Pko 18.06.2017

Eglise cath papeete 1

Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°34/2017

Dimanche 18 juin 2017 – Solennité du Très Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ – Année A

Avis de recherche !

Les premiers numéros du Semeur Tahitien et du Ve’a Katorika. Initiative de Mgr Athanase Hermel, parurent en août 1909. Le premier directeur qui assura aussi bien la mise en page que l’impression, fut le R.P. Bertrand Houssay, ss.cc.. Pour cela, le vicariat de Papeete s’équipa d’une imprimerie : « Imprimerie Notre Dame du bon conseil ».

Les deux journaux ont traversé le temps de 1909 sans presque discontinuer jusqu’à nos jours, sauf durant une brève période durant la guerre. Ils furent parfois mensuels, parfois bimestriels voir même hebdomadaires.

À ce jour, on déplore quelques lacunes dans nos archives… et surtout une non-accessibilité à leur consultation. Nous avons donc décidé d’essayer d’en reconstituer une collection complète. C’est pourquoi, nous lançons aujourd’hui un appel, à tous ceux qui auraient des exemplaires des Ve’a Katorika ou des Semeurs tahitiens anciens… même en mauvais état :

  1. Semeurs tahitiens… de 1909 à 1983 à l’exception des années 1925 et 1959.
  2. Ve’a katorika de de 1909 à 1929 ; 1931-1933 ; 1954 ; 1957-1959 ; 1962-1969 ; 1971-1973 ; 1977-1978 ; 1981-1985 1996-1999.

Objectif : reconstituer une collection complète, la numériser et la mettre en ligne.

Merci à tous ceux qui entendront cet appel… qui s’en feront l’écho et surtout qui y répondront.

Chronique de la roue qui tourne

Sur tes genoux, tu nous as fait asseoir

« Tu n'as aucun mérite à être mon père, mais je regarde ton amitié comme une haute faveur que tu ne me dois pas et que tu m'accordes généreusement. » Jules Renard

Cette fête des pères est l’occasion idéale de rendre hommage à Dieu. Car, si la vie est une révélation, c’est bien celle de l’Amour de Dieu et de sa volonté indéfectible d’être un père pour nous. Notre naissance n’est pas une volonté humaine, un accident diraient certains. Non, Dieu nous a choisis, spécialement et personnellement, pour devenir père. Oh oui, si nous savions ! Si nous savions l’amour de Dieu pour nous… Si nous savions la patience de Dieu pour nous… Si nous savions la miséricorde de Dieu pour nous…

« Avant que je t'eusse formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu fusses sorti de son sein, je t'avais consacré, je t'avais établi prophète des nations. » (Jr 1,5)

Il nous a placés sur ses genoux avec une si grande fierté. Il a fait de notre futilité la prunelle de Ses yeux. Il a bâti sur notre humanité un espoir. Il a bâti sur nos erreurs Sa miséricorde.

Devant Ses yeux remplis d’amour et assis sur Ses genoux, puissions-nous apprendre à aimer comme Lui. Devant Ses yeux remplis d’amour et assis sur Ses genoux, puissions-nous taire nos calomnies et apprendre à parler comme Lui. Devant Ses yeux remplis d’amour et assis sur Ses genoux, puissions-nous arrêter de juger et comprendre que l’autre est un frère en l’accueillant comme Lui. Devant Ses yeux remplis d’amour et assis sur Ses genoux, puissions-nous oublier notre orgueil, notre vanité et réussir à Lui ressembler, que nous soyons comme Lui. Forts de notre liberté d’enfants, puissions-nous Le choisir, à notre tour, comme père et modèle ! Forts de notre liberté d’enfants, puissions-nous toujours à devenir meilleurs… non pas dans l’idée de mériter cet amour… mais parce que c’est la seule réponse possible de notre cœur d’enfant à Son cœur de père !

