UNICEF].

Dans le monde, 1 enfant de moins de 15 ans meurt toutes les 3 secondes (famine, manque de soins, eaux insalubres, maltraitance, guerre, VIH …) [Source : UNICEF] ; le taux de mortalité : 37 pour mille enfants de moins d’un an (en Polynésie française : 6 pour mille) [source : INED] ; 2 enfants sur 5 quittent l’école primaire avant d’avoir appris à lire, à écrire et à compter [source : UNICEF]. Faut-il ajouter à cela : le travail forcé des enfants, leur exploitation sexuelle, le trafic d’organes, la mendicité forcée, l’enrôlement militaire… ?

Pendant ce temps : les Pays du monde dépensent chaque année 1 300 milliards de dollars en armement (130 000 milliards de F CFP !!) ; les cinq plus gros exportateurs d’armes étant les États Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume Uni (les USA fournissent 170 pays, soit 30% du marché mondial des armes « classiques » : avions, véhicules blindés, sous-marins, missiles, armes diverses...) [Source : Stockholm International Peace Research Institute, données de 2006]

Au-delà de ce tableau sombre, le triste sort de nombreux enfants s’améliore, par exemple la mortalité infantile a baissé … mais trop lentement ; nombreux sont celles et ceux qui militent pour le droit et la défense des enfants.

UN REVE … Les dirigeants mondiaux se sont engagés à mettre fin à la pauvreté d’ici 2030. Mais, à moins d’investir pour ouvrir des perspectives aux enfants, en 2030, 167 millions d’enfants vivront dans une pauvreté extrême, d’ici là 69 millions d’enfants de moins de 5 ans décéderont, 750 millions de femmes auront été mariées alors qu’elles étaient encore enfants… [source : UNICEF]

En tant que chrétiens nous sommes solidaires (espérons-le) et nous pouvons briser le cycle vicieux de la pauvreté et en faire un cercle vertueux d’égalité qui profite à tous. Malheureusement beaucoup ignorent encore la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, texte de 54 articles, adopté par les Nations Unies le 20 novembre 1989. Elle affirme qu'un enfant n'est pas seulement un être fragile qu'il faut protéger mais que c'est une personne qui a le droit d'être éduqué, soigné, protégé, quel que soit l'endroit du monde où il est né. Et aussi qu'il a le droit de s'amuser, d'apprendre et de s'exprimer. Elle a été ratifiée par 191 pays sur 193. En France 44% des adultes ne savent pas qu’elle existe et 63% n’en connaissent pas le contenu.

« À tous on peut tout » disait un slogan du Secours Catholique, à condition que tous nous ayons le sens du bien commun partagé équitablement. Si tous les enfants du monde pouvaient avoir cette espérance !

Dominique Soupé

Note d’espérance :  En chacun(e) de nous existent les germes d’un François d’Assise, d’une Mère Teresa, d’un Père Pedro Opeka ou d’une Sœur Emmanuelle… alors …

© Cathédrale de Papeete - 2017

En marge de l’actualité…

La fin approche et tout commence

Nous nous acheminons peu à peu vers la fin de l’année liturgique. Nous le pressentons en entendant les lectures bibliques des messes de ces jours-ci. Les évangiles notamment relatent les derniers discours de Jésus avant son entrée dans la ville de Jérusalem pour y vivre le dénouement final de son existence terrestre.

Se tenir prêt car la venue du Royaume est imminente, veiller pour accueillir l’époux qui peut arriver dans la nuit, activer ses talents pour les mettre au service du maître, accomplir des actes de charité envers les plus petits pour réussir l’épreuve du jugement dernier, voilà ce qui résonne dans la bouche de Jésus jusqu’à l’apogée ultime de la fête du Christ-Roi de l’univers.

Tandis que l’Avent et Noël révèlent peu à peu leur horizon, une tension dramatique est manifestement déjà à l’œuvre. Le changement liturgique d’une année à l’autre n’apparait alors que comme un prétexte pour lui permettre de déployer toute sa mesure. Elle vient titiller les ronronnements de nos vies, éveiller nos sens assoupis sous la chaleur. Et devant tous, elle soulève cette question : « Êtes-vous prêts à accueillir Jésus comme Verbe de Dieu incarné, comme Messie crucifié, comme Roi de l’univers ? »

Il n’y a cependant aucune mauvaise intention. La finalité n’est pas de crisper les uns les autres en pointant du doigt les apathies, les manques de prévoyance, les talents gâchés, les regards détournés devant la misère. Ce n’est pas la manière divine d’agir.

