Pko 16.07.2017

Eglise cath papeete 1Bulletin gratuit de liaison de la communauté de la Cathédrale de Papeete n°40/2017

Dimanche 16 juillet 2017 – 15ème Dimanche du Temps ordinaire – Année A

Humeurs…

« Un SDF s’accuse de vols pour aller dîner à Nuutania »

« Un SDF s’accuse de vols pour aller dîner à Nuutania », c’est le titre d’un article de presse que nous avons pu lire cette semaine.

Au premier abord c’est le sourire, voir le rire qui nous vient… après ce sont les commentaires : « Ils sont trop bien là-bas ! Nourris, logés… », « Ils ont la trop belle vie là-bas !!! », « Des feignasses ! »… et nous tairons les remarques les plus déplacées !

Seulement, tellement enfermé dans nos préjugés, à moins que ce ne soit pour étouffer les questionnements fondamentaux que notre conscience pourrait faire remonter à la surface et ainsi nous indisposer dans notre petit confort de bien-pensant et de « bon citoyen »… nous n’entendons pas le cri de ce jeune SDF et de tant d’autres : « Y en a marre de traîner dans la rue ! »

C’est un vrai cri ! Contrairement aux idées préconçues d’une société engluée dans son égoïsme, ces jeunes ne sont pas plus fainéants que la moyenne… c’est nous qui n’avons rien à leur proposer ! Une société qui n’a pas de solution pour les 20% de chômeurs… avec une caste, dont je fais partie malheureusement, qui vit dans un confort qu’elle n’est pas prête de remettre en question par un vrai partage des biens !!!

On est tellement enferré dans notre confort que même « En marge de l’actualité » de cette semaine en arrive à dire : « Beaucoup de nos enfants, sans doute pas la majorité, ont la chance de pouvoir voyager : dans nos îles pour retrouver de la famille, pour suivre une colonie, à l’étranger pour les plus chanceux »… comme si aller à l’étranger, fuir notre Fenua était une chance!!! justement passons nos vacances ici pour donner du travail aux autres !!!

Ce jeune SDF nous interpelle au plus profond de nous-même… « J’existe ! Regarde-moi ! je suis ton frère ! » Y-aura-t-il un écho dans nos cœurs ? dans le cœur de notre société ?

Nous sommes à la recherche d’un local pour l’Accueil Te Vai-ete… nous avions trouvé un lieu « idéal » (je n’exagère pas !) quant à sa situation géographique… nous ne demandions que la mise à disposition de ce lieu… les intérêts économiques sont prioritaires !!! Et puis l’intérêt est moindre… nous ne demandions pas d’argent, pas de subvention !!!

Ne passons pas à côté de l’essentiel… l’homme ! La seule valeur trans-générationnelle… trans-sociétale… trans-culturelle… et tous les autres trans- c’est la dignité de l’homme !

La grandeur d’une société se mesure au regard qu’elle a sur la dignité de la personne comme valeur fondamentale et inaliénable… C’est le cri de ce jeune SDF : « Y en a marre de traîner dans la rue ! »

Porter du fruit pendant les vacances ?

En marge de l’actualité du jeudi 13 juillet 2017

Les grandes vacances sont maintenant bien installées. Les écoliers profitent des beaux jours. Sur l’île de Tahiti, le Ciel est plutôt bon avec nous. Malgré un peu de chaleur en journée, les soirées sont fraîches et agréables. Des bruits de gorges enrouées accusent toutefois des nuits froides. Le Mara’amu fait son œuvre…

Que faire de ses vacances ? Grosse question, elle revient chaque année, sempiternel casse-tête pour les parents. Des premiers jours remplis par la télévision, par les petits travaux de la maison, par un peu de mer ou de rivière, peut-être par quelques révisions scolaires… mais assez vite, avouons-le, le tour est fait !

Beaucoup de nos enfants, sans doute pas la majorité, ont la chance de pouvoir voyager : dans nos îles pour retrouver de la famille, pour suivre une colonie, à l’étranger pour les plus chanceux, en famille ou dans des familles d’accueil pour apprendre une langue étrangère.

Les vacances riment en tout cas avec loisirs, détente, farniente, retrouvailles entre amis… jours regrettés quand sonnera le retour en classe. En fait, les vacances sont bonnes à condition qu’elles soient idéalement remplies, sinon c’est l’ennui, l’oisiveté, les bêtises loin du regard des parents.

Et pourquoi pas envisager de mener quelques activités spirituelles ? Notre diocèse vit au rythme des écoles de la foi et, dans les jours qui viennent, elles vivront chacune leur temps de retraite spirituelle. Des groupes de jeunes profitent des vacances pour se retrouver dans leur paroisse, pour vivre des temps de prières, animer des messes, faire des sorties…

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus propose une réflexion sur notre capacité à porter des fruits spirituels (Mt 13,1-23). Les parents pourraient s’y arrêter au regard de ce qu’ils pourraient prévoir pour leurs enfants.