La chaise masquée

© Nathalie SH – P.K.0 – 2017

De l’Ascension au Saint Sacrement

En marge de l’actualité du mercredi 14 juin 2017

La fête du Saint-Sacrement que nous célébrons ce dimanche continue de faire résonner le mystère de Pâques dans nos célébrations liturgiques. Le pain eucharistique que nous mangeons et contemplons réalise la promesse de la dernière Cène : « Faites ceci en mémoire de moi », et perpétue la présence réelle du Christ – Emmanuel, Dieu-avec-nous – dans le monde.

En lisant saint Jean, la perspective de l’ascension définitive du Christ auprès de son Père a engendré de profondes inquiétudes parmi les disciples. C’est pourquoi le don de l’Esprit a un caractère si essentiel : c’est par Lui que l’absence visible du Christ est comblée par une présence réelle grâce à la proclamation de la Parole et la célébration des sacrements.

De fait, lorsque le célébrant invoque l’Esprit Saint dans la célébration des sacrements, en particulier dans l’eucharistie, les espèces du pain et du vin « deviennent pour nous le Corps et le Sang de Jésus Christ notre Seigneur ». En ceux-ci, le Christ se donne à nouveau à chacun : « Sa chair nourrit, son sang abreuve, mais le Christ tout entier demeure sous chacune des espèces », proclame la séquence de la messe du Saint-Sacrement.

La puissance du « faites ceci en mémoire de moi » ne réside pas cependant dans la répétition d’un rite. Aussi pieux que nous puissions être, Jésus Christ n’a pas voulu être adoré mais écouté et accueilli réellement. Ce qu’il s’agit de reproduire dans nos existences est le don que le Christ a fait de lui-même sur la Croix par amour pour l’humanité.

Et s’il est vrai que nous n’avons pas forcément à passer par les épreuves sanglantes de la passion à l’instar du Christ, il reste que le choix de vivre comme lui conduit à la mise en croix de nos égoïsmes, nos violences, nos ambitions désordonnées.

Si l’Eucharistie est « action de grâce », c’est précisément parce que nos propres vies, aussi imparfaites soient-elles, peuvent manifester la vie même du Christ : « Chrétiens, deviens ce que tu contemples, contemple ce que tu reçois, reçois ce que tu es : le Corps du Christ » (cf. saint Augustin) !

+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete - 2017

La Parole aux sans paroles 79

Portrait d’une sœur de la nuit - Jess

Jess est toute frêle, elle semble si fragile, difficile de croire qu’elle se prostitue depuis 5 ans ! Vendre son corps et ainsi avoir assez d’argent pour le changer, c’est la triste histoire de Jess.

D’où viens-tu ? Où as-tu grandi ?

« Je viens de la Presqu’île, de Taravao. J’ai grandi là-bas avec mes parents et mes 5 frères et sœurs. »

Raconte-nous ton enfance.

« Ça va, tout était bien ! Je préfère même mon enfance à maintenant ! »

Vers quel âge tu t’es sentie femme ?

« J’ai su ça très tôt, vers 4, 5 ans. »

Comment ça s’est passé avec tes parents ?

« Ben, pour leur faire comprendre, je me suis habillée en femme. (Rires) »

Vers quel âge alors ?

« Très tard, à 16 ans. »

Et à l’école ?

« Bof, je me souviens juste que j’étais dans l’internat des garçons ! (Rires) Je suis allée jusqu’en Terminales. J’ai fait une Terminale Gestion mais je ne suis pas allée au BAC. »

Pourquoi ?

« Je ne voulais pas. J’avais autre chose dans la tête. »

Avec ce parcours scolaire, comment es-tu arrivée à la prostitution ?

« Parce que je voudrais m’opérer, il faut beaucoup d’argent. »

Et quand tu auras assez d’argent, quelle sera ta première opération ?

« Mon visage, je n’aime pas mon visage. J’ai envie de refaire mon nez, je n’aime pas. Et après, le bas. »

À quel âge tu as commencé ?

« 18 ans. Et maintenant j’ai 23 ans. »

Le plus dur ?

« Les clients pas très honnêtes.

Comment on apprend le métier ?

« Dès qu’on voit une ra’era’e, on parle de ça.