Dans les extraits du livre de la Sagesse que nous entendons également ces jours-ci, le dessein de Dieu se dévoile en gestation depuis toute éternité. La Sagesse est l’ami des hommes, elle est en perpétuel mouvement, elle recherche l’âme généreuse qui accepterait de l’accueillir. En celle-ci, elle dévoilera l’étendue de sa connaissance pour faire de chacun un ami de Dieu, une demeure pour Lui.

Alors l’ombre du péché qui gangrène nos cœurs s’effacera devant l’aurore qui se lève, la Parole qui transfigure notre humanité, lumière éternelle qui fait éclater la joie d’aimer. Noël vient, c’est déjà Pâques.

R.P. Vetea BESSERT

© Archidiocèse de Papeete - 2017

Audience générale du Pape Francois …

L’Eucharistie est une prière, une rencontre avec le Seigneur

Lors de l’audience générale, mercredi 15 novembre 2017, sur la Place Saint-Pierre, le Pape François a poursuivi sa nouvelle série de catéchèses sur la messe. Pour cette 2e étape, le Saint-Père s’est arrêté sur la messe comme « prière », c’est-à-dire comme une occasion de dialogue et de relation personnelle avec Dieu.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous continuons les catéchèses sur la messe. Pour comprendre la beauté de la célébration eucharistique, je désire commencer par un aspect très simple : la messe est prière, ou plutôt, c’est la prière par excellence, la plus haute, la plus sublime et, en même temps, la plus « concrète ». En effet, c’est la rencontre d’amour avec Dieu à travers sa Parole et le Corps et le Sang de Jésus. C’est une rencontre avec le Seigneur.

Mais nous devons d’abord répondre à une question. Qu’est-ce que la prière exactement ? C’est avant tout un dialogue, une relation personnelle avec Dieu. Et l’homme a été créé comme un être en relation personnelle avec Dieu, qui ne trouve sa pleine réalisation que dans la rencontre avec son Créateur. Le chemin de la vie se dirige vers la rencontre définitive avec le Seigneur.

Le Livre de la Genèse affirme que l’homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, qui est Père et Fils et Esprit-Saint, une relation parfaite d’amour qui est unité. Nous pouvons comprendre que tous, nous avons été créés pour entrer dans une relation parfaite d’amour, en nous donnant et en nous recevant continuellement pour pouvoir trouver ainsi la plénitude de notre être.

Lorsque Moïse, devant le buisson ardent, a reçu l’appel de Dieu, il lui a demandé quel était son nom. Et que répond Dieu ? « Je suis qui je suis » (Ex 3,14). Cette expression, dans son sens originel, exprime une présence et une faveur et, en effet, aussitôt après, Dieu ajoute : « Le Seigneur, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob » (v.15). Ainsi aussi le Christ, lorsqu’il appelle ses disciples, les appelle afin qu’ils soient avec lui. C’est donc la grâce la plus grande : pouvoir faire l’expérience que la messe, l’Eucharistie est le moment privilégié pour être avec Jésus et, à travers lui, avec Dieu et avec les frères.

Prier, comme tout véritable dialogue, c’est aussi savoir rester en silence – dans les dialogues, il y a des moments de silence – en silence avec Jésus. Et quand nous allons à la messe, peut-être arrivons-nous cinq minutes à l’avance et commençons-nous à bavarder avec celui qui est à côté de nous. Mais ce n’est pas le moment de bavarder : c’est le moment du silence pour nous préparer au dialogue. C’est le moment de se recueillir dans son cœur pour se préparer à la rencontre avec Jésus. Le silence est très important ! Souvenez-vous de ce que j’ai dit la semaine dernière : nous n’allons pas à un spectacle, nous allons à la rencontre du Seigneur et le silence nous prépare et nous accompagne. Rester en silence avec Jésus. Et du mystérieux silence de Dieu jaillit sa Parole qui résonne dans notre cœur. Jésus lui-même nous enseigne comment il est réellement possible d’« être » avec le Père et il nous le montre par sa prière. Les Évangiles nous montrent Jésus qui se retire dans des lieux à part pour prier ; les disciples, voyant sa relation intime avec son Père, ressentent le désir de pouvoir y participer et lui demandent : « Seigneur, apprends-nous à prier » (Lc 11,1). Nous avons entendu, dans la lecture qui a précédé, au début de l’audience. Jésus répond que la première chose nécessaire pour prier est de savoir dire « Père ». Soyons attentifs : si je ne suis pas capable de dire « Père » à Dieu, je ne suis pas capable de prier. Nous devons apprendre à dire « Père », c’est-à-dire à nous mettre en sa présence avec une confiance filiale. Mais pour pouvoir apprendre à dire « Père », il faut reconnaître humblement que nous avons besoin d’être instruits, et dire avec simplicité : Seigneur, apprends-moi à prier.