Jésus sème des paroles dans les cœurs comme le semeur fait avec les graines. Elles peuvent tomber dans des pierres et des ronces et avoir peu de chances de germer. Elles peuvent aussi tomber dans de la bonne terre et donner du fruit.

Bonnes vacances à tous !

+ Mgr Jean Pierre COTTANCEAU

© Archidiocèse de Papeete - 2017

La Parole aux sans paroles 83

Portrait d’un frère de la rue - Maui

« Quelque part, ils ont peut-être bien fait de me mettre à la rue. C’est pour me faire comprendre que la vie n’est pas toujours rose. Eux, ils savent ce que c’est que de surmonter une épreuve et ils ont voulu me montrer. Que je voie la vraie vie. Je ne leur en veux pas, au contraire j’aime mes parents… même s’ils m’ont mis à la rue. Ils ont bien fait ! C’est pour me faire réfléchir ! » Aujourd’hui SDF, Maui se construit doucement et semble s’être enfin trouvé.

D’où viens-tu ?

« Je viens de Faaa, j’ai grandi avec mes parents. J’ai 5 frères et 3 sœurs, c’est une grande famille. »

Et que s’est-il passé ? Pourquoi es-tu dans la rue aujourd’hui ?

« Mes parents m’ont mis dehors… comme je faisais n’importe quoi. Maintenant, ils ne veulent plus de moi. Je suis comme abandonné. Alors je suis dans la rue depuis 2 ans. »

Ils savent que tu vis dans la rue ?

« Oui, ils le savent ! Ils sont venus me voir pour que je rentre à la maison. J’ai refusé. Ils m’ont mis à la rue, moi aujourd’hui j’assume. Et je me sens bien dans la rue. Aujourd’hui, j’ai des amis. »

Est-ce que tu leur en veux de t’avoir chassé ?

« Non et, quelque part, ils ont peut-être bien fait de me mettre à la rue. C’est pour me faire comprendre que la vie n’est pas toujours rose. Eux, ils savent ce que c’est que de surmonter une épreuve et ils ont voulu me montrer. Que je voie la vraie vie. Je ne leur en veux pas, au contraire j’aime mes parents… même s’ils m’ont mis à la rue. Ils ont bien fait ! C’est pour me faire réfléchir ! »

Ce n’est pas trop dur de vivre dans la rue ?

« Si, disons que c’est compliqué ! Que veux-tu, je fais avec ! Je fais confiance au Seigneur. Et je me fais confiance aussi. Et puis, voilà. »

Comment tu te débrouilles ?

« Je connais quelques patrons de jardinage. S’ils ont besoin d’un gars, ils m’appellent. Je travaille la journée quoi. Heureusement que j’ai ces petits boulots de jardinier. »

Et tu voudrais un « vrai » travail ?

« Oui, quoiqu’en ce moment, ça va. Je ne sais pas si je peux le dire mais j’ai demandé un CAE. Là, j’ai déposé mon dossier à l’Equipement. J’attends que mon dossier soit appuyé. Si ça passe à la commission, j’aurais enfin un travail ! Je vais travailler à « inter-route », le soir. »

Comment vois-tu ta vie dans 20 ans ?

« Ah, j’espère fonder une famille, avoir une maison bien sûr, avoir un bon travail et un CDI et partager un maximum mon expérience de la rue. »

Un dernier message ?

« Je veux dire à mes frères et sœurs de la rue : soyez courageux ! Tenez bon ! Et, faites comme moi, j’ai cherché un travail et j’ai trouvé ! Je veux aussi les remercier d’être avec moi ! Je les aime, ils sont toujours dans mon cœur. Merci aussi au Père Christophe de nous aider ! Je l’ai connu grâce aux frères de la rue, il m’a beaucoup aidé pour mes papiers. C’est lui qui m’a proposé de venir boire mon café ici. Et enfin, il faut avoir confiance en Dieu. »

© Accueil Te Vai-ete - 2017

Le droit de l’enfant à être accueilli

Réflexion de Mgr Lebrun, archevêque de Rouen – 5 juillet 2017

Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, réagit au récent avis du Comité consultatif national d’éthique sur l’assistance médicale à la procréation (AMP), l’avis n°126 du 15 juillet 2017 sur les demandes sociétales de recours à l’assistance médicale à la procréation, dont il souligne qu’il est contraire à l’avis n°90 du 24 novembre 2005, intitulé : « Accès aux origines, anonymat et secret de la filiation ». Il s’adresse aux catholiques du diocèse de Rouen. Il leur rappelle que devant Dieu, il n’y a pas un droit absolu à l’enfant mais le droit de l’enfant à être accueilli inconditionnellement depuis sa conception. S’appuyant sur l’argumentaire du comité d’éthique qui prend acte des « disjonctions » dans la venue au monde d’un enfant, il invite les chrétiens à ne pas céder à la seule science qui peut tout faire ou presque. Il indique que les catholiques ne peuvent pas utiliser l’AMP qui sépare ce qui est uni dans le dessein de Dieu : l’acte conjugal et la procréation. Il souhaite que ce chemin – qui demeure ardu – soit accueilli humblement. Il interroge les communautés de son diocèse, entre autres, sur leur accueil des enfants et sur celle des personnes tentées par l’AMP.