Et, entre nous, si un client arrive et il est moche, pas du tout attirant, ni charmant, rien. Que fais-tu ?

« Je prends s’il paie bien ! (Rires) »

Tu fais ça tous les soirs ?

« Non, je viens quand j’ai envie. »

Tes clients sont plutôt des occasionnels ou des réguliers ?

« Plutôt des habitués ! »

Peut-on garder un bon souvenir de certains clients ?

« Ah oui ! Il y en a qui sont très gentils. »

Tu n’as jamais eu de problèmes ?

« Il y a toujours un danger ! On m’a déjà séquestrée dans une voiture. On était à Puurai. J’ai pu m’échapper et heureusement je cours vite. Je suis revenue à pied. Ça va, j’ai l’habitude de marcher sur une longue distance ! »

Tes parents savent où tu es ?

« Oui, j’habite avec eux mais on dirait qu’ils ferment leurs yeux ! Bon, ils ne peuvent plus aussi trop rien dire ! Ils savent que ce n’est plus la peine de me dire quelque chose, je ne vais pas écouter. Et s’ils me foutent dehors, ce n’est pas grave ! »

On dirait que c’est difficile avec eux.

« Oui ! Surtout avec mon papa, il n’accepte pas. Mais il me laisse tranquille. En fait, j’ai une sœur ra’era’e aussi. C’est ma grande sœur ! »

Et si tu trouves un vrai travail, tu vas arrêter la prostitution ?

« Bien sûr ! Ce n’est pas bien de se prostituer. On se sent sale. Et puis, ce n’est pas facile de veiller toute la nuit comme ça. »

Et, comment tu vois ta vie dans 20 ans ?

« Je ne sais pas, j’espère juste que ça va changer ! »

© Accueil Te Vai-ete - 2017

Audience générale du mercredi 14 juin 2017

Dieu nous aime d’un amour filial et inconditionnel

Lors de l’audience générale de ce matin, tenue Place Saint-Pierre sous une très forte chaleur qui a contraint les personnes les plus fragiles à trouver abri en salle Paul VI, le Pape a poursuivi sa série d’enseignement sur l’espérance en s’arrêtant cette fois sur la parabole de l’Enfant prodigue, racontée dans le 15e chapitre de l’Évangile selon saint Luc.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui nous faisons cette audience sur deux lieux, mais reliés par les écrans géants : les malades, pour qu’ils ne souffrent pas trop de la chaleur, sont dans la salle Paul VI, et nous ici. Mais nous restons tous ensemble et l’Esprit-Saint, qui est celui qui fait toujours l’unité, nous connecte. Saluons ceux qui sont dans la Salle [Paul VI] !

Aucun de nous ne peut vivre sans amour. Et croire que l’amour doit être mérité est un mauvais esclavage dans lequel nous pouvons tomber. Une bonne partie de l’angoisse de l’homme contemporain dérive peut-être de cela : croire que si nous ne sommes pas forts, séduisants et beaux, personne ne s’occupera de nous. C’est la voie de la méritocratie. De nombreuses personnes aujourd’hui cherchent une visibilité uniquement pour combler un vide intérieur : comme si nous avions éternellement besoin de confirmation. Vous imaginez un monde où tout le monde mendie des raisons de susciter l’attention d’autrui, mais où personne n’est disposé à aimer gratuitement une autre personne ? Imaginez un monde comme ça, un monde sans la gratuité de l’amour. Cela semble un monde humain, mais en réalité c’est un enfer. Tant de narcissismes de l’homme naissent d’un sentiment de solitude. Et d’un sentiment d’être orphelin. Derrière de nombreux comportements apparemment inexplicables se cache une question : est-il possible que je ne mérite pas d’être appelé par mon nom ? C’est-à-dire d’être aimé, car l’amour appelle toujours par le nom. Quand un adolescent n’est pas aimé ou ne se sent pas aimé, de la violence peut naître.