C’est le premier point : être humbles, se reconnaître comme fils et filles, reposer dans le Père, avoir confiance en lui. Pour entrer dans le Royaume des cieux, il est nécessaire de se faire petits comme des enfants. Dans le sens où les enfants savent faire confiance, ils savent que quelqu’un se préoccupera d’eux, de ce qu’ils mangeront, de ce qu’ils porteront etc. (cf. Mt 6,25-32). C’est la première attitude : confiance et abandon, comme l’enfant à l’égard de ses parents : savoir que Dieu se souvient de toi, qu’il prend soin de toi, de toi, de moi, de tout le monde.

La seconde prédisposition, elle aussi propre aux enfants, est de se laisser surprendre. L’enfant pose toujours mille questions parce qu’il désire découvrir le monde ; et il s’étonne même de petites choses parce que tout est nouveau pour lui. Pour entrer dans le Royaume des cieux, il faut se laisser émerveiller. Dans notre relation au Seigneur, dans la prière – je pose une question – nous laissons-nous surprendre ou pensons-nous que la prière consiste à parler à Dieu comme le font les perroquets ? Non, il s’agit de faire confiance et d’ouvrir son cœur pour se laisser étonner. Nous laissons-nous surprendre par Dieu qui est toujours le Dieu des surprises ? Parce que la rencontre avec le Seigneur est toujours une rencontre vivante, ce n’est pas une rencontre de musée. C’est une rencontre vivante et nous allons à la messe, et pas au musée. Nous allons à une rencontre vivante avec le Seigneur.

Dans l’Évangile, on parle d’un certain Nicodème (Jn 3,1-21), un homme âgé, une autorité en Israël, qui va voir Jésus pour le connaître ; et le Seigneur lui parle de la nécessité de « renaître d’en haut » (cf. v.3). Mais qu’est-ce que cela signifie ? Peut-on « renaître » ? Est-il possible de retrouver le goût, la joie, l’émerveillement de la vie, devant tant de tragédies ? C’est une question fondamentale de notre foi et c’est le désir de tout vrai croyant : le désir de renaître, la joie de recommencer. Avons-nous ce désir ? Chacun de nous a-t-il envie de renaître toujours pour rencontrer le Seigneur ? Avez-vous ce désir, vous ? On peut en effet le perdre facilement parce que, à cause des nombreuses activités, des nombreux projets à mettre en œuvre, à la fin il nous reste peu de temps et nous perdons de vue ce qui est fondamental : la vie de notre cœur, notre vie spirituelle, notre vie qui est une rencontre avec le Seigneur dans la prière.

En vérité, le Seigneur nous surprend en nous montrant qu’il nous aime aussi dans nos faiblesses. « Jésus-Christ […] C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement les nôtres, mais encore ceux du monde entier. » (1 Jn 2,2). Ce don, source de consolation véritable – mais le Seigneur nous pardonne toujours – est une véritable consolation, c’est un don qui nous est fait à travers l’Eucharistie, ce banquet nuptial où l’Époux rencontre notre fragilité. Puis-je dire que, lorsque je reçois la communion à la messe, le Seigneur rencontre ma fragilité ? Oui ! Nous pouvons le dire parce que c’est vrai ! Le Seigneur rencontre notre fragilité pour nous ramener à notre premier appel : être à l’image et à la ressemblance de Dieu. Voilà ce qu’est l’Eucharistie, c’est cela, la prière.