L’ouverture de l’assistance médicale à la procréation (AMP) à l’homoparentalité et aux personnes seules ? Premières réflexions de Mgr Dominique Lebrun.

Le 2 novembre 2005, le Comité national d’éthique déconseillait « l’ouverture de l’aide médicale à la procréation à l’homoparentalité et aux personnes seules ». Le 15 juin 2017, le même Comité d’éthique se prononce favorablement à l’AMP pour toutes. Ce qui n’était pas éthique en 2005 le deviendrait en 2017.

Le long avis de 2017 est intéressant. Il décrit l’évolution des techniques, des mœurs, des « demandes sociétales ». Il comprend de très nombreuses références… mais il manque la mention de son propre avis de 2005 ! Pourtant ce qu’il déconseille en 2005, il le conseille en 2017. Que s’est-il passé ?

Le texte du Comité d’éthique s’étend sur les « disjonctions » introduites dans la venue au monde de l’enfant. Ce qui est naturellement unifié et continu peut aujourd’hui, la science aidant, être séparé : l’acte sexuel humain, la rencontre de deux gamètes, la gestation, l’accueil d’un enfant, son éducation par des parents géniteurs ou « socialement institués ». Le comité d’éthique en prend acte.

Au bout du compte de ces disjonctions, il y a l’enfant. Les personnes qui décident de vivre ces « disjonctions » ne seront jamais jugées. Et cet enfant est le bienvenu, et il le sera toujours.

Pour le chrétien, c’est toujours et un enfant de Dieu et un petit de l’homme et de la femme. Il a deux parents car il y a dans l’humanité voulue par Dieu deux sexes nécessaires à la procréation. L’enfant sera encore le bienvenu quand, au lieu de deux, trois parents réclameront d’être ses parents « sociaux », puisque le sexe des parents n’est plus impératif. De telles demandes pour trois parents (ou plus) ne sont pas imaginaires. C’est déjà le cas en d’autres pays.

Honnêtement, le Comité d’éthique énonce des arguments contraires à l’AMP, tel que le risque avéré dans d’autres pays – sans doute en France aussi – de marchandisation du corps humain. Il pense que nous pourrons lutter contre. Il déclare être dans l’incertitude du bien de l’enfant devant l’absence programmée d’un papa. Il relève justement que ce n’est pas la même chose pour une veuve.

Mais, en définitive, le Comité d’éthique déclare ne pas vouloir résister à l’évolution des mœurs (les disjonctions), et des demandes. En fait, il consacre « le droit à l’enfant » par tous les moyens. L’homme se fait Dieu, du moins le tente-t-il.

Le Comité d’éthique recommande d’aller plus loin. Il faudra convaincre les résistants, sous couvert de solidarité : « En cas d’ouverture large à l’Insémination avec donneur, mener des campagnes énergiques, répétées dans le temps, dans le but d’augmenter les dons de sperme et de répondre aux besoins et aux demandes que pourrait entraîner cette évolution, est d’une absolue nécessité. » Bref, il faudra s’attendre à un matraquage : les hommes ne seront pas de bons citoyens s’ils ne se précipitent pas en laboratoire pour donner leur sperme.

Comment les chrétiens peuvent-ils entendre ce raisonnement qui prend acte des disjonctions et des possibilités de la science que rien ne semble pouvoir arrêter ?

En premier lieu, le chrétien sait que l’enfant est un don, et non un droit. Il sait qu’il n’est pas créateur mais seulement pro-créateur ! Il admire l’humilité de Dieu qui fait dépendre une vie de l’action humaine. Il le respecte, il combat en lui toutes les tentations de se faire Dieu, en mettant la main sur l’homme, à commencer par l’enfant qui serait le fruit de son seul désir, donc un droit. Il rend à Dieu sa place de Créateur, Lui qui l’a créé homme et femme. Et cela est bon, très bon, dit la Parole divine.

Les catholiques peuvent aussi faire mémoire du Bienheureux pape Paul VI. En 1968, il indiquait, tel un prophète, la voie la meilleure pour le bien de l’enfant et du couple, au début de la vie : la conjonction et non la disjonction !

La conjonction entre l’acte sexuel humain et la procréation d’un enfant est le meilleur chemin. Cette unité est une joie de la procréation voulue par Dieu. Elle demeure un combat pour tous les couples. L’harmonie charnelle, le désir d’enfants partagé par les deux membres du couple, la décision et l’accueil de la nouvelle vie sont autant de joies que notre péché et nos faiblesses rendent parfois difficiles. Cela a toujours été, même sans l’apport des sciences. Les chrétiens demandent la grâce, dans la prière et les sacrements, de rechercher l’unité entre leur corps, leurs sentiments, leurs volontés, leurs âmes. Cela est bon, même très bon.