De nombreuses formes de haine sociale et de vandalisme dissimulent souvent un cœur qui n’a pas été reconnu. Il n’existe pas de mauvais enfants, comme il n’existe pas d’adolescents complètement méchants, mais il existe des personnes malheureuses. Et qu’est-ce qui peut nous rendre heureux si non l’expérience de l’amour donné et reçu ? La vie de l’être humain est un échange de regards : quelqu’un qui en nous regardant nous arrache le premier sourire et nous qui sourions gratuitement à celui qui est enfermé dans la tristesse, et ainsi nous lui ouvrons une porte de sortie. Un échange de regards : regarder dans les yeux et les portes du cœur s’ouvrent.

Le premier pas que Dieu accomplit vers nous est celui d’un amour donné à l’avance et inconditionnel. Dieu aime en premier. Dieu ne nous aime pas parce qu’il y a en nous quelque raison qui suscite l’amour. Dieu nous aime parce qu’il est amour, et l’amour tend par nature à se répandre, à se donner. Dieu ne lie même pas sa bienveillance à notre conversion : celle-ci tout au plus est une conséquence de l’amour de Dieu. Saint Paul le dit de façon parfaite : « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs » (Rm 5,8).

Alors que nous étions encore pécheurs. Un amour inconditionnel. Nous étions « éloignés », comme le fils prodigue de la parabole : « Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion… » (Lc 15,20). Par amour notre Dieu a réalisé un exode de Lui-même, pour venir nous trouver sur cette lande où son passage était insensé. Dieu nous a aimés même lorsque nous nous étions trompés.

Qui de nous aime de cette manière, sinon un père ou une mère ? Une maman continue à aimer son enfant, même quand cet enfant est en prison. Je me souviens de nombreuses mamans, qui faisaient la queue pour entrer en prison, dans mon diocèse précédent. Et elles n’avaient pas honte. Leur enfant était en prison mais c’était leur enfant. Et elles subissaient beaucoup d’humiliations dans les perquisitions, avant d’entrer, mais : « C’est mon enfant ! - Mais, madame, votre enfant est un délinquant – C’est mon enfant ! ». Seul cet amour de mère et de père nous fait comprendre comment est l’amour de Dieu. Une mère ne demande pas l’annulation de la justice humaine, parce que toute faute exige une rédemption, mais une mère ne cesse jamais de souffrir pour son enfant. Elle l’aime même quand il est pécheur. Dieu fait la même chose avec nous, nous sommes ses enfants bien-aimés ! Mais est-il possible que Dieu n’aime pas certains de ses enfants ? Non. Nous sommes tous les enfants bien-aimés de Dieu. Il n’y a aucune malédiction sur notre vie, mais seulement une parole bienveillante de Dieu, qui a tiré notre existence du rien. La vérité de tout est cette relation d’amour qui lie le Père au Fils par l’Esprit Saint, relation dans laquelle nous sommes accueillis par grâce. En Lui, en Jésus-Christ, nous avons été voulus, aimés, désirés. Quelqu’un a imprimé en nous une beauté primordiale, qu’aucun péché, aucun mauvais choix ne pourra jamais effacer totalement. Nous sommes toujours, aux yeux de Dieu, de petites fontaines faites pour laisser jaillir de la bonne eau. Jésus le dit à la samaritaine : « L’eau que je [te] donnerai deviendra en [toi] une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle » (Jn 4,14).

Quel est le médicament pour changer le cœur d’une personne malheureuse ? Quel est le médicament pour changer le cœur d’une personne qui n’est pas heureuse ? [La foule répond : l’amour] Plus fort ! [Ils crient : l’amour !] Bravo ! Bravo, bravo à tous ! Et comment faire sentir à la personne qu’on l’aime ? Il faut d’abord l’embrasser. Lui faire sentir qu’elle est désirée, qu’elle est importante, alors elle cessera d’être triste. L’amour appelle l’amour, plus fortement que la haine n’appelle la mort. Jésus n’est pas mort et ressuscité pour lui-même, mais pour nous, pour que nos péchés soient pardonnés. C’est donc le temps de la résurrection pour tous : le temps de relever les pauvres du découragement, surtout ceux qui gisent au sépulcre depuis bien plus longtemps que trois jours. Que souffle ici sur nos visages un vent de libération. Que germe ici le don de l’espérance. Et l’espérance est celle de Dieu Père qui nous aime comme nous sommes : il nous aime toujours et tous. Merci !