© Libreria Editrice Vatican - 2017

Message pour la 1ère Journée mondiale pour les Pauvres

N’aimons pas en paroles, mais en actes

« N’aimons pas en paroles, mais par des actes » : c’est le thème du message du Pape François publié en vue de la première Journée mondiale des Pauvres, qui se tient en ce 33e dimanche du Temps Ordinaire, avant la Solennité du Christ-Roi. Cette journée a été instituée par le Pape lui-même, au terme du Jubilé de la Miséricorde, « pour que les communautés chrétiennes deviennent toujours davantage signe concret de la charité pour les derniers et ceux qui sont le plus dans le besoin ». Dans ce message dense et percutant, François exhorte avec force l’Église à entendre le cri des pauvres, à créer les conditions d’une rencontre « authentique » avec eux et d’un partage qui devienne « style de vie ».

1. « Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, par des actes et en vérité » (1 Jn 3, 18). Ces paroles de l’apôtre Jean expriment un impératif dont aucun chrétien ne peut faire abstraction. La gravité avec laquelle le « disciple bien-aimé » transmet, jusqu’à nos jours, le commandement de Jésus s’accentue encore davantage par l’opposition qu’elle révèle entre les paroles vides qui sont souvent sur nos lèvres et les actes concrets auxquels nous sommes au contraire appelés à nous mesurer. L’amour n’admet pas d’alibi : celui qui entend aimer comme Jésus a aimé doit faire sien son exemple ; surtout quand on est appelé à aimer les pauvres. La façon d’aimer du Fils de Dieu, par ailleurs, est bien connue, et Jean le rappelle clairement. Elle se fonde sur deux pierres angulaires : Dieu a aimé le premier (cf. 1 Jn 4,10.19) ; et il a aimé en se donnant tout entier, y compris sa propre vie (cf. 1Jn 3,16).

Un tel amour ne peut rester sans réponse. Même donné de manière unilatérale, c’est-à-dire sans rien demander en échange, il enflamme cependant tellement le cœur que n'importe qui se sent porté à y répondre malgré ses propres limites et péchés. Et cela est possible si la grâce de Dieu, sa charité miséricordieuse sont accueillies, autant que possible, dans notre cœur, de façon à stimuler notre volonté ainsi que nos affections à l’amour envers Dieu lui-même et envers le prochain. De cette façon, la miséricorde qui jaillit, pour ainsi dire, du cœur de la Trinité peut arriver à mettre en mouvement notre vie et créer de la compassion et des œuvres de miséricorde en faveur des frères et des sœurs qui sont dans le besoin.

2. « Un pauvre crie ; le Seigneur l’entend » (Ps 33,7). Depuis toujours, l’Église a compris l’importance de ce cri. Nous avons un grand témoignage dès les premières pages des Actes des Apôtres, où Pierre demande de choisir sept hommes « remplis d’Esprit Saint et de sagesse » (6,3), afin qu’ils assument le service de l’assistance aux pauvres. C’est certainement l’un des premiers signes par lesquels la communauté chrétienne s’est présentée sur la scène du monde : le service des plus pauvres. Tout cela lui était possible parce qu’elle avait compris que la vie des disciples de Jésus devait s’exprimer dans une fraternité et une solidarité telles qu’elles doivent correspondre à l’enseignement principal du Maître qui avait proclamé heureux et héritiers du Royaume des cieux les pauvres (cf. Mt 5,3).

« Ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun » (Ac 2, 45). Cette expression montre clairement la vive préoccupation des premiers chrétiens. L’évangéliste Luc, l’auteur sacré qui, plus que tout autre, a réservé une large place à la miséricorde, ne fait pas de rhétorique lorsqu’il décrit la pratique de partage de la première communauté. Au contraire, en la recommandant, il entend s’adresser aux croyants de toute génération, et donc à nous aussi, pour nous soutenir dans le témoignage et susciter notre action en faveur de ceux qui sont le plus dans le besoin. Le même enseignement est donné avec autant de conviction par l’apôtre Jacques, qui, dans sa Lettre, utilise des expressions fortes et incisives : « Écoutez, donc, mes frères bien-aimés ! Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi, et des héritiers du Royaume promis par lui à ceux qui l’auront aimé ? Mais vous, vous avez privé le pauvre de sa dignité. Or n’est-ce pas les riches qui vous oppriment, et vous traînent devant les tribunaux ? […] Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ? Supposons qu’un frère ou une sœur n’ait pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : “Allez en paix ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim !” sans leur donner le nécessaire pour vivre, à quoi cela sert-il ? Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte » (2, 5-6.14-17).