Les chrétiens rendent grâce pour la belle expression de « procréation ». Ils sont co-créateurs et non créateurs. Le Comité d’éthique semble baisser les bras lorsqu’il parle – il est vrai entre guillemets – de « faire un enfant ». Non, pour le chrétien, un enfant n’est jamais fabriqué. Il est reçu, accueilli dès les premiers instants de la conception comme un don de Dieu !

Puissent les catholiques s’entraider à suivre le beau chemin de l’unité et du respect de la vie. Sans Dieu, le Comité d’éthique fait sans doute ce qu’il peut. Avec Dieu, rien n’est impossible, et surtout pas le respect de la vie, le respect de la dignité de l’homme et de la femme, le respect des droits de l’enfant à vivre avec ses deux parents. Catholiques, nous ne pouvons utiliser la science contre Dieu.

Les chrétiens proposeront toujours à la société un beau chemin d’humanité. Peuvent-ils le faire sans s’interroger sur leur propre manière de répondre à l’appel de l’Évangile ?

Les enfants sont-ils vraiment accueillis par la communauté des disciples de Jésus, surtout les plus pauvres ? Dans la communauté ou parmi ses proches, n’y a-t-il pas trop de femmes isolées, laissées pour compte ? N’y a-t-il pas trop de couples laissés à leur seule conscience quand se présente l’infertilité ou bien un enfant probablement handicapé ? Comment nos communautés accueillent, écoutent, accompagnent-elles les personnes homosexuelles, ou trop seules ?

Avec l’aide de l’Esprit Saint, dans les communautés catholiques, se développent l’attention aux familles, aux mamans, aux papas, à leurs vocations. Des pèlerinages, des catéchèses, des prières, des maisons de la famille se développent. Dieu n’abandonne pas ses enfants ! Aidons-le !

© Urbi et orbi - 2017

P.M.A. – Le lobby LGBT contre les parents

Entretien avec la psychanalyste Monette Vacquin

Derrière le « lobbying » de la P.M.A. (Procréation Médicalement Assistée) qu’els sont les enjeux ? Voici le piont de vue d’une psychanalyste.

Daoud Boughezala - Le 27 mai, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) s’est prononcé pour l’extension de la pratique de la procréation médicalement assistée (PMA), qui est jusqu’ici réservée aux couples infertiles hétérosexuels. Que vous inspire cet avis ?

Monette Vacquin - Lisons-en un extrait : « L’ouverture de l’insémination artificielle avec don de sperme à des personnes ne souffrant pas de pathologie responsable de stérilité se concevrait pour pallier une souffrance ressentie du fait d’une infécondité secondaire à des orientations personnelles. Cette souffrance doit être prise en compte ». Cette sage remarque sera ânonnée à l’envi sur les ondes jusqu’à ce que la propagande nous soit bien rentrée dans la tête. Tandis que l’homme de la rue se demandera peut-être si l’on n’en fait pas un peu trop. Avec ses deniers de surcroît. Car il s’agit bien d’offrir des techniques coûteuses à des femmes non stériles, homosexuelles ou pas, qui pourraient, comme l’ont fait tous les homosexuels dans l’histoire avoir des enfants sans demander la permission à personne. Demain, nous pourrons tous demander l’accès à la PMA au nom par exemple de garanties sanitaires, et de motivations qui caressent l’inconscient dans le sens du poil…

Daoud Boughezala - En assignant la raison comme seule limite à la PMA, les membres du comité d’éthique ne sont-ils pas dans leur rôle ?

Monette Vacquin - La raison à elle seule ne peut fonder la limite. Et elle peut conduire à la folie, ce qu’elle est en train de faire. Ce sont les pièges de la raison, son creuset délirant comme le nomme Pierre Legendre, qu’il appartient aux civilisations, et non pas à la science, de mettre en sens, de contenir.

Or, il est difficile de fonder une limite dans le langage de l’amour et de la compassion. En refusant l’appui de toute limite extérieure, celles que l’on peut trouver dans la nature, ou dans la tradition. Les sages ont parfaitement assimilé la novlangue bioéthique qui empêche de penser et la répandent, au nom de leur autorité, à peu près purement scientifique. Très bien, les femmes non-stériles auront accès aux techniques de la PMA. Mais nous aurons tous à vivre les effets de la généralisation d’un mode de pensée et d’un langage qui nous conduit tout droit à l’utérus artificiel ou au trans-humanisme, puisque le « guérir la vie » des années 70 s’est mué en « indications sociétales ». Ce langage est discordant, sa candeur masque la violence de ce qui est en train de se passer.