© Libreria Editrice Vaticana - 2017

Présentation du message du Pape pour la 1ère Journée mondiale des pauvres le 19 novembre 2017

Le souci des pauvres, critère d’authenticité de l’Église

Le « critère clé d’authenticité » de l’Église réside dans le fait qu’on n’oublie pas les pauvres, a affirmé Mgr José Octavio Ruiz Arenas, secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, en présentant le message du pape François pour la « Journée mondiale des pauvres », le 13 juin 2017.

Depuis le commencement, l’Église s’est préoccupée des pauvres ou plutôt, dans les premiers siècles, son engagement dans l’aide et le partage a été un signe lumineux d’authenticité. L’admiration pour son amour, pour son intérêt sincère et son secours des pauvres a fait en sorte qu’un grand nombre de personnes ont adhéré à la foi chrétienne. Le critère clé d’authenticité résidait dans le fait qu’on n’oubliait pas les pauvres (cf. Ga 2,10).

Si l’on regarde l’histoire de l’Église, on trouve d’innombrables expressions de cet amour et de l’aide aux pauvres. Nombreuses sont les institutions d’assistance dans le domaine de la santé, de l’éducation, de la protection des personnes seules et abandonnées, qui sont le fruit de la générosité de bien des croyants. Nous ne pouvons pas oublier que Jésus, le Fils de Dieu, s’est fait homme et a vécu dans la pauvreté. Ses paroles et ses gestes étaient l’expression de sa prédilection pour les pauvres et c’est pourquoi, quand l’Église accueille et aide les personnes démunies, elle le fait parce qu’elle reconnaît en elles l’image et la présence du Christ.

Les derniers papes, en particulier saint Jean-Paul II et Benoît XVI, ont redit l’importance d’une option préférentielle pour les pauvres et leurs écrits magistériels sont une invitation permanente pour toute l’Église, pour qu’elle réponde avec dévouement et générosité, en aidant la société afin que ne soit niés à personne les biens nécessaires pour une vie digne.

Le pape François estime que, pour l’Église, l’option pour les pauvres est une catégorie théologique avant d’être culturelle, sociologique, politique ou philosophique et il considère cette option comme une forme particulière de primauté dans l’exercice de la charité chrétienne, à laquelle toute la tradition de l’Église rend témoignage. Pour cette raison, il insiste beaucoup sur l’urgence d’une inclusion sociale des pauvres et il a consacré une attention particulière à cet aspect dans l’exhortation apostolique Evangelii gaudium. Tous les chrétiens et toutes les communautés, dit le pape François, sont appelés à être des instruments de Dieu pour la libération et la promotion des pauvres, de sorte que ceux-ci puissent pleinement s’intégrer dans la société ; cela suppose l’engagement de tous à être dociles et attentifs pour écouter le cri du pauvre et le secourir.

En instituant la Journée mondiale des pauvres, le pape veut que tous les chrétiens prennent conscience de la nécessité de trouver et de toucher le Christ dans la chair des pauvres. Il s’agit donc d’une journée de sensibilisation à l’exigence de premier ordre qui vient du Christ lui-même. Le pape nous rappelle que, sans l’option préférentielle pour les plus pauvres, « l’annonce de l’Évangile, qui est la première forme de charité, risque d’être incomprise et de se noyer dans cette mer de paroles à laquelle la société de consommation actuelle nous expose quotidiennement ». C’est pourquoi le pape François est cohérent avec ce qu’il prêche et vit et il nous exhorte pour que personne ne puisse se sentir exonéré de la préoccupation pour les pauvres et pour la justice sociale.