3. Il y a eu, cependant, des moments où les chrétiens n’ont pas écouté jusqu’au bout cet appel, en se laissant contaminer par la mentalité mondaine. Mais l’Esprit Saint n’a pas manqué de leur rappeler de maintenir le regard fixé sur l’essentiel. Il a fait surgir, en effet, des hommes et des femmes qui, de diverses manières, ont offert leur vie au service des pauvres. Que de pages d’histoire, en ces deux mille ans, ont été écrites par des chrétiens qui en toute simplicité et humilité, et par la généreuse imagination de la charité, ont servi leurs frères plus pauvres !

Parmi ceux-ci, se détache l’exemple de François d’Assise, qui a été suivi par de nombreux hommes et femmes saints au cours des siècles. Il ne s’est pas contenté d’embrasser et de faire l’aumône aux lépreux, mais il a décidé d’aller à Gubbio pour rester avec eux. Lui-même a vu dans cette rencontre le tournant de sa conversion : « Comme j’étais dans les péchés, il me semblait extrêmement amer de voir des lépreux. Et le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux et je fis miséricorde avec eux. Et en m’en allant de chez eux, ce qui me semblait amer fut changé pour moi en douceur de l’esprit et du corps » (Test. 1-3). Ce témoignage manifeste la force transformante de la charité et le style de vie des chrétiens.

Ne pensons pas aux pauvres uniquement comme destinataires d’une bonne action de volontariat à faire une fois la semaine, ou encore moins de gestes improvisés de bonne volonté pour apaiser notre conscience. Ces expériences, même valables et utiles pour sensibiliser aux besoins de nombreux frères et aux injustices qui en sont souvent la cause, devraient introduire à une rencontre authentique avec les pauvres et donner lieu à un partage qui devient style de vie. En effet, la prière, le chemin du disciple et la conversion trouvent, dans la charité qui se fait partage, le test de leur authenticité évangélique. Et de cette façon de vivre dérivent joie et sérénité d’esprit, car on touche de la main la chair du Christ. Si nous voulons rencontrer réellement le Christ, il est nécessaire que nous touchions son corps dans le corps des pauvres couverts de plaies, comme réponse à la communion sacramentelle reçue dans l’Eucharistie. Le Corps du Christ, rompu dans la liturgie sacrée, se laisse retrouver, par la charité partagée, dans les visages et dans les personnes des frères et des sœurs les plus faibles. Toujours actuelles, résonnent les paroles du saint évêques Chrysostome : « Si vous voulez honorer le corps du Christ, ne le méprisez pas lorsqu’il est nu ; n’honorez pas le Christ eucharistique avec des ornements de soie, tandis qu’à l’extérieur du temple vous négligez cet autre Christ qui souffre du froid et de la nudité » (Hom. In Matthaeum, 50, 3).

Nous sommes appelés, par conséquent, à tendre la main aux pauvres, à les rencontrer, à les regarder dans les yeux, à les embrasser, pour leur faire sentir la chaleur de l’amour qui rompt le cercle de la solitude. Leur main tendue vers nous est aussi une invitation à sortir de nos certitudes et de notre confort, et à reconnaître la valeur que constitue en soi la pauvreté.

4. N’oublions pas que pour les disciples du Christ, la pauvreté est avant tout une vocation à suivre Jésus pauvre. C’est un chemin derrière lui et avec lui, un chemin qui conduit à la béatitude du Royaume des cieux (cf. Mt 5,3 ; Lc 6,20). Pauvreté signifie un cœur humble qui sait accueillir sa propre condition de créature limitée et pécheresse pour surmonter la tentation de toute-puissance, qui fait croire qu’on est immortel. La pauvreté est une attitude du cœur qui empêche de penser à l’argent, à la carrière, au luxe comme objectif de vie et condition pour le bonheur. C’est la pauvreté, plutôt, qui crée les conditions pour assumer librement les responsabilités personnelles et sociales, malgré les limites de chacun, comptant sur la proximité de Dieu et soutenu par sa grâce. La pauvreté, ainsi entendue, est la mesure qui permet de juger de l’utilisation correcte des biens matériels, et également de vivre de manière non égoïste et possessive les liens et affections (cf. Catéchisme de l’Église catholique, nn.25-45).