Daoud Boughezala - Justement, sur un plan anthropologique, qu’est-il en train de se passer ?

Monette Vacquin - C’est un verrou très important qui vient de sauter : celui de la stérilité. La question importante n’est pas tant est-ce que des femmes homosexuelles peuvent élever des enfants – les homosexuels élèvent des enfants depuis que le monde est monde. Mais plutôt, qu’est-il en train de se passer ? La levée de ce verrou fait peut-être apparaître que la PMA n’a jamais été un palliatif de la stérilité, en tout cas pas seulement, mais aussi l’alibi d’une affaire autrement plus complexe.

Au début des années 1980, j’étais dans les couloirs de l’hôpital Béclère de Clamart. Sur la porte de son laboratoire Jacques Testart, avait affiché « Jacques Testart éprouveur, inventreur », ce qui témoignait d’une puissante intuition. On était dans un climat de nurserie, on célébrait l’amour maternel  et les progrès de la science, mais il se passait aussi autre chose. Les gynécologues plaisantaient : « Stérilité, on déclenche le plan hors-sexe ! », les bannières de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) proclamaient « Affranchissons-nous de la sexualité ! » Rappelons que c’est de l’INRA qu’ont été tirées toutes les méthodes de la fécondation in vitro, un simple transfert de techniques qui avaient fait leurs preuves dans l’industrialisation de l’élevage ! Déjà, à l’époque, des gynécos écrivaient qu’il fallait arracher les femmes de leur attachement archaïque à la maternité.

Daoud Boughezala - Mais c’est au nom de l’égalité entre couples hétérosexuels et homosexuels que le gouvernement va sans doute ouvrir la PMA. Rejetez-vous cet argument ?

Monette Vacquin - Philippe Muray, nous avertissait de la perte de la pensée sous le joug de ce qu’il nommait « le dieu égalité et du diable discrimination » ! Au nom de ce mode de pensée, les homosexuels hommes vont revendiquer la GPA au nom de l’égalité de leurs droits avec ceux des femmes. Puis on aura droit, à l’ectogenèse, c’est-à-dire à l’utérus artificiel pour « libérer » les femmes de la maternité et sortir des embarras liés à la question des mères porteuses. Et nous serons entrés dans la science-fiction, dans la mutation, dans l’horreur, sans même nous en apercevoir ! Comme cette génération de chercheurs et de médecins, j’ai été gauchiste étant jeune, la douleur des couples stériles me touchait, mais je pressentais que si l’humanité désexualisait l’origine, l’affaire était d’une autre ampleur que le contournement des stérilités tubaires. Tant de choses se mêlaient ! Les jeunes médecins de cette génération n’étaient pas fâchés de piquer l’embryon à l’église…. Les grands récits tombés en désuétude, on se tournait vers la science. Quand on a commencé à congeler les embryons, j’ai écrit un texte qui s’appelait « Y a-t-il un froid entre les sexes ? »

Daoud Boughezala - Le don anonyme de gamètes permet justement d’occulter le père, tout comme l’adoption plénière que la loi Taubira a ouvert aux couples homosexuels. Avec l’extension du droit à la PMA, naîtront bientôt des enfants issus de deux mères sans que cette fiction anthropologique n’apparaisse sur le livret de famille. Qu’en pensez-vous ?

Monette Vacquin - Notre génération a rompu avec ses pères par toutes les rationalisations possibles. Cette histoire est un symptôme. Dans quel rapport sommes-nous avec notre généalogie pour tenter un tel coup de force sur le lien de filiation, nommé traçabilité dans certains services de Fécondation in vitro ?

Il n’y a certes rien de plus légitime que le désir d’enfant mais quelque chose cloche dans cette histoire. Beaucoup le sentent mais échouent à l’énoncer. Par l’alliance de la loi et de la technologie, de la science et du désir d’enfants incontrôlé, les parents tendent à être neutralisés. C’est un terme guerrier qui est employé, disant autre chose que ces sucreries propres au langage de la bioéthique que Huxley nous avait d’ailleurs annoncé ! Il y a des offices de solidarité dans le meilleur des mondes et on y célèbre la messe du Tout en Un. On neutralise un navire de guerre. Les mots de père et de mère ont disparu d’un grand nombre de textes de loi. On parle de progéniteur 1 et 2 en Espagne. Les groupes LGBT, une très petite minorité d’homosexuels mais à la pointe de l’idéologie ont proposé la « neutralisation des parents » et soutiennent que l’impossibilité de procréer, cette loi de la nature, est une discrimination ! Au Québec, dans les couples de lesbiennes, on dit que les droits du père sont attribués à « celle des deux mères qui n’a pas donné naissance à l’enfant ». Ça fait délirer les juristes : Elton John a même été nommé mère des enfants qu’il a acquis d’une mère porteuse ! Et, vous verrez, le chantage à l’homophobie sera aussi efficace que le chantage à l’islamophobie…