© Libreria Editrice Vaticana - 2017

Le charisme dominicain et le numérique

« Goodmark »

Le projet d’un « incubateur » ou « accélérateur » pour start-ups « éthiques », Goodmakr, du réseau Optic des dominicains, a été présenté au siège de la Conférence des évêques de France (CEF) à Paris (France), lundi 12 juin 2017, lors d’une rencontre sur l’Église et le numérique. Le Fr Eric Salobir, promoteur général pour les communications sociales de l’Ordre des prêcheurs, qui a été nommé par le pape consulteur du Secrétariat pour la communication, le 12 avril 2017, vous en dit davantage.

Zenit – Fr Eric Salobir, quelle est votre mission ?

Fr Eric Salobir OP – Je suis dominicain, je suis membre de la Curie de l’Ordre, et je suis en charge de tout ce qui est technologie et communications et à ce titre je suis le président d’Optic qui est un réseau dédié à l’étude et à la promotion des technologies.

Zenit – Vous venez de présenter un projet à la Maison des évêques de France…

Fr Eric Salobir OP – Nous travaillons beaucoup avec la Conférence des évêques de France. Nous avons collaboré avec eux à la rédaction d’un document sur l’Église et les réseaux. Et, en dehors de nos activités de recherche, nous avons aussi une action de promotion, de soutien de l’innovation. Cette activité nous a conduits à créer un « incubateur de projets » de projets numériques, de projets innovants qui s’appelle « Goodmakr ».

Zenit – À qui s’adresse Goodmakr ?

Fr Eric Salobir OP – Goodmakr a pour ambition d’accompagner l’innovation pour le bien commun, en constituant un environnement favorable au développement de projets éthiques, qui accompagne les créateurs dans leurs convictions, avec réalisme et engagement.

Au sein de Goodmakr, se côtoieront des équipes travaillant sur des projets d’Église, sur des initiatives de type civic tech, dédiées à une amélioration de la société, mais aussi dans des start-ups investies dans d’autres secteurs d’activité, et qui souhaitent placer l’éthique au cœur de leur développement. Participant aux mêmes séminaires, hackathons ou master classes, ces différents acteurs pourront s’inspirer les uns des autres, pour que les projets associatifs soient aussi professionnels et que les entreprises apprennent à tirer leur profitabilité et leur pérennité de leur modèle de développement éthique.

Goodmakr est la première référence existante en matière de développement de nouveaux modèles d’affaires « éthiques by design », à la fois rentables et soucieux du bien commun.

Un premier appel à candidatures start-ups aura lieu à l’automne 2017.

Zenit – Il y a une option pour l’éthique possible au sein des réseaux sociaux ?

Fr Eric Salobir OP – Il y a une option pour l’éthique au sein des réseaux sociaux et il y a une option pour le bien commun qu’un certain nombre de projets de start-ups, d’entreprises ou d’associations ont et que nous allons aider à développer.

Zenit – Vous avez déjà une cible ?

Fr Eric Salobir OP – Nous savons déjà à peu près quels sont les porteurs de projets qui sont venus nous voir, après nous les développerons au fur et à mesure. Nous avons organisé des hackathons : des concours de « hackers », en fait des concours de projets numériques, de projets innovants, mais en l’occurrence c’était au service de l’Église. Nous en avons organisé à San Francisco, à Paris… À Paris, les vainqueurs étaient les porteurs d’une application pour aider à prier, pour prier avec son téléphone : le téléphone vous aide ! Et donc on « incube » un projet c’est-à-dire qu’on l’accompagne pas à pas dans son marketing, sa finance, son éditorial, son aspect ecclésial. On les aide à se développer, on les aide à structurer leur projet.

Zenit – Comment se passe un hackathon?

Fr Eric Salobir OP – Un hackathon se passe dans un lieu précis : à Paris c’était rue du Faubourg Saint-Honoré (au couvent de dominicains, ndlr). Le prochain sera à Los Angeles et le suivant sera annoncé plus tard.

Zenit – C’est un instrument au service d’une grande créativité ?