Faisons nôtre, par conséquent, l’exemple de saint François, témoin de l’authentique pauvreté. Précisément parce qu’il avait les yeux fixés sur le Christ, il a su le reconnaître et le servir dans les pauvres. Si, par conséquent, nous voulons offrir une contribution efficace pour le changement de l’histoire, en promouvant un vrai développement, il est nécessaire d’écouter le cri des pauvres et de nous engager à les faire sortir de leur condition de marginalisation. En même temps, je rappelle aux pauvres qui vivent dans nos villes et dans nos communautés de ne pas perdre le sens de la pauvreté évangélique qu’ils portent imprimé dans leur vie.

5. Nous savons la grande difficulté qui émerge dans le monde contemporain de pouvoir identifier clairement la pauvreté. Cependant, elle nous interpelle chaque jour par ses mille visages marqués par la douleur, par la marginalisation, par l’abus, par la violence, par les tortures et par l’emprisonnement, par la guerre, par la privation de la liberté et de la dignité, par l’ignorance et par l’analphabétisme, par l’urgence sanitaire et par le manque de travail, par les traites et par les esclavages, par l’exil et par la misère, par la migration forcée. La pauvreté a le visage de femmes, d’hommes et d’enfants exploités pour de vils intérêts, piétinés par des logiques perverses du pouvoir et de l’argent. Quelle liste impitoyable et jamais complète se trouve-t-on obligé d’établir face à la pauvreté fruit de l’injustice sociale, de la misère morale, de l’avidité d’une minorité et de l’indifférence généralisée !

De nos jours, malheureusement, tandis qu’émerge toujours davantage la richesse insolente qui s’accumule dans les mains de quelques privilégiés et souvent est accompagnée de l’inégalité et de l’exploitation offensant la dignité humaine, l’expansion de la pauvreté à de grands secteurs de la société dans le monde entier fait scandale. Face à cette situation, on ne peut demeurer inerte et encore moins résigné. À la pauvreté qui inhibe l’esprit d’initiative de nombreux jeunes, en les empêchant de trouver un travail ; à la pauvreté qui anesthésie le sens de responsabilité conduisant à préférer la procuration et la recherche de favoritismes ; à la pauvreté qui empoisonne les puits de la participation et restreint les espaces du professionnalisme en humiliant ainsi le mérite de celui qui travaille et produit ; à tout cela, il faut répondre par une nouvelle vision de la vie et de la société.

Tous ces pauvres – comme aimait le dire le Pape Paul VI – appartiennent à l’Église par « droit évangélique » (Discours d’ouverture de la 2ème session du Concile Œcuménique Vatican II, 29 septembre 1963) et exigent l’option fondamentale pour eux. Bénies, par conséquent, les mains qui s’ouvrent pour accueillir les pauvres et pour les secourir : ce sont des mains qui apportent l’espérance. Bénies, les mains qui surmontent toutes les barrières de culture, de religion et de nationalité en versant l’huile de consolation sur les plaies de l’humanité. Bénies, les mains qui s’ouvrent sans rien demander en échange, sans « si », sans « mais » et sans « peut-être » : ce sont des mains qui font descendre sur les frères la bénédiction de Dieu.

6. Au terme du Jubilé de la Miséricorde, j’ai voulu offrir à l’Église la Journée Mondiale des Pauvres, afin que dans le monde entier les communautés chrétiennes deviennent toujours davantage et mieux signe concret de la charité du Christ pour les derniers et pour ceux qui sont le plus dans le besoin. Aux autres Journées mondiales instituées par mes Prédécesseurs, qui sont désormais une tradition dans la vie de nos communautés, je voudrais que s’ajoute celle-ci, qui apporte à leur ensemble un complément typiquement évangélique, c’est-à-dire la prédilection de Jésus pour les pauvres.

J’invite l’Église tout entière ainsi que les hommes et les femmes de bonne volonté à avoir le regard fixé, en cette journée, sur tous ceux qui tendent les mains en criant au secours et en sollicitant notre solidarité. Ce sont nos frères et sœurs, créés et aimés par l’unique Père céleste. Cette Journée entend stimuler, en premier lieu, les croyants afin qu’ils réagissent à la culture du rebut et du gaspillage, en faisant leur la culture de la rencontre. En même temps, l’invitation est adressée à tous, indépendamment de l’appartenance religieuse, afin qu’ils s’ouvrent au partage avec les pauvres, sous toutes les formes de solidarité, en signe concret de fraternité. Dieu a créé le ciel et la terre pour tous ; ce sont les hommes, malheureusement, qui ont créé les frontières, les murs et les clôtures, en trahissant le don originel destiné à l’humanité sans aucune exclusion.