Daoud Boughezala - Les partisans de ces réformes vous répondraient que les parents sociaux priment aujourd’hui les parents biologiques…

Monette Vacquin - Évidemment, mais je ne parle pas au nom du biologisme ! On pense aujourd’hui avec des effets de langage issus de la novlangue bioéthique. Tant d’amour et de suavité dissimule la violence de ce qui est en train de se passer. Je ne m’inquiète pas d’un point de vue clinique du devenir de ces enfants, bien que toutes les situations ne soient pas identiques. Que voulez-vous qu’ils fassent, les enfants ? Ils se débrouilleront, ils passeront à la télé, et ils diront que tout va bien, que leurs parents les aiment, et qu’ils ont de bons résultats à l’école. Cependant, en psychanalyse, on n’aime pas beaucoup les cadavres dans le placard, on n’aime pas beaucoup l’anonymat et on n’aime pas beaucoup le mensonge ! Mais tout cela masque un symptôme difficile à déchiffrer : Un symptôme global, qui n’est ni celui des parents stériles, ni celui des médecins, mais celui du monde occidental aujourd’hui, avec un fort parfum de rupture, et qui n’est compréhensible qu’avec les dimensions de l’histoire et de l’inconscient. Pourquoi, et pourquoi aujourd’hui. Ce sont des questions qui semblent totalement échapper au Comité d’éthique, qui semble ignorer le déchaînement qui produit au début de la vie des embryons congelés, à la fin, des cadavres chauds.

Daoud Boughezala - En Belgique, 90% des dons de sperme ne sont plus issus de dons, mais achetées et importées du Danemark. Étant donné la demande croissante d’enfants, va-t-on vers un marché de la PMA ?

Monette Vacquin - Je crois que c’est déjà le cas. On est d’ores et déjà dans le cadre d’un marché de la filiation… libre. Je l’annonçais déjà il y a trente ans dans Libé : le marché de la filiation sera libre. La marchandisation existe déjà mais se fait avec nos impôts : en pleine période de crise, l’argent public permet d’offrir des PMA à des femmes non-stériles ! On a l’impression que la sexualité est devenue une technique parmi d’autres pour avoir des enfants. Il y a près de quarante ans, Jacques Testart m’avait dit que les mères et les belles-mères adorent la PMA. Les hommes un peu moins. J’en ai vu un certain nombre dire oui quand ils pensaient non.

Daoud Boughezala - L’engouement pour la PMA masque-t-il une volonté de conception « propre », sans relation sexuelle ?

Monette Vacquin - Absolument. C’est aussi une théorie sexuelle infantile, « je ne suis pas né d’un rapport sexuel », que la science réalise. La situation à venir est plutôt compliquée : il n’y a plus de limites naturelles et on ne peut plus interdire puisqu’on vit sous le règne de l’amour ! L’archaïque humain a le champs libre comme jamais, et ceci avec les moyens les plus sophistiqués. L’amour est une relation vécue qui donne un sens à la vie, il ne fonde pas la loi !

Nous sommes au seuil du trans-humanisme et de l’utérus-machine. Avec quels outils les nouvelles générations Macron vont-elles pouvoir s’efforcer de penser cette volonté de mutation de l’humanité, ce symptôme qui travaille le monde occidental aujourd’hui que cache la célébration de l’amour maternel et du progrès des sciences ? Comment vont-elles penser que l’on peut être dans la science, mais plus dans la raison, si celle-ci est habitée par l’archaïque ? L’humanité semble connaître une nouvelle bouffée positiviste, le salut par la raison scientifique, mais celle-ci, avec les moyens que lui donne la techno-science et le marché, mène un train qui n’a pas dit son dernier mot. N’est-ce pas ce que nous ont annoncé les grands prophètes de la modernité que sont Huxley, Zamiatine, ou Orwell ? Je viens d’entendre la députée Barbara Pompili déclarer « qu’au pays des droits de l’homme et des droits de la femme, on ne pouvait tolérer que certaines femmes souffrent de discriminations ». Mieux vaudrait cesser d’être candides, quand les prochaines étapes sont la modification des gamètes et l’hybridation homme-machine !

Daoud Boughezala - Derrière les bons sentiments moraux, égalitaristes, y aurait-il des enjeux scientifiques et financiers ?