Fr Eric Salobir OP – C’est un instrument, le hackathon, au service d’une rencontre entre la créativité des jeunes venus parfois des périphéries, de loin, et puis les questions que se pose l’Église y compris dans son institution.

Zenit – Comment se tenir au courant de ces événements ?

Fr Eric Salobir OP – Nous avons un site optictechnology.org qui concerne Optic, la recherche et l’innovation. Et puis nous avons goodmakr.org : c’est un site dédié à notre incubateur, sur lequel on retrouve toutes les informations.

Zenit – Frère Salobir, vous êtes dominicain : cela fait partie de la vocation dominicaine ?

Fr Eric Salobir OP – La vocation dominicaine a toujours été en lien avec la Parole de Dieu, donc aujourd’hui aussi avec les media, avec la radio, la télévision – le Jour du Seigneur par exemple –. Et puis la relation à la science, à la technologie, depuis saint Albert le Grand, depuis saint Thomas d’Aquin, a toujours été importante pour nous. Et donc effectivement, le fait de travailler sur les media numériques et les technologies c’est quelque chose d’assez naturel pour nous.

Zenit – Vous êtes parisien mais vous êtes romain aussi…

Fr Eric Salobir OP – Alors, mon bureau principal est à Rome, mais je suis assez souvent à Paris et j’essaye de travailler le plus possible en lien avec l’Église qui est en France.

À Rome nous avons la curie généralice de l’Ordre, à Sainte-Sabine, et cette curie généralice adresse toutes les questions du gouvernement de l’Ordre et elle fait la promotion d’un certain nombre de choses. Je suis en charge de la promotion de l’usage des media et des technologies pour la mission, pour le service de la mission, pour annoncer l’Évangile.

Zenit – Et vous travaillez avec le nouveau Secrétariat pour la communication dont vous êtes consulteur…

Fr Eric Salobir OP – Nous sommes en lien étroit avec Mgr Dario Vigano et le Secrétariat pour la communication, et c’est avec ce Secrétariat et les autres dicastères que nous allons essayer de discerner quelles sont les attentes de l’Église.

Zenit – Les dominicains viennent de célébrer leurs 800 ans…

Fr Eric Salobir OP – Pendant une année nous avons fêté dans le monde entier les 800 ans de l’Ordre dominicain : il y a eu des célébrations, des colloques, des vidéos, beaucoup de choses se sont faites. Le Saint-Père a célébré avec nous, le Saint-Père a twitté pour nous… Mais la question c’est que 800 ans ce n’est pas un point d’arrivée, 800 ans c’est aussi un point de départ. Et pendant ce jubilé nous avons eu un grand colloque pour essayer de préparer ce que seraient, j’oserais dire, les 800 ans à venir. Et donc quels sont les défis pour la pastorale, quels sont les défis pour la mission, pour la prédication. Et c’est cela que l’on a travaillé autour du Maître de l’Ordre, le Fr Bruno Cadoré, pour l’aider à définir un peu les grandes orientations de notre Ordre. Et parmi ces orientations, affronter, ou confronter ou rencontrer, dialoguer avec le monde numérique et c’est l’un des points clefs.

© Zenit - 2017

Commentaire des lectures du dimanche

« Yahvé ton Dieu... t’a donné à manger la manne que ni toi ni tes pères n’aviez connue » (Dt 8, 2).

Ces paroles du Deutéronome font référence à l’histoire d’Israël, que Dieu a fait sortir d’Egypte, de la condition d’esclavage, et qu’il a guidé pendant quarante ans dans le désert vers la terre promise. Une fois établi sur cette terre, le peuple élu atteint une certaine autonomie, un certain bien-être, et court le risque d’oublier les tristes épisodes du passé, surmontés grâce à l’intervention de Dieu et à son infinie bonté. Alors, les Ecritures exhortent à rappeler, à faire mémoire de tout le chemin parcouru dans le désert, à l’époque de la famine et des difficultés. L’invitation est celle de revenir à l’essentiel, à l’expérience de la dépendance totale de Dieu, lorsque la survie était entre ses mains, afin que l’homme comprenne qu’il « ne vit pas seulement de pain, mais... de tout ce qui sort de la bouche de Yahvé » (Dt 8, 3).