7. Je souhaite que les communautés chrétiennes, au cours de la semaine qui précède la Journée Mondiale des Pauvres, qui cette année sera le 19 novembre, 33ème dimanche du Temps Ordinaire, œuvrent pour créer de nombreux moments de rencontre et d’amitié, de solidarité et d’aide concrète. Ils pourront, ensuite, inviter les pauvres et les volontaires à participer ensemble à l’Eucharistie de ce dimanche, en sorte que la célébration de la Solennité de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’univers se révèle encore plus authentique, le dimanche suivant. La royauté du Christ, en effet, émerge dans toute sa signification précisément sur le Golgotha, lorsque l’Innocent cloué sur la croix, pauvre, nu et privé de tout, incarne et révèle la plénitude de l’amour de Dieu. Son abandon complet au Père, tandis qu’il exprime sa pauvreté totale, rend évident la puissance de cet Amour, qui le ressuscite à une vie nouvelle le jour de Pâques.

En ce dimanche, si dans notre quartier vivent des pauvres qui cherchent protection et aide, approchons-nous d’eux : ce sera un moment propice pour rencontrer le Dieu que nous cherchons. Selon l’enseignement des Écritures (cf. Gn 18,3-5 ; He 13,2), accueillons-les comme des hôtes privilégiés à notre table ; ils pourront être des maîtres qui nous aident à vivre la foi de manière plus cohérente. Par leur confiance et leur disponibilité à accepter de l’aide, ils nous montrent de manière sobre, et souvent joyeuse, combien il est important de vivre de l’essentiel et de nous abandonner à la providence du Père.

8. À la base des nombreuses initiatives qui peuvent se réaliser lors de cette Journée, qu’il y ait toujours la prière. N’oublions pas que le Notre Père est la prière des pauvres. La demande du pain, en effet, exprime la confiance en Dieu pour les besoins primaires de notre vie. Ce que Jésus nous a enseigné par cette prière exprime et recueille le cri de celui qui souffre de la précarité de l’existence et du manque du nécessaire. Aux disciples qui demandaient à Jésus de leur apprendre à prier, il a répondu par les paroles des pauvres qui s’adressent au Père unique dans lequel tous se reconnaissent comme frères. Le Notre Père est une prière qui s’exprime au pluriel : le pain demandé est « notre », et cela comporte partage, participation et responsabilité commune. Dans cette prière, nous reconnaissons tous l’exigence de surmonter toute forme d’égoïsme pour accéder à la joie de l’accueil réciproque.

9. Je demande aux confrères évêques, aux prêtres, aux diacres – qui par vocation ont la mission du soutien aux pauvres -, aux personnes consacrées, aux associations, aux mouvements et au vaste monde du volontariat d’œuvrer afin que par cette Journée Mondiale des Pauvres s’instaure une tradition qui soit une contribution concrète à l’évangélisation dans le monde contemporain.

Que cette nouvelle Journée Mondiale, par conséquent, devienne un appel fort à notre conscience de croyants pour que nous soyons plus convaincus que partager avec les pauvres nous permet de comprendre l’Évangile dans sa vérité la plus profonde. Les pauvres ne sont un problème : ils sont une ressource où il faut puiser pour accueillir et vivre l’essence de l’Évangile.

Du Vatican, le 13 juin 2017

Mémoire de saint Antoine de Padoue

Franciscus

© Libreria Editrice Vatican - 2017

Commentaire des lectures du dimanche

Chers frères et sœurs, bonjour.

L’Évangile de ce dimanche est la parabole des talents, tirée de saint Matthieu (25, 14-30). Elle raconte l’histoire d’un homme qui, avant de partir en voyage, convoque ses serviteurs et leur confie son patrimoine en talents, des pièces de monnaie anciennes de grande valeur. Ce maître confie cinq talents au premier serviteur, deux au second, un au troisième. Pendant l’absence de leur maître, les trois serviteurs doivent faire fructifier ce patrimoine. Le premier et le second serviteur doublent chacun le capital de départ ; le troisième, au contraire, par peur de tout perdre, enterre le talent reçu dans un trou. Au retour de leur maître, les deux premiers reçoivent louange et récompense, quant au troisième, qui ne restitue que l’argent reçu, il est réprimandé et puni.