Monette Vacquin - Il y a des enjeux scientifiques, financiers, inconscients et conscients dans ce grand changement civilisationnel, postérieur à la dernière guerre, faut-il le rappeler, sans doute le plus grand traumatisme que l’humanité ait vécu. Les couples ou les individus demandeurs d’une PMA ne sont que les acteurs particuliers d’une affaire bien plus large, les biologistes aussi ! N’oubliez pas que c’est l’offre qui crée la demande ! L’écho de la société entre au laboratoire, remarquait Jacques Testart… Prenons un peu de recul. Dans les années 1970, les femmes ont eu à peine le temps de crier « Mon corps est à moi » que dix ans plus tard, leur corps appartenait à la médecine. Jean Baudrillard s’intéressait beaucoup à mes travaux. Il m’avait dit : « Tu te rends compte, dans les années 1970, le mot d’ordre c’était “faire l’amour sans faire des enfants”, dans les années 1980 “faire des enfants sans faire l’amour” et dans les années 1990 “peut-on faire des enfants sans être de sexes différents ?” ». Aujourd’hui, avec les cellules souches remodelables dans toutes les directions, des travaux déjà fort avancés vont permettre de fabriquer des spermatozoïdes féminins et des ovocytes masculins, ce qui pourrait offrir la possibilité aux homosexuels d’avoir des enfants non pas ensemble, mais l’un de l’autre. Tension vers le même, comme déjà le clonage. Nous qui proclamons sans cesse notre intérêt pour la différence, semblons avoir un sérieux problème avec l’altérité. La boucle est bouclée.

© Le Causeur - 2017

Une nouvelle créativité dans la transmission de la foi

Message du pape François aux catéchistes

Le Pape François a adressé un message aux participants du Symposium international sur la catéchèse qui se tient cette semaine, du 11 au 14 juillet, à la Faculté de théologie de l’Université pontificale catholique d’Argentine, à Buenos Aires.

Cher frère,

Une salutation cordiale à toi et à tous ceux qui participeront aux diverses rencontres de formation qu’a organisées la Commission épiscopale de catéchèse et pastorale biblique.

Saint François d’Assise, à l’un de ses disciples qui insistait en lui demandant de lui enseigner à prêcher, répondit ainsi : « Frère, [quand nous visitons les malades, aidons les enfants et donnons à manger aux pauvres] nous sommes déjà en train de prêcher ». Dans cette belle leçon sont renfermées la vocation et le devoir du catéchiste.

En premier lieu, la catéchèse n’est pas un « travail » ou un devoir extérieur à la personne du catéchiste ; mais on « est » catéchiste et toute sa vie tourne autour de cette mission. En effet, « être » catéchiste est une vocation de service dans l’Eglise, ce qui a été reçu comme don de la part du Seigneur doit être à son tour transmis. Par conséquent le catéchiste doit revenir constamment à cette première annonce ou « kérygme » qui est le don qui lui a changé la vie. C’est l’annonce fondamentale qui doit résonner en continu dans la vue du chrétien, encore plus en celui qui est appelé à annoncer et enseigner la foi. « Il n’y a rien de plus solide, de plus profond, de plus sûr, de plus consistant et de plus sage que cette annonce » (Evangelii gaudium, n. 165). Cette annonce doit accompagner la foi qui est déjà présente dans la religiosité de notre peuple. Il est nécessaire d’assumer tout le potentiel de piété et d’amour que contient la religiosité populaire afin que non seulement se transmettent les contenus de la foi, mais que grandisse aussi une vraie école de formation où l’on cultive le don de la foi que l’on a reçue, de façon à ce que les actes et les paroles reflètent la grâce d’être disciples de Jésus.

Le catéchiste marche vers et avec le Christ, ce n’est pas une personne qui part de ses propres idées et de ses propres goûts, mais qui se laisse regarder par lui, par ce regard qui embrase le cœur. Plus Jésus occupe le centre de notre vie, plus il nous fait sortir de nous-mêmes, nous décentre et nous rend plus proche des autres. Ce dynamisme de l’amour est comme le mouvement du cœur : « systole et diastole » ; il se concentre pour rencontrer le Seigneur et s’ouvre immédiatement, sortant de lui-même par amour, pour rendre témoignage à Jésus et parler de Jésus, pour prêcher Jésus. Il nous donne lui-même l’exemple : il se retirait pour prier le Père et tout de suite allait à la rencontre des affamés et des assoiffés de Dieu, pour les regarder et les sauver. De là naît l’importance de la catéchèse « mystagogique », qui est la rencontre constante avec la Parole et avec les sacrements, et non pas quelque chose de simplement occasionnel, préalable à la célébration des sacrements de l’initiation chrétienne. La vie chrétienne est un processus de croissance et d’intégration de toutes les dimensions de la personne dans un chemin communautaire d’écoute et de réponse (cf. Evangelii gaudium, n.166).

Le catéchiste est en outre créatif ; il recherche différents moyens et différentes formes pour annoncer le Christ. Il est beau de croire en Jésus, parce qu’il est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6) qui comble notre existence de joie et d’allégresse. Cette recherche pour faire connaitre Jésus comme la beauté suprême nous amène à trouver de nouveaux signes et de nouvelles formes pour la transmission de la foi. Les moyens peuvent être divers mais l’important est de garder présent le style de Jésus, qui s’adaptait aux personnes qu’il avait devant lui, pour leur rendre l’amour de Dieu proche. Il faut savoir « changer », s’adapter, pour rendre le message plus proche, bien que ce soit toujours le même, car Dieu ne change pas, mais rend toutes choses nouvelles en lui. Dans la recherche créative pour faire connaître Jésus nous ne devons pas éprouver de peur parce qu’il nous précède dans cette mission. Il est déjà dans l’homme d’aujourd’hui et nous attend là.