Outre la faim physique, l’homme porte en lui une autre faim, une faim qui ne peut être rassasiée par de la nourriture ordinaire. C’est la faim de vie, la faim d’amour, la faim d’éternité. Et le signe de la manne — comme toute l’expérience de l’exode — contenait en lui également cette dimension : c’était l’image d’une nourriture qui satisfait cette faim profonde qu’il y a chez l’homme. Jésus nous donne cette nourriture, plus encore, Il est lui-même le pain vivant qui donne la vie au monde (cf. Jn 6, 51). Son Corps est la véritable nourriture sous les espèces du pain ; son Sang est la véritable boisson sous les espèces du vin. Ce n’est pas un simple aliment avec lequel rassasier nos corps, comme la manne : le Corps du Christ est le pain des derniers temps, capable de donner la vie, et la vie éternelle, parce que la substance de ce pain est l’Amour.

Dans l’Eucharistie, se communique l’amour du Seigneur pour nous : un amour si grand qu’il se donne Lui-même en nourriture pour nous ; un amour gratuit, toujours à disposition de toute personne qui a faim et qui a besoin de retrouver ses forces. Vivre l’expérience de la foi signifie se laisser nourrir par le Seigneur et construire son existence non pas sur les biens matériels, mais sur la réalité qui ne périt pas : les dons de Dieu, sa Parole et son Corps.

Si nous regardons autour de nous, nous nous apercevons qu’il existe tant d’offres de nourriture qui ne viennent pas du Seigneur et qui apparemment satisfont davantage. Certains se nourrissent d’argent, d’autres de succès et de vanité, d’autres de pouvoir et d’orgueil. Mais la nourriture qui nous nourrit vraiment et qui nous rassasie est uniquement celle que nous donne le Seigneur ! La nourriture que nous offre le Seigneur est différente des autres, et peut-être ne nous semble-t-elle pas aussi savoureuse que certains plats que nous offre le monde. Alors nous rêvons d’autres repas, comme les juifs dans le désert, qui regrettaient la viande et les oignons qu’ils mangeaient en Egypte, mais qui oubliaient qu’ils mangeaient ces repas à la table de l’esclavage. Ces derniers, dans ces moments de tentation, avaient de la mémoire, mais une mémoire malade, une mémoire sélective. Une mémoire esclave et non libre.

Chacun de nous, aujourd’hui, peut se demander : et moi ? Où est-ce que je veux manger ? À quelle table est-ce que je veux me nourrir ? À la table du Seigneur ? Ou bien est-ce que je rêve de manger des nourritures savoureuses, mais dans l’esclavage ? En outre, chacun de nous peut se demander : quelle est ma mémoire? Celle du Seigneur qui me sauve, ou celle de l’ail et des oignons de l’esclavage ? Avec quelle mémoire est-ce que je rassasie mon âme ?

Le Père nous dit : « Je t’ai nourri de la manne que tu ne connaissais pas ». Retrouvons la mémoire. Telle est notre tâche, retrouver la mémoire. Et apprenons à reconnaître le faux pain qui trompe et qui corrompt, car fruit de l’égoïsme, de l’autosuffisance et du péché.

D’ici peu, lors de la procession, nous suivrons Jésus réellement présent dans l’Eucharistie. L’Hostie est notre manne, à travers laquelle le Seigneur se donne lui-même à nous. Nous nous adressons à Lui avec confiance : Jésus, défends-nous des tentations de la nourriture mondaine qui nous rend esclaves, une nourriture empoisonnée; purifie notre mémoire, afin qu’elle ne reste pas prisonnière de la sélectivité égoïste et mondaine, mais qu’elle soit la mémoire vivante de ta présence au cours de l’histoire de ton peuple, une mémoire qui se fait « mémorial » de ton geste d’amour rédempteur. Amen.

© Libreria Editrice Vaticana - 2014