La signification de cela est claire. L’homme de la parabole représente Jésus, les serviteurs, c’est nous, et les talents, c’est le patrimoine que le Seigneur nous confie. Quel est ce patrimoine ? Sa Parole, l’Eucharistie, la foi en notre Père céleste, son pardon... en somme, beaucoup de choses, ses biens les plus précieux. Voilà le patrimoine qu’il nous confie. Non seulement à conserver, mais à faire fructifier ! Alors que dans l’usage courant, le terme « talent » indique une qualité individuelle notable — par exemple un talent pour la musique, le sport, etc… —, dans la parabole, les talents représentent les biens que le Seigneur nous confie afin que nous les fassions fructifier. Le trou creusé dans le sol par le « serviteur mauvais et paresseux » (v. 26) indique la peur du risque qui bloque la créativité et la fécondité de l’amour. Parce que la peur des risques de l’amour nous bloque. Jésus ne nous demande pas de conserver sa grâce dans un coffre-fort ! Jésus ne demande pas cela, mais il veut que nous l’utilisions pour le bien des autres. Tous les biens que nous avons reçus, c’est pour les donner aux autres, et ainsi qu’ils fructifient. C’est comme s’il nous disait : « Voici ma miséricorde, ma tendresse, mon pardon : prends-les, et fais-en un large usage ». Et nous, qu’avons-nous fait ? Qui avons-nous « contaminé » par notre foi ? Combien de personnes avons-nous encouragées par notre espérance ? Combien d’amour avons-nous partagé avec notre prochain ? Ce sont des questions qu’il serait bon de nous poser. N’importe quel milieu, même le plus éloigné et inaccessible, peut devenir le lieu où faire fructifier les talents. Il n’y a pas de situations ou de lieux fermés à la présence et au témoignage chrétien. Le témoignage que Jésus nous demande n’est pas fermé, il est ouvert, il dépend de nous.

Cette parabole nous pousse à ne pas cacher notre foi et notre appartenance au Christ, à ne pas enterrer la parole de l’Évangile, mais à la faire circuler dans notre vie, dans les relations, dans les situations concrètes, comme une force qui interpelle, qui purifie, qui renouvelle. De même que le pardon que le Seigneur nous donne spécialement dans le sacrement de la réconciliation : ne le gardons pas enfermé en nous-mêmes, mais laissons-le déployer sa force, qu’il fasse tomber les murs que notre égoïsme a édifiés, qu’il nous fasse faire le premier pas dans les relations bloquées, reprendre le dialogue là où il n’y a plus de communication... Et ainsi de suite. Faire en sorte que ces talents, ces cadeaux, ces dons que le Seigneur nous a donnés, soient pour les autres, croissent, portent du fruit, par notre témoignage.

Je crois que maintenant ce serait un beau geste si chacun de vous prenait l’Évangile, à la maison, l’évangile de saint Matthieu, chapitre 25, versets 14 à 30, Matthieu 25, 14-30, et si vous le lisiez et si vous le méditiez un peu : « Les talents, les richesses, tout ce que Dieu m’a donné de spirituel, de bonté, la Parole de Dieu, que fais-je pour qu’ils grandissent chez les autres ? Ou est-ce que je me contente de les garder dans un coffre-fort ? ».

Et en outre, le Seigneur ne donne pas à tous les mêmes choses ni de la même manière : il nous connaît personnellement et il nous confie ce qui est juste pour nous ; mais en tous, en tous, il y a quelque chose d’égal : la même, immense confiance. Dieu nous fait confiance, Dieu a de l’espoir en nous ! Et il est le même pour tous. Ne le décevons pas ! Ne nous laissons pas tromper par la peur, mais rendons confiance pour confiance ! La Vierge Marie incarne cette attitude de la façon la plus belle et la plus complète. Elle a reçu et accueilli le don le plus sublime, Jésus en personne, et à son tour, elle l’a offert à l’humanité avec un cœur généreux. Demandons-lui de nous aider à être « des serviteurs bons et fidèles » pour participer à « la joie de Notre Seigneur ».

© Libreria Editrice Vatican - 2014