Chers catéchistes, je vous remercie pour ce que vous faites, mais surtout parce que vous marchez avec le Peuple de Dieu. Je vous encourage à être des messagers joyeux, des gardiens du bien et de la beauté qui resplendissent dans la vie fidèle du disciple missionnaire.

Que Jésus vous bénisse et que la Vierge sainte, vraie « éducatrice de la foi », prenne soin de vous.

Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.

Du Vatican, le 5 juillet.

© Libreria Editrice Vaticana - 2017

Commentaire des lectures du dimanche

Ce sont les disciples qui posent la question à Jésus ; et ils ne disent pas : « Pourquoi parles-tu en paraboles ? », d’une manière générale, mais : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? », à eux, à ces gens distincts de nous ? Dans la question même sont typées ainsi deux attitudes vis-à-vis de la parole de Jésus, mais les disciples s’interrogent surtout sur la pédagogie de Jésus : pourquoi leur parles-tu ainsi, pourquoi cette différence de traitement ?

Jésus, dans l’Évangile de Matthieu, donne successivement deux réponses :

La première redouble notre embarras : « Parce qu’à vous il a été donné [par Dieu] de connaître les mystères du Royaume de Dieu ; mais à ceux-là, ce n’a pas été donné [par Dieu] ». Jésus justifie sa manière de faire en se référant à l’initiative de Dieu. Est-ce de la part de Dieu une décision arbitraire ? - Non pas ; et Jésus s’explique immédiatement :« Car quiconque a, on lui donnera et il aura surabondance ; mais quiconque n’a pas, même ce qu’il a lui sera enlevé. »

Si Dieu accorde aux uns et refuse aux autres la connaissance des mystères du Royaume, c’est que les premiers « ont » déjà quelque chose dont les autres sont dépourvus ; ils ont, eux, ce que les autres aussi devaient avoir et sont coupables de ne pas posséder. La décision divine n’est donc pas tyrannique, elle constitue déjà un jugement.

Mais que faut-il donc avoir au départ, qu’est-ce que Dieu attend des auditeurs de Jésus ?

La deuxième réponse du Maître va le préciser : « Voilà pourquoi je leur parle en paraboles : parce qu’ils voient sans voir et qu’ils entendent sans entendre ni comprendre ». Jésus ne vise pas ici la simple incapacité de voir et d’entendre, mais le refus d’entrer avec le cœur dans ce qu’ils entendent, et c’est bien cette attitude de refus qu’il lit dans le prophète Isaïe : « Le cœur de ce peuple s’est épaissi, ils sont devenus durs d’oreille, ils ont fermé les yeux ».

Le langage de Jésus peut paraître tranchant ; c’est un appel à la responsabilité, mais qui contient une offre magnifique de miséricorde : « … je les aurais guéris ! », dit Dieu par la voix d’Isaïe. C’est bien pour guérir et sauver que Jésus vient au nom de Dieu. C’est pour guérir et sauver qu’il parle en paraboles, pour que chacun accepte de voir, laisse pénétrer en lui ce qu’il entend, pour que chacun « comprenne avec le cœur ». Et le signe visible de cette conversion, c’est que le disciple commence à porter du fruit, comme Jésus l’expliquera plus loin en commentant lui-même la parabole du semeur : « Celui qui été ensemencé dans la bonne terre, c’est celui qui entend la parole et comprend : alors il porte du fruit ».

Jésus n’oppose donc pas deux groupes, ceux qui ont la chance de croire et ceux qui ne sont pour rien dans leur incrédulité. Il souligne simplement que chacun est responsable de son ouverture comme de son aveuglement, et qu’il ne tient qu’à nous d’être de ses disciples. Au fond, la frontière entre la foi et l’incrédulité, même si elle dessine bien deux groupes d’homme, passe surtout à l’intérieur de chaque cœur humain.

Suis-je incrédule, dur d’oreille et dur de cœur ? Suis-je au contraire disciple de Jésus, heureux de voir, heureux d’entendre, heureux de scruter l’Évangile, heureux de laisser résonner chaque parole de Jésus dans le silence du désert, dans la « solitude sonore » de la prière ?

La question m’est posée, « rien que pour aujourd’hui », elle me restera posée jusqu’au jour de la rencontre, me rappelant chaque jour l’enjeu de ma liberté, me renouvelant une offre de guérison, ensemençant chaque jour ma vie pour les fruits du royaume.

L’Esprit de Jésus est là, désormais, pour m’introduire en pauvre, en converti, dans les paraboles de Jésus, pour me les faire comprendre avec le cœur.

Fr. Jean-Christian Lévêque, o.c.d.

© Carmel.asso- 2013